EL REY DE LAHORE

 

 

 

Personajes

 

ALIM

SITÂ

SCINDIA

TIMUR

INDRA

KALED

                  Rey de Lahore   

              Sacerdotisa de Indra


                Ministro de Alim

               Sacerdote de Indra
 
                  Deidad Hindú


              Confidente de Alim

                  Tenor

               Soprano


               Barítono

                    Bajo

                    Bajo

      Mezzosoprano

 

 

 

La acción se desarrolla en Pakistán, en el Siglo XI, durante la invasión musulmana.

 

 

ACTE I


Premier Tableau

(Devant le Temple d'Indra, à Lahore. Au loin, sur une

hauteur, jardins et édifices de la ville. Dernières heures
du jour.)
 
No. 1 Introduction et Choeur
 
(Des groupes d'hommes et de femmes en prières se

pressent aux portes du temple. Bientôt paraît Timour,
accompagné d'autres prêtres. La foule inquiète les
entoure.)

LE PEUPLE
Sauve nous, puissant Indra!
Sauve nous, tout-puissant Indra!
Sauve nous! Sauve nous!

(Entrée de Timour suivi de prêtres.)


LE PEUPLE
(Basses)
Bientôt les musulmans
seront devant Lahore!

(Ténors et basses)

Sauve nous, tout puissant Indra!

(Basses)

Ils viennent comme un flot
que rien n'arrêtera!

(Ténors et basses)

Sauve-vous, tout puissant Indra!

(Ténors)

La mort marche avec eux et la flamme dévore,

(Basses)

Partout sur leur chemin, les champs et les cités!

(Ténors et basses)

Mahmoud, le sultan redoutable
Mène ces hommes indomptés, ces hommes
indomptés, ces hommes indomptés!
Bientôt les Musulmans
seront devant Lahore!
Sauve-nous, sauve-nous, sauve-nous!
sauve-nous, sauve-nous!

TIMOUR
Si leur approche vous accable,
Si le roi ne les combat pas,
Rassurez-vous!
Indra, puissance impérissable,
Nous garde l'appui de son bras!
C'est le Dieu secourable
Que toute voix l'implore...
... Il les dispersera
Plus léger que les grains de sable.
Rassurez-vous! C'est le Dieu secourable,
Que toute voix l'implore;
Il les dispersera
Plus légers que des grains de sable.
Rassurez-vous!

LE PEUPLE
Puissant Indra! sauve-nous
Puissant Indra! sauve-nous!

(ténor, en s'éloignant)

Sauve-nous!

(basses, s'éloignant)

Sauve-nous!

(Entrée de Scindia, avec une escorte peu nombreuse
qu'il congédie aussitôt. Les derniers groupes entrant
dans le temple le séparent encore de Timour.)
 
SCINDIA
(à lui-même)
Ô torture du doute!
O sombre jalousie!
C'est la mort ou la vie
Que tout à l'heure ici mon amour trouvera!

(A ce moment Timour est tout-à-fait dégagé de la foule;
Scindia l'aperçoit.)


Voici Timour, voici le prêtre!

No. 2. Duo

(A la vue de Scindia, Timour vient vers lui de grandes
marques de respect Le choeur a pénétré dans le
sanctuaire dont les portes se referment: les deux
hommes restent seuls.)

TIMOUR
(à Scindia, avec empressement)
Ministre du roi notre maître,
O Scindia, viens-tu nous annoncer enfin
Du barbare Mahmoud le châtiment prochain?
 
SCINDIA
(avec intention)
Non... j'ai d'autres projets...
et tu vas les connaître

(très nettement)

Prêtre, Je viens chercher la vierge
qu'autrefois tu reçus dans ce sanctuaire,
Sitâ... Sitâ, la fille de mon frère.
 
TIMOUR
Qu'oses-tu demander? elle appartient aux Dieux!
 
SCINDIA
Tu vas la relever aujourd'hui de ses voeux!
 
TIMOUR
Le roi seul a ce droit.
 
SCINDIA
(impétueusement)
Eh bien, le roi lui-même,
S'il le faut, me rendra
Sitâ, Sitâ que j'aime...
Sitâ que ton pouvoir défend trop mal ici.
Obéis!
 
TIMOUR
(offensé et fièrement)
Le roi seul peut me parler ainsi; Retire toi!
 
SCINDIA
Faut-il enfin que je le dise,
Prêtre, on prétend que là...
dans l'ombre de l'autel,
Bravant ta vigilance et le courroux du ciel,
Un homme a pu venir près d'elle... par surprise...
Murmurer chaque soir des paroles d'amour!
 
TIMOUR
(avec violence)
Ah! si ce n'est point une calomnie,
Si le temple est souillé par la prêtresse impie,
Malheur sur elle!
 
SCINDIA
Non! Timour, non, je veux croire à son innocence!
Non... Timour!
 
TIMOUR
Si le temple est souillé, malheur sur elle!

Malheur! sur elle! malheur!
 
SCINDIA
Non! Je veux croire à son innocence,
Non, son coeur ne peut m'échapper;
Non! Je veux croire à son innocence,
Je veux croire à son innocence,
Non! Ma plus vivante espérance
Ne saurait me tromper,
Je veux croire à son innocence!
 
TIMOUR
(avec force)
Ni sa beauté ni sa jeunesse
Ne sauraient la défendre ici,
Pour une honteuse faiblesse,
Je la frapperais! je la frapperais sans merci!
Ni sa beauté ni sa jeunesse! non!
Rien ne saurait la défendre ici!
Je la frapperais, sans merci! je la frapperais
Je la frapperais sans merci!
 
SCINDIA
Non, Timour!
Non! Timour!
Son coeur ne peut m'échapper!
Non, Timour! non!
Ma plus vivante espérance
Ne saurait me tromper,
Je veux croire à son innocence!
Ecoute-moi! sans merci!
Ecoutez-moi! le trouble est dans mon âme!

(suppliant)

Conduis-moi vers Sitâ, Je l'interrogerai...
Ah! Je l'aimerais mieux cent fois morte
qu'infâme!
Ah! je l'aimerais mieux cent fois morte
qu'infâme!
 
TIMOUR
(gravement)
Tu vas la voir, tu vas, seul, juger cette femme...
 
SCINDIA
Si son crime est réel
Je te la livrerai...
 
TIMOUR
A ton premier signal j'apparaîtrai!
 
SCINDIA
Non! ma plus vivante espérance
Ne saurait me tromper,
Je veux croire à son innocence!
 
TIMOUR
Viens! tu vas la voir! Viens!
 
SCINDIA
Non! son coeur ne peut m'échapper, non!
je veux croire à son innocence
Je veux croire à son innocence,
Non! ma plus vivante espérance
saurait me tromper,
je veux croire à son innocence!
 
TIMOUR
Viens! tu vas la voir! Viens!
Ni sa beauté ni sa jeunesse
ne sauraient la défendre ici
Je la frapperais, sans merci!
 
SCINDIA
(avec force)
Si le temple est souillé!
 
TIMOUR
Par la prêtresse impie!
 
SCINDIA et TIMOUR
Si son crime est réel,
Je te la livrerai!
 
(Scindia entre dans le temple, précédé de Timour.)


Deuxième Tableau

(Le Sanctuaire d'Indra, dans le temple. Au fond l'image
du Dieu. A la droite de cette statue, porte secrète, dans
un des piliers de l'autel. Ce sanctuaire communique
avec les jardins et autres parties du temple on est à la
fin du jour.Des lampes pendues aux voûtes illuminent
vivement laù scène.)

No. 3. Choeur des Prêtresses

(Sitâ est entourée de prêtresses qui l'amènent

dans le sanctuaire.)

PRÊTRESSES
(doux et soutenu, avec simplicité, à Sitâ)
Âme timide,
Va, ne crains rien,
Il est ton guide et ton soutien.
Pourquoi tremblante,
As tu frémi?
Sous confiante,
C'est un ami!
Chère innocente,
Va ne crains rien!
Sois confiante;
C'est un ami!

(Entrée de Scindia.)

 
SCINDIA
(doucement à Sitâ)
Approche...
 
SITÂ
(Elle se prosterne avec respect)
O Scindia, c'est l'esprit de mon père,
Qui te conduit et t'éclaire...
 
PRÊTRESSES
(à Sitâ)
Va, ne crains rien!
 
SITÂ
(simplement)
Ta présence m'est chère et je m'incline
à tes genoux.
 
PRÊTRESSES
Ame timide,
Va ne crains rien!
Il est ton guide et ton soutien,
Pourquoi tremblante
As tu frémi?
Sois confiante,
C'est un ami!
C'est un ami!
C'est un ami!
 
(Les Prêtresses s'éloignent lentement Sitâ demeure

en scène avec Scindia.)

No. 4. Duo

SCINDIA
(avec douceur et simplicité)
Sitâ, voici venir une heure fortunée
Où doit changer enfin ton humble destinée,
Je veux te donner un époux;
 
SITÂ
(timidement et avec trouble)
Seigneur, ne dois-je pas ici finir ma vie?
 
SCINDIA
Assez longtemps aux regards de l'envie,
Ce temple a dérobé ta naissante beauté,
Celui qui t'aime, enfant,
te rend la liberté, celui qui t'aime!
 
SITÂ
(à elle-même, très émue)
Celui qui m'aime...
 
SCINDIA
Ce jour est le dernier de ta longue retraite,
Sitâ, viens maintenant...
 
SITÂ
(indécise et troublée)
Te suivre...
 
SCINDIA
Pourrais-tu résister?
Voici venir une heure fortunée
Où doit changer enfin ton humble destinée!
 
SITÂ
(à part)
Ô doux mystère, vas-tu donc m'être révélé?
Vision fugitive et chère, est-ce de toi,

SCINDIA
(à part, l'observant)
Son regard pur...
 
SITÂ
... qu'il m'a parlé?
 
SCINDIA
... m'a rassuré
D'un gai rayon son front s'éclaire!
 
SITÂ
(à part)
Vas-tu donc m'être révélé, ô doux mystère?
 
SCINDIA
(avec une extrême tendresse)
Te voilà frissonnante et pourtant radieuse!
Sitâ, tu m'as compris et mon âme est joyeuse,
Près de toi, je le sens, bientôt, j'aurai trouvé
Le repos qui m'est cher et l'amour tant rêvé!
 
SITÂ
(qui l'a écouté avec stupeur, très frappée, se trouble
et chancelle)
Lui! c'était lui! grands Dieux!
 
SCINDIA
(avec ardeur)
Viens, chère enfant!
 
SITÂ
(d'une voix suppliante)
Arrête!
 
SCINDIA
Tu trembles... tu pâlis...
 
SITÂ
Par ce temple sacré, par ce Dieu
qui me garde en cette humble retraite,
de grâce, laisse moi!
 
SCINDIA
(qui n'a cessé de l'observer, soudainement, avec éclat)
Maudite! c'est donc vrai!
Ton infâme secret! on me l'a fait connaître;
Le trouble où je te vois, d'ailleurs... me l'a livré!

(très accentué et avec indignation)

Sous les habits d'un prêtre, un amant,
chaque soir, ici vient près de toi!
 
SITÂ
Grâce!
Avant de m'accabler, ô maître, écoute moi!
C'était le soir d'un jour de fête...
Je priais seule ici;

(déclamé avec naïveté)

soudain j'entends des pas...
un homme jeune et fier,
devant l'autel s'arrête...
Il me parle... et je tremble en écoutant sa voix...
Je n'ose regarder... puis...
sans que je devine,
Si cette vision est humaine, ou divine...
Il disparaît!

SCINDIA
Tu l'as revu plus d'une fois?
 
SITÂ
Chaque soir il revient à cette même place,
Il me parle d'amour... sans que jamais sa main
ose effleurer la mienne...
Et doucement il passe, en murmurant:
demain!
 
SCINDIA
(se contenant et perfidement)
Mas cet homme, ce Dieu, cet insensé peut-être!
vient-il à ton appel?
 
SITÂ
(simplement)
Quand je chante au pied de l'autel
La prière du soir,
 
SCINDIA
La prière du soir?
 
SITÂ
... je le vois apparaître...
 
SCINDIA
Tu le vois?
 
SITÂ
Je le vois!
 
SCINDIA
Là!

(changement de ton)

Un délire pieux a pu tromper tes yeux!
Je veux t'en délivrer, te sauver de toi-même;
Morte est ta vision! moi,

(avec passion)

je vis et je t'aime! Viens!
Viens! Je t'aime! viens!
 
SITÂ
(avec effroi, suppliante)
Ah! grâce encore! laisse moi! ah!
Grâce!

(avec une grande expression)

pourquoi troubler ainsi ma vie,
J'étais heureuse, hélas!
Pourquoi troubler ainsi ma vie,
J'étais heureuse, hélas!
Pourquoi m'ôter le repos que j'envie!
Pourquoi faut-il qu'en un instant
La douceur d'un rêve innocent
Me soit cruellement ravie?
J'étais heureuse, hélas! pourquoi troubler ma vie?
l'amour de ta beauté j'aurais donné ma vie!

(suppliante)

Grâce encore! ah! laisse moi?
grâce encore! ah laisse moi! ah! pitié
ah! pitié! laisse-moi
J'étais heureuse, hélas! pourquoi troubler me vie!

(énergiquement)

Je ne te suivrai pas! non! non!

SCINDIA
(avec une passion croissante)
Et mon coeur eût acceptée
la honte et l'infamie!
A tout jamais ma volonté nous lie! viens!
Ah! pour l'amour de toi j'aurais donné ma vie!

(il veut l'entraîner)

Viens!
Ce que j'ai résolu peut s'accomplir
malgré tes pleurs, ah!
Prends garde! viens! suis moi!

SITÂ
(révoltée)
Je brave ta colère! ah! jamais!

SCINDIA
(il s'arrête; puis avec fureur)
Je me vengerai donc; et tu l'auras voulu!

(S'élançant vers le Gong sacré, il le frappe
avec violence)

No. 5. Finale

(A ce signal éclatant sous les voûtes sonores du Temple
paraissent tout-à-coup Timour, les Prêtres, les
Serviteurs du Temple et le Peuple envahissant la
scène de toutes parts.)

PRÊTRES, FIDÈLES, PEUPLE
Le bronze a vibré dans l'espace,
La bronze a vibré dans l'espace,
Son formidable appel
nous rassemble au pied de l'autel!
Le bronze a vibré dans l'espace,
Son formidable appel,
Nous rassemble au pied de l'autel,
Au pied de l'autel!

(Pendant ce choeur, jeu de scène de Scindia.
Haletant comme brisé par sa propre violence,
il montre d'un geste rapide Sitâ à Timour.)


TIMOUR
(après un mouvement d'indignation vers Sitâ)
Prêtres, écoutez tous!
Regardez cette femme,
D'un sacrilège, d'un infâme,
Elle a partagé l'amour odieux!
Prêtresse, elle a trahi ses voeux!
Vierge, elle a profané son âme,
J'appelle sur son front la vengeance des Dieux!

La vengeance des Dieux!
A mort! d'un infâme,
Elle a partagé l'amour odieux!
Vierge, elle a profané son âme!
Prêtresse, elle a trahi ses voeux!
D'un sacrilège, et d'un infâme
Elle osa partager l'amour! à mort!
 
PRÊTRES
A mort! à mort! d'un infâme,
Elle a partagé l'amour odieux!
Vierge, elle a profané son âme!
Prêtresse, elle a trahi ses voeux!
D'un sacrilège et d'un infâme
Elle osa partager l'amour! à mort!
 
SCINDIA
A mort! à mort!
D'un infâme elle a partagé l'amour odieux
Elle a profané son âme! Oui, frappez la!
Oui, frappez la! à mort!
 
FIDÈLES, ET PEUPLE
A mort! à mort! d'un infâme,
Elle a partagé l'amour odieux!
Vierge, elle a profané son âme!
Prêtresse, elle a trahi ses voeux!
Oui, frappez la!
Oui, frappez la!
A mort! à mort! à mort! à mort! à mort!
 
(Sitâ se jetant aux pieds de Timour.)

 
SITÂ
(avec un grand sentiment dramatique)
O Timour! tu me crois coupable.
Et me refuses ta pitié!
Aux Dieux j'ai tout sacrifié,
Et c'est en leur nom qu'on m'accable!
Je leur ai voué, sans retour,
En sa pureté virginale,

(avec sentiment)

En sa pureté, cette beauté si fatale,
Par qui je succombe en ce jour!
Cette beauté, fatale, par qui je succombe, je succombe

(la voix suffoquée par les larmes)

en ce jour!
Se je dois rester sans défense
Si je dois prier vainement
Au moins épargne moi l'offense,
De douter de mon innocence,
O Timour! ô Timour! non! non!

(avec énergie)

je n'ai pas trahi mon serment!

VOIX
(Voix des Prêtresses dans les profondeurs du Temple)
Voici la nuit!
Voici la nuit mes soeurs prions!
Les étoiles sur nous
versent leurs blancs rayons!
Indra, maître du ciel, Indra, nous t'adorons!
Voici la nuit!
 
SCINDIA
(à part)
La prière du soir!
 
SITÂ
(troublée, à part)
La prière!
 
SCINDIA
Le signal!

(à Sitâ, avec perfidie)

Si ta voix n'est pas sacrilège,
Si le Dieu du ciel te protège,
Incline toi!
 
SITÂ
(palpitante, à part)
Que dit-il?
 
SCINDIA
Là dans le sanctuaire,
Que ta voix s'élève encore aujourd'hui!
et réponde à cette prière!
 
SITÂ
(à Scindia, troublée)
Cette prière, en ce moment?
 
SCINDIA
Obéis!
 
SITÂ
Ah! Scindia! que veux-tu faire?
 
SCINDIA
Connaître et punir ton amant!
 
SITÂ
(avec un cri)
Dieux!
 
SCINDIA, TIMOUR
LES PRÊTRES, PEUPLE
(impérieusement)
A genoux! obéis et prie!
 
SITÂ
Non! frappez-moi!

(très accentué)

frappez moi! prenez ma vie!

(avec un grand sentiment)

Mais je ne le trahirai pas
Celui don le ciel et la terre,
Respectant l'étrange mystère,
Toujours ont protégé les pas!
 
SCINDIA, TIMOUR
PRÊTRES, PEUPLE
A genoux! à genoux! prie!
 
SITÂ
(avec force)
Non! frappez-moi!
 
SCINDIA, TIMOUR
PRÊTRES, PEUPLE
Obéis! prie!
A mort! à mort!
 
SITÂ
Mais je ne le trahirai pas!

(avec un cri)

Ah!
 
ALIM
(Il a paru soudainement à l'entrée d'un passage ouvert
dans un de piliers de l'autel - Kaled le suit. Avec élan)
Non! Sitâ m'appartient, qu'elles vive!

SCINDIA
Le Roi!

(à part, le coeur brisé)

C'était le Roi!
 
TIMOUR, PRÊTRES, PEUPLE
C'était le Roi!

SITÂ
(à part, très émue)
C'était le Roi!
 
ALIM
(à Sitâ, avec charme)
Viens, je ne serai pas ton maître,
Viens! Je veux attendra résigné
Que ton coeur innocent
Apprenne à le connaître,
Cet amour, cet amour jusqu'ici peut être dédaigné!
 
