ACTE I
Scène 1
(Lord Elfort, Juliano)
(Un bal masqué dans les appartements de la reine.
Un petit salon dont les portes sont fermées; deux
portes latérales; deux au fond. A droite du spectateur
un canapé sur le premier plan. Au fond, adossée a un
panneaux, une riche pendule. Pour introduction, on
entend dans le lointain un mouvement de boléro ou de
fandango que va toujours en augmentant On ouvre les
portes du salon à droite, et lon entend tout le
tumulte
du bal)
JULIANO
Ah! Quel beau bal!
N'est-ce pas, milord?
LORD ELFORT
Je le déteste!
JULIANO
Ah vous, vous avez perdu beaucoup dargent!
LORD ELFORT
(avec humeur)
Que mimporte largent,
je en ai plein beaucoup mais
c'est ma réputation, j'étais le plus
fort joueur de whist de Londres.
Et ici, à Madrid, dans le salon
de la reine, où tout le monde
mattendait, tout le monde
me regardait, tout le monde
madmirait, j'ai été battu par
une petite diplomate espagnol.
JULIANO
Vous voulez parler de mon
ami Horace de Massarena?
LORD ELFORT
Yes... ce horrible petit
Horace de Massarena
que je rencontrais partout
sur mon passage.
JULIANO
Horrible, horrible,
cest plutôt un joli garçon.
LORD ELFORT
Je le trouve même pas beau.
JULIANO
Un galant et aimable cavalier.
LORD ELFORT
Ça est pas mon avis.
JULIANO
Au fait milord, nous finissons
la nuit chez moi! La nuit
de Noël, on ne dort pas,
et si Votre Seigneurie
veut bien accepter un joyeux
souper avec quelques
seigneurs de la cour
LORD ELFORT
Why not? De toutes les façons,
Milady, mon femme,
est dans lhôtel à dormir
en ce moment.
JULIANO
Bien! Et puis s'il vous reste
encore quelques guinées
à risquer, vous prendrez
là votre revanche sur
Horace de Massarena...
LORD EFLORT
Yes!
JULIANO
Je veux vous faire
boire ensemble
et vous raccommoder.
LORD ELFORT
Je boirai mais je ne me
raccommoderai pas.
Adieu, je vais dans
le salon pour la danse.
(Lord Elfort est sorti par la porte â gauche)
Scène 2
(Juliano, Horace)
JULIANO
Ah Horace! Sais-tu qui tu
viens de mettre en fuite?
HORACE
Non?
JULIANO
Lord Elfort!
HORACE
Lord Elfort, lattaché à
l'ambassade d'Angleterre?
JULIANO
Oui et presque notre
compatriote, sa femme non
seulement est espagnole, mais
de plus, elle est de la famille
du duc dOlivarès dont Lord Elfort
pourrait bien hériter
Mais
au fait, toi-même, tu vas faire
un beau mariage à ce qu'on dit?
HORACE
Oui... Le comte de San-Lucar,
m'a pris en affection
et à moi, pauvre gentilhomme
qui n'ai rien, il veut donner
sa fille, une riche héritière
qui est encore au couvent,
et je ne sais si je dois accepter.
JULIANO
Plutôt deux fois qu'une.
HORACE
Je m'en rapporte à toi,
mon ami : crois-tu que
lhonneur et la délicatesse
permettent de se marier
quand on a au fond
du cur une passion?
JULIANO
Sachant que par nature,
le mariage éteint
toutes les passions.
HORACE
Et si rien ne peut l'éteindre?
JULIANO
On se raisonne, on s'éloigne,
on cesse de voir la personne...
HORACE
Mais je ne la vois jamais!
JULIANO
Eh bien, alors, de quoi
te plains-tu?
HORACE
De ne pas la voir, de passer
ma vie à la chercher.
JULIANO
Horace, mon ami, es-tu bien
sûr d'avoir ton bon sens?
HORACE
C'est ici, l'année dernière,
à ce même bal de Noël
que je l'ai vue pour la première
fois. Imagine-toi, mon ami...
JULIANO
Une physionomie délicieuse!
HORACE
Elle était masquée.
JULIANO
C'est juste.
HORACE
Mais la tournure la plus
élégante, la plus jolie main
que jamais un cavalier ait serrée
dans les siennes car je l'avais
invitée, et sa danse...
JULIANO
Était ravissante...
HORACE
Non, elle ne connaissait
aucune figure. Il semblait
que c'était la première fois
de sa vie qu'elle vînt dans un
bal
Lorsque tout à coup
un petit masque passe
auprès d'elle en lui disant :
« Voici bientôt minuit »,
« déjà! » s'écria-t-elle et elle
se leva avec précipitation.
JULIANO
Eh! Mais comme Cendrillon.
HORACE
Je voulus en vain la retenir...
Ne pouvant me résoudre
à la perdre ainsi, je la suivis
de loin. Et à ce moment-là,
elle laissa tomber...
JULIANO
Sa pantoufle verte!
HORACE
Non, mon ami son masque!
Jamais je n'oublierai cette
physionomie enchanteresse.
JULIANO
Pardon, mon cher ami mais
j'ai une danseuse qui m'attend...
LES GENS DU BAL
Juliano! Juliano! Juliano!
JULIANO
Viens-tu dans la salle de bal?
HORACE
Non, j'aime mieux rester ici.
Scène 3
(Horace, seul)
HORACE
(L'aîr de danse continue toujours)
Il se moque de moi, et il a raison!...
(s'assejant sur le canapé à droite)
Mais c'est qu'aujourd'hui plus que jamais,
aujourd'hui tout me la rappelle...
C'est ici... qu'il y a un an,
à cette même fête,
dans ce petit salon... je l'ai vue apparaître...
(Apercevant Angèle et Brigitte qui
entrent par la porte du fond- è gauche)
Ah! cette taille, cette tournure!...
surtout... ce joli pied!...
Scène 4
(Angèle et Brigitte entrent sans
apercevoir Horace qui feint de dormir)
N°1 :Trio
ANGÈLE
(à Brigitte)
Tout est-il préparé?
BRIGITTE
C'est convenu, c'est dit!
ANGÈLE
La voiture à minuit nous attendra!
HORACE
(sur le canapé, à part)
C'est elle!
ANGÈLE
(à Brigitte)
Et toi, songes-y bien,
Au rendez-vous fidèle,
Dans ce salon à minuit!
BRIGITTE
À minuit!
HORACE
À minuit!
ANGÈLE
Un instant de retard, et nous serions perdues.
BRIGITTE
Je le sais bien!
ANGÈLE
Et rien qu'y penserme fait peur!
BRIGITTE
Allons, madame,
allons, du cur!
Au milieu de la foule toutes
deux confondues
En songeant au plaisir,
oublions la frayeur!
Ensemble
BRIGITTE, ANGÈLE
Ô belle soirée!
Moment enchanteur!
Mon âme enivrée
Rêve le bonheur!
Ô belle soirée!
Moment enchanteur!
Mon âme enivrée
Rêve le bonheur!
HORACE
Ô douce soirée!
Moment enchanteur!
Mon âme enivrée
Renaît au bonheur!
Ô douce soirée!
Moment enchanteur!
Renaît au bonheur!
ANGÈLE
(remontant le théâtre)
Nous sommes seules!
BRIGITTE
(redescendant et regardant da côté du canapé)
Non! un cavalier est là, qui nous écoute!
ANGÈLE
(remettant virement son masque)
Ô Ciel!
(Horace s'est étendu sur le canapé, a
fermé lei yeux et feint de dormir
ou moment oii Brigitte le regarde)
BRIGITTE
Rassurez-vous,
madame, il dort!
ANGÈLE
Bien vrai?
BRIGITTE
Sans doute.
HORACE
(à part, les yeux fermés)
Et, sur mon âme,
Profondément il dormira!
BRIGITTE
(le regardant sous le nez)
Il n'est vraiment pas mal,
Regardez-le, madame!
ANGÈLE
(savançant)
Oh! grand Dieu!...
c'est lui!... c'est Horace!
BRIGITTE
(étonnée)
Horace!
ANGÈLE
Eh oui! Ce jeune cavalier
Qui nous protégea l'an dernier.
BRIGITTE
C'est possible...
et j'aime à le croire.
ANGÈLE
Quoi? tu ne l'aurais pas reconnu?
BRIGITTE
Non vraiment,
je n'ai pas autant de mémoire que madame.
HORACE
(à part)
Ah! c'est charmant!
Ensemble
BRIGITTE, ANGÈLE
Ô belle soirée!
Moment enchanteur!
Mon âme enivrée
Rêve le bonheur!
Ô belle soirée!
Moment enchanteur!
Mon âme enivrée
Rêve le bonheur!
HORACE
Ô douce soirée!
Moment enchanteur!
Mon âme enivrée
Renaît au bonheur!
Ô douce soirée!
Moment enchanteur!
Mon âme enivrée
Renaît au bonheur!
BRIGITTE
(regardant du côté du salon, à droite)
L'orchestre a donné le signal :
Voici qu'à danser l'on commence,
Entrons, entrons dans la salle du bal.
ANGÈLE
(avec embarras, et regardant Horace)
Pas maintenant.
BRIGITTE
Pourquoi?
ANGÈLE
Je pense qu'à la fin de la contredanse
On sera moins remarquée... attendons!
BRIGITTE
(avec un peu d'impatience)
Cest comme vous voudrez ;
Mais ici nous perdons
un temps précieux.
ANGÈLE
Non, ma chère.
(Liû montrant la porte de droite)
D'ici l'on voit très bien.
BRIGITTE
(se plaçant près de la porte et regardant)
C'est juste.
HORACE
(à part)
Ô sort prospère!
ANGÈLE
(s'approchent d'Horace pendant que
Brigitte n'est occupée que de ce qui
se passe dans la salle de bal)
Ah! si j'osais...
Non...non, jamais!
Premier couplet - Andantino -
Le trouble et la frayeur
Dont mon âme est atteinte
Me disent que j'ai tort,
Hélas! je le crains bien.
Mais... mais... je puis du moins
Le regarder sans crainte.
Il dort! il dort!
Il dort et n'en saura rien,
Non, non, non, non, non,
Jamais il n'en saura rien!
BRIGITTE
(quittant la porte à droite)
Entendez-vous!ce joyeux boléro!
ANGÈLE
(à part, et regardant Horace)
Mon Dieu! ce bruit nouveau
Va l'éveiller... le maudit boléro!
Je crains quil ne séveille
à ces accords joyeux.
BRIGITTE
On dirait quil sommeille
Et nen rêve que mieux.
Ensemble
NGÈLE
Non... non... quelle merveille!
Il dort... Il dort très bien!
Mon Dieu! fais qu'il sommeille
Et qu'il n'entende rien.
Il dort, quelle merveille!
Il dort... Il dort très bien,
Mon Dieu! fais qu'il sommeille
Et qu'il n'entende rien.
Je crains quil ne séveille
À ses accords joyeux,
Oui, tout me le conseille,
Fuyons loin de ces lieux.
BRIGITTE
Ah! c'est une merveille,
Et je n'y conçois rien ;
Vraiment, quand il sommeille
Ce monsieur dort très bien!
Ah! c'est une merveille,
Et je n'y conçois rien ;
Vraiment, quand il sommeille
Ce monsieur dort très bien!
Bien loin qu'il ne s'éveille
À ces accords joyeux,
On dirait qu'il sommeille,
Et n'en rêve que mieux!
HORACE
(Soulevant sa tête de temps en temps)
Pendant que je sommeille,
D'ici je vois très bien.
Ô suave merveille,
Quel bonheur est le mien!
Pendant que je sommeille,
D'ici je vois très bien.
Ô suave merveille,
Quel bonheur est le mien!
Ah! loin que je m'éveille,
Fermons, fermons les yeux!
L'amour me le conseille :
Dormons pour être heureux!
(Brigitte retourna è la porte da
bal, regarde le boléro, et Angèle
se rapproche do canapé)
ANGÈLE
Ah! combien mon âme est émue!
HORACE
À toi!... toujours à toi,
Ma charmante inconnue!
ANGÈLE
En dormant
il pense à moi!
Deuxième couplet
Nul sentiment coupable
En ces lieux ne m'anime,
Et pourtant y rester est mal...
