PROLOGUE (Le
théâtre représente la forêt d'Erymanthe. Diane
est
assise au fond du théâtre sur un trône de gazon)
Scène
Première (Diane,
nymphes de Diane)
CHŒUR
DES NYMPHES Accourez,
habitants des bois; Rendez
hommage à votre Reine; Qu'il est
doux a être sous les lois De cette aimable
souveraine!
(Entrée
des habitants de la forêt)
Air et
Chœur
DIANE Sur ces
bords fortunés je fais régner la paix; Qu'elle
verse sur vous des douceurs éternelles; Ah! vous ne
la perdrez jamais, Si vous m
êtes toujours fidèles. Vous êtes dons ces mêmes lieux, Où, sur un monstre furieux. Un fils de Jupiter remporta la
victoire; Mais un monstre plus fier le
soumit à son tour. Du plus grand des héros vous
effacez la gloire, Quand vous triomphez de l'Amour. Quels doux concerts se font
entendre?
CHOEUR Que pour nos cœurs ils ont
d'appas!
DIANE Que voïs-je? c'est l'Amour! Venez, suivez mes pas; Ce n'est qu'en le fuyant que l'on peut s'en défendre. Mais, que vous fuyez lentement!
CHOEUR Nous tâchons de vous suivre autant qu'il est possible; Mais peut-on s'empêcher d'avoir un cœur sensible Quand on voit un Dieu si
charmant?
DIANE Ah! que vous fuyez lentement!
CHOEUR Ah! peut-on s'empêcher d'avoir un cœur sensible, Quand on voit un dieu si
charmant?
Scène Deuxième
(Diane, l'Amour et leur
suite;
les habitants de la forêt)
L'AMOUR (à Diane) ¡Au doux penchant qui les
entraîne, Ne prétends pas les arracher!
DIANE (a l'Amour) Des lieux où je commande est-ce à toi d'approcher? Va, fuis,
ton seul aspect vient
redoubler ma haine.
Air
L'AMOUR Pourquoi me
bannir de ces lieux? Quoi! ce
votre univers n'est’il
pas mon partage? Les Enfers,
la Terre et les Cieux, Tout doit
rendre à l'Amour un éclatant hommage.
DIANE Enchaîne à
ton gré l'univers, Mais
respecte ces bois où je tiens mon empire; Non, les
cœurs que Diane inspire Ne
porteront jamais tes fers.
Duo
L'AMOUR
ET DIANE Non, je ne
souffrirai pas Qu'ils
gardent leur indifférence. Non, ce
n'est que sous ma puissance Qu'on peut
trouver de vrais appas.
Invocation
DIANE Arbitre
souverain du ciel et de la terre, Dieu
puissant dont je tiens le jour, Pourras-tu
souffrir que l'Amour Jusqu'aux
lieux où je règne ose porter
la guerre? C'est toi
qui m'as donné l'empire des forêts, Et tu dois
soutenir les dons que tu m'as faits.
(On
entend un bruit sourd de tonnerre) Mais ma
voix dans les cieux vient de se faire entendre. Tremble,
superbe Amour, Jupiter va
descendre.
Scène
Troisième
(Jupiter
et les précédents)
Descente
de Jupiter
JUPITER (à
Diane) Diane,
j'étais prêt à défendre
tes droits Contre un
Dieu plus puissant que tous
les Dieux ensemble; Mais, le
Destin, sous qui tout tremble, Vient de
nous prescrire ses lois. Il ne veut
pas que l'on conspire Contre le
doux penchant des cœurs. Et jusqu'au
fond des bois où tu tiens
ton empire, Il prétend
que l'Amour lance ses
traits vainqueurs.
DIANE Quelle
honte!
L'AMOUR Quelle
victoire!
JUPITER Amour, pour
jouir de ta gloire, Le Destin,
tous les ans ne t'accorde qu'un jour; Mais un
jour que l'Hymen éclaire. Vous, ma
fille, à ses lois ne soyez point contraire; En faveur
de l'Hymen faites grâce à l'Amour.
(Jupiter
remonte aux cieux)
Scène
Quatrième (Diane,
l'Amour et leur suite;
les habitants de la
forêt)
DIANE Nymphes,
aux lois du sort il faut que j'obéisse. Je mets dès
aujourd'hui vos coeurs en liberté; je ne dois
pas, pourtant, abaisser ma fierté jusqu'à
voir une fête à l'Amour
si propice. Hippolyte,
Aricie, exposés à périr, Ne fondent
que sur moi leur dernière espérance; Contre une
injuste violence C'est à moi
de les secourir.
(Diane
traverse les airs)
Scène
Cinquième
(l'Amour, suite de l'Amour et de Diane,
les habitants de la forêt)
L'AMOUR Peuples,
Diane, enfin, vous livre à ma puissance, Et vous
pouvez aimer au gré de vos désirs. Je vais,
par les plus doux plaisirs, Vous
consoler de son absence. Régnez,
aimable paix, Régnez dans
ces forêts, Qu'à nos
vœux empressés votre zèle réponde. Et vous,
tendres Amours, faites voler ces traits Dont dépend
le bonheur du monde.
Air en
rondeau pour les Amours
UN
SUIVANT DE L'AMOUR Plaisirs,
doux vainqueurs, A qui tout
rend les armes, Enchaînez
les cœurs, Plaisirs,
doux vainqueurs, Rassemblez
tous vos charmes, Enchantez
tous les cœurs! Prêtez-moi
vos appas, Régnez, ne
cessez pas De voler
sur mes pas. C'est aux
Ris, c'est aux Jeux D'embellir
mon empire. Qu'aussitôt
qu'on soupire, L'on y soit
heureux!
Première
gavotte
L'AMOUR A l'Amour
rendez les armes, Donnez-lui
tous vos moments.
CHOEUR A l'Amour
rendons les armes Donnons-lui
tous nos moments.
L'AMOUR Chérissez
jusqu'à mes larmes, Mes alarmes
ont des charmes, Tout est
doux pour les amants.
CHOEUR Chérissons
jusqu'à mes larmes Ses alarmes
Ont des charmes Tout est
doux pour les amants.
Deuxième
gavotte
L'AMOUR La
tranquille indifférence N'a que
d'ennuyeux plaisirs.
CHOEUR La
tranquille indifférence. N'a que
d'ennuyeux plaisirs.
L'AMOUR Mais quels
biens l'Amour dispense Pour prix
des premiers soupirs! Il fait
naître l'espérance, Aussitôt
que les désirs.
CHOEUR Mais quels
biens l'Amour dispense efc.
Premier
menuet
Deuxième
menuet
Premier
menuet
L'AMOUR Par de
nouveaux plaisirs couronnons
ce grand jour. Au temple
de l'Hymen, il faut que je vous guide; A la fête,
avec moi, je consens qu'il préside; Que son
flambeau s'allume aux flammes
de l'Amour.
Marche
ACTE
PREMIER.
(Le
Théâtre représente un Temple consacré
à Diane. on y voit un Autel)
Scène
Première
ARICIE (en
Chasseresse) Temple
sacré, séjour tranquille,
Où Diane aujourd’hui doit recevoir mes vœux,
À mon cœur agité daigne servir d’asile
Contre un amour trop malheureux.
Et toi, dont malgré moi je rappelle l’image,
Cher Prince, si mes vœux ne te sont pas offerts,
Du moins, j’en apporte l’hommage
À la Déesse que tu sers. Temple
sacré, séjour tranquille,
Où Diane aujourd’hui doit recevoir mes vœux,
À mon cœur agité daigne servir d’asile
Contre un amour trop malheureux.
Scène
Deuxième
(Hippolyte, Aricie)
HIPPOLYTE Princesse,
quels apprêts me frappent dans ce
Temple!
ARICIE Diane
préside en ces lieux;
Lui consacrer mes jours, c’est
suivre votre exemple.
HIPPOLYTE Non, vous
les immolez, ces jours si précieux.
ARICIE J’exécute
du Roi la volonté suprême;
À Thésée, à son fils, ces jours sont odieux,
HIPPOLYTE Moi, vous
haïr! quelle injustice extrême!
ARICIE
Je ne suis point l’objet de votre inimitié?
HIPPOLYTE
Je sens pour vous
une pitié
Aussi tendre que l’amour même.
ARICIE Quoi? Le
fier Hippolyte…
HIPPOLYTE Je n’en ai
que trop dit; je ne m’en repens pas,
Si vous avez daigné m’entendre.
Mon trouble, mes soupirs, vos malheurs, vos appas,
tout vous annonce un cœur trop
sensible et
trop tendre.
ARICIE Ah! Que
venez-vous de m’apprendre!
C’en est fait; pour jamais
mon repos est
perdu.
Peut-être votre indifférence
Tôt ou tard me l’aurait rendu;
Mais votre amour m’en ôte l’espérance.
C’en est fait; pour jamais mon repos est perdu.
HIPPOLYTE
Qu’entends-je! Quel
transport de mon âme s’empare!
ARICIE
Oubliez-vous qu’on nous sépare!
Quel temple redoutable, et quel affreux lien!
Hippolyte amoureux m’occupera
sans cesse;
Même aux Autels de la Déesse,
Je sentirai mon cœur s’élancer vers le sien.
Diane et l’univers pour moi ne sont plus rien.
Hippolyte amoureux m’occupera sans cesse,
Je vivrai pour pleurer son malheur et le mien.
HIPPOLYTE Je vous
affranchira d’une loi si cruelle.
ARICIE Phèdre sur
sa captive a
des droits
absolus;
Que nous sert d’aimer? Nous ne nous verrons
plus.
HIPPOLYTE O Diane!
Protège une flamme si belle.
ENSEMBLE Nous
brûlons des plus pures flammes,
L’Amour n’offre à nos cœurs que
d’innocents appas,
Tu ne le défends pas
Non, non, tu ne le défends pas
Quand c’est par vertu qu’il règne sur nos âmes.
Scène
Troisième.
(Hippolyte, Aricie, la grande prêtresse de
diane, prêtresses de Diane)
Entrée
des prêtresse
CHŒUR Dans ce
paisible séjour
Règne l’aimable innocence.
Les traits que lance l’Amour
Sur nous n’ont point
de puissance;
Nous jouissons à jamais
Des doux charmes de la paix.
On danse
LA
GRANDE PRÊTRESSE. Dieu
d’Amour, pour nos asiles,
Tes tourments ne sont pas faits.
Tous les cœurs y sont tranquilles?
Tes efforts sont inutiles.
Non, non, tu n’en peux
troubler la paix. Tes
alarmes
Ont des charmes
Pour qui manque de raison;
Mais nos âmes
De tes flammes
Reconnaissent le poison.
Va, fuis, perds l’espérance,
Va, fuis loin de nos cœurs.
Contre notre indifférence,
Tu n’as point de traits vainqueurs.
On danse
LA
GRANDE- PRÊTRESSE,
(alternativement avec le Chœur) De l’Amour
fuyez les charmes
Craignez jusqu’à ses douceurs,
De fleurs il couvre ses armes,
Mais les larmes,
Les alarmes,
Sont le prix des tendres cœurs. La paix et
l’indifférence
Comblent ici nos désirs;
Les biens que l’amour dispense
Coûtent toujours des soupirs;
Dans le sein
de l’innocence
Nous trouvons les vrais plaisirs.
On danse
Scène
Quatrième
(Phedre,
Oenone, Gardes; et les Acteurs
de la Scène précedente)
PHEDRE (à
Aricie) Princesse,
ce grand jour
par des nœuds éternels
Va vous unir aux immortels.
ARICIE Je crains
que le ciel ne condamne
L’hommage que j’apporte aux pieds
des saints autels.
Quel cœur viens-je offrir à Diane!
PHEDRE Quel
discours!
ARICIE Sans
remords, comment puis-je en ces lieux Offrir un
cœur que l’on opprime?
CHŒUR DE
PRÊTRESSES. Non, non,
un cœur forcé n’est
pas digne des Dieux;
Le sacrifice est un crime.
PHEDRE Quoi? L’on ose
braver le suprême pouvoir!
CHŒUR Obéissez
aux Dieux; c’est le premier devoir.
PHEDRE (à
Hippolyte)
Prince, vous souffrez qu’on outrage,
Et votre père, et votre Roi!
HIPPOLYTE Vous savez
quel respect à Diane m’engage;
Dès mes plus tendres ans je lui donnai ma foi.
PHEDRE Dieux!
Thésée en son fils trouve un
sujet rebelle!
HIPPOLYTE Je sais
tout ce que je lui dois
Mais, ne puis-je pour lui faire éclater mon
zèle,
Qu’en outrageant une Immortelle?
PHEDRE Laissez ces
détours superflus;
La vertu quelquefois sert de prétexte au crime.
HIPPOLYTE Quel crime!
