LOS PESCADORES DE PERLAS
Personajes
NADIR ZURGA LEILA NOURABAD |
Pescador Jefe de los Pescadores Sacerdotisa Gran Sacerdote |
Tenor Barítono Soprano Bajo |
La acción se desarrolla en la isla de Ceilán en época indeterminada.
ACTE I (Une plage aride et sauvage de l'île de Ceylan, quelques huttes en bambous; palmiers; au loin, ruines d'une ancienne pagode hindoue et la mer éclairée par un soleil ardent. Des pêcheurs achèvent de dresser leurs tentes pendant que des autres dansent et boivent aux sons des instruments hindous) CHOEUR Sur la grève en feu Où dort le flot bleu, Nous dressons nos tentes! Dansez jusqu'au soir, Filles à l'il noir, Aux tresses flottantes! Chassez, chassez par vos chants, Chassez, chassez Les esprits méchants! Voilà notre domaine! C'est ici que le sort Tous les ans nous ramène, Prêts à braver la mort! Sous la vague profonde, Plongeurs audacieux À nous la perle blonde Cachée a tous les yeux! Sur la grève en feu... ZURGA Amis, Interrompez vos danses et vos jeux! Il est temps de choisir Un chef qui nous commande, Qui nous protège et nous défende, Un chef aimé de tous, Vigilant, courageux! CHOEUR Celui que nous voulons pour maître Et que nous choisissons pour roi Ami Zurga, ami Zurga, c'est toi! ZURGA Qui, moi? CHOEUR Oui, oui, sous notre chef! Nous acceptons ta loi. Ami, ami, sois notre chef! Nous acceptons ta loi. ZURGA Vous me jurez obéissance? CHOEUR Sois notre chef! ZURGA À moi seul la toute puissance? CHOEUR Sois notre roi! ZURGA Eh bien! c'est dit! c'est dit! CHOEUR Sois notre chef À toi seul la toute puissance, Sois notre chef et notre roi! ZURGA C'est dit! c'est dit! (Nadir paraît au fond et descend parmi les rochers.) CHOEUR Mais qui vient là? ZURGA (allant au devant de Nadir) Nadir! Nadir! Ami de ma jeunesse Est-ce bien toi que je revois? CHOEUR C'est Nadir, le coureur des bois! NADIR Oui, Nadir, votre ami d'autrefois! Parmi vous compagnons Que mon bon temps renaisse! Des savanes et des forêts Où les traqueurs tedant rêts, Des savanes et des forêts J'ai sondé l'ombre et le mystère! J'ai suivi le poignard aux dents, Le tigre fauve aux yeux ardents, Et le jaguar et la panthère! Ce que j'ai fait hier, mes amis, Vous le feriez demain! Oui, vous le feriez demain! Compagnons, Donnons-nous la main! CHOEUR Amis, amis, donnons-lui la main! ZURGA Demeure parmi nous, Nadir, Et sois des nôtres! NADIR Oui! mes vux désormais Mes plaisirs sont les vôtres! ZURGA Eh bien! Prends part à nos jeux! Ami, bois avec moi, Danse et chante avec eux! Avant que la pêche commence, Saluons le soleil, L'air et la mer immense! CHOEUR Sur la grève en feu... (Les pêcheurs dansent, puis se dispersent. Zurga et Nadir restent seuls.) ZURGA C'est toi, toi qu'enfin je revois! Après de si longs jours, Après de si longs mois Où nous avons vécu séparés L'un de l'autre, Brahma nous réunit! Quelle joie est la nôtre! Mais parle, Es-tu resté fidèle à ton serment? Est-ce un ami que je revois Ou bien un traître? NADIR De mon amour profond, J'ai su me rendre maître! ZURGA Oublions le passé, Fêtons ce doux moment! Soyons frères, Restons amis toute la vie! Mon coeur a banni sa folie! NADIR Oui, le