PROLOGUE
Version
I
(À
Zanzibar de nos jours. Le rideau du théâtre se
lève
sur un rideau à
l’italienne. Le directeur de la
troupe
écarte le
rideau et s’avance vers Ie public.
Il
est en habit et, pour commencer, reste devant
le
trou du souffleur.)
LE
DIRECTEUR
Public,
attendez sans impatience.
Je
vous apporte une pièce dont le but
est de
reformer les moeurs.
II
s'agit des enfants dans la famille,
c’est
un sujet domestique; et c’est pourquoi
il est
traité sur un ton familier.
Les
acteurs ne prendront pas de ton sinistre,
ils
feront appel, tout simplement, a votre bon sens;
et se
préoccuperont avant tout
de
vous amuser, afin que,
bien
disposes, vous mettiez a profit tous
les
enseignements contenus dans la pièce,
et que
le sol partout s'étoile de regards
de
nouveaux-nés es, plus nombreux encore
que les scintillements d’étoiles.
Ecoutez,
o Français, la leçon de la guerre et faites
des
enfants, vous qui n’en faisiez guerre.
(Le
directeur se met a arpenter fiévreusement
la
scène comme un camelot
qui fait Ie boniment.)
Version
II
(Devant
le rideau baissé, le Directeur de la Troupe,
en
habit, une canne de tranchée à la main, sort du
trou
du souffleur)
Scène
Unique
LE
DIRECTEUR
Me
voici donc revenu parmi vous
J'ai retrouvé ma troupe ardente
J'ai trouvé aussi une scène
Mais j'ai retrouvé avec douleur
L'art théâtral sans grandeur sans vertu
Qui tuait les longs soirs
d'avant
la guerre
Art calomniateur et délétère
Qui montrait le péché non le rédempteur
Puis
le temps est venu le temps des hommes
J'ai fait la guerre ainsi que tous les hommes.
C'était
au temps où j'étais dans l'artillerie
Je commandais au front du nord ma batterie
Un soir que dans le ciel le regard des étoiles
Palpitait comme le regard des nouveau-nés
Mille fusées issues de là tranchée adverse
Réveillèrent soudain les canons ennemis.
Je
m'en souviens comme si cela s'était passé hier
J'entendais
les départs mais non les arrivées
Lorsque
de l'observatoire d'artillerie
Le trompette vint à cheval nous annoncer
Que le maréchal des logis qui pointait
Là-bas sur les lueurs des canons ennemis
L'alidade de triangle de visée faisait savoir
Que la portée de ces canons étaient si grande
Que l'on n'entendait plus aucun éclatement
Et tous mes canonniers attentifs à leurs postes
Annoncèrent que les étoiles
s'éteignaient
une à une
Puis l'on entendit de grands cris parmi toute l'armée
Ils
s'éteignent les étoiles a coups de canon!
Les
étoiles mouraient
dans
ce beau ciel d'automne
Comme la mémoire s'éteint dans le cerveau
De ces pauvres vieillards qui tentent
de
se souvenir
Nous étions là mourant de la mort des étoiles
Et sur le front ténébreux
aux
livides lueurs
Nous ne savions plus que dire avec désespoir:
Ils ont même assasiné les constellations.
Mais
une grande voix venue d'un mégaphone
Dont le pavillon sortait
De je ne sais quel unanime
poste
de commandement
La voix du capitaine inconnu
qui nous sauve toujours cria
Il est grand temps de rallumer les étoiles
Et
ce ne fut qu'un cri sur le grand front français
Àu
collimateur a volonté!
Les
servants se hâtèrent
Les pointeurs pointèrent
Les tireurs tirèrent
Et les astres sublimes
se
rallumèrent l'un après l'autre
Nos obus enflammaient leur ardeur éternelle
L'artillerie ennemie se taisait éblouie
Par le scintillement de toutes les étoiles.
Voilà
voilà l'histoire de toutes les étoiles.
Et
depuis ce soir-là
j'allume
aussi l'un après l'autre
Tous les astres intérieurs que l'on avait éteints.
Me
voici donc revenu parmi vous.
Ma
troupe ne vous impatientez pas.
Public
attendez sans impatience
Je
vous apporte une pièce dont le but
est de
reformer les moeurs.
II
s'agit des enfants dans la famille,
c’est
un sujet domestique; et c’est pourquoi
il est
traité sur un ton familier.
Les
acteurs ne prendront pas de ton sinistre,
ils
feront appel, tout simplement, a votre bon sens;
et se
préoccuperont avant tout
de
vous amuser, afin que,
bien
disposes, vous mettiez a profit tous
les
enseignements contenus dans la pièce,
et que
le sol partout s'étoile de regards
de
nouveaux-nés es, plus nombreux encore
que les scintillements d’étoiles.
Ecoutez
ô Français la leçon de la guerre
Et faites des enfants vous qui n'en faisiez guère
On
tente ici d'infuser un esprit nouveau au théâtre
Une joie une volupté une vertu
Pour remplacer ce pessimisme vieux de
plus d'un siècle
Ce
qui est bien ancien pour une
chose si ennuyeuse
La
pièce a été faite pour une scène ancienne
car
on ne nous aurait pas construit de théâtre nouveau
un théâtre rond
à deux scènes
Une
au centre l'autre formant comme un anneau
autour
des spectateurs et qui permettra
le grand
déploiement
de notre art moderne
mariant
souvent
sans lien apparent comme dans la vie
les
sons les gestes les couleurs les
cris les bruits
la musique la danse l'acrobatie
la
poésie la peinture
les chœurs
les
actions et les décors multiples.
Vous
trouverez ici des actions
qui s'ajoutent
au
drame principal et l'ornent
les
changements de ton du pathétique au
burlesque
et l'usage raisonnable
des
invraisemblances
ainsi que des acteurs
collectifs
ou non
qui ne sont pas forcément
extraits
de l'humanité
mais de
l'univers entier.
Car
le théâtre ne doit pas étre un art en trompe-l'œil.
Il est juste que le dramaturge
se
serve
de tous les mirages qu'il a à sa
disposition
comme faisait Morgane sur
le Mont-Gibel
Il
est juste qu'il fasse parler
les foules les objets inanimés s'il lui plaît
et qu'il ne tienne pas plus
compte
du temps
que de l'espace.
Son
univers est sa pièce
à l'intérieur de laquelle
il
est le dieu créateur
qui dispose à son gré
les
sons les gestes les démarches
les masses les
couleurs
non pas dans le seul but
de
photographier
ce que l'on appelle une tranche
de vie
mais
pour faire surgir la vie même dans toute sa
vérité
car la pièce doit être
un
univers complet
avec son créateur
c'est-à-dire
la nature même
et non pas
seulement
la représentation d'un petit morceau
de ce qui nous entoure ou
de ce qui s'est jadis passé.
Pardonnez-moi
mes amis ma troupe.
Pardonnez-moi
cher Public
De vous avoir parlé un peu longuement
Il y a si longtemps que je m'étais retrouvé parmi vous.
Mais il y a encore là-bas un brasier
Où l'on abat des étoiles toutes fumantes
Et ceux qui les rallument vous demandent
De vous hausser jusqu'à ces flammes sublimes
Et de flamber aussi.
O
public
Soyez
la torche inextinguible du
feu nouveau.
ACTE
I
(La
place du marché de Zanzibar, le matin. Le
décor
représente des maisons, une échappée sur
le port et
aussi ce qui peut évoquer aux Français
l'idée du jeu
de Zanzibar. Un
mégaphone enforme de cornet à dés
et orné de
dés est sur le devant de la scène. Du
côté
cour, entrée d'une maison; du
côté jardin, un kiosque
de journaux avec
une nombreuse marchandise étalée
et
sa marchande figurée dont le bras peut s'animer;
il est encore orné d'une glace sur
le côté qui donne
sur la scène. Au
fond, le personnage collectif et muet
qui représente
le peuple de Zanzibar est présent dés
le
lever du rideau. Il est assis sur un banc. Une
table
est à sa droite et il a sous la main les instruments
qui
lui serviront à mener tel bruit au moment
opportun:
revolver, musette, grosse
caisse, accordéon, tambour,
tonnerre,
grelots, castagnettes, trompette
d'enfant,
vaisselle cassée. Tous
les bruits indiqués comme
devant être produits au moyen d'un
instrument sont
menés par le peuple de Zanzibar et tout ce qui est
indiqué comme devant être dit au mégaphone doit
être crié au public)
Scène
Première
(Le peuple de Zanzibar, Thérèse)
THERESE
(Visage
bleu, longue robe bleue ornée
de singes
et de fruits peints.
Elle entre dès que le rideau est
levé, mais
dès que le rideau commence à se lever,
elle cherche à dominer le tumulte de
l'orchestre)
Non
Monsieur mon mari
Vous ne me ferez pas faire ce que vous voulez
(Chuintement)
Je
suis féministe
et
je ne reconnais pas l'autorité de l'homme
(Chuintement)
Du
reste je veux agir à ma guise
Il y a assez longtemps que les hommes
font
ce qui leur plaît
Après tout je veux aussi aller me battre
contre
les ennemis
J'ai envie d'être soldat une deux une deux
Je veux faire la guerre –
(Tonnerre)
et
non pas faire des enfants
Non Monsieur mon mari
vous
ne me commanderez plus
(Elle
se courbe trois fois, derrière
au
public au mégaphone)
Ce
n'est pas parce que vous
m'avez
fait la cour dans le Connecticut
Que je dois vous faire la cuisine à Zanzibar
VOIX
DU MARI
(Accent
belge)
Donnez-moi
du lard je te dis donnez-moi du lard
(Vaisselle
cassée)
THERESE
(Elle
jette Son balai dans la
coulisse franchement,
au public)
Vous
l'entendez il ne pense qu'à l'amour
(Elle a une crise de nerfs)
Mais
tu ne te doutes pas imbécile
(Éternuement)
Qu'après
avoir été soldat je veux être artiste
(Éternuement)
Parfaitement
parfaitement
(Éternuement)
Je
veux être aussi député avocat sénateur
(Deux
éternuement)
Ministre
président de la chose publique
(Éternuement)
Et
je veux médecin physique ou bien psychique
Diafoirer à mon gré l'Europe et l'Amérique.
Faire
des enfants faire la cuisine non c'est trop
(Elle
caquette )
Je
veux être mathématicienne philosophe
chimiste
Groom dans les restaurants petit télégraphiste
Et je veux s'il me plaît entretenir à l'an
cette vieille danseuse
qui a tant de talent
(Éternuement.
Elle
esquisse un pas de danse,
après quoi elle
imite le bruit du chemin de fer)
VOIX
DU MARI
(Accent
belge)
Donnez-moi
du lard je te dis donnez-moi du lard.