SITÂ
(très troublée)
Ah! je vous écoute, et mon âme s'emplit
d'un indicible émoi;
Vous parlez d'obéir à la voix l'une femme,
Vous parlez, vous parlez d'obéir
et vous êtes le Roi!
Leur terrible sentence, hélas!
me remplissait d'effroi!
Il me rend l'espérance,
Mais, hélas! il est Roi!
Mais, hélas, il est Roi! hélas! il est Roi!
Je vous écoute...
Vous parlez d'obéir à la voix d'une femme,
Vous parlez d'obéir!
Ah! c'est le Roi! c'est le Roi!
 
KALED
Sitâ, relève la tête,
Que ton esprit soit rassuré,
Car l'amour va fleurir en ton coeur enivré,
en ton coeur!
Cette injuste sentence,
Doit fléchir à sa voix!
Cette injuste sentence
Cette injuste sentence
Doit fléchir à sa voix!
O Sitâ, oui, l'amour va fleurir,
en ton coeur enivré!
En ton coeur enivré!
ton coeur enivré! c'est le Roi!
 
ALIM
Viens! Viens!
Je veux attendre résigné
Que ton coeur innocent apprenne à le connaître,
Cet amour peur être dédaigné!
Cet amour peut être dédaigné!
Si la seule innocence
Ne désarme leur loi
Cette injuste sentence
Doit fléchir devant moi! devant moi!
Ah! viens! je ne serai pas ton maître!
Viens! Je veux attendre résigné,
Que ton coeur le connaisse,
Cet amour, cet amour jusqu'ici peut être dédaigné!
Je suis Roi!
 
SCINDIA
(avec haine, à part)
O cruelle impuissance!
Son amant, c'est le Roi!
Il faut donc en sa présence,
Il faut donc me soumettre à sa loi!
Son amant, son amant c'est le Roi!
O cruelle impuissance!
Il est Roi!
Il faut en sa présence
Me soumettre à sa loi,
C'est le Roi!
O cruelle impuissance!
Son amant c'est le Roi!
O cruelle impuissance!
C'est le Roi! C'est le Roi!
C'est le Roi!
 
TIMOUR
(avec respect)
Ah! sa seule présence, sa présence
Vient désarmer nos lois!
La suprême puissance,
La suprême puissance,
Nous parle par sa voix!
Nous parle par sa voix.
Ah! sa seule présence
Adoucit nos lois!
C'est le Roi! c'est le Roi!
 
PRÊTRES, PEUPLE
Toute humaine puissance,
Cède devant le Roi!
Et sa seule présence,
Désarme notre loi!
Toute humaine puissance,
Doit céder à sa voix! à sa voix!
Tout humaine puissance,
Doit céder à sa voix! Sa présence
Adoucit notre loi! Car c'est le Roi!
C'est le Roi!
 
TIMOUR
(à Alim, très énergique)
Roi, l'amour profanant cette enceinte bénie,
L'amour profanant ce temple toujours respecté;
Cet amour est un crime,
Et Dieu veut qu'on l'expie!
 
PRÊTRES
(très énergique)
Cet amour est un crime
 
TIMOUR, PRÊTRES
Dieu veut qu'on l'expie!
 
ALIM
(à Timour, simplement)
Parle, tu seras écouté.
 
TIMOUR
Le Sultan Mahmoud
vient pour combattre nos dieux!
Au nom de Mahomed
qu'ils nomment le Prophète,
Ses soldats, si ta main ne les arrête,
Vont chasser jusqu'ici nos peuples devant eux!
Eh! bien,

(largement déclamé et avec puissance)

rassemble ton armée,
Marche vers le désert,
Et que devant tes pas ainsi qu'une fumée,
S'efface l'ennemi menaçant notre sol!
 
PRÊTRES
Rassemble ton armée!
 
TIMOUR, PRÊTRES
Marche vers le désert!
 
LE PEUPLE
Marche vers le désert!
 
TIMOUR, PRÊTRES, LES PEUPLE
Marche vers le désert!
 
ALIM
(fièrement)
Je n'ai pas attendu ta parole ô mon père,
Pour rassembler mes cavaliers!
 
TIMOUR, PRÊTRES, LES PEUPLES
Marche vers le désert!
 
ALIM
Comme votre salut ma gloire encore m'est chère,
Demain mes bataillons partiront par milliers!
Demain, mes étendards flotteront dans la plaine!

(à Sitâ, avec charme)

Me suivras-tu, Sitâ?
 
SITÂ
(à Alim, avec âme)
Vous êtes mon maître!
 
ALIM
(à Timour)
Que ta main me bénisse,
Et qu'Indra me soutienne!
 
(Il fléchit le genou devant Timour qui étend

les mains sur son front.)

SCINDIA
(à part, avec haine)
Toujours est proche, Alim!
car je t'ai condamné,
Sitâ m'appartiendra!
 
TIMOUR
Vas, et sois pardonné!
 
(Alim se relève.)

 
SITÂ
Dieux!

(à Alim)

Ah! je vous écoute ô maître,
Dieux! Je vous écoute et je frémis!
Vous parlez d'obéir à la voix d'une femme!
Vous parlez, vous parlez d'obéir
et vous êtes le Roi!
Ah! vous êtes, le Roi!
 
KALEM
(à Sitâ)
Viens! relève la tête, viens Sitâ! Viens!
Que ton esprit soit rassuré!
L'avenir s'offre à toi
comme une longue fête!
O Sitâ!
Oui, l'avenir s'offre à toi!
Viens Sitâ! c'est le Roi!
 
ALIM
(à Sitâ)
Viens! je ne serai pas ton maître,
Viens! Je veux attendre, résigné,
Que ton coeur innocent
Apprenne à le connaître
Cet amour! c'est amour jusqu'ici
peut être dédaigné!
Viens Sitâ! Je suis Roi!
 
SCINDIA
(à part)
Oui! je veux écouter ma haine!
Oui! Je le perdrai, oui, je le veux!
Sitâ m'appartiendra!
Malgré les dieux et toi!
Je le veux!
Sitâ m'appartiendra!
Son amant! c'est le Roi!
 
TIMOUR, PRÊTRES
(à Alim)
Alim, marche vers le désert!
Marche! marche! et que devant tes pas
S'efface l'ennemi,
l'ennemi menaçant notre sol!
Marche vers le désert!
Marche vers le désert!
Marche vers le désert!
Va!

LE PEUPLE
Marche vers le désert!
Marche vers le désert!
Et chasse l'ennemi,
l'ennemi, menaçant, notre sol!
menaçant notre sol!
Marche vers le désert! marche!
Marche vers le désert!
Marche vers le désert!
Marche vers le désert!
Va!


ACTE II



(Le Désert de Thôl, au coucher de soleil. Vaste plaine
sablonneuse et nue campement du roi aux premiers
plans, à droite et à gauche, tentes d'Alim, tente de Sitâ
et de ses femmes.)
 
No. 6. Scène
 
(Devant la tente du roi, sur des tapis, des soldats jouent

aux échecs. Vers le fond quelques esclaves persanes
dansent devant des chefs. Foule de soldats armés,
gardes du camp et esclaves Kaled dégagé des groupes,
écoute les rumeurs lointaines de la bataille.)

CHEFS, SOLDATS
(1er Groupe jouant aux échecs, presque parlé)
Echec! au roi blanc!

(2e Groupe, presque parlé)

Echec!
 
SITÂ
(sortant de sa tente, à Kaled avec
inquiétude en désignant le désert)
Ecoute... les rumeurs de l'ardente mêlée
Eclatent au loin sous les cieux,
 
KALED
Oui,

(avec confiance)

l'armée ennemie est encore refoulée
Alim va revenir,
toujours victorieux!
 
SITÂ
(à part, répétant comme pour se convaincre)
Alim va revenir!
 
CHEFS, SOLDATS
Bataille!

(en riant)

Le combat s'engage...
C'est cela! Bien joué!
Bon! Courage!
 
SITÂ
(pensive, s'approchant des joueurs, à elle-même)
Alim va revenir toujours victorieux!
 
UN CHEF
(en plaisantant)
Le roi noir se conduit bravement!
 
UN SOLDAT
(désignant le désert)
Comme là-bas Mahmoud contre Alim!
 
LES CHEFS, LES SOLDATS
Echec! mat! le roi blanc!
 
(Ils se lèvent en renversant les pièces)

 
SITÂ
(à Kaled)
O funeste présage!
 
KALED
(légèrement)
Pourquoi ce pressentiment?
 
(Sitâ congédie d'un geste les danseuses;

les soldats se lèvent et s'éloignent.)

No. 7. Duo

SITÂ
(à Kaled, croyant entendre des rumeurs lointaines)
Ecoute encore!
 
KALED
(la rassurant)
Oui, des cris de victoire!
 
SITÂ
Je veux espérer, je veux croire;
 
KALED
Alim va venir!
 
SITÂ
Alim est vainqueur!

(triste et découragée)

Mais dans ce désert où nous sommes,
Dans ces lieux inconnus, en péril, loin des hommes,
Malgré moi, frissonne mon coeur!
 
KALED
Non, Sitâ, calme toi,
tout s'apaise et s'endort...
 
SITÂ, KALED
(tranquille et soutenu)
C'est le soir, la brise pure
Berce les nuages d'or,
Tout repose en la nature,
Tout s'apaise, tout s'endort!
Caressant la terre lasse
Des ardeurs du jour
Sur la plaine une ombre passe,
Avec des frissons d'amour...

(sans respirer)

C'est le soir, la brise pure
Berce les nuages d'or,
Toute rumeur s'est éteinte,
On ne combat plus,
On ne combat plus!
 
SITÂ
Déjà s'envole ma crainte,
 
KALED
O Sitâ calme ta crainte,
 
SITÂ, KALED
Au ciel les Dieux nous ont entendus!
 
SITÂ
(simplement)
Il va connaître, enfin, cette douce pensée
Chèrement caressée,
Que lui dérobait ma pudeur,
Heure délicieuse,
Je te bénis, je suis heureuse,
Je te bénis, je suis heureuse!
 
KALED
Tout s'apaise,
 
SITÂ, KALED
Tout s'apaise,
Déjà s'envole, s'envole ma crainte,
C'est le soir, la brise pure
Berce les nuages d'or
Toute rumeur s'est éteinte,
On ne combat plus on ne combat plus!
Déjà s'envole ma crainte,
Au ciel les Dieux nous ont entendus!
Tout s'apaise, tout s'endort,
Déjà s'envole ma crainte,
Tout... s'apaise!
 
SITÂ
Heure délicieuse
Je te bénis! je te bénis!
Je suis heureuse!
 
KALED
(conduisant doucement Sitâ vers sa tente)
Repose, ô belle amoureuse,
que la nuit, t'apporte un songe d'or.
Ton roi, l'âme joyeuse,
Ici revient encore vers toi, doux trésor.

(Sitâ entre sous sa tente; Kaled reste au dehors,
près de la porte.)

Ferme les yeux, ô belle maîtresse.
La nuit plus calme succède au jour.
Bannis enfin, la crainte et la tristesse;
Rien n'est plus doux qu'un songe d'amour,
qu'un songe d'amour.
Ferme les yeux, ô belle maîtresse.
Léger dans l'ombre mon chant s'élève;
Que ma voix berce aussi ton rêve,
Que l'heure passe encore plus brève,
Que l'espérance soit dans ton coeur.
Il va venir, ton beau vainqueur!
Léger zéphyrs, accourrez près d'elle
Brise amoureuse, ô souffle charmant,
Rapporte-lui, rapporte sur ton aile
Le doux baiser du fidèle amant, du fidèle amant!
Ah! Accourrez près d'elle
Accourez près d'elle, ô souffle charmant!
Léger dans l'ombre mon chant s'élève!
Que ma voix berce aussi ton rêve,
Que l'heure passe encore plus brève,
Que l'espérance soit dans ton coeur!
Il va venir, ton beau vainqueur; Le voilà
Que l'espérance soit dans ton coeur!
C'est lui!

(Voir à la fin du la partition pour la Sérénade de
Kaled, qui est supprimée à l'Opéra, mais que
l'artiste peut rétablir Appendix.)

No. 8. Scène de l'Abandon

(Fanfares lointaines à droite. Fanfares lointaines
à gauche. L'armée en désordre envahit la scène.
La plupart des soldats jettent leurs armes.)

CHEFS, SOLDATS
(avec terreur)
Tout... fuit! tout!
Défaite complète! Tout cède... tout fuit!
Avide... Rapide
La mort nous poursuit!
La plaine est pleine
De noirs bataillons!
Tout cède... tout fuit!
Tout cède... fuyons!
La plaine est pleine
De noirs bataillons!
Tout cède... tout fuit!
Tout cède... fuyons!

(Entrée de Scindia suivi des principaux chefs.
À Scindia, avec effroi et désespoir)

Tout... fuit! tout!
 
SCINDIA
Soldats, le Roi succombe! tout l'accable,
Il est mourant!
 
CHEFS et SOLDATS
Le Roi succombe! il est mourant!
 
SCINDIA
Une main implacable
L'a frappé par trois fois,
Oui, son règne est fini!
D'un sacrilège amour
Les Dieux l'auront puni!
A ce roi n'obéissez pas davantage!
Les Dieux vous puniraient aussi
Et dans quelque immense carnage
Aux coups d'une horde sauvage
Ils vous jetteraient sans merci!
Vos chefs ont invoqué mon secours
Me voici!

(avec assurance)

Oui, je vous sauverai,
Je vous le dis encore!
M'obéirez vous tous?
 
CHEFS, SOLDATS
Oui! tous! nous le jurons!
Ici comme à Lahore, à toi seul, nous obéirons!
 
SCINDIA
Vous le jurez!
Tous!
Calmez vous.
Prudemment préparez la retraite;
Cette nuit même avant l'aube prochaine,
Soldats! nous partirons!
 
CHEFS, SOLDATS
A Lahore!
Avant les feux de l'aurore!
Oui! tous nous partirons!
Impuissants à lutter
Après cette défaite!
A la mort! nous échapperons!
Tout cède, tout fuit!
Tout cède! fuyons!
Alim, en vain résisterait!
Alim, en vain résisterait!
À Lahore! à Lahore!
 
SCINDIA
Oui! tous nous partirons!
Impuissants à lutter
Après cette défaite!
Impuissants à lutter
A la mort nous échapperons!
A la mort nous échapperons!
Alim, en vain résisterait!
Alim, en vain résisterait!
A Lahore! à Lahore!

(Alim paraît pale, se soutenant à peine.)
 
ALIM
On parle de partir! on ose
Commander ici, moi vivant!

(largement déclamé et très mesuré)

Lâches! qui désertez ma cause,
Regardez-moi!
Lâches! j'ai prodigué mon sang
pour assurer votre fuite se prompte!
Lâches! je suis blessé... mais

(avec énergie)

je reste debout!
Et je veux lutter... lutter jusqu'au bout...
Ah! plutôt la mort que la honte!
 
CHEFS, SOLDATS
(Ténors)
Nous sommes condamnés...
 
ALIM
Quel ténébreux complot a pu vous entraîner?
 
CHEFS, SOLDATS
(Ténors et basses)
Des hommes et du ciel...
contre nous déchaînés,
Ta valeur... n'a pu... nous défendre!
 
ALIM
(avec éclat)
De l'avilissement où vous alliez descendre,
Vers mon but glorieux je vous dois ramener!

(à volonté)

Vers mon but glorieux je vous dois ramener!
 
CHEFS, SOLDATS
O roi!
Nous sommes condamnés!
Non! Roi quand la mort t'a touché de son aile,
Et qu'elle désarme ton bras,
Roi glorieux, va combattre contre elle,
Et n'appelle plus tes soldats!
Va! quand la mort t'a touché de son aile,
 
SCINDIA
Demeure là! Elle désarme ton bras,
Demeure là! n'appelle plus tes soldats!
Va!
 
ALIM
(il veut s'élancer sur eux, ses forces le trahissent)
Misérables!
 
CHEFS, SOLDATS
(avec ironie)
Roi glorieux! va combattre contre elle!
Roi glorieux lève-toi!
Mais n'appelle plus tes soldats!
Mais n'appelle plus tes soldats!
Non! ta menace ne nous retiendrait pas!
Non! demeure là! non!
n'appelle plus tes soldats!
 
SCINDIA
Meurs! Roi glorieux, lève-toi!
Mais n'appelle plus tes soldats!
Mais n'appelle plus tes soldats!
Roi demeure là!

(à Alim)

Ta royauté n'est plus qu'une ombre vaine,
Et mon pouvoir succède au tien!
 
CHEFS, SOLDATS
Demeure là! n'appelle plus tes soldats!
 
SCINDIA
Oui, si tu tombes, c'est par ma haine,
Car je te hais! je te hais!

(à volonté)

sache-le bien!
 
CHEFS, SOLDATS
(entr'eux)
Alim en vain résisterait!
Pour le départ que tout soit prêt,
Alim en vain résisterait!
Alim, en vain... résisterait!

(d'une voix étouffée)

Non!
 
ALIM
Qu'entends-je?
 
SCINDIA
Tu m'as ravi Sitâ que j'aime!
 
ALIM
Sitâ! tu l'aimais!
 
SCINDIA
Tu m'as ravi Sitâ que j'aime!
 
ALIM
Tu l'aimais!
 
SCINDIA
J'ai fait taire longtemps mon orgueil outragé,
mais le jour est venu

(à volonté)

du châtiment suprême! va! meurs!

(avec violence)

Oui! c'est le châtiment suprême!
Meurs! Alim! je suis vengé!
 
ALIM
(éclairé, et avec une fureur désespérée)
Ah! je comprends!
c'est à toi que je dois ma défaite!
Celui qui m'a frappé: c'est toi!

(le désignant aux soldats avec indignation)

Traître! meurtrier! qu'on le saisisse! qu'on l'arrête!

(Alim se traîne de l'un à l'autre. Très troublé)

Quoi... pas un... n'obéit aux ordres de son roi!
pas un!
 
SCINDIA
(implacable)
Ne résiste plus, l'oeuvre est faite!
 
ALIM
(égaré)
Ah! pas un!
 
CHEFS, SOLDATS
La main des Dieux pèse sur toi
 
ALIM
La main des Dieux

(désespéré, il tombe accablé sur les coussins
et s'évanouit)

pèse sur moi!
 
SCINDIA, CHEFS, SOLDATS
Roi! quand la mort t'a touché de son aile
Et qu'elle désarme ton bras,
Roi glorieux va combattre contre elle!
Et n'appelle plus tes soldats!
Roi vaillant n'appelle plus tes soldats!
Non! n'appelle plus tes soldats!
Demeure là! Demeure là!
Roi! si tu veux combattre, combattre encore!

(Ils s'enfuient; désespéré, Alim tombe accablé sur les

coussins et s'évanuit; Sitâ qui a assisté frémissante à
la fin de cette scène, s'approche vivement d'Alim et
tombe accablée à ses pieds.)

No. 9. Scène et Duo

(Elle reste un moment immobile comme écrasée
de douleur devant Alim toujours sans connaissance)


SITÂ
Seule! je reste seule,
en ce moment suprême!