Je le sens bien!
Mais ce bouquet...
Je puis le lui laisser sans crime ;
Il dort!... il dort!...
Il dort, il n'en saura rien!
Non, non, non, non, non,
Jamais, il n'en saura rien!
Maudit boléro!
(Elle place son bouquet sur le canapé à
côté d'Horace; en ce moment le
bruit de lorchestre reprend avec une
nouvelle force; elle s'éloigne vivement)
BRIGITTE
Le joli boléro!
ANGÈLE
Il va léveiller.
HORACE
Loin que je m'éveille,
Fermons les yeux!
Ensemble
ANGÈLE
Je crains qu'il ne s'éveille
À ces accords joyeux!
BRIGITTE
On dirait qu'il sommeille
Et n'en rêve que mieux!
ANGÈLE
Non, non, quelle merveille!
Il dort, il dort très bien!
Mon Dieu! fais qu'il sommeille
Et qu'il n'entende rien!
Il dort, quelle merveille!
Il dort, il dort très bien!
Mon Dieu! fais qu'il sommeille
Et qu'il n'entende rien!
Je crains qu'il ne s'éveille
À ces accords joyeux!
Oui, tout me le conseille,
Fuyons loin de ses yeux.
Mais non, quelle merveille!
Il dort, il dort très bien!
Il dort, il dort très bien!
Mon Dieu! fais qu'il sommeille
Et qu'il n'entende rien!
Fais qu'il n'entende rien!
Mon Dieu! Fais qu'il
qu'il n'entende rien!
BRIGITTE
Ah! c'est une merveille,
Et je n'y conçois rien.
Vraiment, quand il sommeille,
Ce monsieur dort très bien!
Ah! c'est une merveille,
Et je n'y conçois rien.
Vraiment, quand il sommeille,
Ce monsieur dort très bien!
Bien loin qu'il ne s'éveille
À ces accords joyeux,
On dirait qu'il sommeille
Et n'en rêve que mieux!
Ah! c'est une merveille,
Et je n'y conçois rien.
Non, je n'y conçois rien.
Ah! c'est une merveille,
Et je n'y conçois rien.
Non, je n'y conçois rien.
Quand il sommeille,
Il dort très bien.
HORACE
Pendant que je sommeille,
D'ici je vois très bien.
Ô suave merveille!
Quel bonheur est le mien!
Pendant que je sommeille,
D'ici je vois très bien.
Ô suave merveille!
Quel bonheur est le mien!
Ah! loin que je m'éveille,
Fermons, fermons les yeux!
L'amour me le conseille,
Dormons pour être heureux.
Pendant que je sommeille,
D'ici je vois très bien.
D'ici je vois très bien.
Pendant que je sommeille,
D'ici je vois très bien.
D'ici je vois très bien.
D'ici, je vois, je vois très bien.
Scène 5
(Brigitte, Angèle, Horace, sur le canapé: Juliano,
sortant de la salle du bal au fond, à droite)
JULIANO
Voici le plus joli boléro que j'aie' jamais dansé
HORACE
(Se levant brusquement et courant à Juliano)
Mon ami, mon cher ami!
(il lui parle bas en lentraînant
au bord du théâtre, à droite)
ANGÈLE
(qui a remis son masque)
Ah! mon Dieu, il est réveillé!
BRIGITTE
(de même)
Nallez-vous pas le plaindre?
Depuis le temps qu'il dort!
Conçoit-on cela?
Venir au bal pour dormir
ANGÈLE.
Tais-toi donc!
HORACE
(bas, à Juliano)
Cest elle, c'est mon inconnue!
JULIANO
(de même)
Tu crois?
HORACE
Oui, mais je voudrais
en être encore plus sûr.
JULIANO
Tu voudrais lui parler?
HORACE
J'en meurs d'envie
mais tant qu'elle sera
avec sa compagne...
JULIANO
Il faudrait l'éloigner
HORACE
Si tu pouvais.
JULIANO
Je vais l'inviter à danser.
HORACE
Ah merci!
N°2 - Contredanse
JULIANO
Beau masque, voulez-vous
m'accepter pour cavalier?
BRIGITTE
(regardant Angèle, qui lui fait signe d'accepter)
Bien volontiers, monsieur.
JULIANO
Mais il n'y a pas de temps
à perdre, vous avez entendu
la ritournelle qui nous invite?
Allez, venez, venez, señora.
BRIGITTE
Au moins il ne dort pas, celui-là.
Scène 6
(Angele, Horace)
HORACE
(arrêtant Angèle qui veut suivre Brigitte)
Ah de grâce, madame,
un instant, un seul instant!
ANGÈLE
(déguisant sa voix)
Que voulez-vous de moi,
seigneur cavalier?
HORACE
Ah! Ne le devinez-vous
pas?... et faut-il vous dire
que je vous ai reconnue?
ANGÈLE
(de même)
Vous pourriez vous tromper!
Ah! Vous ne dormiez pas!
HORACE
Ah! Vous voilà... comme vous
étiez dans mon souvenir.
ANGÈLE
Ce souvenir-là... il faut le bannir.
HORACE
Et pourquoi?
ANGÈLE
Vous allez vous marier...
vous allez épouser la fille
du comte de San-Lucar.
HORACE
Jamais! Jamais!...
Musique contredanse
Passage farandole
(Passage d'une farandole de danseurs)
ANGÈLE
C'est moi qui ai songé
pour vous à ce mariage.
HORACE
Vous, madame?
ANGÈLE
Oui, sans doute... car vous
n'avez rien et pour soutenir
votre nom et votre naissance,
il vous faut une belle fortune.
HORACE
Eh! Madame, songez moins
à ma fortune et plus à mon
bonheur... Je ne me marierai
jamais ou je vous épouserai!
ANGÈLE
Eh! qui vous dit que je puisse
vous appartenir?...
Qui vous dit que je sois libre?
HORACE
Grand Dieu!... mariée!
ANGÈLE
Si cela était?
HORACE
Ah! j'en mourrais de douleur et de désespoir!
ANGÈLE
Horace!
HORACE
Pourquoi alors vous ai-je
revue? Pourquoi venir ainsi?
ANGÈLE
Pour vous faire mes
adieux... oui, Horace,
mes derniers adieux.
HORACE
Mais qui êtes-vous donc?
N°3 Romance
ANGÈLE
Qui je suis?
Une fée, un bon ange
Qui partout suit vos pas,
Dont l'amitié jamais ne change,
Que l'on trahit sans
qu'il se venge,
Et qui n'attend
pas même, hélas!
Un amour qu'on ne lui doit pas.
Vous servant avec zèle
Ici-bas comme aux cieux,
Sans intérêt je suis fidèle,
Et lorsque auprès
d'une autre belle
L'hymen aura comblé
vos vux,
Là-haut, je prierai
pour vous deux!...
Car je suis ton bon ange,
Ton conseil, ton gardien,
Et mon cur, en échange,
De toi n'exige rien, qu'un bonheur,
Qu'un bonheur, un seul,
et c'est le tien!
Scène 7
(Angèle, Horace, Lord Elfort,
sortant de la porte à gauche)
LORD ELFORT
(à part)
Encore cette petite
Horace de Massarena!
ANGÈLE
Cachez moi!
LORD ELFORT
Pourquoi donc ce domino
semble si perturbé?...
Ah! Mon Dieu!
Cette silhouette,
tout à fait le même que
mon femme! Si je n'étais
pas sûr que elle était
malade à la maison je...
HORACE
(bas, à Angèle)
Qu'a-t-il donc à vous
regarder ainsi?
ANGÈLE
(de même)
Je l'ignore.
LORD ELFORT
Mais je veux tout
de même en avoir
le cur propre. Madame!
Tu danses ensemble?
HORACE
(vivement)
J'allais faire cette
demande à madame.
ANGÈLE
Maladroit!
LORD ELFORT
Cétait moi le dabord.
HORACE
La volonté de madame
peut seule donner des
droits. Que madame daigne
seulement m'accepter pour
cavalier et nous verrons.
LORD ELFORT
Yes, nous verrons.
ANGÈLE
Silence!
HORACE
J'obéis, madame.
ANGÈLE
C'est bien!
HORACE
Mais l'autre contredanse?
ANGÈLE
Avec vous.
(Elle s'éloigne avec Milord
par le salon à gauche)
Scène 8
(Horace, puis Juliano)
HORACE
(avec joie)
Ah! Elle a raison!
Qu'allais-je faire?
Du bruit, de léclat.
La compromettre pour
une contredanse quelle
lui accorde par politesse.
et quelle me donne á moi,
quelle me donne delle-même
JULIANO
Eh bien?
HORACE
Elle m'aime, j'en suis sûr.
JULIANO
Elle te l'a dit?
HORACE
Pas précisément!
JULIANO
Mais tu sais qui elle est?
HORACE
Non. Tout ce que je sais, cest
quil ne me reste quune heure
à passer avec elle.
Elle partira à minuit
et je ne la reverrai plus
JULIANO
Comment le sais-tu?
HORACE
Elle l'a dit devant moi
à sa compagne ; toutes deux
se sont donné rendez-vous
ici dans ce salon et quand
minuit sonnera à cette horloge,
je la perds pour toujours.
JULIANO
Allons donc! Nous ne
pouvons pas le permettre.
HORACE
J'en mourrai de chagrin.
JULIANO
Et elle de dépit,
elle veut qu'on la retienne,
c'est évident, elle ne demande
pas mieux, crois moi.
HORACE
Peut-être
Mais comment
faire? Comment la retenir?
Et sa compagne, là, qui
est toujours avec elle...
JULIANO
Il faut les séparer, garder l'une
et renvoyer l'autre. Quoiqu'elle
soit gentille... Mais je vais y
renoncer pour toi mon ami.
HORACE
Mais que fais tu donc?
JULIANO
J'avance pour elle
l'heure de la retraite.
(Il avance les aiguilles de l'horloge)
HORACE
Ah bravo!
Je cours la retrouver
Scène 9
(Horace, Juliano, Brigitte)
BRIGITTE
Mais où est-elle donc passée?
JULIANO
Ah vous voilà, je viens
justement de donner votre
signalement à un domino
noir qui vous cherchait.
BRIGITTE
Qui me cherchait?
JULIANO
Oui, vraiment, elle disait :
« Où donc est-elle? Où donc
est-elle? » « Dans ce salon »
ai-je répondu. Puis regardant
cette horloge, elle s'est écriée...
BRIGITTE
Minuit! Ce n'est pas possible,
tout à l'heure, dans l'autre
salon, il n'était que onze
heures... Mon Dieu! Mon
Dieu! Comme le temps passe
dans celui-ci! Et ce domino,
cette dame, où est-elle?
JULIANO
Partie en courant!
BRIGITTE
Ô ciel! Et sans m'attendre?
Il est vrai que cinq minutes
de plus et
Impossible après
cela de
Mais m'abandonner...
Me laisser seule ainsi!
JULIANO
Ne suis-je pas là?
BRIGITTE
Eh! non, monsieur, laissez-moi!
JULIANO
Je serais si heureux de vous servir...
de vous défendre!
BRIGITTE
Vous voyez bien que je nai pas le temps de
vous écouter... Laissez-moi partir, je le veux!
JULIANO
Vous êtes fâchée?
BRIGITTE
Je le devrais... mais est-ce qu'on a le temps
quand on est pressée?...
JULIANO
Señora...
(Son masque se détache à moitié)
Ah! quelle est jolie!
BRIGITTE
Vous ne le saviez donc pas?...
Quelle trahison!... vous
qui tout à lheure...
Ah! minuit va sonner...
je pars.
(Elle sort en courant)
JULIANO
C'est qu'elle est vraiment
charmante et je commence
à regretter mon dévouement.
(Il remet l'horloge à l'heure)
Ma foi, nous préparons de louvrage à
lhorloger de la cour,
(se retournant)
C'est vous, milordl
quelles nouvelles?
Scène 10
(Lord Elfort, Juliano, Horace.)
(Lord Elfort, prenant Juliano à part, pendant
qu'Horace remonte le théâtre, regarde dans
le salon a gauche, et disparait)
LORD ELFORT
(à Juliano)
Mon ami, my friend,
mon seul ami! Je suis colère,
je suis toute tremblante!
Mon femme est ici!