THERESE
Vous
l'entendez il ne pense qu'à l'amour
(Petit air de musette)
Mange-toi
les pieds à la Sainte-Menehould
(Grosse caisse)
Mais
il me semble que la barbe me pousse
Ma
poitrine se détache
(Elle
pousse un grand cri et entr'ouvre
sa blouse dont il en sort ses
mamelles, l'une rouge, l'autre bleue
et, comme elle les lâche, elles
s'envolent, ballons d'enfants, mais
restent retenues par les fils )
Envolez-vous
oiseaux de ma faiblesse
Comme c'est joli les appas féminins
C'est mignon tout plein
On en mangerait
(Elle tire le fil des ballons et
les fait danser)
Mais
trêve de bêtises
Ne nous livrons pas à l'aéronautique
Il y a toujours quelque avantage
à
pratiquer la vertu
Le vice est après tout une chose dangereuse
C'est pourquoi il vaut mieux sacrifier une beauté
Qui peut être une occasion de péché
Débarrassons-nous de nos mamelles
(Elle allume un briquet et les fait exploser,
puis
elle
fait une belle grimace avec
double pied de nez aux
spectateurs et
leur jette des balles qu'elle a dans son
corsage)
Qu'est-ce
à dire
Non
seulement ma barbe pousse
mais
ma moustache aussi
(Elle
caresse sa barbe et retrousse sa
moustache qui ont brusquement poussé)
Eh
diable
J'ai l'air d'un champ de blé qui
attend la moissonneuse mécanique
(Au
mégaphone)
Je
me sens viril en diable
Je suis un étalon
De la tête aux talons
Me voilà taureau
(Sans
mégaphone)
Me
ferai-je torero
Mais n'étalons
Pas mon avenir au grand jour héros
Cache tes armes
Et toi mari moins viril que moi
Fais touttle vacarme que tu voudras.
(Tout
en caquetant, elle va se mirer
dans
la glace placée sur le kiosque
à journaux)
Scène
Deuxième
(Le peuple de Zanzibar, Thérèse, le mari)
LE
MARI
(Entre
avec un gros bouquet de fleurs,
voit
qu'elle ne le regarde
pas
et jette les fleurs dans
la
salle.
À partir d'ici le mari perd l'accent
belge)
Je veux du lard je te dis
THERESE
Mange
tes pieds à la Sainte-Menehould
LE
MARI
(Pendant
qu'il parle Thérèse hausse
le ton de
ses caquetages.
Il
s'approche comme pour la
gifler
puis
en riant)
Ah
mais ce n'est pas Thérèse ma femme
(Un temps puis sévèrement.
Au mégaphone)
Quel
malotru a mis ses vêtements
(Il
va l'examiner et revient. Au
mégaphone)
Aucun
doute c'est un assassin et il l'a tuée
(Sans
mégaphone)
Thérèse
ma petite Thérèse où es-tu
(Il réfléchit la tête dans les mains,
puis
campé, les poings sur les hanches)
Mais
toi vil personnage
qui
t'es déguisé en Thérèse je te tuerai.
(Ils
se battent, elle a raison de lui)
THERESE
Tu
as raison je ne suis plus ta femme
LE
MARI
Par
exemple
THERESE
Et
cependant c'est moi qui suis Thérèse
LE
MARI
Par
exemple
THERESE
Mais
Thérèse qui n'est plus femme
LE
MARI
C'est
trop fort
THERESE
Et
comme je suis devenu un beau gars
LE
MARI
Détail
que j'ignorais
THERESE
Je
porterai désormais un nom d'homme
Tirésias
LE
MARI
(les
mains jointes)
Adiousias
(Elle
sort)
Scène Troisième
(Le peuple de Zanzibar, le mari)
VOIX
DE TIRESIAS
(from
within)
Je
déménage
LE
MARI
Adiousias
(Elle jette successivement par la fenêtre
un
pot de chambre, un bassin et un urinal.)
LE
MARI
(ramasse
le pot de chambre)
Le
piano
(Il
ramasse l'urinal)
Le
violon
(Il
ramasse le bassin)
L'assiette
au beurre la situation devient grave
Scène
quatrième
(Les
même, Tirésias, Lacouf, Presto. Tirésias
revient avec des vêtements, une corde, des
objets
hétéroclites.
Elle
jette tout, se précipite sur le mari.
Sur
la dernière réplique du mari, Presto et Lacouf
armés
de brownings en carton sont sortis gravement
de dessous la scène et s'avancent
dans
la salle,
cependant que Tirésias maîtrisant
son
mari, lui ôte
son pantalon, se déshabille, lui
passe
sa jupe, le
ligote, se pantalonne, se coupe
les
cheveux et met
un chapeau haut de forme.
Ce
jeu de scène dure
jusqu'au premier
coup
de revolver)
PRESTO
Avec
vous vieux Lacouf j'ai perdu au zanzi
Tout ce que j'ai voulu
LACOUF
Monsieur
Presto je n'ai rien gagné
Et d'abord Zanzibar n'est pas en question
vous êtes à Paris
PRESTO
À
Zanzibar
LACOUF
À
Paris
PRESTO
C'en
est trop,
Après dix ans d'amitié
Et tout le mal que je n'ai cessé de dire
sur
votre compte
LACOUF
(Se
dégageant,
mais très
aimable.)
Tant
pis vous ai-je demandé de la réclame
vous êtes à Paris
PRESTO
À
Zanzibar la preuve c'est que j'ai tout perdu
LACOUF
Monsieur
Presto il faut nous battre
PRESTO
Il
le faut
(Ils
montent gravement sur la scène et se
rangent
au fond l'un vis-à-vis de l'autre)
LACOUF
À
armes égales
PRESTO
À
volonté
LACOUF,
PRESTO
Tous
les coups sont dans la nature
(Ils
se visent. Le peuple de Zanzibar
tire
deux coups de
revolver
et ils tombent)
TIRESIAS
(qui
est prêt, tressaille au bruit et
s'écrie )
Ah
chère liberté te voilà enfin conquise
Mais d'abord achetons un journal
Pour savoir ce qui vient de se passer.
(Elle
achète un journal et le lit; pendant
ce temps
le peuple de
Zanzibar
place une pancarte de chaque
côté de la scène )
PANCARTE
POUR PRESTO
Comme il perdait au Zanzibar monsieur Presto
a
perdu son pari puisque nous sommes à mParis.
PANCARTE
POUR LACOUF
Monsieur Lacouf n'a rien gagné puisque la scène
se
passe à Zanzibar autant que la seine passe a Paris
(Dès
que le peuple de Zanzibar est revenu
à son poste,
Presto et
Lacouf
se redressent, le peuple de Zanzibar
tire un coup de revolver et
les
duellistes retombent.
Tirésias
étonné jette le journal Au
mégaphone)
TIRESIAS
Maintenant
à moi l'univers
À moi les femmes à moi l'administration
Je vais me faire conseiller municipal
Mais j'entends du bruit
Il vaut peut-être mieux s'en aller
(Elle
sort en caquetant tandis que le mari
imite
le bruit de la locomotive en
marche)
Scène Cinquième
(Le
peuple de Zanzibar, le
mari, le gendarme)
LE
GENDARME
(Tandis
que le peuple de Zanzibar joue
de
l'accordéon le gendarme à cheval
caracole,
tire un mort dans la
coulisse de façon à ce
que ses pieds
seuls restent visibles, fait le tour
de la scène, agit de même avec
l'autre mort,
fait une seconde fois
le tour de la scène et
apercevant
le mari ficelé sur le devant
de la scène )
Ça
sent le crime ici
LE
MARI
Ah!
puisque enfin voici un agent
de
l'autorité Zanzibarienne
Je vais l'interpeller
Eh
Monsieur si c'est une affaire
que
vous me cherchez
Ayez donc l'obligeance de prendre
Mon livret militaire dans ma poche gauche
LE
GENDARME
(Au
mégaphone)
La
belle fille
(Sans mégaphone)
Dites
ma belle enfant
Qui donc vous a traitée si méchamment
LE
MARI
(à
part)
Il
me prend pour une demoiselle
(Au
gendarme)
Si
c'est un mariage que vous me cherchez
Commencez
donc par me détacher
(Le
gendarme met la main sur son
cœur)
LE
GENDARME
(le
délie en le chatouillant, ils rient
et le
gendarme
répète toujours)
Quelle
belle fille
Scène
Sixième
(Les
mêmes, Presto, Lacouf. Dès
que le gendarme
commence à détacher le
mari, Presto et Lacouf
reviennent à l'endroit
où
ils sont tombés
précédemment)
PRESTO
Je commence à en avoir assez d'être mort
Dire qu'il y a des gens qui trouvent qu'il est
plus
honorable d'être mort que vif
LACOUF
Vous
voyez bien que vous n'étiez pas à Zanzibar
PRESTO
C'est
pourtant là
que
l'on voudrait vivre
Mais ça me dégoûte de nous être battus en duel
Décidément on regarde la mort
D'un œil trop complaisant
LACOUF
Que
voulez-vous on a trop bonne opinion
De l'humanité et de ses restes
Est-ce que les selles des bijoutiers
Contiennent des perles et des diamants
PRESTO
On
a vu des choses plus extraordinaires
LACOUF
Bref
Monsieur Presto
Les paris ne nous réussissent pas
Mais vous voyez bien que vous étiez à Paris
PRESTO
À
Zanzibar
LACOUF
En
joue
PRESTO
Feu
(Le
peuple de Zanzibar tire un coup de
revolver et
ils tombent. Le
gendarme a fini de délier le mari)
LE
GENDARME
Je
vous arrête
(Presto
et Lacouf se sauvent du côté
opposé d'où ils sont revenus. Accordéon
)
Scène
Septième
(Le
peuple de Zanzibar, le gendarme,
le
mari habillé en femme)
LE
GENDARME
Les
duellistes du paysage
Ne m'empêcheront pas de dire que je vous trouve
Agréable au toucher
comme
une balle en caoutchouc
LE
MARI
(Il
èternue.)
Atchou
LE
GENDARME
Un
rhume c'est exquis
LE
MARI
Atchi
(Tambour. Le
mari relève sa jupe qui le gêne )
LE
GENDARME
Femme
légère
Il cligne de l'œil
Qu'importe puisque c'est une belle fille
LE
MARI
(à
part)
Ma
foi il a raison
Puisque ma femme est homme
Il est juste que je sois femme
(Au
gendarme pudiquement)
Je
suis une honnête femme-monsieur
Ma femme est un homme-madame
Elle est soldat, telegraphiste, ministre,
merdecin,
mais, comme ils ont fait explosion,
di
sons plutat merdecine.
LE
GENDARME
Mère
des seins
LE
MARI
lls ont fait explosion mais elle est plutôt merdecine
LE
GENDARME
Elle
est mère des cygnes
Ah! combien chantent qui vont périr
Écoutez
Musette,
air triste
LE
MARI
Il
s'agit après tout de l'art de guérir les hommes
La
musique s'en chargera
Aussi
bien que toute autre panacée
LE
GENDARME
Ça
va bien pas de rouspétance
LE
MARI
Je
me refuse à continuer la conversation
(Au mégaphone)
Où
est ma femme ?
VOIX
DE FEMMES
(dans
les coulisses)
Vive
Tirésias
Plus d'enfants plus d'enfants
(Tonnerre
et grosse caisse.
Le
mari fait une grimace
aux
spectateurs
et met à son oreille une main
en
cornet acoustique, tandis que
le gendarme, tirant
une pipe de sa
poche, la lui offre. Grelots)
LE
GENDARME
Eh!
fumez la pipe bergère
Moi je vous jouerai du pipeau
LE
MARI
(Accepte
la pipe)
Et
cependant la Boulangère
Tous les sept ans changeait de peau
LE
GENDARME
Tous
les sept ans elle exagère
(Le
peuple de Zanzibar accroche une
pancarte
contenant cette ritournelle
qui reste là)
PANCARTE AVEC RITOURNELLE
Eh!
