LAKMÉ

 

Personajes

LAKMÉ

GÉRALD

NILAKANTHA

MALLIKA

HADJI

ELLEN

FRÉDÉRICK

ROSE

MISS BENTSON

Sacerdotisa de Brahma

Oficial del Ejército Británico

Sacerdote de Brahma, padre de Lakmé

Esclava de Nilakantha

Esclavo de Nilakantha

Prometida de Gérald

Oficial del Ejército Británico

Amiga de Ellen

Institutriz de Ellen y Rose

Soprano

Tenor

Bajo

Mezzosoprano

Tenor

Soprano

Barítono

Mezzosoprano

Contralto

 

La acción transcurre en la India, bajo el dominio inglés, a finales del siglo XIX.

 

Prélude                                                          

ACTE PREMIER






Scène Première





MALLIKA, HADJI, HINDOUS
A l'heure accoutumée,
quand la plaine embaumée,
par l'aurore enflammée,
fête le jour naissant,    
unissons nos prières,
pour calmer les colères
de Brahma menaçant.

NILAKANTHA
Soyez trois fois bénis,
vous qui rendez hommage
au prêtre abandonné
qu'on raille et qu'on outrage!
De nos vainqueurs odieux 
nous lasserons les colères;
ils ont pu chasser nos dieux
de leurs temples séculaires!
Mais, sur leurs têtes, Brahma
a suspendu sa vengeance,
et, quand elle éclatera,
ce sera la délivrance.
Dans ma retraite, aujourd'hui,
la puissance de dieu brille, 
je le vois, je monte à lui
quand j'entends prier ma fille!




Scène Seconde

LAKMÉ
Blanche Dourga,
pâle Siva!
Puissant Ganeça!
ô vous, que créa Brahma!

HINDOUS
O Dourga, blanche Dourga,
Ganeça, protégez-nous, 
ô Siva, apaisez-vous!
dieux tout puissants,
que créa Brahma!

LAKMÉ
Blanche Dourga,
pâle Siva! etc.

HINDOUS
O Dourga, blanche Dourga! etc.

NILAKANTHA
Allez en paix, redites en partant
la prière au matin.
Allez, allez, dieu vous entend!

HINDOUS

A l'heure accoutumée, etc.

Scène Troisième

NILAKANTHA
Lakmé, c'est toi qui nous protèges!
Et si je peux braver
les haines sacrilèges
de l'ennemi triomphant,
c'est que dieu prend pitié
de ta candeur d'enfant.

LAKMÉ
Lorsque Brahma, dans sa clémence
en broyant une fleur,
fit la terre et le ciel,
il y laissa le miel,
et ce fut l'espérance!

NILAKANTHA
Il faut 
que je te quitte à l'instant.

LAKMÉ
Quoi, déjà?

NILAKANTHA
Sois sans crainte!
Dans la pagode sainte
qui rest encore debout,
à la ville on m'attend;
la fête de demain m'appelle!



Restez près de Lakmé

HADJI
Nous veillerons sur elle

MALLIKA
Nous veillerons tous deux.

NILAKANTHA
Je serai de retour
avant la fin du jour.

LAKMÉ, MALLIKA, HADJI,
NILAKANTHA
Que ciel te protège
te guide par la main,
chasse tout sacrilège
au loin de ton chemin.



Scène Quatrième

LAKMÉ
Viens, Mallika, 
les lianes en fleurs
jettent déjà leur ombre 
sur le ruisseau sacré
qui coule, calme et sombre,
éveillé par le chant
des oiseaux tapageurs!

MALLIKA
Oh! maîtresse,
c'est l'heure 
où je te vois sourire
l'heure bénie 
où je puis lire
dans le coeur toujours fermé
da Lakmé!

Duo

LAKMÉ
Dôme épais
le jasmin
à la rose s'assemble
rive en fleurs,
frais matin,
nous appellent ensemble.
Ah! glissons en suivant
le courant fuyant
dans l'onde frémissante.
D'une main nonchalante,
gagnons le bord,
où l'oiseau chante.
Dôme épais, 
blanc jasmin
nous appellent ensemble!

MALLIKA
Sous le dôme épais
où le blanc jasmin
à la rose s'assemble,
sur la rive en fleurs,
riant au matin,
viens, descendons ensemble.
Doucement glissons:
de son flot charmant
suivons le courant fuyant
dans l'onde frémissante.
D'une main nonchalante
viens, gagnons le bord,
où l'oiseau chante.
Sous le dôme épais,
sous le blanc jasmin,
ah! descendons ensemble!

LAKMÉ
Mais je ne sais 
quelle crainte subite
s'empare de moi;
quand mon père va seul
à leur ville maudite,
je tremble d'effroi!

MALLIKA
Pour que le dieu Ganeça 
le protège, jusqu'à l'étang 
où s'ébattent joyeux
le cygnes aux ailes de neige,
allons cueillir les lotus bleus.

LAKMÉ
Oui, près des cygnes 
aux ailes de neige,
allons cueillir les lotus bleus...