JULIANO
Pas possible!
LORD ELFORT
Je l'avais trouvée ici,
causant en tête-à-tête
avec Horace de Massarena.
JULIANO
Horace? Vous vous êtes abusé.
LORD ELFORT
Mais non, elle était toute mal
avec son aise. Alors pour
tenter de la démasquer,
je lai invitée to dance with me.
JULIANO
Et alors?
LORD ELFORT
Attendez donc!... Je parlais
à elle, qui répondait
jamais, pas un mot, not
a word! Comme si mon
conversation lennuyait!
JULIANO
Oui.. bon ça, ce nest
pas une preuve...
LORD ELFORT
Attendez donc! Vous
connaissez le taille élégant
de mon femme? Eh bien!
Mon ami, ce était le pareil
même, tout à fait.
JULIANO
En vérité?
LORD ELFORT
Et je avais encore des preuves
bien plus... bien plus... scary!
Vous savez que mon femme
a du sang espagnol, du sang
des Olivarès, et comme
toutes les dames de Madrid,
elle portait souvent des
ah
euh
handkerchief
ah fuck
comment on ditle français?...
Mouchoirs!
Où étaient brodées les
armes de sa famille...
JULIANO
Eh bien?...
LORD ELFORT
Eh bien? L'inconnue,
le masque, le domino, il avait
brodé sur le coin du mouchoir
à elle... les armes d'Olivarès.
JULIANO
Ô ciel!...
LORD ELFORT
Je avais vu, vu de mes yeux,
que j'étais furieux... je voulais
d'arracher son masque...
la mascarade... Mais je pas pu,
elle quitter mon bras
et desappear au milieu des
autres dominos noirs.
JULIANO
Mais pourquoi?
LORD ELFORT
Pourquoi? Pourquoi? Mais
vous ne voyez donc rien vous?
Ce était pour retrouver cette
petite Horace de Massarena.
JULIANO
Allons, calmez-vous. Il faut
voir... il faut être bien sûr...
LORD ELFORT
Ce était mon idée, et je veux
à l'instant même retourner
chez moi, à mon hôtel,
pour bien me assurer
que milady n'y est pas.
JULIANO
Ô ciel, que faire?... Je vous
accompagne. Demandez
nos manteaux, moi
je fais appeler mon
cocher. Ah, Horace!
Scène 11
(Horace, Juliano)
JULIANO
Arrive donc, malheureux
Écoute mon ami,
ta fée invisible, ta beauté
mystérieuse n'est autre
que la femme de Lord Elfort!
HORACE
Non!
JULIANO
Si! Son mari est furieux
et compte la surprendre.
Va chercher milady,
reconduis-la chez elle
sur-le-champ. Moi, pendant
ce temps, j'emmène Elfort dans
ma voiture. Mon cocher, à qui
je vais donner des ordres,
nous égarera, nous versera,
s'il le faut, je vais peut-être
finir avec un bras cassé
mais en amitié, on ne compte pas.
Adieu.
Scène 12
(Horace, sol)
HORACE
Je la maudis, je la déteste.
Mais, comme dit Juliano,
il faut avant tout la sauver.
Scène 13
(Angèle, Horace)
HORACE
(à demi voix)
Fuyez, madame, fuyez...
tout est découvert.
ANGÈLE
(effrayée)
Ô ciel!
HORACE
Partez à l'instant, ou vous êtes perdue.
ANGÈLE
(de mène)
Qui vous l'a dit?
HORACE
Le Comte Juliano m'a appris
que votre mari savait tout...
ANGÈLE
Mon mari?
HORACE
(avec une colère concentrée)
Oui, Lord Elfort qui
en ce moment même
retourne à votre hôtel.
ANGÈLE
Lord Elfort, mon mari! Ah!
C'est original
et surtout très amusant.
HORACE
Vous riez! Vous osez rire!
ANGÈLE
Monsieur, je vous atteste
que je ne suis pas mariée!
HORACE
Est-il possible?
ANGÈLE
Et que je ne l'ai jamais été.
HORACE
Vous voulez m'abuser encore.
ANGÈLE
Non, monsieur et la preuve,
c'est que malgré les dangers
dont vous me supposez
menacée, je reste!
HORACE
Il est une autre preuve,
Señora, qui ne me
laisserait aucun doute.
ANGÈLE
Et laquelle?
HORACE
Ce serait d'accepter ma main.
ANGÈLE
Écoutez, Horace, ne vous
fâchez pas, je le voudrais,
que je ne le pourrais pas...
HORACE
Et comment cela?
N° 4 : Duo
HORACE
Parlez, parlez!
Quel destin est le nôtre?
Qui nous sépare?
Est-ce le rang ou la naissance?
ANGÈLE
Eh! non vraiment!
Ma naissance égale la vôtre.
HORACE
Alors, c'est la fortune!
Hélas! Je le vois, vous n'en
avez pas. Ni moi non plus.
Tant mieux, Tant mieux!
L'amour tient lieu de cela.
ANGÈLE
Eh! non, monsieur!
Je suis riche et beaucoup!
HORACE
Quoi! la naissance...
ANGÈLE
Eh! vraiment, oui.
HORACE
Et la richesse...
ANGÈLE
Eh! vraiment, oui.
Ensemble
HORACE
Chez elle, tout est réuni!
Alors, quel obstacle peut naître?
Prenez pitié de ma douleur,
Prenez pitié de ma douleur.
Faut-il donc mourir
sans connaître
Ce secret qui fait mon malheur,
Qui fait mon malheur?
ANGÈLE
Quel trouble en
mon âme vient de naître!
Ah! j'ai pitié de sa douleur,
Ah! j'ai pitié de sa douleur.
Mais, hélas!
il ne peut connaître
Ce secret qui fait mon malheur,
qui fait mon malheur.
HORACE
De vous, hélas!
que puis-je donc attendre?
ANGÈLE
Mon amitié, qui de loin vous suivra.
HORACE
Et d'un ami, de l'ami
le plus tendre
Rien désormais
ne vous rapprochera?
ANGÈLE
(soupirant)
Eh! mon Dieu
HORACE
Ah! je vous en supplie,
Qu'une fois encore dans ma vie
Je puisse contempler vos traits!
Ah! que cet espoir me console...
Une fois!... une seule!
ANGÈLE
Eh bien! je le promets.
HORACE
Vous le jurez? Vous le jurez?
ANGÈLE
À ma parole, je ne manque jamais.
HORACE
Vous le jurez?
Vous le jurez?
(elle enlève le masque)
ANGÈLE
Jentends la danse
Et par prudence
Cessons, Monsieur, cet entretien.
Le bal commence,
Et de la danse, Le bruit fait quon
nentend plus rien.
Ensemble
ANGÈLE
Cessons, cessons cet entretien.
Monsieur, ces sons cet entretien ;
HORACE
Non, non, la danse
Ne peut, je pense,
Interrompre cet entretien.
Malgré la danse qui recommence
Je vous entends toujours très bien.
ANGÈLE
Profitez du temps,
Dans quelques instants,
Rêves de plaisir
Vont sévanouir.
Ensemble
ANGÈLE
Jentends la danse
Et par prudence
Cessons, Monsieur, cet entretien.
Le bal commence,
Et de la danse, le bruit fait quon
nentend plus rien.
HORACE
Non, non, la danse
Ne peut, je pense, Interrompre cet entretien.
Malgré la danse qui recommence
Je vous entends toujours très bien.
HORACE
Ainsi, de vous revoir,
Vous me laissez lespoir?
ANGÈLE
Une fois, je vous lai dit.
HORACE
Et comment le saurai-je?
ANGÈLE
Le bon ange qui vous protège
Vous l'apprendra,
Mais d'ici-là, du secret...
HORACE
Ah! jamais, je ne parle à personne...
ANGÈLE
Des faveurs qu'on vous donne?
HORACE
Oui, quand on m'en donne.
Mais jusques à présent,
Et vous-même en effet
Devez le reconnaître,
Je ne peux pas être discret.
Faites que j'aie au moins
quelque mérite à l'être.
Faites que j'aie au moins
quelque mérite à l'ê
Ensemble
ANGÈLE
Jentends la danse
Et par prudence
Cessons, Monsieur, cet entretien.
Le bal commence,
Et de la danse, le bruit fait quon
nentend plus rien.
HORACE
Non, non, la danse
Ne peut, je pense, interrompre cet entretien.
Malgré la danse qui recommence
Je vous entends toujours très bien.
(On entend sonner minuit)
ANGÈLE
Ô ciel! Quentends-je!
Il me semble qu'il n'est pas
encore l'heure,
Et pourtant c'est minuit
qui dans ce salon retentit.
HORACE
C'est une erreur...
ANGÈLE
Eh! non! non!
HORACE
C'est une erreur...
ANGÈLE,
Encore!... ah! tous ensemble!
Cen est fait de moi!...
Je meurs d'effroi!...
Et ma compagne, hélas!...
Ma compagne fidèle
Où la chercher?
où donc est-elle?
Comment la trouvera présent?
HORACE
(avec embarras)
Elle est
Elle est partie.
ANGÈLE
Ô Ciel! sans m'attendre...et comment?
HORACE
Par une ruse,
Dont je m'accuse...
J'ai su, pour vous garder,
Léloigner en secret!
ANGÈLE
Ah! vous mavez perdue!
HORACE
Ô mon Dieu! quai-je fait?
Ensemble.- Allegro
ANGÈLE
Ô terreur qui m'accable!
Qu'ai-je fait, misérable!
À tous les yeux coupable,
Que vais-je devenir?
Ensemble
HORACE
Ô terreur qui m'accable!
Qu'ai-je fait, misérable!
Cest moi qui suis coupable.
Comment la retenir?
Que résoudre et que faire?
À sa juste colère rien ne peut me soustraire,
Je n'ai plus qu'à mourir!
À sa juste colère
À sa juste colère,
Rien ne peut me soustraire,
Je n'ai plus qu'à mourir!
Je n'ai plus qu'à mourir.
ANGÈLE
Qu'ai-je fait, misérable!
Que vais-je devenir?
Que résoudre et que faire?
Au châtiment sévère
Rien ne peut me soustraire,
Je n'ai plus qu'à mourir.
Au châtiment,
Au châtiment sévère.
Rien ne peut me soustraire,
Je n'ai plus qu'à mourir,
Je n'ai plus qu'à mourir.
HORACE
Qu'à moi du moins votre coeur
Votre coeur se confie,
Si je peux réparer mes torts...
ANGÈLE
Jamais!... jamais!...
HORACE
Ah! je vous en supplie...
Laissez-moi par mon zèle
Expier mes forfaits,
Laissez-moi vous défendre
Ou du moins vous conduire.
ANGÈLE
Non, non, je dois partir seule!...
HORACE
Encore quelques instants!
ANGÈLE
Laissez-moi m'éloigner,
ou devant vous j'expire!
HORACE
Eh bien! je vous suivrai!
ANGÈLE
Non... je vous le défends.
Ah! vous mavez perdue!
HORACE
Ô mon Dieu,
quai-je fait?
ANGÈLE
Ô terreur qui m'accable!
Qu'ai-je fait, misérable!
À tous les yeux : coupable,
Que vais-je devenir?
Ensemble
HORACE
Ô terreur qui m'accable!
Qu'ai-je fait, misérable!
Cest moi qui suis coupable.
Comment la retenir?
À sa juste, à sa juste colère
Rien ne peut me soustraire,
Je n'ai plus qu'à mourir,
Je n'ai plus qu'à mourir.
ANGÈLE
Qu'ai-je fait, misérable!
Que vais-je devenir?
Au châtiment,
Au châtiment sévère.
Rien ne peut me soustraire,
Je n'ai plus qu'à mourir,
Je n'ai plus qu'à mourir.
HORACE
Rien ne peut me soustraire
À sa juste colère
Rien ne peut me soustraire
À sa juste colère
Je nai plus quà mourir,
Je nai plus quà mourir.
Rien ne peut me soustraire
À sa juste colère
Rien ne peut me soustraire
À sa juste colère
Je nai plus quà mourir,
Je nai plus quà mourir.
Je nai plus quà mourir,
quà mourir.
ANGÈLE
Au châtiment sévère,
Rien ne peut me soustraire,
Je n'ai, je nai plus qu'à mourir.