calme est venu pour toi, Mais l'oubli ne viendra jamais! ZURGA Que dis-tu? NADIR Zurga, quand tous deux Nous toucherons à l'âge Où les rêves des jours passés De notre âme sont effacés, Tu te rappelleras Notre dernier voyage; Et notre halte aux portes de Candi. ZURGA C'était le soir! Dans l'air par la brise attiédi, Les brahmines au front Inondé de lumière, Appelaient lentement La foule à la prière! NADIR Au fond du temple saint Paré de fleurs et d'or, Une femme apparaît! Je crois la voir encore! ZURGA Une femme apparaît! Je crois la voir encore! NADIR La foule prosternée La regarde, etonnée, Et murmure tous bas: Voyez, c'est la déesse! Qui dans l'ombre se dresse Et vers nous tend les bras! ZURGA Son voile se soulève! Ô vision! ô rêve! La foule est à genoux! NADIR, ZURGA Oui, c'est elle! C'est la déesse Plus charmante et plus belle! Oui, c'est elle! C'est la déesse Qui descend parmi nous! Son voile se soulève Et la foule est à genoux! NADIR Mais à travers la foule Elle s'ouvre un passage! ZURGA Son long voile déjà Nous cache son visage! NADIR Mon regard, hélas! La cherche en vain! ZURGA Elle fuit! NADIR Elle fuit! Mais dans mon âme soudain Quelle étrange ardeur s'allume! ZURGA Quel feu nouveau me consume! NADIR Ta main repousse ma main! ZURGA Ta main repousse ma main! NADIR De nos coeurs l'amour s'empare Et nous change en ennemis! ZURGA Non, que rien ne nous sépare! NADIR Non, rien! ZURGA, NADIR Jurons de rester amis! Oh oui, jurons de rester amis! Oui, c'est elle! C'est la déesse! En ce jour qui vient nous unir, Et fidèle à ma promesse, Comme un frère je veux te chérir! C'est elle, c'est la déesse Qui vient en ce jour nous unir! Oui, partageons le même sort, Soyons unis jusqu'à la mort! ZURGA Que vois-je? Un pirogue aborde près d'ici! Je l'attendais! O dieu Brahma! merci! NADIR Qui donc attendais-tu? ZURGA Une femme inconnue Et belle autant que sage, Que les plus vieux de nous, Selon le vieil usage, Loin d'ici, chaque année, Ont soin d'aller chercher! Un long voile à nos yeux Dérobe son visage; Et nul ne doit la voir, Nul ne doit l'approcher! Mais pendant nos travaux, Debout sur ce rocher, Elle prie, et son chant Qui plane sur nos têtes Écarte les esprits méchants Et nous protége! Elle approche! ami, Fête avec nous son arrivée! |
ACTO I (Playa árida y salvaje de la isla de Ceilán. A derecha e izquierda algunas cabañas de bambú y de esterilla; palmeras; ruinas de una vieja pagoda hindú y el mar iluminado por un sol ardiente. Unos pescadores acaban de montar sus tiendas mientras que otros bailan y beben al son de instrumentos hindúes) CORO ¡Sobre la playa ardiente donde duerme el agua azul, nosotros levantamos nuestras tiendas! ¡Bailad hasta la noche, muchachas de ojos negros, con las trenzas al viento! ¡Alejad, alejad con vuestros cantos, alejad, alejad los malos espíritus! ¡Este es nuestro dominio! ¡Es aquí donde la suerte todos los años nos conduce dispuestos a desafiar a la muerte! ¡Bajo las olas profundas, nadadores audaces, nos aguarda la luminosa perla oculta a todos los ojos! Sobre la playa ardiente... ZURGA ¡Amigos, interrumpid vuestros bailes y juegos! Es el