LOS HUGONOTES
Personajes
RAÚL |
Caballero hugonote |
Tenor |
La acción se desarrolla en
París, durante el año 1572.
| ACTE
I (Le théâtre représente une salle du château du comte de Nevers. Au fond, de grandes croisées ouvertes laissent voir des jardins et une pelouse, sur laquelle plusieurs seigneurs jouent au ballon; à droite, une porte qui donne dans les appartements intérieurs; à gauche, une croisée fermée par un rideau et qui est censée donner sur un oratoire; sur le devant du théâtre, d'autres seigneurs jouent aux dés, au bilboquet, etc. Nevers, Tavannes, Cossé, de Retz, Thoré, Méru et d'autres seigneurs catholiques les regardent et parlent entre eux) NEVERS Des beaux jours de la jeunesse, dans la plus riante ivresse, hâtons-nous, le temps nous presse, hâtons-nous de jouir... ...oui, hâtons-nous de jouir! SEIGNEURS Hâtons-nous, hâtons-nous de jouir! NEVERS, SEIGNEURS, Des beaux jours de la jeunesse, etc. SEIGNEURS, COSSE, TAVANNES Aux jeux, à la folie consacrons notre vie, et qu'ici tout s'oublie excepté le plaisir! SEIGNEURS, CHOEUR Aux jeux, à la folie, etc. Tout, oublions tout... NEVERS ...tout, oublions tout, excepté le plaisir,... SEIGNEURS ...excepté le plaisir! NEVERS, SEIGNEURS, CHOEUR Des beaux jours de la jeunesse, etc. Que tout s'oublie, tout excepté le plaisir, amis, et qu'ici tout s'oublie, tout, excepté le plaisir! TAVANNES De ces lieux enchanteurs châtelain respectable, pourquoi, cher Nevers, pourquoi ne pas nous mettre à table? SEIGNEURS, CHOEUR Pourquoi ne pas nous mettre à table? Pourquoi? Pourquoi? NEVERS Nous attendons encore un convive. TOUS Et lequel? NEVERS Un jeune gentilhomme, un nouveau camarade, qui dans nos lansquenets vient d'obtenir un grade par le crédit de l'amiral! TOUS O ciel! COSSE C'est donc un huguenot? TOUS C'est donc un huguenot? NEVERS Eh! oui; mais je vous prie de le traiter en frère, en ami; notre roi nous en donne l'exemple et nous en fait la loi, avec les protestants il se réconcilie; Coligny, Médicis ont juré devant Dieu une éternelle paix... TAVANNES Qui durera bien peu. TOUS Bien peu! NEVERS Que nous importe à nous! TAVANNES (Observe a Raoul) Mais de ce côté, regardez, mes amis. NEVERS C'est celui que j'attends, c'est Raoul de Nangis. THORE Quelle sombre pensée... MERU ... ou quel ennui l'accable? TAVANNES Des dogmes de Calvin effet inévitable! DE RETZ Je veux m'en amuser. NEVERS Et moi le convertir! TAVANNES Tu veux le convertir? NEVERS Au culte des vrais dieux: l'amour et le plaisir SEIGNEURS L'amour et le plaisir! RAOUL Sous ce beau ciel de la Touraine, parmi ce que la cour offre de plus brillant, pour moi, simple soldat, soldat que l'on connaît à peine, ah! quel honneur d'être admis! NEVERS Il n'est pas mal, vraiment! RAOUL Quel honneur... NEVERS Et nous le formerons! RAOUL ... d'être admis... SEIGNEURS Il n'est pas mal vraiment et nous le formerons! Mais vraiment, il est bien, il est bien! NEVERS A table! SEIGNEURS A table, Allons! SEIGNEURS, CHOEUR Bonheur de la table, bonheur véritable, plaisir seul durable, qui ne trompe pas! Buveur intrépide, que Bacchus me guide, que Bacchus lui seul préside, que lui seul préside à ce gai repas! NEVERS De la Touraine CHOEUR Versez les vins! TAVANNES Le vin amène CHOEUR Joyeux refrains! TAVANNES, COSSE Et dans l'ivresse CHOEUR Noyons soudain TAVANNES, COSSE et la sagesse CHOEUR et le chagrin! SEIGNEURS, CHOEUR Bonheur de la table, etc. et la sagesse et le chagrin! NEVERS Versez de nouveaux vins! versez avec largesse, Allons, Raoul, buvons à nos maîtresses! Rien qu'à votre air et tendre et langoureux, je gage que déjà vous êtes amoureux! RAOUL Qui? moi? NEVERS C'est permis à notre âge! Mais sous ses chastes lois demain l'hymen m'engage: Je l'ai promis, je renonce à l'amour; et depuis ce moment je ne saurais suffire aux nombreux désespoirs des dames de la cour. TAVANNES Dis-nous cela! Chacun dans un récit fidèle suivra ton exemple. NEVERS Oui, faisons tous cet essai; c'est au nouveau venu de commencer. SEIGNEURS C'est vrai! RAOUL Je le puis volontiers sans compromettre celle dont mon coeur est épris. NEVERS Et d'abord quelle est-elle? RAOUL Je n'en sais rien! NEVERS Son nom? RAOUL Je l'ignore! NEVERS Vraiment! Or écoutons, messieurs, le récit est piquant. RAOUL Non loin des vieilles tours et des remparts d'Amboise, seul j'égarais mes pas, quand j'aperçois soudain une riche litière au détour du chemin; d'étudiants nombreux la troupe discourtoise l'entourait, et leurs cris, leur air audacieux me laissaient deviner leur projet; je m'élance... Tout fuit à mon aspect. Timide, je m'avance... Ah! quel spectacle enchanteur vint s'offrir à mes yeux! Plus blanche que la blanche hermine, plus pure qu'un jour de printemps, un ange, une vierge divine, de sa vue éblouit mes sens. Vierge immortelle! Qu'elle était belle! Et malgré moi devant elle m'inclinant, je disais, je lui disais: Bel ange, reine des amours, beauté du ciel, je t'aimerai toujours, toujours, toujours, toujours, je veux t'aimer, je veux t'aimer toujours! CHOEUR (Marcel arrive) Vraiment, sa candeur est charmante! Hélas, il tremble devant deux beaux yeux! RAOUL En m'écoutant, un doux sourire trahit le trouble de son coeur, et dans ses yeux j'ai su lire le présage de mon bonheur. Amant fidèle, flamme nouvelle me brûle encor, hélas, loin d'elle me brûle encor, et je me dis Bel ange, reine des amours... TAVANNES (Marcel arrives) Quelle étrange figure ici vois-je apparaître? RAOUL C'est un vieux serviteur, messieurs, qui jadis m'a vu naître. MARCEL (Approchant Raoul) Sir Raoul? (à Raoul) Ciel! à table avec eux! Ah! mon maître, Dieu nous dit: "De l'impie évite le festin!" MERU (En riant) C'est un saint d'Israël! MARCEL Dans le camp philistin! NEVERS, SEIGNEURS Que dit-il? RAOUL Ah! pardon! Entre un glaive et la Bible mon aïeul l'éleva, ne jurant que Luther, dans l'horreur de l'amour, du pape et de l'enfer. MARCEL C'est cela! RAOUL Mais fidèle, héroïque et sensible, diamant brut incrusté dans du fer! (à Marcel) Viens, sers-nous et tais-toi! Tais-toi, s'il est possible! MARCEL J'obéis. (à part) Mais comment le sauver de leurs bras? NEVERS, MERU Amis, buvons à nos maîtresses! RAOUL, COSSE, TAVANNES Au seul objet de ma tendresse! MARCEL (à part) Ah! viens, divin Luther, pour le sauver du mal! Ah! viens mêler ta voix tonnante à leur chant infernal! Seigneur, rempart et seul soutien du faible qui t'adore! NEVERS (à Raoul) Tiens! Bois! RAOUL Non! MARCEL Jamais dans ses maux, un chrétien... MERU (à Raoul) Qu'est-ce donc? RAOUL De Luther c'est le chant protecteur, que nous chantons toujours au moment du danger. MARCEL ...vainement ne t'implore!... L'éternel tentateur pour notre malheur s'arme aujourd'hui, Seigneur, de ruse et de fureur; viens nous sauver encore, Seigneur, ah!, viens, Seigneur! COSSE Eh! mais... plus je le vois, et plus il me rappelle un soldat qui jadis aux murs de La Rochelle... MARCEL Vous me reconnaissez? COSSE Oui, vrai Dieu, je le crois! Cette large blessure... MARCEL Elle venait de moi! RAOUL O ciel! Marcel! COSSE C'était de bonne guerre! Et pour te le prouver, vide avec moi ce verre! MARCEL Merci, je ne bois pas! COSSE (en rient) Avec un fils d'enfer? RAOUL Grâce! Excusez-le! NEVERS Alors, s'il ne boit pas, qu'il chante! RAOUL Mais, messieurs... SEIGNEURS Il le faut! qu'il chante! MARCEL Volontiers. Un vieil air huguenot contre les gens du pape et le sexe damnable; vous le connaissez bien: c'est notre air de combat, celui de La Rochelle. RAOUL Marcel! MARCEL C'était alors qu'au bruit des tambours, des cymbales, accompagné du pif, paf, pouf des balles, je chantais: Pif, paf, pif, paf! Pour les couvents, c'est fini! Les moines à terre, guerre à tout cagot béni! Papistes, la guerre! Livrons à la flamme, au fer leurs temples d'enfer, livrons leurs temples d'enfer! Terrassons-les, cernons-les, frappons-les, perçons-les! Pif, paf, pif, cernons-les! Pif, paf, pif, frappons-les! Pif, paf, pif, paf! Qu'ils pleurent, qu'ils meurent; mais grâce jamais, non, non, non, jamais! SEIGNEURS Ah! ah!, ah! ah! Admirez sa douceur! Grâce, grâce pour nos alarmes! TAVANNES Grâce! COSSE Merci! MARCEL Jamais mon bras ne trembla aux plaintes des femmes! Malheur à ces Dalila qui perdent les âmes! Brisons au tranchant du fer leurs charmes d'enfer! Brisons leurs charmes d'enfer! Ces beaux démons, chassez-les, traquez-les, frappez-les! Pif, paf, pouf, chassez-les! Pif, paf, pouf, traquez-les! Pif, paf, pif, paf! Qu'ils pleurent, qu'ils meurent, mais grâce, jamais, non, non, non, jamais! UN VALET Au maître de ces lieux, au comte de Nevers, on demande à parler. NEVERS Fût-ce le roi lui-même, je n'y suis pas! Je ris du Dieu de l'univers lorsqu'à table je bois! MARCEL Ah! l'impie! il blasphème! UN VALET Mais c'est une jeune beauté! NEVERS Une femme, dis-tu? Vraiment on ne peut croire à quel point chaque jour je suis persécuté! UN VALET Elle est là dans votre oratoire. NEVERS Qu'elle attende! THORE, COSSE Non pas! en galant chevalier et pour te remplacer, j'y cours! MERU, DE RETZ J'y cours! TAVANNES, COSSE J'y cours! MERU, DE RETZ J'y cours! NEVERS Très volontiers. Un instant cependant... (à le valet) Léonard, qui est-ce? La marquise d'Entrague ou la jeune comtesse? UN VALET Oh! non monsieur NEVERS C'est donc madame de Raincy? UN VALET Non, monsieur, et jamais je ne l'ai vue ici. NEVERS Une conquête nouvelle! Vrai Dieu! c'est différent! et je cours auprès d'elle, au moins par curiosité! Daignez, messieurs, m'excuser, je vous prie; et, fidèles à la gaieté, continuez sans moi cette joyeuse orgie, que l'amour a troublée, et si j'en puis juger, que l'amitié bientôt reviendra partager! (Nevers sort) TAVANNES L'aventure est singulière! DE RETZ Son destin est des plus beaux! TOUS L'aventure est singulière; tout lui cède, et, sûr de plaire, son destin est des plus beaux, vraiment, est des plus beaux! Du silence! Il faut nous taire! Mais de ce galant mystère que ne suis-je le héros! TAVANNES Que ne suis-je le héros! THORE Que ne suis-je le héros! TOUS L'aventure est singulière... DE RETZ Mais quelle est donc cette belle? COSSE Ne peut-on l'apercevoir? MÉRU Ne peut-on sapprocher delle? COSSE Ne peut-on lapercevoir? TAVANNES Jen sais un moyen, peut-être, te qui noffre aucun danger. (regardant la fenêtre) Vous voyez cette fenêtre que ferme un rideau léger: par là sur son oratorie on a vue. DE RETZ Ah! parle donc! TAVANNES Du projet je suis lauteur, et jen dois avoir la glorie! (Il va a la fenêtre) DE RETZ Ah! parle donc! TAVANNES Je laperçois COSSE Est-elle bien? TAVANNES Elle est charmante. DE RETZ (a la fenêtre) C'est à mon tour. COSSE (approchant) Ah! je la vois! THORE Attraits divins! MERU Taille élégante! TAVANNES La connais-tu? MERU Non pas. COSSE Et toi? DE RETZ Ni moi! TAVANNES Et toi? COSSE Ni moi. SEIGNEURS Ni toi? Ni moi! Mais que de charmes, de jeunesse! Et que notre Nevers est heureux d'avoir maîtresse aussi jolie, une telle maîtresse! Qu'il est heureux! MERU (à Raoul) Eh quoi! vous seul n'êtes pas curieux! Craignez-vous donc qu'un tel aspect ne blesse d'un chaste huguenot le coeur religieux? RAOUL Vous nous jugez trop bien, et la preuve... (regardant pour la fenêtre) Grand Dieu! SEIGNEURS Qu'a-t-il donc? RAOUL Cette femme si jeune et si belle, que mon bras a sauvée et dont je leur parlais! C'est elle! SEIGNEURS Elle? RAOUL Je la reconnais! MERU C'est elle! TAVANNES C'est elle! TOUS Pauvre amant! Dans son ivresse il croyait à sa sagesse, dont un autre a le secret. RAOUL Le mépris, doit men venger, oui, le mépris doit men venger! SEIGNEURS Pauvre amant! Etc. MARCEL Dieu puissant, que je révère, pourrais-tu sans colère de semblables attentats? Allons! RAOUL Dune injure aussi sanglante la douleur est accablante; cest oser trop moutrager. Allons! MERU Silence! je les entends! SEIGNEURS Allons, partons... partons! NEVERS (pour lui) Il faut rompre l'hymen qui pour moi s'apprêtait! A sa fille d'honneur la reine Marguerite a conseillé cette étrange visite. Et c'est ma fiancée... ici même... en secret, qui vient me supplier de rompre un mariage auquel l'ordre d'un père et l'oblige et l'engage! Chevalier généreux, j'en ai fait le serment; mais de dépit au fond du coeur j'enrage! SEIGNEURS, CHOEUR (à Nevers) Honneur au conquérant dont le pouvoir galant, dont le tendre ascendant soumet toutes les belles! Honneur au conquérant! Honneur! Honneur! Il règne en tous les coeurs, et pour lui, sans rigueurs l'amour n'a que des fleurs et des palmes nouvelles! Honneur au conquérant! Honneur! (Un page arrive) NEVERS En ce château que cherchez-vous, beau page? URBAIN Nobles seigneurs salut! seigneurs salut! Une dame noble et sage dont les rois seraient jaloux m'a chargé de ce message, chevaliers, pour l'un de vous. Sans qu'on la nomme, honneur ici au gentilhomme qu'elle a choisi! Vous pouvez croire que nul seigneur n'eut tant de gloire ni de bonheur! Non, non, non, jamais! Ah! Ne craignez mensonge ou piège, hevaliers, dans mes discours. Or, salut! que Dieu protège vos combats, vos amours! Or, salut, chevaliers! Dieu protège vos amours! NEVERS Trop de mérite aussi quelquefois importune; mais puisque enfin, mes chers amis, on ne peut se soustraire aux coups de la fortune... (à Urbain) Donne donc! URBAIN Seriez-vous sir Raoul de Nangis? NEVERS Que dis-tu? URBAIN C'est à lui que ce billet s'adresse. CHOEUR Ah! Grand Dieu! MARCEL C'est mon maître; il est là, le voici. RAOUL Qui? moi? URBAIN (présentant une lettre) C'est pour vous! RAOUL (pour lui) "Près de la vieille tour rendez-vous, sir Raoul, vers le déclin du jour; et là, les yeux voilés, discret, et sans rien dire, obéissez et laissez-vous conduire. Aurez-vous ce courage?" (haut) Allons, à mes dépens je vois que l'on veut rire. Il en peut coûter cher. Eh bien! soit. J'y consens. (à Nevers) Lisez vous-même. NEVERS Ah! Grand Dieu! MERU O surprise! COSSE Son cachet! TAVANNES Sa devise! SEIGNEURS, CHOEUR Est-il vrai? C'est sa main! Son bonheur est certain. NEVERS (avec une tendresse affectée) Vous savez si je suis un ami, un ami sûr et tendre... MERU S'il fallait vous servir... S'il fallait vous défendre... DE RETZ Oui, de nous, de nos... SEIGNEURS, NEVERS ... bras, vous pouvez tout attendre. S'il fallait vous servir, s'il fallait vous défendre de nos bras vous pouvez tout attendre. Seigneur, vous pouvez tout attendre. Vous savez qu'en tout temps nous serons vos amis. Comptez-y, n'oubliez pas. Vous vous en souviendrez, vous me l'avez promis. A nous vous penserez, vous me l'avez promis. A nous, à votre tour, plus tard vous penserez, vous ne l'oublierez pas! RAOUL Quel changement soudain! Que puis-je donc, grand Dieu? TAVANNES Tout! CHOEUR Tout! MARCEL Tout! URBAIN Tout! URBAIN, SEIGNEURS, NEVERS Les plaisirs, les honneurs les honneurs, la puissance de vos voeux combleront l'espérance. De l'audace! et toujours la puissance est de droit à qui sait la saisir. NEVERS, SEIGNEURS Ah! pour vous quelle gloire nouvelle! La beauté dans ce jour, la beauté vous appelle! URBAIN, NEVERS De l'audace, et toujours la puissance... SEIGNEURS ... de droit est à qui sait la saisir... URBAIN Ah! NEVERS, SEIGNEURS La puissance est de droit à qui sait la saisir, oui, est de droit à qui sait la saisir! RAOUL Les plaisirs... MARCEL De leur ton... LES AUTRES Les plaisirs... RAOUL ... les honneurs... MARCEL ... voyez donc... LES AUTRES ... les honneurs... RAOUL ... combleront... MARCEL ... voyez donc... LES AUTRES ... combleront... RAOUL ... tous mes voeux! MARCEL ... la différence! LES AUTRES ...tous nos voeux! RAOUL En honneur... MARCEL En honneur... LES AUTRES Ah! pour vous... RAOUL ... je n'en puis... MARCEL ... je n'en puis... LES AUTRES ... dans ce jour... RAOUL ... revenir! MARCEL ... revenir! LES AUTRES ... quel bonheur! RAOUL ... en honneur... MARCEL Te Deum laudamus! Samson terrasse les Philistins. SEIGNEURS, CHOEUR, URBAIN Les plaisirs... RAOUL ... je n'en puis revenir! SEIGNEURS ... les honneurs... MARCEL Te Deum laudamus, glorificamus! SEIGNEURS, CHOEUR Oui, santés nouvelles, faveurs éternelles au vainqueur des belles! A Raoul, notre soutien! Allons, parlez vite! L'amour vous invite, l'honneur vous excite... Adieu, tout va bien, adieu, Raoul, notre soutien! ACTE II (Le théâtre représente le château et les jardins de Chenonceaux. Le fleuve serpente jusque sur le milieu du théâtre, disparaissant de temps en temps derrière des touffes d'arbres verts. A droite, un large escalier, par lequel on descend du château dans les jardins. Au lever du rideau, la reine Marguerite est entourée de ses femmes; elle vient d'achever sa toilette. Urbain, son page, à genoux devant elle, tient encore le miroir dans lequel elle vient de se regarder) MARGUERITE O beau pays de la Touraine! Riants jardins, verte fontaine, doux ruisseau qui murmure à peine, que sur tes bords j'aime à rêver. Ah, que sur tes bords j'aime à rêver Ah! à rêver! Belle forêt, sombre rivage, cachez-moi bien sous votre ombrage, et que la foudre ou l'orage jusqu'à moi ne puisse arriver! O beau pays de la Touraine, riants jardins, verte fontaine... Ah! à rêver! Que Luther ou Calvin ensanglantent la terre de leurs débats religieux; des ministres du ciel que la morale austère nous épouvante au nom des cieux! MARGUERITE, URBAIN DAME D'HONNEUR Sombre chimère, humeur sévère n'approchez guère de notre cour! Sous mon (son) servage on ne s'engage qu'à rendre hommage au dieu d'amour. MARGUERITE Oui, je veux chaque jour aux échos d'alentour redire nos refrains d'amour. PAGE, CHOEUR, DEUX DAMES D'HONNEUR, Oui, les échos d'alentour ont tous appris ces doux refrains d'amour. MARGUERITE Ecoutez, écoutez, les échos d'alentour ont appris nos refrains d'amour... Amour, amour! LE PAGE, DEUX DAMES D'HONNEUR Amour... MARGUERITE Oui, déjà la fauvette... LE PAGE, DEUX DAMES D'HONNEUR ... viens... MARGUERITE ... dans les airs le répète... PAGE, DEUX DAMES D'HONNEUR ... viens! MARGUERITE ... et des tendres ramiers les soupirs langoureux se perdent en mourant sur les flots amoureux... PAGE, DEUX DAMES D'HONNEUR Sombre chimère, humeur sévère,... n'approchez guère! CHOEUR Soyez bannie toujours de ce charmant séjour, toujours, toujours! Sous son servage,... Sombre folie ou pruderie soyez bannie! MARGUERITE Ah! TOUTES Sous son (mon) empire on ne respire que pour sourire au dieu d'amour... MARGUERITE ...au dieu de l'amour! A ce mot tout s'anime et renaît la nature, l'oiseau redit ses chants sous l'épaisse verdure; le ruisseau le répète avec un doux murmure; la terre, les ondes, la terre, les cieux redisent nos chants. MARGUERITE, CHOEUR Terre et cieux rediront tous nos chants amoureux, tous nos chants, oui! URBAIN (à part) Que notre reine est belle, hélas! et quel dommage! MARGUERITE Et de quoi te plains-tu? URBAIN De n'être rien qu'un page! Page discret, et fidèle et soumis! MARGUERITE De nos dames pourtant ce n'est pas là l'avis! Qui vient ici? Vois! URBAIN La plus belle de vos demoiselles d'honneur. MARGUERITE Valentine! viens là sans trembler. URBAIN Tout pour elle, déjà la favorite! MARGUERITE Oui, je l'ai vue gémir et les pleurs ont toujours le don de m'attendrir. URBAIN Ah! je ne rirai plus. MARGUERITE Ma fille, allons, courage! Dis-moi le résultat de ton hardi voyage. VALENTINE Le comte de Nevers sur l'honneur a promis de refuser ma main. MARGUERITE Bon! alors tout s'arrange; et bientôt, j'en réponds, un autre hymen... VALENTINE Qu'entends-je? o ciel! MARGUERITE Pauvre enfant, tu rougis! Tu l'aimes donc bien? VALENTINE Non, je ne le dois pas... et mon père? MARGUERITE Calme-toi, je lui parlerai. VALENTINE Oui! mais Raoul? MARGUERITE Et bien ma chère, il va venir. VALENTINE O ciel! jamais je n'oserai... MARGUERITE Vraiment? Vraiment jamais? Alors c'est moi qui le verrai. UNE DAME D'HONNEUR Venez, Madame, sous ces épais ombrages goûter un doux abri contre un soleil brûlant. Le fleuve fortuné qui baigne ces rivages vous offre de ses eaux le rempart transparent. CHOEUR DES BAIGNEUSES (Pendant ce choeur, celles des jeunes filles qui doivent se baigner, s'occupent de leur toilette. Plusieurs qui sont déjà prêtes paraissent en peignoir de gaze, et, avant de se plonger dans l'eau, dansent, jouent, courent les unes après les autres et forment différents groupes: divertissement que la reine contemple en souriant, étendue sur un banc de verdure. D'autres jeunes filles ont disparu derrière les touffes d'arbres du fond, et on les voit un instant après se baigner dans le fleuve. Le Page est caché derrière un arbre) Jeunes beautés, sous ce feuillage qui vous présente un doux ombrage, bravez le jour et la chaleur. Voyez ce fleuve qui murmure, et dans le sein d'une onde pure allez chercher, ah!, chercher le calme et la fraîcheur. Sous ce feuillage, bravez le jour, cherchez le calme et la fraîcheur! MARGUERITE C'est bien, et de vos soins fidèles... (Regardant Urbain) Eh bien? que faites-vous là, maître Urbain, que faites-vous là? URBAIN Qui? moi? j'attendais les ordres de Madame. MARGUERITE Et moi qui l'oubliais! Je le confondais presque avec ces demoiselles. Sortez, sortez, beau page, et sur-le-champ, sortez, sortez! URBAIN Hélas! Quel ennui de sortir dans un pareil moment! Quel ennui! ah!... (Urbain marche) CHOEUR Jeunes beautés, sous ce feuillage... Voyez ce fleuve qui murmure, Voyez ce doux ruisseau et dans le sein d'une onde pure, allez chercher le calme et la fraîcheur. MARGUERITE (à Urbain) Encore! et quelle audace, Urbain! URBAIN Ce n'est pas moi, c'est un chevalier! CHOEUR Un chevalier! un chevalier! URBAIN Ah, point d'effroi! Un voile épais couvre ses yeux. MARGUERITE Qu'il vienne; c'est Raoul! URBAIN Il ignore en quel piège on l'entraîne. MARGUERITE C'est lui, tout soumis à mes voeux. VALENTINE Ah! je vais fuir ces lieux. MARGUERITE Non, restez! je le veux! CHOEUR Le voici! Du silence! En tremblant il s'avance, et peut-être il a peur. C'est charmant! Quel bonheur! Il a peur! Quel bonheur! Il a peur! Sous ce voile léger s'il savait quel danger le menace en ces lieux, il serait trop heureux! Mais la foi du serment contre lui nous défend et gaiement nous soustrait à son oeil indiscret. URBAIN (regardant les dames) Grâce à lui l'on m'oublie, et je puis en ces lieux contempler les dangers qu'on dérobe à mes yeux. MARGUERITE (à les dames) Il faut que je lui parle. Allez, et laissez-nous. URBAIN (à part) Ah! d'un pareil destin qui ne serait jaloux? DAMES Oui, partons en silence, son coeur bat à l'avance, et peut-être il a peur! C'est charmant! Quel bonheur! Il a peur! Partons!... en silence! Sous ce voile léger s'il savait quel danger le menace en ces lieux... il serait trop heureux! Mais la foi du serment contre lui nous défend, et gaiement nous soustrait à son ciel indiscret! URBAIN Ah! MARGUERITE Allez, allez, laissez-nous! DAMES Oui, partons en silence! MARGUERITE Pareille loyauté vaut son prix, chevalier, et de votre serment je veux vous délier. Otez ce voile! RAOUL O ciel, où suis-je? De mes yeux éblouis n'est-ce pas un prestige? Beauté divine, enchanteresse, O vous qui régnez en ces lieux, parlez, de grâce, mortelle ou déesse; Suis-je sur la terre ou dans les cieux? Parlez, parlez! De grâce, répondez! MARGUERITE (Pour elle) Ah! de l'objet de sa tendresse, je conçois le trouble amoureux. Qu'il a de grâce; reine ou princesse en aucun temps n'eût choisi mieux. Non, non, jamais, non, non jamais! (à Raoul) Preux doit vivre pour sa Belle; Dans labsence plus fidèle quil négare pas loin delle lombre même dun soupir! RAOUL (à part) Il me semble que cest elle; lendroit, lheure, tout rapelle la perjure, linfidèle à mon tendre souvenir, lendroit, lheure, etc... Ah! lamour! MARGUERITE Preux doit vivre pour sa Belle, etc. Preux doit vivre pour sa Belle! Quil négare pas loin delle lombre même dun soupir! Preux doit vivre, etc. Ah! lamour! RAOUL D'un humble chevalier acceptez le servage. MARGUERITE De son obéissance il faut encore un gage. RAOUL Ah! je le jure à vos genoux. A vos ordres soumis, parlez, je suis à vous; vos voeux, je les remplirai tous. MARGUERITE Ah! ...Ah!... (à part) Ah! Si j'étais coquette, Dieu! pareille conquête, ah! serait bientôt faite! Mais non, non, non; et je dois alors que sa belle compte sur mon zèle, lui plaire pour elle et non pas pour moi! RAOUL A vous et ma vie et mon âme! A vous mon épée et mon bras! A vous et ma vie et mon âme, mon épée et tout mon sang! Pour l'honneur, pour son Dieu, pour sa dame, trop heureux de braver le trépas! MARGUERITE Que j'aime l'ardeur qui l'enflamme! RAOUL A vous et ma vie et mon âme! MARGUERITE Que j'aime l'ardeur qui l'enflamme! RAOUL A vous tout mon sang! MARGUERITE Mais calmez-vous, car mes seuls voeux sont ici, sont de vous rendre heureux. RAOUL A vous pour jamais, pour jamais! MARGUERITE Ah! si j'étais coquette, Dieu... RAOUL (à part) Oui, cette conquête va par sa défaite punir la coquette qui trahit sa foi. Oui! (à Marguerite) Une ardeur nouvelle m'enflamme à jamais pour elle et mon coeur fidèle vivra sous sa loi, oui, sous sa loi! URBAIN Madame! MARGUERITE Allons, toujours le page! URBAIN Les seigneurs du pays viennent pour rendre hommage à Votre Majesté! RAOUL Ciel! MARGUERITE C'est la vérité! Vous promettez de m'obéir? Eh bien! je veux former pour vous un illustre lien; de ma mère et du roi les desseins politiques veulent aux protestants unir les catholiques. Et je sers leurs efforts en vous donnant ici une riche héritière, aimable, et seule fille du comte de Saint-Bris, votre ancien ennemi, qui veut bien, oubliant ses haines de famille s'unir à vous. RAOUL Qui? Lui? Comptez donc sur ma foi! MARGUERITE Bien! à ce prix je vous attache à ma personne. RAOUL C'est trop de bontés! URBAIN Oui, trop bonne, je le vois, pour tout le monde, hormis pour moi. (Les dames et seigneurs arrivent) MARGUERITE Oui, d'un heureux hymen préparé par mes soins, j'ai désiré, messieurs, que vous fussiez témoins. CHOEUR Honneur à la plus belle, honneur! Hâtons-nous d'accourir. C'est voler au plaisir. MARCEL (à Raoul) Ah! qu'est-ce que j'apprends? Vous avez recherché la main d'une Madianite? RAOUL Tais-toi! MARCEL Sa maison est celle du péché. RAOUL Tais-toi! MARGUERITE (à Saint-Bris et Nevers) Mon frère, Charles IX, qui connaît votre zèle, tous les deux à Paris, dès ce soir vous rappelle, pour un vaste projet que j'ignore. NEVERS, SAINT-BRIS A sa loi nous nous soumettons. MARGUERITE Oui! mais, d'abord, à la mienne. Grâce à cet hymen, abjurant toute haine, prononcez donc tous trois, comme au pied de l'autel, d'une éternelle paix prononcez le serment solennel. (à les Catholiques et Protestantes) Et vous aussi, messieurs, qu'un seul voeu vous enchaîne! RAOUL, SAINT-BRIS, NEVERS Par l'honneur, par le nom que portaient mes ancêtres... SEIGNEURS, CHOEUR ... nous jurons! RAOUL, SAINT-BRIS, NEVERS Par le roi, par ce fer à mon bras confié... SEIGNEURS, CHOEUR ... nous jurons! RAOUL, SAINT-BRIS, NEVERS Par le Dieu qui connaît, qui punit tous les traîtres... SEIGNEURS, CHOEUR ... nous jurons! RAOUL, SAINT-BRIS, NEVERS Devant vous, nous jurons éternelle amitié. MARCEL (à part) Par Luther, par la foi que je tiens de mes maîtres, Ah! jurons, par la croix, par ce fer à mon bras confié, Ah! jurons, guerre à mort, Rome, à toi, tes soldats et tes prêtres oui jurons! Et jamais entre nous amitié, ni pitié! TOUS, sauf MARCEL Par l'honneur et le nom que portaient mes ancêtres, par le Dieu qui punit tous les traîtres, nous jurons devant vous éternelle amitié, devant vous nous jurons éternelle amitié! MARCEL (à part) Par Luther, par le Dieu que je sers, par la croix, par ce fer à mon bras confié, Ah! jurons, et jamais entre nous amitié ni pitié, non, jamais amitié ni pitié. RAOUL, SAINT-BRIS, NEVERS Providence, mère tendre, sur la terre fais descendre la concorde pour nous rendre tous des frères, tous amis... oui, tous des frères, tous amis! MARCEL (à part) Providence, mère tendre, sur mon maître, fais descendre ta lumière pour le rendre à ses frères, à tes fils! Juste ciel! juste ciel! fais descendre la lumière pour le rendre à tes fils! MARGUERITE Que le ciel daigne entendre et bénir à jamais ces serments... Ah! daigne entendre, bénis ces serments! UNE DAME Ciel, daigne entendre, bénis ces serments! RAOUL, NEVERS Nous le jurons, oui, devant vous jurons amitié! SAINT-BRIS Ah! nous jurons devant vous amitié pour toujours, oui, oui, nous jurons à jamais amitié! MARCEL (à part) Guerre, guerre à mort et jamais amitié ni pitié, Oui, oui, nous jurons à jamais guerre à mort! DAMES Dieu, bénissez ... ces serments! SEIGNEURS, CHOEUR Nous le jurons... ah! nous jurons! MARGUERITE (à Raoul) Et maintenant, je dois offrir à votre vue votre charmante prétendue, qui rendra vos serments faciles à tenir! (Saint-Bris et Valentine arrivent) RAOUL Ah! grand Dieu! qu'ai-je vu? MARGUERITE Qu'avez-vous? RAOUL Quoi! c'est elle! elle! que m'offraient en ce jour... MARGUERITE Et l'hymen et l'amour. RAOUL Trahison! perfidie! Moi son époux? ...jamais, jamais! TOUS Ciel! RAOUL Trahison, perfidie! A ce point l'on m'outrage! NEVERS, SAINT-BRIS Ah! je tremble et frémis et de honte et de rage! MARGUERITE, LES AUTRES O transport! ô démence! et d'où vient cet outrage? MARGUERITE, VALENTINE URBAIN, DAMES A briser de tels noeuds quel délire l'engage? D'un penchant inconnu le pouvoir séducteur viendrait-il tout-à-coup s'emparer de son coeur? RAOUL Je repousse à jamais un honteux mariage Plus d'hymen, je l'ai dit, et fidèle à l'honneur, je me ris désormais de leurs cris de fureur. SAINT-BRIS, NEVERS C'est à moi d'immoler l'ennemi qui m'outrage; c'est son sang qu'il me faut, pour calmer ma fureur, pour punir cet affront, oui, pour venger mon honneur. MARCEL Oui, mon coeur applaudit, cher Raoul, ton courage! Chevalier et chrétien, écoutant seul l'honneur, il se rit désormais de leurs cris de fureur, il se rit de leurs cris de fureur! DAMES Et pourquoi rompre ainsi le serment qui l'engage? Cet affront veut du sang; dans ce jour sa fureur, doit punir ce cruel et venger son honneur! MESSIEURS Et pourquoi rompre ainsi le serment qui l'engage? Cet affront veut du sang; dans ce jour sa fureur, doit punir l'offenseur et venger son honneur! VALENTINE Et comment ai-je donc mérité tant d'outrage? Dans mon coeur éperdu s'est glacé mon courage! RAOUL O douleur! triste sort! A ce point l'on m'outrage! NEVERS, SAINT-BRIS Frémissant et tremblant, plein de honte et de rage... c'est son sang qu'il me faut pour calmer ma fureur... MARCEL Oui, mon coeur applaudit au courage de Raoul... CHOEUR Cet affront veut du sang... MARGUERITE, URBAIN VALENTINE, DAMES D'un penchant inconnu le pouvoir séducteur... RAOUL Plus d'hymen, je l'ai dit! MARCEL Seigneur, rempart et seul soutien... MARGUERITE Un semblable refus... RAOUL ... n'est que trop légitime! MARCEL ... du faible qui t'adore! MARGUERITE Dites-m'en la raison. RAOUL Je ne le puis sans crime. Mais cet hymen ... jamais... Ah! MARGUERITE O transport! ô démence! Et pourquoi cet outrage? A briser de tels noeuds quel délire l'engage! RAOUL Oh douleur! triste sort! A ce point l'on m'outrage! SAINT-BRIS Frémissant et tremblant et de honte et de rage... NEVERS, SAINT-BRIS (à Raoul) ... sortons! qu'il tombe sous nos coups! CHOEUR Cet affront veut du sang! RAOUL D'un tel honneur mon coeur est plus jaloux! MARGUERITE Arrêtez! Devant moi quelle insulte nouvelle! Vous, Raoul, votre épée! (à Nevers et Saint-Bris) Et vous, oubliez-vous qu'à l'instant près de lui votre roi vous rappelle? RAOUL Je les suivrai. MARGUERITE Non pas! près de moi dans ces lieux, vous restez! SAINT-BRIS Le lâche est trop heureux que cette main royale ait un tel privilège! MARGUERITE Téméraire! RAOUL (à Nevers et Saint-Bris) C'est vous qu'elle protège en désarmant mon bras... SAINT-BRIS C'est en vain qu'on prétend enchaîner mon courage. RAOUL ... et bientôt je serai près de vous! MARGUERITE Téméraire! Tous les deux redoutez ma colère! VALENTINE Mais comment ai-je donc mérité cet affront? NEVERS, SAINT-BRIS Je saurai retrouver l'ennemi, l'offenseur! MARCEL Oui mon coeur applaudit Raoul de son noble courage! CHOEUR C'est en vain qu'on prétend enchaîner son courage! O démence! Il saura retrouver l'ennemi qui l'outrage! D'où vient cet outrage? MARGUERITE, URBAIN VALENTINE, DAMES O transport! ô démence! et pourquoi cet outrage? A briser de tels noeuds quel délire l'engage? Qui l'engage? RAOUL, NEVERS C'est en vain qu'on prétend enchaîner mon courage; je saurai retrouver l'ennemi qui m'outrage. SAINT-BRIS O démence! d'où vient cet outrage? TOUS Ah! partons, éloignons-nous! MARGUERITE, URBAIN VALENTINE, DAMES O triste sort! d'un penchant... RAOUL, NEVERS SAINT-BRIS, MARCEL Allons, partons, éloignons-nous! C'est en vain qu'on prétend enchaîner son (mon) courage! CHOEUR Rien ne pourra sauver Raoul! Partons, partons! allons, partons, éloignons-nous! Il saura retrouver l'ennemi qui l'outrage! RAOUL Oui, plus tard je saurai, par ma seule valeur, repousser son offense et venger mon honneur! NEVERS, SAINT-BRIS Ah! partons! C'est à moi dans ma juste fureur, à punir un perfide et venger son (mon) honneur! MARCEL Ah! viens, partons! Il saura dans sa juste fureur retrouver un perfide et venger son honneur! CHOEUR Cet affront veut du sang; et sa juste fureur doit punir un perfide et venger son honneur! MARGUERITE, VALENTINE URBAIN, DAMES Hélas! hélas!... MARCEL Tu nous défends encor... Mon Dieu... MARGUERITE, LES AUTRES Allez, partez, éloignez-vous! MARGUERITE, URBAIN, DAMES O transport! ô démence! et d'où vient cet outrage? VALENTINE Et comment ai-je donc mérité cet outrage? LES AUTRES C'est en vain qu'on voudrait enchaîner son courage! MARGUERITE, URBAIN A briser de tels noeuds... VALENTINE Dans mon coeur éperdu s'est glacé mon courage! Il faut perdre à la fois son amour et l'honneur. Et pour moi désormais plus d'espoir, plus de bonheur! ACTE III (Le théâtre représente le Pré-aux-Clercs, qui s'étend jusqu'aux bords de la Seine. A gauche, sur le premier plan, un cabaret où sont assis des étudiants catholiques et des jeunes filles; à droite, un autre cabaret devant lequel des soldats huguenots boivent et jouent aux dés. Sur le second plan, à gauche, l'entrée d'une chapelle. Au milieu, un arbre immense qui ombrage la prairie. Au lever du rideau, des clercs de la Basoche et des grisettes sont assis sur des chaises et causent entre eux. D'autres se promènent. Ouvriers, marchands, musiciens ambulants, moines, bourgeois et bourgeoises. l1 est six heures du soir, au mois d'août) CHOEUR DES PROMENEURS C'est le jour du dimanche, c'est le jour du repos; dans une gaieté franche oublions nos travaux! C'est le jour du dimanche... Tra la la la la la... SOLDATS HUGUENOTS Rataplan, rataplan plan plan BOIS-ROSE, SOLDATS Prenant son sabre de batailles, qui fait crouler forts et murailles... il a dit: Soldats de la foi suivez-moi! suivez-moi! Je suis votre vieux capitaine, rataplan, à la victoire je vous mène, rataplan, ou je vous mène en paradis, mes amis! SOLDATS Rataplan, rataplan... Vive la guerre! Buvons, amis, à notre père, à Coligny! Vive la guerre Vive Coligny! Vive Coligny! (Nevers, Saint-Bris, Valentine, jeunes filles et dames catholiques marchent vers la chapelle) JEUNES FILLES ET DAMES CATHOLIQUES Vierge Marie, soyez bénie Votre voix prie. Ave! pour les pécheurs, Ave! Reine de grâce, pour vous s'efface jusqu'à la trace de nos douleurs. Ah! MARCEL Le seigneur de Saint-Bris? D'HOMMES CATHOLIQUES (faible) Tu ne peux lui parler. MARCEL Pourquoi donc? HOMMES CATHOLIQUES Incline ton front! MARCEL Et pourquoi le ferais-je? Dieu n'est pas là, je pense. (Marcel sort) HOMMES CATHOLIQUES Impie! BOIS-ROSE Il a raison! BOIS-ROSE, SOLDATS Rataplan, rataplan... FEMMES