PHEDRE
Je ne sais qui vous touche le plus, De l’autel,
ou de la victime.
HIPPOLYTE Du moins,
par d’injustes rigueurs,
Je ne sais point forcer les cœurs.
PHEDRE Périsse la
vaine puissance
Qui s’élève contre
les Rois.
Tremblez; redoutez ma vengeance,
Et le Temple et l’Autel vont tomber à ma voix.
Tremblez, j’ai su prévoir la désobéissance;
Périsse la vaine puissance,
Qui s’élève contre les Rois.
(Bruits
de trompettes. Des guerriers entrent,
et vont briser l’Autel)
GRANDE-PRÊTRESSE, CHŒUR Dieux
vengeurs, lancez le tonnerre.
Périssent les mortels qui vous livrent la
guerre.
(Bruit
de tonnerre. Diane
paraît dans une gloire)
LA
GRANDE PRÊTRESSE Nos cris
sont montés jusqu’aux cieux,
La Déesse descend; tremblez, audacieux.
Scène
Cinquième
(Diane;
et les Acteurs de la Scène précédente)=
DIANE (à ses
Prêtresses)
Ne vous alarmez pas
d’un projet téméraire,
Tranquilles cœurs, qui vivez sous ma loi.
Vous voyez Jupiter se déclarer mon père;
Sa foudre vole devant moi.
(à
Phèdre)
Toi, tremble, Reine
sacrilège;
Penses-tu m’honorer par d’injustes rigueurs?
Apprends que Diane protège
La liberté des cœurs.
(à
Aricie)
Et toi, triste
victime, à me suivre fidèle,
Fais toujours expirer les monstres sous tes
traits.
On peut servir Diane avec le même zèle,
Dans son temple et dans les forêts.
HIPPOLYTE, ARICIE Déesse,
pardonnez…
DIANE Votre vertu
m’est chère;
Et c’est au crime seul que je dois ma colère.
(Diane
entre dans son
temple avec ses
prêtresses, et Hippolyte emmène Aricie)
Scène Sixième
PHEDRE Quoi! La
terre et le ciel contre moi sont armés!
Ma rivale me brave! Elle suit Hippolyte!
Ah! Plus je vois leurs cœurs l’un pour
l’autre enflammés,
Plus mon jaloux transport s’irrite. Que rien
n’échappe à ma fureur;
Immolons à la fois l’amant et la rivale.
Haine, dépit, rage infernale,
Je vous abandonne mon cœur!
ARICIE Temple
sacré, Séjour tranquille,
Où Diane aujourd'hui doit recevoir mes vœux,
A mon cœur agité, daigne servir d'asile
Contre un amour trop malheureux.
PHEDRE Mais on
vient, c'est Arcas, Ciel! quel
trouble l'agite?
Scène
Septième
(Phèdre,
Oenone, Arcas)
ARCAS Ô malheur!
ô funeste sort!
OENONE Arcas, que
viens-tu nous apprendre?
ARCAS Ah! j'en
frissonne encore; Le roi
vient de descendre Dans
l'affreuse nuit de la mort.
PHEDRE Ô Dieux!
OENONE Arcas,
qu'oses-tu dire?
ARCAS Ce qui
vient de frapper mes yeux. Pour suivre
un tendre ami dans l'infernal empire Il quitte
pour jamais la lumière des cieux. La terre,
sous ses pas ouverte, A favorisé
ses efforts, Et
d'affreux hurlements, sortis des
sombres bords, Du plus
grand des héros m'ont
confirmé la perte.
PHEDRE C'en est
assez.
(Arcas
se retire)
Scène
Huitième
(Phèdre,
Oenone)
OENONE Mes yeux
commencent d'entrevoir Que vous
pouvez brûler d'une ardeur légitime.
PHEDRE Quand mon
amour serait un crime, En
serait-il moins sans espoir? Eh! Comment
me flatter... non, il
n'est pas possible.
Air
OENONE Vos yeux
n'attaquent plus un cœur Au tendre
amour inaccessible. Un autre
l'a rendu sensible; Vous pouvez
l'arracher à son
premier vainqueur.
PHEDRE Ma rivale
toujours aura les mêmes charmes Qui l'ont
forcé de lui rendre les armes.
Air
OENONE il peut se
laisser entraîner A l'éclat
qui vous environne; L'objet de
son amour n'a qu'un
cœur à donner, Et Phèdre
avec son cœur promet une couronne.
PHEDRE Par cet
espoir flatteur, tu prolonges mes jours; Mais, si
l'éclat du rang suprême Ne peut
rien sur l'ingrat que j'aime, La mort est
mon dernier recours.
ACTE SECOND
(Le
théâtre représente l’entrée des Enfers)
Scène
Première
(Thesée,
Tisiphone)
THESEE Laisse-moi
respirer, implacable furie.
TISIPHONE Non, dans
le séjour ténébreux
C’est en vain qu’on gémit; c’est en
vain que l’on crie;
Et les plaintes des malheureux
Irritent notre barbarie.
THESEE Dieux!
N’est-ce pas assez des maux que j’ai
soufferts?
J’ai vu Pirithoüs déchiré par Cerbère;
J’ai vu ce monstre affreux trancher
des jours si chers,
Sans daigner dans mon sang assouvir sa colère.
J’attendais la mort sans effroi,
Et la mort fuyait loin de moi.
TISIPHONE Eh!
croyais-tu que de tes peines
Le moment de ta mort fût le dernier instant?
Pirithoüs gémit sous d’éternelles chaînes;
Tremble; le même sort t’attend.
THESEE Ah! Qu’avec
lui je partage,
Ce sort que tu viens m’annoncer,
Rends-moi Pirithoüs, je me livre à ta rage;
Mais sur lui, s’il se peut, cesse de l’exercer.
ENSEMBLE
Contente-toi d’une victime./ C’est peu
pour moi d’une victime.
Quoi? rien n’apaise ta fureur!/ Non, rien
n’apaise ma fureur.
Dois-tu porter plus loin le ravage et
l’horreur,/ Je dois
porter partout le ravage et l’horreur,
Quand sur moi seul je prends le crime./ Lorsque
partout je vois le crime.
(Le fond
du théâtre s’ouvre. On voit Pluton,
sur son trône; les trois parques sont à ses
pieds)
Scène
Deuxième
(Pluton,
Thesee, Tisiphone; les trois
Parques; Divinités infernales)
THESEE Inexorable
Roi de l’Empire infernal,
Digne frère, et digne Rival
Du Dieu qui lance le tonnerre,
Est-ce donc pour venger tant de monstres divers,
Dont ce bras a purgé la terre,
Que l’on me livre en proie aux
monstres des Enfers?
PLUTON Si tes
exploits sont grands, vois quelle
en est la gloire;
Ton nom sur le trépas remporte la victoire;
Comme nous il est immortel;
Mais, d’une égale main, puisqu’il
faut qu’on dispense
Et la peine et la récompense,
N’attends plus de Pluton qu’un tourment éternel.
D’un trop coupable ami, trop fidèle complice,
Tu dois partager son supplice.
THESEE Je consens
à le partager;
L’amitié qui nous joint m’en fait un bien
suprême.
Non, de Pirithoüs tu ne peux te venger,
Sans me punir moi-même. Sous les
drapeaux de Mars, unis par la valeur,
Je l’ai vu sur mes pas voler à la victoire.
Je dois partager son malheur,
Comme il a partagé mes périls et ma gloire.
PLUTON Mais cette
gloire enfin, fallait-il la ternir?
Parle. Le crime même a-t-il dû vous unir?
THESEE Le péril
d’un ami si tendre.
Aux Enfers, avec lui, m’a contraint à descendre;
Est-ce là le forfait que tu prétends punir? Pour prix
d’un projet téméraire,
Ton malheureux rival éprouve ta colère;
Mais, trop fatal Vengeur, de quoi me
punis-tu?
Ah! si son amour est un crime,
L’amitié qui pour lui m’anime,
N’est-elle pas une vertu?
PLUTON Eh bien; je
remets ma victime
Aux Juges souverains de l’Empire des Morts;
Va, sors; en attendant un arrêt légitime,
Je t’abandonne à tes remords.
(Thesee
sort, suivi de Tisiphone)
Scène
Troisième
(Pluton,
les trois Parques, Divinités infernales)
PLUTON (
descendu de son trône) Qu’à servir
mon courroux tout
l’Enfer se prépare;
Que l’Averne, que le Ténare,
Le Cocyte, le Phlégéton,
Par ce qu’ils ont de plus barbare,
Vengent Proserpine et Pluton.
CHŒUR Que
l’Averne, etc.
On danse
CHŒUR Pluton
commande;
Vengeons notre Roi.
Pluton commande,
Suivons sa loi. Qu’ici l’on
répande
Le trouble et l’effroi.
Ne tardons pas; les moments
sont trop chers;
Que cent gouffres ouverts
Aux regards soient offerts; Dans les
Enfers,
Que tout tremble;
Qu’on y rassemble
Les feux et les fers!
Scène
Quatrième
(Thesee,
Tisiphone)
THESEE Dieux! que
d’infortunés gémissent dans ces lieux!
Un seul se dérobe à mes yeux;
Par mes cris redoublés vainement je l’appelle;
Mes cris ne sont point entendus;
Ah! Montrez-moi Pirithoüs!
Craignez-vous qu’à l’aspect d’un ami si fidèle,
Ses tourments ne soient suspendus?
Traîne-moi jusqu’à lui, redoutable Euménide;
Viens, je prends ton flambeau pour guide.
TISIPHONE La mort, la
seule mort a droit de vous unir,
THESEE Mort
propice, mort favorable,
Pour me rendre moins misérable,
Commence donc à me punir.
LES
PARQUES Du Destin
le vouloir suprême
A mis entre nos mains la trame de tes jours;
Mais le fatal ciseau n’en peut trancher le
cours,
Qu’au redoutable instant qu’il a marqué
lui-même.
THESEE Ah! Qu’on
daigne du moins, en
m’ouvrant les Enfers,
Rendre un vengeur à l’univers.
Puisque Pluton est inflexible,
Dieu des mers, c’est à toi que je dois recourir;
Que ton fils, dans son père, éprouve un
cœur sensible,
Trois fois dans mes malheurs tu dois me
secourir;
Le fleuve, aux Dieux même terrible,
Et qu’ils n’osent jamais attester vainement,
Le Styx a reçu ton serment.
Au premier de mes vœux tu viens d’être fidèle;
Tu m’as ouvert l’affreux séjour,
Où règne une nuit éternelle;
Grand Dieu, daigne me rendre au jour.
CHŒUR Non,
Neptune aurait beau t’entendre
Les Enfers, malgré lui, sauraient te retenir.
On peut aisément y descendre,
Mais on ne peut en revenir.
Scène
Cinquième
(Mercure; et les Acteurs de la Scène précédente)
MERCURE (à
Pluton) Neptune
vous demande grâce
Pour un fils trop audacieux.
PLUTON N’a-t-il
pas partagé son crime et son audace,
En ouvrant sous ses pas les routes de ces lieux?
Non, non; je dois punir un Mortel qui m’offense.
MERCURE Jupiter
tient les Cieux sous son obéissance,
Neptune règne sur les Mers;
Pluton peut, à son gré, signaler sa vengeance
Dans le noir séjour des Enfers;
Mais le bonheur de l’univers
Dépend de votre intelligence.
PLUTON C’en est
fait, je me rends; sur mon juste courroux,
Le bien de l’univers l’emporte.
De l’infernale nuit que ce coupable sorte;
Peut-être son destin n’en sera pas plus doux. Vous, qui
de l’avenir percez la nuit profonde,
Qui tenez en vos mains et la vie et la mort,
Vous qui réglez le sort du monde,
Parques, annoncez-lui son sort.
LES
TROIS PARQUES Quelle
soudaine horreur ton destin nous inspire?
Où cours tu malheureux? Tremble;
frémis d’effroi.
Tu sors de l’infernal Empire,
Pour trouver les Enfers chez toi.
(Pluton,
et toute sa Cour se retirent)
Scène
Sixième
(Thesee,
Mercure)
THESEE Je
trouverais chez moi ces Enfers que je quitte!
Ah! Je cède à l’horreur dont je me sens glacer…
Dieux, détournez les maux qu’on vient
de m’annoncer;
Et surtout, prenez soin de Phèdre et
d’Hippolyte.
MERCURE. Il est
temps de revoir la lumière des Cieux.
THESEE Ciel!
Cachons mon retour, et trompons
tous les yeux.
ACTE TROISIEME
(Le
théâtre représente une partie du palais
de Thesee sur le rivage de la mer)
Scène
Première
PHEDRE Cruelle
Mère des Amours,
Ta vengeance a perdu ma coupable race,
N’en suspendras-tu point le cours?
