EL PROFETA

 

Personajes

JUAN DE LEYDEN

FÌDES

BERTA

JONÁS

ZACARÍAS

MATHISEN

OBERTHAL

Campesino

Madre de Juan

Prometida de Juan

Cabecilla Anabaptista

Cabecilla Anabaptista

Cabecilla Anabaptista

Noble Holandés

Tenor

Mezzosoprano

Soprano

Tenor

Bajo

Bajo

Bajo

 

La acción se desarrolla en Leyden, Holanda, y Münster, Alemania, a mediados del siglo XVI

 

ACTE I


(Le théâtre représente les campagnes de la Hollande la aux
environs de Dordrech. Au fond on aperçoit la Meusse: à
droite un château-fort avec les ponts-levis et tourelles: 
a gauche fermes et moulins dépendent du château. Du 
même côte sur le premier plan, des sacs de blé, des tables
rustiques, des bancs, etc. Au lever du rideau, le théâtre
est vide. Un berger arrive et avec son chalumeau
donna l'éveil. Un autre berger arrive, - censé dans 
les coulisses- lui répond de loin, Alors las portes des
cabanes s'ouvrent, les paysans sortent avec leurs outils,
les meuniers avec des sacs de farine sur le dos, etc.)

CHOEUR PASTORAL
La brise es muette.
Le jour es serein!
D'échos en échos,
sonne la clochette
de nos gais troupeaux!

PAYSANS
Trop souvent l'orage
attriste nos coeurs…

CHOEUR
… Attriste nos cours!

PAYSANS
D'un jour, d'un jour sans nuages
goûtons, tous les douceurs,
Ah! Goûtons, etc.

CHOEUR
La brise es muette.
Le jour es serein!
Le vent qui s'arrête,
qu'ici pour nous s'apprête
le repas du matin!
Goûtons les douceurs
d'un jour heureux
goûtons le bonheur
d'un jour heureux!

BERTHE
Mon coeur s'élance et palpite.
L'espoir remplit ce coeur charmé,
doux espoir!
Au ciel d'avance je habite,
je vais revoir mon bien-aimé,
oui, revoir mon bien-aimé!
Légers oiseaux, volez vers sa demeure
et que vos chants lui disent mon amour.
Bientôt vos chants en doux refrains
diront a lui mon amour!
Mon coeur s'élance, etc.
Du moment où l'orpheline
t'aperçut, faveur divine
seul, rêvant, rêvant, sur la colline.
Un regard, regard, changea mon sort!
Aujourd'hui servant nos flammes
vois, ta mère de nos âmes
vient hâter l'heureux accord,
l'heureux accord.
Mon coeur s'élance, etc.

(Berthe voit arriver de loin Fidès. Elle court á su 
rencontre, prend son bras et la conduit doucement 
jusque devant de la scène. Fidès est fatiguée de la route 
et marche pesamment. Quand elle arrivée sur l'avant-
scène elle embrasse Berthe, la bénit et met à son doigt 
un anneau de fiancée, envoyé par Jean).

BERTHE
Fidès, ma bonne mère, 
enfin donc vous voilà!

FIDÈS
Tu m'attendais?

BERTHE 
Depuis l'aurore!

FIDÈS
Et Jean mon fils attend
plus ardemment encore sa fiancée!
"Allez, allez, bonne mère, 
allez, allez, amenez la" a-t-il dit,
et je viens.

BERTHE
Ainsi moi, pauvre fille,
orpheline et sans biens
il m'a daigne choisir.

FIDÈS 
(babillant avec bonhomie)
Des filles de Dordrecht
Berthe est la plus gentille 
et la plus sage, et je veux vous unir.

(s'animant toujours avantage)

Et je veux dès demain
que Berthe me succède
dans mon hôtellerie
et dans mon beau comptoir;
le plus beau, vois-tu bien Berthe,
de toute la ville de Leyde!
Partons, partons, partons!
Hâtons-nous, hâtons-nous,
car mon fils nos attend 
pour ce soir
car mon. fils nos attend 
pour ce sir. Partons!

BERTHE
Non pas; vraiment; vassale; je ne puis
me marier, ni quitter ce pays
sans la volonté souveraine
du comte du Oberthal, seigneur de ce domaine
dont vous voyez d'ici les créneaux redoutés!

FIDÈS
Auprès de lui courons!

(Fidès veut entraîner Berthe vers le château à droite. 
Au moment où les femmes viennent de franchir les 
marches de l'escalier qui conduit au château, les 
trois anabaptistes paraissent au haut des marches. 
Ils s'approchent d'eux et les examinent avec curiosité. 
Fidès redescend avec crainte les marches de 
l'escalier).

FIDÈS
(à Berthe à voix basse)
Quels sont ces hommes noirs aux 
figures sinistres?

BERTHE
(à voix basse)
On dit que du Très-Haut
ce sont de saints ministres
qui depuis quelque temps
parcourent nos cantons,
répandant parmi nous
leurs doctes oraisons!

(Les trois anabaptistes sur la colline étendent 
les mains sur le peuple comme pour le bénir).

JONAS
Ad nos!

ZACHARIE
Ad nos!

LES TROIS ANABAPTISTES
Ad nos, ad salutarem undam,
iterum venite miseri!
Ad nos, ad nos venite, populi!

(Les trois anabaptistes descendent 
l'escalier et s'approchent les paysans).

CHOEUR
Ecoutons le ciel, qui les inspire, qui les inspire!

ZACHARIE
(montant sur une borne pour haranguer le peuple)
Des ces champs fécondes
longtemps par vos sueurs,
voulez-vous, voulez-vous être enfin
les maîtres et seigneurs?
Le voulez-vous? Le voulez-vous?

LES TROIS ANABAPTISTES
Ah! Ad nos, ad salutarem undam,
iterum venite miseri!

JONAS
(prêchant a un autre groupe du peuple)
Veux-tu que ces châteaux
aux tourelles altières
descendent au niveau 
des plus humbles chaumières?
Le veux-tu, le veux-tu, le veux-tu?

LES TROIS ANABAPTISTES
Ah! Ad nos, etc.

MATHISEN
Esclaves et vassaux
trop longtemps à genoux,
ce qui fut abaissé
s'élève. Levez-vous

LES TROIS ANABAPTISTES
Levez-vous, Levez-vous, levez-vous!

(Les paysans commencent à s'émouvoir, ils se 
consultent entre eux. ils engagent un des leurs 
à parler aux prêcheurs. Le paysan ne vent pas 
d'abord, mais ses compagnons le poussent en avant)

PREMIER PAYSAN 
(timidement)
Ainsi ces beaux châteaux?

MATHISEN 
Il vous appartiendront!

JONAS
Il vous appartiendront!

DEUXIEME PAYSAN 
(timidement)
La dime et la corvée?

JONAS
Elles disparaîtront!

ZACHARIE
Elles disparaîtront!

PREMIER PAYSAN
Et nous serfs et vassaux?

JONAS
Libres en ce séjour!

MATHISEN, ZACHARIE
Libres en ce séjour!

DEUXIEME PAYSAN
Et nos anciens seigneurs?

LES TROIS ANABAPTISTES
Esclaves a leur tour!

SIX PAYSANS
Ainsi ces beaux châteaux ?

JONAS
Il vous appartiendront!

SIX PAYSANS
La dime et la corvée?

JONAS
Elles disparaîtront!

SIX PAYSANS
Et nous serfs et vassaux?

MATHISEN, ZACHARIE
Libres en ce séjour!

SIX PAYSANS
Et nos anciens seigneurs?

MATHISEN, ZACHARIE
Esclaves a leur tour!

ACTO I


(campos de Holanda en la vecindad de Dordrech. 
Al fondo, se percibe el río Meusse; a derecha, un 
castillo fortaleza con puentes levadizos y torres; 
a la izquierda, granjas y molinos del castillo. En 
primer plano, mesas, banquetas, etc. Un pastor 
llega con su zampoña anunciando el despertar. 
Otro pastor, desde bastidores, le responde a lo 
lejos. Se abren las puertas de las chozas, los 
granjeros salen con sus instrumentos, los 
molineros con los sacos de harina sobre la 
espalda, etc.)

CORO DE PASTORES
¡La brisa es suave,
el día está sereno
y se oye el eco
de la campana 
de los alegres campesinos!

