ROMEO Y JULIETA

 

Personajes

ROMEO

JULIETA

CAPULETO

FRAY LORENZO

ESTEBAN

TEBALDO

GERTRUDIS

MERCUCHO

GREGORIO

BENVOLIO

DUQUE DE VERONA

PARIS

Jefe de la familia de los Montesco

Hija de Capuleto

Jefe de la familia de los Capuleto.

Confiedente de Romeo

Paje de Romeo

Primo de Julieta

Nodriza de Julieta

Amigo de Romeo

Criado de los Capuleto

Amigo de Romeo

Máxima autoridad de la ciudad

Conde, prometido de Julieta

Tenor

Soprano

Bajo

Bajo

Soprano

Tenor

Mezzosoprano

Barítono

Barítono

Tenor

Bajo

Barítono

 

La acción se desarrolla en Verona, Italia, en el siglo XIV.

 

OUVERTURE - PROLOGUE


CHOEUR
Vérone vit jadis deux familles rivales,
Les Montaigus, les Capulets,
De leurs guerres sans fin, à toutes deux fatales,
Ensanglanter le seuil de ses palais.
Comme un rayon vermeil brille en un ciel d'orage,
Juliette parut, et Roméo l'aima!
Et tous deux, oubliant le nom qui les outrage,
Un même amour les enflamma!
Sort funeste! Aveugles colères!
Ces malheureux amants payèrent de leurs jours
La fin des haines séculaires
Qui virent naître leurs amours!


PREMIER ACTE


(Le bal des Capulets
Un galerie splendide illuminée, 
chez les Capulets. Seigneurs et 
dames en dominos et masqués)

CHOEUR
L'heure s'envole
Joyeuse et folle,
Au passage il faut la saisir,
Cueillons les roses
Pour nous écloses
Dans la joie et dans le plaisir.

(Les hommes)

Choeur fantasque
Des amours
Sous le masque
De velours,
Ton empire
Nous attire
D'un sourire,
D'un regard!
Et complice
Le coeur glisse
Au caprice
Du hasard!

(Les femmes)

Nuit d'ivresse!
Folle nuit!
L'on nous presse,
L'on nous suit!
Le moins tendre
Va se rendre
Et se prendre
Dans nos rêts!
De la belle
Qui l'appelle,
Tout révèle
Les attraits!

(Tous)

L'heure s'envole, etc.

(Tybalt et Pâris entrent en scène, 
leur masque à la main.)

TYBALT
Eh! Bien? cher Pâris! que vous semble
De la fête des Capulets?

PÂRIS
Richesse et beauté tout ensemble
Sont les hôtes de ce palais!

TYBALT
Vous n'en voyez pas la merveille,
Le trésor unique et sans prix,
Qu'on destine à l'heureux Pâris.

PÂRIS
Si, mon coeur encore sommeille,
Le moment est proche où l'amour
Viendra l'éveiller à son tour.

TYBALT 
(souriant)
Il s'éveillera, il s'éveillera, je l'espère!
Regardez! regardez! la voici conduite par son père.

(Capulet entre en scène conduisant
 Juliette par la main. À sa vue
 tout le monde se démasque.)

CAPULET
Soyez la bienvenue, amis, dans ma maison!
À cette fête de la famille,
La joie est de saison!
Pareil jour vit naître ma fille!
Mon coeur bat de plaisir encore en y songeant!
Mais excusez ma tendresse indiscrète

(présentant Juliette)

Voici ma Juliette!
Accueillez-la d'un regard indulgent.

LES HOMMES
(avec admiration)
Ah! qu'elle est belle! Ah! qu'elle est belle!
On dirait une fleur nouvelle
Qui s'épanouit au matin.

LES FEMMES
Ah! quelle est belle! Ah! quelle est belle!
Elle semble porter en elle
Toutes les faveurs du destin.

TOUS
Ah! qu'elle est belle! Ah! quelle est belle!

(On entend le prélude d'un air de danse.)