Ah! Du moins, à tes yeux, que Phèdre
trouve grâce.
Je ne te reproche plus rien,
Si tu rends à mes vœux Hippolyte sensible;
Mes feux me font horreur, mais mon
crime est le tien;
Tu dois cesser d’être inflexible.
Cruelle Mère des Amours, etc. Mais
pourquoi tous ces
vains remords!
Ah! Si j’en crois Arcas, mon cœur
peut tout prétendre,
Thésée a vu les sombres bords.
L’Enfer, pour me punir. pourrait-il
me le rendre!…
Scène
Deuxième
(Phedre,
Hippolyte, Oenone)
HIPPOLYTE Reine, sans
l’ordre exprès qui dans
ces lieux m’appelle,
Quand le ciel vous ravit un époux si
glorieux,
Je respecterais trop votre douleur mortelle,
Pour vous montrer encor un objet odieux.
PHEDRE Vous,
l’objet de ma haine! O Ciel! Quelle
injustice!
Je dois dissiper cette erreur;
Hélas! Si vous croyez que Phèdre vous haïsse,
Que vous connaissez mal son cœur!
HIPPOLYTE
Qu’entends-je? À mes
désirs Phèdre n’est plus contraire!
Ah! les plus tendres soins de votre auguste
époux
Dans mon cœur désormais vont
revivre pour vous.
PHEDRE Quoi?
Prince…
HIPPOLYTE À votre
fils je tiendrai lieu de Père;
J’affermirai son trône, et j’en donne ma foi.
PHEDRE Vous
pourriez jusque-là vous attendrir pour moi!
C’en est trop; et le trône, et le fils, et la
mère,
Je range tout sous votre loi.
HIPPOLYTE Non; dans
l’art de
régner je l’instruirai moi-même;
Je cède sans regret la suprême grandeur.
Aricie est tout ce que j’aime;
Et si je veux régner, ce n’est que dans son
cœur.
PHEDRE (à
Hippolyte) Que
dites-vous?
(à part) Ô ciel!
Quelle était mon erreur!
(à
Hippolyte) Malgré mon
trône offert, vous aimez
Aricie!
HIPPOLYTE Quoi! Votre
haine encor n’est donc pas adoucie?
PHEDRE Tu viens
d’en redoubler l’horreur…
Puis-je trop haïr ma rivale?
HIPPOLYTE Votre
rivale! Je frémis;
Thésée est votre époux, et vous aimez son fils!
Ah! je me sens glacer d’une horreur sans égale.
Terribles ennemis des perfides humains,
Dieux, si prompts autrefois à les
réduire en poudre,
Qu’attendez-vous? Lancez la foudre.
Qui la retient entre vos mains?
PHEDRE Ah! Cesse
par tes vœux d’allumer le tonnerre.
Éclate; éveille-toi; sort d’un honteux repos;
Rends-toi digne d’un héros,
Qui de monstres sans nombre a délivré la terre;
Il n’en est échappé qu’un seul à sa fureur;
Frappe! Ce monstre est dans mon cœur.
HIPPOLYTE Grands
Dieux!
PHEDRE Tu balances
encore!
Étouffe dans mon sang un amour que j’abhorre.
Je ne puis obtenir ce funeste secours!
Cruel! Quelle rigueur extrême!
Tu me hais autant que je t’aime;
Mais, pour trancher mes tristes jours,
Je n’ai besoin que de moi-même.
(Elle
prend l’épée d’Hippolyte) Donne...
HIPPOLYTE (en lui
arrachant l’épée) Que
faites-vous?
PHEDRE Tu
m’arraches ce fer!
(Thesee
paraît)
Scène
Troisième
(Thesee;
et les Acteurs de la Scène précédente)
THESEE Que
vois-je? Quel affreux spectacle!
HIPPOLYTE Mon père!
PHEDRE Mon époux!
THESEE, (à part) Ô trop
fatal oracle!
Je trouve les malheurs que m’a prédits l’Enfer.
(à
Phèdre) Reine,
dévoilez-moi ce funeste mystère.
PHEDRE (à
Thésée) N’approchez
point de moi; l’Amour est outragé;
Que l’Amour soit vengé.
Scène
Quatrième
(Thesee,
Hippolyte, Oenone)
THESEE (à
Hippolyte) Sur qui
doit tomber ma colère?
Parlez, mon fils, parlez; nommez le criminel!
HIPPOLYTE (à part) Seigneur…
Dieux! Que vais-je lui dire?
(à
Thésée) Permettez
que je me retire;
Ou plutôt, que j’obtienne un exil éternel.
(Hippolyte
sort)
Scène
Cinquième
(Thesee,
Oenone)
THESEE (à
part) Quoi! Tout
me fuit, tout m’abandonne!
Mon épouse! Mon fils! Ciel!
(à
Oenone) demeurez,
Oenone.
C’est à vous seule à m’éclairer.
Sur la trahison la plus noire.
OENONE (à part) Ah! Sauvons
de la reine et les jours et la gloire.
(à
Thésée) Un
désespoir affreux… pouvez-vous l’ignorer?
Vous n’en avez été qu’un témoin trop fidèle.
Je n’ose accuser votre fils;
Mais, la Reine… Seigneur, ce fer armé contre
elle,
Ne vous en a que trop appris.
THESEE Dieux!
Achève.
OENONE. Un amour
funeste…
THESEE C’en est
assez; épargne-moi le reste.
Scène
Sixième
THESEE Qu’ai-je
appris? Tous mes
sens en sont glacés d’horreur.
Vengeons-nous; que projet! Je frémis
quand j’y pense.
Qu’il en va coûter à mon cœur! À punir un
ingrat d’où vient que je balance?
Quoi? Ce sang, qu’il trahit, me parle en
sa faveur!
Non, non, dans un fils si coupable,
Je ne vois qu’un monstre effroyable.
Qu’il ne trouve en moi qu’un vengeur. Puissant
Maître des flots, favorable Neptune,
Entends ma gémissante voix;
Permets que ton fils t’importune,
Pour la dernière fois.
Hippolyte m’a fait le plus sanglant outrage;
Rempli le serment qui t’engage;
Préviens par son trépas u n désespoir
affreux;
Ah! Si tu refusais de venger mon injure,
Je serais parricide, et tu
serais parjure,
Nous serions coupables tous deux.
(La mer
s’agite) Mais de
courroux l’onde s’agite.
Tremble; tu vas périr, trop
coupable Hippolyte.
Le sang a beau crier, je n’entends plus sa voix.
Tout s’apprête à punir une offense mortelle;
Neptune me sera fidèle,
C’est aux Dieux à venger les Rois. On vient de
mon retour rendre grâce à Neptune,
Je voudrais encore être dans les Enfers.
Fuyons une foule importune;
Ne puis-je disparaître aux yeux de l’univers!
Scène
Septième
(Thesee,
peuples et matelots)
CHŒUR Que ce
rivage retentisse
De la gloire du dieu des flots.
Qu’à ses bienfaits tout applaudisse,
Il rend à l’univers le plus
grand des héros.
Que ce rivage retentisse
De la gloire du dieu des flots.
On danse
Premier air des Matelots
Deuxième air des Matelots
Premier rigaudon en tambourin
Deuxième
rigaudon en tambourin
UNE
MATELOTE L’Amour,
comme Neptune,
Invite à s’embarquer;
Pour tenter la fortune,
On ose tout risquer. Malgré tant
de naufrages,
Tous les cœurs sont matelots;
On quitte le repos.
On vole sur les flots;
On affronte les orages;
L’Amour ne dort
Que dans le port.
On danse
THESEE Pour
l'auteur de mes jours j'aime à voir votre zèle: Puisse-t-il
à jamais sur un peuple fidèle Répandre
tous les biens qu'il
daigne m'accorder! Mais,
allez; en secret il faut que je l'implore; Le sort qui
me poursuit fait qu'il me reste encore D'autres
biens à lui demander.
Scène
Neuvième
(Thésée)
THESE Quels
biens! je frémis quand j'y pense, Si c'en est
un que la vengeance, Qu'elle va
coûter à mon cœur! A punir un
ingrat d'où vient que je balance? Quoi! ce
sang qu'il trahit me parle en
sa faveur! Non, non,
dans un fils si coupable, je ne vois
qu'un monstre effroyable; Qu'il ne
trouve en moi qu'un vengeur. Puissant
maître des flots, favorable Neptune, Entends ma
gémissante voix; Permets que
ton fils t'importune Pour la
dernière fois. Hippolyte
m'a fait le plus sanglant outrage. Remplis le
serment qui t'engage; Préviens
par son trépas mon désespoir affreux; Ah! si tu
refusais de venger mon injure, Je serais
parricide, et tu serais parjure, Nous
serions coupables tous deux.
Frémissement des flots Mais, de
courroux l'onde s'agite; Tremble! tu
vas périr, trop coupable Hippolyte. Le sang a
beau crier; je n'entends plus sa voix; Tout
s'apprête à venger une injure mortelle; Neptune me
sera fidèle, C'est aux
Dieux à venger les rois!
QUATRIEME ACTE (Le
théâtre représente un Bois consacré à Diane
situé sur le rivage de la Mer)
Scène
Première
HIPPOLYTE Ah! Faut-il
en un jour, perdre tout ce que j’aime! Mon Père
pour jamais me bannit de ces lieux;
Si chéris de Diane même,
Je ne verrai plus les beaux yeux
Qui faisaient mon bonheur suprême. Ah!
faut-il, en un jour, perdre tout ce que j’aime!
Scène
Deuxième
(Hippolyte, Aricie)
ARICIE C’en est
donc fait, cruel, rien n’arrête vos pas,
Vous désespérez votre amante.
HIPPOLYTE Hélas! Plus
je vous vois plus ma
douleur augmente,
Je sens mieux mes maux quand je
vois tant d’appas.
ARICIE Quoi!
L’inimitié de la Reine,
Vous fait-elle quitter l’objet de votre amour?
HIPPOLYTE Non! Je ne
fuirais pas de cet heureux séjour,
Si je n’y craignais que sa haine.
ARICIE Que
dites-vous...
HIPPOLYTE Gardez
d’oser porter les yeux
Sur le plus horribles mystère,
Le respect me force à me taire;
J’offenserais le Roi, Diane et tous les dieux.
ARICIE (à part) Ah; c’est
m’en dire assez, ô crime!
Mon cœur en est glacé d’épouvante et d’horreur.
Cependant vous partez, et de Phèdre en fureur
Je vais devenir la victime.
(à
Hippolyte) Eh! Quelle
main que la vôtre,
Si vous m’abandonnez, peut essuyer mes pleurs?
(à part) Dieux;
pourquoi séparer deux cœurs
Que l’amour a faits l’un pour l’autre!
HIPPOLYTE Hé bien
daignez me suivre.
ARICIE Ô ciel! Que
dites-vous?
Moi, vous suivre!
HIPPOLYTE Cessez de
croire
Que je puisse oublier le soin de votre gloire.
En suivant votre amant, vous suivez votre époux;
Venez… Quel silence funeste!
ARICIE Ah! Prince,
croyez en l’amour que j’en atteste.
Je ferais mon suprême bien
D’unir votre sort et le mien; Mais Diane
est inexorable
Pour l’amour et pour les Amants.
HIPPOLYTE À
d’innocents désirs Diane est favorable
Qu’elle préside à nos serments.
ENSEMBLE. Nous allons
nous jurer une immortelle foi.
Viens, Reine des Forêts, viens
former notre chaîne;
Que l’encens de nos vœux s’élève jusqu’à toi, Sois
toujours dans nos cœurs l’unique
Souveraine.
(On
entend un bruit de Cors)
Scène
Troisième
(Hippolyte, Aricie; chasseurs et chasseresses)
CHŒUR Faisons
partout voler nos traits.
Animons-nous à la victoire;
Que les antres les plus secrets
Retentissent de notre gloire.
On danse
UNE
CHASSERESSE Amants,
quelle est votre faiblesse?
Voyez! L’Amour sans vous alarmer;
Ces mêmes traits dont il vous blesse,
Contre nos cœurs n’osent plus s’armer. Malgré ses
charmes
Les plus doux,
Bravez ses armes,
Faites comme nous;
Osez, sans alarmes,
Attendre ses coups; Si vous
combattez, la victoire est à vous. Amants,
quelle est votre faiblesse?
Voyez! L’Amour sans vous alarmer;
Ces mêmes traits dont il vous blesse,
Contre nos cœurs n’osent
plus s’armer. Vous vous
plaignez qu’il a des rigueurs,
Et vous aimez tous les traits qu’il vous lance!
C’est vous qui les rendez vainqueurs;
Pourquoi sans défense
Livrer vos cœurs? Amants,
quelle est votre faiblesse?, etc.
On danse
UNE
CHASSERESSE À la
chasse, à la chasse.
Armez-vous.