Fumez la pipe bergère
moi je vous jouerai du pipeau
et cependant la boulangére
tous les 7 ans changeait de peau
tous les 7 ans elle exagère
LE
GENDARME
Mademoisélle
ou Madame
je suis amoureux fou de vous
Et je veux devenir votre époux
LE
MARI
Atchou
Mais ne voyez-vous pas
que
je ne suis qu'un homme
LE
GENDARME
Nonobstant
quoi je pourrais vous épouser
Par procuration
LE
MARI
Sottises
Vous feriez mieux de faire des enfants
LE
GENDARME
Ah!
par exemple
VOIX
D' HOMMES
(dans
les coulisses)
Vive
Tirésias
Vive
le général Tirésias
Vive le député Tirésias
(L'accordéon
joue une marche militaire)
VOIX
DE FEMMES
(dans
les coulisses)
Plus
d'enfants Plus d'enfants
Scène
Huitième
(Les
mêmes. Le kiosque où s'anime le bras
de la marchande
se
déplace lentement vers
l'autre bout
de
la scène)
LE
MARI
(au
gendarme)
Fameux
représentant de toute autorité
Vous l'entendez c'est dit je crois avec clarté
La femme à Zanzibar
veut
des droits politiques
Et renonce soudain aux amours prolifiques
Vous l'entendez crier
Plus
d'enfants Plus d'enfants
Pour peupler Zanzibar il suffit
d'éléphants
de singes de serpents
de
moustiques d'autruches
Et stériles comme est l'habitante des ruches
Qui du moins fait la cire et butine le miel
La femme n'est qu'un neutre à la face du ciel
Et moi je vous le dis cher Monsieur le gendarme
(la marchande de journaux apparaît à la
fenêtre
du kiosque, elle écoute passionnellement)
(Au
mégaphone)
Zanzibar
a besoin d'enfants
donnez
l'alarme
Criez au carrefour et sur le boulevard
Qu'il faut refaire des enfants à Zanzibar
(sans mégaphone)
La
femme n'en fait plus
Tant
pis Que l'homme en fasse
Mais oui parfaitement je vous regarde en face
Et j'en ferai moi
LE
GENDARME, LE KIOSQUE
Vous
LE
KIOSQUE
(au
mégaphone que lui tend le
mari)
Elle
sort un bobard
Bien digne qu'on l'entende ailleurs qu'à Zanzibar
(Elle s'avance au trou du souffleur
et
embouche son mégaphone. Au
public.
Le
mari entre dans le bazar)
Vous
qui pleurez voyant la pièce
Souhaitez les enfants vainqueurs
(Sans
mégaphone)
Voyez
l'impondérable ardeur
Naître du changement de sexe
(Elle
reporte son mégaphone au
pied du kiosque.)
LE
MARI
(au
gendarme)
Revenez
dès ce soir voir comment la nature
Me donnera sans femme une progéniture
LE
GENDARME
Je
reviendrai ce soir voir comment la nature
Vous donnera sans femme une
progéniture
Ne faites pas qu'en vain je croque le marmot
Je reviens dès ce soir et je vous prends au mot
LE
KIOSQUE
Comme
est ignare le gendarme
Qui gouverne le Zanzibar
Le music-hall et le grand bar
N'ont-ils pas pour lui plus de charmes
Que repeupler le Zanzibar
Scène Neuvième
(Les
mêmes, Presto)
PRESTO
(chatouillant
le mari)
Comment
faut-il que tu les nommes
Elles sont tout ce que nous sommes
Et cependant ne sont pas hommes
LE
GENDARME
Je
reviendrai ce soir voir
comment
la nature
Vous donnera sans femme une progéniture
LE
MARI
Revenez
donc ce soir voir comment la nature
Me donnera sans femme une progéniture
TOUS
(En
chœur.Ils
dansent, le mari et le gendarme
accouplés,
Presto et le kiosque accouplés
et
changeant parfois de
compagnons. Le
peuple
de Zanzibar danse seul
en
jouant de l'accordéon)
Eh!
fumez la pipe Bergère
Moi je vous jouerai du pipeau
Et cependant la Boulangère
Tous les sept ans changeait de peau
Tous les sept ans elle exagère
ENTR'ACTE
(Apres
une légère pause, l'orchestre doit attaquer
aussitôt que Ie plateau
est prêt. Tout
ce qui suit se
passe devant le rideau.
Un
couple de choristes du
théâtre entre en dansant. Ils se tiennent par
la main,
comme
pour
une gavotte. Un
autre couple entre en
dansant.
Quatre
couples entrent en dansant: de
même façon. Les
choristes cesse de danser; ils se
rangent
sur
deux rangs, face au public et chantent.)
LES
CHORISTES
Vu
qui pleurez en voyant la pièce,
souhaitez
les
enfants vainqueurs,
voyez l'impondérable ardeur
naître du changement
de sexe.
(Les
choristes se regardent inquiets car
un bruit étrange sort de la fosse d'orchestre.)
LES
NOUVEAU-NES
(Ce
choeur est place dans la
fosse d'orchestre)
Papa,
LES
CHORISTES
(Au
comble de l'étonnement, ils se
penchent
sur la fosse d'orchestre)
Ah
!
LES
NOUVEAU-NES
Papa,
(A
pleines voix.)
Papa.
LES
CHORISTES
(Se
redressant émerveilles)
Ah!
(Triomphal.)
Vous
qui pleurez en voyant la pièce,
souhaitez
les
enfants vainqueurs.
ACTE
II
Au
même endroit, le même jour, au moment du
coucher
du soleil. Le même décor orné de nombreux
berceaux où sont les nouveau-nés. Un
berceau est
vide auprès d'une bouteille d'encre
énorme, d'un pot
à colle gigantesque, d'un
porteplume démesuré et
d'une paire de
ciseaux de bonne taille)
Scène
Première
(Le
peuple de Zanzibar, le mari)
LE
MARI
(Il
tient un enfant dans chaque bras. Cris
continus
d'enfants sur la scène, dans les
coulisses et dans
la salle pendant toute
la scène ad libitum. On
indique seulement
quand, et où ils redoublent)
Ah!
c'est fou les joies de la paternité
40049 enfants en un seul jour
Mon bonheur est complet
Silence silence
(Cris d'enfants au fond de la scène)
Le
bonheur en famille
Pas de femme sur les bras
Il laisse tomber les enfants
Silence
(Cris
d'enfants sur le côté gauche de la
salle)
C'est
épatant la musique moderne
Presque aussi épatant que les décors
des nouveaux peintres
Qui
florissant loin des Barbares
À
Zanzibar
Pas
besoin d'aller aux ballets russes
ni
au Vieux-Colombier
Silence silence
(Cris d'enfants sur le côté
droit de la salle. Grelots)
Il
faudrait peut-être les mener à la baguette
Mais il vaut mieux ne pas brusquer les choses
Je vais leur acheter des bicyclettes
Et tous ces virtuoses
Iront faire
Des concerts en plein air
(Peu à peu les enfants se taisent, il
applaudit)
Bravo
bravo bravo
(Long
silence, pendant lequel le mari remet
les deux enfants dans
leurs berceaux.)
Scène
Deuxième
(Les
mêmes, le journaliste parisien)
LE
JOURNALISTE
(Sa
figure est nue, il n'a que la bouche.
Il
entre en dansant accordéon)
Hands
up
Bonjour Monsieur le mari
Je suis correspondant d'un journal de Paris
LE
MARI
De
Paris soyez le bienvenu
LE
JOURNALISTE
(fait
le tour de la scène en dansant)
Les
journaux de Paris
(au
mégaphone)
ville
de l'Amérique
(Sans mégaphone)
Hourra
(Un
coup de revolver, le journaliste
déploie le drapeau américain)
Ont
annoncé que vous avez trouvé
Le moyen pour les hommes
De faire des enfants
(Le
journaliste replie le drapeau
et
s'en fait une ceinture)
LE
MARI
Cela
est vrai
LE
JOURNALISTE
Et
comment ça
LE
MARI
La
volonté Monsieur elle nous mène à tout
LE
JOURNALISTE
Sont-ils
nègres ou comme tout le monde
LE
MARI
Tout
cela dépend du point de vue où l'on se place
(Castagnettes
)
LE
JOURNALISTE
Vous
êtes riche sans doute
(Il
fait un tour de danse)
LE
MARI
Point
du tout
LE
JOURNALISTE
Comment
les élèverez-vous?
LE
MARI
Après
les avoir nourris au biberon
J'espère que ce sont eux qui me nourriront
LE
JOURNALISTE
En
somme vous êtes quelque chose
comme une fille-père ne serait-ce pas
chez vous
instinct paternel maternisé ?
LE
MARI
Non
c'est cher Monsieur tout à fait intéressé
L'enfant est la richesse des ménages
Bien plus que la monnaie et tous les héritages
(Le
journaliste note)
Voyez
ce tout petit qui dort dans son berceau
(L'enfant
crie. Le journaliste va
le voir sur
la pointe des pieds)
Il
se prénomme Arthur et m'a déjà gagné
Un million comme accapareur de lait caillé
LE
JOURNALISTE
Avancé
pour son âge
LE
MARI
Celui-là
Joseph l'enfant crie est romancier
(Le
journaliste va voir Joseph)
Son
dernier roman
s'est
vendu à 600 000 exemplaires
Permenez que je vous en offre un livre
(Descend
un grand livre-pancarte à
plusieurs
feuillets sur lesquels on lit
au
premier feuillet)
"QUELLE
CHANCE!
ROMAN"
LE
MARI
Lisez-le
à votre aise
(Le
journaliste se couche, le mari
tourne
les
autres feuillets sur lesquels
on lit à raison
d'un mot par feuillet)
UNE
DAME QUI S'APPELAIT CAMBRON
LE
JOURNALISTE
(se
relève et au mégaphone)
Une
dame qui s'appelait Cambron
(Il
rit au mégaphone sur les
quatre
voyelles:
a, é, i, o )
LE
MARI
Il
y a cependant là une manière polie de
s'exprimer
LE
JOURNALISTE
(sans
mégaphone)
Ah!
ah! ah! ah!
LE
MARI
Une
certaine précocité
LE
JOURNALISTE
Eh!
eh!
LE
MARI
Qui
ne court point les rues
LE
JOURNALISTE
Hands
up
LE
MARI
Enfin
tel qu'il est le roman m'a rapporté
Près de 200 000 francs
Plus un prix littéraire
Composé de 20 caisses de dynamite
LE
JOURNALISTE
(se
retire à reculons)
Au
revoir
LE
MARI
N'ayez
pas peur elles sont
dans
mon coffre-fort à la banque
LE
JOURNALISTE
All
right
Vous n'avez pas de fille
LE
MARI
Si
fait celle-ci divorcée
(Elle
crie. Le journaliste va la voir)
Du
roi des pommes de terre
En reçoit une rente de 100 000 dollars
Et celle-ci
(elle
crie)
plus
artiste que quiconque à Zanzibar
(Le
journaliste s'exerce à boxer)
Récite
de beaux vers par les mornes soirées
Ses feux et ses cachets lui rapportent
chaque
an ce qu'un poète gagne
en
cinquante mille ans
LE
JOURNALISTE
Je
vous félicite my dear
Mais vous avez de la poussière
Sur votre cache-poussière
(Le
mari sourit comme pour remercier
le
journaliste qui tient le grain de poussière
à la main)
Puisque
vous êtes si riche prêtez-moi cent sous
LE
MARI
Remettez
la poussière
(Tous
les enfants crient. Le mari
chasse le
journaliste à coups de
pied. Celui-ci
sort en dansant)
Scène
Troisième
(Le
peuple de Zanzibar, le mari)
LE
MARI
Eh
oui c'est simple comme un périscope
Plus j'aurai d'enfants
Plus je serai riche et mieux je pourrai me nourrir
(Pause.)
