LA CONDENACIÓN DE FAUSTO
Personajes
FAUSTO MARGARITA MEFISTÓFELES BRANDER |
Anciano Científico Joven Muchacha Diablo Muchacho |
Tenor Mezzosoprano Barítono Bajo |
La acción se desarrolla en Hungría y Alemania a mediados del siglo XIX
PREMIERE PARTIE Scène Première FAUST Le vieil hiver a fait place au printemps; La nature s'est rajeunie; Des cieux la coupole infinie Laisse pleuvoir mille feux éclatants. Je sens glisser dans l'air la brise matinale; De ma poitrine ardente un souffle pur s'exhale. J'entends autour de moi le réveil des oiseaux, Le long bruissement des plantes et des eaux ... Oh! qu'il est doux de vivre au fond des solitudes, Loin de la lutte humaine et loin des multitudes! Scène Deuxième Ronde des paysans CHOEUR Les bergers laissent leurs troupeaux; Pour la fête ils se rendent beaux; Fleurs des champs et rubans sont leur parure; Sous les tilleuls, les voilà tous, Dansant, sautant comme des fous. Ha! ha! ha! ha! ha! ha! Landerida! Suivez donc la mesure! Ha! ha! ha! ha! ha! ha! Landerida! FAUST Quels sont ces cris? Quel est ce bruit lointain? CHOEUR Tra la la la la la! ha ha! FAUST Ce sont des villageois, au lever du matin, Qui dansent en chantant sur la verte pelouse. De leurs plaisirs ma misère est jalouse. CHOEUR Ils passent tous comme l'éclair, Et les robes volaient en l'air; Mais bientôt on fut moins agile; Le rouge leur montait au front; Et l'un sur l'autre dans le rond, Ha! ha! ha! ha! ha! ha! Landerida! Tous tombaient à la file. Ha! ha! ha! ha! ha! ha! Landerida! Ne me touchez donc pas ainsi! Paix! ma femme n'est point ici! Profitons de la circonstance! Dehors il l'emmena soudain, Et tout pourtant allait son train, Ha! ha! ha! ha! ha! ha! Landerida! Tra la la la la la! ha ha! Scène Troisième (Une autre partie de la place une armée qui s'avance) FAUST Mais d'un éclat guerrier les campagnes se parent. Ah! les fils du Danube aux combats se préparent! Avec quel air fier et joyeux Ils portent leur armure! et quel feu dans leurs yeux! Tout cœur frémit à leur chant de victoire; Le mien seul reste froid, insensible à la gloire. Marche Hongroise (Les troupes passent. Faust s'éloigne) DEUXIEME PARTIE Scène Quatrième (Nord de l'Allemagne. Faust seul dans son cabinet de travail) FAUST Sans regrets j'ai quitté les riantes campagnes Où m'a suivi l'ennui; Sans plaisirs je revois nos altières montagnes; Dans ma vielle cité je reviens avec lui. Oh! je souffre! et la nuit sans étoiles, Qui vient d'étendre au loin son silence et ses voiles, Ajoute encore à mes sombres douleurs. Ô terre! pour moi seul tu n'as donc pas de fleurs! Par le monde, où trouver ce qui manque à ma vie? Je cherchais en vain, tout fuit mon âpre envie! Allons, il faut finir!... Mais je tremble... Pourquoi Trembler devant l'abîme entrouvert devant moi? Ô coupe trop longtemps à mes désirs ravie, Viens, viens, noble cristal, verse le poison Qui doit illuminer Ou tuer ma raison. (Il porte la coupe à ses lèvres. Sons des cloches. Chants religieux dans l'église voisine. Chant de la Fête de Pâques) CHOEUR Christ vient de ressusciter! FAUST Qu'entends-je? CHOEUR Quittant du tombeau Le séjour funeste, Au parvis céleste