CAMPESINOS
Demasiado a menudo la tormenta 
entristece nuestros corazones…

CORO
…entristece nuestros corazones

CAMPESINOS
Disfrutemos el placer 
de un día sin nubes.
¡Ah, disfrutemos! etc.

CORO
¡La brisa es suave
y el día está sereno!
El viento se detiene
y nosotros, aquí, 
prepararemos el almuerzo.
¡Disfrutemos los placeres 
de un bello día! 
¡Disfrutemos la felicidad
de un bello día!

BERTA
Mi corazón salta y palpita. 
¡La esperanza llena mi corazón
con su dulce anhelo! 
Me parece que vivo en el cielo
pues volveré a ver a mi amado.
¡Sí, volveré a ver a mi amado! 
Los pájaros que vuelan hacia su casa 
le lleven sus cantos y le hablen de mi amor.
¡Pronto las dulces melodías de sus cantos
le hablarán a él de mi amor! 
Mi corazón salta, etc.
Desde el momento en que la huérfana 
te percibió sobre la colina, favor divino,
sólo vive soñando contigo.
¡Una sola mirada cambió mi suerte!
Hoy, aumentando las llamas 
de nuestras almas, 
tu madre viene
para sellar el compromiso feliz.
Mi corazón salta, etc.

(Berta ve llegar a lo lejos a Fidès. Corre a su 
encuentro, toma su brazo y la conduce despacio 
delante del escenario. Fidès está cansada del 
viaje y camina pesadamente. Cuando llega, 
besa a Berta, la bendice y pone en su dedo el 
anillo de novia, enviado por Juan.)

BERTA
Fidès, mi buena madre.
¡Por fin ha venido!

FIDÈS
¿Me esperabas?

BERTA
¡Desde la aurora!

FIDÈS
¡Y mi hijo Juan espera aún
más ardientemente a su novia!
"¡Vaya, vaya, madre!..."
"¡Vaya, vaya, tráigala!..." Me dijo.
Y aquí estoy.

BERTA
A mí, a una pobre muchacha, 
huérfana y sin bienes,
él se ha dignado escoger.

FIDÈS 
(parloteando con sencillez) 
De todas las muchachas de Dordrecht, 
Berta es la más bonita y la más sabia...
Yo deseo que os unáis. 

(Poniéndose más animada)

Y quiero que desde mañana 
Berta se haga cargo 
de mi hospedería
y de mi hermoso establecimiento.
¡El más hermoso, Berta,
de toda la ciudad de Leyden! 
¡Vámonos rápido!
¡Apresurémonos!
Pues mi hijo nos espera 
esta tarde.
Mi hijo nos espera 
para esta tarde. ¡Vayamos!

BERTA
Pero... no puedo...
Soy vasalla del conde de Oberthal,
cuyas temidas almenas puede usted ver,
y sin su permiso,
no puedo casarme ni abandonar este país.

FIDÈS
¡Corramos ante él! 

(Fidès conduce a Berta hacia el castillo. En 
el momento en que las dos mujeres suben por 
la escalera que conduce al castillo, tres 
anabaptistas aparecen en lo alto. Ellos se 
acercan y las examinan con curiosidad. Fidès 
baja otra vez con miedo los escalones de la 
escalera).

FIDÈS
(a Berta, en voz baja)
¿Quienes son estos hombres de negro?
¡Qué figuras tan siniestras!...

BERTA
(En voz baja) 
Se dice que del Todopoderoso 
ellos son los santos ministros.
Desde hace algún tiempo 
recorren nuestros caseríos
propagando entre nosotros 
su doctrina. 

(Los tres anabaptistas, en lo alto, extienden sus 
manos sobre la gente como para bendecirla.)

JONÁS
¡Ad nos!

ZACARÍAS
¡Ad nos!

LOS TRES ANABAPTISTAS
¡Ad nos, ad salutarem undam,
Iterum venite miseri!
¡Ad nos, ad nos venite, populi!

(Los tres anabaptistas bajan por la escalera 
y se aproximan a los campesinos)

CORO
¡Escuchemos al cielo, que los inspira!

ZACARÍAS
(subido en una valla para arengar a la gente) 
De estos campos fecundos,
durante tanto tiempo 
labrados por vuestro sudor,
¿queréis ser los amos y señores? 
¿Lo queréis?

LOS TRES ANABAPTISTAS
¡Ah! Ad nos, ad salutarem undam,
Iterum venite miseri!

JONÁS
(predicando a otro grupo de gente) 
¿Queréis que estos castillos,
de arrogantes torres,
desciendan al nivel 
de las más humildes chozas? 
¿Lo queréis?

LOS TRES ANABAPTISTAS
¡Ah! Ad nos, etc.

MATHISEN
¡Esclavos y vasallos!
¡Demasiado tiempo de rodillas!
El que fue abatido...
¡Que se levante! ¡Que se levante!

LOS TRES ANABAPTISTAS
¡Levantaos, levantaos!

(Los campesinos comienzan a motivarse, se 
consultan entre ellos. Eligen a uno de ellos para 
hablar a los predicadores; no quiere al principio, 
pero sus compañeros lo empujan adelante). 

PRIMER CAMPESINO 
(tímidamente)
¿Estos hermosos castillos?

MATHISEN
¡Serán vuestros!

JONÁS
¡Serán vuestros!

SEGUNDO CAMPESINO 
(tímidamente)
¿El diezmo y la leva?

JONÁS
¡Desaparecerán!

ZACARÍAS
¡Desaparecerán!

PRIMER CAMPESINO
¿Y los siervos y vasallos?

JONÁS
¡Serán libres!

MATHISEN, ZACARÍAS
¡Serán libres!

SEGUNDO CAMPESINO
¿Y nuestros antiguos señores?

LOS TRES ANABAPTISTAS
¡Esclavos en vuestro lugar!

SEIS CAMPESINOS
¿También estos hermosos castillos?

JONÁS
¡Serán vuestros!

SEIS CAMPESINOS
¿El diezmo y la leva?

JONÁS
¡Desaparecerán!

SEIS CAMPESINOS
¿Y los siervos y vasallos?

MATHISEN, ZACARÍAS
¡Serán libres!

SEIS CAMPESINOS
¿Y nuestros antiguos señores?

MATHISEN, ZACARÍAS
¡Esclavos en vuestro lugar!

DES HOMMES 
(entre eux, se consultent)
Ils ont raison; écoutez les!

DES FEMMES
Oui!

DES HOMMES
Ils disent vrai!

DES FEMMES
Oui!

DES HOMMES
Nos les suivrons!

AUTRES HOMMES
Et nous aussi!

LES HOMMES
Point de retard!

AUTRES HOMMES
Point de merci!

DES FEMMES 
(aux paysans)
Vous êtes fort, puissant,
vous êtes grands!

LES HOMMES
Venez, allons, venez!

LES TROIS ANABAPTISTES
Ad nos! Ad nos, etc.

CHOEUR
Ces oppresseurs indignes,
ces vils, ces vils tyrans,
cruels, cruels seigneurs!
Ah! Vengeons-nous sur nos tyrans,
Ah! Vengeons-nous sur nos tyrans,
qu'ils meurent tous!
Qu'ils meurent, etc.
Levons nous, Levons nous, etc.
Malheur à qui nos combattrait,
malheur, malheur!
Son supplice est tout prêt,
Dieu signe l'arrêt!

(Les paysans courent au fond du théâtre où son déposés 
les fourches à faner, les faux et les pioches; ils les 
brandissent, s'alignent et marchent en ordre militaire, 
en promenant les trois anabaptistes en triomphe).

MATHISEN, ZACHARIE
(avec enthousiasme)
O roi des cieux, c'est ta victoire,
Dieu des combats, veille sur nous, sur nous!

JONAS
Sur nous!

MATHISEN, ZACHARIE
Las nations verront ta gloire,
ta sainte loi luira pour tous pour tous!

JONAS
Pour tous!

MATHISEN, ZACHARIE
Suivez-nous amis! Dieu le veut,
Dieu le veut! C'est le grand jour!
Que la liberté, que la liberté
soit notre amour,
et du monde entier! Dieu le veut
son drapeau fera le tour!