CHŒUR Courons
tous à la chasse; Armons-nous.
UNE
CHASSERESSE Dieu des
cœurs, cédez la place;
Non, non, ne régnez jamais.
Que Diane préside;
Que Diane nous guide, Dans le
fond des forêts;
Sous ses lois nous vivons en paix. À la
chasse, etc.
UNE
CHASSERESSE Nos asiles
Sont tranquilles,
Non, non, rien n’a plus d’attraits.
Les plaisirs sont parfaits,
Aucun soin n’embarrasse,
On y rit des Amours,
On y passe les plus beaux jours.
À la chasse, etc.
On danse (La mer
s’agite, on en voit sortir un
monstre horrible)
CHŒUR Quel bruit!
Quels vents! Quelle
montagne humide!
Quel monstre elle enfante à nos yeux?
O Diane, accourez; volez du
haut des cieux.
HIPPOLYTE
(s’avance vers le monstre) Venez, qu’à
son défaut je vous serve de guide.
ARICIE Arrête,
(Hippolyte est attaqué par le monstre)
CHŒUR Dieux!
Quelle flamme l’environne!
ARICIE Quels
nuages épais! Tout se dissipe; Hélas?
Hippolyte ne paraît pas. Je meurs.
(Aricie
tombe évanouie)
CHŒUR Ô disgrâce
cruelle!
Hippolyte n’est plus.
Scène
Quatrième
(Phèdre,
chasseurs et chasseresses.)
PHEDRE Quelle
Plainte en ces lieux m’appelle!
CHŒUR Hippolyte
n’est plus.
PHEDRE Il n’est
plus! O douleur mortelle!
CHŒUR O regrets
superflus!
PHEDRE Quel sort
l’a fait tomber dans la nuit éternelle!
CHŒUR Un Monstre
furieux sorti du sein des flots,
Vient de nous ravir ce héros.
PHEDRE Non, sa
mort est mon seul ouvrage;
Dans les Enfers, c’est par moi qu’il descend;
Neptune de Thésée a cru venger l’outrage;
J’ai versé le sang innocent.
Qu’ai-je fait? Quels remords! Ciel!
J’entends le tonnerre.
Quel bruit! Quels terribles éclats?
Fuyons; où me cacher? je sens
trembler la terre;
Les Enfers s’ouvrent sous mes pas.
Tous les dieux conjurés, pour me
livrer la guerre, Arment
leurs redoutables bras.
Dieux cruels, Vengeurs implacables,
Suspendez un courroux qui me glace d’effroi;
Ah! si vous êtes équitables,
Ne tonnez pas encor sur moi;
La gloire d’un Héros que l’imposture opprime; Vous
demandez un juste secours;
Laissez-moi révéler à l’auteur de ses jours,
Et son innocence et mon crime.
CHŒUR Ô remords
superflus!
Hippolyte n’est plus.
CINQUIEME ACTE
(Le
théâtre représente un Jardin délicieux, qui
forme les avenues de la Forêt d’Aricie. On y
voit Aricie couchée sur un lit de verdure)
Escenas 1 y 2 de la
versión alternativa
Scène
Première (Thésée)
THESEE Grands
dieux! de quels
remords te me sens déchirer! Que
d'horreurs à la fois! j ' ai vu Phèdre expirer. Quel
mystère odieux! quel amour détestable, La perfide,
en mourant, vient de me déclarer! Mon fils...
ô douleur qui m'accable! Il était
innocent! Dieux! que je suis coupable! Rentrons
dans les Enfers; qui peut me
retenir! D'un
monstre tel que moi, délivrons la nature. De la plus
horrible imposture, Les
perfides auteurs viennent de se punir. Mes
parricides voeux ont consommé le crime, Et je dois
à mon fils sa dernière victime. Dieu des
Mers, aux mortels cache-moi pour jamais.
(Thésée
veut se précipiter dans la mer)
Scène
Deuxième
(Neptune, Thésée)
NEPTUNE Arrête!
THESEE Pour un
fils, quelle pitié vous presse? Laissez-moi
prévenir la foudre vengeresse, Après le
plus noir des forfaits. Ouvrez-moi
pour tombeau vos
demeures profondes, Que la
mort, que je cherche au milieu
de vos ondes, Soit le
dernier de vos bienfaits.
NEPTUNE Ton bras à
l'univers est encor nécessaire.
THESEE Ciel! ne
puis-je attendrir un père? Que je
venge mon fils!
NEPTUNE Va! ton
fils n'est pas mort.
THESEE Il n'est
pas mort! quels dieux
auraient pris sa défense?
NEPTUNE Diane a
pris soin de son sort.
Air Je servais
malgré moi, ton aveugle transport, Quand le
Destin, dont la puissance Fait
trembler les Enfers, et la Terre et les Cieux, A daigné
m'affranchir d'un serment odieux Qui faisait
périr l'innocence.
THESEE O mon fils,
mon cher fils, je puis donc te revoir?
NEPTUNE Il faut
perdre un si doux espoir. Pour te
punir d'une injuste vengeance, Le Destin
pour jamais t'interdit
sa présence.
THESEE Je ne te
verrai plus. O juste châtiment! Au lieu
d'un tendre embrassement Mon fils,
reçois les vœux d'un trop
coupable père. Puisqu'on
met entre nous un rempart éternel, disses-tu
dans le sein d'une terre étrangère, Jouir de
cette paix si charmante et si chère Que tu n'as
pu trouver dons le sein paternel.
NEPTUNE Douter de
son bonheur, c'est nous
faire un outrage; Laisse aux
immortels achever leur ouvrage.
(Neptune
rentre sous les flots et
Thésée se retire)
Version
Original
Scène
Première (3)
ARICIE Où suis-je?
De mes sens
j’ai recouvré l’usage;
Dieux! ne me l’avez-vous rendu,
Que pour me retracer l’image
Du tendre Amant que j’ai perdu?
(La
clarté se redouble) Quels doux
Concerts! Quel
nouveau jour m’éclaire!
Non, non; ces sons harmonieux,
Ce soleil qui brille à mes yeux,
Sans Hippolyte, hélas! Rien ne me
saurait plaire.
Mes yeux, vous n’êtes plus ouverts
Que pour versez des larmes.
En vain d’aimables sons font retentir les Airs;
Je n’ai que des soupirs pour
répondre aux Concerts Dont ces
lieux enchantés viennent
m’offrir les charmes.
Mes yeux, vous n’êtes plus ouverts
Que pour versez des larmes.
(Diane
descend dans une gloire)
Scène
Deuxième (4)
(Diane,
Aricie, bergers et bergères)
CHŒUR Descendez,
brillante Immortelle;
Régnez à jamais dans nos bois.
ARICIE Ciel!
Diane! Malgré ma disgrâce cruelle,
Signalons l’ardeur de mon zèle
Pour la divinité qui me tient sous ses lois.
CHŒUR Descendez,
etc.
ARICIE
Joignons-nous aux voix de cette Troupe fidèle.
Descendez, brillante Immortelle.
CHŒUR Régnez,
etc.
DIANE Peuples
toujours soumis à mon obéissance,
Que j’aime à me voir parmi vous!
Je fais mes plaisirs les plus doux
De régner sur des cœurs où règne l’innocence.
Pour dispenser mes Lois dans cet heureux séjour,
J’ai fait choix d’un Héros qui me
chérit, que j’aime;
Célébrez cet auguste jour;
Que pour ce nouveau Maître, ainsi que
pour moi-même,
Les plus beaux jeux soient préparés.
(aux
Bergers et Bergères) Allez en
prendre soin.
(à
Aricie) Vous,
Nymphe, demeurez.
Scène
Troisème (5)
(Diane,
Aricie)
ARICIE O trop
heureux bergers! que je leur porte envie!
DIANE Qui te fait
envier leur sort?
ARICIE Hippolyte a
perdu la vie...
DIANE Ne
t'afflige plus de sa mort. Grâce à ma
bonté secourable, Bientôt tu
n'auras rien perdu.
ARICIE Non, un si
tendre amant ne peut m'être rendu, La perte en
est irréparable.
DIANE Bientôt un
tendre époux va paraître à tes yeux.
ARICIE O ciel!
épargnez-moi cet objet odieux.
DIANE Tu vas
sortir d'erreur. Troupe, à ma voix fidele Doux
Zephirs volez en ces lieux; Il est
temps d'apporter le dépôt précieux Que j'ai
commis à votre zèle.
Scène
Quatrième (6) (Diane,
Aride, Hippolyte)
Symphonie
(les
zéphirs amènent Hippolyie sur un char
dans le fond au théâtre)
HIPPOLYTE Où suis-je
transporté? Dieux! quel
brillant séjour! Hélas! je
n'y vois point l'objet de mon amour.
ARICIE (sur le
devant du théâtre) O mort,
viens me rejoindre à mon cher
Hippolyte.
DIANE Laisse
échapper au moins un regard vers l'époux; L'amant
n'en sera point jaloux.
ARICIE Non...
DIANE Faut-il que
Diane en vain t'en sollicite!
ARICIE Non, avec
mon premier vainqueur Rien ne
doit partager mon âme, Et mes yeux
seront à sa flamme aussi
fidelles que mon coeur.
DIANE (à
Aricie) Il
approche.
ARICIE Fuyons!
HIPPOLYTE (à part) Ciel! quels
sons!
(à
Diane) ah! déesse, Pardonnez à
l'Amour le transport qui me presse.
Scène
Cinquième (7) (Diane,
Hippolyte, Aricie)
HIPPOLYTE, ARICIE Aricie,
est-ce vous que je vois. / Hippolyte
est-ce vous que je vois. Que mon
sort est digne d’envie! Le moment
qui vous rend à moi, Est le plus
heureux de ma vie.
DIANE Et vous;
Troupe, à ma voix fidèle, Doux
Zéphyrs, volez en ces lieux; Il est
temps d’apporter le dépôt précieux Que j’ai
commis à votre zèle.
(Bruits
de musettes) Les
habitants de ces retraites Ont préparé
pour vous les plus aimables jeux; Et déjà
leurs douces Musettes Annoncent
le moment heureux, Où vous
allez régner sur eux.
Scène
Sixième (8)
(Diane,
Hippolyte, Habitants de la Forêt d’Aricie Marche
en musette des habitants de la forêt et Chœur Entrée
des bergers)
CHŒUR Chantons
sur la Musette, Chantons. Au son
qu’elle répète, Dansons. Que l’écho
fidèle Rende nos
chansons. Chantons,
etc. Bergère
trop cruelle, Goûtez les
tendres leçons. Chantons,
etc.
On danse
UNE
BERGERE Plaisirs,
doux Vainqueurs, A qui tout
rend les Armes, Enchaînez
les cœurs; Plaisirs,
doux Vainqueurs, Rassemblez
tous vos charmes; Enchantez
tous les cœurs. Que l’Amour
a d’appas; Régnez, ne
cessez pas De voler
sur ces pas. Plaisirs,
doux Vainqueurs, etc. C’est aux
Ris, c’est aux Jeux D’embellir
son Empire; Qu’aussitôt
qu’on soupire, L’on y soit
heureux. Plaisirs,
doux Vainqueurs, etc.
On danse
DIANE Bergers,
vous allez voir combien je suis fidèle À tenir ce
que je promets; Le héros,
qui sur vous va régner désormais, Sera le
prix de votre zèle.
CHŒUR Que tout
soit heureux sous les Lois Du Roi que
Diane nous donne; Que tout
applaudisse à son choix; C’est la
Vertu qui le couronne.
On danse
UNE
BERGERE. Rossignols
amoureux, répondez à
nos voix, Par la
douceurs de vos ramages; Rendez les
plus tendres hommages À la
divinité qui règne dans nos bois. Rossignols
amoureux, etc.
On danse
ARICIE Rossignols
amoureux, répondez à
nos voix; Par la
douceur de vos ramages , Rendez les
plus tendres hommages. À la
Divinité qui règne dans nos bois.
(Un
Ballet général termine le Divertissement)
FINALE
ALTERNATIVE DES
AUTRES VERSIONS
Chacona
Arietta
UNE
BERGERE Rossignols
amoureux, répondez à
nos voix, Par la
douceur de vos ramages; Rencez les
plus tendres hommages A la
divinité qui règne dons nos bois. Rossignols
amoureux, etc.
Première
gavotte
Deuxième
gavotte
HIPPOLYTE (a
Diane) Déesse mon
bonheur, mon espérance Qu'avec; le
auteur de ma naissance J'aimerais
à le partager!
DIANE Le destin
défend de l'instruire Des lieux
où j'ai su te conduire, Et la loi
du destin ne peut jamais changer. J’ai pris
soin d’établir ta nouvelle puissance Dans ces
lieux fortunés, dont Saturne fit choix, Pour
ramener le monde à son aimable enfance. C’est aux
dieux à donner des rois Par qui de
la vertu le siècle recommence.