Il monte plus beau. Vers le gloires immortelles Tandis qu'il s'élance à grands pas. Ses disciples fidèles Languissent ici-bas. Hélas! c'est ici qu'il nous laisse Sous les traits brûlants du malheur. Ô divin maître! ton bonheur Est cause de notre tristesse. Ô divin maître! tu nous laisses Sous les traits brûlants du malheur. FAUST Ô souvenirs! Ô mon âme tremblante! Sur l'aile de ces chants vas-tu voler aux cieux! La foi chancelante Revient, me ramenant la paix des jours pieux, Mon heureuse enfance, La douceur de prier, La pure jouissante D'errer et de rêver Par les vertes prairies, Aux clartés infinies D'un soleil de printemps! Ô baiser de l'amour céleste Qui remplissais mon cœur de doux pressentiments Et chassais tout désir funeste! CHOEUR Christ vient de ressusciter!... Mais croyons en sa parole éternelle, Nous le suivrons un jour Au céleste séjour Où sa voix nous appelle. Hosanna! Hosanna! FAUST Hélas! doux chants du ciel, Pourquoi dans sa poussière Réveiller le maudit! Hymnes de la prière, Pourquoi soudain venir ébranler mon dessein? Vos suaves accords rafraîchissent mon sein. Chants plus doux que l'aurore Retentissez encore, Mes larmes ont coulé, le ciel m'a reconquis. Scène Cinquième MÉPHISTOPHÉLÈS (apparaissant brusquement) Ô pure émotion! Enfant du saint parvis! Je t'admire, docteur! Les pieuses volées Des ces cloches d'argent Ont charmé grandement Tes oreilles troublées! FAUST Qui donc es-tu, toi dont l'ardent regard Pénètre ainsi que l'éclat d'un poignard, Et qui, comme la flamme, Brûle et dévore l'âme? MÉPHISTOPHÉLÈS Vraiment pour un docteur, la demande est frivole! Je suis l'esprit de vie, et c'est moi qui console. Je te donnerai tout, le bonheur, le plaisir, Tout ce que peut rêver le plus ardent désir! FAUST Eh bien! pauvre démon, fais-moi voir tes merveilles. MÉPHISTOPHÉLÈS Certes! j'enchanterai tes yeux et tes oreilles. Au lieu de t'enfermer, triste comme le ver Qui ronge tes bouquins, Viens, suis-moi, change d'air. FAUST J'y consens. MÉPHISTOPHÉLÈS Partons donc pour connaître la vie. Et laisse le fatras de la philosophie. (Ils partent.) Scène Sixième (La cave d'Auerbach à Leipzig) BUVEURS À boire encore! Du vin Du Rhin MÉPHISTOPHÉLÈS Voici, Faust, Un séjour de la folle compagnie. Ici vins et chansons réjouissent la vie. BUVEURS Oh! qu'il fait bon quand le ciel tonne Rester près d'un bol enflammé, Et se remplir comme une tonne Dans un cabaret enfumé! J'aime le vin et cette eau blonde Qui fait oublier le chagrin. Quand ma mère me mit au monde, J'eus un ivrogne pour parrain. Oh! qu'il fait bon quand le ciel tonne... Qui sait quelque plaisante histoire? En riant le vin est meilleur. À toi, Brander! Il n'a plus de mémoire! BRANDER (ivre) J'en sais une, et j'en suis l'auteur. BUVEURS Eh bien donc! vite! BRANDER Puis qu'on m'invite, Je vais vous chanter de nouveau. BUVEURS Bravo! bravo! Chanson de Brander BRANDER Certain rate, dans une cuisine Établi, comme un vrai frater, S'y traiter si bien que sa mine Eût fait envie au gros Luther. Mais un beau jour le pauvre diable, Empoisonné, sauta dehors Aussi triste, aussi misérable Que s'il eût eu l'amour au corps. BUVEURS