Au châtiment sévère,
Rien ne peut me soustraire,
Je n'ai, je nai plus qu'à mourir.
Je nai plus quà mourir,
quà mourir.
(Elle s'éloigne malgré les efforts
d'Horace pour la retenir. Arrivée
près de la porte, elle lui fait de
la main la défense de la suivre.
Horace sarrête. Elle remet son
masque et s'éloigne)
Scène 14
Allegro
HORACE
(seul)
Vous le voulez...
À cet arrêt terrible,
Je me soumets... j'obéirai...
Non, non, c'est impossible!
Quoi qu'il arrive, hélas!
Je la suivrai!
(il s'élance sur ses pas et disparaît)
Intermezzo (ballet)
ACTE II
(La salle à manger de Juliano. Au milieu, un
brasero
allumé. Au fond, une porte, et dans un pan coupé à
droite du spectateur une croisée donnant sur la rue.
Deux portes à gauche, une à droite. Entre les portes,
des armoires, des buffets; au fond, A gauche, une
table sur la quelle le couvert est mis)
Scène 1
(Jacinthe, seule)
JACINTHE
Une heure du matin,
et Don Juliano, mon maître,
n'est pas encore rentré.
De toute façon, il ne dort
que le jour... Ah! mais cette
idée dinviter à souper ses amis
la nuit de Noël et de me
prévenir au dernier moment,
ça cest la cerise sur le
pompon!... Moi qui pensais
avoir mon réveillon de libre...
Figurez-vous, javais prévu
un petit souper en tête à tête
avec Gil Perez. Gil Perez?
Cest le concierge du couvent
des Annonciades
enfin
en tout cas, cest lui qui
a toutes les clés du couvent.
Mon Dieu il doit déjà être
en route et impossible
de le décommander
à cette heure... Ah! qu'une
gouvernante est à plaindre
chez un garçon, quand il est jeune!
Quand il est vieux, c'est autre chose.
Par exemple, loncle de Juliano,
le seigneur Apuntador,
chez qui je travaillais avant,
quelle différence!
Quelle différence!
N°5 Couplets
Premier couplet
S'il est sur terre un emploi
Selon moi, qui doive plaire,
C'est de servir
Et tenir la maison
D'un vieux garçon...
Oui cest là le paradis.
Là, nos avis
À l'instant sont suivis.
Par nous,
Bercé, dorloté,
Il nous doit la santé.
Notre force est sa faiblesse,
Et lon est dame et maîtresse,
Et lon est dame et maîtresse,
Ou vieille duègne ou tendron,
Qui voulons régner sans cesse,
Pour cent raisons
Choisissons la maison
D'un vieux garçon.
Pour cent raisons
Choisissons la maison
D'un vieux garçon.
Pour cent raisons
Choisissons la maison
D'un vieux garçon,
D'un vieux garçon,
D'un vieux garçon.
Deuxième couplet
Sa gouvernante est son bien,
Son soutien, elle règne
II est pour elle indulgent
Et galant et complaisant.
Elle aura chez monseigneur
Les clefs de tout et même de son cur.
Fidèle de son vivant,
Il l'est par testament,
Où brille, c'est la coutume,
Une tendresse posthume,
Une tendresse posthume.
Ou vieille duègne ou tendron,
Nous voulons
Régner sans cesse,
Pour cent raisons
Choisissons la maison d'un vieux garçon.
Pour cent raisons
Choisissons la maison d'un vieux garçon.
Pour cent raisons
Choisissons la maison
D'un vieux garçon,
D'un vieux garçon,
D'un vieux garçon.
Mais ici, par malheur, nous n'en sommes pas là,
et demain ,quand ma nièce Inésille
sera avec moi dans cette maison,
j'aurai soin de la surveiller ,
parce qu'une jeunesse qui arrive de sa province,
avec des mauvais sujets comme mon maître
et ses amis!...
Mais voyez donc , ce Gil Perez ,
s'il avait au moins l'esprit
de venir avant tout ce monde,
on pourrait s'entendre...
(Allant à la fenêtre du fond qu'elle ouvre)
Je ne vois rien.
Si vraiment... en face de ce balcon...
au milieu de la rue , ons'est arrêté....
Ah! mon Dieu... une grande figure , noire...
qui lève le bras vers moi...
Ah! j'ai peur!
(Elle referme vivement la croisée)
C'est un avertissement du ciel...
J'ai toujours eu idée qu'il m'arriverait malheur
de souper tête -à - tête la nuit de Noël
avec l'économe d'un couvent...
avec tout autre, je ne dispas...
Ah! l'on frappe!...
Dieu soit loué... C'est Gil Perez...
oumon maître...
peu m'importe,
pourvu que je ne reste passeule.
(Elle va ouvrir la porte du fond et pousse
un cri de terreur en voyant apparaître
une figure noire)
Scène 2
(Angèle, en domino et en masque, Jacinthe)
JACINTHE
Ah! voilà enfin Gil Perez!
(hurle peur)
Aaaaah!
ANGÈLE
Aaaaah!
JACINTHE
Ah! Jésus, Marie, Joseph,
protégez-moi!...
Vade retro Satanas!
ANGÈLE
(ótant son masque)
Rassurez-vous, Señora,
je ne suis quune pauvre femme
qui a plus peur que vous.
JACINTHE
Et d'où sortez-voussil vous plaît?
ANGÈLE
Comme vous le voyez,
je sors dun bal masqué.
Mais par un événement trop
long à vous expliquer,
je me suis retrouvé seule
dans la rue et ne puis
rentrer chez moi. Jai peur
et jai froid, Señora, mon
sort est entre vos mains.
JACINTHE
Eh bien, cest du propre...
Mais enfin, moi, je ne demande
pas mieux que de rendre
service... si bien sûr ça ne
m'expose pas et surtout
que ça ne me coûte rien.
ANGÈLE
Tenez, prenez cette bourse.
JACINTHE
Mais enfin, pour qui me prenez-vous?
ANGÈLE
Il y a vingt pistoles, c'est de l'or.
JACINTHE
Bon... Cest bien parce que
cest Noël... Quest-ce que
je peux faire pour vous?
ANGÈLE
Donnez-moi lasile, pour
quelques heures, jusqu'au jour.
JACINTHE
Permettez, recevoir ainsi
une personne inconnue...
ANGÈLE
Mais que pourrais-je dire
ou faire pour vous persuader?
JACINTHE
...
ANGÈLE
Ah! Cette bague en diamants,
acceptez-la, je vous prie
JACINTHE
Voilà des façons d'agir
qui révèlent sur-le-champ
une personne comme
il faut. Aussi je ne doute
pas que mon maître...
ANGÈLE
Vous avez un maître?
JACINTHE
Oui, un jeune homme de vingt-cinq ans,
figurez-vous et
ANGÈLE
Ah! Mon Dieu! Il ne faut pas
qu'il me voie, cachez-moi chez
vous, dans votre chambre!
JACINTHE
(montrant la porte à droite)
Elle est là.
ANGÈLE
Que personne ne puisse y pénétrer!
JACINTHE
Ca va être difficile mon
ptit, mon maître va rentrer
souper avec une demi douzaine
de ses amis...
ANGÈLE
Mais ce domino, ce costume
va m'exposer à la curiosité
et aux questions de ton maître!
JACINTHE
N'est-ce que cela? Il m'est bien
facile de vous y soustraire.
J'ai ma nièce Inésille,
une Aragonaise, qui vient
du pays pour être servante
à Madrid. J'ai déjà reçu
sa malle et ses effets,
ils sont là dans ma chambre
et si ça peut vous convenir...
ANGÈLE
Oh! Tout ce que tu voudras.
On vient, du silence,
entends-tu?Et ma reconnaissance...
JACINTHE
Je suis muette, entrez vite,
et que Notre-Dame
de Lorette vous protège!
(Angèle entré dans la chambre ft droite)
Scène 3
(Jacinthe, Gil Perez)
JACINTHE
Ah! Gil Perez! C'est bien heureux!
GIL PEREZ
Oui, ma céleste amie,
ma divine Jacinthe! J'arrive
un peu tard mais j'ai voulu
être bien sûr que tout le
monde dormait au couvent.
Et tout le monde dort!
JACINTHE
(le poussant vers la sortie)
Tant mieux! On ne vous
entendra pas rentrer car
il faut y retourner à l'instant.
GIL PEREZ
Et pourquoi cela?
JACINTHE
Parce que figurez-vous
que le comte Juliano,
mon maître, va arriver
d'un instant à l'autre
avec ses amis pour souper.
GIL PEREZ
Quel désagrément,
je n'ai pas du tout envie
de m'en retourner.
JACINTHE
Y pensez-vous?
Me compromettre!
GIL PEREZ
Bon, ben, adieu.
Allez ma douce Jacinthe,
laissez-moi entrer...
JACINTHE
Et comment justifier votre
présence à une pareille heure?
GIL PEREZ
Vous direz au seigneur Juliano
que vous m'avez prié de venir
vous aider pour le souper.
JACINTHE
Vous savez cuisiner?
GIL PEREZ
Avant d'être concierge,
j'ai été cuisinier.
JACINTHE
Quel talent!
GIL PEREZ
Vous navez encore
rien vu, Dame Jacinthe
JACINTHE
Bon, cest entendu...
GIL PEREZ
À la bonne heure...
Je descends à la cuisine
m'installer aux fourneaux.
Dès que ces messieurs auront
soupé, je porterai dans votre
chambre les meilleurs plats
que j'aurai mis de côté.
JACINTHE
Ah! Monsieur Gil Perez,
une telle hardiesse!...
GIL PEREZ
Je cours, je vole à la cuisine.
JACINTHE
Oui, et prenez ce panier de légumes!
Scène 4
N°7 Morceau Densemble
LES SEIGNEURSET JULIANO
Réveillons! réveillons
l'amour et les belles!
Réveillons les maris
prompts à s'endormir!
Réveillons tout jusqu'au désir!
Réveillons l'amour et les belles!
Réveillons les maris prompts
à s'endormir!
Réveillons les amants fidèles!
Réveillons, réveillons
tout jusqu'au désir!
La nuit est l'instant du plaisir,
La nuit est l'instant du plaisir!
Vivent la nuit et le plaisir!
Vivent la nuit et le plaisir,
Vivent la nuit et le plaisir!
JULIANO
Qu'en son lit
la raison sommeille,
Verre en main, à table je veille
Et me console des amours!
Les belles nuits font
les beaux jours,
Les belles nuits font
les beaux jours!
SEIGNEURS. JULIANO
Réveillons! réveillons
l'amour et les belles!
Réveillons les maris
prompts à s'endormir!
Réveillons tout jusqu'au désir!
Réveillons l'amour et les belles!
(Réveillons les maris
prompts à s'endormir!)
Réveillons les amants fidèles!
(Réveillons, réveillons
tout jusqu'au désir!)
La nuit est l'instant du plaisir,
La nuit est l'instant du plaisir!
Vivent la nuit et le plaisir!
Vivent la nuit et le plaisir!
JULIANO ,
(se retournant et appelant)
Jacinthe! Eh bien! où est- elle donc?
(Il va ouvrir la porte à droite , fait un pas dans
la chambre et sort tout étonné en voyant
Angèle qui entre poussée par Jacinthe)
Scène 5
(Les précédents, Jacinthe, Angèle,
sortant de la porte à droite)
Andantino
JULIANO
Que vois-je?
Quel minois charmant!
LES SEIGNEURS
Quelle est donc cette belle enfant?
JACINTHE
C'est ma nièce!
Oui, je suis sa tante :
Vous savez que nous l'attendions!
LES SEIGNEURSET JULIANO
C'est une admirable servante
C'est une admirable servante
Pour un ménage de garçons!
Pour un ménage de garçons!
INÉSILLE (ANGÈLE)
Ah! Ah! Messeigneurs,
C'est trop d'honneur!
Ah! j'ai bien peur!
Ah! j'ai bien peur!
JACINTHE
Allons, courage!
JULIANO
Son nom?
JACINTHE
Courage!
JULIANO
Et son nom?
JACINTHE
Inésille!
SEIGNEURS, JULIANO
La belle fille!
Qu'elle est gentille!
Et qu'Inésille
Offre d'attraits!