LAKMÉ
Dôme épais
le jasmin
à la rose s'assemble,
rive en fleurs,
frais matin,
nous appellent ensemble.
Ah! glissons en suivant
le courant fuyant
dans l'onde frémissante.
D'une main nonchalant,
gagnons le bord,
où l'oiseau chante.
Dôme épais,
blanc jasmin
nous appellent ensemble!

MALLIKA
Sous le dôme épais
où le blanc jasmin
à la rose s'assemble,
sur la rive en fleurs,
riant au matin,
viens, descendons ensemble.
Doucement glissons:
de son flot charmant
suivons le courant fuyant
dans l'onde frémissante.
D'une main nonchalante
viens, gagnons le bord,
où l'oiseau chante.
Sous le dôme épais,
sous le blanc jasmin,
ah! descendons ensemble!
Preludio

ACTO PRIMERO


(Un jardín repleto de flores. Al fondo,
 junto a un arroyo, un templo 
escondido entre la espesura. Amanece)

Escena Primera

(Hadji y Mallika abren una puerta
del jardín para dejar pasar a un grupo
de fieles que entran reverentemente)

MALLIKA, HADJI, HINDÚES.
A la hora de costumbre,
cuando la campiña embalsamada,
por la aurora inflamada,
festeja el día que nace,
unimos nuestros rezos,
para calmar la cólera
del amenazante Brahma.

NILAKANTHA
¡Sed tres veces bendecidos,
vosotros, que rendís homenaje
al sacerdote abandonado,
ridiculizado y ultrajado!
A nuestros odiosos vencedores
nosotros dejemos la cólera.
¡Ellos quieren expulsar a nuestros
dioses de sus templos seculares!
Pero, sobre sus cabezas, Brahma
prepara su venganza,
y, cuando ella estalle,
será la liberación.
En mi retiro, hoy,
el poder de dios brilla,
¡lo veo, yo asciendo hasta él
cuando escucho orar a mi hija!

(Todos se postran mientras se oye
a Lakmé rezar, fuera de escena.) 

Escena Segunda

LAKMÉ
¡Blanca Dourga,
pálida Shiva!
¡Poderoso Ganesa!
¡Vosotros, a quienes creó Brahma!

HINDÚES
¡Dourga, blanca Dourga,
¡Ganesa, protégenos!
¡Shiva, apaciguaos!
¡Dioses poderosos
que creó Brahma!

LAKMÉ
Blanca Dourga,
pálida Shiva, etc.

HINDÚES
¡Dourga, blanca Dourga! etc.

NILAKANTHA
Marchad en paz y repetid al partir,
el rezo matinal.
¡Marchad, marchad, dios os escucha!

HINDÚES
(todos ellos salen reverentemente)
A la hora de costumbre, etc.

Escena Tercera

NILAKANTHA
¡Lakmé, eres tú quien nos protege!
Y si yo puedo desafiar 
los odios sacrílegos 
del triunfante enemigo,
es que dios tiene piedad
de tu candor de niña.

LAKMÉ
Cuando Brahma, en su clemencia,
rompiendo una flor,
hizo la tierra y el cielo,
él nos dejó la miel,
¡y esa fue la esperanza!

NILAKANTHA
Me debo ir 
inmediatamente.

LAKMÉ
¿Ahora?

NILAKANTHA
¡No tengas miedo!
Me esperan en el único templo
que aún queda en pié
.en la ciudad.
¡La fiesta de mañana me reclama!

(a los dos sirvientes)

¡Permaneced cerca de Lakmé!

HADJI
Nosotros la cuidaremos.

MALLIKA
La cuidaremos los dos.

NILAKANTHA
Yo estaré de regreso
antes de que acabe el día.

LAKMÉ, MALLIKA, HADJI,
NILAKANTHA
Que el cielo te proteja,
que te lleve de la mano,
que expulse cualquier sacrilegio
a lo largo de tu camino.

(Nilakantha parte.)

Escena Cuarta

LAKMÉ
¡Ven, Mallika! 
Las ramas florecidas
derraman ya su sombra
sobre el arroyo sagrado
que corre, calmado y obscuro,
alborotado por el canto
de los pájaros alborotadores!

MALLIKA
¡Oh, mi dueña!
Esta es la hora 
en que te veo sonreír,
la hora bendita 
en que yo puedo leer
en el corazón siempre cerrado
de Lakmé.

Dúo

LAKMÉ
Cúpula espesa,
el jazmín 
a la rosa se asemeja, 
orilla florecida,
fresca mañana,
nosotras invocamos unidas.
¡Ah! Vayamos siguiendo
la corriente fugaz
en el agua temblorosa.
Con mano indolente
lleguemos al borde
donde el pájaro canta.
¡Cúpula espesa,
blanco jazmín,
nosotras invocamos unidas!

MALLIKA
Bajo la cúpula espesa
donde el blanco jazmín
a la rosa se asemeja,
sobre la orilla florida,
risueña a la mañana,
ven, vayamos unidas.
Dulcemente deslicémonos:
de su oleaje encantador
sigamos la corriente fugaz
en el agua temblorosa.
Con mano indolente
ven, lleguemos al borde,
donde el pájaro canta.
Bajo la cúpula espesa,
bajo el blanco jazmín
¡ah! vayamos  unidas.