(avec une résolution subite)

Eh! bien... à ton salut! seule, je suffirai!
 
ALIM
(revenant peu à peu à lui, lentement et vaguement)
Sitâ... ta voix me parle...
 
SITÂ
Oui je suis là, je t'aime et je te sauverai!
 
ALIM
(comme dans un rêve)
Tu m'aimes!

(répétant comme pour se convaincre)

... tu m'aimes... cet aveu...

(Elle l'aide à se soulever. Il la regarde avec extase.)

... ont mon coeur est avide
Ah! je l'entends enfin pour la première fois!
Je ne rêve pas... je te vois!

(tristement)

Enfant que ta lèvre timide
Me le répète encore ce mot tant espéré!
 
SITÂ
Je t'aime!
 
ALIM
Tu m'aimes!
 
SITÂ
Je t'aime et je te sauverai!
 
ALIM
Me sauver... me sauver... il est trop tard!

(découragé)

oublie
Et l'ivresse promise et l'avenir si doux,
Eloigne toi! éloigne toi!

(avec un accent déchirant)

c'est assez de ma vie
Pour apaiser les Dieux jaloux!
 
SITA
(avec passion, a volonté)
Ah! que je porte aussi
le poids de leur vengeance!
Qu'ils frappent! qu'ils frappent!
je suis forte et je ne crains plus rien!

(tendrement à Alim, simple et expressif)

Oui je bénis la souffrance
Si mon coeur est près du tien.
 
ALIM
(avec amertume)
Moi, je maudis ma puissance,
Qui lia ton sort au mien!
 
SITÂ
Restons unis! restons unis!
que je meure près de toi!
 
SITÂ, ALIM
Restons unis! restons unis!
que je meure près de toi!
 
SITÂ
Moi, je bénis la souffrance
Près de toi! viens je t'aime, je t'aime et je demeure!
Du sort acceptons la loi! meure près de toi
 
ALIM
Va! Dieu me frappe à cette heure
Où ton coeur se donne à moi!
Sitâ Dieu me frappe
Je' t'aime! je t'aime!
Restons unis! restons unis que je

(avec un accent déchirant)

Va! Dieu me frappe à cette heure!
Où ton coeur se donne à moi!
Sitâ! tu m'aimes! hélas!
ton coeur se donne à moi!
 
SITÂ, ALIM
Restons unis!
restons unis!
Que je meure près de toi! restons unis!
Et que je meure près de toi!
 
L'ARMÉE
(cri des soldats au loin)
À Lahore! à Lahore!
 
ALIM
(frappé et avec stupeur)
Ah! ces cris! c'est donc vrai!
La honte! l'abandon!
 
SITÂ
(avec ardeur)
Non!
Espère encore!
Espère encore! dans les cieux
Indra nous entend! de notre amour!
Sa puissance nous défend!
 
ALIM
Non! le ciel reste sourd...
à nos pleurs, à nos cris!
Je suis maudit!
Va! va! Sitâ tu dois vivre!
Ah! pour moi c'est la honte!
Hélas! pour nous c'est l'abandon! la mort!
 
L'ARMÉE
(au loin, les cris plus rapprochés)
À Lahore!
 
SITÂ
L'armée!
Trahison!
 
ALIM
(avec égarement et la voix suffoquée par l'agonie)
Je veux les arrêter... les suivre!

(regardant au loin avec désespoir)

L'armée!
O trahison infâme! ils s'en vont!
Dieux!
 
(Il veut se précipiter au dehors.)

 
ALIM
(avec un cri désespéré)
Ah! Sitâ! je suis maudit!
 
(il tombe)

 
SITÂ
Alim, Alim

(elle se jette sur le corps d'Alim)

…mort!

(très déclamé et avec épouvante)

il est mort!
 
(L'armée défile au loin dans un désordre pittoresque.

Les chefs paraissent; puis, Scindia avec des soldats.)
 
L'ARMÉE
À Lahore! À Lahore!
À Lahore! à Lahore!
 
SCINDIA
(à lui-même)
Il est mort!

(radieux)

je suis roi!
 
SITÂ
(se relevant et reculant avec horreur, avec un cri)
Ah! Scindia!
 
(Sur un signe de Scindia des soldats s'emparent

de Sitâ défaillante.)
 
L'ARMÉE
(au loin)
A Lahore! partons!
 


ACTE III


(Le jardin des Bienheureux, dans le Paradis d'Indra
sur le mont Mérou. Végétation magnifique. Lumière
intense. Les âmes heureuses des rois et des hommes,
les divinités du ciel sont réunis autour d'Indra.)

No. 10. Marche Céleste

CHOEUR
(placé derrière le rideau baissé)
Voici le paradis!
Voici le paradis,
Voici le paradis!

(Dans les théâtres où le Ballet ne peut être exécuté
le rideau se lèvera ici. Quand on exécutera le Ballet,
la Marche Céleste sera jouer comme entracte,
rideau baissé sans les Choeurs jusqu'à .)


AMES HEUREUSES, ESPRITS CÉLESTES
(léger et souriant)
Dans ces jardins enchantés
Leur éternelle jeunesse
Voit sourire à son ivresse,
D'éternelles voluptés!
Tout rayonne! tout
s'éclaire, tout s'éclaire!
Dans ces jardins enchantés
Leur éternelle jeunesse,
Voit sourire à son ivresse
D'éternelles voluptés!
 
Gloire, tout s'éclaire!
Gloire, tout rayonne!

(bien chanté et soutenu)

Libres du lien mortel,
Nous planons, nous planons dans la lumière,
Oubliant la vie amère,
Pour les délices, les délices du ciel!
Sans jamais ternir l'aurore, l'aurore,
Qui brille sur notre front
Mille siècles passeront!
Et mille siècles encore! mille siècles!

(léger et souriant)

Dans ces jardins enchantés
Notre éternelle jeunesse,
Voit sourire à son ivresse,
D'éternelles voluptés!
Tout rayonne! tout s'éclaire!
Tout rayonne! tout s'éclaire!
Ah!
 
Divertissement
 
A. Pantomime et Danse
B. Mélodie Hindoue
C. Final


INDRA
Quel est celui qui vient? son front pâle s'incline,
Comme si dédaignant la volupté divine,
Il regrettait ici les misères d'en bas!

(Entré d'Alim.)

(à Alim, prosterné)

Homme, qui donc es-tu, toi, qui ne souris pas?
 
ALIM
Hier je comptais dans la vie
parmi les grands et les heureux...
J'étais de ces rois qu'on envie...

(simplement)

Mon âme doucement ravie,
Se berçait d'un songe amoureux!
 
INDRA
Espère en la vie immortelle!
 
ALIM
Souverain du ciel! écoute mes voeux:
Rends moi celle que j'aime!
 
INDRA
Son jour n'est pas venu.
 
ALIM
Mais la mort elle même t'obéit, roi du ciel,
et je puis être heureux!
Indra!

(avec une ardeur suppliante)

Indra! redonne moi la vie!
Indra! redonne moi la vie!
De l'amour de Sitâ du destin que j'envie,
laisse encore s'enivrer...
s'enivrer mon coeur... de l'amour de Sitâ,
laisse encore s'enivrer...
s'enivrer mon coeur!

(avec une grande résolution)

Ah! Ah!! dix siècles d'enfer...

(suppliant)

pour une autre existence!
 
INDRA
(avec pitié)
Dix siècles de tourments pour une vie humaine!
insensé!
 
ALIM
(avec anxiété)
J'attends...
 
INDRA
Va, pourtant, les dieux ont pitié de ta peine...

(avec autorité)

Tu vivras!
 
ALIM
Ô Dieu bon!
 
ÂMES HEUREUSES, ESPRITS CÉLESTES
Il vivra!
 
INDRA
(largement soutenu)
Qu'il soit lui! qu'il no soit plus lui!
qu'il dorme dans la tombe et marche sur la terre!
 
ÂMES HEUREUSES, ESPRITS CÉLESTES
Qu'il soit lui!
 
INDRA
Que son âme immortelle
ait un corps de poussière,
Qu'elle prenne encore une voix,
Qu'il aille vivre, aimer et souffrir!
 
ÂMES HEUREUSES, ESPRITS CÉLESTES
Qu'il soit lui!
Qu'il ne soit plus lui! qu'il dorme dans la tombe
et marche sur la terre!
 
INDRA
Qu'il soit lui!
 
ÂMES HEUREUSES, ESPRITS CÉLESTES
Que son âme immortelle
ait un corps de poussière!
Qu'elle prenne encore une voix!
Que son âme ait un corps
et qu'elle prenne encore une voix!
Qu'il aille vivre! qu'il aille aimer!
 
INDRA
Qu'il ne soit plus lui! qu'il aille vivre! aimer souffrir!
Que son âme ait un corps!
et qu'elle prenne encore une voix!
Que son âme ait un corps
Qu'il aille vivre! qu'il aille aimer!
 
ALIM
Aimer et vivre! bonheur divin!
aimer! douce promesse!
Aimer et vivre! bonheur divin!
 
INDRA
(et toutes les Basses, à Alim)
Tu ne seras plus roi!

(soutenu et accentué)

Sous des habits de laine
Humble tu passeras dans cette foule humaine...
Et mon seul pouvoir te protégera!
Que Sitâ soit parjure, ou qu'elle soit fidèle
Un commun destin vous enchaînera
Et quand elle mourra, tu mourras avec elle!

(seul)

Ne redoutes-tu pas cette épreuve aujourd'hui?
 
ALIM
(avec fermeté)
Non! je suis prêt!
 
INDRA, ÂMES HEUREUSES
ESPRITS CÉLESTES
Qu'il soit lui! qu'il ne soit plus lui!
Qu'il dorme dans la tombe et marche sur la terre!
Que son âme ait un corps!
Que son âme ait un corps!
Qu'il aille vivre qu'il aille aimer!
 
ALIM
Aimer et vivre! aimer!
Aimer, douce promesse!
Aimer et vivre
Bonheur divin!
Aimer et vivre!
Bonheur! divin!
Aimer! Bonheur divin!
 
INDRA
Aimer et vivre!
Bonheur! divin!
Qu'il aille aimer!
Bonheur divin!
 
ÂMES HEUREUSES, ESPRITS CÉLESTES
Que son â ait un corps
Qu'il aille vivre!
Qu'il aille aimer
Bonheur divin!
 


ACTE IV


Première Scène

(À Lahore. Une chambre dans le palais des rois.)


SITA
(seule)
De moi je veux bannir ton triste souvenir,
ô trop cruel nuit!
Je veux rêver encore et croire en la vie;
je veux rêver encore et croire en l'amour!
Reviens, douce espérance!
Je veux que l'amour palpite encore mon coeur!
Hélas! Alim est mort!
Et je suis seul au monde!
Triste captive!
Viens, ô bien-aimé, du haut des cieux
me délivrer du sort fatal!
Ne m'abandonne pas!
Je veux sentir encore tes lèvres!
Reviens, ah, reviens!
Rend-moi l'amour!
Du haut des cieux, ah, viens!
Prends pitié de ma douleur ô toi,
mon juge redoutable!
Prends pitié, je t'en supplie!
Rends-moi mon cher amour!
Rends-moi mon amour!
Ah, rends-moi l'amour!

(fanfares lointaines)

Oh! Quels sons funestes!
Mon coeur se glace d'effroi!
Ah! grand Dieu, pitié de moi!
Donne-moi la mort!...
Dans son palais le roi m'appelle.
Plutôt la mort!
Jamais, Sitâ, non, jamais sera reine!
Mon époux m'attend au ciel!
Entends, Seigneur, ma prière!
Jamais, Sitâ, ne sera reine!
Puisse ma voix monter jusqu'à toi!
Ah! Grand Dieu!
Ah! Grand Dieu! Trop cruel est mon sort!
Ah, Grand Dieu! Donne-moi la mort!

No. 12 Scène, Récitation, et Aire

(Â Lahore - Grande place. Au loin, sur une hauteur, la

ville A droite, le palais des Rois. Alim endormi sur les
marches Il est vêtu comme un homme de peuple. Les
voix placées au fond de la scène; effet très lointain.)

VOIX DU CIEL
Qu'il soit lui! qu'il ne soit plus lui!
Qu'il dorme dans la tombe et marche sur la terre!
Qu'il aille vivre, aimer, aimer et souffrir!
 
ALIM
(comme extasié et tournant ses regards vers le ciel)
Voix qui me remplissez d'une ineffable ivresse,
Voix, qui parlez du ciel
à mon coeur éperdu!
Ah! je comprends enfin la divine promesse:
Je revois mon palais, je vis,
tout m'est rendu!

(avec égarement)

Mon palais! qu'ai-je dit?
 
(Un groupe d'officiers sort du palais Alim

observe en silence.)

UN CHEF
(aux officiers)
Durant la nuit dernière,
Notre Roi, dans le temple a veillé saintement;
Il revient acclamé, la ville tout entière
Applaudit aux splendeurs de son couronnement.
 
ALIM
(à part!)
Ah! le traître!
 
UN CHEF
Allons le recevoir!
 
(Les officiers s'éloignent.)


ALIM
Cet homme, à cette heure...
Plus que moi redouté,
Est maître de cette demeure!
L'usurpateur par le peuple est fêté!
Mais elle! elle!
O Sitâ bien aimée!
Alim ne règne plus! ton maître a pu mourir!
Qu'importe, que d'un roi,
la tombe soit fermée!
Ton amant seul revient! c'est moi, Sitâ!
c'est moi! je reviens pour te reconquérir!
Dans la nuit, la nuit fatale
Où j'expirais, seul, impuissant,
O désespoir! Ta voix aimée
murmurait un pudique aveu, éternellement!
Je te revois tremblante et pâle,
Mêlant tes larmes à mon sang!
Je te revois tremblante et pâle...
Dans cette nuit où j'expirais
Je te revois, tremblante et pâle!
Sous la clarté du ciel immense,
Mais j'ai retrouvé l'espérance!
Un jour plus radieux commence
pour mon amour transfiguré!
Je m'en allais, désespéré!
Je t'appelais dans le silence...
Le ciel semblait désert
à mon coeur déchiré!
Alim ne règne plus! ton maître a pu mourir!
C'est moi, Sitâ! c'est ton amant!
Sitâ, c'est moi! je reviens!
 
(Il se précipite dans le palais. La foule envahit la place. Le

cortège royal s'avance; prêtres, prêtresses, soldats,danseuses,
image sacrées portées à bout de bras, gardes du roi, les rajah
et enfin Scindia. Les soldats du cortège repoussent le peuple.)

No. 13. Final

A. Cortège
 
(Prêtres et Prêtresses, les Bayadères et les Idoles
Les Gardes du Roi)


PRÊTRES, SOLDATS, PEUPLE
Roi des Rois de la terre!
Roi des Rois de la terre!
Tous, le front dans la poussière!
Proclament ta majesté!
Roi des Rois!
Roi des Rois de la terre!
Tous, le front dans la poussière
Proclament ta majesté!
Roi des Rois!
Roi des Rois!
Roi des Rois!

B. Récit et Arioso

SCINDIA
(au peuple)
Aux troupes du Sultan qui menaçaient Lahore,
La royale cité,
Notre puissance est redoutable encore;
Comme si les chassait une invisible main,
Elles ont du désert regagné le chemin

(à lui-même)

Le peuple est rassuré;
c'est mon nom qu'il acclame,
La calme est rentré dans mon âme,
Et je puis être heureux!
Promesse de mon avenir,
O Sitâ, rêve de ma vie,
O beauté qui me fus ravie,
enfin tu vas m'appartenir!
O Sitâ!
Viens charmer mon coeur amoureux,
Viens sourire aux splendeurs du monde,
Viens charmer mon coeur amoureux!
O Sitâ, viens, je t'attends, je t'aime!
Ma main te garde un diadème.
O Sitâ, viens, je t'attends!
O Sitâ! viens, je t'attends! je t'aime!
Sitâ, tu seras reine!
Ah! Viens charmer mon coeur amoureux
Viens sourire aux splendeurs du monde,
O Sitâ, rêve de ma vie,
Viens charmer mon coeur amoureux!
Viens! Sitâ! Ah! viens!

C. Scène Finale

(Scindia va vers le Palais, au même instant Alim
réparait sur le seuil et se trouve en face de Scindia.
Trouble et stupeur de la foule à l'aspect d'Alim, le
cortège s'arrête.)

ALIM
(avec un cri)
Scindia!
 
SCINDIA
Dieux vengeurs!
 
TIMOUR
(avec effroi et d'une voix étouffée)
O prodige, ô mystère!
 
CHOEURS
O prodige! ô mystère!
 
TIMOUR
O prodige, ô mystère!
 
CHOEURS
O prodige! ô mystère!
 
TIMOUR, CHOEURS
Il a les traits d'Alim! son regard... et sa voix...
 
SCINDIA
(avec terreur et d'une voix étouffée)
O terrible mystère!
 
TIMOUR, TOUS LES CHOEURS
O prodige, ô mystère!
 
SCINDIA
Et pourtant j'ai frappé!
 
TIMOUR
Il a les traits d'Alim!
 
CHOEURS
Son regard... et sa voix!
 
SCINDIA
J'ai vu mourir le roi!
Est-ce donc que la terre...
Comme un spectre vengeur,
comme un spectre le place devant moi!
Comme un spectre vengeur...
le place là! devant voix!
 
TIMOUR
Son regard... et sa voix!
Est-ce un spectre, ou la terre...
Nous rend elle vivant
Le dernier... de nos rois!
O prodige, ô mystère!
O prodige, ô mystère!
O prodige! son regard... et sa voix!
 
CHOEUR
O prodige! ô mystère!
Est-ce un spectre, ou la terre...
Nous rend elle vivant le dernier...
de nos rois!
O prodige, ô mystère!
O prodige, ô mystère!
Son regard... et sa voix!
O prodige!
son regard... et sa voix!
 
ALIM
Scindia, tu pourrais redouter ma présence,
 
TOUS LES CHOEURS
Son regard...
 
SCINDIA
Son regard!
 
TIMOUR, CHOEURS
... et sa voix..
 
ALIM
Car je te parle
au nom de celui qui n'est plus.
 
SCINDIA
O prodige! ô mystère!
 
ALIM
Tu lui pris, lâchement, le trône et la puissance;
 
CHOEURS
O prodige!
 
SCINDIA, CHOEURS
... ô mystère!
 
TIMOUR
Son regard... et sa voix!
 
ALIM
Il peut te pardonner ce crime, et cette offense,
 
SCINDIA, CHOEURS
O mystère...
 
ALIM
Mais rends lui le plus cher
des biens qu'il a perdus:
C'est l'amour de Sitâ que je te redemande!
 
SCINDIA
Sitâ!
 
TIMOUR, CHOEURS
Que dit-il?
son audace est grande!
 
SCINDIA
(aux gardes)
Saisissez-le!
 
(Les soldats reculent devant le geste souverain d'Alim.)

 
ALIM
Je brave la mort!
 
SCINDIA
Saisissez l'imposteur!
 
ALIM
Quel qu'on de vous peut-il me méconnaître?
Je suis Alim! votre roi!
 