LES TROIS ANABAPTISTES
Dieu le veut! Dieu le veut!
Suivez-nous, chers compagnons

CHOEUR
O roi des cieux, etc.
Aux armes, aux armes aux armes!
Liberté, ah! Viens nous secourir
nous t'invoquons, pour ton saint nom
vaincre ou mourir!
Liberté, etc... ah! Viens, viens!

LES TROIS ANABAPTISTES
Aux armes!
Ad nos, etc...
Suivez nous, mort aux tyrans!
Mort, mort, oui, mort!

(Tous les paysans se sont armés de fourches, de
pioches, et de bâtons, et se son élancés sur les marches 
de l'escalier qui conduit au château. Las portes du 
château s'ouvrent. Oberthal sort, il est entouré de 
seigneurs, ses amis avec lesquels il cause en riant. A 
sa vue les paysans s'arrêtent. Ceux que avaient déjà 
gravi les marches de l'escalier les redescendent avec 
effroi, et cachent les bâtons dont ils étaient armés. 
Oberthal s'avance tranquillement au milieu des 
paysans, qui le saluent).

BERTHE
Le Comte D'Oberth, 
le seigneur châtelain.

OBERTHAL
De quels cris menaçants,
ces visages si tristes
troublent-ils dans nos murs
la gaîte du festin? Ah!

(rappelant les souvenirs)

Ceux-là sont-ils pas
des ces anabaptistes,
ces fougueux puritains, 
ces ennuyeux prêcheurs,
semant partout, dit-on
les dogmes imposteurs

LES TROIS ANABAPTISTES
Malheur, noble seigneur, à celui
dont les yeux ne s'ouvrent qu'a l'erreur!

OBERTHAL
Eh! Mais vraiment, vraiment,
je crois le reconnaître;
oui, c'est maître Jonas
mon ancien sommeiller
il me volait mon vin,
dont il se disait maître!

(aux soldats)

Que le fourreau du sabre
aide à le châtier!
Soldats, qu'on le chasse!
Eloignez sa figure infernale!

(Les soldats emmènent les trois anabaptistes).

OBERTHAL
(apercevant Berthe)
Ah! Celle-ci vaut mieux!
Que veux-tu, ma vassale?
Avance et parle sans frayeur!
 
BERTHE 
(à part)
Ma mère, Ma mère, hélas!
J'ai peur!

FIDÈS
(rassurant Berthe)
Sois sans crainte, sois sans crainte,
je suis là, oui, je suis là
pou te donner du coeur.

BERTHE
Un jour dans les flots de la Meuse,
j'allais périr, j'allais périr. 
Jean, Jean me sauva.

FIDÈS
(faisant la révérence au seigneur)
Jean, Jean la sauva.

BERTHE
Orpheline et bien malheureuse,
depuis de ce jour, depuis de ce jour,
Jean me protégea!

FIDÈS
(faisant la révérence)
Jean la protégea!

BERTHE
Je connais votre droit,
je connais votre droit suprême,
mais Jean m'aime de tout son coeur,
de tout son coeur, de tout son coeur!
Ah! Mon seigneur, mon seigneur,
mon doux, mon doux seigneur,
permettez-moi d'être sa femme,
permettez-le ah! Monseigneur, etc.

FIDÈS
Mais Jean l'aime de tout son coeur!
Ah! Mon seigneur, etc.
Permettez lui d'être sa femme

BERTHE
Moi vassale en votre domaine
je suis hélas! Sans or ni bien;
tous les sauvent bien!

FIDÈS
(faisant la révérence)
Tout le savent bien!

BERTHE
Et Jean, que son amour entraîne,
veut m'épouser, moi qui n'ai rien,
moi, moi qui n'ai rien!

FIDÈS
(faisant la révérence)
Elle qui n'a rien.

BERTHE
Voici sa mère qui réclame
pour son fils ma main et mon coeur;
je l'aime tant, je l'aime tant!
Ah! Monseigneur, etc.

FIDÈS
Sa main, son coeur,
sa main et son coeur,
elle l'aime tant, elle l'aime tant!
Ah! Monseigneur, etc.

OBERTHAL
(regardant Berthe avec amour)
Eh quoi ¡ Tant du candeur,
d'attraits et d'innocence
seraient perdus pour nous
et quitteraient ces lieux!
Non. non, non, non, non
non, je refuse.

BERTHE, FIDÈS, CHOEUR
Ah!

BERTHE
Quel malheur!

FIDÈS
Ah! Quel malheur!

BERTHE, FIDÈS, CHOEUR
O nouvelle infamie!
O mortelles, mortelles alarmes!
Faut-il, hélas, se soumettre.
Se soumettre à ce spectre d'airain?

(du a gauche, au milieu des paysans, leur fait honte 
de leur lâcheté, les supplie de défendre Berthe et de 
réclamer justice pour elle. Les paysans excités par 
ces reproches, s'avancent d'un air résolu et menaçant 
vers Oberthal, qui sans les voir cause avec les autres 
seigneurs. A leur approche Oberthal se retourne; les 
vassaux s'arrêtent interdits et tremblants).
LOS HOMBRES 
(se consultan entre ellos)
Tienen razón... ¡Escuchémosles!

LAS MUJERES
¡Sí!

LOS HOMBRES
¡Ellos dicen la verdad!

LAS MUJERES
¡Sí!

LOS HOMBRES
¡Nosotros los seguiremos!

OTROS HOMBRES
¡Y nosotros también!

LOS HOMBRES
¡Sin demora!

OTROS HOMBRES
¡Sin misericordia!

LAS MUJERES 
(a los campesinos)
¡Sois fuertes y poderosos!
¡Sois grandes!

LOS HOMBRES
¡Vamos!

LOS TRES ANABAPTISTAS
Ad nos!, Ad nos, etc.

CORO
¡Esos opresores indignos!
¡Esos viles tiranos!
¡Crueles, crueles señores!
¡Ah, venguémonos de los tiranos!
¡Ah, venguémonos de los tiranos!
¡Que mueran todos!
¡Que mueran! etc.
¡Levantémonos!...
¡Muerte a quienes se nos opongan!
¡Muerte, muerte!
¡Su suplicio esta preparado,
Dios selle el juramento!

(Los campesinos corren blandiendo las horquillas 
del heno, las guadañas y las piochas; se 
alinean y marchan en orden militar, desfilando 
con los tres anabaptistas triunfalmente).

MATHISEN, ZACARÍAS
(con entusiasmo)
¡Oh, Rey de los cielos, ésta es tu victoria!
¡Dios de los combates, vela por nosotros!

JONÁS
¡Sobre todos nosotros!

MATHISEN, ZACARÍAS
¡Las naciones verán tu gloria!
¡Tu santa ley brillará para todos!

JONÁS
¡Para todos!

MATHISEN, ZACARÍAS
¡Adelante amigos! ¡Dios lo quiere!
¡Dios lo quiere! ¡Ha llegado el gran día!
¡Que la libertad, sea nuestra divisa 
y la del mundo entero!
¡Dios lo quiere!
¡Su bandera será desplegada!

LOS TRES ANABAPTISTAS
¡Dios lo quiere! ¡Dios lo quiere!
¡Adelante, queridos compañeros!

CORO
¡Oh, Rey de los cielos... etc.
¡A las armas! ¡A las armas!
¡Libertad, ah, ven a socorrernos!
¡Nosotros invocamos tu santo nombre!
¡Vencer o morir!
¡Libertad... etc. ¡Ven, ven!

LOS TRES ANABAPTISTAS
¡A las armas!
Ad nos, etc.
¡Adelante! ¡Muerte a los tiranos!
¡Muerte, muerte! ¡Sí, muerte!

(Todos los campesinos armados con las 
horquillas, piochas y cayados, se abalanzan 
sobre los peldaños de la escalera que conduce 
al castillo. Las puertas del castillo se abren. 
Oberthal sale, él esta rodeado de señores, sus 
amigos, con los que conversa y ríe. A su vista 
los campesinos se detienen. Los que habían ya 
ascendido por la escalera retroceden con terror, 
y ocultan las armas. Oberthal avanza 
tranquilamente entre los campesinos)

BERTA
El Conde de Oberthal, 
señor de este dominio.

OBERTHAL
¡Qué gritos amenazantes!
¡Qué miradas tristes
perturban nuestros muros!
¿La alegría del festejo? ¡Ah!...