momento de escoger un jefe que nos gobierne, que nos proteja y nos defienda, ¡un jefe amado por todos, vigilante, valiente! CORO Aquél que queremos por señor y al que elegimos como rey amigo Zurga, amigo Zurga, ¡es a ti! ZURGA ¿Quién, yo? CORO ¡Sí, sí, sé nuestro jefe! Aceptamos tus leyes. ¡Amigo, amigo, sé nuestro jefe! Aceptamos tus leyes. ZURGA ¿Me juráis obediencia? CORO ¡Sé nuestro jefe! ZURGA ¿Para mí todos los poderes? CORO ¡Sé nuestro rey! ZURGA ¡Bien! ¡Ya está dicho! ¡Está dicho! CORO Sé nuestro jefe. A ti todos los poderes, ¡sé nuestro jefe y nuestro rey! ZURGA ¡Ya está dicho! ¡Está dicho! (Nadir aparece por el fondo y desciende entre las rocas.) CORO ¿Pero quién viene por ahí? ZURGA (acudiendo ante Nadir) ¡Nadir! ¡Nadir! ¡Amigo de mi juventud! ¿Eres tú a quien nuevamente veo? CORO ¡Es Nadir, el cazador de los bosques! NADIR ¡Sí, Nadir, vuestro amigo de antaño! ¡Entre vosotros, compañeros, los buenos tiempos renacen! ¡De las sabanas y de los bosques donde los cazadores extienden redes, de las sabanas y de los bosques he sondeado las sombras y los misterios! ¡He seguido, con el puñal entre los dientes, al tigre rayado de ojos ardientes, y al jaguar y a la pantera! ¡Lo que yo hice ayer, amigos míos, vosotros lo haréis mañana! ¡Compañeros, démonos la mano! CORO ¡Amigos, amigos, démonos la mano! ZURGA ¡Vive con nosotros, Nadir, y sé de los nuestros! NADIR ¡Sí! ¡Mis deseos, desde ahora, y mis placeres serán los vuestros! ZURGA ¡Bien! ¡Toma parte en nuestros ritos! ¡Amigo, bebe conmigo, baila y canta con ellos! ¡Antes de que la pesca comience, saludemos al sol, al aire y al mar inmenso! CORO Sobre la playa ardiente... (Los pescadores bailzan, después se dispersan. Zurga y Nadir quedan solos.) ZURGA ¡Eres tú, tú a quien vuelvo a ver! Después de largos días, después de largos meses en que hemos estado separados el uno del otro, ¡Brahma nos reúne! ¡Qué alegría la nuestra! Pero dime, ¿sigues fiel a tu juramento? ¿Es un amigo a quien veo o a un traidor? NADIR ¡De mi profundo amor he sabido ser el señor! ZURGA ¡Olvidemos el pasado, celebremos este dulce momento! ¡Seamos hermanos, continuemos amigos toda la vida! ¡Mi corazón ha desterrado la locura! NADIR ¡Sí, la calma ha venido para ti, pero el olvido no vendrá jamás! ZURGA ¿Qué dices? NADIR Zurga... cuando nos encontremos en la edad en que los sueños de los días pasados de nuestra alma han sido eclipsados... Aún entonces recordarás nuestro último viaje... ¡Nuestra estancia en las puertas de Candi! ZURGA ¡Era por la tarde! El aire por la brisa templado, los brahmanes con la frente inundada de luz, llamando lentamente a la gente a la oración. NADIR Al fondo del templo sagrado adornado de flores y de oro, ¡una mujer apareció! ¡Creo verla todavía! ZURGA ¡Una mujer apareció! ¡Creo verla todavía! NADIR La gente arrodillada la mira, aturdida, y murmura por lo bajo: ¡Mirad, es la diosa! ¡Aquí, entre las sombras, viene y hacia nosotros extiende los brazos! ZURGA ¡Su velo se levanta! ¡Oh, visión! ¡Oh, sueño! ¡La gente cae de rodillas! NADIR, ZURGA ¡Sí, es ella! ¡Es la diosa más encantadora y bella! ¡Sí, es ella! ¡Es la diosa que