Quoi quignorante,
Elle m'enchante,
Et pour servante
Je la prendrais,
Et pour servante
Je la prendrais!
Oui, pour servante
Je la prendrais,
Oui, pour servante
Je la prendrais!
Andantino
JULIANO
D'où venez-vous, ma chère?
INÉSILLE (ANGÈLE)
J'arrivons du pays!
JULIANO
Et que savez-vous faire?
INÉSILLE (ANGÈLE)
J'nons jamais rien appris!
JULIANO
D'une âme généreuse
Nous vous formerons tous!
INÉSILLE (ANGÈLE)
(regardant Jacinthe)
Ah! je fus bien heureuse
D'pouvoir entrer chez vous!
Dans cette maison
que j'honore
Faisant la révérence.
Être admise est un
grand plaisir...
Ensemble
INÉSILLE (ANGÈLE)
(À part)
Mais j'en aurai bien plus encore
Sitôt que j'en pourrai sortir!
JACINTHE, JULIANO
Pour servante, on la prendrait!
LES SEIGNEURS
Que de grâce que dattraits!
JULIANO
Vous êtes douce et sage?
INÉSILLE (ANGÈLE)
Chacun vous le dira!
JULIANO
(lui prenant la main)
Vous nêtes point sauvage?
INÉSILLE (ANGÈLE)
Sauvage, quest qucest quça?
JULIANO
En fidèle servante, Ici, vous resterez.
INÉSILLE (ANGÈLE)
Si je vous mécontente,
Dam! vous me renverrez!...
Car, car dans c'te maison
que j'honore,
Être admise
est un grand plaisir!...
Ensemble
INÉSILLE (ANGÈLE)
(A part)
Mais j'en aurai bien plus encore
Sitôt que j'en pourrai sortir!
JACINTHE ET JULIANO
Pour servante, on la prendrait!
LES SEIGNEURS
Que de grâce que dattraits!
JACINTHE
Allons, c'est trop jaser...
oui... finissons, de grâce!
Il faut qu'ici le service se fasse!
JULIANO
C'est juste!
Apporte-nous Xérès et Malaga!
JACINTHE
Allons, descendons à la cave!
JULIANO
À la cave!...
JULIANO
Je vois qu'elle n'est pas trop brave!
LES SEIGNEURS
Chacun de nous l'escortera!
JACINTHE
Non, non, messieurs,
Je suis plus brave,
Sa tante l'accompagnera!
Allons, venez chercher
Xérès et Malaga!
LES SEIGNEURSET JULIANO
La belle fille!
Qu'elle est gentille!
Et qu'Inésille
Offre d'attraits!
Et qu'Inésille
Offre d'attraits!
Ensemble
SEIGNEURS, JULIANO
Quoi quignorante,
Elle m'enchante,
Et pour servante
Je la prendrais!
INÉSILLE (ANGÈLE)
Inésille, la pauvre fille!
Inésille, les séduirait!
Quoi quignorante,
Je les enchante
Et pour servante
On me prendrait!
Inésille, la pauvre fille!
Inésille, la pauvre fille
Les séduirait, les séduirait.
Oui, Inésille, la pauvre fille!
Inésille, la pauvre fille
Les séduirait, les séduirait!
Quoi quignorante,
Je les enchante,
Et pour servante
On me prendrait!
JACINTHE
Elle est charmante, et ravissante,
Et pour sa tante on me prendrait!
La belle fille, quelle est gentille,
Quelle est, quelle gentille,
Oui, Inésille, leur conviendrait.
La belle fille,
Quelle est, quelle gentille,
Oui, Inésille, leur conviendrait.
Elle est charmante
Et ravissante, et pour sa tante,
On me prendrait!
Scène 6
JULIANO
Elle est vraiment très bien,
la petite Aragonaise
TOUS
Ah!
(Horace entre)
JULIANO
Ah te voilà mon cher ami!
Messieurs, en attendant
le souper allez fumer quelques
cigares dans le salon!
allez zou, zou!... Eh bien alors!
Tout a été à merveille!
Figure toi que cet hurluberlu
de Lord Elfort,
Cet hurluberlu de Lord Elfort,
voyant que mon cocher se
perdait et prenait
le plus long, sest emparé
JACINTHE
...
JULIANO
Allez zou, zou!... sest emparé
violemment des rênes et en
un instant nous a conduits
à son hôtel! Je tremblais
en montant l'escalier.
HORACE
Tu étais dans l'erreur.
JULIANO
Je lai bien vu et jignore
comment vous avez
fait, toi et Milady pour
rentrer avant nous!
HORACE
Ce n'était pas elle, et la preuve,
c'est que je suis resté une
demi-heure de plus avec mon
inconnue. Elle sest enfuie
au moment où minuit sonnait,
jai voulu la retenir lorsque
dans ses efforts
pour m'échapper,
s'est détaché ce bracelet,
(montrant le bracelet :)
JULIANO
Le fait est que je ne l'ai
jamais vu à milady mais
à sa richesse, il doit appartenir
à quelque grande dame.
Ah, nous avons ici le jeune
Melchior qui sy connaît endiamants.
Mon cher Melchior,
Horace voudrait vous parler!
HORACE
Connaîtriez-vous par hasard ce joyau?
MELCHIOR
Certainement! On l'a vendu
dernièrement devant moi.
HORACE
À qui donc?
MELCHIOR
À la reine.
HORACE
Ô ciel! La reine...
TOUS
Ah!
HORACE
Ce n'est pas possible, c'est absurde!
HORACE
Ah!
INÉSILLE/ANGÈLE
(voir Horace)
Ah! C'est lui!
Scène 7
JULIANO
Mais quas tu donc? Aaah!
tu regardes notre jeune
servante! Elle est jolie,
n'est-ce pas?
HORACE
Cest une servante?
JULIANO
Une Aragonaise,
la nièce de Jacinthe.
HORACE
Et tu la connais?
JULIANO
Mais oui! Doù vient
donc ton air étonné?
HORACE
C'est que
dis-moi, toi qui vois
souvent la reine, ne trouves-tu
pas que cette petite servante
lui ressemble beaucoup?
JULIANO
Pas du tout, pas un seul trait.
HORACE
Tu en es bien sûr?
JULIANO
Certainement!
Pourquoi cette question?
HORACE
C'est que... Allons, je deviens
fou, je perds la tête!
JACINTHE
(off)
À table!
JULIANO
Ah! à table messieurs, à table!
TOUS
Aaah!
JULIANO
Et à boire avant tout!
TOUS
À boire!
JULIANO
Je bois à la santé de mon
ami Horace et à ses succès.
TOUS
À Horace!!!
JULIANO
Cela ne lui fera pas de mal.
Le pauvre est le héros du
roman le plus malheureux.
Il est épris dune belle
inconnue, dune nymphe fugitive, dune
INÉSILLE/ANGÈLE
(Elle laisse tomber une assiette)
Ah! mon Dieu!
JULIANO
À merveille! LAragonaise
arrange bien mon mobilier.
TOUS
Oh!
JACINTHE
(allant à elle)
La maladroite!
JULIANO
Ne vas-tu pas la gronder?
JACINTHE
Elle le mériterait.
INÉSILLE/ANGÈLE
Vous fâchez point, ma tante,
je la paierons sur mes gages.
JULIANO
Je suis bon prince
et lui demande pour
toute indemnité, une
chanson du pays.
LES SEIGNEURS
Une chanson! Une chanson!
JACINTHE
En savez-vous?
INÉSILLE/ANGÈLE
Je crois que oui... à peu près.
TOUS
Une chanson! Une chanson!
JULIANO
Quici son talent brille!
JACINTHE
Du courage!
N°8 Ronde Aragonaise
Allegro non troppo - Couplet
INÉSILLE/ANGÈLE
La belle Inès
Fait florès ;
Elle a des attraits,
Des vertus ;
Et bien plus,
Elle a des écus!
Tous les garçons,
Bruns ou blonds,
Lui font les yeux doux
Qui de nous
Voulez-vous
Prendre pour époux?
Est-ce un riche fermier?
Est-ce un galant muletier,
Ou bien un alguazil?
Celui-là vous convient-il?
Tra la, tra la.
Non, mon cur incivil,
Tra la, tra la,
Refuse l'alguazil,
Tra la, tra la.
L'alcade vous plaît-il?
Tra la, tra la,
Fût-ce un corrégidor,
Je le refuse encore.
Qui voulez-vous,
Belle aux yeux doux?
Répondez, nous vous aimons tous.
Pour époux, dites-nous,
Lequel prendrez-vous?
L'amoureux que je veux,
C'est celui, cest celui
Qui danse le mieux.
L'amoureux que je veux,
C'est celui, cest celui
Qui danse le mieux,
Cest celui qui danse le mieux.
L'amoureux que je veux,
L'amoureux que je veux,
Cest celui qui danse le mieux
L'amoureux que je veux,
L'amoureux que je veux,
Cest celui qui danse le mieux
Ensemble
SEIGNEURS, JULIANO
Que de grâce!
que de candeur!
C'est un morceau de grand seigneur,
Et déjà, déjà mon cur amoureux
S'enflamme au feu
de ses beaux yeux!
HORACE
C'est bien son regardent chanteur!
Mais ce costume,
est-ce une erreur,
Et que dois-je, dois-je croire
en ces lieux,
Ou de mon cur, de mon
cur ou de mes yeux?
JACINTHE
Ah! quel son de voix
enchanteur!
Ma nièce me fait de l'honneur!
Et déjà, déjà leur cur amoureux
S'enflamme au feu de
ses beaux yeux!
Deuxième couplet
INÉSILLE/ANGÈLE
Dès ce moment,
Chaque amant
Se met promptement
À danser,
Balancer,
Passer,
Repasser,
Et, castagnettes en avant,
Chaque prétendant
S'exerçait
Et donnait le signal
Du bal.
Le muletier Pedro
Possédait le boléro,
Et l'alcade déjà
Brillait dans la cachucha,
Tra la, tra la.
Messieurs, ce n'est pas ça,
Tra la, tra la.
Et, pendant ce temps-là,
Tra la, tra la,
Le jeune et beau José,
Tra la, tra la,
De loin la regardait,
Et de travers dansait,
Car il l'aimait....
Belle aux yeux doux,
Ce beau bal nous réunit tous ;
Qui de nous voulez-vous
Prendre pour époux?
Le danseur que je veux,
C'est celui, c'est celui
qui m'aime le mieux.
Oui, José, je te veux,
Car c'est toi, car cest toi
qui m'aimes le mieux.
car cest toi qui m'aimes
le mieux,
car cest toi qui m'aimes
le mieux,
Oui, José, je te veux,
Oui, José, je te veux,
Car cest toi qui m'aimes
le mieux,
Oui, José, je te veux,
Oui, José, je te veux,
Car cest toi qui
m'aimes le mieux.
Ensemble
SEIGNEURS, JULIANO
Que de grâce!
que de candeur!
C'est un morceau de grand seigneur,
Et déjà, déjà mon cur amoureux
S'enflamme au feu de
ses beaux yeux!
HORACE
C'est bien son regardent chanteur!
Mais ce costume,
est-ce une erreur,
Et que dois-je, dois-je
croire en ces lieux,
Ou de mon cur, de mon
cur ou de mes yeux?
JACINTHE
Ah! quel son de voix
enchanteur!
Ma nièce me fait de l'honneur!
Et déjà, déjà leur cur
amoureux
S'enflamme au feu de
ses beaux yeux!
JULIANO
Allons, Jacinthe, le punch
et le café dans le salon!
JACINTHE
Tout de suite, tout de suite.
(Jacinthe sort un instant. Ils se lèvent
tous, et les domestiques des jeanes
seigneurs en lévent la table, qu'ils
portent au fond du théâtre)
JULIANO, CHOEUR
Je n'y tiens plus!
INÉSILLE/ANGÈLE
Ah! finissez, de grâce!
TOUS
Non, non vraiment!
INÉSILLE/ANGÈLE
Ah! finissez
LES SEIGNEURS
Non, non vraiment
INÉSILLE/ANGÈLE
Ah! finissez
Ensemble
SEIGNEURS, JULIANO
(voyant sontir Jacinthe,
et entourant Angèle)
Non, non vraiment,
Mon cur amoureux
Senflamme au feu
de tes beaux yeux!