LAKMÉ
Mas yo no sé 
qué miedo súbito
se apodera de mí
cuando mi padre parte solo
a su aldea maldita,
¡tiemblo de terror!

MALLIKA
Para que el dios Ganesa le proteja,
junto al estanque 
donde retozan alegres 
los cisnes de alas níveas,
vayamos a coger los lotos azules.

LAKMÉ
Sí, cerca de los cisnes
de alas níveas,
vayamos a coger lotos azules...

LAKMÉ
Cúpula espesa,
el jazmín 
a la rosa se asemeja, 
orilla florecida,
fresca mañana,
nosotras invocamos unidas.
¡Ah! vayamos siguiendo
la corriente fugaz
en el agua temblorosa.
Con mano indolente
lleguemos al borde
donde el pájaro canta.
¡Cúpula espesa,
blanco jazmín,
nosotras invocamos unidas!

MALLIKA
Bajo la cúpula espesa
donde el blanco jazmín
a la rosa se asemeja,
sobre la orilla florida,
risueña a la mañana,
ven, vayamos unidas.
Dulcemente deslicémonos:
de su oleaje encantador
sigamos la corriente fugaz
en el agua temblorosa.
Con mano indolente
ven, lleguemos al borde,
donde el pájaro canta.
Bajo la cúpula espesa,
bajo el blanco jazmín
¡ah! vayamos unidas.

(Las dos muchachas suben a una barca
y se alejan. Sus voces, como flotando
sobre el agua se escuchan lejanas)

Scène Cinquième






MISS BENTSON
Miss Rose, Miss Ellen,
respectez les clôtures.

ELLEN
Laissez-nous voir au moins
par-dessus les bambous.

ROSE
La brèche est faite,
on peut passer!



GÉRALD
Voilà Mistress Bentson
qui court les aventures!

MISS BENTSON
C'est très irrégulier.

GÉRALD
Mais c'est très amusant!

FRÉDÉRICK
Dangereux quelquefois!

GÉRALD
Voilà ce qui nous tente!

MISS BENTSON
Mais moi, je dois être prudente
comme gouvernante.

ELLEN
Ces arbres et ces fleurs
n'ont rien de menaçant.

FRÉDÉRICK
Ne vous y fiez pas!
Cette fleur adorable,
ce datura si pur,
éclatant de blancheur, 
dans l'Inde est un poison!

MISS BENTSON
L'Inde est abominable!



GÉRALD
C'est un pays enchanteur
puisqu'on y peut mourir
en mordant une fleur.

FRÉDÉRICK
O poète, perdu dans le ciel
où tu planes! 
Reconnais-tu le lotus
des Brahmanes? 
la pagode cachée
où l'on chante Brahma: 
nous sommes chez Nilakantha!

TOUS
Nilakantha!

GÉRALD
Ce Brahmane indompté qui souffle
aux Indiens la haine vengeresse?

FRÉDÉRICK
Il a fait de sa fille une divinité
mieux encore une charmeresse
qui se cache,
dit-on, ainsi qu'une déesse
dans ce doux paradis
aux profanes fermé.
On la nomme Lakmé.

GÉRALD
Lakmé?
Escena Quinta

(Se oyen unas carcajadas: un grupo
de europeos se aproxima. Entra Miss 
Bentson con Rose y Ellen, y dos oficiales
británicos, Gérald y Frédérick.)

MISS BENTSON
Miss Rose, Miss Ellen,
respetad el cercado.

ELLEN
Dejadnos mirar al menos
por entre los bambúes.

ROSE
La brecha está hecha,
¡podemos pasar!

(entra en el jardín.)

GÉRALD
Mistress Bentson
¡ellas quieren aventuras!

MISS BENTSON
Esto es muy irregular.

GÉRALD
¡Pero es muy emocionante!

FRÉDÉRICK
¡Peligroso de todas formas!

GÉRALD
¡Ahí está lo que nos tienta!

MISS BENTSON
Pero yo, yo debo ser prudente
como institutriz.

ELLEN
Esos árboles y esas flores
no tienen nada de amenazante.

FRÉDÉRICK
¡No os confiéis para nada!
Esa flor adorable,
ese estramonio tan puro,
resplandeciente de blancor,
¡en la India es un veneno!

MISS BENTSON
¡La India es abominable!

(Ellen ríe)

GÉRALD
Es un país encantador
ya que en él se puede morir
al morder una flor. 

FRÉDÉRICK
¡Ay, poeta, perdido en el cielo
por el que vuelas!
¿Reconoces tú
el loto de los Brahmanes
y el templo escondido 
donde se canta a Brahma?
¡Estamos en casa de Nilakantha!

TODOS
¡Nilakantha!

GÉRALD
¿Ese brahmán indómito que insufla
a los hindúes el odio vengador?

FRÉDÉRICK
Él ha hecho de su hija un divinidad,
mejor aún, una hechicera
que se oculta, se dice,
como una diosa 
en este dulce paraíso
cerrado a los profanos.
Se llama Lakmé.

GÉRALD
¿Lakmé?

ELLEN
Quand une femme est si jolie,
elle a bien tort de se cacher.

FRÉDÉRICK
Dans ce pays tout est folie
et j'admets tout, moi, 
sans broncher.