Nous
disons que la morue produit assez d'œufs
en
un jour pour qu'éclos
ils
suffisent à nourrir de brandade et d'aïoli
Le monde entier pendant une année entière
N'est-ce pas que c'est épatant
d'avoir une nombreuse famille
Quels sont donc ces économistes imbéciles
Qui nous ont fait croire que l'enfant
C'était la pauvreté
Tandis que c'est tout le contraire
Est-ce qu'on a jamais entendu
parler de morue morte dans la misère
Aussi vais-je continuer à faire des enfants
Faisons d'abord un journaliste
Comme ça je saurai tout
Je devinerai le surplus et j'inventerai le reste
(Il se met à déchirer avec la bouche
et
les mains des journaux, il trépigne.
Son
jeu doit étre très rapide)
Il
faut qu'il soit apte à toutes les besognes
Et puisse écrire pour tous les partis
(Il met les journaux déchirés dans le
berceau vide)
Quel
beau journaliste ce sera
Reportage articles de fond Et cœtera
(Il
prend la bouteille d'encre
et la verse dans
le berceau)
Il
lui faut un sang puisé dans l'encrier
Il lui faut une épine dorsale
(Il met un énorme porte-plume
dans
le berceau)
De
la cervelle pour ne pas penser
(Il verse le pot à colle dans le berceau)
Une
langue pour mieux baver
(Il
met les ciseaux dans le berceau)
Il
faut encore qu'il connaisse le chant
Allons
chantez
(Tonnerre.
Le fils, 18 ans, se dresse dans
son
berceau, !Une badine à la main)
Scène
Quatrième
(Les
mêmes, le fils. Le
mari répète: «une, deux!»
jusqu'à la fin du
monologue du fils. Cette
scène
se passe très rapidement)
LE
FILS
(se
dressant dans le berceau)
Mon
cher papa si vous voulez savoir enfin
Tout ce qu'ont fait les aigrefins
Faut me donner un petit peu d'argent de poche
Si
vous me donnez cinq cents francs
Je ne dis rien de vos affaires
Sinon je dis tout je suis franc
Et je compromets
père
sœurs et frères
(il
danse en jouant de sa badine)
J'écrirai
que vous avez épousé
Une femme triplement enceinte
Je vous compromettrai
je
dirai que vous avez volé
tué
donné sonné barbé
LE
MARI
Bravo
voilà un maître chanteur
(Le
fils sort du berceau)
LE
FILS
Mes
chers parents
en
un seul homme
Si
vous voulez savoir ce qui s'est passé hier soir
Voici : Un grand incendie a détruit
les
chutes du Niagara
LE
MARI
Tant
pis
LE
FILS
Le
beau constructeur Alcindor
Masqué comme les fantassins
Jusqu'à minuit joua du cor
Pour un parterre d'assassins
Et je suis sûr qu'il sonne encore
LE
MARI
Pourvu
que ce ne soit pas dans cette salle
LE
FILS
Mais
la Princesse de Bergame
Epouse
demain une dame
Simple
rencontre de métro
(Castagnettes)
LE
MARI
Que
m'importe est-ce que je connais ces gens-là
Je
veux de bonnes informations
qui me parlent de mes amis
LE
FILS
(Il
fait remuer un berceau)
On
apprend de Montrouge
Que Monsieur Picasso
Fait un tableau qui bouge
Ainsi que ce berceau
LE
MARI
Et vive le pinceau
De l'ami Picasso
O mon fils
À une autre fois je connais maintenant
Suffisamment la journée d'hier
LE
FILS
Je
m'en vais afin d'imaginer celle de demain
LE
MARI
Bon
voyage
(Exit
le fils)
Scène Cinquième
(Le
peuple de Zanzibar, le mari)
LE
MARI
Celui-ci
n'est pas réussi
J'ai envie de le déshériter
Pas
de bouches inutiles. Economisons.
(À
ce moment arrivent des radios-pancartes)
OTTAWA
INCENDIE
ÉTABLISSEMENTS J. C. B.
stop
20
000 POÈMES EN PROSE CONSUMÉS
stop
PRÉSIDENT ENVOIE CONDOLÉANCES
ROME
H.
NR. M. T. SS. DIRECTEUR VILLA MÉDICIS ACHÈVE PORTRAIT SS
AVIGNON
GRAND
ARTISTE G. RG. S BRAQUE VIENT INVENTER PROCÉDÉ CULTURE INTENSIVE
DES
PINCEAUX
VANCOUVER
RETARDÉ
DANS LA TRANSMISSION
CHIENS
MONSIEUR LÉAUT...
LE
MARI
Assez
assez
Quelle fichue idée j'ai eue de me fier à la Presse
Je vais être dérangé
Toute la sainte journée
Il faut que ça cesse
(Au
mégaphone)
Allô
allô Mademoiselle
Je ne suis plus abonné au téléphone
Je me désabonne
(Sans mégaphone)
Je
change de programme pas de bouches inutiles
Économisons économisons
Avant tout je vais faire un enfant tailleur
Je pourrai bien vêtu aller en promenade
Et n'étant pas trop mal de ma personne
Plaire à mainte jolie personne
(ll
va vérifier son noeud de cravate dans
la glace
du bar
et
va pour sortir, côte jardin. Il
se heurte
all gendarme qui
l’arrete
par l’epaule)
Scène Sixième
(Les
mêmes, le gendarme)
LE
GENDARME
Il
paraît que vous en faites de belles
Vous avez tenu parole
40.050 enfants en un jour
Vous secouez le pot-de-fleurs
LE
MARI
Je
m'enrichis
LE
GENDARME
Mais
la population Zanzibarienne
Affamée par ce surcroît de bouches à nourrir
Est en passe de mourir de faim
LE
MARI
Donnez-lui
des cartes
ça
remplace tout
LE
GENDARME
Où
se les procure-t-on?
LE
MARI
Chez
la cartomancienne
LE
GENDARME
Extra-lucide
LE
MARI
Parbleu
puisqu'il s'agit de prévoyance
Scène Septième
(Les
mêmes, la cartomancienne)
LA
CARTOMANCIENNE
(Elle
arrive du fond de la salle. Son
crâne est éclairé électriquement )
Chastes
citoyens de Zanzibar me voici
LE
MARI
Encore
quelqu'un
Je n'y suis pour personne
LA
CARTOMANCIENNE
J'ai
pensé que vous ne seriez pas fâchés
De savoir la bonne aventure
LE
GENDARME
Vous
n'ignorez pas Madame
Que vous exercez un métier illicite
C'est étonnant ce que font les gens
Pour ne point travailler
LE
MARI
(au
gendarme)
Pas
de scandale chez moi
LA
CARTOMANCIENNE
(à
un spectateur)
Vous
Monsieur prochainement
Vous accoucherez de trois jumeaux
LE
MARI
Déjá
la concurrence
UNE
DAME
(spectatrice
dans la salle)
Madame
la Cartomancienne
Je crois bien qu'il me trompe
(Vaisselle
cassée)
LA
CARTOMANCIENNE
Conservez-le
dans la marmite Norvégienne
(Elle
monte sur la scène,
cris
d'enfants, accordéon)
Tiens
une couveuse artificielle
LE
MARI
Seriez-vous
le coiffeur coupez-moi les cheveux
LA
CARTOMANCIENNE
Les
demoiselles de New-York
Ne cueillent que les mirabelles
Ne mangent que du jambon d'York
C'est là ce qui les rend si belles
LE
MARI
Ma
foi les dames de Paris
Sont bien plus belles que les autres
Si les chats aiment les souris
Mesdames nous aimons les vôtres
LA
CARTOMANCIENNE
C'est-à-dire
vos sourires
TOUS
(en
chœur, danse)
Et
puis chantez matin et soir
Grattez-vous si ça vous démange
Aimez le blanc ou bien le noir
C'est bien plus drôle quand ça change
Suffit de s'en apercevoir
Suffit de s'en apercevoir
LA
CARTOMANCIENNE
Chastes
citoyens de Zanzibar
Qui ne faites plus d'enfants
Sachez que la fortune et la gloire
Les forêts d'ananas
les
troupeaux d'éléphants
Appartiennent de droit
Dans un proche avenir
À ceux qui pour les prendre
auront
fait des enfants
(Tous
les enfants se mettent à crier sur la scène
et dans la salle. La cartomancienne fait
les cartes
qui tombent du plafond. Puis
les enfants se taisent.
Au
mari, aimablement)
Ainsi,
vous monsieur, qui étés si fécond...
LE
MARI ET LE GENDARME
Fécond
fécond
LA
CARTOMANCIENNE
(au
mari)
Vous
deviendrez 10 fois milliardaire
(Le
mari tombe assis par terre)
LA
CARTOMANCIENNE
(au
gendarme)
Vous
qui ne faites pas d'enfants
Vous mourrez dans la plus affreuse des débines
LE
GENDARME
Vous
m'insultez
Au nom de Zanzibar je vous arrête
LA
CARTOMANCIENNE
Toucher
une femme quelle
honte
(Elle
le griffe et l'étrangle.
Le
mari lui tend une pipe)
LE
MARI
(tendant
une pipe
au
gendarme, en
riant)
Eh!
fumez la pipe Bergère
Moi je vous jouerai du pipeau
Et cependant la Boulangère
Tous les sept ans changeait de peau
(Il
ne rit plus.)
LA
CARTOMANCIENNE
Tous
les sept ans elle exagère
LE
MARI
(Se
précipitent sur la cartomancienne, qui
se dérobe.)
En
attendant je vais vous livrer au commissaire
Assassine
THERESE
(se
débarrassant de ses oripeaux de
cartomancienne)
Mon
cher mari ne me reconnais-tu pas
LE
MARI
Thérèse
ou bien Tirésias
(Le
gendarme ressuscite )
THERESE
Tirésias
se trouve officiellement
A la têté de l'Armée à la Chambre
À
l'Hôtel de Ville Mais sois tranquille
Je ramène dans une voiture de déménagement
Le piano le violon l'assiette au beurre
Ainsi que trois dames influentes
dont
je suis devenu l'amant
LE
GENDARME
Merci
d'avoir pensé à moi
LE
MARI
Mon
général mon député, je me trompe Thérèse
Te voilà plate comme une punaise
THERESE
Qu'importe
viens cueillir la fraise
Avec la fleur du bananier
Chassons à la Zanzibaraise
Les éléphants et viens régner
Sur le grand cœur de ta Thérèse
LE
MARI
Thérèse
THERESE
Qu'importe
le trône ou la tombe
Il faut s'aimer ou je succombe
Avant que ce rideau ne tombe
LE
MARI
Chère
Thérèse il ne faut plus
Que tu sois plate comme une punaise
(Il prend dans la maison un bouquet
de ballons
et un panier de balles)
En
voici tout un stock
THERESE
Nous
nous en sommes passés l'un et l'autre
Continuons
LE
MARI
C'est
vrai né compliquons pas les choses
Allons plutôt tremper la soupe
THERESE
(Elle
lâche les ballons et lance
les balles
aux spectateurs)
Envolez-vous
oiseaux de ma faiblesse
Allez nourrir tous les enfants
De la repopulation
TOUS
(Le
peuple de Zanzibar danse en
secouant
des grelots. Et
puis chantez matin et soir)
Ecoutez,
ô Français, les
leçons de la guerre,
et
fait es
des enfants,
vous qui n'en
faisiez guerre.