INÉSILLE/ANGÈLE
(se défendant)
Ah! je frémis de leur audace,
Ah! je frémis de leur audace!
HORACE
Comment!
serait-ce elle...
Ensemble
HORACE
(seul, è gauche du théâtre et regardant
Inésille)
En ces lieux?
Non, ce nest pas,
Cest impossible!
Ce nest pas elle,
Non, non, cest impossible!
INÉSILLE/ANGÈLE
Ah! laissez-moi,
Ah! laissez-moi!
Laissez-moi!
Ah! laissez-moi!
Ah! laissez-moi!
Quelle audace!
Ah! mon Dieu!
SEIGNEURS, JULIANO
Non, vraiment,
Non, vraiment,
Allons, ne sois pas inflexible!
De l'un de nous,
daigne accepter la foi!
SEIGNEURS, JULIANO
Rien quun baiser, un seul!
Rien quun baiser, un seul!
INÉSILLE/ANGÈLE
Non, non, non, laissez-moi!
JULIANO
Rien quun baiser,
INÉSILLE/ANGÈLE
Non
LES SEIGNEURS
Rien quun baiser,
INÉSILLE/ANGÈLE
Non
JULIANO
Un seul!
LES SEIGNEURS
Un seul!
INÉSILLE/ANGÈLE
Non,
Ah! défendez-moi!
HORACE
(à part, avec joie)
Cest elle!
JACINTHE
(sort en ce moment de la première
porte â gauche, qui est celle du salon,
et dit d'un air sévère)
Eh bien, que vois-je?
SEIGNEURS, JULIANO
C'est sa tante!
De la duègne craignons
la colère imposante.
JACINTHE
Dans le salon le punch
est là qui vous attend.
JULIANO
Et les tables de jeu?
JACINTHE
Tout est prêt.
JULIANO
C'est charmant!
(Faisant signe aux convives
de passer dans le salon)
Messieurs... messieurs, le
punch est là qui vous attend.
Ensemble
JULIANO
De cet argus,
fuyons, fuyons les yeux ;
Plus tard, plus tard,
nous serons plus heureux!
De cet argus,
fuyons, fuyons les yeux ;
Plus tard, plus tard,
nous serons plus heureux!
De cet argus,
fuyons les yeux,
De cet argus,
fuyons les yeux,
fuyons les yeux,
Plus tard, plus tard,
nous serons plus heureux!
HORACE
Oui, oui, c'est elle! que dans
ces lieux
L'amour offre encore
Offre encore à mes yeux!
Oui, oui, c'est elle! que dans
ces lieux
L'amour offre encore
Offre encore à mes yeux!
Oui, c'est elle
Que lamour offre encore à
mes yeux!(bis)
LES SEIGNEURS
Pour toucher son cur
Plus tard nous serons plus heureux.
Pour toucher son cur
Pour toucher son cur
Plus tard nous serons
Serons plus heureux. Plus heureux!
De cet argus, fuyons les yeux
De cet argus, fuyons les yeux,
Fuyons les yeux,
Oui, plus tard,
Nous serons plus heureux,
Oui, plus tard nous serons,
Nous serons plus heureux!
JACINTHE
Non, ne craignez rien
Tant que vous serez sous mes yeux!
Non, ne craignez rien
Tant que vous serez sous mes yeux!
Mais voyez-donc, ces grands seigneurs!
Quelle indécence, quelles murs!
Quelle indécence, quelles murs!
INÉSILLE/ANGÈLE
Mon Dieu, je te rends grâce,
Mon Dieu, je te rends grâce!
JACINTHE
Bon, les voilà partis, soyez sans crainte...
je descends à la cuisine.
(Elle sort par la seconde porte à gauche.
Au moment oh elle s'éloigna, Horace,
qui était entré le dernier dans le salon,
revient sur ses pas près d'Inésille,
qui est seule et range le couvert)
Scène 8
(Horace, Inesilla)
HORACE
(s'approchant d'elle timidement)
Madame...
INÉSILLE/ANGÈLE
Msieur désire?
Un chti coup de gnôle?
(Elle lui offre un verre)
HORACE
(étonné)
Non, non, ce n'est pas possible!
INÉSILLE/ANGÈLE
(avec un accent provincial)
Alors un ptit quelque chose à
grignoter? En tout cas, point
dhésitation, sifflez et me vlà.
HORACE
Quoi, vraiment! Vous seriez?...
INÉSILLE/ANGÈLE
Inésille l'Aragonaise, la
nièce à dame Jacinthe.
HORACE
Eh bien! Si vous n'êtes pas elle,
c'est une ressemblance si grande,
que j'éprouve auprès de vous ce que
j'éprouvais auprès d'elle!
(Il la prend dans ses bras)
INÉSILLE/ANGÈLE
(Pour elle)
Oh là tout doux!...
HORACE
Si, c'est vous, c'est vous,
madame, j'en suis sûr! Vous
(on frappe à la porte)
Qui vient encore à une pareille heure?
LORD ELFORT
Open the door, c'est une
ami, c'est lord Elfort!
INÉSILLE/ANGÈLE
Ô ciel! Lord Elfort!
HORACE
D'où vient ce trouble?
INÉSILLE/ANGÈLE
N'ouvrez pas! N'ouvrez pas!
HORACE
C'est donc vous, madame, c'est bien vous!
LORD ELFORT
Open this fucking door!
INÉSILLE/ANGÈLE
S'il me voit,, je suis perdue!
HORACE
Il ne vous verra pas, je vous
le jure mais vous aurez confiance en moi?
INÉSILLE/ANGÈLE
Oui, monsieur...
LORD ELFORT
You Dick heads, bastards!
HORACE
Je saurai qui vous êtes?...
INÉSILLE/ANGÈLE
Oui, monsieur...
HORACE
Eh bien! Là, entrez dans cette chambre,
mais vous n'oublierez pas vos promesses.
INÉSILLE/ANGÈLE
Oh! Non, monsieur!
HORACE
Attendez-moi! Dès que milord
sera entré dans le salon,
je viens vous prendre et, enveloppée
dans mon manteau,
vous sortirez sans danger.
INÉSILLE/ANGÈLE
On vient!
(Lord Elfort continue à frapper
plus fort à la porte du fond)
Scène 9
(Juliano, sortant du salon â
gauche, Horace, puis Lord Elfort)
JULIANO
Eh bien! Quel tapage!
Jacinthe! Inésille! Où sont
donc toutes ces femmes?
HORACE
Je ne sais... Inésille était là tout
à l'heure... Elle est descendue.
JULIANO
À la cuisine sans doute
Qui diable nous arrive à cette heure?
(il va ouvrir la porte du fond. Pendant ce
temps Horace s'approche de la porte à
droite, qu'il ferme à double tour, puis il
retire la clef et la met dans sa poche)
HORACE
La voilà en sûreté!
JULIANO
(quî pendant ce temps a
été ouvrir à lord Etfort)
C'est vous, milord, vous êtes bien en retard!
LORD ELFORT
Yes, yes sorry.
(apercevant Horace)
Oh no! Encore cette petite Horace!
JULIANO
Vous ne devriez plus luien vouloir maintenant.
LORD ELFORT
Yes, yes but vous savez
cette nuit est toujours
pour moi malheureuse et
fâcheuse beaucoup,
JULIANO
Comment cela?
LORD ELFORT
En quittant mon femme
je voulais, avant le souper
avec vous, porter le cadeau
de Noël à la petite Estrella,
vous connaissez?
JULIANO
Un premier sujet del'Opéra de Madrid?
LORD ELFORT
Yes she is...
JULIANO
Celle qui danse si bien la cachucha?
LORD ELFORT
Ooh yeah...
JULIANO
Et pour laquelle, dit-on, vous faites des folies...
LORD ELFORT
Yes I do
Je aimais beaucoup
la cachucha
Eh bien!
Elle était pas chez elle, elle
était sortie pour toute la
nuit sans prévenir moi...
HORACE
(Pour lui)
Ah! Mon Dieu serait-ce
Estrella mon inconnue?
LORD ELFORT
Et pourquoi, pourquoi
sortir toute la nuit?
JULIANO
Pour aller, pour aller... danser la
cachucha... pour aller au bal...
la nuit de Noël, tout le monde
y va, à commencer par vous.
LORD ELFORT
Jai fait grosse colère...
Je avais tout brisé, tout cassé,
tout cassé, tout ravagé, tout...
JULIANO
Allez oubliez tout cela et venez
au jeu où l'on vous attend...
LORD ELFORT
Yes, je allais jouer.
(il entre dans le salon à gauche)
JULIANO
(se retournant vers Horace)
Ainsi que toi, mon cher
Horace, on demandait ce
que tu étais devenu.
HORACE
J'allais vous rejoindre
JULIANO
Ah mon Dieu, comme
tu es pâle et troublé.
Est-ce qu'il y aurait
une nouvelle apparition?...
Allons, viens.
HORACE
(le retenant par la main)
Un mot seulement!...
JULIANO
Qu'est-ce donc?
HORACE
Cette belle danseuse dont
vous parliez tout à l'heure la
Señora Estrella, tu la connais?
JULIANO
Certainement et... beaucoup!
HORACE
(avec embarras)
Eh bien
Tu ne trouves
pas qu'elle ressemble
un peu à cette petite
servante aragonaise?
JULIANO
Inésille!
HORACE
Oui, il y a quelque chose, non?
JULIANO
Ah ça, à qui diable en
as-tu aujourd'hui avec tes
ressemblances? Il n'y a
pas le moindre rapport!
HORACE
Tu as raison, je perd
la tête, allons jouer!
JULIANO
Mais oui, viens perdre ton
argent, cela vaudra mieux!
(il sort en emportant le dernier flambeau
qui était resté sur la table du souper, la
quelle table a été reportée près de la
porte du salon. A la sortie dHorace et de
Juliano le théâtre se trouve dans lobscurité)
Scène 10
(Gil Përez, sortant de la porte du fond à gauche
et portant on panier de provisions et un
bougeoir qu'il pose sur une petite table près
de la porte à droite)
N°9 Finale
Premier couplet
GIL PEREZ
Nous allons avoir, grâce à Dieu,
Bon souper ainsi que bon feu!
Prudemment,
j'ai mis en réserve
Les meilleurs vins,
les meilleurs plats,
Les meilleurs vins,
les meilleurs plats ;
Pour ses élus, le Ciel conserve
Les morceaux les plus délicats!
Deo gratias! Deo gratias!
Deo gratias!
Deuxième couplet
Nos maîtres ont soupé,
soupé très bien ;
Chacun son tour,
voici, voici le mien!
Et puis de ma future femme
Contemplant les chastes appas,
Contemplant les chastes appas,
Le pieux amour quim'en flamme
Entier sera dans le repas!
Deo gratias! Deo gratias!Deo gratias!
(S'approohant à la porte à droite)
Voici sa chambre!...
Ah! La porte en est close,
comme je l'avais dit!
Mais sur moi prudemment, j'ai l'autre clef...
(La cherchant dans ses poches, et en prenant une)
C'est elle, je suppose
(Tirant de sa poche un trousseau
de clefs qu'il examine)
Car, avec celles du couvent
N'allons, nallons pas la confondre!...
(S'approchant)
Ah quel heureux instant!
Amour! Amour! Amour!
Que ton flambeau m'éclaire!
(Au moment dentrer dans la chambre de
Jacinthe, dont il vient d'ouvrir la porte,
Inésille apparaît devant lui, couverte de
son domino et de son masque noirs)
Scène 11
(Gil Perez, Inésille)
Finale
ANGÈLE
(étendant la main vers lui
et grossissant sa voix)
Téméraire!!! Impie!...
où vas-tu?
GIL PEREZ
(tremblant et laissant
tomber son bougeoir)
Mon Dieu!... mon bon Dieu!qu'ai-je vu?
Noir fantôme!...Que me veux-tu?
Que me veux-tu?
Ensemble
GIL PEREZ
(tombant à genoux).
Tous mes membres frémissent
De surprise et d'effroi,
Et mes genoux fléchissent;
Mon Dieu, protégez-moi!
ANGÈLE
(à part, gaiement)
L'espoir en moi se glisse
En voyant son effroi ;
L'espoir en moi se glisse
En voyant son effroi ;
Il tremble!... ô Dieu propice,
Ici, protégez-moi!