SCINDIA, TIMOUR, CHOEURS
Alim!
 
CHOEURS
Notre roi... Il est fou!
Notre roi... il est fou!
 
PRÊTRES
C'est un Dieu qui l'inspire!
 
SCINDIA
(écoutant les prêtres, avec ironie)
Un dieu... qui l'inspire...
 
SOLDATS
(écoutant les prêtres)
Une Dieu... qui l'inspire...
 
TIMOUR
(à Scindia)
C'est un Dieu qui l'inspire!
 
SOLDATS
C'est un Dieu qui l'inspire!
 
SCINDIA, LES PRÊTRES
Un Dieu qui l'inspire!
 
SCINDIA
(avec violence, aux soldats)
Saisissez le! qu'il meure!
 
TIMOUR
(s'interposant)
Non! c'est un illuminé!
Sois clément! c'est un illuminé!
Il est fou! sois clément!
C'est un illuminé!
Sois clément!
Détourne de son front
Le poids de ta colère!
Au seuil de ton palais,
Par le sort amené,
Cet homme porte en lui.
Quel qu'imposant mystère!
Sois clément! il est fou!
C'est un illuminé! C'est un illuminé!

ALIM
(à Scindia)
Soumets toi! il le faut!
Les Dieux ont ordonné!
Soumets-toi! Il le faut!
Les Dieux ont ordonné!
Soumets-toi!
Sitâ ne t'aime pas!
Et vaine est ta colère!
Contre un pouvoir cruel,
Qu'un crime t'a donné,
Ah! dois-je en vain tenter
Une lutte dernière!
Soumets-toi! il le faut!
Les Dieux ont ordonné!
Les Dieux ont ordonné!
 
SCINDIA
à Timour)
Obéis! Je le veux! ma voix l'a condamné!
Obéis! Je le veux! Ma voix l'a condamné!
Obéis! Ne le dérobe, pas, Timour, à ma colère!
Cède au droit souverain,
Que les chefs m'ont donné,
Cet homme est un danger
Puisqu'il est un mystère!
Obéis! je le veux!
Ma voix l'a condamné!
Ma voix l'a condamné!
 
CHOEURS
(à Scindia)
Soumets-toi! il le faut!
C'est un illuminé!
Il est fou! sois clément!
C'est un illuminé!
Détourne de son front
(Sois clément!)
Le poids de ta colère!
(Il est fou!)
Il est fou!
Au seuil de ton palais,
Par le sort amené,
Cet homme porte en lui quelqu'imposant mystère!
Sois clément! il est fou!
C'est un illuminé!
C'est un illuminé!
 
TIMOUR
(avec enthousiasme religieux et désignant
Alim, à la foule)
C'est un Dieu qui l'inspire!
C'est un Dieu qui l'inspire
Et le ciel l'éclaire!
L'esprit divin l'éclaire!
 
SCINDIA
(avec fureur)
Je le veux!
Obéis! Je veux qu'il meure!
 
LA FOULE
C'est un Dieu qui l'inspire!
C'est un Dieu qui l'inspire
Et le ciel l'éclaire!
 
ALIM
L'esprit divin m'éclaire!
 
SCINDIA
(avec terreur, à part)
O terrible mystère!
 
SOLDATS
(désignant Alim entr'eux avec une superstitieuse
vénération)
C'est un illuminé!
 
SCINDIA
Et pourtant j'ai frappé,
J'ai vu mourir le roi!
 
PRÊTRES
C'est un illuminé!
 
TIMOUR
Tu le vois!
L'esprit divin l'éclaire!
 
LA FOULE
C'est un Dieu qui l'inspire!
C'est un Dieu qui l'inspire!
Et le ciel l'éclaire!
 
ALIM
L'esprit divin m'éclaire!
 
SCINDIA
Pourtant! j'ai vu mourir le roi!
 
ALIM
Ah! le ciel est pour moi!
 
TIMOUR, PRÊTRES
Qu'il soit libre, il est fou!
 
LE PEUPLE
Il est fou!
 
SCINDIA
Que m'importe, obéis!
 
ALIM
Ah! le ciel est pour moi!
 
SOLDATS
Ils est fou!
 
TIMOUR
C'est le ciel qui l'éclaire!
 
SOLDATS
C'est le ciel qui l'éclaire!
 
LE PEUPLE
Il est fou!
 
SCINDIA
Obéis! je le veux!
 
TOUS
Le ciel!
 
CHOEURS
C'est le ciel qui l'éclaire!
 
SCINDIA
Obéis!
r
ALIM
Soumets-toi!
 
TIMOUR, CHOEURS
Il est fou!
 
SCINDIA
Ma voix l'a condamné!
 
ALIM
Les Dieux ont ordonné!
 
SCINDIA
Ma voix l'a condamné!
 
TIMOUR, CHOEURS
C'est un illuminé!
 
TIMOUR, PRÊTRES
(très accentué)
Un Dieu l'inspire!
Un Dieu l'inspire et le ciel l'éclaire!
Les Dieux puissants l'ont amené!
Les Dieux puissants,
les Dieux puissants l'ont amené!
Les dieux puissants l'ont amené!
Sois clément, sois clément!
 
LA FOULE
Grâce pour lui!
C'est un Dieu qui l'inspire!
Un Dieu l'inspire et le ciel l'éclaire!
Les Dieux puissants l'ont amené!
Les Dieux puissants l'ont amené!
Les dieux puissants l'ont amené!
Sois clément, sois clément, grâce!
sois clément!
 
ALIM
C'est un Dieu qui m'inspire!
Un Dieu m'inspire et le ciel m'éclaire!
Les Dieux puissants ont ordonné!
Les Dieux puissants ont ordonné!
Les dieux puissants ont ordonné!
Soumets-toi! Scindia!
Les dieux ont ordonné!
 
SCINDIA
Que le Dieu qui l'inspire!
Soit donc en lui,
Que le ciel l'éclaire!
Déjà ma voix l'a condamné!
Déjà ma voix l'a condamné!
Déjà ma voix l'a condamné!
Je le veux!
Point de grâce! non! jamais!
 
LES SOLDATS
C'est un Dieu qui l'inspire!
Un Dieu l'inspire et le ciel l'éclaire!
Les Dieux puissants l'ont amené!
Les Dieux puissants l'ont amené!
Les dieux puissants l'ont amené!
Sois clément! Scindia! sois clément!
 
TIMOUR
(à Scindia, avec une grande fermeté)
Roi, cet homme t'a dit
la volonté divine!
Il réclame Sitâ car Dieu nous la destine!
 
(Le Palanquin de Sitâ paraît escorté de femmes et

de gardes et se dirige vers le palais. Mouvement dans
la foule.)
 
SOLDATS
La Reine!
 
TOUS LES CHOEURS
Voici la Reine!
 
(Fanfares dans les coulisses)

 
SCINDIA
(désignant Sitâ, à Timour avec un sourire dédaigneux
et triomphant et rejoignant le cortège de la reine.)
Voici la Reine!

ALIM
(avec un cri)
Sitâ! reine! parjure!
 
TIMOUR
(à Alim)
Viens, je te sauverai!
 
ALIM
Ah! je la reverrai!
 
(Alim hors de lui veut s'élancer. Les Gardes vont

s'emparer de lui. Timour et les Prêtres le protègent.)
 
SOLDATS et PEUPLE
(à Scindia en se prosternant)
Roi des rois! gloire à toi!



ACTE V 


(Le sanctuaire d'Indra. Même décor qu'au premier
acte, avec moins de profondeur, et vu diagonalement)

SITÂ
(haletante et très émue; avec force)
J'ai fui la chambre nuptiale!
Sans doute, Scindia
m'appelle en ce moment!
En menaces de mort sa colère s'exhale!
Ah! je crains son amour plus que son châtiment!
De sa pitié que puis-je encore attendre?
Un seul homme devait contre lui me défendre...
Il a bravé Timour!
Rien ne l'arrêtera!
Il me fera poursuivre ici:

(avec force et véhémence)

Mais que m'importe;
Vainement ses soldats franchiront cette porte,
La mort est un refuge où nul ne m'atteindra!

(long silence; avec une tristesse douce)

Oui, l'heure est venue où lasse de vivre
Apaisant mon coeur d'amour consumé,
Je pourrai te suivre, ô mon bien aimé!

(avec un grand sentiment)

De ma douleur que la mort me délivre,
Adieu donc, ô cruel passé!
Douce mort, ta volupté m'enivre!
Tu me rendras l'amour trop tôt brisé!
Dans l'azur et dans la lumière
Pour toujours nous serons réunis!

(s'adressant à la statue d'Indra)

Témoin de mon chaste délire,
confident de mes voeux!
Image du dieu bon dont les traits radieux
Dans l'ombre semblent me sourire...
J'ai voulu revenir expirer sous tes yeux!
Indra! Reçois mon âme! Reçois mon âme!

(avec exaltation)

Que la mort me délivre!
Adieu donc, ô cruel passé!
Dans l'azur et dans la lumière,
Pour toujours nous serons réunis!

(sans retenir)

l'heure est venue... je vais te suivre...
ô mon bien aimé!

No. 15. Scène Finale

VOIX DES PRÊTRESSES
(dans les profondeurs du Temple, effet lointain)
Voici la nuit! voici la nuit!
mes soeurs prions!
Les étoiles sur nous versent
leurs blancs rayons!
 
SITÂ
(à elle-même écoutant)
La prière...
Aux premières ombres du soir...
quand je chantais ainsi... je le voyais paraître...
 
(Alim paraît au fond entre les colonnes, il descend

lentement, sans être vu de Sitâ plongée dans sa rêverie)
 
VOIX
Indra maître du ciel,
Indra nous t'adorons! voici la nuit!
 
SITÂ
(simplement et expressif)
Jamais sa main n'osa toucher ma main!
souriant il passait...
en murmurant... demain!
 
ALIM
(apercevant Sitâ)
Sitâ!
 
SITÂ
(reconnaissant Alim, avec un cri de joie et d'épouvante)
Alim! vivant!
 
ALIM
C'est elle!
Sitâ! reconnais-moi!
 
SITÂ
... vivant! il est vivant!
 
ALIM
(avec transport la serrant contre lui)
Je te possède enfin!
Je te possède enfin!
 
ALIM et SITÂ
C'est l'ivresse rêvée!
Chère âme! Chère âme!
c'est l'ivresse rêvée!
 
SITÂ
Enfin je suis à toi!
 
ALIM
Je te possède enfin!

(avec tendresse)

O Sitâ, chère enfant! reviens à toi!
 
SITÂ
(revenant à elle peu à peu)
C'est lui... ce n'est point un mensonge!
Vivant! vivant! son visage étincelle!
Une espérance nouvelle
Luit dans son regard ami!
 
ALIM
(avec émotion)
Oui je t'aime! je t'aime!
 
SITÂ
Ah! quelle main puissante, toi, sur qui je pleurais,
Te sauva de la mort?
 
ALIM
Ne songeons qu'à l'heure présente!
 
SITÂ
Il vit ardente ivresse!
Je t'aime! je t'appartiens! tu m'appartiens!

(avec élan)

Pour nous aimer oublions tout!
Viens! fuyons!
O charme! ô douceur de premières ivresses!
Vois! l'avenir sourit à nos yeux!
C'est le printemps!
Les dieux bienfaisants
ont pitié de nos larmes! viens!
je retrouve le ciel! à jamais loin du jour,
loin des hommes,
à jamais, notre amour va triompher!
ah! j'ai retrouvé le ciel!
 
ALIM
Je vis! Sitâ!
Je t'aime!
Pour nous aimer oublions tout!
Viens fuyons!
O charme! ô douceur de premières ivresses!
Vois l'avenir sourit à nos yeux!
Voici que revient le printemps
Sitâ, dans tes bras je retrouve le ciel!
à jamais loin du jour, loin des
hommes à jamais, notre amour va triompher!

Ah! j'ai retrouvé le ciel!

(Ils vont pour sortir. Les appels des gongs retentissent à
ce moment dans les profondeurs du Temple, des lueurs
brillent entre les colonnes. Alim et Sitâ s'arrêtent
inquiets.)
 
ALIM
Ces lueurs! ces bruits menaçants!
 
SITÂ
(éperdue)
Malheureuse! j'oubliais... Scindia!
 
ALIM
(avec horreur)
Ah!
 
SITÂ
nous sommes perdus!
 
ALIM
Que dis-tu?
Non! voici la route ténébreuse
qui m'amenait vers toi fuyons!
 
(ils s'élancent vers le passage secret. Sur le seuil se

dresse Scindia le visage menaçant.)
 
SITÂ
(avec un cri)
Scindia!
 
ALIM
(reculant)
Scindia!
 
SCINDIA
Lui! cet homme... avec elle!
 
SITÂ
(s'interposant et bravant Scindia)
Ah!

(avec un sentiment d'horreur)

Tais toi, misérable! tais toi!
Ne lève pas sur nous
tes mains pleines de sang.

(impérieusement)

Cet homme c'est ton roi! demeure obéissant
Implore le pardon d'un vengeur redoutable!
 
ALIM
(à Scindia)
Obéis, Scindia!
 
SCINDIA
(avec une ironie terrible)
T'obéir!
 
SITÂ
Cet homme, c'est ton roi!
 
SCINDIA
Insensés!
C'est vous qui menacez
quand la force est pour moi...

(s'avançant vers Sitâ)

A mon pouvoir je vais pour jamais te soumettre!
 
ALIM
(avec fureur)
Lâche! oseras-tu donc!
 
SCINDIA
Elle est à moi! oui, je suis le seul maître!
 
SITÂ
Non! Scindia! Non! traître! Non!
 
SCINDIA
A moi, soldats! Sitâ! Viens!
 
ALIM
Ah! Partout la mort!
 
SITÂ
(avec une résolution farouche)
Je ne t'appartiendrai pas!
 
(elle se frappe)

 
ALIM
(avec un cri)
Sitâ!

(il chancelle comme frappé du même coup que Sitâ)

dieux!
Qu'as tu fait?
 
SCINDIA
(se redressant et avec un mouvement vers Alim)
Je saurai me venger!
 
ALIM
(soutenant Sitâ et bravant Scindia)
Tu ne peux rien sur nous!
Car je meurs de sa mort!
Et les dieux bienfaisants me frappent avec elle!
 
SCINDIA
(sous l'impression d'une terreur religieuse)
Je sens planer sur eux la puissance éternelle!
 
SITÂ
(avec exaltation, se tenant embrassés)
Ah!
 
ALIM
Ah!
 
SITÂ
Alim, tu m'appartiens!
Alim, tu m'appartiens!
Je t'aime! et je bénis le sort!
Restons unis!
Restons unis!
que je meure dans tes bras!
 
ALIM
Sitâ, tu m'appartiens!
Sitâ, tu m'appartiens!
Je t'aime! et je bénis le sort
Restons unis!
Restons unis!
que je meure dans tes bras!
 
SCINDIA
Ils triomphent encore!
Je l'aime! et je la perds hélas!
Dans la mort même ils sont heureux!
Dieu ne les sépare pas!
 
(La nuit s'éclaire. Le sanctuaire s'ouvre au fond.

Vision peu à peu lumineuse du Paradis avec Indra
et les bienheureux.)
 
CHOEUR INVISIBLE
(Les voix placées très loin de la scène)
Nous planons dans la lumière!
Nous planons...dans ces jardins enchantés...
tout rayonne et s'éclaire...tout s'éclaire!
 
SITÂ, ALIM
(expirants dans une sorte d'extase)
Une splendeur nouvelle

(Sitâ et Alim faiblissant sont tombés à genoux
et toujours embrassés près de l'autel d'Indra!)

A nos yeux se révèle
Et nous entrons...joyeux...dans la gloire d'Indra!
 
SCINDIA
(Scindia à distance les contemple avec
une émotion grandissante)
Ils sont heureux!
Dieu ne les sépare pas!
Ils sont heureux.
 
(Leurs corps fléchissent et doucement ils tombent

ensemble, morts, sur les marches de l'autel. Dans
un rayonnement céleste, Sitâ et Alim transfigurés
apparaissent dans le paradis, aux pieds d'Indra.)
 
SCINDIA
(il se prosterne le visage voilé de ses mains)
Ah! mon oeuvre est infâme! et Dieu me frappera!
 

FIN DE L’OPERA

(Cette mélodie écrite pour Mlle Fouquet se
chante après le Duo No. 7)
 
No. 7 bis. Romance-Sérénade

KALED
Repose, ô belle amoureuse,
Que la nuit t'apporte un songe d'or.
Ton Roi, l'âme joyeuse,
Ici, revient encore,
Vers toi, doux trésor
Ferme les yeux, ô belle maîtresse.
La nuit, plus calme succède au jour
Bannis, enfin, la crainte et la tristesse,
Rien n'est plus doux qu'un songe d'amour,
qu'un songe d'amour.
Ferme les yeux, ô belle maîtresse
Léger, dans l'ombre mon chant s'élève
Que me voix berce aussi ton rêve,
Que l'heure passe encore plus brève
Que l'espérance soit dans ton coeur
Il va venir ton beau vainqueur
Légers zéphyrs, accourez près d'elle,
Brise amoureuse, ô souffle charmant
Rapporte-lui, rapporte sur ton aile
Le doux baiser du fidèle amant, du fidèle amant
Ah! Accourez près d'elle accourez près d'elle
ô souffle charmant!
Léger, dans l'ombre, mon chant s'élève!
Que ma voix berce aussi ton rêve
Que l'heure passe encore plus brève
Que l'espérance soit dans ton coeur!
Il va venir ton beau vainqueur
Le voilà!
Que l'espérance soit dans ton coeur!
C'est lui!



ACTO I


Primer Cuadro

(Ante el templo de Indra, en Lahore. A lo lejos,
en lo alto, jardines y edificios de la ciudad.
Atardecer)

1.- Introducción y Coro

(Grupos de hombres y mujeres en oración se
acercan a las puertas del templo. Pronto aparece
Timur, acompañado por otros sacerdotes. La
muchedumbre los rodea.)

EL PUEBLO
¡Sálvanos, todopoderoso Indra!
¡Sálvanos, todopoderoso Indra!
¡Sálvanos! ¡Sálvanos!

(llega Timur seguido de los sacerdotes.)

PARTE DEL PUEBLO
(Los bajos del coro)
¡Pronto estarán los musulmanes
ante las puertas de Lahore!

(Tenores y bajos)

¡Sálvanos, todopoderoso Indra!

(Bajos)

¡Se acercan como una oleada
a la que nada puede detener!

(Tenores y bajos)

¡Sálvanos, todopoderoso Indra!

(Tenores)

La muerte avanza con ellos y las llamas devoran

(Bajos)

todo a su paso, ¡campos y ciudades!

(Tenores y bajos)

¡Mahmoud, el temido sultán,
conduce a esos salvajes,
esos hombres salvajes, esos salvajes!
¡Pronto estarán los musulmanes
ante las puertas de Lahore!
¡Sálvanos, sálvanos, sálvanos!
¡Sálvanos, sálvanos!