CATHOLIQUES Vierge Marie, soyez bénie! Votre voix prie pour le pécheur. BOIS-ROSE, SOLDATS Vive la guerre! Buvons, amis, à notre père, à Coligny! D'HOMMES CATHOLIQUES Profanes! Impies! dont les âmes sont endurcies! CHOEUR Oh! profanes, impies qu'on devrait brûler en plein air, en attendant les feux d'enfer. SOLDATS Rataplan, rataplan... (Des bohémiens arrivent) DEUX BOHEMIENNES Venez, venez, venez, vous qui voulez savoir d'avance si le destin vous sourira, payez, payez, et ma science à juste prix vous le dira. De la Bohème enfants joyeux, le ciel lui-même s'ouvre à nos yeux! Beautés coquettes, seigneurs galantsjeunes fillettes jeunes amants. Tra la la la... ETUDIANTS, SOLDATS Gentilles Bohémiennes, venez danser avec nous, oui gentilles Bohémiennes, venez danser avec nous. Ballet (Nevers, Saint-Bris et Maurevert sorts de la chapelle) NEVERS (à Saint-Bris) Pour remplir un voeu solennel, jusqu'à ce soir au pied du saint autel, Valentine demande à rester en prière! J'obéis! et suivi de mes nombreux amis, je reviendrai chercher l'épouse qui m'est chère pour la conduire en pompe à mon logis. SAINT-BRIS Ainsi par cet illustre et noble mariage des refus de Raoul je puis braver l'outrage, mais non pas l'oublier, et s'il s'offre à mes coups... MARCEL Au seigneur de Saint-Bris que cela soit remis, a dit mon maître; et moi qui... SAINT-BRIS Donne! Raoul! Raoul! Il revient donc enfin! MARCEL Avec la Reine! Tous les trois nous venons de quitter la Touraine nous entrons dans Paris. SAINT-BRIS Et j'en rends grâce au ciel! Il m'ose défier, il m'envoie un cartel. MARCEL Grand Dieu! Quel mot viens-je d'entendre? SAINT-BRIS Aujourd'hui même, au Pré-aux-Clercs, quand les ombres du soirrendent ces lieux déserts il viendra! MAUREVERT C'est ici tantôt qu'il doit se rendre. SAINT-BRIS Un Dieu vengeur l'amène! Il n'en sortira pas! Nous l'attendrons! (avec voix faible, à Mauvert) Cachons ce cartel à mon gendre, un jour d'hymen il ne doit pas courir la chance des combats. MAUREVERT Ni vous non plus! Pour frapper un impie, il est d'autres moyens que le ciel justifie! SAINT-BRIS Et lesquels? MAUREVERT Dieu le veut! Venez, et devant lui vous saurez les projets que l'on forme aujourd'hui. UN ARCHER Rentrez, habitants de Paris. Tenez-vous clos en vos logis; que tout bruit meure, quittez ce lieu car voici l'heure du couvre-feu. CHOEUR Rentrons, habitants de Paris, tenons-nous clos en nos logis; que tout bruit meure, quittons ce lieu car voici l'heure du couvre-feu. (Tout est désert) MAUREVERT (Sortant de la chapelle avec Saint-Bris) C'est convenu! Tu m'as compris? Dans une heure, en ces lieux. Comptez sur nos amis! (Ils quittent) VALENTINE (Sortant de la chapelle) Ô terreur! Je tressaille au seul bruit de mes pas! Mes sens égarés ne mabusent-ils pas? Derrière ce pilier, cachée à tous les yeux, je viens d'entendre, hélas ce complot odieux! Ses jours sont menacés! Ah! je dois l'y soustraire! Non pas pour lui, mon Dieu, mais pour l'honneur d'un père. Mais comment prévenir Raoul? (Marcel retourne) MARCEL Je l'attendrai! Je serai du combat et s'il meurt, je mourrai! Dans la nuit où seul je veille, ah! quel bruit frappe mon oreille? La prudence me conseille; ah! guettons de loin sans bouger! VALENTINE Ah! grand Dieu, vois ma détresse! C'est l'endroit et l'heure presse! Mais comment, par quelle adresse du danger le prévenir? MARCEL Qui va là? VALENTINE O bonheur! c'est la voix du bon Marcel! Chut! Marcel! MARCEL A cette heure, à cette place, Quoi! mon nom? Qui va là? VALENTINE Viens ici! MARCEL Halte-là! Le mot d'ordre! ou qu'on meure! VALENTINE Raoul! MARCEL Raoul? Bien cela! Avancez! - Une Femme! Et voilée! VALENTINE As-tu peur? MARCEL Qui? Moi? moi, peur? moi? Non, non, non, tu le sais, je suis Marcel, le vieux glaive d'Israël, la terreur de vos Babel! VALENTINE Ecoute-moi! Raoul en ces lieux doit se rendre. MARCEL C'est vrai VALENTINE Pour un duel. MARCEL C'est vrai... contre un damné, pour venger son honneur. Dieu saura le défendre. VALENTINE Qu'il vienne au combat que bien accompagné. Ah! l'ingrat d'une offense mortelle a blessé mon coeur tendre et fidèle. Et pourtant son image cruelle vit encor dans mon coeur égaré. Je veux donc lui sauver cette vie, comme un jour il sauva son amie! MARCEL Je courrai l'avertir, le sauver le défendre! Insensé, j'oubliais qu'il n'est plus au logis! En partant dans ces lieux il m'a dit de l'attendre. Où le joindre à présent? Et comment lui donner cet avis? VALENTINE Puis, s'il faut l'oublier, je mourrai! MARCEL Si pendant mon absence, contre lui tout à coup, cette bande s'élance, par le fer meurtrier assailli, sans défense, appelant son Marcel, c'en est fait... il mourra! Ah! restons, oui restons! Mais, à moi seul que pourra tout mon zèle? Ah! Mourir sur son corps, en serviteur fidèle! VALENTINE Ah! s'il faut l'oublier, je mourrai! Oui, l'ingrat a blessé mon coeur tendre, et pourtant son image vit dans mon coeur! MARCEL Dieu puissant, vois mes pleurs, mon angoisse mortelle, prends pitié d'un vieillard qui t'adore, Dieu puissant, prends pitié! Vois mon angoisse! Pitié! pitié! VALENTINE Tu m'as comprise; adieu! MARCEL Non! quelle es-tu? J'attends. VALENTINE Je suis... MARCEL Qui? VALENTINE Je suis ... une femme, ô Marcel, qui l'adore et qui mourra mais en sauvant ses jours! MARCEL Se peut-il? Vraiment? VALENTINE Ah! tu ne peux éprouver ni comprendre ces tourments que nul mot ne sait rendre, ces combats où la foi, l'amour tendre, le devoir, tour à tour sont vainqueurs! Pour sauver une tête si chère, je trahis et l'honneur et mon père! Mais j'implore un pardon, et j'espère en ce Dieu qui connaît tous les coeurs! MARCEL Ne te repens pas, noble fille, d'un dévouement où l'honneur brille, ne pleure pas; Marcel, ma fille, te bénit du fond du coeur. D'un vieillard l'humble prière est un baume salutaire; Dieu m'exaucera, j'espère, en te versant sa faveur! VALENTINE Tu ne peux éprouver ni comprendre ces tourments... MARCEL On me disait que la femme a l'oeil aussi faux que l'âme; mais sa candeur, cette flamme, vient tout droit du paradis! Ne pleure pas, pauvre fille, non, non, ne pleure pas! VALENTINE ...mais j'espère en ce Dieu qui connaît tous les coeurs. (Valentine entre dans la chapelle) MARCEL Un danger le menace, et j'ignore lequel; alerte, vieilles jambes! Sauvons Benjamin de sa perte! (Il voit à Raoul et Saint Bris) Ciel! c'est lui! et Judas! SAINT-BRIS (à Raoul) En même temps que nous se trouver au combat, c'est bien! RAOUL Quoi! doutiez-vous de mon exactitude? MARCEL Et comment de ce traître déjouer les desseins? RAOUL SAINT- BRIS C'est toi, mon bon Marcel? MARCEL Oui. (Tranquillement, à Raoul) Un ange est descendu, annonçant la tempête; mon maître, un piège est sous vos pas. RAOUL Perds-tu la tête, Marcel? (à Saint-Bris et laccompagne) De ce loyal combat dont vous êtes témoins, réglez les lois, messieurs, je m'en fie à vos soins. En mon bon droit j'ai confiance! TAVANNES, DE RETZ J'ai confiance! COSSE, MERU J'ai confiance! TOUS En mon bon droit j'ai confiance! RAOUL Pour me venger de son offense... TOUS ... que le fer seul juge entre nous! Je veux raison de son outrage, et bonne épée et bon courage. Chacun pour soi! Et Dieu pour tous! RAOUL En mon bon droit, j'ai confiance! TAVANNES, DE RETZ, COSSE, MERU J'ai confiance! MARCEL (Pour lui, pleurant) Ah! quel chagrin pour ma vieillesse! Pleure, Marcel! Dieu nous délaisse! Pauvre Raoul! ils l'ont trahi! Pitié, mon Dieu! sauvez mon fils! TAVANNES, DE RETZ, COSSE, MERU Quoi qu'il advienne ou qu'il arrive marchant l'un sur l'autre à la fois à nombre égal, trois contre trois, jusqu'à ce que la mort s'ensuive, oui, nous battrons. RAOUL, TAVANNES, COSSE C'est convenu. Saint-Bris, DE RETZ, MERU C'est entendu. MARCEL (Pleurant) Pauvre Raoul! ils l'ont trahi! Pitié, mon Dieu, sauvez mon fils! TAVANNES, COSSE (Témoins de Saint-Bris) Que nul autre que nous ne puisse au combat ici prendre part. DE RETZ, MERU (Témoins de Raoul) Nul autre que nous ne doit au combat ici prendre part, non, non. RAOUL, TAVANNES, COSSE C'est convenu. SAINT-BRIS, DE RETZ, MERU C'est entendu. TAVANNES A qui tombera sous... TOUS ... ni merci, ni trêve! RAOUL, TAVANNES, COSSE C'est convenu. SAINT-BRIS, DE RETZ, MERU C'est entendu. RAOUL C'est convenu. SAINT-BRIS C'est entendu. TOUS En mon bon droit j'ai confiance pour me venger de son offense; que le fer seul juge entre nous. MERU, SAINT-BRIS Ah! je les vois trembler d'avance! LES AUTRES Méprisons pareille offense! MERU, SAINT-BRIS Plus de valeur, moins de prudence! LES AUTRES Félons, vite en défense! TOUS De ce combat j'attends la fin! MERU, SAINT-BRIS Ah! je les vois trembler d'avance! LES AUTRES Ah! méprisons pareille offense! COSSE, MERU, SAINT-BRIS Que sous nos coups il tombe enfin! RAOUL, TAVANNES, De Retz Allons, messieurs, la dague en main! TOUS Que sous nos coups... MERU, SAINT-BRIS Oui, n'écoutons que notre rage! LES AUTRES Et bonne épée et bon courage! Chacun pour soi, Qu'ils tombent sous nos coups. DE RETZ, SAINT-BRIS Du ciel ils bravent le courroux! Le ciel contre eux nous encourage! TOUS En garde, en garde! Qu'ils tombent, il faut qu'ils tombent sous nos coups! MARCEL Arrêtez! Entendez-vous ces pas? Dans l'ombre je ne puis distinguer leur force ni leur nombre! (Criant à lextérieure) Vous qui marchez dans la nuit, ici que voulez-vous? MAUREVERT Que t'importe? (Il regarde à Raoul) Que vois-je, ô ciel? et quelle perfidie! Des huguenots dont la fureur impie ose à nombre inégal attaquer dans ces lieux un des nôtres! A moi, à moi, défenseurs du vrai Dieu! MARCEL C'est une trahison! Monstres! Dieu vous regarde! SOLDATS HUGUENOTS (Dans la taverne) Rataplan, rataplan plan, plan Vive la guerre! Buvons, amis, oui! MARCEL (Il frappe la porte de la taverne) Coligny! Défenseurs de la foi, tout Israël est en émoi! Victoire! Enfin tu rends, mon Dieu! la victoire à nos armes! SAINT-BRIS (Vers la taverne où se trouvent les étudiants) A moi! à moi! Braves étudiants accourez! Accourez! Trahison! Perfidie! venez! UN ETUDIANT (à gauche) Oui, tous! SOLDATS HUGUENOTS ETUDIANTS CATHOLIQUES Nous voilà, nous voilà, nous voilà, félons, arrière! ETUDIANTS CATHOLIQUES Tournez bride, tournez bride, cavaliers! SOLDATS HUGUENOTS A vos classes! à vos classes, écoliers! ETUDIANTS CATHOLIQUES Marmotteurs de prière, régiment de sorciers! SOLDATS HUGUENOTS Rengainez la rapière, soldats de bénitiers! ETUDIANTS CATHOLIQUES Bel honneur de calviniste! SOLDATS HUGUENOTS Loyauté de papiste! ETUDIANTS CATHOLIQUES Les païens au fagot! SOLDATS HUGUENOTS Au diable tout bigot! TOUS Tout bigot, tout bigot! Les païens au fagot! FEMMES CATHOLIQUES Souper à la caserne avec des mécréants! FEMMES HUGUENOTES Danser à la taverne avec des étudiants! FEMMES CATHOLIQUES Ah! Cachez-vous donc, éhontées! FEMMES HUGUENOTES Taisez-vous donc, effrontées! FEMMES CATHOLIQUES Bijoux de huguenot! FEMMES HUGUENOTES Mignonnes de cagot! TOUTES Taisez-vous, cachez-vous... Nos têtes sont montées! Gare à vous! Plus un mot! SOLDATS Rengainez la rapière, écoliers, à vos classes! Loyauté de papiste! Mort à qui nous résiste! Dieu le veut! Plus un mot, non! FEMMES CATHOLIQUES Bijoux de huguenots, gare à vous! Plus un mot! Ehontées, cachez-vous! Nos têtes sont montées! Taisez-vous donc! Ah! Plus un mot! ETUDIANTS Marmotteurs de prières, cavaliers, tournez bride! Honneur de calviniste! Mort à qui nous résiste! Plus un mot! FEMMES HUGUENOTES Mignonnes de cagot! gare à vous! Plus un mot! Taisez-vous, effrontées! Nos têtes sont montées! Cachez-vous donc! Ah! plus un mot! TOUS Mort à qui nous résiste! Ah! Dieu le veut! Plus un mot, car Dieu le veut! (La règne Marguerite arrive) URBAIN Arrêtez! Respectez la reine de Navarre! MARGUERITE Quoi! même dans Paris, sous les yeux de mon frère, des deux partis il faut redouter les excès! Et je ne puis le soir rentrer dans mon palais sans trouver sous mes pas la discorde et la guerre! SAINT-BRIS Qui faut-il accuser? Ceux dont la trahison nous force à demander justice. RAOUL (désignant Saint-Bris) La faute en est à lui, qui, sans droit, sans raison, du plus lâche attentat s'est rendu le complice. MARGUERITE O ciel! qui dois-je croire? et d'un pareil soupçon, quelles preuves? MARCEL (désignant Saint-Bris et Maurevert) Je peux vous les faire connaître; ce sont eux qui voulaient assassiner mon maître. SAINT-BRIS Mensonge! mensonge! MARCEL (Désignant a Valentine qui sort de la chapelle) Une femme en ces lieux tantôt m'a révélé ce complot odieux et cette femme, la voici! SAINT-BRIS Ma fille!... Ah! perfidie! RAOUL Et comment se peut-il? MARGUERITE Raoul, vous saurez tout! VALENTINE Madame, au nom du ciel! RAOUL Et cette perfidie dont je fus témoin, chez Nevers, sous mes yeux! MARGUERITE Elle y venait pour rompre un hymen odieux! SAINT-BRIS Et depuis ce matin, d'un autre elle est la femme! CHOEUR D'un autre? SOLDATS Ah! grand Dieu! SAINT-BRIS Mais écoutez! De l'époux triomphant le cortège s'empresse! Oui, j'entends éclater des accents d'allégresse! De l'époux triomphant le cortège s'empresse; appareil digne enfin des Saint-Bris, des Nevers! NEVERS (Nervers et son cortège arrivent) Noble dame, venez près d'un époux dont l'amour vous réclame. Votre voeu satisfait, que les miens vous soient chers! Venez pour célébrer cette heureuse journée; l'amitié vous attend au banquet d'hyménée, où vous suit un captif orgueilleux de ses fers! MARGUERITE, URBAIN SAINT-BRIS, CHOEUR Au banquet où le ciel leur apprête de longs jours, tous pareils à ce jour, leur palais, rayonnant pour la fête, du bonheur deviendra le séjour. Autour d'eux que la danse s'enchaîne! Que le chant au festin les entraîne! Allons, vive à jamais la plus belle! Dansez tous, en chantant leur amour! Vive, vive la plus belle! Vive! CHOEUR Non, plus de paix, non, non, plus de trêve, et que la lutte sachève ici, il faudra décider par la glaive, oui, par la glaive de notre sort! Ah! oui, cest trop de clémence, cest trop, oui, cest trop de patience, et e nai quune seule espérance: Vengeance ou mort! ACTE IV (Un appartement dans l'hôtel du Comte de Nevers. Des portraits de famille en décorent les murs. Au fond, une grande porte et une grande croisée gothique. A gauche du spectateur, une porte qui mène à la chambre à coucher de Valentine. A droite, une grande cheminée, et auprès, l'entrée d'un cabinet fermé par une tapisserie. A droite du spectateur, et sur le premier plan, une croisée donnant sur la rue) VALENTINE Je suis seule chez moi! seule avec ma douleur! A d'éternels tourments vous m'avez condamnée, mon père! Un autre avait mon coeur, et pourtant vous m'avez donnée! Et vous que j'implorais en vain dans mon malheur, vous qui l'avez permis, ce funeste hyménée, mon Dieu, daignez au moins, pour alléger mes maux, chasser un souvenir fatal à mon repos! Parmi les pleurs mon rêve se ranime; c'est à lui seul qu'appartiennent mes jours. Ces doux regrets, y penser est un crime: je veux les fuir, et j'y pense, hélas, toujours! De loin encor sa voix chérie, oui, même ici sa voix chérie fait taire en moi la voix des cieux! et son image, quand je prie, sur les autels, hélas, s'offre à mes yeux!... (Raoul entre par la porte du fond) Juste ciel! est-ce lui, lui dont l'aspect terrible ainsi que le remords sans cesse me poursuit? RAOUL Oui, c'est moi! Moi qui viens dans l'ombre et dans la nuit, ainsi qu'un criminel dont la peine est horrible, et qui, las de souffrir, succombe au désespoir! VALENTINE Que voulez-vous de moi? RAOUL Rien! j'ai voulu vous voir avant que de mourir. VALENTINE Qu'entends-je? est-il possible? Et mon père? Et mon époux? RAOUL Oui, je pouvais les rencontrer ici. Je le savais. VALENTINE Leur coeur est inflexible; ils vous tueraient! Fuyez! RAOUL Non, j'attendrai leurs coups! VALENTINE Entendez-vous ces pas? Fuyez! RAOUL Non, non, je reste, et si quelque danger... VALENTINE Mon père! Mon mari! Pour moi... pour mon honneur, évitez leur courroux! (Raoul est caché derrière la tapisserie) SAINT-BRIS (Entrant dans la salle. A ses camarades) Oui, l'ordre de la reine en ces lieux vous rassemble. L'heure est enfin venue où je dois à vos yeux dévoiler des projets protégés par les cieux, et dès longtemps conçus par Médicis. VALENTINE (à part) Je tremble! SAINT-BRIS (à Valentine) Vous, ma fille, sortez! VALENTINE Mon père! NEVERS Pourquoi donc? Son zèle ardent pour la foi catholique permet que sans danger devant elle on explique de la reine et du ciel les ordres absolus. SAINT-BRIS Des troubles renaissants et d'une guerre impie voulez vous comme moi délivrer le pays? SEIGNEURS CATHOLIQUES Nous sommes prêts! C'est notre voeu. SAINT-BRIS Du trône et du ciel, de la patrie, voulez-vous, comme moi, frapper les ennemis? SEIGNEURS CATHOLIQUES Nous sommes prêts! SAINT-BRIS Eh bien! du Dieu qui nous protège le glaive menaçant est sur eux suspendu: des huguenots la race sacrilège aura dès aujourd'hui pour jamais disparu! NEVERS Mais... qui les condamne? SAINT-BRIS Dieu! QUATRE SEIGNEURS Dieu! NEVERS Et qui les frappera? SAINT-BRIS Vous! LES AUTRES Nous! NEVERS Nous? (Regardant à Nevers) SAINT-BRIS Nous! Pour cette cause sainte, j'obéirai sans crainte à mon Dieu, à mon roi! Comptez sur mon courage; entre vos mains j'engage mes serments et ma foi! NEVERS Quel est donc ce langage? A l'honneur seul j'engage mes serments et ma foi! SAINT-BRIS, TAVANNES Comptez sur mon courage, entre vos mains j'engage mes serments et ma foi, à mon Dieu, à mon Roi! QUATRE SEIGNEURS Grand Dieu, sauvez la foi! Dieu, sauvez notre foi, sauvez la foi J'obéis à mon roi! VALENTINE Comment tromper leur rage? Dieu, soutiens mon courage et prends pitié de moi, pitié, pitié de moi! Ah! grand Dieu, prends pitié! SAINT-BRIS Le roi peut-il compter sur vous? TOUS (Sauf Nevers) Nous le jurons! SAINT-BRIS C'est moi qui dois guider vos