Que s'il eût eu l'amour au corps. BRANDER Il courait devant et derrière; Il grattait, reniflait, mordait, Parcourait la maison entière; La rage à ses maux ajoutait, Au point qu'a l'aspect du délire Qui consumait ses vains efforts, Les mauvais plaisants pouvaient dire: Ce rat a bien l'amour au corps BUVEURS Ce rat a bien l'amour au corps BRANDER Dans le fourneau le pauvre sire Crut pourtant ses cacher très bien; Mais il se trompait, et le pire, C'est qu'on l'y fut rôtir enfin. La servante, méchante fille, De son malheur rit bien alors! Ah! disait-elle, comme il grille! Il a vraiment l'amour au corps. BUVEURS Il a vraiment l'amour au corps. Requiescat in pace. Amen. BRANDER Pour l'Amen une fugue! une fugue, un choral! Improvisons un morceau magistral! MÉPHISTOPHÉLÈS (bas à Faust) Écoute bien ceci! nous allons voir, Docteur, La bestialité dans toute sa candeur. Fugue sur le thème de la Chanson de Brander BRANDER, BUVEURS Amen. MÉPHISTOPHÉLÈS Vrai dieu! messieurs, votre fugue est fort belle, Et telle Qu'à l'entendre on se croit aux saints lieux. Souffrez qu'on vous le dise: Le style en est savant, vraiment religieux; On ne saurait exprimer mieux Les sentiments pieux Qu'en terminant ses prières l'Église En un seul mot résume. Maintenant, Puis-je à mon tour riposter par un chant Sur un sujet non moins touchant Que le vôtre? BUVEURS Ah ça! mais se moque-t-il de nous? Quel est cet homme? Oh! qu'il est pâle et comme Son poil est roux. N'importe! Volontiers! Autre chanson! À vous! Chanson de Méphistophélès MÉPHISTOPHÉLÈS Une puce gentille Chez un prince logeait. Comme sa propre fille, Le brave homme l'aimait, Et, l'histoire assure, À son tailleur un jour Lui fit prendre mesure Pour un habit de cour. L'insecte, plein de joie Dès qu'il se vit paré D'or, de velours, de soie, Et de crois décoré. Fit venir de province Ses frères et ses sœurs Qui, par ordre du prince, Devinrent grands seigneurs. Mais ce qui fut bien pire, C'est que les gens de cour, Sans en oser rien dire, Se grattaient tout le jour. Cruelle politique! Ah! plaignons leur destin, Et, dès qu'une nous pique, Ecrasons-la soudain! BUVEURS Bravo! bravo! bravo! ha! ha! Oui, écrasons-la soudain! FAUST Assez! Fuyons ces lieux, où la parole est vile, La joie ignoble et le geste brutal! N'as-tu d'autres plaisirs, un séjour plus tranquille À me donner, toi, mon guide infernal? MÉPHISTOPHÉLÈS Ah! ceci te déplaît? suis-moi! (Ils partent.) Scène Septième (Bosquets et prairies du bord de l'Elbe) Air de Méphistophélès MÉPHISTOPHÉLÈS Voici des roses, De cette nuit écloses. Sur ce lit embaumé, Ô mon Faust bien-aimée, Repose! Dans un voluptueux sommeil Où glissera sur toi plus d'un baiser vermeil, Où des fleurs pour ta couche ouvriront leurs corolles, Ton oreille entendra de divines paroles. Écoute! écoute! Les esprits de la terre et de l'air Commencent pour ton rêve un suave concert. Chœur de gnomes et de sylphes Songe de Faust GNOMES, SYLPHES Dors, dors, heureux Faust; Bientôt, oui, bientôt, sous un voile D'or et d'azur, heureux Faust, Test yeux vont se fermer, Au front des cieux va briller ton étoile, Songes d'amour vont enfin te charmer. MÉPHISTOPHÉLÈS