JULIETTE
Écoutez! écoutez!
C'est le son des instruments joyeux
Qui nous appelle et nous convie!
Ah! Tout un monde enchanté semble naître
à mes yeux!
Tout me fête et m'enivre!
Et mon âme ravie
S'élance dans la vie
Comme l'oiseau s'envole aux cieux!

CAPULET
Allons! jeunes gens!
Allons! belles dames!
Aux plus diligents
Ces yeux pleins de flammes!
Nargue! nargue des censeurs,
Qui grondent sans cesse!
Fêtez la jeunesse,
Et place aux danseurs!
Qui reste à sa place
Et ne danse pas,
De quelque disgrâce
Fait l'aveu tout bas!
Ô, regret extrême!
Quand j'étais moins vieux,
Je guidais moi même
Vos ébats joyeux!
Les douces paroles
Ne me coûtaient rien!
Que d'aveux frivoles
Dont je me souviens!
Ô folles années
Qu'emporte le temps!
Ô fleurs du printemps
À jadis fanées!
Allons! jeunes gens, etc.
Nargue! nargue des censeurs, etc.

CHOEUR
Nargue! nargue des censeurs,
Qui grondent sans cesse!
Fêtons la jeunesse,
Et place aux danseurs!

(Tout le monde s'éloigne 
et circule dans les galeries voisines. 
Juliette sort au bras de Pâris, 
Capulet et Tybalt les suivant en causant. 
Roméo et Mercutio paraissent avec leurs amis.)

MERCUTIO
Enfin la place est libre, amis!
Pour un instant qu'il soit permis d'ôter son masque.

ROMÉO
Non, non, vous l'avez promis!
Soyons prudents! Ici nul ne doit nous connaître!
Quittons cette maison sans en braver le maître.

MERCUTIO
Bah! si les Capulets sont gens à se fâcher,
C'est lâcheté de nous cacher,

(frappant son épée)

Car nous avons tous là de quoi leur tenir tête!

MERCUTIO ET CHOEUR
Car nous avons tous là de quoi leur tenir tête!

ROMÉO
Mieux eût valu, ne pas nous mêler à la fête!

MERCUTIO
Pourquoi?

ROMÉO 
(mystérieusement)
J'ai fait un rêve!

MERCUTIO 
(avec un frayeur comique)
Ô présage alarmant!
La reine Mab t'a visité!

ROMÉO 
(étonné)
Comment?

MERCUTIO
Mab, la reine des mensonges,
Préside aux songes.
Plus légère que le vent
Décevant,
À travers l'espace,
À travers la nuit,
Elle passe,
Elle fuit!
Son char, que l'atôme rapide
Entraîne dans l'éther limpide,
Fut fait d'une noisette vide
Par ver de terre, le charron!
Les harnais, subtile dentelle,
Ont été découpés dans l'aile
De quelque verte sauterelle
Par son cocher, le moucheron!
Un os de grillon sert de manche
À son fouet, dont la mèche blanche
Est prise au rayon qui s'épanche
De Phbé rassemblant sa cour.
Chaque nuit, dans cet équipage,
Mab visite, sur son passage,
L'époux qui rêve de veuvage
Et l'amant qui rêve d'amour!
À son approche, la coquette
Rêve d'atours et de toilette,
Le courtisan fait la courbette,
Le poète rime ses vers!
À l'avare en son gîte sombre,
Elle ouvre des trésors sans nombre,
Et la liberté rit dans l'ombre
Au prisonnier chargé de fers.
Le soldat rêve d'embuscades,
De batailles et d'estocades,
Elle lui verse les rasades
Dont ses lauriers sont arrosés.
Et toi qu'un soupir effarouche,
Quand tu reposes sur ta couche,
Ô vierge! elle effleure ta bouche
Et te fait rêver de baisers!
Mab, la reine des mensonges, etc.

ROMÉO
Eh bien!... que l'avertissement
Me vienne de Mab ou d'un autre,
Sous ce toit qui n'est point le nôtre
Je me sens attristé d'un noir pressentiment!

MERCUTIO 
(en badinant)
Ta tristesse, je le devine,
Est de ne point trouver ici ta Rosaline;
Cent autres dans le bal te feront oublier
Ton fol amour d'écolier!
Viens!