CHOEUR
DES HABITANTS DE LA FORET Que tout
soit heureux sous les lois Du roi que
Diane vous donne; Que tout
applaudisse à mon choix, C'est la
vertu qui le couronne.

|
PRÓLOGO (El
bosque de
Erimante. Diana
está sentada en la
parte posterior del
escenario en un trono de
césped)
Escena Primera
(Diana y ninfas)
CORO DE NINFAS ¡Acudid habitantes de
los bosques para rendir homenaje a
vuestra reina! ¡Qué dulce es estar
bajo las leyes de esta
amable soberana!
(Entran los habitantes
del bosque)
Aria y coro
DIANA En
estas afortunadas
orillas hago reinar la
paz; que
ella derrame sobre todos
una eterna dicha. ¡Ah, nunca la perderéis si
permanecéis siempre
fieles a mí! Ahora estáis en el mismo
lugar donde, sobre en un monstruo
furioso un
hijo de Júpiter logró la
victoria. Pero, a su vez, otro
monstruo más feroz lo
sometió. Del
más grande de los héroes
vosotros eclipsáis la
gloria cuando triunfáis sobre
el Amor. ¿Qué dulces sonidos se
escuchan?
CORO ¡En
nuestros corazones
suenan encantadores!
DIANA ¿Qué veo? ¡Es Amor! ¡Venid, seguid mis
pasos! Sólo huyendo de él podremos defendernos. Pero, ¿por qué huís tan
lentamente?
CORO Intentamos seguirte lo
más rápido posible; pero ¿cómo se puede
impedir, teniendo un corazón
sensible, huir de un dios tan
encantador?
DIANA ¡Ah, estáis huyendo muy
lentamente!
CORO ¡Ah! ¿Podemos evitar
quedarnos, teniendo un corazón
sensible, cuando vemos a un dios
tan encantador?
Escena Segunda
(Diana, Amor y su
séquito;
y los
habitantes del bosque)
AMOR (a
Diana) ¡No
busques sustraerlos de
la dulce inclinación que
los atrae!
DIANA (al
Amor) ¿Te
he pedido acaso que te
acerques al
lugar donde yo gobierno? ¡Vete, huye, tu sola
presencia hace redoblar mi odio!
Aria
EL
AMOR ¿Por qué prohibirme
venir aquí? ¡Qué! ¿Este universo
tuyo no
lo puedes compartir? Infierno, tierra y
cielo, todos deben rendirle al
Amor un claro homenaje.
DIANA Encadena al universo a
tu gusto, pero respeta los bosques
donde tengo mi reino. ¡No, los corazones que
adoran a Diana nunca consentirán llevar
tus amarras!
Dúo
AMOR, DIANA ¡No, no soportaré que
se mantengan
indiferentes! ¡No, sólo bajo mi
imperio se
pueden encontrar
verdaderos encantos!
Invocación a Júpiter
DIANA ¡Árbitro soberano del
cielo y tierra! ¡Poderoso dios de quien
obtuve la vida! ¿Serás capaz de tolerar
que Amor, en
los lugares donde yo
reino, se
atreva a traer la
guerra? Fuiste tú quien me dio
el imperio de los
bosques y
debes defender los dones
que me has dado.
(se
oye un sordo ruido de
truenos) Mi
voz en el cielo acaba de ser escuchada. ¡Tiembla, altivo Amor, Júpiter va a descender!
Escena Tercera
(Júpiter y los
anteriores)
Descenso de Júpiter
JÚPITER (a
Diana)
Diana, estoy dispuesto a
defender tus derechos contra un dios más
poderoso que
todos los dioses juntos; pero el Destino, bajo el
cual todo tiembla, acaba de prescribir sus
leyes. Él
no quiere que se
conspire contra la dulce
inclinación de los
corazones; y
hasta en la profundidad
de los bosques, donde sostienes tu
imperio, él
quiere que Amor lance sus flechas
victoriosas.
DIANA ¡Qué oprobio!
EL
AMOR ¡Qué victoria!
JÚPITER Amor, para disfrutar de
tu gloria, el
Destino te concede todos
los años un solo día, pero un día que Himeneo
ilumina. Tú,
hija mía, a sus leyes no
te opongas. En
favor de Himeneo concede
gracia al Amor.
(Júpiter asciende a los
cielos)
Escena Cuarta (Diana, Amor y sus
seguidores;
los
habitantes del bosque)
DIANA Ninfas, debo obedecer a
las leyes de Destino. Libero vuestros
corazones desde hoy. Sin
embargo, no debo
humillar mi dignidad hasta el punto de ver
una fiesta tan
propicia al Amor. Hipólito, Aricia,
expuestos a perecer, basan su última
esperanza en mí. Contra una violencia
injusta, depende de mí ayudarlos.
(Diana cruza los aires)
Escena Quinta (Amor, Diana y sus
séquitos; habitantes del bosque)
AMOR Gentes, finalmente Diana
os entrega a mi poder y
podéis amar de acuerdo a
vuestros deseos. Yo,
con los más dulces
placeres, os
consolaré de su
ausencia. Que
reine una dulce paz es
mi más sincero deseo,
que
reine en estos bosques,
acorde a vuestro fervor. Y
vosotros, tiernos
amorcillos, haced volar
los dardos de
los que depende la dicha
del mundo.
Aria en rondó de los
Amorcillos
CUPIDOS Placeres, dulces
conquistadores, a
quienes todos tienden
los brazos, ¡encadenad los
corazones! Placeres, dulces
conquistadores, reunid todos vuestros
encantos, ¡hechizad todos los
corazones! Prestadnos vuestros
encantos, reinad y no dejéis de
volar tras de nosotros. Otorgadnos la risa,
otorgadnos los juegos para embellecer nuestro
imperio. Porque tan pronto como
uno suspira, ¡puede ser dichoso!
Primera gavota
AMOR Ríndete al Amor y
entrégale todas las
horas de tu vida.
CORO Ríndete al Amor y
entrégale todas las
horas de tu vida.
AMOR Aprecia en lo que valen
mis lágrimas, mis
inquietudes tienen
encanto, pues todo es dulce para
los amantes.
CORO Apreciemos sus lágrimas, sus
inquietudes tienen
encanto, pues todo es dulce para
los amantes.
Segunda gavota
AMOR La
apacible indiferencia brinda sólo placeres
aburridos.
CORO La
apacible indiferencia brinda sólo placeres
aburridos.
AMOR ¡Pero qué bienes
dispensa Amor como premio de los
primeros suspiros! Él
hace nacer la esperanza, así
como también el deseo.
CORO ¡Pero qué bienes
dispensa Amor... etc.
Primer minué
Segundo minué
Primer minué AMOR Con
nuevos placeres
coronemos este gran día. Al
templo de Himeneo debo
guiaros. Consiento que él la
presida la fiesta, junto
conmigo. Dejad que su antorcha se
encienda con
las llamas de Amor.
Marcha
ACTO PRIMERO
(La
escena representa un
templo dedicado a
Diana en cuyo centro se
haya el altar)
Escena Primera
ARICIA
(vestida como cazadora) Un
templo sagrado, una
morada apacible donde Diana hoy debe
recibir mis votos. Mi
corazón inquieto acepta
ser su servidora como un paliativo de un
amor demasiado infeliz. A
pesar mío, aún recuerdo
tu imagen, querido
príncipe. Si
mis deseos no te llegan, al
menos traigo el homenaje a
la diosa a la que
sirves. Un
templo sagrado, una
morada apacible donde Diana hoy debe
recibir mis votos. Mi
corazón inquieto acepta
ser su servidora como un paliativo de un
amor demasiado infeliz.
Escena Segunda
(Hipólito, Aricia)
HIPÓLITO Princesa, ¿Qué
preparativos observo en
este templo?
ARICIA Diana reina en estos
lugares. Consagrarle a ella mis
días es
seguir tu ejemplo.
HIPÓLITO ¿Inmolarás tu vida tan
preciada?
ARICIA Ejecuto del rey la
voluntad suprema. A
Teseo y a su hijo mis
días les son odiosos.
HIPÓLITO ¿Yo
odiarte? ¡Qué extrema
injusticia!
ARICIA ¿No
soy yo objeto de tu
aversión?
HIPÓLITO Siento por ti una piedad
tan tierna como el propio amor.
ARICIA ¿Qué? ¡El orgulloso
Hipólito!...
HIPÓLITO He
dicho demasiado y no me
arrepiento, si
te has dignado oírme. Mi
confusión, mis suspiros,
tus desdichas, tus
encantos, todo en ti
anuncia un corazón demasiado sensible y
tierno.
ARICIA ¡Ah! ¡Qué me estás
rebelado! Creo que para siempre he
perdido mi sosiego. Quizás tu indiferencia, tarde o temprano, me lo
hubiera devuelto, pero tu amor me lo
arrebata. Creo que para siempre he
perdido mi sosiego.
HIPÓLITO ¡Qué oigo! ¡Qué emoción se apodera
de mi alma!
ARICIA ¿Olvidas aquello que nos
separa? ¡Ese formidable templo y
ese horrible vínculo! El
amor de Hipólito me
atrapará totalmente. Incluso en el altar de
la diosa sentiré que mi corazón
palpita por él. Diana y el universo para
mí no son nada. El
amor de Hipólito me
atrapará totalmente. ¡Viviré para llorar su
desgracia y la mía!
HIPÓLITO Yo
te liberaré de una ley
tan cruel.
ARICIA Fedra tiene sobre su
cautiva derechos
absolutos; ¿De
qué nos servirá amarnos si
no nos volveremos a ver?
HIPÓLITO ¡Oh, Diana, protege una
pasión tan hermosa!
JUNTOS Nos
quema la llama más pura y
el amor ofrece a
nuestros corazones encantos inocentes. Tú
no lo defiendes, no,
no, no, tú no lo
defiendes cuando es
por la virtud que él
reina sobre nuestras
almas.
Escena Tercera
(Hipólita, Aricia y
sacerdotisas de Diana)
Entrada de las
sacerdotisas.
CORO En
esta pacífica morada reina la amable
inocencia. Las
flechas que Amor nos
arroja no
tienen ningún poder
sobre nosotras. Disfrutamos para siempre de
los dulces encantos de
la paz.
Ballet
LA
GRAN SACERDOTISA Dios del amor, en
nuestros refugios tus
tormentos no causan
efecto. Todos los corazones
están apacibles. Tus
esfuerzos son inútiles. No,
no, no puedes. Tus
impulsos tienen atractivos para los que carecen de
razón; pero nuestras almas reconocen el veneno de
tus llamas. ¡Vete, huye, pierde la
esperanza! ¡Vete, huye lejos de
nuestros corazones! Contra nuestra
indiferencia, no
tienes dardos
victoriosos.
Ballet
LA
GRAN SACERDOTISA, CORO Huye de los encantos del
amor, teme su dulzura, Él
cubre sus armas de
flores, pero las lágrimas, y
el desasosiego son
el precio que pagan los
corazones tiernos. La
paz y la indiferencia colman nuestros deseos
aquí. Los
bienes que el amor
dispensa siempre cuestan
suspiros. En
el seno de la inocencia encontramos el verdadero
placer.
Ballet
Escena Cuarta
(Fedra, Enone, guardias; y
los anteriores)
FEDRA (a
Aricia)
Princesa, en este día
mediante un lazo eterno vas
a unirte a los
inmortales.
ARICIA Temo que el cielo
condene el
homenaje que traigo al
pie de estos santos
altares. ¡Qué corazón vengo a
ofrecer a Diana!
FEDRA ¿Qué dices?
ARICIA ¿Cómo puedo ofrecer
aquí, sin remordimiento, un
corazón que está
oprimido?
SACERDOTISAS No,
no, un corazón forzado no
es digno de los dioses; Este sacrificio es un
crimen.
FEDRA ¿Qué? ¡Nos atrevemos a
desafiar el poder
supremo!
CORO Obedecer a los dioses;
ese es el primer deber.
FEDRA (a
Hipólito)
Príncipe, sufres un
ultraje, y
también tu padre, y tu
rey.
HIPÓLITO Ya
sabes cómo me ata el
respeto a Diana. Desde mis más tiernos
años le juré fidelidad.
FEDRA ¡Dioses! ¡Teseo en su
hijo encuentra un sujeto
rebelde!
HIPÓLITO Sé
todo lo que le debo, pero ¿no puedo, por él,
quebrar mi voto
ultrajando a una
inmortal?
FEDRA Deja esos pretextos
superfluos. La
virtud, a veces, sirve
como pretexto para el
crimen.
HIPÓLITO ¿Qué crimen?
FEDRA No
sé quién te afecta más, si
el altar, o la víctima.