(apelando a los recuerdos)

No son más que 
esos anabaptistas.
Esos fogosos puritanos, 
esos aburridos predicadores
sembrando por doquier, se dice,
sus heréticos dogmas.

LOS TRES ANABAPTISTAS
¡Desgracia, noble señor, a aquel cuyos ojos 
no se abran más que al error!

OBERTHAL
¡Eh! Pero ahora que caigo...
Me parece reconocerlo...
Sí, éste es el maestro Jonás,
mi antiguo copero...
Me robaba el vino,
del que se decía dueño...

(a los soldados)

¡Que la vaina de vuestros sables
ayude a castigarlos!
¡Soldados, apaleadlos!
¡Echadlos de aquí!

(Los soldados se llevan a los anabaptistas).

OBERTHAL
(viendo a Berta)
¡Ah, esto está mucho mejor!
¿Qué deseas vasalla?
¡Avanza y habla sin miedo!

BERTA 
(aparte)
¡Madre mía!...
¡Ay! ¡Tengo miedo!

FIDÈS
(calmando a Berta)
No tengas miedo, no temas...
Yo estoy aquí, sí, a tu lado,
para protegerte.

BERTA
Un día en las olas del Meusse
yo me ahogaba, iba a morir,
pero Juan... Juan me salvó.

FIDÈS
(haciendo una reverencia al señor)
¡Juan, la salvó!

BERTA
Era huérfana y muy desdichada...
¡Desde aquel día
Juan me acogió!

FIDÈS
(haciendo otra reverencia)
¡Juan la acogió!

BERTA
Conozco vuestro derecho,
vuestro señorial derecho
y Juan me ama con todo su corazón.
¡Con todo su corazón!
¡Ah, mi señor,
mi justo señor,
autorice que sea su esposa.
¡Autorícele, ah mi señor, etc.

FIDÈS
Juan la ama con todo su corazón.
¡Ah, mi señor! etc.
Autorícele hacerla su mujer, etc.

BERTA
Soy vuestra vasalla.
De todos es bien conocido
que no poseo ¡ay! ni oro ni bienes.

FIDÈS
(haciendo otra reverencia)
¡De todos es conocido!

BERTA
Y Juan, cuyo amor deseo,
quiere desposarme, a mí, que no poseo nada.
¡A mí, a mí que no tengo nada!

FIDÈS
(haciendo otra reverencia)
A ella que no posee nada.

BERTA
Aquí, su madre, es la que os solicita, 
para su hijo, mi mano y corazón.
¡Lo amo tanto!...
¡Ah, mi señor! etc.

FIDÈS
Su mano y su corazón.
Su mano y su corazón.
¡Ella lo ama tanto!...
¡Ah, mi señor! etc.

OBERTHAL
(mirando a Berta con lascivia)
Pero tanto candor,
belleza e inocencia
se perderían definitivamente
al alejarte de mis posesiones.
¡No, no, no, no, no
no, de ninguna manera!

BERTA, FIDÈS, CORO
¡Ah!

BERTA
¡Qué desdicha!

FIDÈS
¡Ah, qué desdicha!

BERTA, FIDÈS, CORO
¡Oh, qué nueva infamia!
¡Oh, mortal decisión!
Habrá que someterse...
¿Someterse a este cetro de hierro?

(Fidès, a parte, habla con los campesinos y les 
suplica reclamar justicia para Berta. Los 
campesinos, excitados por los reproches, avanzan 
con aire resuelto y amenazante hacia Oberthal, 
quien sin verlos, charla con los otros señores. Al 
acercarse, Oberthal se vuelve y los vasallos se 
detienen sobrecogidos y temblorosos)
OBERTHAL
J'ai dit, je le veux, moi
seigneur châtelain!
Cédez tous, cédez tous, aux désirs
du seigneur châtelain!
J'ai dit, je le veux,
cédez tous, tous, tous!
Ou sinon…soldats.

CHOEUR
Fuyons.

(pendant les derniers vers d'Oberthal, des gardes de 
sa suite ont entouré Berthe et Fidès, qu'ils entraînent 
dans le château. Oberthal et ses amis les suivent, et les 
portes se referment derrière eaux. Les paysans, muets 
de surprise et du frayer, se retirent en silence et tête 
baissée. A ce moment on entend dans le lointain le 
psaume des anabaptistes.)

LES TROIS ANABAPTISTES
(dans les coulisses)
Ad nos, ad salutarem undam
Iterum venite, miseri, venite,

(Le peuple, entendant le chant des anabaptistes, court 
au devant d'eaux. Les Trois anabaptistes reparaissent 
sur les marches d'escalier du château, étendant leurs 
mains sur le peuple- qui s'agenouille devant eaux- et 
menaçant de geste et regard le château d'Oberthal.)



ACTE II


(Le théâtre représente l'auberge de Jean et de sa 
mère dans les faubourgs de Leyde. Portes au fond 
et croisée donnât sur la campagne. On entend au
dehors une aire de valse. Jean tenant des brocs, qu'il
pose sur une table, sort de la chambre de la droite et 
va ouvrir les portes du fond, il aperçoit des paysans et 
des paysannes qui s'amusent à valser, et qui toujours 
en valsant entrent dans l'intérieur de l'auberge. 
Plusieurs se mettent à table et chantent le choeur 
suivant, tandis que les autres continuent leur danse).

CHOEUR
Valsons toujours, 
oui, la valse a mes amours;
valsons, chantons, chers amis!
Valsons toujours,
oui, etc.
Et vive Jean, vive Jean

UN SOLDAT
Allons, pour les danseurs,
apportez de la bière!
Verse, ami Jean, verse.

JONAS
(bas au deux autres anabaptistes)
Silence!

UN SOLDAT
Ici la vie est douce
pour les Seigneurs et les soldats,
et les soldats! Tra, la, la,
Verse ami Jean!

CHOEUR
Jean, Jean, ici!
Viens, Jean de la bière!
Ici le tavernier,
je crois qu'il nous oublie!

JEAN
(à part)
Le jour baisse et ma mère
Bientôt sera de retour
Avec ma fiancée, ma Berthe, mon amour! 

UN PAYSAN
Jean; de la bière!

JEAN
Ma Berthe, ô mon amour

JONAS 
(regardant Jean)
O ciel!

ZACHARIE
Qu'as toi donc?

JONAS 
(à voix basse)
Regarde à ce jeune homme!

ZACHARIE 
(à voix basse)
En effet…

MATHISEN
(à voix basse)
Oui, ces traits…et cet air...

ZACHARIE
La ressemblance est inouïe!

JONAS
Et devant moi, vivant,
j'ai cru voir à son air,
David, le roi David,
qu'on adore a Munster.

MATHISEN
Ce tableau qu'on admire
en votre Westphalie
et qui fait tous les des miracles!

JONAS
Silence!

CHOEUR
Allons, verse! Viens ici.

UN SOLDAT, UN PAYSAN
Jean!

JONAS
(à un paysan)
Ami, quel est cet homme?

UN PAYSAN
Jean, le maître du logis!
Son coeur est excellent
et son bras est terrible!

JONAS
Tête ardente?

UN PAYSAN
Oui, vraiment!

JONAS
Il est brave?

UN PAYSAN
Et dévot, il sait par coeur
toute la Bible!

ZACHARIE 
(à part a ses compagnons)
Chers amis, n'est-ce pas là
l'apôtre qu'il nous faut?

MATHISEN
Celui qu'a nous aider
appelle le Très-Haut!

JEAN
La nuit couvre la terre
et le repos est doux;
j'attends Berthe et ma mère
allez, allez, amis retirez vous!

CHOEUR
Partons, partons, il songe à sa belle,
partons, le ciel est noir!
Partons, partons, le ciel est noir!
Bon soir, bon soir, etc.

(Les paysans sortent en valsant. Après leur départ 
restent en scène les trois anabaptistes et Jean qui 
va s'asseoir rêveur, près la table a droite)

ZACHARIE
(à Jean lui frappant sur l'épaule)
Ami, quel nuage obscurcit ta pensée?

JEAN
J'attends ma mère avec ma fiancée;
leur retard m'inquiète.
Déjà l'autre nuit
un sinistre présage a troublé mon esprit!