TIMUR
Si os sentís agobiados por su proximidad,
si el rey no logra derrotarlos,
¡tranquilizaros!
¡Indra, con su poder imperecedero,
nos dará el auxilio de su brazo!
Es el dios compasivo a quien
todas las voces le imploran...
Él los dispersará más rápidamente
que a los granos de arena.
¡Tranquilizaos! Es el dios compasivo a quien
todas las voces le imploran...
Él los dispersará más rápidamente
que a los granos de arena.
¡Tranquilizaos!

EL PUEBLO
¡Poderoso Indra! ¡Sálvanos!
¡Poderoso Indra! ¡Sálvanos!

(los tenores, entrando en el templo)

¡Sálvanos!

(los bajos, entrando en el templo)

¡Sálvanos!

(Llega Scindia, con una pequeña escolta a la que
despide inmediatamente. Las últimas personas
que entran al templo lo separan aún de Timur.)

SCINDIA
(para sí)
¡Oh, tortura de la duda!
¡Oh, sombríos celos!
¡Es la muerte o vida lo que
mi amor encontrará aquí!

(En este momento Timur ha logrado desprenderse
de la muchedumbre; Scindia lo ve.)

¡Ahí esta Timur, ahí está el sacerdote!

No. 2. Dúo

(Al ver a Scindia, Timur viene hacia él dando
muestras de respeto. El coro penetró en el
santuario cuyas puertas se cierran de nuevo:
los dos hombres permanecen solos.)

TIMUR
(a Scindia, reverentemente)
Ministro del rey nuestro señor...
¡Oh, Scindia! ¿Vienes a anunciarnos
el inminente castigo del bárbaro Mahmoud?

SCINDIA
(con intención)
No... tengo otros proyectos...
y tú vas a conocerlos.

(cambiando de tono)

Sacerdote, vengo a buscar a la virgen
que hace tiempo recibiste en este santuario.
Sita... Sitâ, la hija de mi hermano.

TIMUR
¿Qué osas pedir? ¡Ella pertenece al dios!

SCINDIA
¡Hoy mismo la liberarás de sus votos!

TIMUR
¡El único que tiene derecho a hacerlo es el rey!

SCINDIA
(impetuosamente)
Pues bien, el propio rey,
si es necesario, me devolverá a Sitâ.
Sitâ a quien amo...
¡Sitâ a quien tu poder no logrará retener aquí!
¡Obedece!

TIMUR
(ofendido y orgulloso)
Sólo el rey puede hablarme así; ¡retírate!

SCINDIA
Entonces es necesario que te lo diga.
Sacerdote, se comenta que aquí...
a la sombra del altar,
desafiando tu vigilancia y la ira del cielo,
un hombre ha llegado hasta ella... oculto...
¡para susurrarle cada noche palabras de amor!

TIMUR
(con violencia)
¡Ah! Si no es una calumnia, si el templo
ha sido profanado por la impía sacerdotisa,
¡que la maldición caiga sobre ella!

SCINDIA
¡No! ¡Timur, no, quiero creer en su inocencia!
¡No!... ¡Timur!

TIMUR
Si el templo ha sido profanado, ¡maldita sea!
¡Maldita sea! ¡Maldita sea!

SCINDIA
¡No, quiero creer en su inocencia!
Su corazón no se me puede escapar.
¡No, quiero creer en su inocencia,
quiero creer en su inocencia!
Mi más vívida esperanza
no puede engañarme,
¡quiero creer en su inocencia!

TIMUR
(con fuerza)
¡Ni su belleza, ni su juventud podrán salvarla!
¡Por su debilidad vergonzosa, la castigaré!
¡La castigaré sin piedad!
¡Ni su belleza ni su juventud!... ¡No!
¡Nadie podrá defenderla!
¡La castigaré, sin piedad!
¡La castigaré!
¡La castigaré sin piedad!

SCINDIA
¡No, Timur!
¡No! ¡Timur!
¡Su corazón no se me puede escapar!
¡No, Timur! ¡No!
Mi más vívida esperanza
no puede engañarme,
¡quiero creer en su inocencia!
¡Escúchame, por favor!
¡Escúchame! ¡Mi alma está turbada!

(suplicante)

Llévame hasta Sitâ, yo la interrogaré...
¡Ah! ¡Preferiría verla cien veces muerta
antes que ultrajada!
¡Ah! ¡Preferiría verla cien veces muerta
antes que ultrajada!

TIMUR
(con gravedad)
La verás, la verás, sólo, para juzgarla...

SCINDIA
Si su crimen es real,
la entregaré a tus manos...

TIMUR
¡A tu señal me acercaré a ti!

SCINDIA
¡No! Mi esperanza más vívida
no puede engañarme,
¡quiero creer en su inocencia!

TIMUR
¡Ven! ¡Ven a verla! ¡Ven!

SCINDIA
¡No! ¡Su corazón no se me puede escapar, no!
¡Quiero creer en su inocencia,
quiero creer en su inocencia!
¡No! Mi esperanza más vívida
no puede engañarme,
¡quiero creer en su inocencia!

TIMUR
¡Ven! ¡Ven a verla! ¡Ven!
¡Ni su belleza ni su juventud
podrán salvarla!
¡La castigaré, sin piedad!

SCINDIA
(con energía)
¡Si el templo ha sido profanado!

TIMUR
¡Por la sacerdotisa impía!

SCINDIA y TIMUR
¡Si su crimen es real,
la entregaré a tus manos!

(Scindia entra en el templo, precedido por Timur.)

Segundo Cuadro

(El Santuario de Indra, en el templo. Al fondo la
imagen del dios. A la derecha una puerta sereta,
sobre un pilar del altar. Este santuario comunica
con los jardines y otras partes del templo.
Anochece. Las lámparas colgadas en los arcos
iluminan la escena.)

No. 3. Coro de Sacerdotisas

(Sitâ está rodeada de sacerdotisas que
la acompañan en el santuario.)

SACERDOTISAS
(suave y sostenido, con sencillez, a Sitâ)
Alma temerosa,
ve, no temas nada,
él es tu guía y tu apoyo.
¿Por qué temblorosa,
te estremeces?
¡Ten confianza,
él es un amigo!
¡Querida inocente,
ve, no temas nada!
Ten confianza;
¡Es un amigo!

(Entra Scindia.)

SCINDIA
(dulcemente a Sitâ)
¡Acércate!...

SITÂ
(postrándose con respeto)
¡Oh, Scindia, es el espíritu de mi padre,
quien te guía e ilumina!...

SACERDOTISAS
(a Sitâ)
¡Ve, no tengas miedo!

SITÂ
(con naturalidad)
Tu presencia estimo y me arrodillo
a tus pies.

SACERDOTISAS
Alma temerosa,
ve, no temas nada,
él es tu guía y tu apoyo.
¿Por qué temblorosa,
te estremeces?
¡Ten confianza,
él es un amigo!
¡Es un amigo!
¡Es un amigo!

(Las sacerdotisas se marchan despacio,
Sitâ permanece a solas con Scindia.)

No. 4. Dúo

SCINDIA
(con la dulzura y sencillez)
Sitâ, ha llegado la hora afortunada
en la que al fin debe cambiar tu destino humilde…
Quiero darte un esposo.

SITÂ
(tímida y turbada)
Señor, ¿no he de terminar aquí mi vida?

SCINDIA
Demasiado tiempo a los ojos de la envidia
este templo ocultó tu belleza naciente,
Aquél que te ama, muchacha,
aquél que te ama, ¡te devuelve la libertad!

SITÂ
(para sí, muy emocionada)
Aquél que me ama...

SCINDIA
Hoy es el último día de tu largo retiro,
Sitâ, ven...

SITÂ
(indecisa e intranquila)
¿Debo seguirte?...

SCINDIA
¿Acaso podrías resistirte?
¡Ha llegado la hora afortunada
en la que al fin debe cambiar tu humilde destino!

SITÂ
(para sí)
¡Oh, dulce misterio! ¿Vas a serme revelado?
Visión fugitiva y querida, ¿es de ti…

SCINDIA
(para sí, observándola)
Su mirada pura...

SITÂ
... de quien me habla?

SCINDIA
...me ha tranquilizado!
¡Con un resplandor feliz se ilumina su frente!

SITÂ
(para sí)
¡Oh, dulce misterio! ¿Vas a serme revelado?

SCINDIA
(con extrema ternura)
¡Te veo temblorosa, pero radiante!
¡Sitâ, me has comprendido y mi alma está feliz!
Siento que cerca de ti, pronto habré encontrado
el ansiado descanso y el tan soñado amor!

SITÂ
(lo escucha con estupor, muy emocionada,
perturbada y vacilante)
¡Él! ¡Era él! ¡Gran dios!

SCINDIA
(con ardor)
¡Ven, querida niña!

SITÂ
(con voz suplicante)
¡Detente!

SCINDIA
¿Tiemblas?... ¿Empalideces?...

SITÂ
Por este sagrado templo, por este dios
que me protege en este humilde refugio,
¡por piedad, déjame!

SCINDIA
(que no deja de observarla, estalla furioso)
¡Maldita! ¡Entonces es verdad!
¡Tu infame secreto, me ha sido revelado!
¡La turbación que veo en ti, también lo confirma!

(muy punzante y con indignación)

Bajo el hábito de un sacerdote...
¡Un amante, todas las noches llega a ti!

SITÂ
¡Por piedad!
¡Antes de insultarme, oh señor, escúchame!
Era por la tarde, un día de fiesta...
Yo oraba aquí, sola;

(declamando con inocencia)

De pronto, oigo algunos pasos...
Un hombre joven y orgulloso,
se detiene ante el altar...
Me habla... y yo tiemblo escuchando su voz...
No me atrevo a mirar... Luego...
sin que yo pueda adivinar,
si esa visión es humana, o divina...
¡desaparece!

SCINDIA
¿Lo volviste a ver?

SITÂ
Cada tarde regresa a este mismo lugar,
me habla de amor... sin que jamás su mano
se atreve a tocar la mía...
Y pasa dulcemente susurrando:
¡Mañana!

SCINDIA
(se contiene y pérfidamente dice)
Pero ese hombre, ese dios, quizá ese insensato...
¿Acude a tu llamada?

SITÂ
(simplemente)
Cuando canto al pie del altar
la oración de la tarde...

SCINDIA
¿La oración de la tarde?

SITÂ
... lo veo aparecer...

SCINDIA
¿Lo ves?

SITÂ
¡Lo veo!

SCINDIA
¡Allí!

(cambiando de tono)

¡Un delirio místico podría engañar tus ojos!
Quiero liberarte de él, salvarte de ti misma.
¡Tu visión está muerta! En cambio yo...

(con pasión)

¡Yo vivo y te amo! ¡Ven!
¡Ven! ¡Yo te amo! ¡Ven!

SITÂ
(con miedo e implorando)
¡Ah! ¡Por piedad!
¡Déjame! ¡Ah! ¡Piedad!

(con gran sentimiento)

¿Por qué perturbas así mi vida?
¡Yo era feliz, ay de mí!
¿Por qué perturbas así mi vida?
¡Yo era feliz, ay de mí!
¿Por qué me privas del amado descanso?
¿Por qué, en este momento,
se me debe de arrebar cruelmente
la dulzura de un sueño inocente?
¡Yo era feliz, ay! ¿Por qué perturbas mi vida?
¡Por amor a ti, habría dado a mi vida!

(implorando)

¡Por piedad! ¡Ah! ¿Déjame?
¡Por piedad! ¡Ah, déjame! ¡Ah! ¡Piedad, ah!
¡Misericordia! ¡Déjame!
¡Yo era feliz, ay! ¿Por qué perturbas mi vida?

(enérgicamente)

¡No te seguiré! ¡No! ¡No!

SCINDIA
(con pasión creciente)
¡Y mi corazón había aceptado
la vergüenza y la infamia!
¡Mi deseo nos une para siempre! ¡Ven!
¡Ah, por amor a ti yo habría dado mi vida!

(intenta llevarla por la fuerza)

¡Ven!
¡Lo que he resuelto se cumplirá
a pesar de tus lágrimas, ah!
¡Ten cuidado! ¡Ven! ¡Sígueme!

SITÂ
(rebelde)
¡Desafío tu cólera! ¡Ah! ¡Jamás te seguiré!

SCINDIA
(se detiene; furioso)
Entonces me vengaré; ¡tú lo has querido!

(Salta hacia el sagrado gong y lo golpea
con violencia)

No. 5. Final

(Al sonido del gong aparecen desde todos los
ángulos del templo Timur, los sacerdotes, los
servidores del templo y el pueblo, que invaden
toda la escena.)

SACERDOTES, FIELES, PUEBLO
¡El bronce vibró en el espacio!
¡El bronce vibró en el espacio!
¡Su formidable llamada
nos reúne al pie del altar!
¡El bronce vibró en el espacio!
¡Su formidable llamada,
nos reúne al pie del altar!
¡Al pie del altar!

(Durante este coro, Scindia gesticula y jadea
como abatido por su propia violencia, señala a
Sitâ con un gesto rápido a Timur.)

TIMUR
(Tras un gesto de indignación se dirige a Sitâ)
¡Sacerdotes, escuchadme todos!
¡Mirad a esta mujer,
con un sacrílego, con un infame,
compartió el amor odioso!
¡Esta sacerdotisa ha quebrado sus votos!
¡Esta virgen ha profanado su alma,
que caiga sobre su cabeza la venganza del dios!
¡La venganza del dios!

¡A muerte!
¡Con un infame, compartió el amor odioso!
¡La virgen, ha profanado su alma!
¡La sacerdotisa, ha quebrantado sus votos!
¡Con un sacrílego osó compartir el amor!
¡A muerte!

SACERDOTES
¡A muerte! ¡A muerte!
¡Con un infame compartió el amor odioso!
¡La virgen, profanó su alma!
¡La sacerdotisa, quebrantó sus votos!
¡Con un sacrílego y un infame,
osó compartir el amor! ¡A muerte!

SCINDIA
¡A muerte! ¡A muerte!
¡Con un infame compartió el amor odioso!
¡Ha profanado su alma! ¡Sí, castiguémosla!
¡Sí, castiguémosla! ¡A muerte!

FIELES, PUEBLO
¡A muerte! ¡A muerte!
¡Con un infame compartió el amor odioso!
¡La virgen profanó su alma!
¡La sacerdotisa traicionó sus votos!
¡Sí, castíguenla!
¡Sí, castiguémosla! ¡A muerte!
¡A muerte! ¡A muerte!

(Sitâ se arroja a los pies de Timur.)

SITÂ
(con un gran sentimiento dramático)
¡Oh, Timur, me crees culpable
y me niegas tu misericordia!
¡Al dios todo lo sacrifiqué,
y ahora se me acusa en su nombre!
¡Le he consagrado, sin retorno,
mi pureza virginal,

(con emoción)

¡La pureza de mi belleza fatal,
por la que sucumbo en este día!
¡Esta belleza, fatal, por la que sucumbo...

(con la voz ahogada por las lágrimas)

... en este día!
Si debo perecer sin defensa,
si mis ruegos son en vano,
¡por lo menos evitadme la ofensa
de dudar de mi inocencia!
¡Oh, Timur! ¡Oh, Timur! ¡No! ¡No!

(con energía)

¡Yo no he traicionado mi juramento!

VOCES DE LAS SACERDOTISAS
(Las voces de las sacerdotisas en las
profundidades del Templo)
¡Ya llega la noche!
¡Llega la noche, hermanas, oremos!
¡Las estrellas ya vierten sus blancos rayos!
¡Indra, señor del cielo! ¡Indra, te adoramos!
¡Ya llega la noche!

SCINDIA
(para sí)
¡La oración de la tarde!

SITÂ
(intranquila, para sí)
¡La oración!

SCINDIA
¡La señal!

(a Sitâ, con perfidia)

Si tu voz no es sacrílega,
si el dios del cielo te protege,
¡inclínate!

SITÂ
(palpitante, para sí)
¿Qué dices?

SCINDIA
¡Aquí, en el santuario,
que tu voz se eleve de nuevo
y responda a la plegaria!

SITÂ
(a Scindia, intranquila)
¿La oración, en este momento?

SCINDIA
¡Obedece!

SITÂ
¡Ah! ¡Scindia! ¿Qué pretendes?

SCINDIA
¡Conocer y castigar a tu amante!

SITÂ
(con un grito)
¡Dios!

SCINDIA, TIMUR,
SACERDOTES, PUEBLO
(imperiosamente)
¡De rodillas! ¡Obedece y ora!

SITÂ
¡No! ¡Matadme!

(intensamente)

¡Mátenme! ¡Tomad mi vida!

(con gran sentimiento)

¡Pero no traicionaré
a aquél cuyos pasos, el cielo y la tierra,
respetando el extraño misterio,
siempre protegieron!

SCINDIA, TIMUR
SACERDOTES, PUEBLO
¡De rodillas! ¡De rodillas! ¡Ora!

SITÂ
(con firmeza)
¡No! ¡Matadme!

SCINDIA, TIMUR
SACERDOTES, PUEBLO
¡Obedece! ¡Ora!
¡A muerte! ¡A muerte!

SITÂ
¡No lo traicionaré!

(con un grito)

¡Ah!

ALIM
(Aparece por un pasadizo abierto en uno
de los pilares del altar, Kaled lo sigue)
¡No! ¡Sitâ me pertenece, y debe vivir!

SCINDIA
¡El Rey!

(para sí, descorazonado)

¡Era el Rey!

TIMUR, SACERDOTES, PUEBLO
¡Era el Rey!

SITÂ
(para sí, muy emocionada)
¡Era el Rey!

ALIM
(a Sitâ, con afecto)
¡Ven, ya no seré tu señor, ven!
Quiero esperar resignado
que tu corazón inocente
aprenda a conocer este amor,
este amor que hasta a hora ¡ha sido desdeñado!

SITÂ
(muy intranquila)
¡Ah! Os escucho, y mi alma se llena
de una indecible emoción.
Vos habláis de obedecer la voz de una mujer,
vos habláis, habláis de obedecer...
¡Y sois el Rey!
¡Vuestras terribles palabras, ay!
Me llenan de temor
y a la vez me devuelven la esperanza.
Pero, ¡ay, es el Rey!
Pero, ¡ay, el es el Rey! ¡Ay, es el Rey!
Yo os escucho...
Vos habláis de obedecer la voz de una mujer,
¡Vos habláis de obedecer!
¡Ah! ¡Es el Rey! ¡Es el Rey!

KALED
¡Sitâ, levanta la cabeza!
Que tu mente se tranquilice,
porque el amor va florecer en tu turbado corazón,
¡en tu corazón!
¡Esa injusta sentencia,
me llena de horror!
¡Esa injusta sentencia,
esa injusta sentencia
me llena de horror!
¡Oh, Sitâ, sí, el amor va florecer,
en tu turbado corazón!
¡En tu turbado corazón!
¡Tu turbado corazón! ¡Es el Rey!