GÉRALD
Une idole qu'on divinise!

ROSE
Que l'on enferme avec ferveur!

GÉRALD
Et qui jamais ne s'humanise!

MISS BENTSON
Je la crois laide à faire peur!

ELLEN
Une femme est toujours sensible
au juste hommage qu'on lui rend.

FRÉDÉRICK
En Europe, c'est bien possible,
mais ici c'est tout différent!

ELLEN, ROSE, GÉRALD
MISS BENTSON,
Ah! beaux faiseurs de systèmes,
amoureux du changement.
laissez-là vos poèmes...

FRÉDÉRICK
Je hais tous les systèmes,
j'observe tout simplement
sans faire de poèmes!

ELLEN, ROSE
...et raisonnons un moment.

MISS BENTSON, GÉRALD
...et raisonnons froidement

FRÉDÉRICK
J'observe tout simplement.

ELLEN, ROSE
Oui, les femmes...
...sont partout les mêmes,
fort heureusement!

MISS BENTSON, GÉRALD
Partout les femmes sont les mêmes
ELLEN
Cuando un mujer es bonita,
ella no hace bien ocultándose.

FRÉDÉRICK
En este país todo es locura
y yo me creo todo, 
sin dudar.

GÉRALD
¡Un ídolo a quien divinizan!

ROSE
¡A la que todos guardan con fervor!

GÉRALD
¡Y que jamás se humanizará!

MISS BENTSON
¡Yo la creo fea para dar miedo!

ELLEN
Una mujer siempre es sensible
al justo homenaje que se le rinde.

FRÉDÉRICK
En Europa, es bien posible,
pero aquí ¡todo es diferente!

ELLEN, ROSE, GÉRALD
MISS BENTSON,
¡Ah! Buen fabricante de teorías,
amante de los cambios,
dejad ya vuestros poemas...

FRÉDÉRICK
No me gustan las teorías,
yo observo simplemente todo,
¡sin hacer poesías!

ELLEN, ROSE
... y razonemos un momento.

MISS BENTSON, GÉRALD
... y razonemos fríamente.

FRÉDÉRICK
Yo observo todo simplemente.

ELLEN, ROSE
Si, las mujeres...
... son por todas partes iguales,
¡afortunadamente!

MISS BENTSON, GÉRALD
Por todas partes son iguales.

FRÉDÉRICK
Les femmes ne sont pas partout
les mêmes.

ELLEN, ROSE
Les femmes...
...sont les mêmes partout,
les mêmes...

MISS BENTSON
Partout 
les femmes sont les mêmes.

GÉRALD
Partout 
les femmes sont les même
heureusement.

FRÉDÉRICK
Les femmes ne sont pas les mêmes
heureusement.
FRÉDÉRICK
Las mujeres no son
por doquier iguales.

ELLEN, ROSE
Las mujeres...
... son iguales por doquier,
iguales...

MISS BENTSON
Por doquier 
las mujeres son iguales.

GÉRALD
Por doquier 
las mujeres son iguales
afortunadamente.

FRÉDÉRICK
Las mujeres no son todas iguales
afortunadamente.

ELLEN, ROSE
...fort heureusement...

GÉRALD, FRÉDÉRICK
Fort heureusement..

TOUS
...fort heureusement!

ELLEN
Si nous cherchions un peu sa trace
dans cet enclos mystérieux?

FRÉDÉRICK
Oh, non! ce serait d'une audace
à faire bondir tous leurs dieux!

ROSE

A-t-elle une grâce divine?

FRÉDÉRICK
Mon Dieu, moi, je me l'imagine!

GÉRALD

Faudrait-il vivre à ses genoux?

MISS BENTSON

Dites donc qu'elle
est mieux que nous!

FRÉDÉRICK
Je ne dis pas cette sottise. Non
mais, sous ce beau ciel de feu, 
les femmes, que leur soleil grise,
des nôtres diffèrent un peu.

Leur vertu bizarre manque d'apparat;
l'amour s'en empare
sans loi, ni contrat!
Ce n'est plus l'amour
aux façons coquettes,
ce n'est plus ce tendre
et doux sentiment,
un bonheur d'allures discrètes,
qui finit très moralement.
Non, leur coeur s'enivre
du plaisir d'aimer,
et pour elles, vivre,
ce n'est que charmer,
vivre, c'est charmer!

ELLEN
Ce sont des femmes idéales,
qui charment instantanément,
et nous leur paraîtrons banales,
nous qui voulons plaire autrement.
Nous sommes conquises
avec moins d'éclat!
De peur des surprises
la raison combat,
mais elles n'ont pas,
vos enchanteresses,
les effrois charmants
des premiers aveux,
ni les troubles, 
ni les ivresses
d'un bonheur que l'on rêve à deux!
Ces beautés célestes
savent tout charmer,
mais nous,
plus modestes, 
nous savons aimer

FRÉDÉRICK
Ne croyez-pas que je compare!

ELLEN, ROSE, MISS BENTSON
C'est votre esprit 
qui vous égare!

GÉRALD
Il est naïf en vérité!

FRÉDÉRICK
Je dis ce 
qu'on m'a raconté!...

ELLEN, ROSE, GÉRALD
MISS BENTSON
Vraiment son/ton...
...esprit s'égare.