Grattez-vous
si ça vous démange
Aimez le blanc ou bien le noir
C'est bien plus drôle quand ça change
Suffit de s'en apercevoir
(Tous
au public, très violemment.)
Cher
Public, faites des enfants
|
PRÓLOGO
Versión
I
(En
Zanzíbar en la actualidad. El telón se levanta
sobre
una cortina de teatro a
la italiana. El director
de la
compañía a un lado de
la cortina avanza hacia
público.
Viste
de traje y, para empezar, se detiene
delante
de la concha del apuntador)
EL
DIRECTOR
Respetable
público, no
se impacienten.
Les
traigo una obra cuyo
objetivo
es
reformar la moral.
Trata
sobre los niños en el seno de la familia,
que es
una cuestión doméstica;
y por eso
es
tratada con un tono familiar.
Los
actores no adoptarán un tono siniestro,
simplemente
apelarán al sentido común;
y
procurarán, sobre todo, divertirlos
a ustedes,
de modo
que, bien
predispuestos,
puedan
aprovechar todas
las enseñanzas
contenidas
en la obra, de modo que,
en
nuestra querida patria,
brillen las miradas de los recién nacidos
más numerosas que el parpadeo de las estrellas.
Escuchen,
¡oh, franceses! la lección de la guerra
y tengan
hijos, ustedes, que no hicieron esa guerra.
(El
director camina febrilmente
por la escena
como
un buhonero
que ofrece su mercadería.)
Versión
II
(Ante
el telón bajado, el director, de traje, con
un
bastón labrado en la mano, sale de la concha
del
apuntador)
Escena
Única
EL
DIRECTOR
Aquí
estoy nuevamente con ustedes.
He
reencontrado mi pujante compañía
y también
encontré un escenario;
pero
descubrí con dolor, que el
teatro,
sin
grandeza ni profesionalidad,
bostezaba en
las largas veladas
de
antes de la guerra.
Era el
arte, calumniador y deletéreo,
que
mostraba al pecado y no al redentor.
Luego, le
llegó el turno a los señores de la guerra,
así fue
como todos los hombres fueron al frente.
Yo
servía en artillería,
y mi
batería fue
enviada al frente norte.
Una tarde
que miraba el cielo vi las estrellas que
palpitaban
como la mirada de los recién nacidos.
Mil
disparos surgidos de la trinchera contraria
hicieron
los cañones enemigos.
Lo
recuerdo como si hubiera sucedido ayer.
Oí
los disparos, pero no los oí caer.
Desde
el puesto de observación artillero
el
corneta llegó a caballo
con
el siguiente mensaje:
el
alcance de
los cañones enemigos es tan inmenso
que
las explosiones no
pueden ser escuchadas.
Mis
artilleros,
atentos
en sus puestos,
anunciaron
que las estrellas
se
oscurecían una a una...
Entonces
fue cuando
todo
el ejército comenzó
a gritar:
¡Han
apagado
las estrellas a cañonazos!
Las
estrellas iban muriendo
en
el cielo otoñal
como
la memoria se apaga
en
el cerebro de las personas ancianas
que
intentan recordar.
Estábamos
allí, viendo morir las estrellas,
sombríos,
angustiados,
y en
nuestra desesperación,
sólo acertábamos a decir:
Incluso han asesinado a las constelaciones.
Sin
embargo,
una potente voz surgió de
un megáfono
en algún puesto de mando.
Era
la voz del capitán desconocido
que
siempre nos socorría...
Y gritó:
¡Es
hora de que las estrellas alumbren de nuevo!
Y
un solo grito surgió de todo el frente francés:
¡Fuego
a discreción!
Los
sirvientes alimentaron sus cañones,
los
tiradores dispararon
y
las sublimes estrellas
de nuevo se iluminaron
una a una.
Nuestros
obuses reavivaron
el
fuego eterno;
los
cañones enemigos quedaron en silencio,
deslumbrados por el centelleo
de las estrellas.
Esta
es la historia de todas las estrellas.
Desde
aquella noche yo
enciendo,
una a una, todas las estrellas
que
en mi interior
se habían
apagado.
De nuevo estoy
aquí de vuelta con ustedes.
¡Queridos actores, no os impacientéis!
Respetable público, no se impacienten..
Les
traigo una obra cuyo
objetivo
es
reformar la moral.
Trata
sobre los niños en el seno de la familia,
que es
una cuestión doméstica;
y por eso
es
tratada con un tono familiar.
Los
actores no adoptarán un tono siniestro,
simplemente
apelarán al sentido común;
y
procurarán, sobre todo, divertirlos
a ustedes,
de modo
que, bien
predispuestos,
puedan
aprovechar todas
las enseñanzas
contenidas
en la obra, de modo que,
en
nuestra querida patria,
brillen las miradas de los recién nacidos
más numerosas que el parpadeo de las estrellas.
Escuchen ¡oh, franceses! la lección de la guerra
y tengan
hijos, ustedes, que no hicieron esa guerra.
Intentamos
insuflar un nuevo espíritu al teatro;
una
alegría, una voluptuosidad, un éxtasis
que
reemplace al pesimismo crónico,
de
más de un siglo de antigüedad,
que
realmente es demasiado tiempo
para
una cosa tan aburrida.
La
ópera ha sido compuesta a
la antigua,
pues hemos construido un teatro
nuevo,
un teatro redondo con dos escenas.
Formando un anillo alrededor
de
los espectadores
que permitirá
el despliegue
de nuestro arte moderno,
que atrapa,
sutilmente, como la vida misma,
los sonidos, gestos, colores, música,
danza,
acrobacia,
poesía, pintura y los múltiples decorados.
Aquí, ustedes
encontrarán tramas que
se suman
a la
acción principal embelleciéndola con
cambios
de tono: de lo patético a lo burlesco.
El uso razonable de lo
inverosímil;
y personajes, que no
han sido extraídos
necesariamente de la humanidad,
sino
del universo entero.
El teatro no debe ser
el arte del traspantojo.
No obstante, el dramaturgo
debe utilizar
todos los
artilugios de que dispone,
como hacía Fata
Morgana
sobre Mongibello.
Es
lícito que haga hablar a los objetos inanimados,
si le place,
y que no tenga
en
cuenta
ni el tiempo ni el espacio.
Su
universo es su drama, dentro del cual
él
es el dios creador que dispone a su gusto
de los
sonidos, gestos,
enfoques,
masas, y colores;
no sólo con la finalidad de lograr
fotografiar
lo que se llama un retazo de vida,
sino
para hacer surgir la vida misma
en toda su
complejidad.
Porque
el drama debe ser un
universo completo
junto a su creador.
Es
decir, la naturaleza misma y no sólo
la
representación de un pequeño retazo de ella,
de lo que nos rodea
y
de lo que otrora acaeció.
Perdonadme,
queridos miembros de mi compañía.
Perdónenme,
querido público,
por
haber hablado tan extensamente, pero hacía
mucho
tiempo que no me
encontraba
con ustedes.
Existe un rescoldo donde
perviven las
humeantes estrellas
que
os piden alzarse
hasta
que
las mismísimas llamas sublimes
ardan también.
Querido público, bien sé que no se extinguirá
la antorcha
de
este nuevo fuego.
ACTO
I
(En una plaza de Zanzíbar, abierta al
mar, por la mañana. Un
megáfono en
primer plano. A
un lado de la plaza,
la entrada al jardín de una casa; un
quiosco de periódicos con mucha
mercancía
a la vista y su vendedora, un maniquí de
brazos articulados, está mirándose en un
espejo. Al
fondo, sentados en bancos,
numerosos figurantes que representan
al pueblo de Zanzíbar. Una
mesa, a la
derecha, con los instrumentos que
permitirán realizar el
ruido oportuno
según corresponda: disparo
de
revólver, gaita, bombo, acordeón,
tambor, trueno, campanas, castañuelas,
trompeta
de juguete, platos rotos.
Todos estos ruidos y sonidos deben
ser ejecutados por los zanzibareños
que así mismo gritarán todas las
frases señaladas como salidas del
megáfono)
Escena Primera
(Zanzibareños, Teresa)
TERESA
(Cara
azul, vestido largo y azul con
figuras de monos y frutas. Apenas
se levanta el telón, entra y
procura
dominar el sonido de la orquesta)
No,
señor marido mío,
no
me harás hacer lo que tú quieras.
(Sibilante)
Soy
feminista
y
no reconozco la autoridad del hombre.
(Sibilante)
De ahora en adelante, actuaré a mi manera.
Aquí
hace tiempo que los hombres
hacen
lo que les place.
Yo también puedo ir a luchar
contra
los enemigos.
¡Quiero
ser soldado! ¡Un, dos! ¡Un, dos!
¡Quiero
ir a la guerra...
(se
oye tronar)
... y
no
tener más hijos!
No,
señor marido mío,
tú
no me mandarás más.
(Hace
tres reverencias al público
y
grita por el megáfono)
No
porque me hayas cortejado
en
Connecticut,
debo
ser tu cocinera en Zanzíbar.
VOZ
DE MARIDO
(con
acento belga)
Dame
tocino, ya te dije me des carne de cerdo.
(ruido
de vajilla rota)
TERESA
(Arroja
su escoba tras los
decorados
y se dirige al público.)
Ya lo
han oído... ¡sólo piensa en el amor!
(sufre
un ataque de nervios)
Pero,
el muy imbécil, ni siquiera sospecha...
(estornuda)
... que
después de ser soldado quiero ser artista...
(estornuda)
... y también quiero
ser...
(estornuda)
... diputado, abogado,
senador...
(dos
estornudos)
... ministro
del interior...
(estornuda)
... y
también médico, físico o psiquiatra.
Quiero ser reconocida en Europa y América.
Hacer
niños y cocinar, no lo es todo.
(parlotea)
Quiero
ser matemática, filósofa,
química,
camarera, telegrafista...
Y
quiero, si ello me place, entretener
a
esa vieja bailarina que tiene tanto talento.
(Estornuda.
Esboza
un paso de baile
después del cual
imita
el sonido del tren)
VOZ
DE MARIDO
(con
acento belga)
Dame tocino. Te
lo repito: dame tocino.
TERESA
¿Lo ven? ¡Sólo piensa en hacer el amor!
(canturreando)
¡Cómele
los pies a la Santa Menehould!
(suena
el bombo)
Pe parece que mi barba está empezando
a
crecer,
mi pecho se desprende...
(Dando
un fuerte grito se entreabre la blusa
y deja salir sus
pechos, uno rojo y otro azul,
que
vuelan como
globos, pero se detienen al
estar
sujetos por hilos)
¡Volved, queridos pajarillos!
¡Qué
bonitos son los encantos femeninos!
Son
pequeños, pero duros...
¡Como
para comérselos!
(Tira
de los hilos de los globos y
los hace bailar)
Pero
no tiene sentido
meternos
con la aeronáutica.
Siempre
hay alguna ventaja
en
la práctica de las virtudes;
después
de todo, el vicio es algo peligroso.
Por
eso es mejor sacrificar la belleza,
pues puede
traer la ocasión de pecar.
Vamos
a deshacernos de nuestros pechos.
(Con
su encendedor quema y hace explotar
los globos, luego, dando un palmo de narices,
da la espalda a
los espectadores y
les arroja
su corpiño)
Pero
¿qué es esto?
No
sólo me crece la barba...