ROMÉO 
(regarde au dehors)
Ah! voyez!

MERCUTIO
Qu'est-ce donc?

ROMÉO
Cette beauté céleste
Qui semble un rayon dans la nuit!

MERCUTIO
Le porte-respect qui la suit
Est d'une beauté plus modeste!

ROMÉO 
(avec passion)
Ô trésor digne des cieux!
Quelle clarté soudaine a dessillé mes yeux!
Je ne connaissais pas la beauté véritable!
Ai-je aimé jusqu'ici? ai-je aimé?

MERCUTIO 
(en riant, à Benvolio et aux autres jeunes gens)
Bon! voilà Rosaline au diable!
Et nous avons prévu ceci!

AMIS DE ROMÉO
Nous avons prévu ceci!

MERCUTIO
On la congédie
Sans plus de souci,
Et la comédie
Se termine ainsi!

 (Mercutio entraîne Roméo, en moment 
où paraît Juliette suivie de Gertrude.)

JULIETTE
Voyons, nourrice, on m'attend, parle vite!

GERTRUDE
Respirez un moment! 

(avec malice)

Est-ce moi qu'on évite,
Ou le comte Pâris que l'on cherche?

JULIETTE 
(négligemment)
Pâris?

GERTRUDE
Vous aurez là, dit-on, la perle des maris.

JULIETTE 
(riant)
Ah! ah!
Je songe bien vraiment au mariage!

GERTRUDE
Par ma vertu! j'étais mariée à votre âge!

JULIETTE
Non! non! je ne veux pas t'écouter plus longtemps!
Laisse mon âme à son printemps!
Ah!
Je veux vivre
Dans ce rêve qui m'enivre;
Ce jour encore,
Douce flamme,
Je te garde dans mon âme
Comme un trésor!
Cette ivresse
De jeunesse
Ne dure, hélas! qu'un jour!
Puis vient l'heure
Où l'on pleure,
Le coeur cède à l'amour,
Et le bonheur fuit sans retour.
Je veux vivre, etc
Loin de l'hiver morose
Laisse-moi sommeiller
Et respirer la rose
Avant de l'effeuiller.
Ah!
Douce flamme,
Reste dans mon âme
Comme un doux trésor
Longtemps encore!

(Grégoire paraît au fond et se 
remontre avec Roméo.)

ROMÉO 
(à Grégoire, en lui montrant Juliette)
Le nom de cette belle enfant?

GRÉGOIRE
Vous l'ignorez?
C'est Gertrude.

GERTRUDE 
(se retournant)
Plaît-il?

GRÉGOIRE 
(à Gertrude)
Très gracieuse dame!
Pour les soins du souper
Je crois qu'on vous réclame.

GERTRUDE 
(avec impatience)
C'est bien! Me voici!

JULIETTE
Va!

(Gertrude sort avec Grégoire. Roméo arrête 
Juliette au moment où elle va sortir.)

ROMÉO
De grâce, demeurez!

Ange adorable,
Ma main coupable
Profane, en l'osant toucher,
La main divine
Dont j'imagine
Que nul n'a droit d'approcher!
Voilà, je pense,
La pénitence
Qu'il convient de m'imposer,
C'est que j'efface
L'indigne trace
De ma main par un baiser!

JULIETTE
Calmez vos craintes!
À ces étreintes
Du pèlerin prosterné
Les saintes même,
Pourvu qu'il aime,
Ont d'avance pardonné.

(Elle retire sa main.)

Mais à sa bouche
La main qu'il touche
Prudemment doit refuser
Cette caresse
Enchanteresse
Qu'il implore en un baiser!

ROMÉO
Les saintes ont pourtant une bouche vermeille...

JULIETTE
Pour prier seulement!

ROMÉO
N'entendent-elles pas la voix, qui leur conseille
Un arrêt plus clément?

JULIETTE
Aux prières d'amour leur coeur reste insensible,
Même en les exauçant!