pas. TOUS Nous vous suivrons! SAINT-BRIS, VALENTINE (à part) Quoi! Nevers seul a gardé le silence! VALENTINE Que va-t-il dire? Je tremble, hélas! NEVERS Frappons nos ennemis, mais non pas sans défense: ce n'est pas le poignard qui doit percer leur sein. SAINT-BRIS Quand le roi le commande! NEVERS Il me commande en vain de flétrir de mon sang l'honneur et la bravoure. Et parmi ces illustres aïeux dont la gloire ici m'environne, je compte des soldats, et pas un assassin! SAINT-BRIS Quoi! par toi notre cause est trahie et trompée! NEVERS Non! mais du déshonneur je sauve mon épée! Tiens! tiens la voilà! Que Dieu juge entre nous! VALENTINE Ah! dès ce soir tout mon sang est à vous, oui, dès ce soir, vous saurez tout; Venez, venez, je dois vous apprendre... SAINT-BRIS (à les soldats) Assurez-vous de lui, de Nevers, de mon gendre; jusqu'à demain vous m'en répondez tous. VALENTINE Puisse le ciel désarmer son courroux! Ah!.. NEVERS Ma cause est juste et sainte! SAINT-BRIS, TAVANNES QUATRE SEIGNEURS Pour cette cause sainte... NEVERS Je puis, je dois sans crainte... VALENTINE D'une mortelle crainte... LES AUTRES ... j'obéirai sans crainte... NEVERS ... je puis, je dois sans crainte... VALENTINE ... mon âme est atteinte! TAVANNES, SAINT-BRIS ... sans crainte, à mon Dieu, à mon roi! VALENTINE Grand Dieu, prends pitié de moi! NEVERS ... résister à mon roi! LES AUTRES ... à notre roi! NEVERS Je le puis, je le dois... SAINT-BRIS Recevez... VALENTINE Ah! grand Dieu... SAINT-BRIS ... mes serments et ma foi... VALENTINE ... prends pitié... LES AUTRES ... à mon roi! NEVERS ... résister à mon roi! SAINT-BRIS Et vous qui répondez au Dieu qui nous appelle, chefs dévoués de la cité fidèle, quarteniers, échevins, écoutez tous ma voix! Qu'en ce riche quartier la foule répandue, sombre et silencieuse, occupe chaque rue, et qu'au même signal tous frappent à la fois. TOUS Tous, tous, frappons à la fois! SAINT-BRIS Toi, de Besme, et les tiens, entourez la demeure del'amiral; que le premier il meure! TOUS Qu'il meure le premier! SAINT-BRIS Vous, à l'hôtel de Nesle, où de nos ennemis tous les principaux chefs ce soir sont réunis, à la fête qu'on prépare pour Marguerite et le roi de Navarre. TOUS Nous, à l'hôtel de Nesle! SAINT-BRIS Ecoutez! écoutez! Lorsque de Saint-Germain pour la première fois retentira l'airain, attentifs et muets à ce signal d'alarme, dans l'ombre préparez vos soldats et vos armes! Mais à ce lugubre appel, toi, cours partout éveiller le beffroi. Je m'en remets à ta prudence! Et lorsqu'enfin de l'Auxerrois la cloche sainte aura pour la seconde fois du ciel impatient annoncé la vengeance, le fer en main alors levez-vous tous! Que tout maudit expire sous vos coups! Ce Dieu qui vous entend et vous bénit d'avance, soldats chrétiens, marchera devant vous! VALENTINE Mon Dieu! mon Dieu! comment le secourir? Il doit entendre, hélas! et ne peut fuir! Je veux...je veux et n'ose auprès de lui courir. Dieu tout puissant! dans ce péril extrême, sauvez Raoul, et n'exposez que moi-même! (Trois moines arrivent) TROIS MOINES, SAINT-BRIS Gloire, gloire au grand Dieu vengeur! Gloire au guerrier fidèle dont le glaive étincelle pour servir le Seigneur! Glaives pieux, saintes épées, qui dans un sang impur serez bientôt trempées, vous par qui le Très-Haut frappe ses ennemis, glaives pieux, par nous soyez bénis. TOUS Gloire au grand Dieu vengeur... SAINT-BRIS Que cette écharpe blanche et cette croix sans tache du ciel distinguent les élus! TROIS MOINES, SAINT-BRIS Ni grâce, ni pitié! Frappez tous sans relâche l'ennemi qui s'enfuit, l'ennemi qui se cache... CHOEUR Frappons, frappons, frappons! TROIS MOINES, SAINT-BRIS ... le guerrier suppliant à vos pieds abattu! CHOEUR Frappons, frappons, frappons! TROIS MOINES, SAINT-BRIS Ni grâce, ni pitié! Que le fer et la flamme atteignent le vieillard, et l'enfant et la femme! Anathème sur eux! CHOEUR Anathème sur eux! TROIS MOINES, SAINT-BRIS Dieu ne les connaît pas! TOUS Dieu le veut! Dieu l'ordonne! Non, non, grâce à personne! A ce prix il pardonne au pécheur repentant. Que le glaive étincelle, que le sang ruisselle, et la palme immortelle dans le ciel vous attend! SAINT-BRIS Silence, mes amis! PREMIER MOINE Silence, mes amis! SAINT-BRIS Que rien ne nous trahisse! PREMIER MOINE Que rien ne nous trahisse! SAINT-BRIS, PREMIER MOINE Retirons-nous sans bruit! TOUS Pour cette cause sainte j'obéirai sans crainte à mon Dieu, à mon roi! Comptez sur mon courage, entre vos mains j'engage mes serments et ma foi! A minuit! Point de bruit! Que rien ne nous trahisse, et que de leur supplice rien ne les avertisse! Retirons-nous! Dieu le veut! A minuit! (Raoul sort) VALENTINE Ô ciel! Où courez-vous? Raoul, répondez-moi! RAOUL Où vais-je? Secourir mes frères dévoiler à leurs yeux ces complots sanguinaires, armer leurs bras, et, le fer à la main, de nos vils ennemis prévenir le dessein. VALENTINE Mais ces ennemis! C'est mon père! c'est un époux qu'à présent je révère. Voudriez-vous les immoler? RAOUL Je dois punir des assassins! VALENTINE Armés au nom des cieux! RAOUL Armé au nom des cieux! Et voilà le Dieu que ton âme consacre ce Dieu qui des Français ordonne le massacre! VALENTINE Ah! ne blasphémez pas! C'est lui dont la pitié veut préserver vos jours, auxquels il s'intéresse. Ne sortez pas! RAOUL Je le dois! VALENTINE C'est chercher la mort même! RAOUL Et rester, c'est trahir l'honneur et l'amitié. Jamais, jamais! Non! Le danger presse et le temps vole, laisse-moi, laisse-moi partir! VALENTINE Mais, sans défense, on vous immole! Gardez-vous, ah!, gardez-vous de fuir! Raoul! RAOUL Hélas! VALENTINE Toi, mon seul bien, toi mon idole! RAOUL Ce sont mes frères qu'on immole! VALENTINE Et te laisser serait mourir! RAOUL Ah! laisse-moi, laisse-moi partir! VALENTINE Oui, je saurai... RAOUL L'honneur le veut. VALENTINE ... te retenir... RAOUL Je dois te fuir. VALENTINE ... te retenir! Ah! par pitié... RAOUL Ah! laisse-moi! VALENTINE ... entends ma voix! RAOUL L'honneur le veut! VALENTINE Toi, mon seul bien!... RAOUL Je dois te fuir! VALENTINE Non, par toi ce seuil redoutable ne sera pas franchi. Je m'attache à tes pas! RAOUL En t'écoutant je suis coupable! VALENTINE En t'écoutant ne le suis-je donc pas? Je le fais cependant; à cette heure suprême, je ne vois plus que toi, dont les jours sont proscrits! Reste, Raoul: puisque tu me chéris, je t'implore enfin pour moi-même; car si tu meurs, je meurs aussi! (Pleurant) Reste, reste, je t'aime! RAOUL Tu m'aimes? Tu m'aimes? Ah! quel éclair et quel transport! Quel mot du ciel s'est fait entendre? Oui, ce moment change mon sort! L'as-tu bien dit ce mot si tendre? Ah! maintenant vienne la mort, puisqu'à tes pieds je peux l'attendre! VALENTINE O terreur! l'ai-je dit? RAOUL Tu l'as dit! tu l'as dit! Tu l'as dit; oui, tu m'aimes! Dans ma nuit quelle étoile a brillé? Je renais, c'est l'air pur du ciel même! Là, toujours, oubliant, oublié! Tu l'as dit, oui, tu m'aimes! VALENTINE (à part) Qu'ai-je fait? Quel danger, ô mon Dieu! RAOUL Parle encore et prolonge de mon coeur l'ineffable sommeil! Si l'extase où je suis est un songe, que jamais je n'arrive au réveil! VALENTINE (à part) Qu'ai-je fait? RAOUL Parle encore, et prolonge... VALENTINE Quel danger! RAOUL ... de mon coeur le sommeil! VALENTINE O mon Dieu! RAOUL Si ma joie... VALENTINE Voici l'heure! RAOUL ... est un songe... VALENTINE C'est la mort! RAOUL ... que jamais je narrive au réveil, VALENTINE Il n'est plus d'avenir! RAOUL Nuit d'amour!... VALENTINE Nuit funeste! RAOUL Viens, fuyons! VALENTINE Non, non, non! RAOUL Tu l'as dit, oui, tu m'aimes! Viens, fuyons! VALENTINE Non, non, reste! (sécoute une cloche) RAOUL Ah! viens! Ah! viens! Entends-tu ces sons funèbres? VALENTINE Ils me glacent de terreur! RAOUL Du sein des noires ténèbres s'élève un cri de fureur! Où donc étais-je? VALENTINE Près de moi, cher Raoul! RAOUL Ah! souvenir fatal! Du massacre de mes frères c'est l'horrible signal! Non, non, non, non! Plus d'amour! plus d'ivresse! O remords qui m'oppresse! Je les vois, et sans cesse, égorgés sous mes yeux! Mes amis vont m'attendre; Je ne dois plus t'entendre; et je cours les défendre ou mourir avec eux! VALENTINE Quoi, Raoul, ma douleur ne peut donc toucher ton coeur? Tu veux donc démentir et tes feux et ma foi? T'échapper de mes bras pour courir au trépas? Tu le peux, en passant sur mon corps expirant! RAOUL Plus d'amour! plus d'ivresse! VALENTINE Eh! quoi, dans ton ivresse... RAOUL O remords qui m'oppresse! VALENTINE ... repousser ma tendresse? Hélas! hélas! Et pourquoi repousser ma tendresse? Le remords qui m'oppresse est-il donc moins affreux? De l'amour le plus tendre tu ne peux te défendre! (sécoute la cloche) RAOUL Je les vois, sans cesse... VALENTINE Ah! Raoul... daigne entendre... RAOUL Plus d'ivresse! VALENTINE ... ou je meurs à tes pieds! RAOUL C'en est fait; voici l'heure! VALENTINE Non! RAOUL Le ciel veut que je meure! VALENTINE Non! RAOUL Mes amis vont m'attendre! VALENTINE Non! RAOUL ... et je cours les défendre! VALENTINE Non! RAOUL Vous m'arrêtez en vain! VALENTINE Je ne vous quitte pas! RAOUL Vous m'arrêtez en vain! VALENTINE Frappez! Voilà mon sein! voilà... RAOUL Grand Dieu! Grand Dieu! Soutiens mon courage! VALENTINE ...mon sein! Sois donc mon assassin! RAOUL (Ils regardent par la fenêtre) Tiens! vois, sur ce rivage vois ces cadavres sanglants! VALENTINE Ah! ma raison s'égare! Ah! forfait exécrable! Raoul! ils te tueront! Ah! pitié! je meurs! (elle s'évanouit) RAOUL Reviens à toi! Que faire? O moment redoutable! Hélas! Pourrais-je encor résister à ses pleurs? Non! Fuyons! fuyons! VALENTINE Dieu, veille sur ses jours, Dieu secourable! ACTE V Scène Première Ballet (Le théâtre représente la salle de bal de l'hôtel de Nesle. Tous les principaux protestants y sont réunis. Danse générale des dames et seigneurs de la cour. Paraît au fond la reine Marguerite avec Henri de Navarre, son mari, et son page Urbain. Les dames et seigneurs vont au-devant de la reine, et lui font les honneurs de cette fête, donnée à l'occasion de son mariage) RAOUL Aux armes, mes amis! L'autre bord de la Seine est inondé de sang! Des assassins gagés les hordes meurtrières seront ici dans un moment. A la lueur de leurs torches funèbres j'ai vu courir des soldats forcenés! Ils s'écriaient au milieu des ténèbres: "Frappez, frappez! Dieu les a condamnés!" J'ai vu tomber des guerriers sans défense, de notre chef, de Coligny, l'asile est assailli, et leurs poignards altérés de vengeance de mille coups ont percé Coligny! Amis, voilà son sang! CHOEUR O ciel! voilà son sang! RAOUL Son sang, son sang, ô forfait inouï! CHOEUR O forfait, forfait inouï! RAOUL Vengeance! vengeance! Il l'aura! Oui! Courons aux armes, à la vengeance! Marchons tous à la défense des martyrs, des héros! CHOEUR Courons aux armes!... RAOUL Oui, rendons guerres pour guerres! TOUS Guerre! RAOUL Vengeons la mort de nos frères dans le sang de leurs bourreaux! Courons aux armes...! TOUS Guerre! Scène Seconde (Le théâtre représente un cimetière. Au fond, un temple protestant, dont la fusillade a brisé une partie des vitraux. A gauche, une petite porte qui conduit dans 'intérieur de l'église; à droite, une grille qui donne sur un carrefour. Des protestants construisent une barricade pour protéger le cimetière) RAOUL (arrivant) C'est toi mon vieux Marcel, que j'ai cru reconnaître. MARCEL Ah! mon bon maître! je vous revois! RAOUL Quoi! blessé, blessé? MARCEL Qu'importe! RAOUL Vengeance! MARCEL Y pensez-vous? Des soldats, des bourreaux, cernent de toutes parts un reste de héros. Dans ce temple encor libre, hélas! dernier asile des femmes, des enfants, la foule en pleurs s'exile pour mourir saintement! Venez... pour tout effort, il ne nous reste plus qu'à partager leur mort. VALENTINE (Arrivant) Où courez-vous? RAOUL A la gloire! MARCEL Au martyre! VALENTINE Non, tu ne mourras pas! Et le ciel qui m'inspire conduit mes pas! Je viens te sauver. RAOUL Se peut-il? VALENTINE Oui, cette écharpe blanche à ton bras, sans péril, va te conduire au Louvre. La reine sauvera tes jours... si tu veux, toi... RAOUL Et que m'ordonne-t-on? VALENTINE D'embrasser ma croyance. RAOUL Jamais! Quand je serais flétri, seriez-vous plus à moi! Tout nous sépare! VALENTINE (à Marcel) Oh! non, je puis l'aimer sans crime à présent! RAOUL Et Nevers? MARCEL Oui, Nevers, ce guerrier généreux, c'est lui qui m'a sauvé des bourreaux, et, victime de son zèle, il est mort assassiné par eux! RAOUL Nevers mort! VALENTINE Ah! viens, partons! RAOUL Devoir ... amour ... supplice affreux! MARCEL Raoul! RAOUL Marcel, ne vois-tu pas que mon bonheur s'apprête? MARCEL Raoul, ne vois-tu pas la main de Dieu qui t'arrête? VALENTINE Viens! Viens! RAOUL Non! près de lui je reste pour mourir! VALENTINE Ainsi je te verrai périr? Je subirai sans toi l'exil sur cette terre, où nous avons souffert, où nous avons aimé? Sans toi? tu crois cela! Mon Dieu, vous autres hommes, au véritable amour votre coeur est fermé. Eh bien! tu connaîtras tout l'amour d'une femme! Tu veux, quand tout nous joint, me fuir parle trépas? Non, non, non! Je ne sais pas s'il faut risquer mon âme; enfer ou paradis, je ne te quitte plus! Oui, cette âme en tumulte, cette âme ne reconnaît plus rien! Toi, tu maudis mon dogme, moi j'adopte le tien! Dieu maintenant peut faire selon sa volonté! Ensemble sur la terre, réunis pour toujours, et dans l'éternité! RAOUL O bonheur! MARCEL Le Seigneur de sa flamme et l'anime et l'éclaire! VALENTINE Mon Dieu, ma croyance, c'est toi! Mais ils me maudiront! Mon bon Marcel, mon père, bénissez-nous tous deux dans ma nouvelle foi! RAOUL Nul ministre de Dieu n'est avec nous; j'espère en toi seul pour unir saintement nos coeurs! MARCEL Oui! j'accepte avec transport ce divin ministère! Que ton vieux serviteur soit ton prêtre aujourd'hui! CHOEUR DE FEMMES (en coulisse) Dieu Seigneur, rempart... ... et seul soutien ... ... du faible qui t'implore! MARCEL Ecoutez! Ces martyrs de la foi sont en prière là... ... et du Seigneur ils chantent les louanges... CHOEUR ... L'éternel tentateur... ... s'arme aujourd'hui. MARCEL ... en attendant la mort! Vous, dans ce triste lieu... ... répondez comme si vous étiez devant Dieu! CHOEUR Viens nous sauver encore! MARCEL Savez-vous qu'en joignant vos mains dans ces ténèbres, je consacre et bénis le banquet des adieux et des noces funèbres? RAOUL, VALENTINE Nous savons qu'au ciel seul nous devons être unis. MARCEL Avez-vous rejeté toute chaîne mortelle, tout espoir d'ici-bas? Et la foi seulement dans vos coeurs survit-elle? RAOUL, VALENTINE Oui, la foi dans nos coeurs règne enfin sans combats. MARCEL Verriez-vous sans trembler le fer, la flamme luire? et la foi seulement, la renierez-vous pas en face du martyre? RAOUL, VALENTINE Dieu nous donne le courage en nous donnant l'amour. CHOEUR (Dans léglise) Seigneur, rempart et seul soutien du faible qui t'impl... HOMMES CATHOLIQUES (Dans léglise) Abjurez, huguenots, le ciel l'ordonne! Abjurez ou mourez, le ciel l'ordonne! Renégats, grâce ou mort, votre heure sonne! Dieu le veut! Oui! FEMMES HUGUENOTES (Dans léglise) Non, non, non! VALENTINE Ces enfants, ces femmes... Arrêtez, infâmes! Quoi!... partout la mort! FEMMES HUGUENOTES (Dans léglise) Seigneur, viens nous défendre encor! VALENTINE Ils chantent encor! RAOUL, MARCEL Ils chantent encor! HOMMES CATHOLIQUES (Dans léglise) Abjurez, huguenots... VALENTINE (Regardant dans lintérieur de léglise) Ce vieillard qui prie... Ce moine en furie... Ciel, le voilà mort! FEMMES HUGUENOTES (Dans léglise) Non, non, non! Seigneur, viens nous défendre encor! VALENTINE Ils chantent encor! RAOUL, MARCEL Ils chantent encor! VALENTINE Dieu! tout vous cède! Venez à leur aide! HOMMES CATHOLIQUES (Dans léglise) Abjurez! ... Renégats! VALENTINE O voeux superflus! MARCEL Ils ne chantent plus! Ah! venez, voyez le ciel s'ouvre et rayonne. Gloire à Dieu! Le divin clairon sonne... VALENTINE, RAOUL Ah! voyez, voyez, son visage rayonne! MARCEL ... et la marche des anges résonne! VALENTINE, RAOUL ... et sa tête d'éclairs se couronne... ... et sa voix dans l'espace résonne! On dirait un archange de Dieu! MARCEL Et la marche des anges résonne conduisant les martyrs jusqu'à Dieu! C'est la marche des anges!... C'est harpes que j'écoute... VALENTINE, RAOUL J'admire, j'écoute! MARCEL ... m'indiquent la route. VALENTINE, RAOUL Il montre la route. VALENTINE, RAOUL, MARCEL J'y vole moi-même, ah! oui. VALENTINE, RAOUL J'admire, j'écoute... Ces harpes, j'écoute... VALENTINE, RAOUL, MARCEL Délice suprême, délice suprême, mort douce que je t'aime! O terre, adieu! CHOEUR DES MEURTRIERS Abjurez huguenots! Le ciel l'ordonne! Abjurez ou mourez, le ciel le veut! VALENTINE Non, non, je ne... ... crains rien de vous! MARCEL, RAOUL Non, non,... ... je ne crains rien de vous; rien de mortel ne reste en nous, non, rien! VALENTINE Rien de mortel ne reste en nous, non, non, je ne crains rien! CHOEUR Renégats, abjurez! MARCEL Voyez, voyez, le ciel rayonne! le divin clairon sonne! TOUS TROIS Gloire à Dieu! Gloire à Dieu!... CHOEUR Regardez! Pas de crainte! VALENTINE, RAOUL, MARCEL Non!, non!, non!, non! Hosanna! Mort, je t'aime! Hosanna! Terre, terre, adieu! Viens, mort, je t'aime! Frappez, frappez, venez, frappez! Hosanna! Viens, mort! O terre adieu! Je ne crains rien de vous! CHOEUR Abjurez! Dieu le veut, renégats! Abjurez! sinon la mort! VALENTINE, RAOUL, MARCEL Non! non! non! Terre, adieu! CHOEUR Abjurez ou mourez!, Renégats, ou mourez oui! Scène Troisième (Le théâtre représente la vue d'un quai de Paris en 1572. Nuit étoilée) CHOEUR D'HOMMES Par le fer et par l'incendie exterminons leur race impie! Point de pitié! Point d'innocent! Soldats de la foi catholique, frappons, poursuivons l'hérétique, Dieu le veut! Dieu veut leur sang! Oui, Dieu veut leur sang! (Raoúl, blessé, Valentine et Marcel arrivent) SAINT-BRIS Qui vive? VALENTINE (à Raoul) Ah! De grâce, tais-toi! RAOUL Huguenot! VALENTINE, MARCEL Nous aussi! SAINT-BRIS (à les soldats) Frappez! au nom du Roi! Ah! Que vois-je? Ma fille! VALENTINE Oui, c'est moi! moi qui vais prier pour vous! (Elle mort) URBAIN Place à la reine! SOLDATS par le fer et par l'incendie exterminons la race impie! Frappons, poursuivons l'hérétique! Dieu le veut, Dieu veut leur sang! Oui, Dieu veut leur sang! ![]() |