ALIM
¡Ven! ¡Ven!
¡Yo quiero esperar resignado
que tu corazón inocente aprenda a conocer
este amor que fue desdeñado!
¡El amor que hasta a hora ha sido desdeñado!
¡Si tu simple inocencia no invalida nuestra ley,
que esa injusta sentencia
quede nula ante mí! ¡Ante mí!
¡Ah, ven! ¡Ya no seré tu señor!
¡Ven! ¡Quiero esperar resignado
que tu corazón inocente aprenda a conocer,
este amor que fue desdeñado!
¡El amor que hasta a hora ha sido desdeñado!
¡Yo soy el Rey!

SCINDIA
(con odio, para sí)
¡Oh, impotencia cruel!
¡Su amante es el Rey!
¡Entonces es necesario que
ante su presencia me someta a su ley!
¡Su amante, su amante, es el Rey!
¡Oh, impotencia cruel!
¡Él, es el Rey!
¡Es necesario que ante su presencia
me someta a su ley
¡Es el Rey!
¡Oh, impotencia cruel!
¡Su amante es el Rey!
¡Oh, impotencia cruel!
¡Es el Rey! ¡Es el Rey!
¡Es el Rey!

TIMUR
(con el respeto)
¡Ah! ¡Su sola presencia
invalida nuestras leyes!
¡El poder supremo,
el poder supremo,
nos habla por su voz!
Nos habla por su voz.
¡Ah! ¡Su sola presencia
atenúa nuestras leyes!
¡Es el Rey! ¡Es el Rey!

SACERDOTES, PUEBLO
¡Todo poder humano,
cede ante el Rey!
¡Su sola presencia
atenúa nuestra ley!
¡Todo poder humano
debe ceder ante su voz!
¡Todo poder humano
debe ceder ante su voz!
¡Su presencia atempera nuestra ley!
¡Porque es el Rey! ¡Es el Rey!

TIMUR
(a Alim, muy enérgico)
Majestad, el amor que profana este bendijo lugar,
el amor que ha profanado este venerable templo,
ese amor es un crimen.
¡Y dios quiere que sea expiado!

SACERDOTES
(muy enérgicos)
¡Ese amor es un crimen!

TIMUR, SACERDOTES
¡Dios quiere que sea expiado!

ALIM
(a Timur, con sencillez)
Habla, serás escuchado.

TIMUR
¡El Sultán Mahmoud
viene a luchar contra nuestros dioses!
¡En nombre de Mahoma
al que ellos llaman el Profeta,
sus soldados, si tu mano no los detiene,
perseguirán hasta aquí a nuestros fieles!
¡Pues bien!...

(declamando y con autoridad)

Reúne tu ejército,
marcha hacia el desierto, y que ante tu avance,
como si fuera una humareda,
¡se disuelva el enemigo que nos amenaza!

SACERDOTES
¡Reúne tu ejército!

TIMUR, SACERDOTES
¡Marcha hacia el desierto!

PUEBLO
¡Marcha hacia el desierto!

TIMUR, SACERDOTES, PUEBLO
¡Marcha hacia el desierto!

ALIM
(orgullosamente)
¡No esperé tus palabras, oh padre mío,
para reunir a mis caballeros!

TIMUR, SACERDOTES, PUEBLO
¡Marcha hacia el desierto!

ALIM
No deseo tanto la gloria como vuestra salvación.
Mañana mis batallones saldrán por millares.
¡Mañana, mis estandartes ondearán en la llanura!

(a Sitâ, con dulzura)

¿Me seguirás, Sitâ?

SITÂ
(a Alim, con amor)
¡Vos sois mi señor!

ALIM
(a Timur)
¡Que tu mano me bendiga,
y que Indra me sostenga!

(se arrodilla ante de Timur que extiende
las manos sobre su cabeza.)

SCINDIA
(para sí, con odio)
¡Se aproxima tu día, Alim!
¡Yo te condenaré
y Sitâ me pertenecerá!

TIMUR
¡Vete, y sé perdonado!

(Alim se pone de pie.)

SITÂ
¡Dios!

(a Alim)

¡Ah! Os escucho ¡oh, señor!
¡Dios! ¡Os escucho y tiemblo!
¡Habláis de obedecer la voz de una mujer!
Habláis, habláis de obedecer
¡y vos sois el Rey!
¡Ah! ¡Vos sois el Rey!

KALED
(a Sitâ)
¡Ven! ¡levanta la cabeza, ven Sitâ! ¡Ven!
¡Que tu espíritu se tranquilice!
¡El futuro se te ofrece
como una larga fiesta!
¡Oh Sitâ!
¡Sí, El futuro se te ofrece!
¡Ven Sitâ! ¡es el Rey!

ALIM
(a Sitâ)
¡Ven! ¡Ya no seré tu señor, ven!
Quiero esperar, resignado,
que tu corazón inocente
aprenda a conocer este amor.
¡El amor que hasta hoy
ha sido desdeñado!
¡Ven Sitâ! ¡Yo soy el Rey!

SCINDIA
(para partir)
¡Sí! ¡Quiero escuchar mi odio!
¡Sí! ¡Yo lo perderé, sí, así lo deseo!
¡Sitâ me pertenecerá!
¡A pesar de los dioses y de ti!
¡Yo la deseo!
¡Sitâ me pertenecerá!
¡Su amante es el Rey!

TIMUR, SACERDOTES
(a Alim)
¡Alim, marcha hacia el desierto!
¡Marcha! ¡Marcha! ¡Y que ante tu avance
el enemigo se desvanezca!
¡El enemigo que amenaza nuestra tierra!
¡Marcha hacia el desierto!
¡Marcha hacia el desierto!
¡Marcha hacia el desierto!
¡Ve!

PUEBLO
¡Marcha hacia el desierto!
¡Marcha hacia el desierto!
¡Y ataca al enemigo,
al enemigo, que amenaza nuestra tierra!
¡Que amenaza nuestra tierra!
¡Marcha hacia el desierto! ¡Marcha!
¡Marcha hacia el desierto!
¡Marcha hacia el desierto!
¡Marcha hacia el desierto!
¡Ve!


ACTO II



(El Desierto de Thôl, al ocaso. La inmensa
llanura arenosa y desierta con el campamento
del rey. En primer plano, de derecha a izquierda,
tiendas de Alim, de Sitâs y de sus mujeres.)

No. 6. Escena

(Ante la tienda del rey, sobre las alfombras,
los soldados juegan al ajedrez. Hacia el fondo
algunas esclavas persas bailan ante los jefes.
Kaled, separado de ellos, escucha los rumores
lejanos de la batalla.)

JEFES, SOLDADOS
(1er Grupo que juega al ajedrez, casi hablado)
¡Jaque al rey blanco!

(2do Grupo, también casi hablado)

¡Jaque!

SITÂ
(saliendo de su tienda, a Kaled con preocupación,
señalando el desierto)
Escucha... el fragor del ardiente combate
resuena a lo lejos, bajo los cielos.

KALED
Sí.

(en confidencia)

¡El ejército enemigo ha sido derrotado,
Alim va a regresar, como siempre,
victorioso!

SITÂ
(para sí, tratando de convencerse)
¡Alim va a regresar!

JEFES, SOLDADOS
¡Batalla!

(riéndose)

La lucha empieza...
¡Eso es! ¡Bien jugado!
¡Bien! ¡Valor!

SITÂ
(pensativa, acercándose a los jugadores, para sí)
¡Alim siempre regresa victorioso!

UN CAPITÁN
(hablando en broma)
¡El rey negro se comporta valientemente!

UN SOLDADO
(señalando el desierto)
¡Como allí, Mahmoud contra Alim!

JEFES, SOLDADOS
¡Jaque mate, al rey blanco!

(Se alzan mientras invierten las piezas)

SITÂ
(a Kaled)
¡Oh, qué funesto presagio!

KALED
(frívolamente)
¿Por qué ese presentimiento?

(Sitâ despide con un gesto a las bailarinas; los
soldados se levantan y se marchan.)

No. 7. Dúo

SITÂ
(a Kaled, creyendo oír rumores lejanos)
¡Escucha!

KALED
(tranquilizándola)
¡Sí, gritos de victoria!

SITÂ
Quiero esperar, quiero creer...

KALED
¡Alim va a venir!

SITÂ
¡Alim será el vencedor!

(triste y descorazonada)

Pero en este desierto donde estamos,
en estos lugares desconocidos y peligrosos
a pesar mío, ¡se estremece mi corazón!

KALED
No, Sitâ, tranquilízate,
todo está en calma y duerme...

SITÂ, KALED
(tranquila)
Cae la tarde y la brisa
mece las nubes doradas.
¡Todo descansa en la naturaleza,
todo se ha calmado, todo se ha dormido!
Acariciando la tierra cansada
de los rigores del día,
en la llanura una sombra pasa,
con estremecimientos de amor...

(sin pausa)

Cae la tarde, la brisa
mece las nubes doradas.
¡Todo el rumor se ha extinguido,
todo combate ha cesado
todo combate ha cesado!

SITÂ
Ya se desvanece mi temor.

KALED
¡Oh, Sitâ, calma tu temor!

SITÂ, KALED
¡En el cielo los dioses nos oyeron!

SITÂ
(simplemente)
¡Al fin, él va a conocer, este dulce sentimiento,
amorosamente acariciado,
del que mi pudor lo priva!
Hora deliciosa,
¡yo te bendigo, soy feliz,
yo te bendigo, soy dichosa!

KALED
Todos se ha calmado.

SITÂ, KALED
¡Todo se ha calmado,
ya se desvanece mi temor,
cae la tarde y la brisa mece
las nubes doradas.
¡Todo rumor se ha extinguido,
ya no combaten, ya no combaten!
Ya se desvanece mi temor.
¡En el cielo los dioses nos han escuchado!
¡Todo está en calma, todo duerme,
ya se desvanece mi temor,
todo... se ha calmado!

SITÂ
¡Hora deliciosa yo te bendigo!
¡Yo te bendigo!
¡Soy dichosa!

KALED
(acompañando a Sitâ hacia su tienda)
Descansa, ¡oh bella enamorada!
que la noche, te traiga un sueño dorado.
Tu rey, con el alma feliz,
regresa de nuevo a tu lado, dulce tesoro.

(Sitâ entra en su tienda; Kaled permanece
en el exterior, cerca de la puerta.)

Cierra los ojos, ¡oh bella señora!
La quietud de la noche sucede al día.
Finalmente desterrados, el temor y la tristeza.
Nada es más dulce que un sueño de amor,
que un sueño de amor.
Cierra los ojos, ¡oh bella señora!
Mi canto se eleva ligero en la sombra.
Que mi voz también acune tu sueño,
que las horas pasen aún más veloces,
que la esperanza penetre en tu corazón.
¡Él va a venir, tu hermoso conquistador!
¡Ligeros céfiros, corred junto a ella,
amorosa brisa, oh, viento encantando,
llevadle, llevadle, sobre vuestras alas
el suave beso de la fiel amante, de la fiel amante!
¡Ah! ¡Corre junto a ella,
corre junto a ella, oh, viento encantando!
Mi canto se eleva ligero en la sombra.
Que mi voz también acune tu sueño,
que las horas pasen aún más veloces,
que la esperanza penetre en tu corazón.
¡Él va a venir, tu hermoso conquistador está aquí!
Que la esperanza penetre en tu corazón.
¡Es él!

(Ver al final del libreto la serenata de Kaled, que
se suprime en algunas versiones de la ópera, pero
que la artista puede restablecer en el apéndice.)

No. 8. Escena del abandono

(Se oyen fanfarrias lejanas primero a la derecha
y luego a la izquierda. Los soldados en tumulto
invaden la escena, la mayoría arroja sus armas.)

JEFES, SOLDADOS
(con terror)
¡Todos huyen! ¡Todo está perdido!
¡Derrota total! ¡Todos se rinden!... ¡Todos huyen!
¡Ávida y veloz,
la muerte nos persigue!
¡La llanura está llena
de batallones negros!
¡Todos se rinden!... ¡Todos huyen!
¡Todos se rinden!... ¡Huyamos!
¡La llanura está llena
de batallones negro!
¡Todos se rinden!... ¡Todos huyen!
¡Todos se rinden!... ¡Huyamos!

(Entra Scindia seguido de los principales jefes.
A Scindia, con miedo y desesperación)

¡Todos huyen! ¡Todos!

SCINDIA
¡Soldados, el Rey ha caído!
¡Está moribundo!

JEFES, SOLDADOS
¡El Rey sucumbe! ¡Se está muriendo!

SCINDIA
¡Una mano implacable
lo ha herido tres veces!
¡Sí, su reinado ha concluido!
¡Por su amor sacrílego
los dioses lo han castigado!
¡No debéis obedecer más a ese Rey!
¡O de loo contrario los dioses os castigarán!
¡Una inmensa carnicería,
a los golpes de una horda salvaje,
os arrojará sin piedad!
Vuestros jefes invocaron mi ayuda
¡y aquí estoy!

(con convicción)

¡Sí, yo os salvaré,
estad seguros de ello!
¿Me obedeceréis todos?

JEFES, SOLDADOS
¡Sí! ¡Todos! ¡Lo juramos!
¡Aquí, como en Lahore, sólo a ti obedeceremos!

SCINDIA
¿
Lo juráis?
¿Todos?
Calmaos y prudentemente
preparad la retirada.
Esta misma noche,
antes de la próxima aurora... ¡partiremos!

JEFES, SOLDADOS
¡A Lahore!
¡Antes de que amanezca!
¡Sí, todos partiremos!
¡Impotentes para luchar
después de esta derrota!
¡Escaparemos de la muerte!
¡Todos se rinden, todos huyen!
¡Todos se rinden! ¡Huyamos!
¡Alim, en vano resistirá!
¡Alim, en vano resistirá!
¡A Lahore! ¡A Lahore!

SCINDIA
¡Sí! ¡todos partiremos!
¡Impotentes para luchar
Después de esta derrota!
¡Impotentes para luchar
Escaparemos de la muerte!
¡De la muerte escaparemos!
¡Alim, en vano resistirá!
¡Alim, en vano resistirá!
¡A Lahore! ¡a Lahore!

(Alim aparece pálido y apenas se sostiene.)

ALIM
¡Habláis de partir!
¿Os atrevéis a dar órdenes, estando yo, aún, vivo?

(muy fatigado)

¡Cobardes, que renegáis de mi causa!
¡Miradme!
¡Cobardes! ¡He derramado mi sangre
para que vosotros huyáis!
¡Cobardes! ¡Estoy herido... pero

(con energía)

me mantengo firme!
Y pienso luchar... ¡lucharé hasta el final!...
¡Ah! ¡Antes la muerte que la infamia!

JEFES, SOLDADOS
(Los tenores)
¡Estamos condenamos!...

ALIM
¿Qué tenebroso hechizo os ha podido atrapar?

JEFES, SOLDADOS
(Los tenores y bajos)
De los hombres y del cielo,
predispuestos contra nosotros,
tu valor... ¡no ha podido defendernos!

ALIM
(con exaltación)
Del envilecimiento al que ibais a descender,
¡hacia una gloriosa meta, yo os guiaré!

(libremente)

¡Hacia mi gloriosa meta yo os guiaré!

JEFES, SOLDADOS
¡Oh, Rey!
¡Estamos condenamos!
¡No! ¡Oh Rey, cuando la muerte te ha tocado
con su ala, y ha desarmado tu brazo,
Rey glorioso, ve a luchar contra ella,
pero no llames a tus soldados!
¡Ve! Cuando la muerte te ha tocado con su ala.

SCINDIA
¡Quédate allí!
¡Ella desarmó tu brazo, quédate allí!
¡No llames a tus soldados!... ¡Ve!

ALIM
(quiere saltar sobre ellos, pero no tiene fuerzas)
¡Miserables!

JEFES, SOLDADOS
(con ironía)
¡Rey glorioso, ve a luchar contra ella!
¡Rey gloriosos, levántate!
¡Pero no llames a tus soldados!
¡Pero no llames a tus soldados!
¡No! ¡Tu amenaza no nos puede detener!
¡No! ¡Quédate allí! ¡No!
¡No llames a tus soldados ya!

SCINDIA
¡Muere! ¡Rey glorioso, levántate!
¡Pero no llames a tus soldados!
¡Pero no llames a tus soldados!
¡Rey, quédate allí!

(a Alim)

¡Tu realeza es sólo una sombra vana,
y mi poder sucede al tuyo!

JEFES, SOLDADOS
¡Quédate allí, pero no llames a tus soldados!

SCINDIA
¡Si caes, es por mi odio!
¡Porque yo te odio! ¡Te odio!

(libremente)

¡Entérate bien!

JEFES, SOLDADOS
(entre ellos)
¡Alim, en vano resistirá!
¡Que todos se preparen para partir!
¡Alim, en vano resistirá!
¡Alim, en vano... resistirá!

(quedamente)

¡No!

ALIM
¿Qué oigo?

SCINDIA
¡Me quitaste a Sitâ a quien yo amo!

ALIM
¡Sitâ! ¿Tú la amas?

SCINDIA
¡Me quitaste a Sitâ a quien yo amo!

ALIM
¡La amas!

SCINDIA
¡Tuve que callar mi orgullo ofendido
mucho tiempo, pero ha llegado el día...

(libremente)

del castigo supremo! ¡Vete! ¡Muere!

(con violencia)

¡Sí, del castigo supremo!
¡Muere, Alim! ¡Me he vengado!

ALIM
(lúcido, y con furia desesperada)
¡Ah! ¡Entiendo!
¡Es a ti a quien debo mi derrota!
Tú fuiste quien me golpeó: ¡fuiste tú!

(dirigiéndose a los soldados con indignación)

¡Traidor! ¡Asesino! ¡Prendedle! ¡Detenedle!

(Alim va de uno a otro, muy alterado)

¿Qué?... ¿¡Nadie obedece las órdenes de su Rey!?
¡Nadie!

SCINDIA
(implacable)
¡No te resistas, la obra esta hecha!

ALIM
(perdido)
¡Ah! ¡Nadie!

JEFES, SOLDADOS
¡La mano del Dios cayo sobre ti!

ALIM
La mano del Dios...

(desesperado, cae agobiado sobre los
almohadones y se desvanece)

¡cayó sobre mí!

SCINDIA, JEFES, SOLDADOS
¡Rey! ¡La muerte te ha tocado con su ala
y ha desarmado tu brazo!
¡Rey glorioso ve a luchar contra ella!
¡Pero no llames a tus soldados!
¡Rey valiente, no llames a tus soldados!
¡No, no llames a tus soldados!
¡Quédate allí! ¡Quédate allí!
¡Rey, si quieres luchar, lucha tú!

(Todos salen excepto Alim, que desesperado, se
desvanece sobre unos cojines; Sitâ que ha asistido
temblando al final de esta escena, se acerca a
Alim abrumada y cae a sus pies.)

No. 9. Dúo

(Sitâ queda un momento inmóvil como paralizada
por el dolor. Alim continúa sin conocimiento)

SITÂ
¡Sola! ¡Me he quedado sola,
en este terrible momento!

(con súbita resolución)

¡Pues bien!... Para salvarte ¡yo sola me basto!

ALIM
(recuperándose poco a poco)
Sitâ... tu voz me habla...

SITÂ
¡Sí, estoy aquí, te amo y te salvaré!

ALIM
(como en un sueño)
¡Me amas!

(repitiendo para sí mismo)

me amas... esta confesión...