ROMÉO
Exaucez donc mes vues et gardez impassible
Votre front rougissant!

(Il baise la main de Juliette.)

JULIETTE 
(souriant)
Ah! je n'ai pu m'en défendre!
J'ai pris le péché pour moi!

ROMÉO
Pour apaiser votre émoi!
Vous plaît-il de me le rendre?

JULIETTE
Non! je l'ai pris! laissez-moi!

ROMÉO
Vous l'avez pris, rendez-le-moi!
Quelqu'un!

(Il remet son masque.)

JULIETTE
C'est mon cousin Tybalt!

ROMÉO
Eh! quoi! vous êtes!

JULIETTE
La fille du seigneur Capulet!

ROMÉO 
(à part)
Dieu!

TYBALT 
(s'avançant)
Pardon! 
Cousine! ...nos amis déserteront nos fêtes
Si vous fuyez ainsi leurs regards!
Venez donc! venez donc!

(doucement)

Quel est ce beau galant qui s'est masqué si vite
En me voyant venir?

JULIETTE
Je ne sais!

TYBALT 
(avec défiance)
On dirait qu'il m'évite!

ROMÉO
Dieu vous garde, seigneur!

 (Il sort.)

TYBALT
Ah! je le reconnais à sa voix! ... à ma haine!
C'est lui! c'est Roméo!

JULIETTE 
(avec effroi)
Roméo! 

TYBALT
Sur l'honneur!
Je punirai le traître et sa mort est certaine!

(Il sort)

JULIETTE 
(avec horreur)
C'était Roméo!

(absorbé et le regard fixe)

Ah! je l'ai vu trop tôt sans le connaître!
La haine est le berceau de cet amour fatal!
C'en est fait! si je ne puis être à lui,
Que le cercueil soit mon lit nuptial!

(Elle s'éloigne lentement: les invités reparaissent.
Tybalt entre d'un côté avec Pâris. Roméo,
Mercutio, Benvolio et leurs amis masqués 
entrent de l'autre.)

TYBALT 
(apercevant Roméo)
Le voici! le voici!

PÂRIS 
(abordant Tybalt)
Qu'est-ce donc?

TYBALT 
(lui montrant Roméo)
Roméo!

PÂRIS
Roméo!

(Tybalt va pour s'élancer vers le groupe; 
Capulet, d'un geste impérieux, 
lui impose silence.)

ROMÉO 
(à part)
Mon nom même
Est un crime à ses yeux!
Ô douleur! ô douleur!
Capulet est son père et je l'aime!

MERCUTIO 
(à Roméo)
Voyez! voyez de quel air furieux
Tybalt nous regarde!
Un orage est dans l'air . . .

TYBALT
Je tremble de rage!

CAPULET 
(à ses invités)
Quoi! partez-vous déjà? demeurez un instant!
Un souper joyeux vous attend!

TYBALT
Patience! patience!
De cette mortelle offense
Roméo, j'en fais serment,
Subira le châtiment!

MERCUTIO
On nous observe, silence!
Il faut user de prudence!
N'attendons pas follement
Un funeste événement.

CAPULET 
(à ses invités)
Que la fête recommence!
Que l'on boive et que l'on danse!
Autrefois, j'en fais serment,
Nous dansions plus vaillament!
Nous dansions, etc.

CHOEUR
Que la fête recommence!
Que l'on boive et que l'on danse!
Le plaisir n'a qu'un moment!
Terminons la nuit gaiement!
E plaisir etc.

TYBALT
Il nous échappe! qui veut le suivre?
Je le frappe de mon gant au visage!

CAPULET
Et moi, je ne veux pas d'esclandre! tu m'entends?
Laisse en paix ce jeune homme!
Il me plaît d'ignorer de quel nom il se nomme!
Je te défends de faire un pas!
Allons! jeunes gens!
Allons! belles dames!
Aux plus diligents
Ces yeux pleins de flammes!
Nargue! nargue des censeurs,
Qui grondent sans cesse!
Fêtons la jeunesse,
Et place aux danseurs!