HIPÓLITO Al
menos, por injustos
rigores, no
sé cómo forzar los
corazones.
FEDRA Pierde el vano poder quien se alza contra los
reyes. ¡Temblad, temed mi
venganza, pues el templo y el
altar caerán a mi voz! ¡Temblad, pues he sabido
prever la desobediencia! Pierde el vano poder quien se alza contra los
reyes:
(Sonidos de trompetas.
Los guerreros
entran y se dirigen a
romper el altar)
GRAN SACERDOTISA ¡Que los dioses
vengadores lancen sus
truenos para que perezcan los
mortales que se les
oponen!
(Sonido del trueno.
Diana aparece en todo su
esplendor)
LA
GRAN SACERDOTISA
Nuestros gritos han
llegado a los cielos, la
diosa desciende...
¡Temblad, audaces!
Escena Quinta
(Diana y anteriores)
DIANA (a
sus sacerdotisas)
Corazones pacíficos que
vivís bajo mi ley, no
os alarméis por un
proyecto temerario, Ya
sabéis que Júpiter se
declara mi padre y
que su rayo va volando
precediéndome.
(a
Fedra) ¡Tú, tiembla, reina
sacrílega! ¿Crees honrarme con
injustos rigores? Comprende que Diana
protege la
libertad de los
corazones.
(a
Aricia) Y
tú, triste víctima, fiel
seguidora, haz
desaparecer las
preocupaciones de tu
rostro pues se puede servir a
Diana con el mismo celo en
su templo o en los
bosques.
HIPÓLITO, ARICIA Diosa, perdona...
DIANA Tu
virtud es apreciada por
mí; es
sólo por el crimen que
siento ira.
(Diana entra en su
templo seguida de sus sacerdotisas. Hipólito
se lleva a Aricia)
Escena
Sexta
FEDRA ¡Que! ¿La tierra y el
cielo se aliaron contra
mí? ¡Mi
rival me desafía! ¡Ella
sigue a Hipólito! ¡Ah! Cuanto más veo
inflamados sus
corazones, el
uno por el otro, más
se irritan y aumentan
mis celos. ¡Que nada escape a mi
furor! Inmolemos a la vez al
amante y a la rival. Odio, rencor, rabia
infernal, ¡a
vosotros os entrego mi
corazón!
ARICIA Sagrado templo, morada
apacible, donde hoy Diana debe
recibir mis votos; a
mi corazón agitado
dígnate otorgarle
protección contra un amor demasiado
desdichado.
FEDRA Alguien se acerca... es
Arcas. ¡Oh, Cielos! ¿Qué
problema lo agita?
Escena Séptima
(Fedra, Enone, Arcas)
ARCAS ¡Oh, qué desgracia! ¡Oh,
qué destino funesto!
ENONE Arcas, ¿qué nos vienes a
revelar?
ARCAS ¡Ah! Aún me siento
estremecido. El
rey acaba de descender a
la espantosa noche de la
muerte.
FEDRA ¡Oh, dioses!
ENONE Arcas, ¿qué estás
diciendo?
ARCAS Lo
que acaban de ver mis
ojos. Para seguir a un tierno
amigo al imperio
infernal, él
deja para siempre la luz
del cielo. La
tierra, abierta bajo sus
pies, ha
favorecido sus
esfuerzos, pues gritos espantosos que
emergían del sombrío
abismo, me
confirmaron la pérdida del
más grande de los
héroes.
FEDRA Es
suficiente.
(Arcas se retira)
Escena Octava
(Fedra, Enone)
ENONE Mis
ojos comienzan a
vislumbrar que
tú puedes amar con una
pasión legítima.
FEDRA ¿Si
mi amor fuera un delito, estaría menos
desesperada? ¡Ah! ¿Cómo
consolarme?... No,
no es posible.
Aria
ENONE Tus
ojos ya no se fijan en
un corazón inaccesible al tierno
amor. Otro lo ha vuelto
sensible... Puedes arrebatárselo a
quien lo conquistó
primero.
FEDRA Mi
rival siempre tendrá los
mismos encantos que
lo llevaron a rendirse
ante ella.
Aria
ENONE Él
puede dejarse llevar por
el brillo que la rodea; pero el objeto de su
amor sólo tiene un corazón
que darle, sin
embargo Fedra, a su
corazón, le añade una
corona.
FEDRA Con
esta halagadora
esperanza alargas mis
días, pero, si con el
esplendor del alto rango no
puedo conquistar al
ingrato a quien amo, la
muerte será mi último
recurso.
ACTO SEGUNDO (Entrada al inframundo)
Escena Primera
(Teseo, Tisífone)
TESEO ¡Déjame respirar, furia
implacable!
TISÍFONE No,
en las moradas
tenebrosas es
en vano gemir, es
en vano gritar. Las
quejas de los
desdichados aumentan nuestra
crueldad.
TESEO Dioses ¿no
es suficiente los males
que he sufrido? He
visto a Piritoo
desgarrado por el can
Cerbero; he
visto a ese temible
monstruo tronchar la vida de un
ser tan querido sin
dignarse saciar su ira
en mi sangre. Esperé la muerte sin
temor, y
la muerte huyó de mí.
TISÍFONE ¿Acaso crees que en el
momento de
tu muerte desaparecerán
todas las penas? Piritoo gime sujeto por
cadenas eternas, ¡tiembla, pues el mismo
destino te espera!
TESEO ¡Ah! Permíteme compartir
con él el
destino que me
describes. Devuélveme a Piritoo, yo
me entrego a tu ira; pero, si es posible,
deja de descargarla
sobre él.
AMBOS -
Conténtate con una
víctima. -
Es poco para mí una
víctima. -¡Qué! ¿Nada aplaca tu
furia? -
No, nada aplaca mi
furia. -
Llevas demasiado lejos
el estrago y el
horror... -Sólo sobre mí pesa el
crimen. -
Debo llevar a todas
partes el estrago y el
horror donde quiera que vea un
crimen.
(El
fondo del escenario se
abre dejando ver a
Plutón, en su trono; las
tres Parcas están a sus
pies)
Escena Segunda
(Plutón, Teseo,
Tisífone, las tres
Parcas y espíritus
infernales)
TESEO Inexorable rey del
imperio infernal, hermano digno y digno
rival del
dios que lanza el
trueno. ¿Es
para vengar a tantos
monstruos diversos, que
mi brazo purgó de la
tierra, que
soy entregado como presa de
los monstruos del
inframundo?
PLUTÓN Tus
hazañas son grandes, ¡mira cuál es tu gloria! Tu
nombre triunfa sobre la
muerte, pues como nosotros, ella
es inmortal. Pero, para ser justos, ya
que tanto el dolor como
la recompensa deben ser dispensados, no
esperes otra cosa de
Plutón que el tormento
eterno. De
un amigo culpable,
cómplice demasiado fiel,
deberás compartir la
tortura.
TESEO ¡Acepto gustoso
compartirla! La
amistad que nos une
constituye para mí un
bien supremo. No,
de Piritoo no puedes
vengarte sin
castigarme a mí también. Bajo las banderas de
Marte, unidos por el
valor, lo
vi sobre mis pasos
volando hacia la
victoria. Debo compartir su
desgracia, como él compartió mis
peligros y mi gloria.
PLUTÓN Pero esta gloria,
¿deberá empañarse? Habla, ¿en el crimen
debéis uniros?
TESEO El
amor a un amigo tan
querido, me
obligó a bajar con él al
infierno. ¿Es
este el crimen que
pretendes castigar? Como castigo por una
idea tan imprudente, mi
desafortunado amigo
sufre tu ira, pero, vengador fatal, ¿por qué causa me estás
castigando? ¡Ah! Si su amor es un
crimen, ¿no
es la amistad que por él
me anima una
virtud?
PLUTÓN Está bien, entrego a la
víctima a
los jueces soberanos del
reino de los muertos. ¡Ve, vete de aquí
mientras espero una
sentencia legítima! Te
abandono a tus
remordimientos.
(Teseo sale, seguido por
Tisífone)
Escena Tercera
(Plutón, las tres parcas
y deidades infernales)
PLUTÓN
(desciende de su trono)
Para servir a mi ira que
todo el infierno se
prepare; que
el Averno, el profundo
Ténaro, los
ríos Cocito, y Flegetón, que
son los más crueles, venguen a Proserpina y
Plutón.
CORO Que
el averno, etc.
Ballet
CORO ¡Plutón lo ordena! ¡Venguemos a nuestro
rey! Plutón lo ordena, cumplamos su mandato. Que
se difunda el
desorden y el terror. No
nos demoremos; el
tiempo es demasiado
precioso. ¡Que se ofrezcan a la
mirada cien abismos abiertos! ¡Que en el inframundo, todo tiemble! ¡Que se reúnan los
fuegos y hierros de
tortura!
Escena Cuarta
(Teseo, Tisífone y los
anteriores)
TESEO ¡Dioses! ¡Cuántos desafortunados
gimen en estos lugares! Mas
sólo uno se escapa a mi
mirada. Con
gritos redoblados en
vano lo llamo. No
escucha mis gritos ¡Ah, muéstrate Piritoo! ¿Teméis acaso que ante
la vista de un amigo
fiel, sus
tormentos sean
suspendidos? ¡Arrastradme hasta él
tremendas Euménides, venid, yo llevaré la
antorcha para guiaros!
TISÍFONE La
muerte, sólo la muerte
tiene derecho a uniros,
TESEO ¡Muerte propicia, muerte
favorable, para hacerme menos
miserable, comienza ya a
castigarme!
LAS
PARCAS La
voluntad suprema del
Destino ha
puesto en nuestras manos
la trama de tus días; pero el fatal cuchillo
no puede cortar su hilo sino en el temible
instante que él mismo
marcó.
TESEO ¡Ah! Al menos que me
abran las
puertas del Inframundo y
devuelvan un vengador al
universo. Puesto que Plutón es
inflexible, dios de los mares, a ti
debo recurrir. Que
tu hijo encuentre en su
padre un
corazón sensible pues tres veces deberás
socorrerme. El
río, incluso a los
dioses terribles que
nunca osan testificar en
vano, el
río Estigia ha recibido
tu juramento. Me
has concedido el primero
de mis deseos, puesto que me has
abierto la horrible
morada en
la que reina una noche
eterna, ¡gran dios, dígnate
devolverme a la luz del
día!
CORO No,
Neptuno te oirá en vano, pues a pesar de él, el
Hades podría detenerte. Puedes bajar fácilmente, pero no puedes volver.
Escena Quinta
(Mercurio y los
anteriores)
MERCURIO (a
Plutón)
¡Neptuno te pide gracia para el más audaz de sus
hijos!
PLUTÓN ¿Acaso el audaz no ha
cometido un crimen
abriendo con sus pasos
el camino a estos
lugares? ¡No, no, debo castigar
al mortal que me ofende!
MERCURIO Júpiter mantiene los
cielos bajo su
obediencia; Neptuno reina sobre los
mares; Plutón puede, a su
gusto, señalar su
venganza en
la morada oscura del
inframundo; pero la felicidad del
universo depende de tu
inteligencia.
PLUTÓN ¡Sea, me rindo! Sobre mi justa ira el
bien del universo gana. ¡Que de la noche
infernal salga el
culpable! Quizás su destino no sea
el más apacible. Vosotras, que del futuro
horadáis la noche
profunda y
tenéis en vuestras manos
la vida y la muerte; vosotras, que
establecéis el destino
del mundo, ¡Parcas, anunciadle su
destino!
LAS
TRES PARCAS ¿Qué repentino horror tu
destino nos inspira? ¿Dónde estás, miserable? ¡Tiembla, estremécete de
terror! Sales del reino infernal para encontrar el
infierno en tu propio
hogar.
(Plutón, y toda su corte
se retiran)
Escena Sexta
(Teseo, Mercurio)
TESEO ¿Encontraré en mi casa
los infiernos que dejo? ¡Ah, cedo ante el horror
que me paraliza!... ¡Dioses, apartad los
males que
me acaban de anunciar;
y, sobre todo, proteged a Fedra e
Hipólito!
MERCURIO Es
hora de volver a ver la
luz de los cielos.
TESEO ¡Cielos! Ocultaré mi
regreso y
engañaré a todas las
miradas.
ACTO TERCERO (La
escena representa una
parte del
palacio de Teseo a la
orilla del mar)
Escena Primera
FEDRA ¡Cruel Madre de los
Amores, tu
venganza ha sido mi
perdición! ¿No
suspenderás su curso? ¡Ah, que al menos ante
tus ojos Fedra encuentre la
gracia! No
te reprocharé más nada si
vuelves sensible a mis
votos a Hipólito; mi
pasión me causa horror, pero mi crimen es el
tuyo. Debes dejar de ser
inflexible. ¡Cruel Madre de los
amores, etc. Pero ¿por qué estos vanos
remordimientos? ¡Ah! Si confío en Arcas, mi
corazón puede
pretenderlo todo. Teseo ha descendido al
oscuro Hades. los
infiernos, para
castigarme, ¿podrían devolverlo?