desciende entre nosotros! ¡Su velo se levanta y la gente cae de rodillas! NADIR ¡A través de la gente ella se abre camino! ZURGA ¡Su largo velo nos oculta el rostro! NADIR ¡Mi mirada, ay! ¡La busca en vano! ZURGA ¡Ella huye! NADIR ¡Ella huye! ¡Pero en mi alma, de improviso, un extraño ardor se enciende! ZURGA ¡Un fuego nuevo me consume! NADIR ¡Tu mano se apoya en la mía! ZURGA ¡Tu mano se apoya en la mía! NADIR ¡De nuestros corazones el amor se apodera y nos convierte en enemigos! ZURGA ¡No, que nada nos separe! NADIR ¡No, nada! ZURGA, NADIR ¡Juremos ser siempre amigos! ¡Oh, sí, juremos ser siempre amigos! ¡Sí, es ella! ¡Es la diosa! Aquel día nos vino a unir, y fiel a mi promesa, ¡como un hermano yo te querré! ¡Es ella, es la diosa, quien vino en aquel día a unirnos! ¡Sí, compartamos la misma suerte, estemos unidos hasta la muerte! ZURGA ¿Qué veo? ¡Una piragua se dirige hacia aquí! ¡La esperaba! ¡Oh, dios Brahma! ¡Gracias! NADIR ¿A quién esperabas? ZURGA Una mujer desconocida y tan bella como sabia, que los más viejos de nosotros, según la vieja costumbre, lejos de aquí, cada año, han de ir a buscar. Un largo velo a nuestros ojos oculta su rostro; ¡y nadie debe verla, nadie debe acercársele! Pero durante nuestro trabajo, recostada bajo esas rocas, ella rezará, y su canto que planeará sobre nuestras cabezas, ¡apartará a los malos espíritus y nos protegerá! ¡Ella llega! ¡Amigo, festeja con nosotros su venida! |
(Léïla, le front couvert d'un voile, paraît suivie de Nourabad. Nadir seul, plongé dans une rêverie profonde, n'aperçoit pas Léïla.) CHOEUR C'est elle, c'est elle, elle vient! On l'amème ici! La voici! (entourant Léïla et lui offrant les fleurs) Sois la bienvenue, Amie inconnue, Daigne accepter nos présents! Chante, et que l'orage Apaise sa rage, Amie à tes doux accents! Que la troupe immonde Des esprits de l'onde S'envole à ta voix! Ah! viens chasser par tes chants Les esprits de l'onde, Des prés et des bois. Amie inconnue Ici reçois nos présents Sois la bienvenue. Protége-nous! Veille sur nous! ZURGA (s'avançant vers Léïla) Seule au milieu de nous Vierge pure et sans tache promets-tu de garder Le voile qui te cache? LÉÏLA Je le jure! ZURGA Promets-tu de rester fidèle À ton serment? De prier nuit et jour Au bord du gouffre sombre? LÉÏLA Je le jure! ZURGA D'écarter par tes chants Les noirs esprits de l'ombre De vivre sans ami, Sans époux, sans amant? LÉÏLA Je le jure! ZURGA Si tu restes fidèle Et soumise à ma loi, Nous garderons pour toi La perle la plus belle, Et l'humble fille alors Sera digne d'un roi! (avec menace) Mais si tu nous trahis, Si ton âme succombe Aux pièges maudits de l'amour, Malheur à toi! CHOEUR Malheur à toi! ZURGA C'est ton dernier jour! CHOEUR Malheur à toi! ZURGA Pour toi s'ouvre la tombe! CHOEUR Malheur à toi! ZURGA La mort t'attend! CHOEUR Oui! NADIR (se levant et s'avançant vers Léïla) Ah! funeste sort! LÉÏLA (à part) Ah! c'est lui! ZURGA (saisissant la main de Léïla) Qu'as-tu donc? Ta main frissonne et tremble, D'un noir pressentiment Ton coeur est agité! Eh bien, fuis ce rivage Où le sort nous rassemble Reprends ta liberté! CHOEUR