CHOEUR
Nargue! nargue des buveurs,
Qui craignent l'ivresse!
Fêtons la jeunesse,
Et place aux danseurs!

(Mercutio entraîne Roméo; 
ils sont suivis de Benvolio et de leurs amis.)

OBERTURA - PRÓLOGO


CORO
En Verona vivían hace tiempo dos familias rivales,
los Montesco y los Capuleto,
sus guerras sin fin, fatales para ambas familias,
ensangrentaban el suelo de sus palacios.
¡Julieta semeja un rayo bermejo que brilla en una
tormenta, y Romeo la ama!
¡Y a los dos, olvidando el nombre que los ultraja,
un mismo amor los inflama!
¡Maldita suerte! ¡Cóleras ciegas!
¡Estos desgraciados amantes pagarán con sus vidas
el fin de los odios seculares
que vieron nacer su amor!


ACTO PRIMERO


(El baile de los Capuleto.
Una galería espléndidamente iluminada,
en el palacio de los Capuleto. Señores y
damas con disfraces y máscaras)

CORO
Las horas avanzan
alegres y locas,
es necesario tomarlas al pasar,
recoger las rosas
que para nosotros se han abierto 
en la alegría y en el placer.

(Los hombres)

¡Coro fantástico
de amor,
bajo máscaras
de terciopelo,
tu imperio
nos atrae
con una sonrisa,
con una mirada!
¡Y cómplice,
el corazón se mueve
al capricho
del azar!

(Las mujeres)

¡Noche de embriaguez!
¡Noche de locuras!
¡Se nos acosa,
se nos sigue!
El más débil
se rendirá
y caerá
en nuestras redes.
De la bella mujer
que lo reclama,
todo se muestra
encantador.

(Todos)

Las horas avanzan, etc.

(Tebaldo y Paris entran en escena
con su máscara en la mano)

TEBALDO
¡Bien! ¡Querido Paris! ¿Qué os parece
la fiesta de los Capuleto?

PARIS
¡Riqueza y belleza unidas
son los huéspedes de este palacio!

TEBALDO
Vos no veis la maravilla,
el tesoro único y sin precio,
que se destina al afortunado Paris.

PARIS
Sí, mi corazón todavía dormita,
ya está próximo el momento donde el amor
vendrá a despertarlo.

TEBALDO
(sonriendo)
¡Él se despertará, se despertará, seguro!
¡Mirad! ¡Mirad! ¡Ahí está conducida por su padre!

(Capuleto entra en escena llevando
a Julieta de la mano. Ante ella
todo el mundo se quita la máscara)

CAPULETO
¡Amigos, sed bienvenidos a mi casa!
¡En esta fiesta familiar,
todo es alegría!
¡Un día como éste vi nacer a mi hija!
¡Mi corazón todavía se alegra cuando lo piensa!
Pero excusad mi indiscreta ternura

(Presentando a Julieta)

¡He aquí a mi Julieta!
Acogedla con mirada indulgente.

LOS HOMBRES
(con admiración)
¡Ah! ¡Qué bella es! ¡Ah! ¡Qué bella es!
Parece una flor nueva
que se abre a la mañana.

LAS MUJERES
¡Ah! ¡Qué bella es! ¡Ah! ¡Qué bella es!
Parece que en ella se han reunido
todos los favores del destino.

TODOS
¡Ah! ¡Qué bella es! ¡Ah! ¡Qué bella es!

(Se escucha el preludio de una danza)

JULIETA
¡Escuchad! ¡Escuchad!
¡Es el sonido de los alegres instrumentos
que nos llama y nos invita!
¡Ah! ¡Todo un mundo encantado parece nacer
ante mis ojos!
¡Todo me agasaja y me embriaga!
¡Y mi alma embelesada
se arroja a la vida
al igual que el pájaro alza el vuelo en el cielo!