¡también el bigote!
(Acaricia
su barba y se retuerce el
bigote que ha crecido súbitamente)
¡Diablos!
Me parezco
a un campo de trigo
a
la espera de la cosechadora.
(De nuevo al megáfono)
Me
siento tan viril como el diablo.
Soy
un semental
de
la cabeza a los pies,
soy como un toro.
(sin
megáfono)
Ahora
soy un torero.
Pero
no expongamos
mi
futuro a la luz de día.
Que
el héroe oculte sus armas
y
tú, marido, menos viril que yo,
puedes patalear todo lo que quieras.
(Mientras
que declama, se mira
en el espejo
del quiosco de
prensa)
Escena
Segunda
(Los
zanzibareños, Teresa y el marido)
EL
MARIDO
(Entra
con un gran ramo de flores y, al ver
que ella ni lo mira, lo tira al patio de butacas. A
partir de aquí el marido pierde su
acento belga)
¡Ya te he dicho que me gusta el tocino!
TERESA
Cómele
los pies a la “Sainte-Menehould”.
EL
MARIDO
(Mientras
él habla, Teresa aumenta el
tono de su parloteo. Se
acerca a ella como
para abofetearla,
pero
estalla de risa)
¡Ah,
pero tú no eres Teresa, mi mujer!
(Tras
una pausa, habla por el megáfono)
¿Qué
espantapájaros se ha puesto sus ropas?
(Sigue
buscando a Teresa. En
el megáfono)
Sin
dudas un asesino que la ha matado.
(sin
megáfono)
Teresa
mi pequeña, Teresa, ¿dónde estás?
(Se lleva
las manos a la cabeza, luego,
más calmado, las lleva a sus caderas)
En
cuanto a ti, vil personaje disfrazado de Teresa,
te mataré.
(arremete
pero ella lo detiene con un gesto)
TERESA
Tienes
razón, no soy tu esposa.
EL
MARIDO
Explícate.
TERESA
Sin
embargo, soy yo, Teresa.
EL
MARIDO
Explícate.
TERESA
Y
es que Teresa ya no es una mujer...
EL
MARIDO
¡Esto
es el colmo!
TERESA
Como
ves, me he convertido en un esbelto muchacho.
EL
MARIDO
Detalle
que yo ignoraba...
TERESA
Ahora
me llamo como un hombre: Tiresias.
EL
MARIDO
(con
las manos juntas)
Que te vaya bien...
(ella
sale)
Escena
Tercera
(Los
zanzibareños y el marido)
VOZ
DE TIRESIAS
(Fuera
de escena)
Me
mudo.
EL
MARIDO
Que te vaya bien.
(Ella
lanza por la ventana sucesivamente
un
bacín, un lavabo y un orinal.)
EL
MARIDO
(recoge
el bacín)
El
piano.
(recoge
el orinal)
El
violín.
(recoge
el lavabo)
La
situación se pone difícil...
Escena
Cuarta
(Los
anteriores, Tiresias, Lacouf y Presto.
Tiresias,
vestida de mujer, regresa una cuerda
y
objetos
varios. Se precipita sobre su
marido
y
lo inmoviliza con la cuerda. A continuación
se
desnuda e
intercambia sus ropas con las
de
él. Una vez vestida de
hombre, se corta
el cabello y se pone un sombrero de copa.
Presto y Lacouf
armados
con pistolas de
cartón surgen del fondo
de
la escena y se
adelantan en el escenario,
produciéndose
el primer
disparo
de revólver)
PRESTO
Mi
viejo amigo Lacouf, he perdido todo
lo
que tengo en Zanzíbar, contigo.
LACOUF
Señor
Presto, yo no he ganado nada.
Pero debo decirle que lo de Zanzíbar no
es correcto,
usted
se encuentra en París.
PRESTO
En
Zanzíbar.
LACOUF
En
París.
PRESTO
¡Esto
es el colmo!
Después
de diez años de amistad
y
todos lo que he debido callar
para protegerlo a usted...
LACOUF
(alejándose,
pero amistosamente)
¡Tantas
cosas le he pedido que acepte!...
Pero
ahora está en París.
PRESTO
¡En
Zanzíbar! Y la prueba es que lo he perdido todo.
LACOUF
¡Señor
Presto, debemos batirnos!
PRESTO
¡Si, no
queda otro camino!
(Con
gravedad, van al fondo de la
escena y
se enfrentan cara a cara)
LACOUF
Armas iguales...
PRESTO
Disparos
a discreción...
LACOUF, PRESTO
Los disparos son
una cosa normal...
(Apuntan
sus armas. Los zanzibareños hacen
dos disparos de revolver
y ambos caen )
TIRESIAS
(Sobresaltándose ante el ruido
y
exclama)
¡Oh,
querida libertad, finalmente te he conquistado!
Corro a comprar un periódico
para
averiguar lo que acaba de ocurrir.
(Compra un periódico y lo
lee. Mientras
tanto,
los
zanzibareños colocan
un cartel a cada lado
del
escenario)
CARTEL
PARA PRESTO
Al
igual que en
Zanzíbar, el
señor Presto ha
perdido también su
apuesta pues estamos en París.
CARTEL
PARA LACOUF
El señor Lacouf no ha ganado nada, pues la escena
ocurre en Zanzíbar mientras que el Sena
pasa por París.
(Nada
más los zanzibareños regresan
a sus puestos, Presto y Lacouf se
recuperan, pero los
zanzibareños
disparan
de nuevo y los duelistas
caen.
Tiresias,
sorprendida, toma el megáfono)
TIRESIAS
Y ahora,
para mí el universo,
para
mí las mujeres, para mi la admiración...
¡Voy
a ser concejal!
Pero...
oigo un ruido.
Lo mejor
será que me marche.
(Sale
parloteando, mientras el marido, aún
maniatado, imita el sonido de
una locomotora)
Escena
Quinta
(Los zanzibareños, el
marido y el policía)
EL POLICÍA
(Mientras
que los zanzibareños tocan
el acordeón, el policía
montado en
un ridículo caballo que caracolea, saca
un muerto de la escena de
manera que sólo sus pies permanecen
visibles; cruza la escena y hace lo
mismo con el otro muerto, recorre nuevamente
el escenario y ve al marido vestido
de mujer y atado a la parte anterior del
escenario)
Aquí
huelo a crimen...
EL
MARIDO
¡Ah, por fin un
agente
de la autoridad zanzibareña!
Lo
llamaré.
¡Eh, señor! Si no le importa,
¿me
haría el favor de buscar
mi
licencia de servicio militar
en
el bolsillo izquierdo?
EL
POLICÍA
(hablando
por el megáfono)
¡Una
muchacha hermosa!
(sin
megáfono)
Dime, hermosa niña,
¿quién
te ha tratado tan mal?
EL
MARIDO
(para sí)
Me
toma por una señorita...
(al policía)
Si
lo que usted busca es casarse,
empiece
por desatarme.
(El policía se lleva la mano al
corazón)
EL
POLICÍA
(Lo
desata, haciéndole cosquillas. El marido
se
ríe y el policía exclama:)
¡Qué
muchacha tan hermosa!
Escena
Sexta
(Los anteriores, Presto y Lacouf. Cuando
el policía comienza a desatar al marido,
Presto
y Lacouf se levantan y vuelve a
donde
estuvieron caídos antes)
PRESTO
Estoy
cansando de estar muerto.
Dicen
que hay personas a quienes les resulta
más
honorable estar muertos que vivos.
LACOUF
Se
ve que usted no estuvo en Zanzíbar.
PRESTO
Sin
embargo,
ése
es el lugar donde querría vivir,
aunque me disgusta
que nos hayamos batido en duelo.
Y es que decididamente
miramos la muerte
con mirada demasiado complaciente.
LACOUF
¿Qué
quiere usted? Tenemos una opinión
demasiado
buena de la humanidad,
y también del restos de las cosas: sillas de montar,
joyeros
con perlas y diamantes.
PRESTO
Hemos
visto las cosas más extraordinarias.
LACOUF
Abreviemos, señor Presto,
las
apuestas no nos favorecen,
pero ya ve usted
que está en París.
PRESTO
En
Zanzíbar.
LACOUF
¡En guardia!
PRESTO
¡Fuego!
(Los zanzibareños disparan el revólver y
ambos
caen. El
policía termina de desatar al marido)
EL
POLICÍA
¡Queda
usted detenido!
(Presto
y Lacouf huyen por el lado opuesto al
que habían venido. Acordeón)
Escena Séptima
(Los zanzibareños, el policía
y
el marido vestido de mujer)
EL
POLICÍA
Esos aprendices de
duelista
no
me impedirán decir
que es usted tan agradable
al tacto
como
una pelota de goma.
EL
MARIDO
(estornuda)
¡Aaaatchis!
EL POLICÍA
Un resfriado exquisito...
EL
MARIDO
¡Aaaaatchis!
(Redoble
de tambor. El
marido se levanta la falda)
EL POLICÍA
¿Mujer
fácil?
¿Y a mí que me importa
si
se trata de una muchacha hermosa?
EL
MARIDO
(para sí)
En
verdad que él tiene razón.
Dado
que mi esposa es un hombre,
es
justo que yo sea una mujer.
(al
polícia, púdicamente)
Soy
una mujer-hombre honesta.
Mi
esposa es un hombre-mujer.
Ella
es soldado, telegrafista, ministro, médico...
Pero como ha hecho explosión,
es sobre
todo médico.
EL POLICÍA
Madre con un
buen busto...
EL
MARIDO
Ha
estallado y por eso es ahora sobre todo médico.
EL POLICÍA
Es como una madre
cisne.
¡Ah, cómo cantan antes de
morir!
Escuche.
Composición triste
EL
MARIDO
Se
trata del arte de curar a los hombres,
la música le
sentará tan bien
como
cualquier otra panacea.
EL POLICÍA
Es
bueno que no se queje.
EL
MARIDO
Me
niego a continuar la conversación.
(al
megáfono)
¿Dónde
está mi esposa?
VOZ
DE MUJERES
(entre
bastidores)
¡Viva
Tiresias!
¡No
más niños, no más niños!
(Sonido
de trueno y bombo. El
marido hace una
mueca a los espectadores
y pone en su oído una
trompetilla mientras que el policía saca una pipa
y
se la ofrece. Suenan
campanas)
EL POLICÍA
¡Eh, fuma en
pipa, pastora,
mientras yo toco la gaita!
EL
MARIDO
(acepta
la pipa)
Y
sin embargo, la panadera
cada
siete años cambia la piel.
EL POLICÍA
¡Cada
siete años! Ella exagera...
(Los zanzibareños cuelgan
un
cartel con el estribillo)
CARTEL CON EL ESTRIBILLO
¡Eh, fuma en
pipa, pastora,
mientras yo toco la gaita!
Y
sin embargo, la panadera
cada
siete años cambia la piel.
¡Cada
siete años! Ella exagera...
EL
POLICÍA
Señorita
o señora,
estoy
enamorado de usted
y
quiero ser su marido.
EL
MARIDO
¡Aaatchis!
¡Pero
no ves
que soy un
hombre!
EL
POLICÍA
A
pesar de eso
yo podría casarme
por poderes.
EL
MARIDO
¡Tonterías!
Sería
mejor hacer niños...
EL
POLICÍA
¡Ah,
sí, por ejemplo!
VOCES
MASCULINAS
(Fuera
de escena)
¡Viva
Tiresias!
¡Larga
vida al general Tiresias!