Heureux Faust, Bientôt, sous un voile D'or et d'azur, Tes yeux vont se fermer. GNOMES, SYLPHES De sites ravissants La campagne se couvre, Et notre œil y découvre Des fleurs, des bois, des champs, Et d'épaisses feuillées, Où de tendres amants Promènent leurs pensées. FAUST Ah! sur mes yeux déjà s'étend un voile. MÉPHISTOPHÉLÈS Au front des cieux va briller ton étoile. GNOMES, SYLPHES Mais plus loin sont couverts Les longs rameaux des treilles De bourgeons, pampres verts, Et de grappes vermeilles. Voici ces jeunes amants, Le long de la vallée, Voici ces jeunes amants Oublier les instants Sous la fraîche feuillée! Une beauté les suit Ingénue et pensive; À sa paupière luit Une larme furtive. MÉPHISTOPHÉLÈS Une beauté les suit. Faust, elle t'aimera. FAUST (endormi) Marguerite! MÉPHISTOPHÉLÈS, GNOMES, SYLPHES Le lac étend ses flots à l'entoure des montagnes; Dans les vertes campagnes Il serpente en ruisseaux. GNOMES, SYLPHES Là, de chants d'allégresse La rive retentit. Ha! D'autres chœurs là sans cesse La danse nous ravit. Les uns gaiement s'avancent Autour des coteaux verts! Ha! De plus hardis s'élancent Au sein des flots amers. FAUST (rêvant) Marguerite! ô Marguerite! MÉPHISTOPHÉLÈS, GNOMES, SYLPHES Le lac étend ses flots à l'entoure des montagnes; Dans les vertes campagnes Il serpente en ruisseaux. GNOMES, SYLPHES Partout l'oiseau timide, Cherchant l'ombre et le frais, S'enfuit d'un vol rapide Au milieu des marais. MÉPHISTOPHÉLÈS Le charme opère; il est à nous! FAUST Marguerite! GNOMES, SYLPHES Tous, pour goûter la vie, Cherchant dans les cieux Une étoile chérie Qui s'alluma pour eux. Dors, dors, heureux Faust, dors, dors! MÉPHISTOPHÉLÈS C'est bien, c'est bien, jeunes Esprits, Je suis content de vous. Bercez, bercez son sommeil enchanté. Ballet des Sylphes (Les esprits de l'air se balancent quelque temps en silence autour de Faust endormi et disparaissent peu à peu.) FAUST (s'éveillant en sursaut) Marguerite! Qu'ai-je vu! qu'ai-je vu! Quelle céleste image! quel ange Au front mortel! Où le trouver? Vers quel autel Traîner à ses pieds ma louange! MÉPHISTOPHÉLÈS Eh bien! il faut me suivre encore Jusqu'à cette alcôve embaumée Où repose ta bien-aimée. À toi seul ce divin trésor! Des étudiants voici la joyeuse cohorte Qui va passer devant sa porte; Parmi ces jeunes fous, au bruit de leurs chansons, Vers ta beauté nous parviendrons. Mais contiens les transports et suis bien mes leçons. Scène Huitième Final: Chœur d'étudiants et de soldats ÉTUDIANTS, SOLDATS Villes entourées De murs et remparts, Fillettes sucrées, Aux malins regards, Victoire certaine Près de vous m'attend; Si grande est la peine, Le prix est plus grand. Au son des trompettes, Les braves soldats S'élancent aux fêtes Ou bien aux combats; Fillettes et villes Font les difficiles; Bientôt tout se rend. Chanson d'étudiants ÉTUDIANTS Jam nox stella velamina pandit; Nunc, nunc bibendum et amandum est! Vita brevis fugaxque voluptas. Gaudeamus igitur, gaudeamus! Nobis subridente lunâ, per urbem quærentes puellas eamus! Ut cras, fortunati Cæsares, dicamus: Veni, vidi, vici! Gaudeamus igitur! Chœur de soldats et Chanson des étudiants ÉTUDIANTS, SOLDATS Villes entourées... FAUST, MÉPHISTOPHÉLÈS Jam nox stella... |