MATHISEN
Qu'est-ce donc. Parle ami!

JEAN
Qu'ici votre science
éclaire par pitié ma faible intelligence
sur mille objets bizarres et confus.
Et que deux fois en dormant j'ai revus! 

Sous les arceaux d'un temple magnifique
j'étais debout, le peuple a mes pieds prosternés.
Et de bandeau royal mon front était orné!
Et pendant qu'ils disaient dans un pieux cantique;
c'est l'Elu, le Messie, c'est le fils de Dieu!
Je lisais sur le marbre écrits en traits de feux,
malheur à toi, malheur à toi!
Ma main volait tirer la glaive,
mais un fleuve de sang et m'entoure et s'élève,
pour le fuir sur un trône en vain j'étais monté
et le trône en moi-même, il a tout emporté!
Au milieu des éclairs, au milieu de la flamme,
pendant qu'aux pieds de Dieu 
Satan traînait mon âme.
S'élevait de la terre une clameur;
qu'il soit maudit, maudit!
Mais vers le ciel dans un abîme immense
une voix s'éleva qui répéta: Clémence!
Clémence! Clémence! Ici je me réveillé…
Muet…anéanti…d'épouvante et d'horreur! 

LES TROIS ANABAPTISTES
(mystérieusement)
Sur ce songe, sur ce songe prophétique
le ciel même a nous s'explique;
l'avenir s'offre à nos yeux.
Jean tu régneras.

JEAN
Moi! Mes amis! Ah, vous n'y pensez pas!

Pour Berthe moi je soupire;
je ne veux pas d'autre empire;
oui, son coeur est tout pour moi, et
son amour, son amour m'a fait Roi!
Pour moi le plus beau royaume,
le plus beau royaume ne vaut pas ce toit de chaume,
humble empire, doux séjour
de la paix et de l'amour
où Berthe sera toujours,
toujours mes seuls amours,
toujours, toujours, toujours mes amours!

LES TROIS ANABAPTISTES
Ah! Viens et suis nos pas!
Ah! Viens et suis nos pas!
Ah! Quelle folie extrême!
Dédaigner le rang suprême!
Marche avec nous!
Marche avec nous et suis nos pas
et bientôt, et bientôt,
et bientôt, tu régneras!

JEAN
Moi!

LES TROIS ANABAPTISTES
Tu régneras!

JEAN
Non!

LES TROIS ANABAPTISTES
Oui!

OBERTHAL
¡Lo he dicho y lo mantengo!
¡Soy su señor soberano!
¡Obedeced, acatad los deseos
de vuestro señor!
¡Lo he dicho y lo mantengo!
¡Obedeced todos, todos, todos!
De lo contrario... ¡soldados!

CORO
¡Huyamos!...

(Durante las últimas palabras de Oberthal los 
guardias han rodeado a Berta y Fidès a las que 
conducen hacia el castillo. Oberthal y sus amigos 
los siguen y las puertas se cierran tras de ellos. 
Los campesinos mudos de sorpresa y pavor se 
retiran con la cabeza baja. En la lejanía se 
escuchan los salmos de los anabaptistas.)

LOS TRES ANABAPTISTAS
(fuera de escena)
Ad nos, ad salutarem undam
Iterum venite, miseri, venite.

(El pueblo corre hacia los anabaptistas que 
reaparecen sobre los peldaños del escalera del 
castillo, extienden las manos sobre el pueblo que, 
arrodillado, lanza miradas y gestos de odio hacia 
el castillo



ACTO II


(albergue de Juan y su madre en los suburbios 
de Leyden. La puerta del fondo y la ventana dan 
a la campiña. Se escucha desde afuera un aire de 
vals. Juan lleva unos jarros que coloca sobre 
una mesa y, cuando va a abrir la puerta del 
fondo, ve a los campesinos que se divierten 
bailando, y que, siempre danzando, entran en 
el interior del albergue. La mayoría se sienta 
a las mesas y cantan el siguiente coro, mientras 
que los otros continúan su danza).

CORO
¡Bailemos siempre,
sí, el vals del amor!
¡Bailemos y cantemos, queridos amigos!
Bailemos siempre,
sí, etc.
¡Viva Juan, viva Juan!

UN SOLDADO
¡Vamos! 
¡Traed la cerveza para los bailarines!
¡Sirve, amigo Juan, sirve!

JONÁS
(a los otros dos anabaptistas)
¡Silencio!

UN SOLDADO
¡La vida es dulce
para los señores y los soldados!
¡Y los soldados! Tra, la, la...
¡Sirve amigo Juan!

CORO
¡Juan, Juan aquí! ¡Ven!
¡Juan, cerveza!
¡Aquí, tabernero!
¡No nos olvides!

JUAN
(aparte)
El día acaba y mi madre 
pronto estará de vuelta con mi prometida.
¡Berta, mi amor!

UN CAMPESINO
¡Juan, cerveza!

JUAN
¡Berta, oh mi amor!

JONÁS 
(mirando a Juan)
¡Oh, cielos!

ZACARÍAS
¿Qué te sucede?

JONÁS 
(en voz baja)
¡Observa a ese joven!

ZACARÍAS 
(en voz baja)
En efecto…

MATHISEN 
(en voz baja)
Sí, esos rasgos…ese aire…

ZACARÍAS
¡El parecido es inaudito!

JONÁS
Es como una aparición...
Es increíble el parecido...
¡Es David, el rey David!
¡Al que se adora en Münster!

MATHISEN
¡El cuadro que se venera
en Westfalia y que 
todos los días hace milagros!

JONÁS
¡Silencio!

CORO
¡Vamos, sirve! ¡Ven aquí!

UN SOLDADO, UN CAMPESINO
¡Juan!

JONÁS
(a un campesino)
Amigo ¿quién es ese hombre?

UN CAMPESINO
Es Juan, ¡el dueño de la posada!
Su corazón es excelente,
y su brazo, ¡terrible!

JONÁS
¿Cabeza ardiente?

UN CAMPESINO
Sí, desde luego.

JONÁS
¿Es valiente?

UN CAMPESINO
¡Y muy devoto! 
Se sabe de memoria toda la Biblia.

ZACARÍAS 
(aparte, a sus compañeros)
¿Queridos amigos, no es aquel
el apóstol que nos faltaba?

MATHISEN
¡El Altísimo lo ha enviado
para ayudarnos!

JUAN
La noche cubre la tierra
y el reposo es dulce.
Espero a Berta y a mi madre...
¡Vamos, vamos, amigos, retiraos!

CORO
¡Vámonos, él sueña con su amada!
¡Vámonos, el cielo está ya muy oscuro! 
¡Vámonos, vámonos, el cielo está muy oscuro!
Buenas noches, buenas noches, etc.

(Los campesinos salen bailando. Después de su 
partida quedan en escena los tres anabaptistas y 
Juan que, soñador, se sienta)

ZACARÍAS
(a Juan, golpeándolo en la espalda)
Amigo, ¿qué nube oscurece tus pensamientos?

JUAN
Espero a mi madre y mi a prometida.
Su retraso me inquieta.
Hace una par de noches
un siniestro presagio atormentó mi espíritu.

MATHISEN
¿Qué te sucedió? ¡Habla amigo!

JUAN
Que vuestra ciencia esclarezca piadosamente 
mi débil inteligencia sobre 
mil objetos raros y confusos.
¡Y que por dos veces en sueño yo vi!

Bajo los arcos de un templo magnifico
yo me encontraba, 
el pueblo estaba postrado a mis pies.
¡Una diadema real mi frente adornaba!
Y mientras ellos decían en un piadoso canto:
"¡Es el Elegido, el Mesías, es el Hijo de Dios!"
Yo leía sobre el mármol con letras de fuego:
"¡Desgracia para ti, desgracia para ti!"
Mi mano quería desenvainar la espada
pero un río de sangre me rodeaba.
Para huir, a un trono trate de subir,
¡y el trono y yo con él, fuimos arrastrados
en medio de relámpagos y llamas!
A los pies de Dios, Satanás arrastraba mi alma,
mientras se elevaba de la tierra un clamor:
"¡Que sea maldito, maldito!"
Pero hacia el cielo, en el inmenso abismo,
una voz se elevaba y repetía: "¡Clemencia!"
Ahí me desperté.
¡Mudo… aniquilado… de miedo y de horror!