¡Viva
el diputado Tiresias!
(El
acordeón toca una
marcha militar )
VOCES
DE MUJERES
(Fuera
de escena)
¡No
más niños, no más niños!
Escena Octava
(Los anteriores. El
quiosco, donde aún se agitan
los brazos de la
vendedora
de periódicos, se mueve
lentamente
hacia
el otro extremo de la escena)
EL
MARIDO
(al policía)
Representante de la autoridad, por todos conocido,
escuche lo que le voy a decir con total claridad:
creo
que la zanzíbareña
pretende reivindicar sus derechos políticos
y ése es el motivo de su renuncia al amor prolífico.
¿Conoce su grito?
“¡No
más hijos, no más hijos!"
Para
poblar Zanzíbar, son suficientes
los
elefantes, monos, serpientes,
mosquitos
y avestruces;
y,
la mujer estéril, cual zángano de colmena,
que por lo menos
hace cera y
miel,
no es más que una castrada ociosa.
Y
yo le digo a usted, señor agente:
(La
vendedora de periódicos aparece en
la
ventana del quiosco y escucha apasionadamente)
(al
megáfono)
Zanzíbar
necesita niños.
Haced sonar la alarma,
gritad por plazas y calles:
¡Hay que hacer niños en Zanzíbar!
(sin
megáfono)
Las
mujeres ya no los tienen, peor para ellas,
el hombre deberá
tenerlos ¿Por qué no?
Se le digo claramente:
¡seré yo quien los haga, sí, yo!
EL
POLICÍA, LA QUIOSQUERA
¿Usted?
LA QUIOSQUERA
(con
el megáfono que le da el
marido )
Ella
ha dicho una bobada
digna
de ser escuchada en todo Zanzíbar.
(Se
sube a la concha del apuntador
y
habla por el megáfono a la audiencia.
El
marido entra en el bazar)
Ustedes
que lloran al ver esta ópera,
¡rueguen
por los niños supervivientes!
(Sin
el megáfono)
¡Vean
el imponderable entusiasmo
nacido
del cambio de sexo!
(pone
el megáfono junto al
pie quiosco)
EL
MARIDO
(al policía)
Vuelva
esta noche y verá como la naturaleza
me
dará descendencia sin una mujer.
EL POLICÍA
Vendré
esta noche para ver como,
sin una mujer,
la naturaleza le da descendencia.
No
me haga esperar demasiado,
vendré
esta noche, le tomo a la palabra.
LA
QUIOSQUERA
Qué
ignorantes son
los
policías de Zanzíbar.
La
comedia musical
posee para ellos el mismo encanto
que repoblar Zanzíbar.
Escena Novena
(Los anteriores y Presto)
PRESTO
(halagando
al marido)
¿Cómo
haces para nombrarlos a todos?
Son
más numerosos que nosotros
y
sin embargo no son hombres.
EL POLICÍA
Volveré
esta noche para ver como,
sin una mujer, la naturaleza
le
da a usted descendencia
EL
MARIDO
Regrese esta noche para ver
como
la naturaleza
me
dará, sin una mujer, descendencia.
TODOS
(A
coro. Bailan
por parejas: el marido y el policía,
Presto y la quiosquera.
A veces cambian de
compañero
de baile. Los zanzibareños bailan
solos
al
son del acordeón)
¡Eh!
Fuma en pipa, pastora,
que
yo tocaré la gaita.
La panadera
cada
siete años
cambia la piel
Cada
siete años se renueva.
ENTRE
ACTO
(Tras
una breve pausa, la orquesta comienza a
tocar
mientras se prepara la escena siguiente.
Todo
lo que sigue sucede a telón bajado. Una
pareja
entra bailando
tomados de las manos,
como para bailar
una
gavota. Otra
pareja entra
y baila.
A continuación lo
hacen cuatro
parejas,
todas
de
la misma manera. Cuando dejan de bailar,
se alinean en dos filas,
frente
al público y cantan)
EL
CORO
Ustedes
que lloran viendo esta obra,
saluden
a los niños recién nacidos.
Vean
como el incontrolable ardor
nace del cambio de
sexo.
(Los
bailarines se miran expectantes pues
un
sonido extraño sale del foso
de
la orquesta.)
EL
RECIÉN NACIDO
(El
coro se acerca a foso de
la orquesta.)
¡Papá!
EL
CORO
(El
coro, asombrado, se
asoma
al foso de la orquesta.)
¡Ah!
EL
RECIÉN NACIDO
¡Papá!
(Gritando)
¡Papá!
EL
CORO
(se
yergue maravillado)
¡Ah!
(Triunfalmente)
Ustedes
que lloran viendo la obra,
saluden
a los niños recién nacidos.
ACTO
II
(En
el mismo lugar y día, al atardecer. El mismo
decorado
pero ahora con numerosas cunas con
recién nacidos.
Sólo una
cuna está vacía, con una
enorme botella
de
tinta, un bote de cola de pegar
gigante, un
porta
plumas desproporcionado y un
par de
tijeras de buen tamaño)
Escena Primera
(Los zanzibareños y el marido)
EL
MARIDO
(Sosteniendo
un niño en cada brazo. Gritos
y
lloros continuos de
niños por la escena, detrás
del escenario y entre el público. Sólo se indica
cuándo
y dónde deben ser gritados)
¡Ah, qué locura las alegrías de la paternidad!
¡40.049
niños en un solo día!
Mi
felicidad es completa.
¡Silencio!
¡Silencio!
(gritos
de niños al fondo de la escena)
La
felicidad en familia.
Ninguna
mujer
deja
caer a los niños de sus brazos.
¡Silencio!
(Gritos
de niños desde el lada izquierdo
de la sala)
Es
sorprendente la música moderna,
casi
tan impresionante como el paisaje
de
los nuevos pintores que florecen
lejos
de la barbarie.
En
Zanzíbar
no
es necesario ir al ballet ruso,
ni
al teatro Vieux-Colombier.
¡Silencio!
¡Silencio!
(Gritos
desde el costado
derecho de la sala.
Campanas)
Tal
vez sería necesario usar el látigo,
pero
es mejor no precipitar las cosas.
Voy
a comprar algunas bicicletas
y
todos estos virtuosos
se van
a ir a dar conciertos
al
aire libre.
(Poco
a poco, los niños se van callando, él
aplaude)
¡Bravo,
bravo, bravo!
(Pausa durante la cual el marido pone a los
dos niños que
sostiene en
brazos en sus cunas)
Escena Segunda
(Los
anteriores y el periodista parisino)
EL
PERIODISTA
(Su
cara esta oculta, sólo se ve su boca.
Entra bailando
al son del acordeón)
¡Manos
arriba!
Hola, señor
esposo.
Soy corresponsal de un periódico
parisino.
EL
MARIDO
¡Bienvenido de
París!
EL
PERIODISTA
(da
la vuelta al escenario bailando)
Un
diario de París,
(usando
el Megáfono)
ciudad americana.
(sin
el megáfono)
¡Hurra!
(se
oye un disparo de revólver, el periodista
despliega una bandera de Estados Unidos)
Me han dicho que usted ha encontrado
la
mejor forma humana
de
hacer bebés.
(el
periodista pliega la bandera
y se hace con
ella un cinturón)
EL
MARIDO
Eso
es cierto.
EL
PERIODISTA
¿Y
cómo lo ha logrado?
EL
MARIDO
A fuerza de voluntad,
señor, eso lo ha permitido.
EL
PERIODISTA
¿Son
negros o como todo el mundo?
EL
MARIDO
Todo
depende del cristal con que se mire.
(suenan
castañuelas)
EL
PERIODISTA
Usted, sin
duda, es rico.
(hace un
giro bailando)
EL
MARIDO
¡En
absoluto!
EL
PERIODISTA
¿Y cómo
los va a criar?
EL
MARIDO
Después
de ser alimentados con biberón,
espero
que ellos me alimenten a mí.
EL
PERIODISTA
En
pocas palabras,
usted es como una hija-padre
¿No será su
instinto paternal que se materializa?
EL
MARIDO
No,
estimado señor periodista,
los
niños son la riqueza de los hogares,
mucho
más que el dinero y todas las herencias.
(El
periodista toma nota)
Vea
a este pequeño que duermen en su cuna
(El
niño grita. El periodista
se le acerca son cuidado)
Su
nombre es Arthur y ya ganó un
millón
como acaparador de leche cuajada.
EL
PERIODISTA
Muy
espabilado para su edad
EL
MARIDO
Ése otro niño que grita se llama José, es novelista.
(el
periodista observa a José)
De
su última novela
se
vendieron 600.000 ejemplares.
Permítame
que se la muestre...
(desciende
un gran libro
en cuya
portada se
puede
leer)
"¡QUÉ
SUERTE!
NOVELA"
EL
MARIDO
Póngase
cómodo para leerla con tranquilidad
(El
periodista se acomoda; el marido
pasa las
páginas en las que se
lee una
palabra por hoja)
"UNA
SEÑORA LLAMADA CAMBRÓN"
EL
PERIODISTA
(Se
levanta y con el megáfono)
Una
señora llamada Cambrón
(Ríe
con el megáfono usando
cuatro
vocales
a, e, i, o )
EL
MARIDO
¿No habrá una forma más
elegante de
expresarse?
EL
PERIODISTA
(Sin
megáfono)
¡Ja!
¡ja! ¡ja! ¡ja!
EL
MARIDO
Sí, hay
una cierta precocidad...
EL
PERIODISTA
¡Eh!
¡eh!
EL
MARIDO
... que no se encuentra en
cualquier esquina.
EL
PERIODISTA
¡Vaya,
vaya!
EL
MARIDO
Finalmente,
la novela me reportó
alrededor
de 200.000 francos,
más
un premio literario,
consistente en
20 cajas de dinamita.
EL
PERIODISTA
(Se
retira andando hacia atrás)
¡Adiós!
EL
MARIDO
No
se preocupe por las cajas,
están
en mi caja fuerte del banco.
EL
PERIODISTA
Muy
bien
¿Usted no tiene hijas?
EL
MARIDO
Sí, creo
que con seguridad las tengo.
(la
niña grita. El periodista va a verla)
La Reina
de las Patatas
Recibe
una renta de 100.000 dólares.
Ella es...
(la
niña llora)
la
mejor artista de Zanzíbar.
(el
periodista se asoma a la cuna)
Recita hermosos
versos en las tardes tristes;
sus
pasión interior hace que sus ingresos aporten
más que lo que un poeta
ganaría
en cincuenta mil años.
EL
PERIODISTA
Lo
felicito querido.
Pero...
¡tiene polvo sobre el guardapolvo!
(El
marido sonríe como para agradecer
la
observación , y le pone amigablemente
la
mano sobre el hombro)
Dado
que usted es tan rico, présteme cien francos.
EL
MARIDO
Devuélvame
lo que tomó.
(Todos
los niños gritan. El marido
expulsa al
periodista dándole una
patada.
Éste
sale bailando)
Escena Tercera
(Los zanzibareños y el marido)
EL
MARIDO
¡Oh, sí, es tan simple como un periscopio!
Cuantos
más niños tengo
más
rico soy y mejor me alimento.
(pausa)
Decimos
que los bacalaos producen suficientes
huevos
en un día como para que,
una vez nacidos,
alimenten al mundo durante
todo un año.
No
es sorprendente tener
una
familia numerosa.
¿Dónde
están esos tontos economistas
que
nos hicieron creer que los niños
producían
pobreza,
cuando
es todo lo contrario?