ACTO
I (Sala en el castillo del conde de Nevers. Al fondo grandes vidrieras que dejan ver los jardines y un prado donde varios nobles juegan a la pelota; a la derecha una puerta que da a los apartamentos interiores; a la izquierda una vidriera cerrada por una cortina que da al oratorio; en la parte anterior de la escena, otros nobles juegan a los dados y a otros juegos. Nervers, Tavannes, Cossé, de Retz, Thore, Méru y otros señores católicos los miran y hablan entre ellos) NEVERS Gocemos de la juventud y la bebida... El tiempo apremia, apresurémonos a gozar de la juventud y la bebida... ¡Sí, apresurémonos a gozar! NOBLES El tiempo apremia, apresurémonos a gozar... NEVERS, NOBLES Gocemos de la juventud y la bebida... NOBLES, COSSÉ, TAVANNES Dediquemos nuestra vida a los placeres y alegrías; olvidemos todo cuanto nos rodea, ¡excepto el placer! NOBLES, CORO Dediquemos nuestra vida a los placeres y alegrías... NEVERS ... olvidemos todo cuanto nos rodea, ¡excepto el placer! NOBLES ... ¡Excepto el placer! NEVERS, NOBLES, CORO Gocemos de la juventud y la bebida... Dediquemos nuestra vida a los placeres y alegrías; olvidemos todo cuanto nos rodea, ¡excepto el placer! TAVANNES Respetable señor de este lugar encantador, ¿por qué, mi querido Nevers, por qué no nos sentamos a la mesa? NOBLES, CORO ¿Por qué, no nos sentamos a la mesa? ¿Por qué?, ¿Por qué? NEVERS Aguardamos a otro invitado. TODOS ¿Quién? NEVERS Un caballero, un joven camarada que acaba de ser ascendido ¡por el propio almirante! TODOS ¡Cielo santo! COSSÉ Así pues, ¿se trata de un hugonote? TODOS ¿De un hugonote? NEVERS ¡Sí! Pero, os lo ruego, tratadle como a un hermano, como a un amigo. Nuestro rey nos da el ejemplo pues está buscando la paz con los protestantes. Coligny y Médicis han jurado ante Dios guardar una paz eterna... TAVANNES ...que no durará mucho. TODOS ¡No mucho! NEVERS ¿Y qué nos importa? TAVANNES (al ver entrar a Raúl) ¡Mirad quién viene ahí, amigos míos! NEVERS La persona que esperaba... ¡Raúl de Nangis! THORÉ ¿Qué lúgubres reflexiones... MÉRU ... o qué tedio pesa sobre él? TAVANNES ¡Es el efecto inevitable de los dogmas calvinistas! DE RETZ ¡Riámonos a su costa! NEVERS ¡Convirtámosle! TAVANNES ¿Pretendes convertirle? NEVERS Sí, al culto de los dioses verdaderos: ¡el amor y el placer! NOBLES, CORO ¡El amor y el placer! RAÚL Bajo este magnífico cielo de Turena, ¡qué gran honor es para un soldado raso, apenas conocido por nadie, ser admitido entre los caballeros más brillantes de la corte! COSSÉ ¿Sabéis que eso no está tan mal? RAÚL ¡Cuánto honor... NEVERS Intentaremos hacer algo por él. RAÚL ... ser admitido!... NOBLES No está mal. Intentaremos hacer algo por él. Verdaderamente, no está mal, no está mal. NEVERS ¡A la mesa! NOBLES, CORO ¡Vamos! ¡A la mesa! NOBLES, CORO ¡La alegría de la mesa es la auténtica felicidad, el único placer duradero que nunca nos falla! Bebedores intrépidos: ¡que Baco os guíe, que tan solo él, únicamente él presida este alegre festín! NEVERS ¡Escanciad... CORO ...los vinos de Turena TAVANNES ¡El vino inspira... CORO ... alegres coros! TAVANNES, COSSÉ ¡Ahoguemos... CORO ... en la bebida... TAVANNES, COSSÉ ... tanto la prudencia... CORO ... como la amargura! CORO Alegría de la mesa... ¡Bebamos, bebamos, bebamos! NEVERS ¡Servid nuevos vinos! ¡Servid generosamente! ¡Adelante, Raúl, brindemos por nuestras amantes! Por tu aspecto lánguido y tierno ya creo saber que estás enamorado RAÚL ¿Quién? ¿Yo? NEVERS ¡A nuestra edad ya podemos! Pero mañana me someteré a la casta ley de himeneo pues he prometido renunciar al amor; ¡y desde ese momento ya no podré satisfacer los suspiros de las damas de la corte! TAVANNES ¡Cuéntanos todo! Así los demás podrán seguir tu ejemplo. NEVERS ¡Sí, intentémoslo! ¡Que comience el recién llegado! NOBLES ¡Muy bien! RAÚL Puedo hacer eso fácilmente sin comprometer a la dueña de mi corazón. NEVERS Antes de nada ¿quién es? RAÚL Lo ignoro. NEVERS ¿Cómo se llama? RAÚL Lo desconozco. NEVERS ¿En serio? ¡Escuchémosle, la historia parece interesante! RAÚL No lejos de las viejas murallas de Amboise, paseaba yo solitario cuando de pronto vi venir una rica litera por el camino; un grupo de groseros estudiantes la rodeaba y, por sus gritos y groseros ademanes pude adivinar sus intenciones. Acudí y todos huyeron al verme. Tímido, avancé y ... ¡Qué encantadora visión se ofreció a mis ojos! Más blanca que el blanco armiño, más pura que un día de primavera, vi un ángel, una virgen divina, que obnubiló mis sentidos. ¡Oh, virgen inmortal! ¡Qué bella era! E inclinándome ante ella, sin poder evitarlo le dije: bello ángel, reina del amor, hermosura del cielo, te amaré siempre, siempre, siempre, siempre, quiero amarte, quiero amarte siempre, etc. CORO (En el fondo de la escena aparece Marcel) ¡Verdaderamente su candor resulta fascinante! ¡Dios mío, tiembla ante unos ojos hermosos! RAÚL Al escucharme, una dulce sonrisa traicionó la inquietud de su corazón; y en sus ojos pude leer el presagio de mi futura felicidad. Amante fiel, una llama ha quedado prendida en mi corazón, una llama eterna que abrasándome me dice: ¡Ángel adorable, reina del amor TAVANNES (viendo aparecer a Marcelo) ¿Qué extraña figura veo aparecer? RAÚL Es un viejo servidor, que me ha visto nacer. MARCELO (acercándose a Raúl) ¿Señor Raúl? (en voz baja, a Raúl) ¡Cielos! ¡Sentado en la mesa con estos! ¡Ah, mi señor! Dios nos dice: "Evita el festín del impío" MÉRU (riéndose) ¿Es un profeta de Israel? MARCELO ¡En el campamento filisteo! NOBLES ¿Qué pretende decir? RAÚL ¡Ah, excusadle! Mi abuelo le crió entre la espada y la Biblia, no adora sino a Lutero... ¡Y detesta al amor, al infierno y al Papa! MARCELO ¡Así es! RAÚL Pero tan fiel, valeroso y sensible ¡como un diamante en bruto montado sobre acero! (A Marcelo) ¡Ven! Sírvenos y cállate. ¡Cállate si es posible! MARCELO ¡Obedezco! (aparte) ¿Cómo podré librarle de sus garras? NEVERS, MÉRU ¡Amigos, brindemos por nuestras amantes! RAÚL, COSSÉ, TAVANNES ¡Por el único objeto de mi amor! MARCELO (aparte, con angustia) ¡Ven, divino Lutero y líbrale del mal! ¡Ven, y ahoga con tu voz tonante su canto infernal! ¡Señor, Tú que eres defensa y único sostén de los débiles que te adoran! NEVERS (a Raúl) ¡Toma! ¡Bebe! RAÚL ¡No! MARCELO ¡Jamás un cristiano en peligro... MÉRU (a Raúl, señalando a Marcelo ¿Qué le sucede a ése? RAÚL Entona el canto protector de Lutero... Siempre lo cantamos en momentos de peligro. MARCELO ... ha recurrido a Ti en vano! Para nuestra desdicha el eterno tentador se ha armado hoy, señor, de todas sus artimañas. ¡Ven de nuevo a salvarnos! ¡Señor, ven, Señor! COSSÉ ¿Sabéis? Cuanto más lo observo, más me recuerda a un soldado que vi en la muralla de La Rochelle... MARCELO ¿Me reconocéis? COSSÉ ¡Sí, por todos los cielos! Mi cicatriz... MARCELO ¡Os la hice yo! RAÚL ¡Cielos! ¡Marcelo! COSSÉ ¡Fue una lucha limpia! Y para probarlo, ¡bebe conmigo! MARCELO ¡Gracias, prefiero no hacerlo! COSSÉ (riéndose) ¿No bebes con un hijo del infierno? RAÚL ¡Piedad! ¡Perdonadle! NEVERS Muy bien, puesto que no bebe...¡que cante! RAÚL Pero, señores... NOBLES ¡Así es! ¡Que cante! MARCELO Con gusto. Vais a oír un antiguo aire hugonote que ataca a los seguidores del papa y al sexo maldito. Bien lo conocéis pues se trata ¡de nuestro himno de batalla en la Rochelle! RAÚL ¡Marcelo! MARCELO Fue entonces, junto al redoble de los tambores y timbales y del pif, paf, puf de las balas, cuando yo canté: ¡Pif, paf, pif, paf! ¡Abajo los monasterios! ¡Abajo los monjes! ¡Guerra a los hipócritas! ¡Guerra a los papistas! ¡Arrojemos sus templos infernales a las llamas! ¡Derrotémoslos, rodeémoslos, golpeémoslos, dispersémoslos! ¡Pif-paf, rodeémoslos! ¡Pif-paf, derrotémoslos! Pif, paf, pif, paf! Que lloren, que mueran; jamás obtendrán clemencia. ¡no, no jamás! Etc. NOBLES ¡Ja, ja, ja! ¡Qué tipo más entrañable! ¡Perdonad si no nos asustamos! TAVANNES ¡Gracia! COSSÉ ¡Piedad! MARCELO ¡Jamás tembló mi brazo por las quejas femeninas! ¡Malditas sean las Dalilas que condenan las almas de los hombres! Destruyan nuestras espadas sus encantos infernales. A esos bellos demonios: ¡expulsadlos, perseguidlos, golpeadlos! ¡Pif, paf, pif-paf, expulsadlos! ¡Pif, paf, pif-paf, perseguidlos! ¡Pif, paf, pif-paf, golpeadlos! Que lloren, que mueran; jamás obtendrán clemencia, ¡no, no, jamás! Etc. UN CRIADO Alguien desea hablar con el conde de Nevers, señor de este lugar. NEVERS Aunque fuera el propio rey, ¡dile que no estoy! ¡Cuando bebo no atiendo ni al Dios del universo! MARCELO ¡Oh, impío! ¡Blasfema! EL CRIADO ¡Pero es una hermosa joven! NEVERS ¿Una mujer, dices? Realmente nunca creeríais hasta qué punto me persiguen a diario. UN CRIADO Aguarda en vuestra capilla. NEVERS ¡Que espere! TAVANNES, COSSÉ ¡Ni hablar! Como galante caballero que soy, corro a ocupar vuestro lugar. MÉRU, DE RETZ ¡Iré yo! TAVANNES, COSSÉ ¡Iré yo! MÉRU, DE RETZ ¡Iré yo! NEVERS Como gustéis. Sin embargo aguardad un instante... (al criado) ¿Quién es, Léonard? ¿La marquesa dEntrague o la joven condesa? UN CRIADO Ninguna de las dos, señor. NEVERS ¿Es quizá madame Raincy? UN CRIADO No, señor, jamás la había visto NEVERS ¡Una nueva conquista! ¡Por Dios, eso es distinto! Corro junto a ella aunque sólo sea por curiosidad. Señores, dignaos excusarme, os lo ruego; seguid divirtiéndoos, continuad sin mí esta gozosa orgía que el amor ha interrumpido y que, si no me equivoco, la amistad no tardará en recuperar. (Nevers sale, los otros ríen y observan curiosos) TAVANNES ¡Qué episodio tan intrigante! DE RETZ ¡Qué suerte tan afortunada! TODOS ¡Qué episodio tan intrigante! Todo cede ante él y, seguro de agradar, disfruta de una suerte afortunada. ¡Silencio! ¡Callémonos! ¡Cómo me gustaría ser yo el héroe de este misterio! TAVANNES ¿Por qué no soy yo el protagonista? THORÉ ¿Y por qué no soy yo? TODOS ¡Qué episodio tan intrigante! DE RETZ Pero ¿quién será esa dama? COSSÉ ¡Ojalá lo supiera! MÉRU ¿No podríamos acercarnos a ella? COSSÉ ¿No podríamos verla? TAVANNES Creo que conozco un medio que no presenta peligro alguno. (señalando a la ventana) ¿Veis esa ventana, cubierta por una cortina? Desde ella podremos observar el interior de la capilla TODOS ¡Ah! ¡Qué suerte! TAVANNES ¡Como autor del proyecto reclamo la primicia del mismo! (Va a la ventana y descorre la cortina) DE RETZ ¡Habla ya! TAVANNES Puedo verla. COSSÉ ¿Es hermosa? TAVANNES Deliciosa. DE RETZ (Tomando su puesto en la ventana) Me toca a mí. COSSÉ (acercándose) ¡Ah! ¡Puedo verla! THORÉ ¡Qué rasgos tan divinos! MÉRU ¡Qué figura tan elegante! TAVANNES ¿La conoces? MÉRU Para nada. COSSÉ ¿Y tú? DE RETZ Yo tampoco. TAVANNES ¿Y tú? COSSÉ En absoluto. NOBLES ¿Y tú? ¡Yo tampoco! Pero qué encanto y juventud posee... Qué afortunado es nuestro Nevers de tener una amante tan bonita. ¡Una amante tan hermosa! ¡Qué afortunado es! MÉRU (A Raúl que ha permanecido con Marcel) ¿Cómo es posible? ¿Sois el único sin interés? ¿Teméis acaso que su vista pueda dañar el casto corazón de un hugonote? RAÚL Nos sobreestimáis, y la prueba de ello... (mira por la ventana) ¡Santo cielo! TODOS ¿Qué le ocurre? RAÚL Esa mujer tan joven y hermosa. ¡Es la misma que salvé, de la que les hablaba! ¡Es ella! NOBLES ¿Es ella? RAÚL ¡Es ella, la reconozco! MÉRU ¿Es ella? TAVANNES ¡Es ella? TODOS ¡Pobre amante! En su entusiasmo se fió de la virtud de ella pero es otro quien ahora posee el secreto. RAÚL El desprecio me vengará, ¡sí, que me vengue! TODOS ¡Pobre amante! Etc. MARCELO Dios todopoderoso al que adoro, ¿acaso puedes contemplar estos hechos sin compadecerte? ¡Vamos! RAÚL La pérfida ha acudido en busca de otro. El dolor de esta feroz herida es insoportable. ¡Es demasiado insultante! ¡Vamos! MÉRU ¡Silencio! ¡Os van a oír! TODOS ¡Vámonos! ¡Marchemos! NEVERS (Regresando, para sí) ¡Debo romper el compromiso que había jurado! La reina Margarita, a través de su dama de honor, me impone dicho sacrificio. ¡Y es mi propia prometida, en persona, quien ha venido para implorarme!... en secreto... ¡Para cancelar nuestro compromiso matrimonial! Como caballero, he dado mi consentimiento. ¡Pero mi corazón arde de de ira! NOBLES (A Nevers) ¡Honor al conquistador cuya seducción galante y tierno semblante atrae a todas las bellezas! ¡Honor al conquistador! ¡Honor! ¡Honor! Es soberano de todos los corazones y para él, en cualquier circunstancia, el amor siempre le es favorable. ¡Honor al conquistador! ¡Honor! ¡Honor! (Se ve aparecer un paje al fondo de la escena) NEVERS ¿Qué buscas en este castillo, hermoso paje? URBANO ¡Salud nobles caballeros! ¡Salud a todos! Una dama noble y discreta digna de los propios reyes, me ha entregado un mensaje destinado a uno de vosotros. Sin necesidad de nombrarla, honremos la gloria del caballero que ella ha elegido. Podéis creerme, ningún caballero ha recibido jamás tanta gloria ni fortuna. ¡No, no, jamás! ¡Ah!... No temáis, nobles caballeros, que mis palabras encierren mentira alguna. ¡Salud, pues! Que Dios proteja vuestros combates y amores. ¡Salud, caballeros! NEVERS Cierto es que el mérito excesivo puede llegar a ser tedioso, amigos míos, pero no puedo sustraerme a los golpes de la fortuna... (A Urbano) ¡Dámelo! URBANO ¿Sois vos acaso el señor Raúl de Nangis? NEVERS ¿Qué dices? URBANO A él está dirigido el mensaje que traigo. CORO ¡Ah! ¡Dios, santo! MARCELO Es mi señor... ¡ahí lo tenéis! RAÚL ¿Quién? ¿Yo? URBANO (Presentando una carta a Raúl) ¡La carta es para vos! RAÚL (leyendo para sí) "Acudid a la vieja torre, Raúl, hacia el tardecer; y allí, vendados los ojos y sin pronunciar palabra. Obedeced y dejaros conducir. ¿Osareis hacerlo, Raúl?" (en voz alta) Muy bien, creo que alguien intenta burlarse de mí, aunque le puede costar muy caro. ¡De acuerdo! ¡Sea! Lo acepto. (a Nevers) Leed vos mismo. NEVERS ¡Ah! ¡Dios santo! MÉRU ¡Qué sorpresa! COSSÉ ¡Es su sello! TAVANNES ¡Y su escudo! NOBLES, CORO ¿Será cierto? ¡Está escrita de su propia mano! ¡Qué gran fortuna la tuya! NEVERS (con gran gentileza, al igual que todos los demás) Sabéis que soy vuestro amigo, bienamado y fiel... MÉRU Si tuviéramos que serviros... O Que defenderos... DE RETZ Sí, podéis contar con mi... NOBLES, NEVERS ... brazo para lo que necesitéis. Si es preciso serviros, o si es preciso defenderos... Sí, de nosotros, de nuestro brazo, siempre podréis contar. Vos sabéis que siempre seremos vuestros amigos. Podéis contad con nosotros No nos olvidéis, lo habéis prometido. Pensad en nosotros, nos lo habéis prometido. Nosotros, por nuestra parte, pensaremos en vos. ¡No lo olvidéis! RAÚL ¡Qué cambio tan súbito! ¿Qué puedo hacer, Dios mío? TAVANNES ¡Todo! CORO ¡Todo! MARCELO ¡Todo! URBANO ¡Todo! URBANO, NOBLES, NEVERS Los placeres, los honores y el poder superarán todas vuestras expectativas. ¡Sed audaz! Aquel que consigue atrapar el éxito tiene derecho a disfrutar de él NEVERS, NOBLES ¡Oh, qué gran gloria os ha sido reservada! Hoy, la belleza os llama a su lado. URBANO, NEVERS ¡Sed audaz! Aquel que consigue atrapar el éxito... NOBLES ... tiene derecho a disfrutar de él. URBANO Ah! NOBLES, URBANO, NEVERS El poder corresponde a quien tiene el derecho de agarrarlo. ¡Sí, al que lo sepa tomar! RAÚL Los placeres... MARCELO Ved ahora... LOS OTROS Los placeres... RAÚL ... los honores... MARCELO ... ved ahora... LOS OTROS ... los honores... RAÚL ... ¡colmarán... MARCELO ... ved ahora... LOS OTROS ... ¡colmarán... RAÚL ... todos mis deseos! MARCELO ... la diferencia. LOS OTROS ... todos tus deseos! RAÚL Tanto honor... MARCELO Tanto honor... LOS OTROS ¡Ah! Pero vos... RAÚL ... yo no puedo... MARCELO ... no, no puedo... LOS OTROS ... en este día... RAÚL ... creerlo... MARCELO ... creerlo. LOS OTROS ¡Qué suerte! RAÚL ... verdaderamente tanto honor... MARCELO ¡Te alabamos, Señor! Sansón ha vencido a los filisteos. NOBLES, URBANO, CORO Los placeres... RAÚL ... ¡no puedo creerlo! NOBLES ... los honores... MARCELO ¡Alabado sea! ¡Alabado y ensalzado sea Dios! NOBLES, CORO ¡Sí, gloria y dicha eternas al vencedor, al conquistador de las damas! Raúl, tenéis nuestro apoyo. ¡Responded, deprisa! El amor os reclama, el honor os llama, etc. Adiós, todo marcha bien. ¡Adiós, Raúl, os apoyamos!. ACTO II (Jardines del castillo de Chenonceaux. El río serpentea hasta el centro del escenario, escondido de vez en cuando detrás de los arbustos y árboles verdes. A la derecha una escalera grande, por la que se baja del castillo a los jardines. A la altura del telón, la reina Margarita, rodeada de sus damas, está terminando de peinarse. Urbano, su paje, de rodillas delante de ella tiene en la mano un espejo en donde la reina se mira) MARGARITA ¡Oh, hermosa tierra de Turena! Hermosos jardines y fuentes, arroyos que murmuráis a vuestro paso, ¡Cómo me gusta soñar en vuestras orillas! ¡Ah! ¡Soñar! Hermoso bosque, ribera umbrosa, ocultadme en vuestras orillas para que ni el rayo ni la tormenta puedan alcanzarme. Que Lutero y Calvino tiñan la tierra de sangre con sus luchas religiosas; ministros del cielo cuya severa moralidad hace que el nombre de Dios nos llene de temor. MARGARITA, URBANO DAMA DE HONOR Oscuros caprichos y sentimientos malignos, no os acerquéis a nuestra corte. Bajo mi inflijo nos comprometemos a no rendir homenaje sino al dios del amor. Oscuros caprichos, etc. MARGARITA Sí, deseo repetir cada día nuestros cantos de amor a los ecos que nos rodean. EL PAJE, CORO DOS DAMAS DE HONOR Los ecos que nos rodean han aprendido todas las canciones de amor. MARGARITA Escuchad, escuchad, los ecos de alrededor han aprendido todas las canciones de amor. ¡Amor, amor! EL PAJE, DOS DAMAS DE HONOR Amor... MARGARITA Sí, ya el ruiseñor... EL PAJE, DOS DAMAS DE HONOR ... ¡Viene!... MARGARITA ... al aire los repite... EL PAJE, DOS DAMAS DE HONOR ... Viene!... MARGARITA ... y los tiernos suspiros de la paloma torcaz se pierden muriendo sobre las olas amorosas... PAJE, DOS DAMAS DE HONOR Oscura quimera humor sobrio... ¡No os acerquéis a nuestra corte! Etc. CORO ¡Sed para siempre proscritas de estos lugares encantadores! ¡Para siempre! ¡Para siempre! Bajo su reino... Oscuras locuras y gazmoñerías ¡sed proscritas! MARGARITA ¡Ah! TODOS Bajo mi (su) reino sólo se respirará más que para sonreír al dios del amor. MARGARITA ...