LOS TRES ANABAPTISTAS
(misteriosamente)
Este sueño, este mismo sueño profético 
el cielo nos lo ha revelado.
El futuro se ofrece a nosotros:
¡Juan, tú reinarás!

JUAN
¿Yo? ¡Pero amigos, qué cosas piensan!

Es por Berta por lo que yo suspiro.
No quiero otro imperio
pues su corazón lo es todo para mí.
¡Su amor, su amor me ha hecho rey! 
Para mí, el más bello reino
no necesita más que este techo de paja.
Humilde, imperio, dulce morada,
de paz y amor,
donde Berta será siempre
mi único amor.
¡Siempre, siempre, siempre mi amor!

LOS TRES ANABAPTISTAS
¡Ah! ¡Ven y sigue nuestros pasos!
¡Ah! ¡Ven y sigue nuestros pasos!
¡Ah! ¡Qué locura extrema!
¡Desdeñar los designios del Supremo!
¡Ven con nosotros!
Marcha con nosotros y sigue nuestros pasos.
¡Pronto, muy pronto,
tú reinarás!

JUAN
¿Yo?

LOS TRES ANABAPTISTAS
¡Tú reinarás!

JUAN
¡No!

LOS TRES ANABAPTISTAS
¡Sí!

JEAN
Non!

LES TROIS ANABAPTISTES
Oui!

JEAN
Non!

LES TROIS ANABAPTISTES
Oui!

JEAN
Non, non, non, non, etc.
Au lieu de pompe royale
pour sa chambre nuptiale
j'ai cueilli la fleur des champs!
C'est ce soir, c'est ce soir que je l'attends!
C'est soir le plus beau royaume,
le plus beau royaume 
ne vaut pas ce toit de chaume,
humble empire, doux séjour
de la paix et de l'amour,
où Berthe sera toujours,
toujours mes seuls amours,
toujours, toujours, toujours mes amours!

LES TROIS ANABAPTISTES
Ah! Viens et suis nos pas! etc.
Ah! Quelle folie extrême! etc.

JEAN
Loin de moi portez vos pas,
loin de moi, etc.

LES TROIS ANABAPTISTES
Et bientôt tu régneras, etc.

(Les Trois anabaptistes sortent)

JEAN
Ils partent, grâce au ciel!
Leur funeste présence
m'empêchait d'être heureux!
Oui, demain quand j'y pensée,
demain mon mariage, ô rient avenir!
Quel bruit retentit a cet heur?
N'entends-je pas le galop des coursiers?
Les armes des soldats?

(Berthe entre en courant, pâle; nu-pieds et 
échevelée; elle court se jeter dans le bras de Jean).

JEAN
Ah! Berthe, ma bien-aimée!
Et d'où vient cet effroi?

BERTHE
(hors d'haleine)
Des fureurs d'un tyran…Sauve moi…
Comment fuir…ses regards? Juste ciel!

(Jean lui montre sous l'escalier un 
enfoncement caché par un rideau).

JEAN
Là! Là!

(Berthe près l'escalier pendant que 
Jean regard avec crainte au dehors)

BERTHE
(avec une expression douloureuse)
Ah! D'effroi je tremble encore!
Au trépas viens m'arracher,
Dieu puissant, toi que j'implore,
a leurs yeux viens me cacher,
a leurs yeux viens me cacher, mon Dieu!

(Oberthal entre, Berthe se cache dans 
l'enfoncement a droite)

OBERTHAL
Loin de ces rives, au château de Harlem
je menais deux captives, deux captives,
quand près de ta chaumière, et près d'un bois épais
dont les sombres détours l'ont cachée a ma vue,
l'une d'elles a fui. Qu'est elle devenue?
Réponds! Réponds! Tu la vas me la livrer,
où ta mère à l'instant a tes yeux va à périr,
si tu ne parles pas!

JEAN
(poussant un cri et étendant ses mains suppliantes)
Ma mère! Ah! Grâce!

OBERTHAL
(souriant)
Ah! Le moyen est bon!
Vois, choisis!

JEAN
(d'une voix entrecoupée par les sanglots)
Ah! Cruels, prenez ma vie!
Tout mon sang, oui, le voilà!
Mais ma mère tant chérie,
Ah! De grâce, épargnez-la!
Ah! Cruels; grâce, grâce, grâce!

(à Oberthal)

Prend pitié de mes alarmes, 
Ah! Suspens l'arrêt cruel,
laisse un fils, un fils en larmes
t'implorer comme le ciel,
t'implorer, hélas, comme le ciel.

BERTHE
Ah! D'effroi je tremble encore!
Au trépas viens m'arracher,
Dieu puissant, toi l'arrêt que j'implore,
a leurs yeux viens me cacher,
a leurs yeux viens me cacher!

OBERTHAL
Te voilà réduit aux larmes
m'implorant comme le ciel;
prends conseils de tes alarmes,
et préviens l'arrêt mortel
et préviens l'arrêt mortel!
Eh bien?

JEAN
(avec fureur)
Qu'entre nous deux
le ciel juge et décide,
qu'il fasse sur toi seul
tomber le parricide!

(Oberthal remonte le théâtre, ouvre la porte le signe à 
ses soldats d'amener Fidès. Pendant ce temps Berthe, 
pâle et tremblante, entre ouvre le rideau. Jean fait un 
pas vers elle, mais en ce moment on à traîne du a la 
porte du fond. Elle tombe à genoux en étendant les 
bras vers son fils, De soldats lèvent la hache sur sa 
tète. Jean se retourne, l'aperçoit, il pousse un cri, 
s'élance vers Berthe et la fait passer devant lui au 
moment où Oberthal redescend le théâtre.)

JEAN
(avec fureur en jetant Berthe aux mains des soldats).
Ah! va-t'en, va-t'en! Tu le vois,
il le faut! va-t'en! 

(les soldats entraînent Berthe, Jean tombe hors de lui
sur un chaise, ne regardant pas sa mère et se cachant 
le visage dans ses mains)

FIDÈS 
(d'une voix timide, et plurent)
Ah! mon fils, sois béni!
Ta pauvre mère te fut plus chère
que ta Berthe, que ton amour!
Ah! mon fils! Ah! mon fils!
Tu viens, hélas! de donner pour ta mère
plus que la vie, en donnant ton bonheur,
ton bonheur!
Ah! mon fils! Ah! mon fils!
Que vers le ciel, que vers le ciel!
S'élève ma prière,
et sois béni dans le Seigneur! mon fils!
Sois béni, sois béni dans le Seigneur
sois béni! Ah! mon fils! Ah! mon fils! 
Sois béni dans le Seigneur,
sois béni dans le Seigneur! Jean!
Ah! sois béni!

(Elle embrasse Jean avec transport, Jean par un geste 
indique à sa mère qu'il est calme, et l'invite à se retirer 
dans sa chambre pour reposer, du inquiète, hésite, puis 
obéit, en retirant lentement).

JEAN
(cessant de se contraindre et éclatant)
O fureur! le ciel ne tonne pas
Sur ces têtes impies!

LES TROIS ANABAPTISTES
(dans les coulisses, de très loin)
Ad nos, ad salutarem undam…

JEAN
(a voix basse)
Ah! c'est Dieu qui m'entend!
Dieu qui me les envoie!

(d'une voix étouffée)

Venez! Venez! Entrez nous sommes seuls!
Dans mes rêves tantôt lisant le rang suprême,
ne m'avez vous pas dit: suis nous, tu régneras?

LES TROIS ANABAPTISTES
Et nous t'offrons encore une diadème,
Sois roi! Sois roi!

JEAN
Pourrais-je alors frapper mes ennemis?

LES TROIS ANABAPTISTES
A ta voix ils seront par nous anéantis!

JEAN
Et pourrais immoler Oberthal?

LES TROIS ANABAPTISTES
Ce soir même.

ZACHARIE
Ce soir même!

ZACHARIE, MATHISEN
Ce soir même!

LES TROIS ANABAPTISTES
Ce soir même!

JEAN
Que faut faire alors?
Parlez! parlez et je vous suis!

ZACHARIE
(à demi voix)
Gémissant sous le joug et la tyrannie,
nos frères d'Allemagne attendent le Messie
qui doit briser leurs fers, prêts à se soulever
au seul nom du Prophète
que Dieu leur a promis et que j'ai su trouver!