FRÉDÉRICK
Non, non!

ELLEN, ROSE GÉRALD
MISS BENTSON
C'est trop de...
...naïveté! Quelle crédulité!
Ah! beaux faiseurs de systèmes...

FRÉDÉRICK
...je crois ce 
qu'on m'a raconté.
Moi, je hais tous les systèmes...

ELLEN, ROSE, GÉRALD
MISS BENTSON
...amoureux...
...du changement...

FRÉDÉRICK
...j'observe tout simplement.

ELLEN, ROSE, GÉRALD
MISS BENTSON,
...laissez-là vos poèmes...

ELLEN, ROSE
...et raisonnons un moment.

MISS BENTSON, GÉRALD
...et raisonnons froidement.

FRÉDÉRICK
Sans faire de poèmes,
j'observe tout simplement.
ELLEN, ROSE
...afortunadamente...

GÉRALD, FRÉDÉRICK
Afortunadamente.

TODOS
...¡afortunadamente!

ELLEN
¿Y si buscamos su huella
en este recinto misterioso?

FRÉDÉRICK
¡Oh, no! ¡Eso sería como un sacrilegio
que haría enojar a todos sus dioses!

ROSE
(burlona)
¿Acaso tiene ella una gracia divina?

FRÉDÉRICK
¡Dios mío, yo me lo imagino!

GÉRALD
(burlón)
¿Deberíamos estar a sus pies?

MISS BENTSON
(irónicamente)
¡Decid pues
que ella es mejor que nosotras!

FRÉDÉRICK
Yo no digo eso, pero
bajo este bello cielo de fuego,
las mujeres doradas por el sol
son difierentes a nosotros.

Su extraña virtud no se da pompa.
¡El amor las toma 
sin ley ni contrato!
No es para nada
un amor de hechura coqueta,
no es el tierno 
y dulce sentimiento,
una felicidad de porte discreto,
que finaliza moralmente.
No, su corazón se embriaga
del placer de amar,
y para ellas, vivir,
no es más que complacer.
¡Vivir, es complacer!

ELLEN
Esas son mujeres ideales,
que encantan instantáneamente,
y nosotras les parecemos banales,
nosotras que queremos
agradar también.
¡Nosotras somos conquistadas
con menos esplendor!
Al miedo de las sorpresas
la razón combate,
pero ellas no tienen,
vuestras seductoras,
los terrores encantadores
de las primeras declaraciones,
ni las turbaciones,
¡ni la embriaguez de una felicidad
que se sueña a dúo!
Esas bellezas celestiales
saben encantar,
pero nosotras, más modestas,
nosotras sabemos amar.

FRÉDÉRICK
¡No creáis que yo comparo!

ELLEN, ROSE, MISS BENTSON
¡Es vuestro espíritu 
quien os ofusca!

GÉRALD
¡Él es ingenuo en verdad!

FRÉDÉRICK
¡Yo digo aquello
que me han contado!...

ELLEN, ROSE, GÉRALD
MISS BENTSON, 
Verdaderamente su / tu...
... espíritu se ofusca.

FRÉDÉRICK
¡No, no!

ELLEN, ROSE, GERALD
MISS BENTSON,
¡Ya está bien de...
... ingenuidad! ¡Vaya credulidad!
¡Ah! Buen fabricante de teorías...

FRÉDÉRICK
... yo creo aquello
que me han contado.
A mí no me gustan las teorías...

ELLEN, ROSE, GÉRALD
MISS BENTSON
...amante...
...de los cambios...

FRÉDÉRICK
... yo observo simplemente todo.

ELLEN, ROSE, GÉRALD
MISS BENTSON,
... dejad ya vuestras poesías...

ELLEN, ROSE
... y razonemos un momento.

MISS BENTSON, GÉRALD
... y razonemos fríamente.

FRÉDÉRICK
Sin hacer poemas,
yo observo simplemente todo.

FRÉDÉRICK
Nous commettons un sacrilège
qu'un hindou ne pardonne pas!

GÉRALD
Qu'importe à des soldats!

FRÉDÉRICK
On tombe un jour sans bruit
enfermé dans un piège!

MISS BENTSON

Partons! Partons!

ROSE

Oh, des bijoux!

MISS BENTSON
Suivez-moi!

ELLEN
Des bijoux ravissants!
Laissez-nous les voir!

MISS BENTSON
Non! Non!

ELLEN
Quel dommage!

GÉRALD
Eh bien! j'en prendrai le dessin.

ELLEN
Vous resterez sans nous?

GÉRALD
Vous les mettrez
le jour de notre mariage!

ELLEN
Pourtant, si c'était dangereux...

GÉRALD
Non!

FRÉDÉRICK
C'est très imprudent.
Ah! le vilain métier
que celui d'homme sage!
FRÉDÉRICK
¡Estamos cometiendo un sacrilegio
que un hindú no perdonaría jamás!

GÉRALD
¡Y qué le importa a unos soldados!

FRÉDÉRICK
¡Podemos un día caer sin ruido
encerrados en una emboscada!

MISS BENTSON
(alarmada)
¡Partamos! ¡Partamos!