CAPULETO
¡Vamos, jóvenes!
¡Vamos, bellas damas!
¡Para los más diligentes
estos ojos llenos de pasión!
¡Desdén, desdén a los censores,
que gruñen sin cesar!
¡Dad la bienvenida a la juventud,
y dejad sitio a los bailarines!
¡Quien se quede en su lugar
y no baile,
que admita secretamente
esa vergüenza!
¡Oh, qué desgracia!
¡Cuando yo era más joven,
yo mismo dirigía
vuestras alegres diversiones!
¡Nada me costaban
las dulces palabras! 
¡Me acuerdo de
las frívolas declaraciones!
¡Oh, años locos
que el tiempo se lleva!
¡Oh, flores de primavera
para siempre marchitas!
¡Vanos, jóvenes!, etc.
¡Desdén, desdén a los censores, etc.!

CORO
¡Desdén, desdén a los censores,
que gruñen sin cesar!
¡Dad la bienvenida a la juventud,
y dejad sitio a los bailarines!

(Todo el mundo se aleja
y circula por las galerías vecinas.
Julieta sale del brazo de Paris;
Capuleto y Tebaldo los siguen charlando.
Romeo y Mercucho aparecen con sus amigos)

MERCUCHO
¡Por fin el campo está libre, amigos!
¡Por un momento podemos quitarnos la máscara!

ROMEO
¡No, no, lo habéis prometido!
¡Seamos prudentes, aquí nadie debe reconocernos!
¡Dejemos esta casa sin desafiar al dueño!

MERCUCHO
¡Bah! Si los Capuleto son gente con quien reñir
es una cobardía escondernos,

(asiendo su espada)

¡Mantengamos la frente alta!

MERCUCHO Y CORO
¡Mantengamos la frente alta!

ROMEO
¡Mejor habría sido, no haber venido a la fiesta!

MERCUCHO
¿Por qué?

ROMEO
(misteriosamente)
¡He tenido un sueño!

MERCUCHO
(con un espanto cómico)
¡Oh, presagio alarmante!
¡La reina Mab te ha visitado!

ROMEO
(asombrado)
¿Cómo?

MERCUCHO
Mab, la reina de las ilusiones,
preside los sueños.
Más ligera que el viento.
Engañosa,
a través del espacio,
a través de la noche,
ella pasa,
¡ella huye!
Su carro, que se desliza rápido
a través del límpido éter,
se hizo de una cáscara de nuez vacía.
¡Un gusano fue el carretero!
Los arneses, sutil encaje,
han sido cortados del ala
de algún saltamontes verde
por su cochero, ¡un mosquito!
Un hueso de grillo sirve de mango
para su látigo, pues la tralla blanca
la toma de un rayo de luna 
que Phoebe reúne en su patio. 
Cada noche, con este equipaje,
Mab visita, en su travesía,
al esposo que sueña su viudedad
y al amante que sueña su amor.
¡En su proximidad, la coqueta
sueña con sus adornos y sus vestidos,
la cortesana hace las reverencias,
el poeta rima sus versos!
Al avaro en su morada sombría,
abre tesoros innumerables,
y la libertad ríe en la sombra
al prisionero encadenado.
El soldado sueña con emboscadas,
batallas y estocadas,
ella le derrama las copas llenas
para que sus laureles se rieguen.
Y tú que ahuyentas un suspiro,
cuando reposas sobre tu lecho, 
¡Oh, virgen! Ella roza tu boca
¡y te hace soñar con besos!
Mab, la reina de las ilusiones, etc.

ROMEO
¡Bien!... Que la advertencia
me venga de Mab o de otro,
bajo este techo que no es el nuestro
me siento turbado por un negro presentimiento.

MERCUCHO
(bromeando)
Tu tristeza, yo la adivino,
es por no encontrar aquí a tu Rosalina.
¡Otras cien en el baile te harán olvidar
tu loco amor de colegial!
¡Vamos!

ROMEO
(mira fuera)
¡Ah! ¡Mirad!

MERCUCHO
¿A qué te refieres?

ROMEO
¡A aquella celestial belleza
que parece un rayo de sol en la noche!

MERCUCHO
¡La dama que la sigue
tiene una belleza más modesta!