Escena Segunda
(Fedra, Hipólito, Enone)
HIPÓLITO Reina, el cielo te ha
robado a
un esposo glorioso, y
yo, que respeto en sumo
grado tu pena, no
me presentaría ante ti
como un ser odioso sin
la orden expresa que
me convoca aquí.
FEDRA ¿Tú, el centro de mi
odio? ¡Oh, cielos! ¡Qué injusticia! Debo disipar este error. ¡Ay, si crees que Fedra
te odia, no
conoces bien su corazón!
HIPÓLITO ¿Qué oigo? ¡Fedra ya no es
contraria a mis deseos! ¡Ah, el más tierno
afecto de
tu augusto esposo, en
mi corazón ahora
revivirá!
FEDRA ¿Qué? Príncipe...
HIPÓLITO De
tu hijo seré como un
padre; le
conservaré su trono y
daré fe de él.
FEDRA ¡Hasta podrías ocuparte
de mí! Todo: el trono, el hijo
y la madre, pongo todo bajo tu
autoridad.
HIPÓLITO En
el arte de reinar lo
instruiré yo mismo. Cedo sin lamentarlo la
suprema grandeza. Aricia es todo lo que
amo y si quiero reinar,
es
sólo sobre su corazón.
FEDRA (a
Hippolyte)
¿Qué dices?
(aparte)
¡Oh, cielos! ¿Cuál fue
mi error?
(a
Hipólito)
A
pesar de que te ofrezco
mi trono, ¿amas a
Aricia?
HIPÓLITO ¡Qué! ¿Tu odio aún no se
aplaca?
FEDRA Acabas de redoblar el
horror... ¡Odio profundamente a mi
rival!
HIPÓLITO ¿Tu
rival? Me estremezco. Teseo es tu marido, ¿y
tú amas a su hijo? ¡Ah, me siento
paralizado por un horror
sin igual! Dioses, terribles
enemigos de los humanos, siempre dispuestos a
reducirlos a polvo. ¿A
qué estáis esperando?
¡Lanzad vuestro rayo! ¿Quién os ata las manos?
FEDRA ¡Ah, deja de desear que
se desate el trueno! Brilla, despierta,
abandona un vergonzoso
reposo; hazte digno de un héroe
que ha librado la
tierra de innumerables
monstruos. Ni
uno sólo ha escapado a
su furia. ¡Golpea al monstruo que
habita en mi corazón!
HIPÓLITO ¡Grandes dioses!
FEDRA ¿Todavía dudas? ¡Ahoga en mi sangre un
amor que aborrezco! ¿No
puedo obtener tu ayuda
fatal? ¡Cruel! ¡Qué rigor
extremo! Me
odias tanto como yo te
amo, pero para acabar con mis
tristes días, sólo necesito de mí
misma.
(Ella toma la espada de
Hipólito)
Dame...
HIPÓLITO
(arrebatándole la
espada)
¿Qué haces?
FEDRA ¿Me
arrebatas el acero?
(Teseo aparece)
Escena Tercera
(Teseo; y los
anteriores)
TESEO ¿Qué veo? ¡Qué horrible
espectáculo!
HIPÓLITO ¡Mi
padre!
FEDRA ¡Mi
esposo!
TESEO (aparte)
¡Ah, oráculo fatal!
He
aquí las desgracias que
me predijo el infierno.
(a
Fedra) Reina, revélame este
fatal misterio.
FEDRA (a
Teseo) ¡No
te acerques a mí! Que
el amor ha sido
ultrajado sea vengado!
Escena Cuarta
(Teseo, Hipólito, Enone)
TESEO (a
Hipólito)
¿Sobre quién debería
recaer mi ira? ¡Habla, hijo mío, habla;
nombra al criminal!
HIPÓLITO
(aparte)
Señor... ¡dioses! ¿Qué
voy a decirle?
(a
Teseo)
Permite que yo me
retire; o,
mejor dicho, que me
marche a un eterno
exilio.
(Hipólito se marcha)
Escena Quinta
(Teseo, Enone)
TESEO
(aparte)
¿Qué? ¡Todos me rehúyen
y me abandonan! ¡Mi
esposa! ¡Mi hijo!
¡Cielos!
(a
Enone)
Quédate, Enone. Sólo tú puedes
iluminarme en
esta negra traición.
ENONE
(aparte)
¡Ah, salvemos a la
reina, su vida y su
gloria!
(a
Teseo)
¿Podréis soportar una
terrible desesperación? Vos
habéis sido testigo... No
me atrevo a acusar a
vuestro hijo pero, la
reina… esa espada
levantada contra ella,
es
suficiente evidencia.
TESEO ¡Dioses, concluye!
ENONE. Un
amor funesto...
TESEO Es
suficiente; evítame el
resto.
Escena
Sexta
TESEO ¿Qué he oído? Todos mis sentidos están
congelados de horror. ¡Qué situación! Me
estremezco sólo de
pensarlo. ¿Cuánto deberá sufrir mi
corazón? ¿Dudo en castigar a una
persona ingrata? ¿Qué? ¡Esa sangre, que
él traiciona, me
habla en su favor! ¡No, no, en un hijo tan
culpable sólo veo un monstruo
espantoso! Que
encuentre en mí sólo un
vengador. Poderoso señor de las
olas, favorable Neptuno, ¡escucha mi voz
gimiente! Deja que tu hijo te
importune por
última vez. Hipólito me ha hecho la
más sangrienta de las
ofensas. Levanta el juramento que
te ata; previene con su muerte una
desesperación espantosa. ¡Ah! Si te negaras a
vengar mi injuria, yo
me transformaría en un
parricida y
tú serías un perjuro: ¡ambos seríamos
culpables!
(El
mar se agita) Las
olas se agitan
airadas... ¡Que tiemble, pues
acabará con
el muy culpable
Hipólito! Los
gritos de la sangre no
me dejan oír su voz. Todo se dispone a
castigar una ofensa
mortal. Neptuno me será fiel, pues depende de los
dioses vengar a los
reyes. Acabo de volver gracias
a Neptuno, y
aún me gustaría estar en
el inframundo huyendo de una multitud
acosadora; ¡No
puedo desaparecer ante
los ojos del universo!
Escena Séptima
(Teseo, ciudadanos y
marineros)
CORO Que
esta orilla resuene con
la gloria del dios de
las olas. Todos aplauden sus
beneficios, pues él ha traído de
vuelta al
más grande de los
héroes. Que
esta orilla resuene con
la gloria del dios de
las olas:
Ballet
Primer aria de los
Marineros
Segunda aria de los
Marineros
Primer rigodón con
tamborín
Segundo rigodón con
tamborín
UNA
MARINERA El
amor, como Neptuno, invita a embarcarse
pues, para tentar a la
fortuna, nos
atrevemos a arriesgarlo
todo. A
pesar de tantos
naufragios, todos los corazones son
marineros. Abandonamos el reposo, volamos sobre las olas, nos
enfrentamos a las
tormentas; El
amor sólo duerme en
el puerto.
Ballet
TESEO Por
el autor de mis días, me
gusta ver vuestro celo:
que
él siempre os acompañe ¡´Repartid todos los
bienes que
él se digna concederme! Pero, ¡ay!; en secreto,
yo aún debo implorarle. El
destino que me persigue
hace que
todavía tenga más dones
que demandarle.
Escena Novena
(Teseo)
TESEO ¡Qué bendiciones! Me
estremezco cuando lo
pienso. Si
es una venganza, ¡eso me
costará el corazón! Para castigar a un
ingrato ¿por qué dudo? Pero, la sangre que él
ha traicionado me
habla a su favor. No,
no, en un hijo tan
culpable sólo veo un monstruo
horroroso. ¡Que él vea en mí a un
vengador! Poderoso maestro de las
olas, benéfico Neptuno,
escucha mi voz
lastimera. Deja que tu hijo te
implore por última vez. Hipólito me ha ultrajado
profundamente. Anula el juramento que
te compromete y
sana con su muerte mi
espantosa desesperación. ¡Ah! Si te niegas a
vengar mi injuria,
yo
sería un parricida y tú
un perjurio, ¡ambos seríamos
culpables!
Temblor de las olas Pero... ¡de ira, las
olas se agitan! ¡Tiembla, pues vas a
perecer, Hipólito! La
sangre grita, pero ya no
oigo su voz. Todo se apresta a vengar
la tremenda injuria. Neptuno me será fiel, ¡corresponde a los
dioses vengar a los
reyes!
ACTO CUARTO (La
escena representa un
bosque dedicado a
Diana en la orilla del
mar)
Escena Primera
HIPÓLITO ¿Debo perder todo lo que
amo en un día? Mi
padre para siempre me
expulsa de estos
lugares, tan
queridos por la propia
Diana. No
volveré a ver los
hermosos ojos que
me dieron la felicidad
suprema. ¡Ah! ¿Debo perder, en un
día, todo lo que amo?
Escena Segunda
(Hipólito, Aricia)
ARICIA Cruel, ¿nada detiene tus
pasos? ¡Desesperas a tu amante!
HIPÓLITO ¡Ay! Cuanto más te veo, más
aumenta mi dolor. Mucho más siento mis
males cuando veo tantos
encantos.
ARICIA ¡Que! ¿La enemistad de
la reina te
hace abandonar a la
mujer que amas?
HIPÓLITO ¡No! No huiría de este
feliz encuentro si
tan solo temiera su
odio.
ARICIA ¿Qué dices?
HIPÓLITO ¡No
te atrevas a indagar sobre el más horrible de
los misterios! El
respeto me obliga a
guardar silencio, pues ofendería al rey, a
Diana y a todos los
dioses.
ARICIA
(para sí)
¡Ah, sólo son excusas!
Mi
corazón se hiela de
espanto y terror. Él
se marchas y del furor
de Fedra yo
seré la víctima.
(a
Hipólito)
¡Oye! ¿Qué otra mano que
la tuya, si
me abandonas, enjugará
mis lágrimas?
(para sí)
Dioses ¿Por qué separar
dos corazones que
el amor ha hecho el uno
para el otro?
HIPÓLITO Dígnate seguirme.
ARICIA ¡Oh, cielos! ¿Qué dices? ¿Que yo te siga?
HIPÓLITO No
pienses que yo pueda
olvidar el
cuidado de tu gloria. Siguiendo a tu amante,
sigues a tu esposo. ¡Ven!... ¡Qué silencio
tan funesto!
ARICIA ¡Ah, príncipe, debes
creer en mi amor! Haré todo lo posible para unir tu destino al
mío. Aunque... Diana es
inexorable con
el amor y los amantes.
HIPÓLITO Diana es favorable a los
deseos inocentes, ¡que ella presida
nuestro compromiso!
JUNTOS. ¡Juremos fidelidad
mutua! ¡Ven, Reina de los
Bosques, ven
y reconforta nuestro
pesar! Que
el incienso de nuestros
votos se eleve hacia ti. Tú
eres de nuestros
corazones la
única soberana.
(se
escuchan sonidos de
trompas)
Escena Tercera
(Hipólito, Aricia,
cazadores)
CORO Hagamos volar nuestras
flechas por doquier. ¡Animémonos a la
victoria! Que
las más secretas
guaridas se
abran a nuestra gloria.
Ballet
UNA
CAZADORA Amantes ¿cuál es vuestra
debilidad? ¡Mirad! En el dulce
amor, los
mismos dardos que le
hieren, no
osa el corazón oponerse. Estad prestos a
defenderos de
los más dulces encantos. Haced como nosotras; preparaos, sin
inquietud, a
esperar sus golpes. Si
perseveráis, la victoria
será vuestra. Amantes, ¿cuál es
vuestra debilidad? ¡Mirad! En el dulce
amor, los
mismos dardos que le
hieren, no
osa el corazón oponerse. ¡Os
quejáis de sus rigores, pero amáis todas las
fechas que él os lanza! ¡Sois vosotros mismos
los
que lo hacéis triunfar! ¿Por qué, sin defensa, entregáis vuestros
corazones? Amantes, ¿cuál es
vuestra debilidad? etc.
Ballet
UNA
CAZADORA ¡A
la caza, a la caza! ¡Preparémonos!
CORO ¡Corramos todos a la
cacería; preparémonos!
UNA
CAZADORA Amor, dios de los
corazones, cede tu
sitio. No,
no, gobiernes nunca. Que
Diana presida; que
Diana nos guíe en
las profundidades de los
bosques. Bajo sus leyes,
viviremos en paz. ¡A
la caza, etc.