PRIMERA PARTE Escena Primera FAUSTO El viejo invierno ha dejado lugar a la primavera. La naturaleza ha rejuvenecido. De la infinita cúpula del cielo llueven mil fuegos resplandecientes. Siento la brisa matinal deslizándose en el aire. De mi pecho ardiente brota una pura exhalación. Oigo a mi alrededor el despertar de los pájaros. El firme rumor de las plantas y las aguas... ¡Oh, qué dulce es vivir en absoluta soledad, lejos de la lucha humana y de las multitudes! Escena Segunda Ronda de Campesinos CORO Los pastores dejan sus rebaños y se engalanan para la fiesta. Flores campestres y cintas son sus adornos. Están todos bajo los tilos, bailando y saltando como locos. ¡Ja, ja, ja, Landerida! ¡Sigan el compás! ¡Ja, ja, ja, Landerida! FAUSTO ¿Qué son esos gritos? ¿Qué es ese sonido lejano? CORO Tra, la, la, ha ha! FAUSTO Son los aldeanos, en el despuntar del día, que bailan y cantan sobre el verde césped. Mi mezquindad me hace sentir celos... CORO Saltan como rayos y los trajes vuelan al aire. Pronto el cansancio los invade y los rostros se van tiñendo de rojo, uno tras de otro... ¡Ha, ha, ha, ha, ha, ha! ¡Landerida! Toda la fila se viene abajo. ¡Ha, ha, ha, ha, ha, ha! ¡Landerida! "¡No me toques!" "¡Tranquila!... ¡Mi mujer no está aquí! ¡Aprovechemos la oportunidad!" Rápidamente se la lleva fuera. Y todo sigue su curso. ¡Ha, ha, ha, ha, ha, ha! ¡Landerida! ¡Tra la, la, la, la! ¡Ha, ha! Escena Tercera (Por la plaza, un ejército avanza) FAUSTO Pero un estallido guerrero invade la tierra. ¡Los hijos del Danubio se aprestan al combate! ¡Qué orgullosos y alegres llevan su armadura! ¡Y qué fuego hay en sus ojos! Los corazones tiemblan ante el canto victorioso. Sólo el mío permanece insensible a la gloria. Marcha Húngara. (Pasan las tropas. Fausto se aleja) SEGUNDA PARTE Escena Cuarta (Norte de Alemania. Fausto solo en su gabinete de trabajo) FAUSTO Sin pesar he abandonado las risueñas comarcas donde el aburrimiento me perseguía. Sin placer vuelvo a ver las altivas montañas. Vuelvo a mi antigua ciudad. ¡Oh, cuánto sufro! La noche sin estrellas, que extiende a lo lejos su silencio y su velo, añade más oscuridad a mi dolor. ¡Oh, tierra! Sólo para mí no tienes flores! ¿Dónde encontrar aquello que falta a mi vida? ¡Busqué en vano, pues todo huyó de mi vida! ¡Vamos, hay que de terminar!... ¡Mas tiemblo!... ¿Por qué estremecerse ante el abismo que se abre ante a mí? ¡Oh, copa demasiado tiempo deseada, ven, ven, noble cristal, viérteme el veneno que debe iluminar o aniquilar mi razón! (Se lleva la copa a los labios. Suenan las campanas. Cantos religiosos en la iglesia vecina. Cantos de Pascua.) CORO ¡Cristo ha resucitado! FAUSTO ¿Qué oigo? CORO Dejando la tumba, fatal morada, sube aún más hermoso a las puertas celestiales. Mientras velozmente se desplaza hacia la gloria inmortal, sus fieles discípulos languidecen aquí abajo. ¡Ay! ¿Acaso Él nos abandona a las garras ardientes de la desdicha? ¡Oh, Divino Maestro! Tu alegría es causa de nuestra tristeza. ¡Oh, Divino Maestro! Nos abandonas a las garras ardientes