ROMEO
(con pasión)
¡Oh, tesoro digno de los cielos!
¡Qué súbita luz ha abierto mis ojos!
¡Yo no conocía la verdadera belleza!
¿He amado hasta ahora? ¿He amado?

MERCUCHO
(riendo, a Benvolio y los otros jóvenes)
¡Bien! ¡Rosalina al diablo!
¿Y nosotros habíamos previsto esto?

AMIGOS  DE ROMEO
¿Nosotros habímos previsto esto?

MERCUCHO
¡Se la despacha
sin ninguna preocupación
y la comedia
se termina así!

(Mercucho arrastra a Romeo, en el momento 
en que aparece Julieta  seguida de Gertrudis)

JULIETA
¡Vamos, nodriza, me esperan, habla rápido!

GERTRUDIS
¡Respirad un momento!

(Con malicia)

¿Me estáis evitando
o es al Conde Paris a quién buscais?

JULIETA
(con negligencia)
¿Paris?

GERTRUDIS
Vos le llamasteis la perla de los maridos.

JULIETA
(riendo)
¡Ah! ¡Ah!
¿Crees que pienso en el matrimonio?

GERTRUDIS
¡Por mi virtud! ¡A vuestra edad yo ya estaba casada!

JULIETA
¡No! ¡No! ¡No quiero escucharte más tiempo!
¡Deja que mi corazón disfrute!
¡Ah!
Yo quiero vivir 
en este sueño que me embriaga.
Este día siempre 
lo guardaré, dulce llama, 
en mi corazón
como un tesoro.
¡Esta embriaguez
de juventud
no durará para siempre! ¡Sólo un día!
Después viene la hora
de llorar,
el corazón se rinde al amor,
y la felicidad huye para no volver.
Yo quiero vivir, etc.
Déjame dormir
lejos del invierno desagradable
y oler la rosa
antes que se marchite.
¡Ah!
¡Dulce llama,
quédate en mi corazón
como un dulce tesoro
durante mucho tiempo!

(Gregorio aparece en el fondo
y se encuentra con Romeo)

ROMEO
(a Gregorio, señalándole a Julieta)
¿Cuál es el nombre de esta bella niña?

GREGORIO
¿No lo sabéis?
Es Gertrudis.

GERTRUDIS
(volviéndose)
¿Qué deseáis?

GREGORIO
(a Gertrudis)
¡Amable dama!
Creo que se os reclama
para los preparativos de la cena.

GERTRUDIS
(con impaciencia)
¡Está bien! ¡Aquí estoy!

JULIETA
¡Voy!

(Gertrudis sale con Gregorio. Romeo detiene
a Julieta en el momento en que ella va a salir)

ROMEO
¡Por favor, quedaos!

Angel adorable,
mi mano culpable
profana, osando tocar,
la mano divina.
¡De quien yo imagino
que nadie tiene derecho a acercarse!
¡Y pienso,
que la penitencia
que he de imponerme,
para que yo borre
el indigno recorrido
de mi mano, por un beso!

JULIETA
¡Calmad vuestros temores!
A estas contriciones
del peregrino postrado
los propios santos,
siempre que él ame,
lo perdonan con antelación.

(Ella retira su mano)

¡Pero la mano 
que toca sus labios,
con prudencia debe rechazar,
esta caricia
encantadora
que conlleva un beso!

ROMEO
Pero los santos tienen también labios rojos...

JULIETA
¡Para rezar, únicamente!

ROMEO
¿No escuchan la voz que les aconseja
una sentencia más clemente?

JULIETA
¡A los ruegos del amor su corazón queda insensible,
a pesar de que los escucha!

ROMEO
¡Escuchad mis promesas y no escondáis
vuestra cara ruborizada!

(besa la mano de Julieta)

JULIETA
(sonriente)
¡Ah! ¡No he podido defenderme!
¡He pecado!

ROMEO
¡Apaciguar vuestro desasosiego!
¿Le agradaría devolvérmelo?

JULIETA
¡No! ¡He pecado! ¡Dejadme!

ROMEO
¡La habéis tomado, devolvérmela!
¡Alguien viene!