(Ella lo ayuda a levantarse. Él la mira extasiado.)

... es la que mi corazón anhelaba...
¡Ah! ¡Al fin la oigo por primera vez!
No estoy soñando... ¡puedo verte!

(triste)

¡Muchacha, que tus tímidos labios
me repitan otra vez esas palabras tan esperadas!

SITÂ
¡Te amo!

ALIM
¡Me amas!

SITÂ
¡Te amo y te salvaré!

ALIM
¡Salvarme!... ¿Salvarme?... ¡Es demasiado tarde!

(descorazonado)

Olvida todo y olvida la prometida
embriaguez y el dulce porvenir.
¡Márchate! ¡Márchate!

(con acento agónico)

¡Es suficiente con mi vida
para aplacar a los celosos dioses!

SITÂ
(apasionadamente)
¡Ah! ¡Deja que yo también lleve
el peso de su venganza!
¡Que me castiguen! ¡Que me castiguen!
¡Soy fuerte y no temo a nada ya!

(con ternura a Alim)

¡Sí, bendito sea el sufrimiento
si mi corazón está cerca del tuyo!

ALIM
(con amargura)
¡Y yo maldigo mi poder,
que ha unido tu destino al mío!

SITÂ
¡Permanezcamos unidos!
¡Permanezcamos unidos! ¡Quiero morir junto a ti!

SITÂ, ALIM
¡Permanezcamos unidos!
¡Permanezcamos unidos! ¡Quiero morir junto a ti!

SITÂ
¡Bendito sea el sufrimiento junto a ti!
¡Ven, te amo, te amo y me quedaré a tu lado!
¡Aceptemos la ley del destino! ¡Moriré junto a ti!

ALIM
¡
Dios me golpea en esta hora
en que tu corazón se entrega al mío!
¡Sitâ, los dioses me castigan!
¡Te amo! ¡Te amo!
¡Permanezcamos unidos! ¡Unidos!

(con voz agónica)

¡Vete! ¡Dios me castiga en esta hora
en que tu corazón se me entrega!
¡Sitâ! ¡Tú me amas! ¡Ay!
¡Tu corazón se me entrega!

SITÂ, ALIM
¡Permanezcamos unidos!
¡Permanezcamos unidos!
¡Que muera junto a ti! ¡Permanezcamos unidos!
¡Que muera junto a ti!

EL EJÉRCITO
(gritos de los soldados a lo lejos)
¡A Lahore! ¡A Lahore!

ALIM
(sorprendido y con el estupor)
¡Ah! ¡Esos gritos! ¡Es verdad!
¡Vergüenza y abandono!

SITÂ
(con ardor)
¡No!
¡Espera! ¡Ten confianza!
¡Desde el cielo Indra nos oye!
¡Él se apiada de nuestro amor!
¡Su poder nos defiende!

ALIM
¡No! ¡El cielo permanece sordo
a nuestras lágrimas, a nuestros gritos!
¡Estoy maldito!
¡Vete! ¡Vete! ¡Sitâ, tú debes vivir!
¡Ah, para mí es la vergüenza!
¡Ay, para nosotros es el abandono! ¡La muerte!

EL EJÉRCITO
(a la distancia, los gritos más lejos)
¡A Lahore!

SITÂ
¡El ejército!
¡La traición!

ALIM
(con desvarío y la voz ahogada por la agonía)
¡Quiero detenerlos!... ¡Los seguiré!

(mirando a lo lejos, con desesperación)

¡El ejército!
¡Oh, traición infame! ¡Se marchan!
¡Dioses!

(quiere correr tras ellos.)

ALIM
(con un grito desesperado)
¡Ah! ¡Sitâ! ¡Estoy maldito!

(cae)

SITÂ
¡Alim, Alim!...

(se arroja sobre el cuerpo de Alim)

¡Muerto!

(muy declamado y con terror)

¡Está muerto!

(El ejército desfila a lo lejos en desorden. Los
jefes se acercan; luego Scindia con soldados.)

EL EJÉRCITO
¡A Lahore! ¡A Lahore!
¡A Lahore! ¡A Lahore!

SCINDIA
(para sí)
¡Murió!

(radiante)

¡Yo soy el rey!

SITÂ
(poniéndose de pie y retrocediendo con horror)
¡Ah! ¡Scindia!

(a una señal de Scindia los soldados prenden
a Sitâ que se desmaya.)

EL EJÉRCITO
(a lo lejos)
¡A Lahore! ¡Marchemos!



ACTO III


(El jardín de los bienaventurados, en el Paraíso
de Indra, en el monte Mérou. Magnífica
vegetación. Intensa luz. Las almas de los hombres
y divinidades están reunidas alrededor de Indra.)

No. 10. Marcha celestial

CORO
(detrás del telón)
¡Aquí está el paraíso!
¡Aquí está el paraíso!
¡Aquí está el paraíso!

(En los teatros donde el ballet no puede
ejecutarse, el telón se levanta aquí. En los que
sí se ejecuta el ballet, la marcha celestial obra
como entreacto, a telón cerrado sin los coros)

ESPÍRITUS CELESTIALES
(ligero y sonrientes)
¡En estos jardines encantados,
la eterna juventud
sonríe en su embriaguez,
a los placeres eternos!
¡Todo es radiante!
¡Todo reluce, todo deslumbra!
¡En estos jardines encantados,
la eterna juventud
sonríe en su embriaguez,
a los placeres eternos!

¡Gloria, todo deslumbra!
¡Gloría, todo es radiante!

(cantado y sostenido)

¡Libre del lazo mortal,
volamos, volamos en la luz,
olvidándonos de la vida amarga,
por los deleites, los deleites del cielo!
¡Sin que jamás se oscurezca la aurora,
la aurora que brilla en nuestra frente,
mil siglos pasará!
¡Y mil siglos de nuevo! ¡Mil siglos!

(Ligero y sonriendo)

¡En estos jardines encantados,
la eterna juventud
sonríe en su embriaguez,
a los placeres eternos!
¡Todo es radiante! ¡Todo deslumbra!
¡Todo reluce, todo deslumbra!
¡Ah!

Intermedio Teatral

A. Pantomima y danza
B. Melodía hindú
C. Final.

INDRA
¿Quién es aquel que viene con pálida frente,
como si desdeñara los placeres divinos,
y lamentara abandonar las miserias de allá abajo?

(Entrada de Alim.)

(A Alim, postrado)

Hombre, ¿quién eres, por qué no sonríes?

ALIM
Ayer, yo estaba en la vida
entre los grandes y dichosos...
Era un rey envidiado...

(sencillamente)

¡Mi alma dulcemente encantada,
acariciaba un sueño de amor!

INDRA
¡Qué esperanzas tienes en la vida inmortal!

ALIM
¡Soberano del cielo, escucha mis deseos!
¡Regrésame junto a la que amo!

INDRA
Su día aun no ha llegado.

ALIM
¡Pero la muerte misma te obedece, rey del cielo,
y así yo podría ser feliz!
¡Indra!

(con ardor suplicante)

¡Indra! ¡Devuélveme la vida!
¡Indra! ¡Devuélveme la vida!
¡Con el amor de Sitâ, que el destino me envidia,
deja que otra vez se embriague...
se embriague mi corazón... con el amor de Sitâ,
deja que de nuevo se embriague...
se embriague mi corazón!

(con gran resolución)

¡Ah! Ah!! ¡Aceptaría diez siglos de infierno...

(implorando)

por otra vida!

INDRA
(con misericordia)
¿Diez siglos de tormentos por una vida humana?
¡Demente!

ALIM
(con ansiedad)
Lo espero...

INDRA
Ve, pues los dioses tienen piedad de tu dolor...

(con autoridad)

¡Vivirás!

ALIM
¡Oh, buen dios!

ESPÍRITUS CELESTIALES
¡Vivirás!

INDRA
(extensivamente sostenido)
¡Que sea él y que ya no sea él!
¡Que duerma en la tumba y camine por la tierra!

ESPÍRITUS CELESTIALES
¡Que sea él!

INDRA
¡Que su alma inmortal
adopte un cuerpo de mendigo,
que tenga de nuevo voz!
¡Que viva, ame y sufra!

ESPÍRITUS CELESTIALES
¡Que sea él! ¡Que ya no sea él!
¡Que duerma en la tumba
y camine por la tierra!

INDRA
¡Que sea él!

ESPÍRITUS CELESTIALES
¡Que su alma inmortal
adopte un cuerpo de mendigo!
¡Que tenga nuevamente voz!
¡Que su alma tenga un cuerpo
y que tenga nuevamente una voz!
¡Que viva! ¡Que ame!

INDRA
¡Que ya no sea él! ¡Que viva! ¡Que ame y sufra!
¡Que su alma tenga un cuerpo!
¡Y que ese cuerpo tenga nuevamente una voz!
¡Que su alma tenga un cuerpo!
¡Que viva! ¡Que ame!

ALIM
¡Amar y vivir! ¡Divina felicidad!
¡Amar! ¡Dulce promesa!
¡Amar y vivir! ¡Divina felicidad!

INDRA
(Por lo bajo, a Alim)
¡Ya no serás un rey!

(sostenido y acentuado)

Bajo humildes vestidos de lana
pasarás entre la muchedumbre humana...
¡Y mi poder te protegerá!
¡Sitâ que fue perjura, será fiel
a un destino común que os unirá,
y cuando ella muera, tú morirás con ella!

(sólo)

¿No le temes a esas circunstancias?

ALIM
(con firmeza)
¡No! ¡Estoy listo!

INDRA, ALMAS FELICES
ESPÍRITUS CELESTIALES
¡Que sea él! ¡Que ya no sea él!
¡Que duerma en la tumba y marche en la tierra!
¡Que su alma tenga un cuerpo!
¡Que su alma tenga un cuerpo!
¡Que viva, que ame!

ALIM
¡Amar y vivir! ¡Amar!
¡Amar, dulce promesa!
¡Amar y vivir,
felicidad divina!
¡Amar y vivir!
¡Felicidad divina!
¡Amar! ¡Felicidad divina!

INDRA
¡Amar y vivir!
¡Felicidad divina!
¡Que él pueda amar!
¡Felicidad divina!

ESPÍRITUS CELESTIALES
Que su alma tenga un cuerpo.
¡Que viva!
¡Que pueda amar!
¡Felicidad divina!



ACTO IV


Escena Primera

(En Lahore. Alcoba del Palacio Real.)

SITÂ
(sola)
Quiero desterrar los recuerdos tristes,
¡oh, noche cruel!
Quiero soñar de nuevo y creer en la vida.
Quiero soñar de nuevo y creer en el amor.
¡Vuelve dulce esperanza!
¡Quiero que el amor palpite en mi corazón!
¡Ay! ¡Alim ha muerto!
¡Y yo estoy sola en el mundo!
¡En esta triste prisión!
¡Ven, oh amado, de la cima de los cielos
para sustraerme del destino fatal!
¡No me abandones!
¡Quiero sentir tus labios de nuevo!
¡Regresa, ah, regresa!
¡Devuélveme mi amor!
¡De la cima de los cielos, ah, ven!
¡Ten piedad de mi dolor,
oh tú, mi juez implacable!
¡Ten piedad de mí, te lo suplico!
¡Desvuélveme mi preciado amor!
¡Desvuélveme mi amor!
¡Ah, desvuélveme mi amor!

(se oyen fanfarrias lejanas)

¡Oh, sonidos fatales!
¡Mi corazón se hiela de temor!
¡Ah, gran dios, ten misericordia de mí!
¡Dame la muerte!
A su palacio el rey me llama...
¡Prefiero la muerte!
¡Jamás, Sitâ, jamás será la reina!
¡Mi esposo me espera en el cielo!
¡Oye, señor, mi oración!
¡Jamás, Sitâ, será la reina!
¡Que mi voz llegue hasta ti!
¡Ah, gran dios!
¡Ah, gran dios! ¡Demasiado cruel es mi destino!
¡Ah, gran dios! ¡Dame la muerte!

No. 12 Recitativo, y aria

(Lugar público de Lahore. A lo lejos, la ciudad
A la derecha, el Palacio Real. Alim deambula
por el lugar. Las voces que se oyen como fondo
de la escena, aparentan venir de muy lejos.)

VOCES DEL CIELO
¡Que sea él! ¡Que ya no sea él!
¡Que duerma en la tumba y marche en la tierra!
¡Que viva, ame, ame y sufra!

ALIM
(como extasiado y elevando sus ojos al cielo)
Voces que me llenáis de una inefable tristeza.
Voces que habláis desde el cielo
a mi corazón extraviado.
¡Ah! Al fin entiendo la promesa divina:
¡Vuelvo a ver mi palacio, y estoy vivo!
¡Todo me ha sido devuelvo!

(con extravío)

¿Mi palacio? ¿Qué estoy diciendo?

(Un grupo de oficiales sale del palacio, Alim
observa en silencio.)

UN JEFE
(a los oficiales)
Durante la pasada noche, nuestro Rey,
en el templo ha velado santamente.
Ha regresado y la ciudad entera lo aclama
aplaudiendo la magnificencia de su coronación.

ALIM
(para sí)
¡Ah! ¡Traidor!

UN JEFE
¡Vamos a recibirlo!

(Los oficiales se marchan.)

ALIM
Este hombre, ahora...
Es más temido que yo,
¡es el señor de esta casa!
¡El usurpador es festejado por el pueblo!
¡Pero ella! ¡Ella!
¡Oh, Sitâ, mi bienamada!
¡Alim ya no reina! ¡Tu señor ha podido morir!
¡Qué importa, que la tumba del rey
esté cerrada!
¡Tu amante ha regresado! ¡Soy yo, Sitâ!
¡Soy yo! ¡He regresado para reconquistarte!
¡Como en aquella noche, la noche fatal
cuando yo te expiraba, sólo e impotente!
¡Qué desesperación! Su voz amada
susurrado una casta confesión, ¡eternamente!
Te vuelvo a ver temblorosa y pálida,
¡mezclando tus lágrimas con mí sangre!
Te vuelvo a ver temblorosa y pálida...
Te veo como aquella noche en que yo expiré,
¡temblorosa y pálida!
bajo la claridad del inmenso cielo.
Pero ¡recuperé la esperanza!
¡Comienza un día más radiante aún
para mi amor transfigurado!
¡Yo salí, desesperado!
Yo te llamé en el silencio...
¡El cielo parecía desierto
para mi corazón desgarrado!
¡Alim ya no reina! ¡Tu señor ha podido morir!
¡Soy yo, Sitâ! ¡Es tu amante!
¡Sitâ, soy yo! ¡He regresado!

(Entra en el palacio. La muchedumbre invade el
lugar. El cortejo real llega; sacerdotes, soldados,
bailarines, una imagen sagrada llevada en andas,
guardias del rey, los rajás y finalmente Scindia)

No. 13. Final

A. Cortejo.

(Sacerdotes y sacerdotisas, las bayaderas,
los ídolos y los guardias del rey)

SACERDOTES, SOLDADOS, PUEBLO
¡El rey de los Reyes de la tierra!
¡El rey de los Reyes de la tierra!
¡Todos, con la frente en el polvo!
¡Proclaman a Tu majestad!
¡El rey de los Reyes!
¡El rey de los Reyes de la tierra!
Todos, con la frente en el polvo,
¡Proclaman a tu majestad!
¡El rey de los Reyes!
¡El rey de los Reyes!
¡El rey de los Reyes!

B. Arioso

SCINDIA
(al pueblo)
Para las tropas del Sultán,
que amenazaban Lahore, la ciudad real,
nuestro poder es aún temible.
Como si los persiguiera una mano invisible,
han reemprendido el camino del desierto.

(para sí)

El pueblo está tranquilo,
y todos aclaman mi nombre.
La calma ha regresado a mi alma,
¡ya puedo ser feliz!
Promesa de mi futuro,
¡oh Sitâ, sueño de mi vida!
¡oh, belleza que me fuiste arrebatada,
finalmente vas a ser mía!
¡Oh, Sitâ!
¡Ven a cautivar mi corazón enamorado,
ven a sonreír a los esplendores del mundo,
ven a cautivar mi corazón enamorado!
¡Oh Sitâ, ven, te estoy esperando, te amo!
Mi mano guarda para ti una diadema.
¡Oh Sitâ, ven, te estoy esperando!
¡Oh Sitâ! ¡Ven, te estoy esperando! ¡Te amo!
¡Sitâ, tú serás la reina!
¡Ah! ¡Ven a cautivar mi corazón enamorado,
ven a sonreír a los esplendores del mundo!
¡Oh Sitâ, sueño de mi vida,
ven a cautivar mi corazón enamorado!
¡Ven! ¡Sitâ! ¡Ah! ¡Ven!

C. Escena Final

(Scindia se dirige hacia el palacio. En ese mismo
instante Alim reaparece en el dintel y se sitúa
frente a Scindia. Turbación y estupor del pueblo
ante la presencia de Alim, el cortejo se detiene.)

ALIM
(con un grito)
¡Scindia!

SCINDIA
¡Dioses vengadores!

TIMUR
(con temor y voz ahogada)
¡Oh prodigio, oh misterio!

TODOS
¡Oh, prodigio! ¡Oh, misterio!

TIMUR
¡Oh prodigio, oh misterio!

TODOS
¡Oh, prodigio! ¡Oh, misterio!

TIMUR, CORO
¡Tiene los rasgos de Alim! Su mirada... su voz...

SCINDIA
(Aterrorizado y con voz ahogada)
¡Oh, qué misterio espantoso!

TIMUR CORO
¡Oh prodigio, oh misterio!

SCINDIA
¡Y sin embargo yo lo herí!

TIMUR
¡Tiene los rasgos de Alim!

TODOS
¡Su mirada... su voz!

SCINDIA
¡Yo vi morir al rey!
¿Acaso la tierra...
como un espectro vengador,
como un espectro lo pone ante mí?
Como un espectro vengador... ¡lo pone ahí!

¡Delante de vosotros!

TIMUR
¡Su mirada... y su voz!
¿Es un espectro, o acaso la tierra...
nos devuelve vivo al último...
de nuestros reyes?
¡Oh prodigio, oh misterio!
¡Oh prodigio, oh misterio!
¡Oh, prodigio! ¡Su mirada... y su voz!

TODOS
¡Oh, prodigio! ¡Oh, misterio!
¿Es un espectro, o la tierra...
nos ha devuelto vivo al último...
de nuestros reyes?
¡Oh prodigio, oh misterio!
¡Oh prodigio, oh misterio!
¡Su mirada... y su voz!
¡Oh, prodigio!
¡Su mirada... y su voz!

ALIM
Scindia, podrías temer mi presencia...

CORO
Su mirada...

SCINDIA
¡Su mirada!

TIMUR, CORO
... y su voz.

ALIM
…porque te hablo
en nombre de aquel que ya no existe.

SCINDIA
¡Oh, prodigio! ¡Oh, misterio!

ALIM
Tú le robaste, cobardemente, el trono y el poder.

CORO
¡Oh, prodigio!

SCINDIA, CORO
¡Oh, misterio!

TIMUR
¡Su mirada... y su voz!

ALIM
Él puede perdonarte el crimen y la ofensa...