JEAN
Que dites-vous?

JONAS
Le ciel dont il est l'interprète,
le ciel nous a lui-même,
a des signes certains,
révélé cet Elu marqué par les destins!

ZACHARIE
Jean, Dieu t'appelle!

JONAS
Ah! viens, viens avec nous, mon frère.

JUAN
¡No!

LOS TRES ANABAPTISTAS
¡Sí!

JUAN
¡No!

LOS TRES ANABAPTISTAS
¡Sí!

JUAN
¡No, no, no! etc.
En lugar de la pompa real,
para su lecho nupcial
he escogido flores silvestres.
¡Esta tarde la espero!
Esta tarde tendré el más bello reino.
¡El más bello reino!
No necesito más que este techo de paja.
Humilde imperio, dulce morada
de paz y amor, 
donde Berta será siempre
mi único amor.
¡Siempre, siempre, siempre mi amor!

LOS TRES ANABAPTISTAS
¡Ah! ¡Ven y sigue nuestros pasos!
¡Ah! ¡Qué locura extrema! Etc.

JUAN
¡Lejos de mí os lleven vuestros pasos!
¡Lejos de mí! etc.

LOS TRES ANABAPTISTAS
¡Y muy pronto tú reinarás! etc.

(Los tres anabaptistas salen)

JUAN
Se van... ¡gracias a Dios!
Su funesta presencia
me producía desasosiego.
¡Cuando pienso en mañana!...
¡Mañana mi matrimonio! ¡Oh, feliz porvenir!
¡Qué ruido escucho!...
¿Es un galope de caballos?
¿El entrechocar de armas de los soldados?

(Berta entra corriendo, descalza y despeinada; 
corre y se arroja en los brazos de Juan).

JUAN
¡Ah! ¡Berta mi bien amada!
¿De dónde viene ese terror?

BERTA
(sin aliento)
Del furor de un tirano…¡Sálvame!
¿Dónde esconderme?... ¡Justo cielo!

(Juan le muestra un hueco bajo la escalera 
oculta por una cortina).

JUAN
¡Ahí!... ¡Ahí!...

(Berta va hacia la escalera mientras Juan 
observa con temor hacia afuera).

BERTA
(con una dolida expresión)
¡Ah! ¡De terror aún tiemblo!
De la muerte ven a arrancarme,
Dios todopoderoso, a Ti te imploro.
¡De sus ojos ocúltame!
¡De sus ojos ocúltame, Dios mío!

(Oberthal entra, Berta se oculta 
en el escondite a la derecha).

OBERTHAL
Lejos de mis tierras del castillo de Harlem,
conducía dos cautivas cuando, 
cerca de tu choza, 
intentaron huir a un bosque cercano.
Una de ellas se ha escondido aquí... 
¿La has visto?... ¡Responde!...
¡Responde o tu madre perecerá 
ante tus propios ojos! ¡Habla!

JUAN
(extendiendo sus manos suplicantes)
¿Mi madre?... ¡Ah! ¡Piedad!

OBERTHAL
(sonriendo)
¡Ah! ¡Veo que la amenaza te hace efecto!
¡Vamos, habla!

JUAN
(con la voz entrecortada por los sollozos)
¡Ah! ¡Tome mi vida!
¡Toda mi sangre, sí, aquí está!
¡Pero mi madre querida!...
¡Ah, misericordia, sálvela!
¡Ah! ¡Crueles! ¡Gracia, gracia, gracia!

(a Oberthal)

¡Tened piedad de mí!
¡Ah, suspended el arresto cruel!
¡Permitid que un hijo, bañado en lágrimas,
os implore como al cielo,
os implore, ay, como al cielo!

BERTA
¡Ah, de terror aún tiemblo!
De la muerte ven a arrancarme,
Dios todopoderoso, a Ti te imploro.
¡De sus ojos ocúltame!
¡De sus ojos ocúltame!

OBERTHAL
¡Ahí estás reducido a lagrimas!
Me imploras como al cielo.
Piensa lo que por tu culpa sucederá
y prevé la sentencia mortal.
¡Y prevé la sentencia mortal!
¿Y bien?

JUAN
(con furia)
¡Que entre nosotros dos
el cielo juzgue y decida!
¡Que el parricidio
caiga únicamente sobre ti!

(Oberthal abre la puerta y hace una señal a los 
soldados para que traigan a Fidès. Berta, pálida 
y temblando entreabre la cortina. Juan da un 
paso hacia ella, pero en ese momento Fidès 
aparece por la puerta del fondo. Ella cae de 
rodillas extendiendo los brazos hacia su hijo, 
Los soldados elevan el sable sobre ella. Juan 
lo percibe y dando un grito se lanza sobre Berta 
y la hace salir de su escondrijo)

JUAN
(lanzando a Berta a las manos de los soldados).
¡Ah! ¡Va, va!... ¿Te das cuenta?
¡Es el destino! ¡Anda!

(Los soldados y Oberthal se llevan a Berta. Juan 
cae en una silla fuera de sí, sin mirar a su madre 
y ocultando la vista con sus manos)

FIDÈS
(con voz quebrada por el llanto)
¡Ah, hijo mío, bendito seas!
¡Tu pobre madre te es más querida que Berta, 
que tu amor!
¡Ah, hijo mío!
Por tu madre has dado algo más que la vida, 
has dado tu felicidad.
¡Tu felicidad!
¡Ah, hijo mío!
¡Que al cielo se eleve mi plegaria
y seas bendecido por el Señor!
¡Hijo mío!
¡Que seas bendecido por el Señor! 
¡Dios te bendiga! ¡Ah, hijo mío!
¡Que seas bendecido por el Señor!
¡Dios te bendiga, Juan!
¡Ah, que Dios te bendiga!

(abraza a Juan con arrebato. Juan con un gesto 
invita a su madre a retirarse a su alcoba. Fidès 
inquieta, duda, después obedece y se retira 
lentamente).

JUAN
(con furia)
¡Oh, furor! ¡Y el cielo no se desploma
sobre estas cabezas impías!

LOS TRES ANABAPTISTAS
(lejos)
Ad nos, ad salutarem undam

JUAN
(en voz baja)
¡Ah, Dios me ha escuchado!
¡Dios me los ha enviado!

(con voz ahogada)

¡Venid! ¡Venid! ¡Estamos solos!
Acaso mis sueños no me han dicho:
¡Tú reinarás!

LOS TRES ANABAPTISTAS
Y nosotros te ofrecemos la corona...
¡Sé rey!... ¡Rey!

JUAN
¿Podré castigar a mis enemigos?

LOS TRES ANABAPTISTAS
¡A tu orden, serán destruidos por nosotros!

JUAN
¿Y podré inmolar a Oberthal?

LOS TRES ANABAPTISTAS
¡Esta misma tarde!

ZACARÍAS 
¡Esta misma tarde!

ZACARÍAS, MATHISEN
¡Esta misma tarde!

LOS TRES ANABAPTISTAS
¡Esta misma tarde!

JUAN
¿Qué tengo que hacer pues?
¡Hablad!... ¡Haré cuanto digáis!

ZACARÍAS
(a media voz)
Gimiendo bajo el yugo y la tiranía
nuestros hermanos alemanes esperan al Mesías,
a aquel que deberá romper sus cadenas.
Prestos a sublevarse al solo nombre del Profeta
¡Que Dios prometió y que yo he encontrado!

JUAN
¿Qué significa eso?

JONÁS
El cielo ha sido el intérprete.
El mismísimo cielo nos lo ha revelado
por medio de claras señales.
¡Al Elegido marcado por el destino!

ZACARÍAS
Juan, ¡Dios te llama!

JONÁS
¡Ah, ven, ven con nosotros!

LES TROIS ANABAPTISTES
Oui, c'est le ciel qui t'appelle,
qui t'appelle, qui t'éclaire
a tes yeux, à tes yeux
a brillé sainte lumière.
En tes mains il remet,
il remet sa bannière;
avec elles apparaissent dans nos rangs,
et des grands cette foule si fière,
a ta voix les réduire en poussière,
car il ciel t'a choisi sur la terre
pour frapper et punir les tyrans
car il ciel, etc.