ROSE
(señalando unas joyas)
¡Oh! ¡Mirad unas joyas!

MISS BENTSON
¡Seguidme!

ELLEN
¡Qué joyas arrebatadoras!
¡Dejádnoslas ver!

MISS BENTSON
¡No! ¡No!

ELLEN
¡Qué lástima!

GÉRALD
¡Pues bién, yo copiaré su diseño!

ELLEN
¿Quedaréis aquí sin nosotros?

GÉRALD
¡Vos os las pondréis
el día de nuestra boda!

ELLEN
Sin embrago, y si fuera peligroso...

GÉRALD
¡No!

FRÉDÉRICK
¡Esto es muy imprudente!
¡Ah! ¡Qué incómodo menester
el de hombre sabio!

(Todos salen, menos Gérald)

Scène Sixième
GÉRALD
Prendre le dessin d'un bijou,
est-ce donc aussi grave!
Ah! Frédéric est fou!



Mais, d'où vient maintenant cette
crainte insensée?
Quel sentiment surnaturel
a troublé ma pensée
devant ce calme solennel!
Fille de mon caprice,
l'inconnue est devant mes yeux!
Sa voix à mon oreille glisse
des mots mystérieux. Non! non!
Fantaisie aux divins mensonges,
tu reviens m'égarer encore.
Va, retourne au pays des songes,
ô fantaisie aux ailes d'or.
Va! va! va,
retourne au pays des songes.
a fantaisie aux ailes d'or!



Au bras poli de la païenne
cet annelet dut s'enlacer!
Elle tiendrait toute en la mienne
la main qui seule y peut passer!
Ce cercle d'or, je le suppose,
a suivi les pas voyageurs
d'un petit pied qui ne se pose
que sur la mousse 
ou sur les fleurs.
Et ce collier encore parfumé d'elle,
de sa personne
encore tout embaumé,
a pu sentir battre son coeur fidèle,
tout tressaillant
au nom du bien-aimé.
Non! non! Fuyez! Fuyez, chimères,
rêves éphémères,
qui troublez ma raison.
Fantaisie aux divins mensonges,
tu reviens m'égarer encore, etc.

Lakmé -elle s'appelle Lakmé-
Mais quels sont ces doux murmures?
Quels sont ces chants emplis
d'enivrante langueur?




C'est elle... c'est Lakmé...
les mains pleines de fleurs...
c'est elle!
Escena Sexta

GÉRALD
¡Copiar el diseño de una joya,
no será para tanto!
¡Ah! ¡Frédérick está loco!

(hace una pausa)

Pero, ¿de dónde viene ahora
este temor insensato?
¡Un sentimiento sobrenatural
ha turbado mi pensamiento
ante esta solemne calma!
¡Fruto de mi capricho,
la desconocida está ante mis ojos!
Su voz en mis oídos susurra
palabras misteriosas. ¡No! ¡No!
Fantasía de divinas mentiras,
tú vienes a extraviarme aún más.
Va, regresa al país de los ensueños,
fantasía con alas de oro.
¡Vamos! ¡Vamos! 
Regresa al país de los ensueños.
¡Fantasía con alas de oro!

(tomando un brazalete y examinándolo)

¡En el brazo terso de la pagana
este brazalete debió estar sujeto!
¡Ella tendrá su mano en la mía
cuando se la quiera poner!
Y este anillo de oro, supongo,
acompaña los pasos viajeros
de un pequeño pie que no se posa
más que sobre el musgo
o sobre las flores.
Y este collar todavía
con su perfume,
de su ser todavía embalsamado,
ha podido sentir su dulce corazón,
estremecerse con el nombre 
del amado.
¡No! ¡No! ¡Huid! Huid, quimeras,
sueños efímeros,
que turbáis mi razón.
Fantasía de divinas mentiras,
tú vienes a extraviarme aún más...

¡Lakmé!... Ella se llama Lakmé ...
Mas ¿qué son esos dulces murmullos?
¿Qué cantos son esos llenos
de embriagante languidez?

(entran Lakmé y Mallika, mientras
Gérald permanece escondido)

¡Es ella... es Lakmé...
las manos llenas de flores...
es ella!

Scène Septième

LAKMÉ, MALLIKA
O toi qui nous protèges,
Garde-nous des pièges 
de nos persécuteurs



LAKMÉ
Et maintenant,
dans cette eau transparente
qui sur le sable d'or
murmure insouciante,
d'un soleil accablant
viens braver les ardeurs.

MALLIKA
Oui, profitons de l'heure propice
où les arbres touffus 
répandent sur la rive 
une ombre protectrice.




Scène Huitième

LAKMÉ
Mais je sens en mon coeur
des murmures confus!

Les fleurs 
me paraissent plus belles,
le ciel est plus resplendissant!
Les bois ont des chansons nouvelles,
l'air qui passe est plus caressant.
Je ne sais quel parfum m'enivre.
Tout palpite 
et je commence à vivre.
Pourquoi?

Pourquoi dans les grands bois aimé
je à m'égarer pour y pleurer?
Pourquoi suis-je attristée au chant
d'une colombe?
Pour une fleur fanée,
une feuille qui tombe?
Et cependant ces pleurs
ont des charmes pour moi,
je me sens heureuse.
Pourquoi?