de la desdicha. FAUSTO ¡Oh recuerdos! ¡Oh, alma temblorosa! ¿Volarás a los cielos sobre las alas de esos cantos? ¡Mi fe titubeante regresa, trayendo consigo la paz de los días piadosos, mi infancia feliz, la dulzura de la oración, el gozo puro de errar y soñar por las verdes praderas hacia la claridad infinita de un sol primaveral! ¡Oh, beso de amor celestial que colmas mi corazón de dulces esperanzas y destierras todo deseo funesto! CORO ¡Cristo ha resucitado! ¡Nosotros creemos en su palabra eterna! Un día lo seguiremos hasta la celestial morada desde donde su voz nos llama. ¡Hosanna¡ ¡Hosanna! FAUSTO ¡Ay, dulce cántico celestial!, ¿por qué levantar al miserable del polvo?. Himnos de plegaria, ¿por qué me hacéis dudar de mis propósitos? Los suaves acordes refrescan mi pecho, suenan cantos más dulces que la aurora, mis lágrimas se vierten, el cielo me ha reconquistado. Escena Quinta MEFISTÓFELES (apareciendo bruscamente) ¡Oh pura emoción! ¡Inocente niño de parvulario! ¡Te admiro, doctor! ¡Los sonidos piadosos de esas campanas de plata han hechizado tus castos oídos! FAUSTO ¿Quién eres tú cuya ardiente mirada penetra como el filo de un puñal, y que, como la llama quema y devora el alma? MEFISTÓFELES ¡Esa es una pregunta frívola para un erudito! Soy el espíritu de la vida y soy quien consuela. Te daré todo: felicidad, placer... ¡El deseo más ardiente que puedas imaginar! FAUSTO ¡Pobre demonio, muéstrame tus maravillas! MEFISTÓFELES ¡Desde luego! Deleitaré tus ojos y tus oídos. Pero en lugar de permanecer aquí encerrado, tan triste como los gusanos que roen tus libros... ¡Ven, sígueme, cambiemos de aire! FAUSTO ¡Vamos! MEFISTÓFELES ¡Salgamos a conocer la vida! ¡Abandona la farragosa filosofía! (Salen) Escena Sexta (La taberna de Auerbach en Leipzig) BEBEDORES ¡Bebamos! ¡Vino! ¡Vino del Rin! MEFISTÓFELES Aquí puedes ver, Fausto, un tugurio de gente despreocupada. ¡Aquí el vino y las canciones alegran la vida! BEBEDORES ¡Oh, qué bien se está cuando el cielo retumba y nosotros, en una taberna llena de humo, bebemos de una botella ardiente hasta quedar llenos como cubas! Me gusta el vino y esta agua rubia que hace olvidar las penas. Cuando mi madre me trajo al mundo tuve por padrino a un borracho. ¡Oh, qué bien se está cuando el cielo retumba!... ¿Quién sabe una historia alegre? El vino sabe mejor cuando se ríe. ¡Te toca a ti, Brander! ¿O ya no tienes memoria? BRANDER (borracho) Yo sé una... ¡y soy el autor! BEBEDORES ¡Vamos, adelante! BRANDER Ya que insistís... ¡Os cantaré una nueva!... BEBEDORES ¡Bravo! ¡Bravo! Canción de Brander BRANDER Había una rata que vivía una cocina como un verdadero monje. Tanto comía, que su aspecto le hubiera dado envidia hasta al mismísimo gordinflón de Luther. Pero un buen día, el pobre diablo se envenenó y pegó un salto tan desesperado, tan miserable, como si en su cuerpo hubiera anidado el amor. BEBEDORES ¡Como si en su cuerpo hubiera anidado el amor! BRANDER Corría hacia adelante y hacia atrás, arañaba, olfateaba, mordía, recorría la casa entera... A sus dolores, añadió la ira, y hasta tal punto llegó su delirio que consumió todas sus energías... Seguro