Parle! réponds! LÉÏLA (les yeux tournés vers Nadir) Je reste! Je reste ici quand j'y devrais mourir! Que mon sort glorieux ou funeste S'accomplisse! Je reste, mes amis, Ma vie est à vous. ZURGA C'est bien à tous les yeux Tu resteras voilée. Tu chanteras pour nous Sous la nuit étoilée, Tu l'as promis! LÉÏLA Je l'ai juré! ZURGA Tu l'as juré! NADIR Tu l'as juré! CHOEUR Brahma, divin Brahma, Que ta main nous protége! Des esprits de la nuit, Viens écarter le piège! O Dieu Brahma, Nous sommes tous à tes genoux! O Brahma, divin Brahma, Que ta main nous protége! |
(Leila, con el rostro cubierto por un velo, aparece seguida por Nourabad. Nadir solo y pensativo, no apercibe a Leila.) CORO ¡Es ella, es ella, ella llega! ¡La han traído! ¡Está aquí! (rodeando a Leila y ofreciéndole flores) Sé bienvenida, amiga desconocida, ¡dígnate aceptar nuestros presentes! ¡Canta, y que el viento aplaque su furia, amistoso a tus dulces palabras! ¡Que la tropa inmunda de los espíritus de las olas se aleje ante tu voz! ¡Ah! Aleja con tus cantos los espíritus de las olas, de los prados y de los bosques. Amiga desconocida recibe aquí nuestros presentes y sé bienvenida. ¡Protégenos! ¡Vela por nosotros! ZURGA (adelantándose hacia Leila) Sola entre nosotros, virgen pura y sin mancha, ¿prometes guardar el velo que te oculta? LEILA ¡Lo juro! ZURGA ¿Prometes permanecer fiel a tu juramento? ¿Rezar noche y día al borde del abismo obscuro? LEILA ¡Lo juro! ZURGA ¿De apartar con tus cantos los negros espíritus de la sombra y de vivir sin amigo, sin esposo, sin amante? LEILA ¡Lo juro! ZURGA Si permaneces fiel y sumisa a mi ley, guardaremos para ti la perla más hermosa, y la humilde joven será entonces ¡digna de un rey! (amenazante) Pero si nos traicionas, si tu alma sucumbe a las trampas malditas del amor, ¡maldita serás! CORO ¡Maldita serás! ZURGA ¡Será tu último día! CORO ¡Maldita serás! ZURGA ¡Para ti se abrirá la tumba! CORO ¡Maldita serás! ZURGA ¡La muerte te esperará! CORO ¡Sí! NADIR (se levanta y se adelanta hacia Leila) ¡Ah! ¡Funesta suerte! LEILA (a parte) ¡Ah! ¡Es él! ZURGA (tomando la mano de Leila) ¿Qué tienes? ¡Tu mano duda y tiembla! ¡Por un negro presentimiento tu corazón se agita! Bien, vete de esta orilla donde la suerte nos espera, ¡recobra tu libertad! CORO ¡Habla! ¡responde! LEILA (los ojos vueltos hacia Nadir) ¡Me quedo! ¡Me quedo aun cuando deba morir! ¡Que mi suerte gloriosa o funesta se cumpla! Me quedo, amigos, mi vida es vuestra. ZURGA Está bien, para todos los ojos permanecerás velada. Cantarás por nosotros bajo la noche estrellada, ¡lo has prometido! LEILA ¡Lo he jurado! ZURGA ¡Lo has jurado! NADIR ¡Lo has jurado! CORO ¡Brahma, divino Brahma, que tu mano nos proteja! ¡De los espíritus de la noche ven a apartar sus trampas! ¡Oh, dios Brahma, estamos todos arrodillados ante ti! ¡Oh Brahma, divino Brahma, que tu mano nos proteja! |