Pourquoi chercher un sen
au murmure des eaux
dans les roseaux?
Pourquoi ces voluptés à sentir
dans l'espace
comme un souffle divin
qui m'embaume et qui passe?
Parfois aussi ma bouche a souri
malgré moi,
je me sens heureuse.
Pourquoi?
Escena Séptima

LAKMÉ, MALLIKA
¡Oh, tú que nos proteges,
protégenos de las trampas
de nuestros perseguidores!

(Ellas depositan sus flores.)

LAKMÉ
Y entretanto, 
esa transparente agua
que sobre la arena de oro
murmura indolente,
desafía los ardores
del sol agobiante.

MALLIKA
Sí, aprovechemos la hora propicia
en la que los árboles espesos
esparcen sobre la orilla
una sombra protectora.

(se marcha. Lakmé va a seguirla, 
pero se detiene ensoñadora.)

Escena Octava

LAKMÉ
¡Mas yo siento en mi corazón
murmullos turbadores!

¡Las flores me parecen más bellas,
el cielo es más resplandeciente!
Los bosques tienen
nuevas canciones,
la brisa que corre
es más acariciadora.
Yo no sé qué perfume me embriaga.
Todo palpita y yo comienzo a vivir.
¿Por qué?

¿Por qué en el amado gran bosque
yo me he afligido hasta llorar?
¿Por qué me entristece
el canto de una paloma?
¿Por una flor marchita,
una hoja que cae?
Y pese a esos lloros
sobre cosas encantadoras para mi,
yo me siento dichosa.
¿Por qué?

¿Por qué buscar un sentido
al murmullo de las aguas
entre las cañas?
¿Por qué estas voluptuosidades
sentidas en el espacio
como un soplo divino
que me embalsama y me traspasa?
A veces también mi boca
sonríe a pesar mío,
me siento dichosa.
¿Por qué?

Scène Neuvième




Ah! Mallika! Mallika!

MALLIKA

Lakmé!

HADJI

Quel danger te menace?

LAKMÉ

Aucun! Je me trompais.
Tout m'effraie aujourd'hui!
Mon père ne vient pas,
et pourtant l'heure passe...
Allez tous deux vers lui, allez!




Scène Dixième

LAKMÉ
D'où viens-tu! Que veux-tu!
Pour punir ton audace
on t'aurait tué devant moi!
Mais je rougis de mon effroi!
Et je ne veux pas qu'on sache
que le pied d'un barbare
a souillé d'une tache
la demeure sacrée
où mon père se cache!
Oublie, et pour jamais,
ce qui frappe tes yeux.
Va-t'en! Va-t'en! Va-t'en!
je suis fille des dieux!

GERALD
Oublier que je t'ai vue,
te redressant tout émue,
sous un geste triomphant!
De colère frémissante,
inflexible, menaçante,
avec ce regard d'enfant!
Oublier que je t'ai vue
te redressant tout émue
avec ce regard d'enfant!

LAKMÉ
Jamais le plus téméraire,
jamais un hindou, mon frère,
n'oserait parler ainsi!
Et le dieu qui me protège
punira ton sacrilège.
Va-t'en, va-t'en, sors d'ici!

GERALD
Oublier que je t'ai vue!
Et cette grâce ingénue!
Et ce charme pénétrant!
Ah! tu...
...veux que je t'oublie...

LAKMÉ
D'où vient 
qu'à sa vue...

GERALD
...lors que je...
...sens que ma vie
à tes lèvres se suspend.

LAKMÉ
...de surprise émue,
mon coeur est tremblant!

GERALD
Oublier que je t'ai vue! etc.

LAKMÉ
A sa vue...
de surprise émue...
je sens en mon coeur...
l'ardeur...
d'une étrange fièvre, ah! va-t'en!
Tu ne savais pas, sans doute,
quel danger tu courrais!
Maintenant suis ta route. Va!
C'est la mort 
dont rien ne pourrait
te garder, va!

GERALD
Laisse-moi! Laisse-moi te regarder!

LAKMÉ
C'est pour moi 
dont il sait la haine,
et c'est pour me voir un instant,
qu'il brave la mort, qu'il l'attend!
Quelle force vers moi l'entraîne?
Rien ne l'épouvante...
D'où te vient
cette audace surhumaine?
Quel est le dieu qui te soutient?

GERALD
Quel dieu? quel dieu? Ah!

C'est le dieu de la jeunesse,
c'est le dieu du printemps.
C'est le dieu qui nous caresse
de ses baisers ardents;
par qui s'ouvrent les calices
des roses chaque jour:
c'est le dieu de tes caprices;
c'est l'amour!

LAKMÉ
Il m'a semblé qu'une flamme
avait passé sur mon âme.
L'emplissant toute d'émoi!
Quels sont ces mots nouveaux
pour moi?

Ah!
C'est le dieu de la jeunesse,
c'est le dieu du printemps, etc.
C'est le dieu de mes caprices!
C'est l'amour!

GERALD
Ah! reste, reste encore,
pensive et rougissante,
laisse passer sur ta douce pâleur
le charme enchanteur
de ta pudeur naissante!