UNA
CAZADORA Nuestros refugios son
apacibles, no,
no, nada tienen de
atractivos. Nuestros gozos son
perfectos, ninguna ansiedad nos
perturba. Pasamos los mejores días
riéndonos de los Amores, ¡A
la caza, etc.
Ballet
(El
mar se agita y se ve
salir a
un horrible monstruo)
CORO ¡Qué estruendo! ¡Qué
vientos! ¡Qué montañas de agua! ¿Qué monstruo aparece
ante nosotros? ¡Oh, Diana, ven
corriendo! ¡Vuela desde lo alto del
cielo!
HIPÓLITO (se
dirige hacia el
monstruo)
Ven, en su ausencia te
serviré de guía.
ARICIA ¡Detente!
(Hipólito es herido por
el monstruo)
CORO ¡Dioses! ¿Qué llamas lo
rodean?
ARICIA ¡Qué espesas nubes! Todo
se disipa ¡Ay! Hipólito desaparece...
¡Muero!
(Aricia cae
inconsciente)
CORO ¡Oh, cruel desgracia! Hipólito ya no existe.
Escena Cuarta
(Fedra y cazadores)
FEDRA ¡Qué lamentos me llaman
aquí!
CORO ¡Hipólito ya no existe!
FEDRA ¿Ya
no existe? ¡Oh, qué
dolor mortal!
CORO ¡Oh, lamento ingrato!
FEDRA ¿Qué hechizo lo hizo
caer en la noche eterna?
CORO Un
monstruo furioso salido
del seno de las olas, nos
acaba de arrebatar al
héroe.
FEDRA ¡No, yo he causado su
muerte! Por
mí, él desciende al
inframundo. Neptuno pensó en
vengarse del ultraje de
Teseo y
yo derramé una sangre
inocente. ¿Qué he hecho? ¡Qué
remordimiento! ¡Cielos, oigo el trueno!
¡Qué estruendo! ¿Qué terribles
relámpagos? ¡Huyamos!
¿Dónde me esconderé? Siento temblar la
tierra. El
inframundo se abre bajo
mis pies. Todos los dioses
conjurados, por
mí desatan la guerra. ¡Armad vuestros
formidables brazos! Dioses crueles,
vengadores implacables, suspended la ira que me
paraliza de miedo. ¡Ah, si sois justos, no
tronéis sobre mí! Por
la gloria de un héroe
vencedor de la falacia, pedid un justo rescate; ¡Dejad que le revele al
autor de sus días, su
inocencia y mi crimen!
CORO ¡Oh, remordimiento
ingrato, Hipólito ya no existe!
ACTO QUINTO (La
escena representa un
delicioso jardín en
el Bosque de Aricia.
Vemos a Aricia
tumbada en un lecho de
césped)
Escenas 1 y 2 de la
versión alternativa
Escena Primera
(Teseo)
TESEO Grandes dioses, ¿qué remordimientos me
desgarran? ¡Cuántos horrores a la
vez! Vi a Fedra expirar. ¡Qué odioso misterio!
¡Qué detestable amor! ¡La
pérfida, al morir, me lo
confesó todo! ¡Mi
hijo!... ¡Oh, dolor que
me abruma! ¡Era inocente! ¡Dioses!
¡Soy culpable! ¡Volvamos al inframundo!
¿Quién puede retenerme? De
un monstruo como yo,
libremos a la
naturaleza. De
la impostura más
horrible, los
pérfidos autores se
castigan unos a otros. Mis
deseos de parricidio han
consumado el crimen. ¡Le
debo a mi hijo su última
víctima! Dios de los mares, de la
mirada de los mortales ocúltame para siempre.
(Teseo quiere
precipitarse en el mar)
Escena Segunda
(Neptuno, Teseo)
NEPTUNO ¡Detente!
TESEO Por
un hijo, ¿qué piedad te
urge? Deja que me abata el
rayo vengativo después del más oscuro
de los crímenes. Ábreme como tumba tus
moradas profundas, y
que la muerte, que busco en
medio de tus olas sea
la última de tus
bendiciones.
NEPTUNO Tu
brazo todavía es
necesario al universo.
TESEO ¡Cielos! ¿No puedo
contar con un padre para que yo pueda vengar
a mi hijo?
NEPTUNO Vete, tu hijo no está
muerto.
TESEO ¡No
ha muerto! ¿Qué dioses han tomado
su defensa?
NEPTUNO Diana tomó a su cuidado
su destino.
Aria Cumplí a pesar de mí
mismo, tu ciego
desvarío, cuando el Destino, cuyo
poder hace temblar a
los Infiernos, la Tierra
y los Cielos, se
dignó liberarme de un
odioso juramento que
mancillaba la inocencia.
TESEO ¡Oh, querido, querido
hijo! ¿Volveré a verte?
NEPTUNO Debes perder esa dulce
esperanza. Para castigarte por una
injusta venganza, el
Destino por siempre te
prohíbe estar en su
presencia.
TESEO No
te veré más. ¡Oh, justo
castigo! En
lugar de un abrazo
tierno, hijo mío, recibe los
votos de
un padre culpable. Puesto que entre
nosotros se alza un muro
eterno, mora en el seno de una
tierra extranjera, disfruta de la dulce y
ansiada paz que
no pudiste encontrar en
el seno paterno.
NEPTUNO Dudar de su felicidad es
hacernos un ultraje. Deja que los inmortales
terminen su trabajo.
(Neptuno se sumerge bajo
las
olas y Teseo se retira)
Versión Original
Escena Primera.
(3)
ARICIA ¿Dónde estoy? He
recuperado el uso de mis
sentidos. Dioses ¿me los habéis
devuelto sólo para que recuerde
la imagen del
tierno amante que he
perdido?
(la
claridad se redobla) ¡Qué dulces arpegios! ¡El
nuevo día me ilumina! No,
no; estos sonidos
armoniosos, este sol que brilla ante
mis ojos, sin
Hipólito, ¡ay! Nada me complace. ¡Mis ojos sólo están
abiertos para derramar lágrimas! En
vanos los sonidos
amables resuenan en mí; sólo tengo suspiros para responder a los
arpegios encantadores que
viene a ofrecérseme en
estos deliciosos
lugares. ¡Mis ojos sólo están
abiertos para derramar lágrimas!
(Diana desciende de la
gloria)
Escena Segunda (4) (Diana, Aricia y
pastores)
CORO ¡Desciende, luminosa
inmortal, para reinar por siempre
en nuestros bosques!
ARICIA ¡Cielos! ¡Diana! A pesar
de mi cruel desgracia, mantendré el ardor de mi
celo por
la deidad a la que estoy
unida por ley.
CORO ¡Desciende, etc.
ARICIA Unámonos a las voces de
estas fieles gentes. ¡Desciende, luminosa
inmortal!
CORO Reina, etc.
DIANA ¡Devotos siempre
dispuestos a obedecerme, me
complace estar entre
vosotros! Yo
siembro los placeres más
dulces en
los corazones donde
reina la inocencia. Para administrar mis
leyes en esta feliz
morada, he
elegido a un héroe que
me aprecia y a quien yo
amo. En
este augusto día
preparad para el nuevo soberano así
como para mí misma, los
juegos más hermosos.
(a
los pastores) ¡Ocuparos de ello!
(a
Aricia) Tú,
ninfa, quédate.
Escena Tercera (5) (Diana, Aricia)
ARICIA ¡Oh, dichosos pastores,
os envidio!
DIANA ¿Qué te hace envidiar su
destino?
ARICIA Hipólito ha perdido la
vida...
DIANA No
te preocupes más por su
muerte. Gracias a mi oportuno
auxilio, pronto no habrás perdido
nada.
ARICIA No,
un amante tan tierno no
puede ser restituido. La
pérdida es irreparable.
DIANA Pronto aparecerá ente ti
un tierno esposo.
ARICIA ¡Oh, cielos, ahorradme
tan odiosa
circunstancia!
DIANA Pronto saldrás de tu
error. Fieles a mi voz, la
tropa de dulces céfiros
traerán raudo a la
valiosa persona que
he confiado a su celo.
Escena Cuarta (6) (Diana, Aricia,
Hipólito)
Sinfonía
(Los céfiros traen a
Hipólito sobre un
carro desde el fondo de
la escena)
HIPÓLITO ¿Dónde me lleváis?
¡Dioses, qué brillante
morada! ¡Ay, pero no veo al
objeto de mi amor!
ARICIA (al
frente de la escena) ¡Oh
muerte, permíteme unirme a
mí querido Hipólito!
DIANA Lánzale al menos una
mirada a tu esposo; el
amante no se pondrá
celoso por ello.
ARICIA No...
DIANA ¿Harás que Diana te lo
pida en vano?
ARICIA No,
nadie debe compartir mi
alma con
mi primer conquistador; y
mis ojos serán tan
fieles a su amor como mi corazón.
DIANA (a
Aricia) ¡Ya
se acerca!
ARICIA ¡Huiré!
HIPÓLITO
(aparte)
¡Cielos! ¿Esa voz?
(a
Diana) ¡Ah, diosa, perdona a
Cupido por
el amor que me arrebata!
Escena Quinta (7)
(Diana, Hipólito,
Aricia)
HIPÓLITO, ARICIA Aricia, ¿es a ti a quien
veo? / Hipólito, ¿es a ti a
quien veo? ¡Mi
destino es digno de
envidia! El
momento que te devuelve
a mí, es
el más feliz de mi vida.
DIANA Tiernos amantes,
vuestras desgracias han
terminado. El
himeneo está siendo
preparado. No
temáis que os vuelvan a
separar, pues soy yo quien os
une.
(Suenan cornamusas) Los
habitantes de estos
parajes han
preparado las
diversiones más
agradables; y
ya sus dulces
instrumentos anuncian el momento
feliz en
que reinaréis sobre
ellos.
Escena Sexta (8)
(Diana, Hipólito,
habitantes del bosque de
Aricia. Danza pastoril de los
habitantes del bosque y
coro. Entrada de pastores)
CORO ¡Cantemos la Musette! Cantemos. al
sonido que ella repite. ¡Bailemos! Que
el eco fiel devuelva nuestras
canciones. Cantemos, etc. Pastora engreída, disfruta de las tiernas
lecciones. Cantemos, etc.
Ballet
UN
PASTOR Placeres, dulces
vencedores, a
quienes todos rinden sus
armas, ¡encadenad los
corazones! Placeres, dulces
vencedores, reunid todos vuestros
encantos para encadenar los
corazones. El
amor tiene mucho para
ofrecer; disfrutad, no dejéis de
volar tras sus pasos. Placeres, dulces
vencedores, etc. Entre juegos, con risas
y diversiones, su
imperio resplandece. Tan
pronto como suspiremos, seremos felices. Placeres, dulces
vencedores, etc.
Ballet
DIANA Pastores, ahora
comprobaréis cuán fiel
soy en
el cumplimiento de mis
promesas. El
héroe, que sobre
vosotros reinará a
partir de ahora, será el premio a vuestro
celo.
CORO ¡Que todos sean felices
bajo el gobierno del
rey que Diana nos
otorga! ¡Que todos aplaudan su
elección pues es la virtud la que
lo corona!
Ballet
UN
PASTOR Ruiseñores amorosos, responded a nuestras
voces con
la dulzura de vuestros
gorjeos. Rendid el más tierno
homenaje a
la divinidad que reina
en nuestros bosques. Ruiseñores amorosos,
etc.
Ballet
ARICIA Ruiseñores amorosos, responded a nuestras
voces con
la dulzura de vuestros
gorjeos. Rendid el más tierno
homenaje a
la divinidad que reina
en nuestros bosques.
(con un ballet general
termina la obra)
FINAL ALTERNATIVO DE
OTRAS VERSIONES.
Chacona
Arietta
UN
PASTOR Ruiseñores amorosos, responded a nuestras
voces con
la dulzura de vuestros
gorjeos. Rendid el más tierno
homenaje a
la divinidad que reina
en nuestros bosques. Ruiseñores amorosos,
etc.
Primera gavota
Segunda gavota
HIPÓLITO (a
Diana)
¡Diosa, mi dicha supera
mis esperanzas que
con, el creador de mis
días, me
encantaría compartir!
DIANA El
destino prohíbe hacerle
saber los
lugares a los que he
sabido conducirte, y
la ley del destino jamás
puede cambiar. He
procurado establecer tu
nuevo poder en
estos afortunados
lugares que Saturno
eligió para devolver al mundo a
su tierna infancia. Son
los dioses los que deben
dar reyes por
cuya virtud el siglo
vuelve a comenzar.
CORO DEL BOSQUE ¡Que todos sean felices
bajo el gobierno del
rey que Diana nos
otorga! ¡Que todos aplaudan su
elección pues es la virtud la que
lo corona!
Digitalizado y traducido
por: José Luis Roviaro 2022
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