(Sur un ordre de Zurga, Léïla gravit le sentier qui conduit au temple, suivie de Nourabad; ils disparaissent bientôt dans les profondeurs du temple; les hommes descendent sur le rivage; Zurga se rapproche de Nadir qui n'a cessé de suivre du regard de Léïla qui, une seule fois, s'est retournée vers lui, lui tend la main et s'éloigne avec un dernier groupe de pêcheurs. Le jour baisse peu à peu.) NADIR (seul) À cette voix quel trouble agitait Tout mon être? Quel fol espoir? Comment ai-je cru reconnaître? Hélas! devant mes yeux déjà, Pauvre insensé, La même vision tant de fois a passé! Non, non, c'est le remords, La fièvre, la délire! Zurga doit tout savoir, J'aurais tout lui dire! Parjure à mon serment, J'ai voulu la revoir! J'ai découvert sa trace, Et j'ai suivi ses pas! Et caché dans la nuit Et soupirant tout bas, J'écoutais ses doux chants Emportés dans l'espace. Je crois entendre encore, Caché sous les palmiers, Sa voix tendre et sonore Comme un chant de ramier! O nuit enchanteresse! Divin ravissement! O souvenir charmant! Folle ivresse! doux rêve! Aux clartés des étoiles, Je crois encore la voir, Entrouvrir ses longs voiles Aux vents tièdes du soir! O nuit enchanteresse!... Charmant souvenir! (Il s'entend sur une natte et s'endort.) CHOEUR (dans la coulisse) Le ciel est bleu! La mer est immobile et claire! Le ciel est bleu! (Léïla, amenée par Nourabad, paraît sur le rocher qui domine la mer.) NOURABAD Toi, reste là, Debout sur ce roc solitaire! (Les fakirs s'accroupissent aux pieds de Léïla, et s'allument un bûcher de branches et d'herbes sèches dont Nourabad attise la flamme, après avoir tracé du bout de sa baguette un cercle magique dans l'air.) Aux lueurs du brasier en feu, Aux vapeurs de l'encense Qui monte jusqu'à Dieu, Chante, chante, nous t'écoutons! NADIR (à demi endormi) Adieu, doux rêve! Adieu! LÉÏLA (debout sur la roche) O Dieu Brahma! O maître souverain du monde! CHOEUR (dans la coulisse) O Dieu Brahma! LÉÏLA Blanche Siva! Reine à la chevelure blonde! CHOEUR Blanche Siva! LÉÏLA Esprits de l'air, esprits de l'onde... NADIR (se réveillant) Ciel!... LÉÏLA ...Des rochers, des prés, des bois!... NADIR ...Encore cette voix! LÉÏLA ...Ecoutez ma voix! CHOEUR Esprits de l'air, Esprits de l'onde, Esprits des bois! LÉÏLA Dans le ciel sans voile, Parsemé d'étoiles, Au sein de la nuit Transparent et pur, Comme dans un rêve, Penché sur la grève, Mon regard, oui, Mon regard vous suit À travers la nuit! Ma voix vous implore, Mon coeur vous adore, Mon chant léger, Comme un oiseau semble voltiger! CHOEUR Ah! chante, chante encore! Oui, que ta voix sonore, Ah! que ton chant léger, Loin de nous, chasse tout danger! LÉÏLA Ah! NADIR (Il s'est glissé jusqu'au pied du rocher.) Léïla! Léïla! (Léïla se penche vers lui et écarte son voile un instant.) Ne redoute plus rien! Me voici! Je suis là! Prêt à donner mes jours, Mon sang pour te défendre! CHOEUR Ah! chante, chante, encore!... LÉÏLA Pour toi, pour toi que j'adore, Ah! je chante encore! Je chante pour toi que j'adore! Il est là! Il m'écoute! Ah! NADIR Ah! Chante, chante encore! O toi que j'adore, Ne crains nul danger! Je viens pour te protéger! Ne crains rien, je suis là! Léïla, ne crains rien! Léïla, je suis là! |