que los pícaros podrían pensar que "Esa rata tiene el amor en su cuerpo" BEBEDORES ¡Esa rata tiene el amor en su cuerpo! BRANDER El pobre diablo, creyendo encontrar un refugio seguro, se metió en el horno. Pero se equivocó y lo peor fue que al final terminó asado. ¡La sirvienta, muchacha malvada, se reía de su desgracia! ¡Ah, decía, cómo se chamusca! Verdaderamente tiene el amor en su cuerpo. BEBEDORES ¡Verdaderamente tiene el amor en su cuerpo! ¡Requiescat in pace! ¡Amén! BRANDER ¡Para el "Amén" hagamos una fuga, un coro! ¡Improvisemos una obra maestra! MEFISTÓFELES (En voz baja a Fausto) ¡Escucha bien esto! Vamos a ver, doctor, la bestialidad en todo su candor. Fuga sobre el tema de la Canción de Brander BRANDER, BEBEDORES ¡Amén! MEFISTÓFELES ¡En verdad, señores, la fuga ha sido muy bella! Al oírla uno se siente como transportado a un lugar sagrado. Permítanme que les diga que su estilo es profundo, verdaderamente religioso. Mejor no se podrían explicar los sentimientos devotos que embargan a los padres de la iglesia cuando finalizan su oración con esa palabra. Y ahora... ¿Podría responderles con una canción sobre un tema no menos conmovedor que el de ustedes? BEBEDORES ¡Ah! ¿Pero se burla de nosotros? ¿Quién es este hombre? ¡Oh, es tan pálido como rojo es su cabello! ¡No importa! ¡Adelante! ¡Otra canción! ¡Es su turno! Canción de Mefistófeles MEFISTÓFELES Una simpática pulga vivía en casa de un príncipe. El buen hombre la amaba como a su propia hija y la historia asegura que un día hizo que su sastre le tomara las medidas para hacerle un traje de gala. El insecto, colmado de felicidad, tan pronto se vio engalanado de oro, de terciopelo, de seda, y condecorado con una cruz, hizo venir de provincias a sus hermanos y hermanas quienes, por orden del príncipe, se convirtieron en grandes señores. Pero lo peor fue que la gente de la corte, sin atreverse a decir nada, se rascaba todo el día. ¡Cruel política! ¡Ah, compadezcamos su destino y en cuanto una de ellas nos pique aplastémosla sin piedad! BEBEDORES ¡Bravo! ¡Bravo! ¡Ja, ja! ¡Sí, aplastémosla sin piedad! FAUSTO ¡Ya basta! ¡Salgamos de este lugar, donde la palabra es vil, la alegría innoble y el gesto brutal! ¿No tienes otros placeres más sosegados, guía infernal? MEFISTÓFELES ¡Ah! Si esto te disgusta... ¡Sígueme! (Se van) Escena Séptima (Bosques y praderas en la orilla del Elba) Aria de Mefistófeles MEFISTÓFELES ¡Esas rosas han nacido esta misma noche! ¡Sobre este lecho perfumado, mi amado Fausto, descansa! Tendrás un sueño voluptuoso, mientras sobre ti resbalarán besos carmesí, las flores abrirán sus corolas en tu lecho y tus oídos oirán palabras divinas. ¡Escucha! ¡Escucha! Los espíritus de la tierra y el aire entonan un suave canto sólo para ti. Coro de gnomos y sílfides Sueño de Fausto. GNOMOS, SÍLFIDES Duerme, duerme, feliz Fausto. Pronto, sí, pronto, bajo un velo de oro y azul, feliz Fausto, tus ojos se cerrarán, tu estrella brillará en el firmamento y te hechizarán sueños amorosos. MEFISTÓFELES Feliz Fausto, pronto, bajo un velo de oro y azul, tus ojos se cerrarán. GNOMOS, SÍLFIDES La campiña se cubre de paisajes