(S'approchant de Gil Perez qui est
à genoux et n'ose lever la tète)
Dieu propice, ici, protégez-moi!
GIL PEREZ
Tous mes membres frémissent
De surprise et d'effroi,
Et mes genoux fléchissent ;
Mon Dieu, protège-moi!
Mon Dieu, mon Dieu, protège-moi!
Mon Dieu, protège-moi!
ANGÈLE
Toi!... Gil Perez!...
GIL PEREZ
(à part)
Il sait mon nom!
ANGÈLE
Portier du couvent!...
GIL PEREZ
C'est moi-même!
ANGÈLE
Intendant, voleur et fripon...
GIL PEREZ
C'est moi!
ANGÈLE
Dépose à l'instant même
Les saintes clefs que tu ne
peux porter,
Ou je lance sur toi
l'éternel anathème!
GIL PEREZ
(lui présentant le trousseau)
Les voici, les voici,
Que Satan n'aille pas m'emporter!
Ensemble
GIL PEREZ
(se relevant peu à peu)
Tous mes membres frémissent, etc.
ANGÈLE
L'espoir en moi se glisse
En voyant son effroi ;
L'espoir en moi se glisse
En voyant son effroi ;
Il tremble!... ô Dieu propice,
Ici, protégez-moi!
Dieu propice, ici, protégez-moi!
GIL PEREZ
Tous mes membres frémissent
De surprise et d'effroi,
Et mes genoux fléchissent ;
Mon Dieu, protège-moi!
Mon Dieu, mon Dieu, protège-moi!
Mon Dieu, protège-moi!
(Inésille lui ordenne sur un premier signe
de se lever, sur un second signe, de se
diriger vers la chambre de Jacinthe, sur
un troisième, de entrer : Perez obéit en
tremblant)
ANGÈLE
(entendant du bruit à gauche)
Ah! Mon Dieu! Qui vien la?
(Elle se précipite vivement derrière la
porte que ouvre en dehors et dont le
battant la cache un instant aux yeux
du spectateur)
Scène 12
(Inésille, cachée derrière la porte à droite;
Jacinthe, sortant de la porte du fond à gauche
Jacinthe, tenant sons le bras un panier de vin
et voyant la porte à droite qui est restée ouverte)
JACINTHE
Et quoi! Perez m'attend déjà!
(Elle entre dans la chambre à droite, et
Inésille qui était derrière la porte, la
referme et retire la clé)
Allegro assai
ANGÈLE
(seule)
L'heure, la nuit, tout m'est propice!
Du courage...ne tremblons pas!
Vierge Sainte, ma protectrice,
Inspire-moi, guide mes pas!
Vierge Sainte, ma protectrice,
Inspire-moi, guide mes pas!
Vierge Sainte, ma protectrice,
Inspire-moi, guide mes pas!
Inspire-moi, guide mes pas!
Inspire-moi, guide mes pas!
Vierge Sainte, guide mes pas!
Vierge Sainte, guide mes pas!
(Elle sort par la porte du fond)
Andantino
(Horace sort doucement de la porte à
gaucho; il marche sur la pointe du pied,
et dans lobscurité se dirige à tâtons vers
la porte à droite: un instant après,
Juliano, Lord Elfort et Tous les Jeunes
Seigneurs sortent aussi de la porte du salon)
HORACE
Amour vient finir mon supplice
Viens finir mon supplice,
Et près delle guider, guider mes pas!
Lheure, la nuit,
tout mest propice,
Je vais la voir,
ne tremblons pas,
Je vais la voir,
ne tremblons pas!
Amour viens finir mon supplice
Et près delle guider mes pas!
Scène 13
SEIGNEURS, JULIANO, ELFORT
La bonne affaire! La bonne affaire!
Silence, ami! Silence, ami!
Avec mystère, avec mystère
Il est sorti, il est sorti.
Rendez-vous tendre, rendez-vous tendre
Ici, l'attend, ici lattend.
Il faut surprendre, il faut surprendre,
Le conquérant, le conquérant!
Il faut surprendre, il faut surprendre,
Le conquérant, le conquérant!
Il faut surprendre, il faut surprendre,
Le conquérant, le conquérant!
La bonne affaire! La bonne affaire!
Silence, ami! Silence, ami!
Avec mystère, avec mystère
Il est sorti, il est sorti.
Rendez-vous tendre, rendez-vous tendre
Ici, l'attend, ici lattend.
Il faut surprendre, il faut surprendre,
Le conquérant, le conquérant!
(Horace, avec la clef qu'il a dans sa
poche, a ouvert la porte à droite, est
entré un instant dans la chambre et en
ressort dans l'obscurité, tenant Jacinthe
par la main)
HORACE
Venez, venez, madame!
Venez, n'ayez plus de crainte!
JACINTHE
(á part, et se laissant entraîner)
Qu'est-ce que ça veut dire?
HORACE
À votre chevalier,
À votre défenseur,
il faut vous confier
Et vous faire reconnaître!
(Juliano est entré dans le salon è
gauche, et en ressort, tenant un
flambants à plusieurs branches.
Le théâtre redevient éclairé)
HORACE
Ah! grand Dieu!
SEIGNEURS, JULIANO, L. ELFORT
C'est Jacinthe!
Ensemble
SEIGNEURS, JULIANO, L. ELFORT
La bonne affaire! La bonne affaire!
Vive à jamais, vive à jamais,
Et la douairière, et la douairière
Et ses attraits, et ses attraits!
Qui pourrait croire,
qui pourrait croire
Tel dénouement, tel de nouement?
Honneur et gloire,
honneur et gloire
Au conquérant, au conquérant!
HORACE
L'étrange affaire!
Que vois-je, hélas!
Et quel mystère suit
donc mes pas?
Dans ma mémoire
tout se confond,
Je n'ose croire sa trahison!
JACINTHE
L'étrange affaire!
Qu'ont-ils donc tous?
La chose est claire,
on rit de nous!
Faire à ma gloire pareils affronts!
Je n'ose croire à leurs soupçons!
HORACE
(à part, montrant la chambre è droite)
Elle était là pourtant...
Elle y doit encore être!
Ensemble
SEIGNEURS, JULIANO, ELFORT
La bonne affaire! La bonne affaire!
Vive à jamais, vive à jamais,
Et la douairière, et la douairière
Et ses attraits, et ses attraits!
Qui pourrait croire,
qui pourrait croire
Tel dénouement,
tel dénouement?
Honneur et gloire,
honneur et gloire
Au conquérant,
au conquérant!
JACINTHE
L'étrange affaire!
Qu'ont-ils donc tous?
La chose est claire,
on rit de nous!
Faire à ma gloire pareils affronts!
Je n'ose croire à leurs soupçons!
(Horace y entre et ressert
en tenant Gil Perez par la main)
SEIGNEURS, JULIANO, ELFORT
Un homme!
JACINTHE
(à Juliano)
Gil Perez que vous devez connaître,
Un cuisinier de grand talent,
Qui venait pour m'aider pour le souper!
JULIANO
(souriant)
Vraiment! Ici, dans
ton appartement!
HORACE
(à part)
Ô funeste disgrâce!
JULIANO
Et quel destin fatal
Poursuit ce pauvre Horace!
Même auprès de Jacinthe
Il rencontre un rival.
Ensemble
SEIGNEURS, JULIANO, ELFORT
La bonne affaire! La bonne affaire!
Vive à jamais, vive à jamais,
Et la douairière, et la douairière
Et ses attraits, et ses attraits!
Qui pourrait croire,
qui pourrait croire
Tel dénouement,
tel dénouement?
Honneur et gloire,
honneur et gloire
Au conquérant,
au conquérant!
JACINTHE
L'étrange affaire!
Qu'ont-ils donc tous?
La chose est claire,
on rit de nous!
Faire à ma gloire pareils affronts!
Je n'ose croire à leurs soupçons!
GIL PEREZ
L'étrange affaire!
Je tremble, hélas!
La chose est claire, c'est Satanas!
Figure noire au front cornu.
Je n'ose croire ce que j'ai vu!
HORACE
Partie!... hélas! partie!...
Elle n'est plus ici...
Et cette fois encore
Loin de nous elle a fui!
JULIANO
Eh! qui donc?
HORACE
Faut-il vous le dire?
L'esprit follet, le sylphe...
Ou plutôt le démon!
Qui me trompe, m'abuse
Et rit de mon martyre.
JULIANO
Ton inconnue...
HORACE
Eh! oui! je l'ai vue...
JULIANO
Allons donc!
HORACE
Ici même... à l'instant...
C'est cette jeune fille qui nous servait à souper.
JULIANO
Inésille! La nièce de Jacinthe...
Entends-tu?
JACINTHE
J'entends bien.
JULIANO
Et que dis-tu?
JACINTHE
Je dis que le seigneur Horace
Pourrait avoir raison!
HORACE
Parle! Achève, de grâce!
Quelle est-elle?
JACINTHE
Je n'en sais rien.
JULIANO
Elle n'est pas ta nièce?
JACINTHE
Mon Dieu, non!
JULIANO
Et ne vient pas du pays?
JACINTHE
Mon Dieu, non!
JULIANO
Tu ne l'as pas vue avant?
JACINTHE
Mon Dieu, non!
Non, cent fois, non!
Je ne connais ni son rang ni son nom!
HORACE
Tu le vois bien, mon cher, c'est un démon!
JULIANO
Un démon!
LORD ELFORT
Un démon!
GIL PEREZ
Un démon!
Ensemble
SEIGNEURS, JULIANO, ELFORT
(gaiement)
Grand Dieu! quelle aventure!
Grand Dieu! quelle aventure!
C'est charmant, je le jure!
C'est charmant, je le jure!
Quoi! sous cette figure
Se cachait un démon!
Mais, lutine ou sylphide,
mais, lutine ou sylphide,
Que le dépit nous guide,
que le dépit nous guide,
Pour trouver la perfide,
Parcourons la maison!
Réveillons! réveillons!
Parcourons, parcourons la maison!
Grand Dieu, quelle aventure!
C'est charmant, je le jure!
Quoi! sous cette figure
Se cachait un démon!
Se cachait un démon!
HORACE, JACINTHEET, GIL PEREZ
Ah! pareille aventure
Me confond, je le jure!
Son âme et sa figure
Sont celles d'un démon!
Mais, lutine ou sylphide,
(mais, lutine ou sylphide,)
Que le dépit nous guide, (que
le dépit nous guide ;)
Pour trouver la perfide,
Parcourons la maison!
Réveillons! (réveillons)
réveillons (réveillons)!
Parcourons (parcourons)
La maison (la maison)!
Ah! pareille aventure
Me confond, je le jure!
Son âme et sa figure
Sont celles d'un démon!
Sont celles d'un démon!
JACINTHE
(montrant sa bague)
Sous l'aspect d'une riche dame,
L'esprit malin d'abord
m'est apparu!
JULIANO
Puis, sous les traits d'une
gentille femme,
À table, ici, nous l'avons vu!
GIL PEREZ
Et moi, j'en jure sur mon âme!
Sous les traits d'un fantôme
Au front noir et cornu,
Je l'ai vu, de mes
deux yeux, vu!
HORACE
(à Juliano)
Eh bien, mon cher,
qu'en dis-tu?
JULIANO
(riant)
Je dis... je dis...
je dis
Ensemble
SEIGNEURS, JULIANO, ELFORT
Grand Dieu! quelle aventure!
Grand Dieu! quelle aventure!
C'est charmant, je le jure!
C'est charmant, je le jure!
Quoi! sous cette figure
Se cachait un démon!
Mais, lutine ou sylphide, mais,
lutine ou sylphide,
Que le dépit nous guide,
que le dépit nous guide,
Pour trouver la perfide,
Parcourons la maison!
Réveillons! réveillons!
Parcourons, parcourons la maison!
Grand Dieu, quelle aventure!
C'est charmant, je le jure!
Quoi! sous cette figure
Se cachait un démon!
Honneur, honneur et gloire
Au conquérant!
Réveillons! réveillons!
Réveillons! réveillons!
Réveillons, parcourons la maison,
Parcourons, parcourons
La maison, la maison,
Parcourons, parcourons,
La maison, la maison,
HORACE, JACINTHE, GIL PEREZ
Ah! pareille aventure
Me confond, je le jure!