¡Al dios del amor! Al conjuro de esta palabra la naturaleza renace. Los pájaros lo repiten en el oscuro follaje; el arroyo lo repite con dulce murmullo; la tierra, las olas y el cielo repiten nuestros cantos. MARGARITA, CORO Tierra y cielo repiten nuestros cantos de amor. ¡Sí, todos nuestros cantos de amor! URBANO (Aparte, mirando a la reina y suspirando) ¡Qué hermosa es nuestra reina! ¡Y qué fatalidad! MARGARITA ¿De qué te quejas? URBANO ¡De no ser más que un paje! Un paje discreto, fiel y sumiso. MARGARITA ¡Esa no es la opinión de nuestras damas! Pero ¿quién viene por allí? URBANO La más bella de todas vuestras damas. MARGARITA ¡Valentina! Acércate sin temor. URBANO ¡Ella es vuestra favorita MARGARITA Sí, así es. La he visto llorar y el llanto me enternece. URBANO Pues entonces ya no reiré más. MARGARITA ¡Hija mía, ven! Cuéntame el resultado de tu viaje. VALENTINA El conde de Nervers ha prometido, por su honor, renunciar a mi mano. MARGARITA ¡Bien, todo se arreglará! Te prometo un nuevo compromiso muy pronto. VALENTINA ¿Qué decís? ¡Oh, cielos! MARGARITA Pobre muchacha ¿te sonrojas? ¿Tanto le amas? VALENTINA Pero no debiera... ¿qué dirá mi padre? MARGARITA Cálmate, yo hablaré con él. VALENTINA Sí, pero ¿y Raúl? MARGARITA Él va a venir, querida. VALENTINA ¡Oh, cielos! Yo nunca podré... MARGARITA ¿De veras? ¿Nunca? Está bien, entonces yo lo recibiré. UNA DAMA DE HONOR Venid, señora, bajo esta sombra os protegeréis del intenso sol. El dulce río que baña estas orillas os ofrece su transparente y fresco refugio. CORO DE BAÑISTAS (Las damas que se van a bañar se marchan para prepararse para ello; las que ya están dispuestas, aparecen con ropas ligeras, bailando, corriendo y jugando en diferentes grupos en el agua. A otras se las ve a través del follaje bracear entre las olas. La reina las contempla sonriendo. Urbano se sitúa tras unos árboles) Jóvenes beldades, bajo este follaje que os otorga una dulce sombra, desafiad al calor del día. El seno de una ola del río, vayamos a buscar el frescor y la calma... Bajo este follaje desafiad al día, buscad la calma y el frescor. MARGARITA Está bien, y por que os aprecio... (apercibiéndose de la presencia de Urbano) ¿Qué haces ahí, Urbano? ¿Qué haces ahí? URBANO ¿Quién ¿Yo? Espero las órdenes de Madame. MARGARITA Me había olvidaba de ti. Por poco te confundo con una de mis damas... Ahora puedes marcharte, buen paje... ¡Rápido! ¡Márchate! URBANO ¡Oh, qué lástima tener que irme ahora!... ¡Que lástima! (Sale lentamente) CORO Jóvenes beldades, bajo este follaje... Ved este río que murmura; ved, ved esta suave cañada en el seno de sus puras aguas id a buscar la calma y el frescor... MARGARITA (A Urbano que aparece en lo alto de la escalera) ¿Otra vez? ¡Urbano, qué audacia! URBANO ¡No soy yo! ¡Es un caballero! CORO ¡Un caballero! ¡Un caballero! URBANO ¡No tengáis miedo! Un espeso velo le cubre los ojos. MARGARITA Que venga: ¡es Raúl! URBANO Él no sabe a que trampa le están arrastrando. MARGARITA ¡Es él! Todo secunda mis planes. VALENTINA ¡Ah! ¡Huyamos de su mirada! MARGARITA ¡No, quédate! ¡Te lo ordeno! CORO ¡Aquí está! ¡Silencio! Avanza tembloroso. Quizá tiene miedo. ¡Qué encantador! ¡Qué risa! ¡Tiene miedo! Si bajo su fino vendaje, adivinara el peligro que le amenaza en este lugar se sentiría feliz. Pero su juramento nos protege de él y nos oculta de su mirada indiscreta. URBANO (devorando con la mirada a las damas) Gracias a él se han olvidado de mí y puedo contemplar los peligros que ocultaban a mis ojos. MARGARITA (A las damas) Debo hablar con él. ¡Dejadnos solos! URBANO (Aparte) ¡Ah! ¿Quién no sentiría celos de semejante destino? DAMAS Sí, partamos en silencio. Su corazón late ansioso. ¡Quizá tiene miedo! ¡Qué encantador! ¡Qué risa, tiene miedo! ¡Partamos en silencio! Si bajo su fino vendaje, adivinara el peligro que le amenaza en este lugar se sentiría feliz. Pero su juramento nos protege de él y nos oculta de su mirada indiscreta. URBANO ¡Ah! MARGARITA ¡Vamos, vamos! ¡Dejadnos solos! DAMAS Sí, ¡partamos, en silencio! MARGARITA Tanta confianza, caballero, merece su premio. Voy a libraros de vuestro juramento. ¡Destapaos los ojos! RAÚL ¡Cielos! ¿Dónde estoy? ¿No será esto una alucinación? Divina hermosura, ¡oh, beldad que reináis en estos lugares! hablad, os lo suplico, seáis mortal o diosa. ¿Estoy en la tierra o en el cielo? ¡Hablad, hablad!. Os lo suplico, ¡respondedme! MARGARITA (Para sí) ¡Ah, puedo imaginar el desasosiego que siente el objeto de su amor! ¡Qué atractivo es! Nunca, ni reinas ni princesas, han podido elegir mejor. ¡No, no, jamás! (A Raúl) Un caballero galante debe vivir para su dama y serle fiel en la ausencia. ¡No debe apartarse de ella ni el grueso de un cabello! RAÚL (Para sí, con voz concentrada) Me parece que es ella; el lugar, la hora... todo me recuerda a esa mujer infiel y perjura, de mis dulces recuerdos, el lugar, la hora... ¡Ah, el amor! MARGARITA Un caballero galante debe vivir para su dama, etc. ¡Debe vivir para su dama! ¡No debe apartarse de ella ni el grueso de un cabello! ¡Debe vivir para su dama! ¡Ah, el amor! RAÚL Aceptad como siervo a este humilde caballero. MARGARITA Necesito otra prueba más de vuestra obediencia. RAÚL ¡Os lo juro de rodillas! ¡Hablad! Me someteré a vuestros deseos. Cumpliré todas vuestras órdenes MARGARITA ¡Ah!..¡Ah!... (para sí) Si yo fuera coqueta, ¡cielos! qué conquista haría sin tardanza. Pero no, no; la dama que él ha elegido confía en mí. Debo atraerle para ella y no para mí. RAÚL ¡Vuestras son mi alma y mi vida! ¡Mi espada y mi brazo! ¡Vuestras, mi alma y mi vida!. ¡Mi espada y toda mi sangre! Seré feliz de desafiar a la muerte por mi Dios, ¡por mi Dios y por mi dama! MARGARITA ¡Cuánto aprecio el ardor que le inflama! RAÚL ¡Vuestras, mi alma y mi vida! MARGARITA ¡Cuánto aprecio el ardor que le inflama! RAÚL ¡Vuestra es toda mi sangre! MARGARITA Calmaos, puesto que mi único deseo es haceros feliz. RAÚL ¡Seré vuestro para siempre! MARGARITA ¡Ah, si yo fuera coqueta!...etc. RAÚL (Aparte) Sí, esta conquista servirá para castigar a la veleidosa que me traicionó. ¡Sí! (A Margarita) Un nuevo ardor me inflama y para siempre mi fiel corazón vivirá bajo sus designios. ¡Sí, bajo sus designios! URBANO ¡Señora! MARGARITA ¡Demontre, otra vez el paje! URBANO Los nobles del condado acuden para rendir homenaje a Vuestra Majestad RAÚL ¡Cielos! MARGARITA Sí, es cierto. ¿Acaso no prometisteis obedecerme? Muy bien, pues quiero otorgaros un enlace ilustre. Los planes políticos de mi madre y del Rey apuntan a unir a protestantes y católicos. Colaboraré con su esfuerzo dándoos aquí a la rica y atractiva hija única del conde de Saint-Bris, vuestro antiguo enemigo, el cual desea olvidar los odios familiares al unirse a vos. RAÚL ¿Quién? ¿Él? ¡Podéis contar con mi fe!. MARGARITA ¡Bien! A este precio os ligo a mi persona. RAÚL ¡Sois demasiado bondadosa! URBANO Sí, demasiado bondadosa, ya lo veo, para todo el mundo menos para mí. (Toda la Corte, católicos y protestantes, entran) MARGARITA He querido, caballeros que fuerais testigos de un feliz compromiso dispuesto por mí. CORO ¡Gloria a la más hermosa! ¡Gloria! Nos apresuramos a acudir a vuestra presencia pues es como acudir al placer. MARCELO (Aparte a Raúl) ¡Ah! ¿Qué escucho? ¿Habéis pedido la mano de una Madianita? RAÚL ¡Calla! MARCELO Su casa es la casa del pecado. RAÚL ¡Cállate! MARGARITA (A Saint-Bris y a Nevers) Mi hermano, Carlos IX, consciente de vuestra lealtad, quiere que acudáis, ambos, a Paris esta noche en relación con cierto proyecto que ignoro. NEVERS, SAINT-BRIS Nos sometemos a sus deseos. MARGARITA ¡Sí! Pero antes lo haréis a los míos. Por este matrimonio, renunciaréis a todo odio. Al pié del altar juraréis los tres guardar paz eterna. ¡Juradlo solemnemente! (Al resto de los caballeros) ¡También vosotros caballeros! De tal modo que a todos una el mismo juramento. RAÚL, SAINT-BRIS, NEVERS Por el honor y el nombre de mis antepasados... NOBLES ¡Lo juramos! RAÚL, SAINT-BRIS, NEVERS Por el rey, y esta espada confiada a mi brazo... NOBLES ¡Lo juramos! RAÚL, SAINT-BRIS, NEVERS Por el Dios que conoce y castiga a los perjuros NOBLES ¡Lo juramos! RAÚL, SAINT-BRIS, NEVERS Ante vos nos juramos eterna amistad. MARCELO (Aparte) Por Lutero y la fe que tengo en mis maestros. ¡Sí, juramos! Por la cruz y la espada confiada a mi brazo. ¡Sí, juramos! Guerra a muerte a Roma, a sus soldados y ministros. ¡Sí, juramos! ¡Que nunca haya entre nosotros ni amistad ni piedad! TODOS salvo MARCELO Por el honor y el nombre de mis antepasados. Por el Dios que castiga a los traidores. Delante de vosotros, nosotros nos juramos eterna amistad. MARCELO (Aparte) Por Lutero, por el Dios a quien yo sirvo. Por la cruz y por esta espada a mí confiada. ¡Ah! Juramos que entre nosotros ¡jamás amistad ni piedad! RAÚL, SAINT-BRIS, NEVERS Providencia, tierna madre, haz descender sobre la tierra la concordia que nos haga hermanos y amigos... ¡Sí, hermanos y amigos! MARCELO (Aparte) Providencia, tierna madre, haz descender sobre mi señor tu luz para que vuelva con sus hermanos, tus hijos... ¡Oh, cielos de justicia! Iluminadle para que vuelva con tus hijos MARGARITA ¡Que el cielo se digne escuchar y bendecir por siempre estos juramentos! UNA DAMA ¡Cielo, escuchar y bendice estos juramentos! RAÚL, NEVERS ¡Lo juramos, sí, ante de vos, nos juramos amistad! SAINT-BRIS Delante de vos juramos amistad para siempre. ¡Sí, sí, nos juramos amistad para siempre! MARCELO (para sí) ¡Guerra, guerra a muerte y ni amistad ni piedad! ¡Sí, sí, nos juramos para siempre guerra a muerte! DAMAS ¡Dios, bendice estos juramentos! NOBLES ¡Lo juramos!... ¡Que Dios lo bendiga! MARGARITA (A Raúl) Y ahora debo presentaros a vuestra encantadora prometida, gracias a la cual os será fácil cumplir vuestro juramento. (Saint-Bris reaparece conduciendo a Valentina) RAÚL ¡Oh, Dios mío! ¿Qué ven mis ojos? MARGARITA ¿Qué ocurre? RAÚL ¿Qué?... ¡Es ella!... ¡Ella quien me es ofrecida!. MARGARITA Y el amor y el matrimonio. RAÚL ¡Traición! ¡Perfidia! ¿Yo, su esposo? ¡Jamás! ¡Jamás! TODOS ¡Cielos! RAÚL ¡Traición! ¡Perfidia! ¿Cómo soportar tal insulto? NEVERS, SAINT-BRIS ¡Ah, siento mi cuerpo temblar de vergüenza e ira! MARGARITA Y LOS DEMÁS ¡Oh, furia! ¡Oh, locura! ¿A qué se debe este insulto? MARGARITA, VALENTINA URBANO, DAMAS ¿Qué locura le induce a romper este lazo? ¿Acaso la fuerza seductora de algún capricho ha venido a arrebatarle el corazón? RAÚL ¡Renuncio para siempre a una unión vergonzosa! ¡No habrá boda! Y fiel a mi honor, me río abiertamente de los gritos de cólera. SAINT-BRIS, NEVERS A mí me corresponde destruir al enemigo; necesito sangre para aplacar mi furia, castigar esta afrenta y vengar mi honor. MARCELO ¡Sí, mi corazón aplaude tu valor, querido Raúl! Cual caballero cristiano sólo escuchas a tu honor y te ríes abiertamente de sus gritos... ¡Sí, te ríes de sus gritos de furia! DAMAS ¿Por qué rompe así el compromiso que le ata? Esta afrenta reclama sangre. ¡Hoy, el honor, castigará a ese hombre cruel! NOBLES ¿Por qué rompe así el compromiso que le ata? Esta afrenta reclama sangre. ¡Hoy, el honor, castigará a ese hombre cruel! VALENTINA ¿Qué he hecho para merecer tan grave insulto? ¡El valor parece haberse helado en mi corazón! RAÚL ¡Oh, dolor! ¡Oh, triste suerte! ¡Cómo me veo infamado!... NEVERS, SAINT-BRIS Me estremezco y tiemblo lleno de vergüenza y rabia, necesito su sangre para calmar mi ira, etc. MARCELO Sí, mi corazón aplaude el coraje de Raúl... CORO Esta afrenta necesita sangre... MARGARITA, URBANO VALENTINA, DAMAS La fuerza seductora de algún capricho... RAÚL ¡No habrá enlace, digo! Y fiel al honor, etc. MARCELO ¡Señor, sois la fuerza y el único apoyo... MARGARITA Haberla rechazado... RAÚL ¡Estoy en mi derecho! MARCELO ... de este hombre débil que os adora! MARGARITA ¡Decidme el motivo! RAÚL Este matrimonio... ¡nunca!... pues perdería mi honor. MARGARITA ¡Oh, furia! ¡Oh, locura! ¿A qué se debe este insulto? ¿Qué locura le impulsa a romper estos nudos? RAÚL ¡Oh, dolor! ¡Oh, triste suerte! ¡Cómo me veo infamado!... SAINT-BRIS Me estremezco y tiemblo de vergüenza y rabia... NEVERS, SAINT-BRIS (A Raúl, que se prepara a seguirlos) ¡Salgamos! ¡Que muera a nuestras manos! CORO Esta afrenta necesita sangre... RAÚL ¡Mi corazón se mantiene firme! MARGARITA ¡Deteneos! No habrá nuevos insultos en mi presencia. ¡Raúl, dadme vuestra espada! (A Saint-Bris y Nevers) Y vosotros, ¿Olvidáis que el rey os reclama para acudir a su lado? RAÚL Les seguiré MARGARITA ¡No, quedaros aquí, cerca de mí! SAINT-BRIS Tiene suerte el cobarde de que la mano real le conceda tal privilegio. MARGARITA ¿Cómo os atrevéis! RAÚL (Con voz sofocada a Saint-Bris y Nevers) Es a vosotros a quien ella protege al desarmarme... SAINT-BRIS Es inútil que intenten encadenar mi valor... RAÚL ...y pronto os daré alcance. MARGARITA ¿Cómo os atrevéis? . ¡Estáis suscitando mi cólera! VALENTINA ¿Qué he hecho yo para merecer esta afrenta? NEVERS, SAINT-BRIS ¡Yo sabré encontrar al enemigo, al ofensor! MARCELO ¡Sí, mi corazón aplaude a Raúl por su coraje! CORO Es en vano que pretendan amordazar su coraje. ¡Qué locura! ¡Sabrá encontrar el enemigo que le ultrajó! ¿De dónde viene este ultraje? MARGARITA, URBANO VALENTINA, DAMAS ¡Oh, furia! ¡Oh, locura! ¿A qué se debe este insulto? ¿Qué locura le impulsa a romper estos nudos? ¿Qué le ocurre? RAÚL, NEVERS En vano pretenden amordazar mi coraje. ¡Sabré encontrar el enemigo que me ultrajó! SAINT-BRIS ¡Qué, locura! ¿De dónde viene este ultraje? TODOS ¡Partamos! ¡Alejémonos! MARGARITA, URBANO VALENTINA, DAMAS ¡Oh, qué triste suerte! ¡Oh, destino fatal!... RAÚL, NEVERS SAINT-BRIS, MARCELO ¡Vámonos! ¡Partamos! ¡Alejémonos! Él sabrá encontrar al enemigo que le ofendió. CORO ¡Nada salvará a Raúl! ¡Partamos!¡Partamos! ¡Salgamos de aquí! Él sabrá encontrar al enemigo que le ofendió. RAÚL Sí, más tarde comprobaréis mi valor, ¡Rechazaré vuestra ofensa y vengaré mi honor! NEVERS, SAINT-BRIS ¡Ah, partamos! Mi justo furor castigará a un pérfido y vengará mi honor. MARCELO ¡Ah! ¡Ven, partamos! ¡En su justo furor, Dios sabrá encontrar al pérfido y vengar tu honor! CORO ¡Esta afrenta requiere sangre! ¡Para lavar su honor se debe castigar a un pérfido! MARGARITA, VALENTINA URBANO, DAMAS ¡Ay de mí!