(Él se pone la máscara)

JULIETA
¡Es mi primo, Tebaldo!

ROMEO
¡Ah! ¡Cómo! ¿Quién sois?

JULIETA
¡La hija del Señor Capuleto!

ROMEO
(aparte)
¡Dios mío!

TEBALDO
(acercándose)
¡Perdón! 
¡Prima!... ¡Nuestros amigos dejarán la fiesta
si huís así de ellos!
¡Venid! ¡Venid!

(Con dulzura)

¿Quién es este bello galán que se ha cubierto tan
rápido al verme venir?

JULIETA
¡No lo sé!

TEBALDO
(con desconfianza)
¡Se diría que me evita!

ROMEO
¡Dios os guarde, señor!

(Sale)

TEBALDO
¡Ah! ¡Reconozco esa voz!... ¡Cómo la odio!
¡Es él! ¡Es Romeo!

JULIETA
(con terror)
¡Romeo!

TEBALDO
¡Por mi honor!
¡Castigaré al traidor con la muerte!

(Él sale)

JULIETA
(horrorizada)
¡Era Romeo!

(Absorta y con la mirada fija)

¡Ah! ¡Me fijé en él sin conocerlo!
¡El odio es la cuna de este amor maldito!
¡Todo está decidido! ¡Si no puedo estar con él
que la tumba sea mi lecho nupcial!

(Ella se aleja lentamente: los invitados reaparecen.
Tebaldo entra por un lado con Paris. Romeo,
Mercucho, Benvolio y sus amigos enmascarados
entran por el otro)

TEBALDO
(descubriendo a Romeo)
¡Está allí! ¡Está allí!

PARIS
(aproximándose a Tebaldo)
¿Qué dices?

TEOBALDO
(señalándole a Romeo)
¡Romeo!

PARIS
¡Romeo!

(Tebaldo va a lanzarse hacia el otro grupo;
Capuleto, con un gesto imperativo, 
le impone silencio)

ROMEO
(aparte)
¡Incluso mi nombre
es un crimen a sus ojos!
¡Qué desgracia! ¡Qué desgracia!
¡Su padre es Capuleto y yo la amo!

MERCUCHO
(a Romeo)
¡Ved! ¡Ved con qué furia
nos mira Tebaldo!
Una tormenta se avecina...

TEBALDO
¡Tiemblo de rabia!

CAPULETO
(a sus invitados)
¡Qué! ¿Ya os vais? ¡Esperad un instante!
¡Os espera una alegre cena!

TEBALDO
¡Paciencia! ¡Tened paciencia!
¡Por esta mortal ofensa,
Romeo, yo lo prometo,
sufrirá el castigo!

MERCUCHO
¡Nos observan, silencio!
¡Es necesario ser prudentes!
No esperemos estúpidamente
un acontecimiento funesto.

CAPULETO
(a sus invitados)
¡Que continúe la fiesta!
¡Que todos beban y bailen!
¡En otro tiempo, os lo prometo,
bailábamos con mayor valentía!
bailábamos etc.

CORO
¡Que continúe la fiesta!
¡Que todos beban y bailen!
¡El placer es pasajero!
¡Terminemos la noche con alegría!
El placer etc.

TEBALDO
¡Él se escapa! ¿Quién quiere seguirlo?
¡Yo le arrojo mi guante!

CAPULETO
¡Y yo, no quiero escándalos! ¿Entiendes?
¡Deja en paz a ese joven!
¡Me complace ignorar su nombre!
¡Abstente de dar un paso!
¡Vamos! ¡Jóvenes!
¡Vamos! ¡Bellas damas!
¡A los más diligentes
estos ojos llenos de fuego!
¡Desdén! ¡Desdeñar a los censores,
que gruñen sin cesar!
¡Agasajemos a la juventud,
y dejemos sitio a los bailarines!

CORO
¡Desdén! ¡Desdeñar a los bebedores
que temen a la embriaguez!
¡Agasajemos a la juventud,
y dejemos sitio a los bailarines!

(Mercucho arrastra a Romeo;
los siguen Benvolio y sus amigos)

Acto II