JEAN
Oui, j'irai sous ta bannière,
a ta voix les réduire en poussière,
car ton bras m'a choisi sur la terre
Pour frapper et punir les tyrans!
Oui, j'irai. Etc.

MATHISEN
Ne sais-tu pas qu'en France, une chaste héroïne
qu'inspira comme toi de saintes visions,
Jeanne d'Arc a sauvé son pays?

JEAN
Oui, partons!

ZACHARIE
Mais envoyé du ciel, songe bien désormais
que tout lien terrestre est brisé pour jamais!
Que tu ne verras plus ton pays ni ta mère!

JEAN
Partir sans voir ma mère?

ZACHARIE
Il le faut; Dieu le veut.

JEAN
(s'approche de la chambre de Fidès)
Silence, elle dort...
Et pendant son sommeil murmure une prière!
C'est pour moi qu'elle prie…

(écoutent et répétant a mesure les paroles de sa mère)

Dieu veillez… sur mon enfant

(avec désespoir)

Et son enfant la fuit et la délaisse!

(avec feu)

Non, non, non, non, partez sans moi! 
Je reste, je reste à sa vieillesse!
Ma mère est mon seul bien
que me reste à présent!

ZACHARIE
(s'approche mystérieusement de Jean, 
de une voix étouffe)
Et la vengeance…

MATHISEN
(s'approchant de l'autre côté de Jean)
Et l'espérance…

JONAS
…de voir tomber nos oppresseurs?

LES TROIS ANABAPTISTES
Et la couronne
que le ciel donne 
a ses élus, à ses vengeurs!
O sainte extase
qui nos embrase
viens te guider dans les combats!
Viens! Dieu t'appelle
soldat fidèle, soldat fidèle,
cours à sa voix, suis nos pas,
cours, etc.
O sainte extase
qui nos embrase
d'un vain amour
brise les noeuds!
Dieu t'appelle, etc. Viens!

JEAN
Un seul instant!

LES TROIS ANABAPTISTES
Non!

JEAN
Un seul instant! Ah!

LES TROIS ANABAPTISTES
Non!

JEAN
Un seul instant! Ah!

LES TROIS ANABAPTISTES
Viens!

JEAN
Adieu, ma mère
et ma chaumière,
je ne dois plus vous voir, hélas!
Je ne dois plus vous voir!
O mon village…

ZACHARIE
(aux autres anabaptistes)
Voyez, voyez!

JEAN
O douce image,
oui, dans mon coeur tu resteras…

ZACHARIE
Il hésite…

ZACHARIE, MATHISEN
Ciel! Ciel!

JEAN
Oui, tu resteras!

ZACHARIE, MATHISEN
Ecoute Dieu!

JEAN
Ma pauvre mère!

ZACHARIE, MATHISEN
Oui, c'est sa voix!

JEAN
Ma pauvre mère!

ZACHARIE, MATHISEN
Viens, suis nos pas!

JEAN
Adieu, adieu!
Adieu, adieu, ah! ah!
Un seul instant, de grâce,
prêt à partir que je la embrasse,
un seul instant, etc.

LES TROIS ANABAPTISTES
O sainte extase, etc.
Viens, l'heure, etc.
La vengeance et l'espérance
de voir tomber nos oppresseurs!
O sainte extase, etc.
Viens, l'heure, etc.

(ils entraînent doucement Jean vers la porte. La scène 
reste vide, Jean, pâle, hors d'haleine rentre en courant 
jusqu'à la porte de la chambre de sa mère, puis il 
s'arrête tout d'un coup)

JEAN
(d'une voix étouffée)
Non, non, non, non!
Si je la embrassais 
je ne partirais pas!
Allons! Partons!

LES TROIS ANABAPTISTES
Partons!

(Tous les quatre sortent)
LOS TRES ANABAPTISTAS
Sí, es el cielo quien te llama.
Te llama y te ilumina.
En tus ojos
ha brillado la santa luz. 
En tus manos él deposita
su bandera.
Con ella marcharán nuestros fieles y a tu voz, 
la multitud enfurecida,
a los poderosos los reducirá a polvo.
¡Porque el cielo te ha elegido en la tierra
para golpear y castigar a los tiranos!
¡Porque el cielo... etc.

JUAN
Sí, yo combatiré bajo tu bandera
y a tu voz los reduciré a polvo,
porque tu brazo me ha elegido en la tierra
¡para golpear y castigar a los tiranos!
¡Sí, yo combatiré!... etc.

MATHISEN
¿No sabes que en Francia, una casta heroína,
Juana de Arco, inspirada como tú 
por santas visiones, salvó a su país?

JUAN
¡Sí, partamos!

ZACARÍAS
Pero piensa bien que, desde ahora,
todo lazo terrenal queda roto por siempre.
¡Que no verás más a tu país y a tu madre!

JUAN
¿Marcharme sin ver mi madre?

ZACARÍAS
Es necesario, Dios lo quiere.

JUAN
(se aproxima al lugar donde está Fidès)
Silencio, está dormida…
Y aún en sueños murmura una plegaria...
Es por mí por quien ella reza…

(repitiendo las palabras de su  madre) 

"Dios vela…sobre mi niño"

(Con desesperación)

¡Y su hijo la evita y la abandona!

(con ardor)

¡No, no, partid sin mí!
¡Me quedaré a cuidar de su vejez!
¡Mi madre es el único bien
que me queda ahora!

ZACARÍAS
(se aproxima misteriosamente a Juan y 
le habla con voz ahogada)
¿Y la venganza…

MATHISEN
(se aproxima desde el otro lado a Juan)
¿Y la esperanza…

JONÁS
…de ver caer a nuestros opresores?

LOS TRES ANABAPTISTAS
¿Y la corona
que el cielo otorga
a sus elegidos, a sus vengadores?
¡Oh, santo éxtasis
que nos iluminas,
ven a guiarlo en los combates!
¡Vamos! ¡Dios te llama!
¡Soldado valeroso corre a su llamada 
siguiendo nuestros pasos!
¡Corre!... etc.
¡Oh, santo éxtasis
que nos iluminas,
rompe los nudos
de un vano amor!
¡Dios te llama!...etc. ¡Ven!

JUAN
¡Unos minutos tan solo!

LOS TRES ANABAPTISTAS
¡No!

JUAN
¡Un solo instante! ¡Ah!

LOS TRES ANABAPTISTAS
¡No!

JUAN
¡Un momento! ¡Ah!

LOS TRES ANABAPTISTAS
¡Ven!

JUAN
¡Adiós a mi madre
y a mi choza!
¡Desgraciadamente no volveré a verlas!
¡No las volveré a ver!
¡Oh, mi aldea!…

ZACARÍAS
(a los otros anabaptistas)
¡Mirad, mirad!

JUAN
¡Oh, dulce imagen!
¡Sí, en mi corazón permanecerá siempre!

ZACARÍAS
Él titubea…

ZACARÍAS, MATHISEN
¡Cielos! ¡Cielos!

JUAN
¡Sí, permanecerá por siempre!

ZACARÍAS, MATHISEN
¡Escúchanos Dios!

JUAN
¡Mi pobre madre!

ZACARÍAS, MATHISEN
¡Sí, es su voz!

JUAN
¡Mi pobre madre!

ZACARÍAS, MATHISEN
¡Ven, sigue nuestros pasos!

JUAN
¡Adiós, adiós!
¡Adiós!... ¡Ah! 
¡Un solo instante de misericordia!
¡Antes de marchar quiero besarla!
¡Un solo instante!... etc.

LOS TRES ANABAPTISTAS
¡Oh, santo éxtasis!... etc.
¡Ven, ahora!... etc.
¡La venganza y la esperanza
de ver caer a nuestros opresores!... etc.
¡Oh, santo éxtasis!... etc.
¡Ven, ahora!... etc.

(conducen a Juan hacia a la puerta. La escena 
queda vacía, Juan, pálido y sin aliento vuelve a 
entrar y se dirige hacia la puerta de la alcoba, 
pero se detiene de golpe)

JUAN
(con voz ahogada)
¡No, no!...
¡Si la besase, no partiría!
¡Vamos! 
¡En marcha!

LOS TRES ANABAPTISTAS
¡Adelante!  

(los cuatro salen)

Acto III