¡Ay de mí! MARCELO Tú que nos defiendes... ¡Dios mío! MARGARITA, LOS OTROS ¡Iros, partid, alejaros! MARGARITA, URBANO, DAMAS ¡Qué locura! ¡Qué locura! ¿De dónde viene este ultraje? VALENTINA ¿Qué he hecho para merecer este ultraje?. LOS OTROS ¡En vano se quería amordazar su coraje! MARGARITA, URBANO Para romper todo los nudos... VALENTINA ¡El valor parece haberse helado en mi corazón! El honor y el amor se pierden al tiempo. Para mi ya no habrá esperanza ni felicidad. ACTO III (Mes de agosto en un prado, llamado de los Clérigos, que se extiende hasta el Sena. A la izquierda en primer plano, una taberna donde están sentados unos estudiantes católicos; a la derecha, otra taberna con soldados hugonotes bebiendo y jugando a los dados. En segundo plano a la izquierda, una capilla. En el centro, un inmenso árbol que proyecta sombra sobre el prado. Al alzarse el telón, empleados de la Basoche y los jóvenes charlan y pasean. Obreros, comerciantes, marionetas, músicos ambulantes, monjas, burgueses. Son la seis de la tarde) CORO DE PASEANTES Hoy es domingo, el día de descanso; y todos, alegres olvidamos el trabajo. Hoy es domingo... ¡Tra la, la, la, la!... SOLDADOS HUGONOTES ¡Rataplán, rataplán, etc. BOIS-ROSE, SOLDADOS Y tomando su sable de batalla con el que derribaba fortalezas y murallas, él dijo: ¡Soldados de la fe, seguidme, seguidme! Yo soy vuestro viejo capitán. ¡Rataplán! ¡Os llevaré a la victoria! ¡Rataplán! ¡Os llevaré al paraíso, amigos míos! SOLDADOS ¡Rataplán, rataplán, etc. ¡Viva la guerra! Amigos, brindemos por nuestro padre. ¡Por Coligny! ¡Viva Coligny! ¡Viva Coligny! (Entra el cortejo nupcial católico de Nevers y Valentina que se dirige a la capilla) JÓVENES Y DAMAS CATÓLICAS ¡Virgen María, salve! ¡Seas bendita, salve! ¡Tu voz intercede por los pecadores, salve! Reina de la gracia, por vuestra merced se nos borran hasta las últimas huellas de nuestros sufrimientos. ¡Ah! ¡Virgen María seas bendita! MARCELO ¿El señor Saint-Bris? HOMBRES CATÓLICOS (En voz baja para no disturbar la procesión) No es el momento apropiado para hablar con él. MARCELO ¿Por qué no? HOMBRES CATÓLICOS ¡Inclina tu frente! MARCELO ¿Y por qué habría de hacerlo? ¡No creo que Dios esté ahí! (Marcel se pierde entre la gente) HOMBRES CATÓLICOS ¡Impío! BOIS-ROSÉ ¡Tiene razón! BOIS-ROSE, SOLDADOS ¡Rataplán, rataplán... MUJERES CATÓLICAS Virgen María, ¡seas bendita! Tu voz intercede por los pecadores. BOIS-ROSE, SOLDADOS ¡Viva la guerra! Bebamos, amigos, por nuestro padre Coligny. HOMBRES CATÓLICOS ¡Profanos! ¡Impíos! Tenéis los corazones endurecidos. CORO DE CATÓLICOS ¡Profanos, impíos! Os deberían quemar aquí mismo para que llegarais más rápido al infierno. SOLDADOS ¡Rataplán, rataplán... (Entra un grupo de gitanos) DOS GITANAS ¡Venid, venid! Vosotros que deseáis saber con antelación si el destino os sonreirá, pagad y nuestra ciencia os lo dirá. Somos alegres criaturas de Bohemia y el propio cielo se abre a nuestros ojos. Bellezas coquetas, señores galantes, jóvenes muchachas, jóvenes amantes... ¡Tra, la, la, la! ESTUDIANTES, SOLDADOS ¡Lindas gitanas, venid a bailar con nosotros! ¡Sí, gentiles gitanas, venid a bailar con nosotros! Ballet gitano (Saint-Bris, Nevers y otros salen de la capilla) NEVERS (A Saint-Bris) Valentina, antes de cumplir el voto solemne, me ha pedido quedarse orando al pié del altar. He consentido en ello y, junto con mis numerosos amigos, regresaré a buscar a mi futura esposa para conducirla con gran pompa hasta mi casa. SAINT-BRIS Gracias a este noble enlace podré limpiar el insulto de Raúl... aunque no olvidarlo. Y si tengo la oportunidad de tenerlo a tiro... MARCELO Por orden de mi señor vengo a entregar esta carta al señor Saint-Bris, y yo que... SAINT-BRIS ¡Dádmela! ¡Raúl! ¡Raúl! ¡Por fin regresa! MARCELO ¡Con la Reina! Los tres acabamos de abandonar Turaine y estamos entrando en París. SAINT-BRIS ¡Al cielo doy gracias por ello! Osa retarme... ¡Me envía un desafío! MARCELO ¡Cielo Santo! ¿Qué acabo de oír? SAINT-BRIS Vendrá hoy mismo al Prado de los Clérigos, cuando las sombras del atardecer despejen este lugar. MAUREVERT Aquí mismo acudirá. SAINT-BRIS Un Dios vengador lo hace venir. ¡No saldrá con vida!. ¡Le esperaremos! (en voz baja, a Maurevert) Ocultemos esta carta a mi yerno. No debe arriesgarse a combatir en el día de su boda. MAUREVERT ¡Ni tampoco vos! ¡ El cielo justifica otros medios de eliminar a un impío! SAINT-BRIS ¿Cuáles? MAUREVERT ¡Dios, así lo quiere! Venid, y ante Él conoceréis el proyecto que hoy se está fraguando. UN ALGUACIL ¡A casa, ciudadanos de París! ¡Regresad todos al hogar! ¡Que cesen los ruidos! Abandonad este lugar pues es la hora del toque de queda. CORO ¡Marchémonos a casa, ciudadanos de París! ¡Regresemos todos al hogar! ¡No hagamos ruido! Abandonemos este lugar pues es la hora del toque de queda. (Todos se alejan y el Prado queda desierto) MAUREVERT (Saliendo de la capilla junto con Saint-Bris) ¡Está decidido! ¿Me has comprendido? En este lugar, en una hora. ¡Podéis contar con nuestros amigos! (Maurevert y Saint-Bris se marchan) VALENTINA (Saliendo de la capilla) ¡Oh, terror! Tiemblo al sonido de mis propios pasos! ¿No me engañarán mis sentidos? Oculta a todas las miradas tras una columna acabo de escuchar el relato de un complot infame. ¡Su vida corre peligro! ¡Debo salvarle! No por él, buen Dios, sino por el honor de mi padre. Sin embargo, ¿cómo prevenir a Raúl? (Entra Marcelo) MARCELO ¡Le esperaré! Tomaré parte en la lucha y moriré si él muere. Aquí, en la soledad nocturna ¿qué es ese ruido que percibo? La prudencia aconseja vigilar de lejos sin hacer ruido. VALENTINA ¡Ah, Dios mío, contempla mi angustia! Este es el lugar y la hora avanza. ¿Cómo, sin embargo, podría hacer para prevenirle? MARCELO ¿Quién anda ahí? VALENTINA ¡Qué alegría, es la voz del buen Marcelo! ¡Marcelo! MARCELO ¿A esta hora y en este lugar, mi nombre? ¿Quién anda ahí? VALENTINA ¡Ven aquí! MARCELO ¡Alto! ¡La contraseña o eres hombre muerto! VALENTINA ¡Raúl! MARCELO ¿Raúl? ¡Eso es suficiente! Avanzad... ¡Es una mujer! ¡Y con el rostro cubierto! VALENTINA ¿Tienes miedo? MARCELO ¿Quién? ¿Yo? ¿Miedo yo? No, no, ya lo sabéis: soy Marcelo, la vieja espada de Israel, ¡el terror de vuestras Babeles! VALENTINA ¡Escúchame! Raúl tiene que acudir a este lugar. MARCELO Lo sé. VALENTINA Para librar un duelo. MARCELO Cierto... contra un villano, y para vengar su honor Dios sabrá defenderlo. VALENTINA Que no acuda a la cita si no es bien acompañado. ¡Ah! El ingrato ha asestado un golpe fatal a mi corazón tierno y fiel. Pese a ello, su imagen cruel vive aún en mi corazón destrozado. Pero deseo salvarle. ¡Como hizo él un día conmigo! MARCELO ¡Corro a avisarle, a salvarle, a defenderle! Pero, olvidaba que ya no está en su alojamiento. Al partir me dijo que le esperara aquí. ¿Dónde encontrarle ahora? ¿Y cómo avisarle del complot? VALENTINA Y después, para olvidarle,¡ moriré! MARCELO Si durante mi ausencia se lanza contra él toda la banda, acorralado por las espadas asesinas, ¡morirá! Solo e indefenso, morirá llamando a su Marcelo... ¡Ah, debo esperarlo! Pero, ¿qué podré lograr yo solo frente a ellos? ¡Tan solo morir sobre su cadáver cual fiel servidor! VALENTINA ¡Ah, para olvidarle, moriré! Sí, el ingrato ha herido mi tierno corazón y su imagen está aún viva en mi corazón. MARCELO Dios topoderoso, contempla mis lágrimas y mi angustia mortal. Apiádate de este anciano que te adora. ¡Contempla mi angustia! ¡Piedad, piedad! VALENTINA Me has comprendido... ¡Adiós! MARCELO ¡No!... ¿Quién sois? ¡Hablad! VALENTINA Soy... MARCELO ¿Si? VALENTINA Soy... ¡Oh, Marcelo, una mujer que le adora y que morirá por salvar su vida! MARCEL ¿Será posible? ¿De veras? VALENTINA ¡Ah, no podéis saber ni comprender mi tormento! Las palabras no pueden expresar el tormento en que se alternan la fe, el amor y el deber. Para salvar tan amada vida estoy traicionando honor y padre. Mas imploro el perdón de un Dios que conoce todos los corazones. MARCELO No os arrepintáis, noble joven, de una devoción en la que brilla el honor. No lloréis. Marcelo, hija mía, os bendice sinceramente. La humilde oración de un anciano es un bálsamo consolador. ¡Dios oirá mis súplicas y atenderá tu petición! VALENTINA No podéis saber ni comprender mi tormento, etc. MARCELO Me habían dicho que las mujeres tenían la mirada tan falsa como el alma, pero esta pasión, esta inocencia, ¡proceden del paraíso! No lloréis hija mía. ¡No, no, no lloréis! VALENTINA ... confío en un Dios que conoce todos los corazones. (Valentina se refugia en la Capilla) MARCELO Algún peligro le amenaza pero ignoro cuál. ¡Alerta, viejas piernas! ¡Salvemos a Benjamín de su suerte! (Ve venir a Raúl, Saint-Bris y sus secuaces) ¡Cielos! ¡Es él!... ¡Y también su Judas! SAINT- BRIS (A Raúl) ¡Llegáis a la vez que nosotros! ¡Muy bien! RAÚL ¿Dudabais acaso de mi determinación? MARCELO ¿Cómo podré malograr los planes de ese traidor? RAÚL ¿Estás aquí, mi buen Marcelo? MARCELO Sí... (susurra al oído de su señor) Ha descendido un ángel para anunciarme la tormenta. Señor, os habéis introducido en una trampa. RAÚL ¿Te has vuelto loco, Marcelo? (a los secuaces de Saint-Bris) Señores, anunciad las reglas de este combate leal del que habéis de ser testigos. ¡Confío en la justicia de mi causa! TAVANNES, DE RETZ ¡No tengo dudas! COSSÉ MÉRU ¡No tengo dudas! TODOS ¡Confío en lo justo de mi causa! RAÚL Para vengar sus insultos... TODOS ¡Que sea el acero quien decida entre nosotros! Sólo necesito un buen acero y valor. ¡Cada uno para sí y Dios para todos!. RAÚL ¡Confío en lo justo de mi causa! TAVANNES, DE RETZ, COSSÉ MÉRU ¡Confío en lo justo de mi causa! MARCELO (Aparte, llorando de dolor) ¡Oh, qué amargura para un pobre anciano! Llora, Marcelo, pues Dios nos abandona. ¡Pobre Raúl, le han traicionado! ¡Piedad, Dios mío! ¡Salva a mi hijo! TAVANNES, DE RETZ, COSSÉ MÉRU Ocurra lo que ocurra y pase lo que pase, nos atacaremos a la vez en igual número, tres contra tres, hasta que la muerte decida. ¡Sí, lucharemos! RAÚL, TAVANNES, COSSÉ De acuerdo. DE RETZ, MÉRU Comprendido. MARCELO (Llorando) ¡Pobre Raúl le han traicionado! ¡Piedad, Dios mío, salva a mi hijo! TAVANNES, COSSÉ (testigos de Saint- Bris) Nadie, sino nosotros, participará en el combate. DE RETZ, MÉRU (Testigos de Raúl) Ninguno otro, salvo nosotros, debe tomar parte en el duelo ¡no, no! RAÚL, TAVANNES, COSSÉ De acuerdo. SAINT-BRIS, TAVANNES, COSSÉ Comprendido. TAVANNES A quien caiga bajo la espada... TODOS ... ¡ni gracia, ni cuartel! RAÚL, TAVANNES, COSSÉ De acuerdo. SAINT-BRIS, DE RETZ, MÉRU Comprendido. RAÚL De acuerdo. SAINT-BRIS Comprendido. TODOS Confío en lo justo de mi causa. Para vengarme del que me ofendió, sea la espada el único juez. MÉRU, SAINT-BRIS ¡Ah, me parece que están temblando! LOS OTROS ¡Despreciemos tal insulto! MÉRU, SAINT-BRIS ¡Más valor y menos prudencia! LOS OTROS ¡Malditos, en guardia! TODOS ¡Terminará pronto este combate! MÉRU, SAINT-BRIS ¡Ah, me parece que están temblando! LOS OTROS ¡Despreciemos tal insulto! COSSÉ, MÉRU, SAINT-BRIS ¡Derribémoslos con nuestros golpes! RAÚL, TAVANNES, DE RETZ ¡Adelante caballeros, en guardia! TODOS ¡Que caigan bajo nuestros golpes! MÉRU, SAINT-BRIS ¡Sólo escucho la voz de mi furia! LOS OTROS ¡Buena espada y coraje! ¡Cada uno para sÍ y Dios para todos! DE RETZ, SAINT-BRIS ¡Desafían la ira celestial! ¡El cielo está de nuestra parte! TODOS ¡En guardia, en guardia! ¡Ellos deben caer bajo nuestros golpes! MARCELO ¡Deteneos! ¿No oís esos pasos?. Las sombras no permiten distinguir su número ni su fuerza (A los que se aproximan) ¡Caminantes nocturnos! ¿Qué buscáis aquí? MAUREVERT ¿Y a ti, qué te importa? (Distinguiendo a Marcelo, Raúl y sus padrinos) ¿Qué veo? ¡Cielos, qué perfidia! ¡Hugonotes enfurecidos que osan atacar en desigual número a uno de los nuestros! ¡A mí, a mí, defensores del Dios verdadero! MARCELO ¡Es una traición! ¡Monstruos! ¡Dios os contempla! SOLDADOS HUGONOTES (dentro de a taberna) ¡Rataplán, rataplán plan plan etc. ¡Viva la guerra! ¡Bebamos amigos, sí! MARCELO (Golpeando la puerta de la taberna) ¡Por Coligny! ¡Defensores de la fe! ¡Todo Israel se levanta! ¡Victoria! ¿Por fin, Dios mío, concederás la victoria a nuestras armas? SAINT-BRIS (Gritando hacia la taberna de los estudiantes) ¡A mí! ¡A mí, valientes estudiantes! ¡Acudid, acudid! ¡Traición, perfidia ¡Corred! UN ESTUDIANTE (a la izquierda) ¡Sí, vayamos todos! SOLDADOS HUGONOTES ESTUDIANTES CATÓLICOS ¡Aquí estamos, aquí estamos! ¡Atrás, felones! ESTUDIANTES CATÓLICOS ¡Retroceded! ¡Retroceded, caballeros! SOLDADOS HUGONOTES ¡A vuestras aulas! ¡A vuestras aulas, escolares! ESTUDIANTES CATÓLICOS ¡Beatos! ¡Regimiento de hechiceros! SOLDADOS HUGONOTES ¡Envainad vuestras espadas, soldados meapilas! ESTUDIANTES CATÓLICOS ¡Vaya con el honor calvinista! SOLDADOS HUGONOTES ¡Al diablo con los papistas! ESTUDIANTES CATÓLICOS ¡Los paganos, a la pira! SOLDADOS HUGONOTES ¡Al diablo con los fanáticos! TODOS ¡Abajo con los beatos! ¡Abajo con ellos! ¡Los paganos a la pira! MUJERES CATÓLICAS ¡Vosotras cenáis en las barracas con los impíos! MUJERES HUGONOTES ¡Y vosotras bailáis en la taberna con los estudiantes! MUJERES CATÓLICAS ¡Ah! ¡Id a esconderos, desvergonzadas! MUJERES HUGONOTES ¡Cerrad la bocaza, impertinentes! MUJERES CATÓLICAS ¡Caprichitos de los hugonotes! MUJERES HUGONOTES ¡Tesoritos hipócritas! TODAS ¡Escondeos, deshonradas!... ¡Callaos, desapareced!... ¡Mucho cuidado! ¡Ni una palabra más! SOLDADOS ¡Envainad vuestras espadas! ¡Escolares a la escuela! ¡Vaya con el honor calvinista! ¡Muerte a quien se resista! ¡Dios así lo quiere! ¡Ni una palabra más! MUJERES CATÓLICAS ¡Caprichitos de los hugonotes! ¡Mucho cuidado, ni una palabra más! ¡Deshonradas, escondeos! ¡Ya estamos hartas! ¡Mucho cuidado! ¡Ni una palabra más! ESTUDIANTES ¡Beatos! ¡Volved las riendas! ¡Honor de los calvinistas! ¡Muerte a quien se resista! ¡Ni una palabra más! MUJERES HUGONOTES ¡Tesoritos hipócritas! ¡ Mucho cuidado, ni una palabra más! ¡Callad, desapareced! ¡Ya estamos hartas! ¡Escondeos! ¡Ni una palabra más puesto que Dios lo quiere! TODOS ¡Muerte a quien se resista! ¡Ah, Dios lo quiere! ¡Ni una palabra más puesto que Dios lo quiere! (Margarita entra a caballo con guardias y pajes) URBANO ¡Deteneos! ¡Respetad a la reina de Navarra! MARGARITA ¡Cómo! ¿En el mismísimo París, bajo los ojos de mi hermano, debo soportar vuestros excesos? ¿Acaso no puedo regresar a mi palacio sin toparme a cada paso con la discordia y la guerra? SAINT-BRIS ¿Quiénes son responsables? ¡Aquellos cuya traición obliga a exigir justicia! RAÚL (Señalando a Saint-Bris) La culpa es de él, que sin motivo alguno, es culpable del más criminal de los ataques. MARGARITA ¡Cielos! ¿A quién creer? ¿Quién tiene pruebas de lo que dice? MARCELO (Señalando a Saint-Bris y Maurevert) ¡Yo puedo demostrarlo! Ellos son: querían asesinar a mi señor SAINT-BRIS ¡Mentira! ¡Mentira! MARCELO (viendo a Valentina salir de la capilla) Hace poco una mujer me reveló su odioso complot. ¡Aquella de allí es! SAINT-BRIS ¡Mi hija! ¡Ah, pérfida! RAÚL ¡Cómo es posible! MARGARITA ¡Raúl, lo sabréis todo! VALENTINA ¡Por todos los cielos, señora! RAÚL ¿Y esa traición ha ocurrido a la luz del día, en casa de Nevers, y ante mis ojos? MARGARITA ¡Ella ha venido para romper un enlace odioso! SAINT-BRIS ¡Y que desde esta mañana es la esposa de otro hombre! CORO ¿La esposa de otro ? SOLDADOS ¡Dios mío! SAINT-BRIS ¡Escuchad! ¡Se aproxima el cortejo del feliz esposo! ¡Sí, oigo los acordes de su alegre marcha! ¡Se aproxima el cortejo del feliz esposo! ¡Digno es, sí, de los Saint-Bris y los Nevers! NEVERS (Llega Nevers con su cortejo) Noble dama, venid junto al esposo cuyo amor os reclama. Satisfechos vuestros deseos, permitíos cumplir los míos. Acudid a celebrar este día feliz; la amistad os espera en el banquete de bodas. Allí os seguiré cual cautivo feliz de sus cadenas. MARGARITA, URBANO SAINT-BRIS, CORO ¡Al banquete que el cielo les prepara felices días semejantes a éste! Su palacio, resplandeciente para la fiesta, será la morada de la felicidad, etc. ¡Rodeémoslos bailando! Que nuestros cánticos les acompañen al festín. ¡Vamos! ¡Viva para siempre la más bella! ¡Bailemos y cantemos su amor! ¡Viva la más bella! Etc. CORO ¡No, que ya no haya más paz! ¡No, que ya no haya más tregua! ¡Que la lucha llegue hasta el final! ¡Corresponderá a las espadas decidir! ¡Sí, que hablen las espadas! ¡Sí, ha habido demasiada clemencia! ¡Ah, sí, demasiada! Yo tan sólo abrigo una esperanza: ¡venganza o muerte! ACTO IV (Estancia en las habitaciones del conde Nevers. En las paredes, retratos de familia. Al fondo una gran puerta y vidriera gótica. A la izquierda la puerta de la habitación de Valentina. A su derecha, una chimenea y al lado de ésta la entrada de un camerino cerrado por una cortina. A la derecha y en primer plano una vidriera que da sobre la calle) VALENTINA Sola en casa, ¡sola con mi amargura! ¡Padre, me has condenado a un suplicio eterno! Era otro quien poseía mi corazón y, sin embargo, ¡me has casado! Y Tú, a quien imploré en vano en mi dolor; Tú, que has permitido este enlace funesto, Tú, Dios, dígnate al menos aliviar mis males expulsando un recuerdo que no me deja dormir. Mis sueños reviven entre lágrimas; sólo a él pertenecen mis días. Incluso estos dulces recuerdos son ya un crimen; quiero librarme de ellos, ¡pero no lo consigo! De lejos me llega su amada voz que acalla en mí la voz del cielo; y cuando rezo, su imagen... ¡ay, se me aparece! Nadie es tan poderoso que ha llegado a vencer hasta al mismo Dios. ¿De qué me sirve evitarle ante mis ojos! si no puedo expulsarlo de mi corazón? (Raúl aparece por la puerta del fondo) ¡Cielo santo! ¿Es él? ¿Él, cuyo terrible aspecto me persigue junto con los remordimientos? RAÚL ¡Sí, soy yo! Acudo entre las sombras de la noche como un criminal condenado a horribles penas y que, cansado de sufrir, ¡sucumbe a la desesperación! VALENTINA ¿Qué queréis de mí? RAÚL Nada. Tan solo he querido veros antes de morir. VALENTINA ¿Qué oigo? ¿Será posible? ¿Y mi padre? ¿Y mi esposo? RAÚL Sí, es posible que los encuentre aquí. Lo sabía. VALENTINA ¡Sus corazones son inflexible! ¡Os matarían! ¡Huid! RAÚL ¡No, esperaré su ataque! VALENTINA ¿Acaso no oís pasos? ¡Huid! RAÚL ¡No, no, esperaré aquí y si algún peligro... VALENTINA ¡Mi padre! ¡Mi esposo! Hacedlo por mí... por mi honor. ¡Evitad su ira!. (Raúl se esconde tras la cortina) SAINT-BRIS (Entrando, a sus acompañantes) Habéis acudido aquí por orden de la reina. Ha llegado la hora en la que debo revelaros el proyecto divino hace tiempo concebido por la Médicis. VALENTINA (Aparte) ¡Me estremezco! SAINT-BRIS (A Valentina) ¡Hija mía, salid! VALENTINA ¡Padre! NEVERS ¿Por qué? Su ardiente fe católica permite que podamos hablar ante ella las órdenes definitivas de la reina y del cielo. SAINT-BRIS ¿Deseáis todos, como yo, librar al país de sus problemas y de la amenaza de una guerra impía? NOBLES CATÓLICOS ¡Sí, lo deseamos! Es nuestro deber. SAINT-BRIS ¿Queréis, como yo, vencer a los enemigos del trono, de la patria y del cielo? NOBLES CATÓLICOS ¡Estamos preparados para ello! SAINT-BRIS Bien. La espada amenazante del Dios que nos protege pende ya sobre ellos. ¡Muy pronto la raza impía de los hugonotes desaparecerá para siempre! NEVERS Pero... ¿quién los condena? SAINT-BRIS ¡Dios! LOS DEMÁS ¡Dios! NEVERS ¿Y quién los vencerá? SAINT-BRIS ¡Vosotros! LOS OTROS ¡Nosotros! NEVERS ¿Nosotros? (Mirando a Nevers con expresión de desafío) SAINT-BRIS ¡Sí, nosotros! Por esta santa causa obedeceré sin miedo a mi rey y a mi Dios. Contad con mi valor; en vuestras manos pongo mis votos y mi fe. NEVERS ¿Qué palabras son ésas? Tan sólo al honor rindo yo mis votos y mi fe. SAINT-BRIS, TAVANNES Contad con mi valor; en vuestras manos pongo mis votos y mi fe. ¡A mi Dios y a mi rey! CUATRO SEÑORES ¡Dios, salva nuestra fe! ¡Sí, salva nuestra fe! ¡Salva la fe! ¡Obedezco a mi Dios y a mi rey! VALENTINA ¿Cómo evitar su furia? ¡Dios, anima mi valor y compadécete de mí! ¡Compadécete de mí! ¡Dios, ten piedad! SAINT-BRIS ¿Puede el rey contar con vosotros? TODOS (Excepto Nevers) ¡Lo juramos! SAINT-BRIS Soy yo quien os guiará. TODOS ¡Te seguiremos! SAINT-BRIS, VALENTINA (Aparte) ¡Cómo! Tan solo Nervers parece guardar silencio. VALENTINA ¿Qué irá a decir? ¡Dios mío, me estremezco! NEVERS Ataquemos a los enemigos, mas no indefensos; no es la daga la que debe clavarse en sus pechos. SAINT-BRIS ¡Son órdenes del rey! NEVERS En vano me ordenará que manche el honor de mi sangre y mi valor. Entre los antepasados ilustres de mi linaje hallo muchos soldados, ¡pero ningún asesino! SAINT-BRIS ¿Qué? ¿Traicionáis nuestra causa? NEVERS ¡No! Simplemente quiero salvar el honor de mi espada. ¡Tomadla! ¡Ahí la tenéis! ¡Que sea Dios quien juzgue! VALENTINA ¡Ah! Desde esta tarde toda mi sangre os pertenece, sí, desde esta tarde, etc. Lo sabréis todo; venid, debo deciros algo... SAINT-BRIS (a los soldados) Vigilad a Nevers, a mi yerno; hasta mañana responderéis de él. VALENTINA ¡Pueda el cielo desarmar su ira! ¡Ah! NEVERS ¡Justa y santa es mi causa! SAINT-BRIS, TAVANNES CUATRO SEÑORES Por esta santa causa... NEVERS Debo, sin temor... VALENTINA De un temor mortal... LOS OTROS ... Obedeceré sin miedo... NEVERS ... Debo, sin miedo... VALENTINA ...