SCINDIA, CORO
¡Oh, misterio!...

ALIM
Pero devuélvele el más estimado
de los bienes que ha perdido:
¡Es el amor de Sitâ lo que yo reclamo!

SCINDIA
¡Sitâ!

TIMUR, CORO
¿Qué dice?
¡Es grande su audacia!

SCINDIA
(a los guardias)
¡Prendedlo!

(Los soldados retroceden ante el gesto de Alim.)

ALIM
¡Desafío la muerte!

SCINDIA
¡Prended al impostor!

ALIM
¿Ninguno de vosotros puede reconocerme?
¡Soy Alim! ¡Vuestro Rey!

SCINDIA, TIMUR, CORO
¡Alim!

CORO
¿Nuestro Rey?... ¡Está loco!
¿Nuestro rey?... ¡Está loco!

SACERDOTES
¡Es el dios quien lo inspira!

SCINDIA
(escuchando a los sacerdotes, con ironía)
Un dios... quien lo inspira...

SOLDADOS
(escuchando a los sacerdotes)
Un dios... quien lo inspira...

TIMUR
(a Scindia)
¡Es un dios quien lo inspira!

SOLDADOS
¡Es un dios quien lo inspira!

SCINDIA, SACERDOTES
¡Un dios lo inspira!

SCINDIA
(con energía, a los soldados)
¡Prendedle! ¡Que muera!

TIMUR
(interfiriendo)
¡No! ¡Es un iluminado!
¡Sé clemente! ¡Es un iluminado!
¡Está loco! ¡Sé indulgente!
¡Es un iluminado!
¡Sé indulgente!
¡Que no caiga sobre su cabeza
el peso de tu cólera!
Hasta los umbrales de tu palacio,
conducido por el destino,
este hombre trae consigo
¡un poderoso misterio!
¡Sé indulgente! ¡Está loco!
¡Es un iluminado! ¡Es un iluminado!

ALIM
(a Scindia)
¡Acéptalo! ¡Es necesario!
¡Los dioses lo ordenan!
¡Acéptalo! ¡Es necesario!
¡Los dioses lo ordenan!
¡Acéptalo!
¡Sitâ no te ama!
¡Tu cólera es vana!
¡Contra tu cruel poder,
que obtuviste mediante un crimen,
debo intentar
la última batalla!
¡Acéptalo! ¡Es necesario!
¡Los dioses lo ordenan!
¡Los dioses lo ordenan!

SCINDIA
(a Timur)
¡Obedeced! ¡Así lo quiero! ¡Mi voz lo condenó!
¡Obedeced! ¡Así lo quiero! ¡Mi voz lo condenó!
¡Obedeced! ¡Timur, no apacigües mi ira!
¡Someteos al poder soberano
que los jefes me otorgaron!
¡Este hombre es peligroso
dado que esconde un misterio!
¡Obedeced! ¡Yo lo quiero!
¡Mi voz lo condenó!
¡Mi voz lo condenó!

CORO
(a Scindia)
¡Someteos! ¡Es necesario!
¡Es un iluminado!
¡Está loco! ¡Sé clemente!
¡Es un iluminado!
¡Que el peso de tu cólera
¡Se indulgente!
No caiga sobre su cabeza!
¡Es un loco!
¡Es un loco!
¡Hasta el umbral de tu palacio,
conducido por el destino,
este hombre ha traído un poderoso misterio!
¡Sé clemente! ¡Es un loco!
¡Es un iluminado!
¡Es un iluminado!

TIMUR
(con fervor religioso y señalando a Alim, a
la muchedumbre)
¡Es un dios quien lo inspira!
¡Es un dios quien lo inspira
¡El cielo lo ilumina!
¡El espíritu divino lo ilumina!

SCINDIA
(con furia)
¡Yo lo quiero!
¡Obedeced! ¡Quiero que lo maten!

LA MUCHEDUMBRE
¡Es un dios quien lo inspira!
Es un dios quien lo inspira
¡El cielo lo ilumina!

ALIM
¡El espíritu divino me ilumina!

SCINDIA
(con terror, para sí)
¡Qué misterio espantoso!

SOLDADOS
(entre ellos señalando a Alim con supersticiosa
reverencia)
¡Es un iluminado!

SCINDIA
¡Pero si yo lo herí!
¡Yo vi morir al rey!

SACERDOTES
¡Es un iluminado!

TIMUR
¡Lo ves!
¡El espíritu divino lo ilumina!

LA MUCHEDUMBRE
¡Es un dios quien lo inspira!
¡Es un dios quien lo inspira!
¡El cielo lo ilumina!

ALIM
¡El espíritu divino me alumbra!

SCINDIA
Sin embargo, ¡yo vi morir al rey!

ALIM
¡Ah, el cielo está de mi parte!

TIMUR, SACERDOTES
¡Que quede libre, es un loco!

LA MUCHEDUMBRE
¡Está loco!

SCINDIA
¡Eso qué importa, obedeced!

ALIM
¡Ah, el cielo está de mi lado!

SOLDADOS
¡Está loco!

TIMUR
¡Es el cielo quien lo ilumina!

SOLDADOS
¡Es el cielo quien lo ilumina!

EL PUEBLO
¡Está loco!

SCINDIA
¡Obedeced! ¡Es mi voluntad!

TODOS
¡El cielo!

CORO
¡Es el cielo quien lo ilumina!

SCINDIA
¡Obedeced!

ALIM
¡Acéptalo!

TIMUR, CORO
¡Es un loco!

SCINDIA
¡Mi voz lo condenó!

ALIM
¡Los dioses lo ordenan!

SCINDIA
¡Mi voz lo condenó!

TIMUR, CORO
¡Es un iluminado!

TIMUR, SACERDOTES
(con intensidad)
¡Un dios lo inspira!
¡Un dios lo inspira y el cielo lo ilumina!
¡Los dioses poderosos lo trajeron!
¡Los dioses poderosos,
los dioses poderosos lo enviaron!
¡Los dioses poderosos lo trajeron!
¡Sé clemente, sé clemente!

LA MUCHEDUMBRE
¡Gracia para él!
¡Es un dios quien lo inspira!
¡Un dios lo inspira y el cielo lo ilumina!
¡Los dioses poderosos lo trajeron!
¡Los dioses poderosos lo trajeron!
¡Los dioses poderosos lo trajeron!
¡Sé clemente, sé clemente, gracia para él!
¡Sé clemente!

ALIM
¡Es un dios quien me inspira!
¡Un dios me inspira y el cielo me ilumina!
¡Los dioses poderosos lo ordenan!
¡Los dioses poderosos lo ordenan!
¡Los dioses poderosos lo ordenan!
¡Aceptadlo, Scindia!
¡Los dioses poderosos lo ordenan!

SCINDIA
¡Aunque los dioses lo inspiren!
¡Aunque a él
el cielo lo ilumine!
¡Ya mi voz lo condenó!
¡Ya mi voz lo condenó!
¡Ya mi voz lo condenó!
¡Es mi voluntad!
¡Nada de perdón! ¡No! ¡Jamás!

SOLDADOS
¡Es un dios quien lo inspira!
¡Un dios lo inspira y el cielo lo ilumina!
¡Los dioses poderosos lo trajeron!
¡Los dioses poderosos lo trajeron!
¡Los dioses poderosos lo trajeron!
¡Sé indulgente! ¡Scindia, sé indulgente!

TIMUR
(a Scindia, con gran firmeza)
¡Rey, este hombre te ha anunciado
la voluntad divina!
¡Reclama a Sitâ porque dios se la ha destinado!

(Aparece el palanquín de Sitâ, escoltado por
mujeres y guardia, dirigiéndose hacia el palacio.
Movimiento de la muchedumbre.)

SOLDADOS
¡La Reina!

CORO
¡Aquí está la Reina!

(Se oyen fanfarrias tras los decorados)

SCINDIA
(A Timur y señalando a Sitâ, con una sonrisa
desdeñosa y triunfal, se une al cortejo de la reina)
¡Aquí está la Reina!

ALIM
(con un grito)
¡Sitâ! ¡Reina! ¡Perjura!

TIMUR
(a Alim)
¡Ven, yo te salvaré!

ALIM
¡Ah! ¡Volveré a verla!

(Alim intenta salir corriendo, los guardias van a
apresarlo pero Timur y los sacerdotes lo impiden)

SOLDADOS, PUEBLO
(a Scindia postrándose)
¡Rey de reyes! ¡Gloria a ti!



ACTO V


(En el santuario de Indra al igual que en
el primer acto, visto diagonalmente)

SITÂ
(anhelante y muy conmovida; con fuerza)
¡Escapé de la cámara nupcial!
¡Si duda, Scindia, en ente momento,
me está buscando!
¡Su cólera estallará en amenazas de muerte!
¡Ah, temo más su amor que su castigo!
¿De su piedad que puedo esperar?
Sólo un hombre podría defenderme de él...
¡Ha arrestado a Timur!
¡Nada lo detendrá!
Hará que me persigan hasta aquí:

(con mayor fuerza y vehemencia)

Pero eso qué importa;
¡En vano los soldados flanquearán esta puerta,
la muerte es un refugio dónde nadie me hallará!

(larga pausa; con suave tristeza)

Sí, ha llegado la hora en que cansada de vivir,
alivie mi corazón consumido de amor.
¡Te seguiré, mi bien amado!

(con un profundo sentimiento)

¡Que la muerte me libere de mi dolor!
¡Adiós, cruel pasado!
¡Dulce muerte, tu voluptuosidad me embriaga!
¡Tú me devolverás el amor prematuramente roto!
¡En el azur y en la luz,
nos uniremos para siempre!

(dirigiéndose a la estatua de Indra)

Testigo de mi casto delirio,
confidente de mis deseos.
magen del dios bueno cuyos rasgos radiantes
desde las sombras parecen sonreírme...
He querido regresar para expirar bajo tus ojos.
¡Indra! ¡Recibe mi alma! ¡Recibe mi alma!

(con exaltación)

¡Que la muerte me libere!
¡Adiós, cruel pasado!
¡En el azur y para siempre en la luz,
nos uniremos!

(exaltada)

¡La hora ha llegado... voy a seguirte...
oh mi bien amado!

No. 15. Escena Final

VOZ DE LAS SACERDOTISAS
(desde las profundidades del templo)
¡Ha llegado la noche! ¡Ha llegado la noche!
¡Mis hermanas oran!
¡Las estrellas vierten sobre nosotras
sus rayos blancos!

SITÂ
(Para sí, escuchando)
La oración...
Con las primeras sombras de la tarde...
cuando yo cantaba así... lo vi. aparecer...

(Alim aparece al fondo entre las columnas,
desciende despacio, sin ser visto por Sitâ)

VOZ DE LAS SACERDOTISAS
¡Indra, señor del cielo,
Indra, te adoramos! ¡Ha llegado la noche!

SITÂ
(simple y expresiva)
Nunca su mano se atrevió a tocar la mía...
sonreía al pasar... mientras susurraba...
¡"hasta mañana"!

ALIM
(viendo a Sitâ)
¡Sitâ!

SITÂ
(reconociendo a Alim, con un grito de alegría)
¡Alim! ¡Estás vivo!

ALIM
¡Es ella!
¡Sitâ! ¿Me reconoces?

SITÂ
¡Vivo! ¡Estás vivo!

ALIM
(con delirio, estrechándola)
¡Finalmente eres mía!
¡Finalmente eres mía!

ALIM, SITÂ
¡Es la soñada embriaguez!
¡Alma amada! ¡Alma amada!
¡Es la soñada embriaguez!

SITÂ
¡Finalmente soy tuya!

ALIM
¡Finalmente eres mía!

(con ternura)

¡Oh, Sitâ, niña amada! ¡Regresé a tu lado!

SITÂ
(tomando conciencia poco a poco)
¡Es él... no es una mentira!
¡Vive! ¡Vive! ¡Sus ojos resplandecen!
¡Una nueva esperanza
destella en su mirada amiga!

ALIM
(con emoción)
¡Sí, te amo! ¡Te amo!

SITÂ
¡Ah! ¿Qué mano poderosa, a ti, sobre quien lloré,
te ha salvado de la muerte?

ALIM
¡Sólo soñemos con el presente!

SITÂ
¡Qué ardiente embriaguez!
¡Te amo! ¡Te pertenezco! ¡Me perteneces!

(con ímpetu)

Para amarnos ¡olvidemos todo!
¡Ven, huyamos!
¡Qué encanto! ¡Oh, dulzura del primer arrebato!
¡Mira, el porvenir sonríe ante nuestros ojos!
¡Es la primavera!
¡Los dioses benéficos tuvieron misericordia
de nuestras lágrimas! ¡Ven!
¡Recupero el cielo!
¡Para siempre, lejos del día y de los hombres!
¡Para siempre, nuestro amor triunfará!
¡Ah! ¡He recuperado el cielo!

ALIM
¡Estoy vivo! ¡Sitâ!
¡Te amo!
Para amarnos ¡olvidemos todo!
¡Ven, huyamos!
¡QuÉ encanto! ¡Oh, dulzura del primer arrebato!
¡Mira, el porvenir sonríe ante nuestros ojos!
¡Es la primavera que ha llegado!
¡Sitâ, en tus brazos recupero el cielo!
¡Para siempre lejos del día y de los hombres!
¡Nuestro amor por siempre triunfará!
¡Ah! ¡Recuperé el cielo!

(Están por salir. Se escucha sonar los gongs y
desde lo profundo del templo, entre columnas
se ven luces brillantes. Alim y Sitâ se detienen
inquietos.)

ALIM
¡Esos destellos! ¡Esos ruidos amenazadores!

SITÂ
(desesperada)
¡Infeliz de mí! Olvidé a... ¡Scindia!

ALIM
(con horror)
¡Ah!

SITÂ
¡Estamos perdidos!

ALIM
¿Qué dices?
¡No, aquí está el pasadizo secreto
que me trajo hasta ti, huyamos!

(corren hacia el pasadizo secreto. En el
umbral está Scindia en actitud amenazante)

SITÂ
(con un grito)
¡Scindia!

ALIM
(retrocediendo)
¡Scindia!

SCINDIA
¡Él! ¡Ese hombre... con ella!

SITÂ
(interponiéndose y enfrentándose a Scindia)
¡Ah!

(con horror)

¡Detente, miserable, detente!
No levantes sobre nosotros
tus manos bañadas de sangre.

(imperiosa)

¡Este hombre es tu rey!
¡Obedece e implora su perdón!

ALIM
(a Scindia)
¡Obedece, Scindia!

SCINDIA
(con terrible ironía)
¿Obedecerte?

SITÂ
¡Este hombre, es tu rey!

SCINDIA
¡Dementes!
¿Vosotros me amenazáis
cuando yo tengo el poder?...

(avanzando hacia Sitâ)

¡Voy a someterte a mi voluntad para siempre!

ALIM
(con furia)
¡Cobarde! ¿Te atreves aún a...

SCINDIA
¡Ella es mía! ¡Sí, yo soy su único dueño!

SITÂ
¡Scindia! ¡No! ¡Traidor! ¡No!

SCINDIA
¡Soldados, a mí! ¡Sitâ! ¡Ven!

ALIM
¡Ah! ¡Por todas partes la muerte!

SITÂ
(con salvaje resolución)
¡No seré tuya!

(se apuñala)

ALIM
(gritando)
¡Sitâ!

(se tambalea como golpeado por el mismo puñal)

¡Dioses!
¿Qué has hecho?

SCINDIA
(se levanta y se enfrenta con Alim)
¡Sabré tomar venganza!

ALIM
(sostiene a Sitâ, enfrentándose a Scindia)
¡Ya nada puedes contra nosotros!
¡Porque yo muero por su muerte!
¡Y los dioses benéficos me han herido con ella!

SCINDIA
(sujeto por un terror místico)
¡Siento volar sobre ellos el poder eterno!

SITÂ
(con exaltación, abrazada a Alim)
¡Ah!

ALIM
¡Ah!

SITÂ
¡Alim, me perteneces!
¡Alim, me perteneces!
¡Te amo, y bendigo el destino!
¡Permanezcamos unidos!
¡Permanezcamos unidos!
¡Que muera en tus brazos!

ALIM
¡Sitâ, me perteneces!
¡Sitâ, me perteneces!
¡Te amo, y bendigo el destino!
¡Permanezcamos unidos!
¡Permanezcamos unidos!
¡Que muera en tus brazos!

SCINDIA
¡Nuevamente triunfaron!
¡La amaba, y la perdí!... ¡Ay de mí!
¡Incluso en la muerte son felices!
¡Dios no los separa!

(El santuario se abre al fondo. Poco a poco se
hace visible una visión del luminoso Paraíso con
Indra y los bienaventurados.)

CORO INVISIBLE
(voces fuera de escena)
¡Nos rodea la luz!
¡Volamos!... En estos jardines encantados...
todo brilla y se aclara...¡todo replandece!

SITÂ, ALIM
(expirando en una suerte de éxtasis)
¡Un nuevo esplendor…

(Sitâ y Alim han caído de rodillas, siempre
abrazados, junto al altar de Indra!)

…a nuestros ojos se revela
y entramos ...felices... ¡en la gloria de Indra!

SCINDIA
(Scindia los contempla desde lejos con
una emoción creciente)
¡Son felices!
¡Dios no los ha separado!
¡Son felices!

(Los cuerpos de Sitâ y Alim se desploman; juntos
caen muertos, al pie del altar. Con un fulgor
celestial, ambos se transfiguran y aparecen en
el paraíso, a los pies de Indra.)

SCINDIA
(se postra cubriéndose el rostro con sus manos)
¡Ah! ¡Mi obra es infame! ¡Dios me castigará!


FIN DE LA ÓEPRA

(La siguiente aria fue escrita para la Srta.
Fouquet y se canta después del dúo No. 7)

No. 7 bis. Serenata

KALED
Descansa, ¡oh, bella enamorada!
que la noche, te traiga un sueño dorado.
Tu rey, con el alma feliz,
regresa de nuevo a tu lado,
dulce tesoro.
Cierra los ojos ¡oh, bella señora!
La quietud de la noche sucede al día.
Finalmente desterrados, el temor y la tristeza.
Nada es más dulce que un sueño de amor,
que un sueño de amor.
Cierra los ojos ¡oh, bella señora!
Mi canto se eleva ligero en la sombra.
Que mi voz también acune tu sueño,
que las horas pasen aún más veloces,
que la esperanza penetre en tu corazón.
¡Él va a venir, tu hermoso conquistador!
¡Ligeros céfiros, corred junto a ella!
Amorosa brisa, ¡oh, viento encantando!
llevadle, llevadle, sobre vuestras alas
el suave beso de la fiel amante, de la fiel amante.
¡Ah, corre junto a ella, corre junto a ella,
oh, viento encantando!
Mi canto se eleva ligero en la sombra.
Que mi voz también acune tu sueño,
que las horas pasen aún más veloces,
que la esperanza penetre en tu corazón.
¡Él va a venir, tu hermoso conquistador!
Ya está aquí.
Que la esperanza penetre en tu corazón.
¡Es él!



Traducido y Digitalizado por:
José Luis Roviaro 2010