LAKMÉ, GERALD
Ah! c'est le dieu de la jeunesse,
c'est le dieu du printemps, etc.

LAKMÉ

Grands dieux! voici mon père!
Fuis! Par pitié! par pitié!
Par pitié... pour moi!

GERALD
Non! je ne t'oublierai plus,
ô douce vision!



Scène Onzième

HADJI

Viens! là! là!

NILAKANTHA

Dans ma demeure!
Un profane est entré chez moi!

LAKMÉ
Je meurs d'effroi!

NILAKANTHA
II faut qu'il meure!
Vengeance! Vengeance!

NILAKANTHA, HINDOUS
Vengeance!
Escena Novena

(Súbitamente se percata de la
presencia de Gérald y lanza un grito)

¡Ah! ¡Mallika! ¡Mallika!

MALLIKA
(acudiendo a la carrera)
¡Lakmé!

HADJI
(llega corriendo también)
¿Qué peligro te amenaza?

LAKMÉ
(controlándose)
¡Ninguno! ¡Imaginaciones mías!
¡Todo me aterra hoy!
Mi padre no llega,
y sin embrago las horas pasan...
¡Id los dos con él, id!

(Mallika y Hadji salen. Lakmé se
acerca a Gérald, que continuaba oculto)

Escena Décima

LAKMÉ
¿De dónde vienes? ¿Qué quieres?
¡Para castigar tu audacia
te harán morir ante mí!
¡Pero yo enrojezco de espanto!
¡Y yo quiero que nadie sepa
que el pie de un bárbaro
ha ensuciado con una mancha
la morada sagrada
donde mi padre se oculta!
Olvida, y para siempre,
lo que ven tus ojos.
¡Vete! ¡Vete! ¡Vete!
¡Soy hija de los dioses!

GÉRALD
¡Olvidar que yo te he visto,
erguirte toda conmovida,
bajo un gesto triunfante!
¡De cólera temblorosa,
inflexible, amenazante,
con esa mirada de niña!
¡Olvidar que yo te he visto
erguirte inquieta
con esa mirada de niña!

LAKMÉ
¡Jamás el más temerario,
jamás un hindú, mi hermano,
osaría hablar así!
El dios que me protege
castigará tu sacrilegio.
¡Vete, vete, sal de aquí!

GÉRALD
¡Olvidar que yo te he visto!
¡Y esa gracia ingenua!
¡Y ese encanto penetrante!
¡Ah! Tú...
...quieres que yo te olvide...

LAKMÉ
¿De dónde viene 
que ante su mirada...

GÉRALD
... desde que yo...
... siento que mi vida
de tus labios depende.

LAKMÉ
... de sorpresa conmovido,
mi corazón se estremece!

GÉRALD
¿Olvidar que yo te he visto! etc.

LAKMÉ
Ante su vista...
de sorpresa conmovido...
yo siento en mi corazón...
el ardor...
de una extraña fiebre, ¡Ah, vete!
¡Tú no conoces, posiblemente,
el peligro que corres!
Vuelve a tu camino. ¡Vete!
¡Aquí está la muerte
de la que nadie podrá
salvarte, va!

GÉRALD
¡Déjame! ¡Déjame volver a mirarte!

LAKMÉ
¡Es por mí que él conocerá el odio,
es por verme un instante,
que él desafía a la muerte
que la espera!
¿Qué fuerza le atrae hacia mí?
Nada le asusta...
¿De dónde te viene
esta audacia sobrehumana?
¿Cuál es el dios que te sostiene?

GÉRALD
¿Cuál dios? ¿Cuál dios? ¡Ah!

Es el dios de la juventud,
es el dios de la primavera.
Es el dios que nos acaricia
con besos ardientes;
por quien se abren los cálices
de las rosas cada día:
es el dios de tus deseos;
¡es el amor!

LAKMÉ
Me ha parecido que una llama
ha pasado por mi alma.
¡La ha llenado toda de emoción!
¿Qué palabras nuevas
son éstas para mí?
¡Ah!

Es el dios de la juventud,
es el dios de la primavera, etc.
¡Es el dios de mis deseos!
¡Es el amor!

GÉRALD
¡Ah! ¡Quédate, quédate aún,
pensativa y sonrojada,
deja nacer en tu dulce palidez
el atractivo encanto
de tu pudor!

LAKMÉ, GÉRALD
¡Ah! es el dios de la juventud,
es el dios de la primavera, etc.

LAKMÉ
(oye los pasos de su padre que regresa)
¡Gran dios! ¡Está aquí mi padre!
¡Huye! ¡Por piedad! ¡Por piedad!
Por piedad... ¡Por mí!

GÉRALD
¡No! ¡Yo no te olvidaré nunca,
dulce visión!

(sale)

Escena Decimoprimera

HADJI
(viendo la empalizada rota)
¡Venid! ¡Ahí! ¡Ahí!

NILAKANTHA
(con furor)
¡En mi casa!
¡Un extrangero ha entrado en mi casa!

LAKMÉ
¡Me muero de terror!

NILAKANTHA
¡Él debe morir!
¡Venganza! ¡Venganza!

NILAKANTHA, HINDÚES
¡Venganza!

(Cae el telón.)

Acto II