(Tras una orden de Zurga, Leila recorre el camino que conduce al templo, seguida por Nourabad; desaparecen en las profundidades del templo; los hombres descienden hacia la orilla; Zurga se acerca a Nadir, quien no ha cesado de seguir con la mirada a Leila quien, una sola vez, se ha girado hacia él, le tiende la mano y se aleja con un último grupo de pescadores. El anochecer llega poco a poco.) NADIR (solo) ¿Ante esa voz qué turbación agita todo mi ser? ¿Qué loca esperanza? ¿Qué he creído reconocer? ¡Ay! ¡Ante mis ojos ya, pobre insensato, la misma visión ha pasado tantas veces! ¡No, no, son los remordimientos, la fiebre, el delirio! ¡Zurga debe saber todo, iré a decírselo! ¡Perjuro a mi promesa, he querido volver a verla! ¡He descubierto sus huellas, he seguido sus pasos! Y oculto en la noche y suspirando por lo bajo, escuché sus dulces cantos traídos por el espacio. Creo escuchar todavía, oculto bajo las palmeras, su voz tierna y sonora ¡como un canto de paloma! ¡Oh, noche encantadora! ¡Divina visión! ¡Oh, recuerdo delicioso! ¡Loca embriaguez! ¡Dulce sueño! ¡En la claridad de las estrellas, creo todavía verla, entreabrir sus largos velos a los vientos tibios de la noche! ¡Oh, noche encantadora!... ¡Delicioso recuerdo! (Se tumba sobre una esterilla y se duerme.) CORO (entre bastidores) ¡El cielo está azul! ¡El mar inmóvil y claro! ¡EL cielo está azul! (Leila, conducida por Nourabad, aparece sobre las rocas que dominan el mar.) NOURABAD ¡Tú, permanecerás ahí, sobre esa roca solitaria! (Los fakires se acuclillan a los pies de Leila y encienden una hoguera de ramas y de hierbas secas de la que Nourabad atiza la llama tras haber trazado con un gesto de su bastón un círculo mágico en el aire.) Ante el brillo de las brasas, ante los vapores del incienso que sube hasta el dios, ¡canta, canta, te escuchamos! NADIR (medio dormido) ¡Adiós, dulce sueño! ¡Adiós! LEILA (de pie sobre la roca) ¡Oh, dios Brahma! ¡Oh, señor soberano del mundo! CORO (entre bastidores) ¡Oh, dios Brahma! LEILA ¡Blanca Siva! ¡Reina de cabellera clara! CORO ¡Blanca Siva! LEILA Espíritus del aire, espíritus de las aguas... NADIR (despertándose) ¡Cielos!... LEILA ...de las rocas, de los prados, de los bosques... NADIR ...¡otra vez esa voz! LEILA ...¡Escuchad mi voz! CORO ¡Espíritus del aire, espíritus de las aguas, espíritus de los bosques! LEILA En el cielo sin velos, sembrado de estrellas, en el seno de la noche transparente y pura, como en un sueño, inclinada sobre la playa, mi mirada, sí, mi mirada os sigue a través de la noche. Mi voz os implora, mi corazón os adora, mi canto ligero, como un ave parece revolotear. CORO ¡Ah, canta, canta otra vez! ¡Sí, que tu voz sonora, ah, que tu canto ligero, lejos de nosotros aparte todo daño! LEILA ¡Ah! NADIR (que se ha deslizado hasta el pie de las rocas.) ¡Leila! ¡Leila! (Leila se inclina hacia él y aparta su velo un instante.) ¡No temas nada! ¡Estoy aquí! ¡Estoy aquí! ¡Dispuesto a dar mis días, mi sangre, por defenderte! CORO ¡Ah! ¡Canta, canta otra vez!... LEILA ¡Por ti, por ti a quien adoro, ah, yo canto ahora! ¡Canto por ti a quien adoro! ¡Está ahí! ¡Me escucha! ¡Ah! NADIR ¡Ah! ¡Canta, canta otra vez! ¡Oh, tú, a quien adoro, no temas ningún daño! ¡Vengo para protegerte! ¡No temas nada, estoy aquí! ¡Leila, no temas nada! ¡Leila, estoy aquí! |