¡mi alma está oprimida! TAVANNES, SAINT-BRIS ... ¡Sin miedo, por mi Dios, por mi rey! VALENTINA ¡Dios mío ten piedad de mí! NEVERS ... ¡oponerme a mi rey! LOS OTROS ... ¡a nuestro rey! NEVERS Yo debo... SAINT-BRIS Recibid... VALENTINA ¡Ah, Dios mío... SAINT-BRIS ... mi juramento y mi fe. VALENTINA ... ten piedad! LOS OTROS ... ¡Por el rey! NEVERS ... ¡oponerme a mi rey! SAINT-BRIS Y vosotros, que respondéis a la llamada de Dios, devotos ciudadanos, alcaldes y magistrados, ¡escuchadme! Que los nuestros se aposten, discreta y silenciosamente, en este barrio; que ocupen todas sus calles y que, a una señal, ataquen todos a la vez. TODOS ¡Todos, todos, atacaremos a la vez! SAINT-BRIS Besme; tú y los tuyos rodearéis la casa del Almirante; ¡que sea el primero en morir! TODOS ¡Sí, que muera el primero! SAINT-BRIS Y vosotros, a la residencia de Nesle, donde hoy están reunidos los principales jefes enemigos con motivo de la fiesta que se prepara para el rey de Navarra y Margarita. TODOS ¡Nosotros, a la residencia de Nesle! SAINT-BRIS ¡Escuchad!¡Escuchad! Cuando toque la campana de Saint-Germain permaneced atentos y reunid en silencio a vuestros bien armados soldados. A esa lúgubre llamada, tú correrás por doquier dando una nueva señal. ¡Confío en tu prudencia! Y cuando, al fin, la campana sagrada de Auxerrois anuncie por segunda vez la venganza divina ¡tomad vuestras espadas y alzaos! ¡Que todos los malditos sucumban! Dios nos oye y de antemano os bendice. ¡Soldados cristianos, Él marchará ante vosotros! VALENTINA ¡Dios mío!¡Dios mío! ¿Cómo puedo ayudarle? Debe estar oyendo todo, pero no puede escapar. Quisiera correr junto a él, pero no me atrevo. ¡Dios todopoderoso, ante un peligro extremo, salva a Raúl y exponme sólo a mí!. (Tres monjes traen cestas con pañuelos blancos) TRES MONJES, SAINT-BRIS ¡Gloria, gloria, al Dios vengador! ¡Gloria al leal guerrero cuya espada reluce para servir al Señor! Espadas piadosas y santas que en breve beberéis una sangre impura; espadas sagradas con las que el Altísimo castiga a sus enemigos; ¡nosotros os bendecimos! TODOS ¡Sí, gloria al Dios vengador etc. SAINT-BRIS ¡Que este pañuelo blanco y esta cruz inmaculada distingan a los elegidos por el cielo! TRES MONJES, SAINT-BRIS ¡Ni gracia, ni clemencia! Exterminadlos sin piedad al enemigo que huye, al enemigo que se oculta... CORO ¡Ataquemos! ¡Ataquemos! TRES MONJES, SAINT-BRIS ... y al guerrero suplicante abatido a vuestros píes! CORO ¡Ataquemos! ¡Ataquemos! TRES MONJES, SAINT-BRIS ¡Ni gracia ni piedad! ¡Que el acero y las llamas alcancen al anciano al niño y a la mujer! ¡Anatema sobre ellos! CORO ¡Anatema sobre ellos! TRES MONJES, SAINT-BRIS ¡Dios nos los reconoce! TODOS ¡Dios lo quiere y lo ordena! No habrá piedad de nadie. Ese es el precio por el que Él perdona al pecador arrepentido. Que la espada reluzca y corra la sangre, para que la palma inmortal nos aguarde en el cielo. SAINT-BRIS ¡Silencio, amigos míos! PRIMER MONJE ¡Silencio, amigos míos! SAINT-BRIS ¡Que nada nos traicione! PRIMER MONJE ¡Que nada nos traicione! SAINT-BRIS Y PRIMER MONJE ¡Retirémonos sin ruido! TODOS Por esta santa causa obedeceré sin miedo a mi Dios y a mi rey. Contad con mi valor; en vuestras manos pongo mis votos y mi fe. ¡A medianoche! ¡Sin ruido! Que nada nos traicione y que nada les avise de su inminente suplicio. ¡Retirémonos! ¡Dios lo quiere! ¡A medianoche! (Raúl sale de su escondite) VALENTINA ¿Cielos! ¿Adónde vais? ¡Raúl, respondedme! RAÚL ¿Adónde? A ayudar a mis hermanos y a desvelar ante sus ojos este complot sanguinario. A armar su brazo y, con la espada en la mano, echar por tierra los planes de nuestros enemigos. VALENTINA Pero esos enemigos... Se trata de mi padre; se trata de un esposo al que ahora admiro. ¿Osaríais sacrificarles? RAÚL ¡Debo castigar a los asesinos! VALENTINA ¡Matan en nombre del cielo! RAÚL ¿Matan en nombre del cielo? ¿Ése es el Dios que adora vuestra religión? ¿Un Dios que ordena la masacre de franceses? VALENTINA ¡Ah, no blasfeméis! Es su piedad la que preserva vuestra vida. Él se interesa por vos. ¡No salgáis! RAÚL ¡Debo hacerlo! VALENTINA ¡Es un suicidio! RAÚL Y quedarse... es traicionar el honor y la amistad. ¡Nunca, nunca! ¡No! Acucia el peligro y el tiempo vuela. ¡Dejadme, dejadme partir! VALENTINA Indefenso como estáis, ¡os matarán! ¡No intentéis salir! ¡Raúl! RAÚL ¡Ay de mí! VALENTINA ¡Vos, mi único bien! ¡Vos, mi ídolo! RAÚL ¡Son mis hermanos a los que quieren exterminar! VALENTINA ¡Dejaros partir sería morir! RAÚL ¡Ah, dejadme partir! VALENTINA Sí, sabré... RAÚL El honor lo exige. VALENTINA ... reteneros. RAÚL Debo abandonaros. VALENTINA ¡Ah, por piedad... RAÚL ¡Ah, dejadme partir! VALENTINA ... escuchad mis palabras! RAÚL ¡El honor lo exige! VALENTINA ¡Vos, mi único bien! RAÚL ¡Ah, dejadme partir! VALENTINA ¡No, no permitiré que atraveséis tan peligroso umbral! ¡Seguiré vuestros pasos! RAÚL ¡Me siento culpable de escucharos! VALENTINA ¿Y acaso no lo soy yo, al escucharos a vos? Sólo pienso, en esta hora suprema, que vuestros días están contados. Quedaos, Raúl; si me amáis, hacedlo por mí, pues si morís ¡también yo moriré! (Llorando) ¡Quédate! ¡Te amo! RAÚL ¿Me amas? ¿Me amas? ¡Qué feliz revelación! ¡Qué palabras celestiales acabo de escuchar! ¡Desde este momento mi suerte ha cambiado! ¡Has pronunciado la palabra salvadora! ¡Que venga la muerte, pues la esperaré sereno a tus pies! VALENTINA ¡Qué horror! ¿Lo he dicho? RAÚL ¡Lo has dicho! ¡Sí, lo has dicho! ¡Me amas! ¿Qué estrella ilumina mis tinieblas? ¡Por siempre! Lo has dicho: ¡sí, me amas! VALENTINA (Aparte) ¿Qué he hecho? ¡Qué peligro, Dios mío! RAÚL ¡Sigue hablando!... ¡Prolonga el inefable éxtasis de mi corazón! Si esta felicidad no es más que un sueño, ¡ojalá nunca llegue a despertar de él! VALENTINA (Aparte) ¿Qué he hecho? RAÚL ¡Seguid hablando, prolongad.. VALENTINA ¡Qué peligro! RAÚL ...el inefable éxtasis de mi corazón! VALENTINA ¡Oh, Dios mío... RAÚL Sí, mi alegría... VALENTINA ... es la hora! RAÚL ... es un sueño... VALENTINA ¡Es la muerte! RAÚL ... ¡que no despierte jamás! VALENTINA ¡Ya no hay futuro! RAÚL ¡Noche de amor! VALENTINA ¡Noche funesta! RAÚL ¡Ven, huyamos! VALENTINA ¡No, no, no! RAÚL Lo has dicho: ¡me amas! ¡Ven, huyamos! VALENTINA ¡No, no, quédate! (Se oye el tañido de una campana) RAÚL ¡Ah! ¡Ven, ven! ¿Oyes ese fúnebre sonido? VALENTINA ¡Me hiela la sangre! RAÚL ¡De las entrañas de las negra noche se eleva un grito de furia! ¿Dónde estoy? VALENTINA ¡Junto a mí, amado Raúl! RAÚL ¡Ah, recuerdo fatal! ¡Es la horrible señal que anuncia de la masacre de mis hermanos! ¡No, no, no! ¡Ni amor, ni éxtasis! ¡El remordimiento me corroe! Los veo, uno tras otro, asesinados ante mis ojos. Mis amigos me esperan; no debo escucharte más. ¡Corro a defenderlos y a morir a su lado! VALENTINA ¿Cómo, Raúl? ¿Es que mi dolor no logra conmover tu corazón? ¿Es que quieres negar tu pasión y mi fe? ¿Huir de mis brazos para correr a la muerte? ¡Sólo podrás hacerlo pasando sobre mi cadáver! RAÚL ¡Ni amor ni éxtasis! VALENTINA ¿Es posible que en tu frenesí... RAÚL ¡Oh, remordimiento que me oprime! VALENTINA ... rechaces mi ternura? ¿Por qué? ¿Por qué rechazas mi amor? ¿Acaso son menos terribles mis propios remordimientos? ¡No puedes defenderte contra el más tierno amor! (Suena otra campana) RAÚL Los veo, sin clemencia.... VALENTINA ¡Ah Raúl escúchame! RAÚL ¡Ni amor ni éxtasis! VALENTINA ¡Ah, muero a tus píes! RAÚL ¡Ya está, ha llegado la hora! VALENTINA ¡No! RAÚL ¡El cielo exige que muera! VALENTINA ¡No! RAÚL ¡Mis amigos me esperan! VALENTINA ¡No! RAÚL ¡Corro a defenderlos! VALENTINA ¡No! RAÚL ¡En vano me detienes! VALENTINA ¡No quiero que me dejes! RAÚL ¡En vano me detienes! VALENTINA ¡Mátame, aquí tienes... RAÚL ¡Gran Dios! ¡Gran Dios! ¡Mantén mi valor! VALENTINA ...mi pecho! ¡Sí, sé mi verdugo! RAÚL (Se asoman a la ventana) ¡Ahí! Contempla junto al río esos cadáveres sangrientos. VALENTINA ¡Oh, pierdo la razón! ¡Oh, qué crimen monstruoso! ¡Te matarán, Raúl! ¡Oh, piedad!... ¡Me muero! (pierde el conocimiento) RAÚL ¡Despierta! ¿Qué hacer? ¡Oh, terrible momento! ¿Puedo aún resistirme a sus lágrimas? ¡No, huyamos, huyamos! VALENTINA ¡Dios misericordioso! ¡Vela por su vida! ACTO V Primera Escena Ballet (La escena representa la sala de baile de la residencia de Nesle. Todos los protestantes importantes está allí reunidos. Baile general de damas y señores de la corte. Aparece al fondo la reina Margarita con el rey de Navarra, su marido y su paje Urbano. Las damas y los señores van delante de la reina y le hacen los honores de la fiesta, aniversario de su boda) RAÚL ¡A las armas, amigos! ¡Están matando a nuestros hermanos! Las orillas del Sena están inundadas de sangre. Los asesinos y el populacho llegarán en breve. A la luz de sus antorchas fúnebres he visto correr frenéticamente a los soldados. Desde la oscuridad gritaban al unísono: ¡matadlos, matadlos! ¡Dios los ha condenado! He visto caer a guerreros indefensos. La residencia de Coligny nuestro jefe, ha sido atacada y con sus lanzas, sedientas de venganza, le han asestado mil golpes a Coligny. ¡Amigos, he aquí su sangre! TODOS ¡Cielos! ¡Su sangre! RAÚL ¡Su sangre, su sangre! ¡Oh, crimen indescriptible! CORO ¡Oh, crimen indescriptible! RAÚL ¡Venganza, venganza! ¡Sí, la habrá! ¡Corramos a las armas a vengarnos! ¡Corramos a defender a los héroes y mártires! CORO ¡Corramos a las armas!... RAÚL ¡Sí, devolvamos guerra por guerra! TODOS ¡Guerra! RAÚL ¡Venguemos la muerte de nuestros hermanos con la sangre de sus verdugos! ¡Corramos a las armas! TODOS ¡Guerra! Segunda Escena (Cementerio protestante con iglesia semidestruida por los numerosos disparos. Numerosos hombres protestantes construyen una barricada, mientras que sus mujeres, con niños y heridos, atraviesan la escena huyendo camino de la iglesia donde esperan encontrar refugio.) RAÚL (Llegando) Mi viejo y buen Marcelo, ¡qué alegría el encontrarte! MARCELO ¡Ah, mi señor, os vuelvo a ver! RAÚL ¡Qué! ¿Estás herido? MARCELO ¡No es nada! RAÚL ¡Venganza! MARCELO ¿Qué decís? Los soldados y verdugos rodean a unos pocos héroes. En este templo, aún libre, han buscado su último asilo las mujeres y los niños. Venid, nada podemos hacer sino acudir junto a ellos para compartir su destino. VALENTINA (Entra precipitadamente) ¿Dónde corren? RAÚL ¡A la gloria! MARCELO ¡Al suplicio! VALENTINA ¡No, tú no morirás! ¡Que el cielo, mi guía, conduzca mis pasos! He venido a salvarte. RAÚL ¿Es posible? VALENTINA Sí, este pañuelo blanco en el brazo os conducirá sin peligro al Louvre. Allí, la reina os salvará si queréis... RAÚL ¿Y qué se me exige a cambio? VALENTINA Que abracéis mi fe. RAÚL ¡Nunca! ¿Acaso serías mía si fuera un renegado? ¡Todo nos separa! VALENTINA (Volviéndose hacia Marcel) ¡Oh, no, ahora ya puedo amarle sin pecado! RAÚL ¿Y Nevers? MARCELO Sí, Nevers, ese guerrero generoso me salvó de los verdugos y, victima de su celo, ha sido asesinado por ellos. RAÚL ¡Nevers muerto! VALENTINA ¡Oh, ven, partamos! RAÚL El deber... el amor...¡qué espantosa agonía! MARCELO ¡Raúl! RAÚL Marcelo, ¿no ves que espera la felicidad? MARCELO Raúl, ¿acaso no ves que la mano de Dios te detiene? VALENTINA ¡Vamos, vamos! RAÚL ¡No!. ¡Me quedaré para morir con él! VALENTINA ¿Y que haya de verte morir? Sin ti, la vida sería un exilio en esta tierra en la que tanto hemos sufrido y amado. ¿Sin ti? ¿Lo crees posible? ¡Dios mío! Los hombres tenéis el corazón cerrado al amor verdadero... ¡Está bien! Conocerás de qué es capaz el amor de una mujer. ¿Cuando todo nos une, quieres huir muriendo? ¡No, no, no! No sé si debo arriesgar mi alma; infierno o paraíso ¡Nunca te abandonaré! Sí, tu alma agitada no admite otra solución; si no quieres adoptar mi fe y la maldices, ¡yo abrazaré la tuya! ¡Y que sea lo que la voluntad de Dios quiera! Tanto en la tierra como en la eternidad... ¡Juntos en la tierra y juntos en la eternidad! RAÚL ¡Oh, dicha! MARCELO ¡El Señor misericordioso ha preferido iluminarla! VALENTINA Dios mío, ¡mi fe es tuya! ¡Me maldecirían! Mi buen Marcelo, tú que eres como un padre, bendecidnos a ambos en mi nueva fe. RAÚL No hay ningún ministro de Dios. En ti confío para unir santamente nuestras almas. MARCELO ¡Sí! Acepto alegre este ministerio divino. Que vuestro viejo servidor sea vuestro sacerdote. CORO DE MUJERES (Fuera de escena) ¡Dios y Señor... ... defensa y sostén de los débiles... ... que te imploran! MARCELO ¡Oíd! Esos mártires de la fe elevan sus oraciones y cantan alabanzas al Señor... CORO ...el eterno tentador... ...ha vuelto a armarse hoy. MARCELO ... mientras aguardan la muerte. Vosotros, en este lugar tan triste, responded como si estuvierais en su presencia. CORO ¡Ven de nuevo a salvarnos! MARCELO ¿Sabéis que al unir vuestras manos en estas tinieblas estoy consagrando y bendiciendo la fiesta de despedida y el enlace fatal? RAÚL, VALENTINA Sabemos que sólo en el cielo estaremos unidos. MARCELO ¿Habéis rechazado todos los lazos mortales y la esperanza terrenal? ¿Vive tan sólo la fe en vuestros corazones? RAÚL, VALENTINA Sí, la fe reina por fin en nuestros corazones. MARCELO ¿Veréis sin temblar la espada y la llama? ¿Y no negaréis de vuestra fe cuando os enfrentéis al suplicio? RAÚL, VALENTINA Dios, al darnos el amor también nos ha dado valor. CORO (En el interior de la iglesia) Señor, defensa y sostén de los débiles que te implo... HOMBRES CATÓLICOS (En el interior de la iglesia) ¡Abjurad, hugonotes, el cielo lo ordena! ¡Abjurar o morir, el cielo lo ordena! ¡Renegados, gracia o muerte! ¡Ha llegado vuestra hora! MUJERES HUGONOTES (En el interior de la iglesia) ¡No, no, no! VALENTINA Esos niños...esas mujeres... ¡Deteneos, infames! ¡La muerte nos rodea! MUJERES HUGONOTES (En el interior de la iglesia) ¡Señor, acude una vez más a defendernos! VALENTINA ¡Aún cantan! RAÚL, MARCELO ¡Aún cantan! HOMBRES CATÓLICOS (En el interior de la iglesia) ¡Abjurar, hugonotes!... VALENTINA (Mirando a través de los vitrales) Ese anciano que reza... ... aquel monje enfurecido... ¡Dios mío lo ha matado! MUJERES HUGONOTES (En el interior de la iglesia) ¡No, no, no! ¡Señor, acude una vez más a defendernos! VALENTINA ¡Aún cantan! RAÚL, MARCELO ¡Aún cantan! VALENTINA ¡Dios, eres omnipotente! ¡Ven a socorredles! HOMBRES CATÓLICOS (En el interior de la iglesia) ¡Abjurar!... ¡Renegados!.. VALENTINA ¡Oh, todo es inútil! MARCELO ¡Ya han dejado de cantar! ¡Ah, mirad! ¡Mirad, el cielo se abre e ilumina! ¡Gloria a Dios!... ¡Suenan los clarines divinos... VALENTINA, RAÚL ¡Ah! ¡Ved, ved su rostro radiante! MARCELO ... y la marcha de los ángeles resuena... VALENTINA, RAÚL Su cabeza se corona de rayos... y su voz resuena en el espacio. ¡Es un arcángel del Señor! MARCELO ... y la marcha de los ángeles resuena conduciendo a los mártires hasta Dios. ¡Es la marcha de los ángeles! Se oye el tocar de las arpas... VALENTINA, RAÚL ¡Sí, lo oigo! MARCELO ... que me indican el camino. VALENTINA, RAÚL Nos muestra el camino. VALENTINA, RAÚL, MARCELO ¡También yo vuelo hacia el! VALENTINA, RAÚL ¡Sí, lo oigo !... Las arpas que escucho... VALENTINA, RAÚL, MARCELO ¡Delicia suprema, delicia suprema! ¡Dulce muerte cómo te amo! ¡Adiós, tierra! CORO DE ASESINOS ¡Abjurar, hugonotes, el cielo lo ordena! ¡Abjurad o morir! ¡El cielo así lo quiere! VALENTINA ¡No, no... ... no os tengo miedo! MARCELO, RAÚL ¡No, no... ... no os tengo miedo! ¡Nada dejo en esta tierra ! VALENTINA ¡Nada dejo en esta tierra! ¡No os tengo miedo! CORO ¡Renegados, abjurar! MARCELO ¡Mirad, mirad cómo brilla el cielo! ¡Cómo suena el clarín divino! LOS TRES ¡Gloria a Dios! ¡Gloria a Dios! CORO ¡Mirad! ¡No tienen miedo! VALENTINA, RAÚL ¡No, no tengo miedo de nada! ¡Hosanna! ¡Muerte, te amo! ¡Adiós, tierra!¡No, no, no, no! ¡Tierra, adiós! ¡Matadnos, venid, matadnos! ¡No os tememos! ¡Tierra, adiós! CORO ¡Abjurar! ¡Dios lo quiere, renegados! ¡Abjurar o moriréis! VALENTINA, RAÚL, MARCELO ¡No, no, no! ¡Tierra, adiós! CORO ¡Abjurad o morid! ¡Renegad o morid, sí! Tercera Escena (La escena representa una avenida de París en 1572. Noche estrellada) CORO DE HOMBRES ¡Por el acero y el fuego exterminemos a esa raza impía! ¡No habrá piedad! ¡No habrá inocentes! Soldados de la fe católica persigamos al hereje. ¡Dios exige su sangre! ¡Sí, Dios quiere su sangre! (Raúl, herido, Valentina y Marcelo entran) SAINT-BRIS ¿Quién vive? VALENTINA (A Raúl que intenta responder) ¡Ah, por piedad, calla! RAÚL ¡Hugonotes! VALENTINA, MARCELO ¡Y también nosotros! SAINT-BRIS (A los soldados) ¡En nombre del rey, disparad! ¡Oh! ¿Qué veo! ¡Mi hija! VALENTINE ¡Sí, soy yo que marcha al cielo para pedir por vos! (Muere) URBANO ¡Paso a la reina! SOLDADOS ¡Por el acero y el fuego exterminemos a esa raza impía! ¡No habrá piedad! ¡No habrá inocentes ¡Soldados de la fe católica, persigamos al hereje! ¡Dios exige su sangre! Digitalizado por: Miguel Mercé 2011 |