Nunca
se ha oído hablar
de
bacalaos muertos en la miseria.
Así
es que yo, voy a seguir haciendo niños.
Hagamos
primero un periodista
y de
esa manera lo sabré todo,
y
lo que no sepa me lo inventaré.
(Comienza a romper periódicos;
el
trabajo del actor aquí debe ser
muy
rápido.)
Deberá
dominar todas las especialidades
y
poder escribir para todos los grupos sociales.
(pone
los periódicos rotos en
una cuna vacía)
¡Qué buen
periodista será,
hará
reportajes y editoriales y etcétera!
(Toma
el frasco de tinta
y
lo pone en la cuna.)
Se
necesita una muestra de tinta en su sangre.
Y también una columna vertebral...
(Pone
un enorme cortaplumas en
la cuna)
Y un cerebro para no pensar...
(derrama
el bote de cola en la cuna)
Y una
lengua que babee...
(coloca
las enormes tijeras en la cuna)
Debe,
sin embargo, conocer la canción...
¡Cantemos!
(Truena. El hijo,
ya de 18 años, se levanta
de la
cuna con una varilla en su mano)
Escena Cuarta
(Los
anteriores y el hijo. El
marido repite:
"¡Uno, dos!" Hasta el final del
monólogo
del hijo. Esta
escena ocurre muy rápidamente)
EL
HIJO
(de
pie, sobre la cuna)
Querido
papá, si después de todo
quieres
saber lo que los malnacidos hacen,
tienes
que darme un poco de dinero en efectivo.
Si
me das quinientos francos,
no diré ni
una
palabra acerca de tus negocios;
de
lo contrario, lo contaré todo.
Te soy
sincero, así
podré comprometer
al padre,
hermanas y hermanos.
(Baila,
agitando su barita.)
Voy
a publicar que tú te casaste con una mujer
que
estaba triplemente embarazada.
Te
lo prometo.
Voy
a decir que has robado, asesinado,
y
prostituido a tus bebés.
EL
MARIDO
¡Bravo,
he aquí a un maestro del chantaje!
(el
hijo sale de la cuna)
EL
HIJO
Mis
queridos parientes
reducidos a un solo hombre.
Si quieren saber lo que pasó
a noche,
aquí
está el titular:
¡Un gran incendio destruyó las
cataratas del Niágara!
EL
MARIDO
No me importa.
EL
HIJO
El
gran arquitecto Alcindor,
enmascarado
como soldado de infantería,
estuvo
tocando el corno hasta la medianoche
para
una audiencia de asesinos.
Y
estoy seguro de que aún está tocando.
EL
MARIDO
Mientras
que no se encuentre en esta sala...
EL
HIJO
Además,
la princesa de Bérgamo,
mañana
se va a casar con una señora
que
conoció en el metro.
(sonido
de castañuelas)
EL
MARIDO
¡Qué
me importa de esa gente que no conozco!
Yo
quiero información
acerca
de mis amigos.
EL
HIJO
(meciendo
una cuna)
Se ha sabido, por medio de Montrouge,
que
Picasso
hizo
una cuadro
que
se mueve como esta cuna.
EL
MARIDO
¡Larga
vida a los pinceles
del
amigo Picasso!
¡Ah, hijo,
hasta
la próxima,
ahora
ya sé lo suficiente sobre el día de ayer!
EL
HIJO
Me
marcho para imaginar el día de mañana.
EL
MARIDO
¡Buen
viaje!
(el
hijo sale)
Escena Quinta
(Los zanzibareños y el marido)
EL
MARIDO
Éste
no ha resultado un hijo bien hecho...
Voy
a desheredarlo.
Nada
de bocas inútiles. Hay que economizar.
(Aparecen unos telegramas-pancarta)
OTTAWA
ESTABLECIMIENTO
INCENDIADO J. C. B.
Stop
20.000
POEMAS EN PROSA CONSUMIDOS
Stop
EL PRESIDENTE ENVÍA CONDOLENCIAS
ROMA
H.
NR. Sr. T. SS. DIRECTOR DE VILLA MEDICIS
CONCLUYE
RETRATO SS
AVIÑÓN
GRAN
ARTISTA G. RG. S BRAQUE
ACABA
DE INVENTAR UN PROCESO PARA
EL
CULTIVO INTENSIVO DE PINCELES
VANCOUVER
RETRASO
EN LA TRANSMISIÓN
PERROS
DE MONSIEUR LÉAUT...
EL
MARIDO
¡Basta,
basta!
Por
esa idea fija de confiar en la prensa
¿voy
a ser molestado
todo
el santo día?
¡Esto
debe terminar!
(habla
por el megáfono)
¡Hola,
hola, señorita!
Ya
no soy un abonado telefónico,
me
he dado de baja.
(Sin
megáfono)
Cambio
de programa. No más bocas inútiles.
Economía,
economía.
Primero
que nada voy a hacer un niño sastre,
y
así podré ir bien vestido a pasear.
Como no estoy nada mal,
agradaré
a muchas personas hermosas.
(Se
arregla la corbata frente
al espejo del bar y
cuando
se dispone marcharse por la derecha,
se
topa con el policía que lo agarra por
el hombro)
Escena Sexta
(El
marido y el policía)
EL POLICÍA
Parece
que ha hecho varios buenos ejemplares.
Ha
mantenido su palabra
de
hacer 40.050 niños en un día.
¡Bien que ha sacudido el florero!
EL
MARIDO
¡Soy
rico!
EL POLICÍA
Pero
la población de Zanzíbar
debe alimentar a todas esas nuevas bocas,
¡está a punto de morir de inanición!
EL
MARIDO
Denle naipes
para
reemplazar la comida.
EL POLICÍA
¿Y dónde los encontraremos?
EL
MARIDO
En casa de la echadora de cartas.
EL POLICÍA
¿La
clarividente?
EL POLICÍA
¡Por
Dios, lo que es la previsión!
Escena Séptima
(Los anteriores y la adivina)
LA
ADIVINA
(llega
desde el fondo de la sala. Su
cabeza
está iluminada eléctricamente)
Castos
ciudadanos de Zanzíbar, aquí estoy.
EL
MARIDO
De
nuevo con alguien...
Estaba
totalmente solo.
LA
ADIVINA
Pensé
que no se iba a incomodar
por
saber la buena suerte.
EL POLICÍA
Usted
no ignora, señora,
que
está ejerciendo una actividad ilegal.
Es
increíble lo que la gente
hace
para no trabajar.
EL
MARIDO
(al
policía)
¡No quiero escándalos en mi casa!
LA
ADIVINA
(a
un espectador)
Usted,
señor, muy pronto
dará a luz tres gemelos.
EL
MARIDO
¡He ahí la competencia!
UNA
DAMA
(dama
del público)
Señora adivina,
yo
creo que él me es infiel.
(ruido
de platos rotos)
LA
ADIVINA
Consérvelo
en una olla noruega.
(sube
al escenario, los niños
gritan, suena un acordeón)
Tome, una incubadora artificial.
EL
MARIDO
¿Será
peluquero y me cortará el pelo?
LA
ADIVINA
Las
damas de Nueva York
no recogen
las ciruelas,
sólo comen
jamón de York
y por
eso son tan hermosas.
EL
MARIDO
A
fe mía que las damas de París
son
mucho más bellas que las otras.
Si a los gatos les gustan las sonrisas,
señoras,
nosotros amamos las suyas.
LA
ADIVINA
Es
decir, sus sonrisas de gatas.
TODOS
(a
coro, bailando)
Cantemos pues día y noche:
Si te pica, ráscate.
Ama
lo blanco y lo negro.
El amor es más divertido cuando cambia.
Es
suficiente con sólo verlo
Es
suficiente con sólo verlo
LA
ADIVINA
Castos
ciudadanos de Zanzíbar,
que
ya no hacéis niños.
Sabed
que
la fortuna y la gloria,
los
bosques de plátanos
y las
manadas de elefantes,
pertenecerán
legalmente,
en
un futuro,
a
los que hayan
tenido niños.
(Todos
los niños se ponen a gritar en escena
y en la sala. La adivina toma las
cartas que
caen del techo.
Cuando los niños se callan,
la
adivina se dirige al marido)
Señor, puesto que usted que es tan fértil...
EL
MARIDO Y EL POLICÍA
¡Fértil,
fértil!
LA
ADIVINA
(al
marido)
... se convertirá en multimillonario.
(El marido cae al suelo)
LA
ADIVINA
(al policía)
Y usted,
que no tiene hijos,
morirá en la más horrible de las miserias.
EL POLICÍA
¿Me está insultando?
¡En
el nombre de Zanzíbar, queda arrestada!
LA
ADIVINA
¿Arrestar
a una mujer? ¡Qué
vergüenza!
(Ella lucha y estrangula al policía.
El
marido le ofrece una pipa)
EL
MARIDO
(ofreciendo
una pipa al policía, ríe)
¡Eh, fuma la pipa, pastora
que
yo tocaré la gaita!
Y,
sin embargo, la panadera
cada
siete años cambia de piel.
(deja
de reír)
LA
ADIVINA
¿Cada
siete años? ¡Exagera!
EL
MARIDO
(Se
lanza sobre la adivina que
lo elude)
Te voy a entregar al Jefe de Policía,
¡asesina!
TERESA
(se
despoja de todos sus atuendos de
adivina)
Mi
querido esposo, ¿no me reconoces?
EL
MARIDO
¡Teresa
o Tirésias!
(El
policía resucita)
TERESA
Tirésias,
oficialmente se encuentra
a la cabeza
del Ejército Popular de la Ciudad.
Pero no te preocupes,
que
te devolveré en un camión de mudanzas
el
piano, el violín, el plato de la mantequilla,
así
como tres damas influyentes
de
las que me hice su amante.
EL
POLICÍA
Gracias
por haber pensado en mí.
EL
MARIDO
Mi
General, señor diputado, me equivoco... Teresa.
Estás más plana que una tachuela.
TERESA
¡Y
qué
importa!
Ven a recoger la fresa
con
la flor de tu plátano.
Cacemos elefantes
al
modo de Zanzíbar.
¡Ven,
ven y gobierna
sobre
el gran corazón de tu Teresa!
EL
MARIDO
¡Teresa!
TERESA
¡Qué
importa el trono o la tumba!
Necesito amar o sucumbiré
antes
de que caiga el telón.
EL
MARIDO
Querida
Teresa, ya no es necesario
que seas
más plana que una tachuela.
(trae
de la casa un montón de
globos y
una cesta de pelotas)
¡He
aquí todo un stock!
TERESA
Permaneceremos siempre juntos,
el
uno en el otro.
EL
MARIDO
Vamos,
deja ya de complicar las cosas,
en
vez de eso calentemos la sopa.
TERESA
(desatando
su corpiño lanza sus
pechos a
los espectadores)
¡Volad aves de mi debilidad!
¡Id a alimentar a todos los niños
producto
de la repoblación!
TODOS
(Los zanzibareños bailan
mientras suenan
las campanas)
Escuchen,
¡oh, franceses! la lección de la guerra
y tengan
hijos, ustedes,
que no hicieron esa guerra.
Y
si te pica, ráscate.
Ama
lo blanco y lo negro.
El amor es más divertido cuando cambia.
Es
suficiente con sólo verlo
(Todos
al público, muy violentamente.)
Querido público, hagan niños.
Digitalizado
y traducido por:
José
Luis Roviaro 2016
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