encantadores y nuestros ojos descubren flores, bosques, campos y un espeso follaje donde los tiernos amantes descubren sus pensamientos. FAUSTO ¡Ah, sobre mis ojos ya se extiende un velo! MEFISTÓFELES Tu estrella brillará en el cielo. GNOMOS, SÍLFIDES A lo lejos, las largas ramas de la parra están cubiertas de brotes, pámpanos verdes y racimos bermejos. Aquí, los jóvenes amantes a lo largo del valle se olvidan del tiempo bajo el frescor del follaje. Una beldad los sigue, ingenua y melancólica, mientras en sus párpados brilla una lágrima furtiva. MEFISTÓFELES Una beldad los sigue... ¡Fausto, ella te amará! FAUSTO (Dormido) ¡Margarita! MEFISTÓFELES, GNOMOS, SÍLFIDES El lago abraza con sus aguas a las montañas, mientras que por las verdes campiñas serpentean los arroyos. GNOMOS, SÍLFIDES ¡Allá, en las orillas resuenan cantos alegres! ¡Ah! La danza de otros grupos nos deleita sin cesar. ¡Otros avanzan alegremente alrededor de las laderas verdes! ¡Ah! Los más atrevidos se lanzan al seno de la corriente helada. FAUSTO (Soñando) ¡Margarita! ¡Oh, Margarita! MEFISTÓFELES, GNOMOS, SÍLFIDES El lago abraza con sus aguas a las montañas, mientras que por las verdes campiñas serpentean los arroyos. GNOMOS, SÍLFIDES Los tímidos pájaros buscan por doquier la sombra y el frescor, huyendo en un rápido vuelo hacia los pantanos. MEFISTÓFELES ¡El encanto se realiza, él es nuestro! FAUSTO ¡Margarita! GNOMOS, SILFIDES Para gozar de la vida, todos buscan en el cielo una estrella amada que se encienda sólo para ellos. ¡Duerme, duerme, duerme feliz Fausto, duerme! MEFISTÓFELES Bien, muy bien, jóvenes espíritus, estoy satisfecho de vosotros. Arrullad su sueño... Ballet de los Silfos (Los espíritus del aire se balancean en silencio alrededor de Fausto y desaparecen poco a poco.) FAUSTO (Se despierta sobresaltado) ¡Margarita! ¿Qué he visto? ¿Qué he visto?... ¿Una imagen celestial? ¿Un ángel de semblante mortal? ¿Dónde encontrarlo? ¿En qué altar ofreceré a sus pies mi alabanza? MEFISTÓFELES ¡Y bien! Aun debes seguirme hasta la alcoba perfumada donde descansa tu amada. ¡Será sólo para ti ese divino tesoro! Por aquí llegan los alegres estudiantes que pasarán ante su puerta. Mezclados con estos locos jóvenes, en medio de sus cantos, llegaremos a tu amada. Pero contén tus ansias y sigue mis enseñanzas. Escena Octava Final: Coro de estudiantes y soldados ESTUDIANTES, SOLDADOS Ciudades rodeadas de fosos y murallas, muchachas melosas de miradas maliciosas, la victoria certera me espera cerca de ti. Si grande es el sacrificio más grande es el premio. Al son de las trompetas los bravos soldados se lanzan a las fiestas o a los combates. Muchachas y ciudades que parecen inexpugnables pronto se rinden. Canción de los estudiantes ESTUDIANTES Jam nox stella velamina pandit; Nunc, nunc bibendum et amandum est! Vita brevis fugaxque voluptas. Gaudeamus igitur, gaudeamus! Nobis subridente lunâ, per urbem quærentes puellas eamus! Ut cras, fortunati Cæsares, dicamus: Veni, vidi, vici! Gaudeamus igitur! Coro de Soldados y Canción de los Estudiantes ESTUDIANTES, SOLDADOS Ciudades rodeadas... FAUSTO, MEFISTÓFELES Jam nox stella... |