Son âme et sa figure
Sont celles d'un démon!
Mais, lutine ou sylphide,
(mais, lutine ou sylphide,)
Que le dépit nous guide,
(que le dépit nous guide ;)
Pour trouver la perfide,
Parcourons la maison!
Réveillons! (réveillons)
réveillons (réveillons)!
Parcourons (parcourons)
la maison (la maison)!
Ah! pareille aventure
Me confond, je le jure!
Son âme et sa figure
Sont celles d'un démon!
Je nose, nose croire
Un tel affront!
à leur soupçon (ce que jai vu!)
Réveillons! réveillons!
Réveillons! réveillons!
Réveillons, parcourons la maison!
TOUS
Parcourons la maison,
Parcourons, parcourons, la maison!
(Jacinthe et les valets des jeanes seigneurs
ont apporté plusieurs flambeaux, chacun en
prend un, et tous sortent en désordre et avec
grand bruit par les différentes portes de
lappartement)
ACTE III
(Le parloir d'un convent en Espagne. An fond
deux portes conduisant dans cours du monastère.
A gauche, et sur le premier plan, la cellule
del'abbesse. A droite du spectateur, sur le premier
plan, une petite porte qui conduit au jardin ; du
même côté, sur le second plan, une large travée
qui donne sur l'intérieur da la chapelle)
Scène 1
(Brigitte seule, en habit de novice)
BRIGITTE
Impossible de réciter mes
prières, je suis trop inquiète.
(se levant)
Voici le jour qui commence
à paraître et sur Angèle
n'est pas encore de retour
au couvent!... Tout à l'heure
vont sonner matines, et elle
n'y sera pas. Qu'est-ce qu'on
dira en ne la voyant pas?
Quel éclat! Quel scandale!
Elle qui aujourd'hui même
va prononcer ses vux et
s'engager à ne plus sortir du
couvent. Cest tout naturel
qu'elle ait voulu un instant
entrevoir ce monde dont elle
n'a pas même idée et auquel
elle va renoncer à jamais!
Avant de renoncer, on aime
à connaître! Moi cest autre
chose, je quitterai bientôt le
couvent pour me marier, à ce
qu'on dit, mais elle
Si encore
je pouvais cacher son absence
mais ici il n'y a que des femmes,
pis encore, des nonnes!
N° 10 : COUPLETS
Au réfectoire, à la prière,
Même eu récitant son rosaire,
On jase, on jase tant, hélas!
Que la cloche ne s'entend pas,
Que la cloche ne s'entend pas!
Et s'il faut parler sans rien dire,
Sur le prochain, s'il faut médire,
Savez-vous, savez-vous,
Où cela s'apprend,
où cela s'apprend?
C'est au couvent mesdemoiselles,
Quon trouve les meilleurs modèles.
Oui, cest au couvent, cest au couvent,
Quen peu de temps cela sapprend.
Humble et les paupières baissées,
Jamais de mauvaises pensées...
Mais avant d'entrer au parloir,
On jette un coup d'il au miroir,
On jette un coup d'il au miroir!
Si vous voulez, jeune fillette,
Être à la fois prude et coquette,
Savez-vous, savez-vous
Où cela s'apprend, où cela s'apprend?
C'est au couvent mesdemoiselles,
Quon trouve les meilleurs modèles.
Oui, cest au couvent, cest au couvent,
Quen peu de temps cela sapprend.
Justement, voici déjà sur Ursule,
la plus méchante de toutes!
Scène 2
(Brigitte, Ursule, entrant par
une des portes du fond)
BRIGITTE
Ave, sur Ursule!
URSULE
(la saluant)
Ave, ma sur!
BRIGITTE
Vous voici levée de bon matin,
et avant le son de cloche!
URSULE
J'avais à parler à sur Angèle.
BRIGITTE
À notre jeune abbesse?
URSULE
Ah! Abbesse... elle nel'est pas encore.
BRIGITTE
Aujourd'hui même, dès qu'elle aura pris le voile.
URSULE
Si elle le prend!
BRIGITTE
(à part)
Ah! Mon Dieu!...
(Haut)
Et qui s'y opposera?...
URSULE
Moi peut-être!
Car on n'a pas
idée d'une injustice pareille!
Parce qu'Angèle d'Olivarès
est cousine de la reine, on la
nomme à la plus riche abbaye
de Madrid, avant l'âge et avant
qu'elle ait prononcé ses vux!
BRIGITTE
On a bien autrefois nommé
colonel d'un régiment
votre frère, qui n'avait
alors que douze ans!
URSULE
Un régiment, c'est différent,
c'est plus aisé à conduire.
BRIGITTE
Que des nonnes?
URSULE
Oui, mademoiselle.
BRIGITTE
Je crois bien, si elles sont comme vous
URSULE
C'est que l'injustice me révolte,
et je ne vois là-dedans que
l'intérêt du ciel et du couvent...
BRIGITTE
Et le désir d'être abbesse.
URSULE
Quand ce serait... j'y ai des
droits. Ma famille est aussi
noble que celle des Olivarès, et
j'ai plus de religion, de tête et
de fermeté que sur Angèle,
qui ne commande à personne
et laisse parler tout le monde.
BRIGITTE
On le voit bien.
URSULE.
Mais patience;
j'ai aussi des parents
à la cour... des protecteurs qui saisiront
toutes les occasions, et aujourd'hui même...
il peut se présenter telles circonstances...
BRIGITTE
(à part)
Est-ce qu'elle saurait quelque chose?
URSULE
(remontant le théâtre et se dirigeant
vers l'appartement de l'abbesse)
Je veux voir sur Angèle.
BRIGITTE
(se mettant devant elle et l'arrêtant)
Pourquoi cela?
URSULE
Eh! Mais... pour la féliciter
de la riche succession qu'elle vient de faire ;
le duc d'Olivarès, son grand-oncle,
vient de lui laisser, dit-on, la
plus belle fortune d'Espagne.
BRIGITTE
La belle avance! Tout cela
pour faire vu de pauvreté
URSULE
Cest bien dommage, dès
qu'elle aura prononcé ses
vux, toutes ces richesses là
iront à son seul parent,
Lord Elfort, un Anglais, un hérétique...
Peut-être devrait-elle y réfléchir à deux fois?
Est-ce qu'elle n'est pas dans sa cellule?
BRIGITTE
Si bien sûr!
URSULE
Alors on peut entrer?
BRIGITTE
Elle ne reçoit personne, elle est indisposée.
URSULE
Encore!... Elle létait déjà
hier et nous a manqué à
la messe de minuit
BRIGITTE
Oui, vraiment, elle a la migraine.
URSULE
Ah, comme les grandes dames!
BRIGITTE
Oui, mademoiselle.
URSULE
Ici, au couvent, c'est bien mondain...
Et sa migraine lui permettra-t-elle
d'assister aux matines?
BRIGITTE
Je le présume.
URSULE
Daignera-t-elle prier avec nous?
BRIGITTE
Et pour vous.
URSULE
À quoi bon?
BRIGITTE
Pour que le ciel vous rende
plus gracieuse et plus aimable!
URSULE
C'est trop fort! Vous me
manquez de respect.
BRIGITTE
C'est vous plutôt.
URSULE
C'est impossible... une
petite pensionnaire...
BRIGITTE
Qui du moins n'est ni
envieuse ni ambitieuse.
URSULE
Mais qui est raisonneuse et impertinente.
BRIGITTE
Ma sur...
URSULE
Ma chère sur...
(on frappe à la porte)
Qui vient là? Et qui
peut frapper de si bon
matin à cette porte?
BRIGITTE
(à part)
Si c'était elle!
URSULE
Ouvrez donc... ouvrez vite.
BRIGITTE
Et pourquoi?
URSULE
Pour voir... pour savoir.
BRIGITTE
Est-elle curieuse
Je n'ai
pas la clef, je lai remise
avec les autres.
URSULE
Je vais la chercher, et je reviens.
(Elle sort en courant par la porte du fond)
Scène 3
(Brigitte, puis Ursule)
BRIGITTE
Entrez, madame...
(Ursule entre)
Non, non, ne vous montrez pas!...
URSULE
Je ne la trouve pas
BRIGITTE
Pourtant il me semble que
je lavais remise à sa place,
allons voir. Ah! quel ennui!
Scène 4
(Angèle, entr'ouvrant la porte à droite)
(Elle est en domino noir, pâle et se
soutenant à peine. Elle va fermer
au verrou la porte du fond)
N°11 Air
ANGÈLE
Je suis sauvée enfin!...
le jour venait d'éclore!
Et lon ne ma pas vue!
(Se jetant sur un fauteuil)
Ah! Respirons un peu.
Ah! quentends-je, ô mon Dieu!
Non, rien...
j'y croyais être encore...
(Elle se lève et jette sur le fauteuil qu'elle
vient de quitter le trousseau de clefs
qu'elle tenait à la main et se souvient de
son voyage de retour au couvent)
Ah! quelle nuit!
Le moindre bruit
Me trouble et minterdit
Et je marrête, hélas,
à chaque pas.
S'offre à mes yeux
Un inconnu sombre
et mystérieux
Ah! quelle est ma frayeur,
C'est un voleur!
Il me demande, chapeau bas,
La faveur de quelques ducats ;
Et moi d'un air poli je lui disais tout bas :
Je n'ai rien, monsieur le voleur ;
Qu'une croix de peu de valeur!
Elle était d'or,
Je la cachais,
et de mon mieux encore...
Le voleur, malgré ça,
S'en empara!
Et pendant ce moment :
Ô mon Dieu! disais-je en tremblant,
Sauve l'honneur du couvent!
Ier Tempo
En cet instant
Passe en chantant
Un jeune étudiant!
Le voleur à ce bruit
Soudain s'enfuit ;
Mon défenseur sapproche alors...
Calmez votre frayeur,
Je ne vous quitte pas,
Prenez mon bras
Non, non, Monsieur, seule j'irai...
Non, señora, bon gré, mal gré,
Jusqu'en votre logis
je vous escorterai.
Non, non, cessez de me presser,
Calmez-vous,
je vais vous laisser.
Mais un baiser, un seul baiser!
Comment le refuser?
Un baiser... je le veux...
Il en prit deux!
Et pendant ce moment :
Ô mon Dieu! disais-jeen tremblant,
Sauve l'honneur du couvent!
Récitatif
Mais je suis, grâce au ciel,
à l'abri de l'orage ;
Et n'ai plus rien à craindre
en ce pieux réduit,
Et je ne sais pourtant quelle
fatale image
Jusqu'aux pieds de saint lieu
m'agite et me poursuit.
(Version originale)
Amour, ô toi dont le nom même
Est ici frappé d'anathème,
Toi, dont souvent j'avais bravé les traits,
Ma souffrance qui commence
Doit suffire à ta vengeance!
Pauvre abbesse,
Ma faiblesse devant ton pouvoir s'abaisse.
De mon cur en proie aux regrets,
Ah! va-t'en, va-t'en pour jamais!
Que mes erreurs soient effacées,
Quand Dieu va recevoir mes vux!
A lui seul toutes mes pensées...
Oui, je le dois. .
(Avec douleur)
Je ne le peux!...
Amour, ô toi, dont le nom même, etc.
(Version alternative)
Allegro
Flemme vengeresse,
Tourment qui moppresse,
Amour qui sans espoir me laisse,
Tu vois ma faiblesse ;
Hélas pauvre abbesse,
Devant toi, mon pouvoir s'abaisse.
Rends à mon cur Le calme et la paix!
Toi, quhélas autre fois je bravais,
Flemme vengeresse,
Tourment qui moppresse,
Amour qui sans espoir me laisse,
Tu vois ma faiblesse ;
Hélas pauvre abbesse,
Devant toi, mon pouvoir s'abaisse.
Devant toi amour,
Ah! amour, amour, va ten!
Ah! va ten pour jamais!
pour jamais!
Scène 5
(Angèle, Brigitte rentrant par
la porte du fond, qu'elle referme
ANGÈLE
Brigitte!
BRIGITTE
Mais comment êtes-vous entrée dans le jardin?
ANGÈLE
Jai en ma possession le
trousseau de clefs de Gil Perez.
BRIGITTE
Comment est-il entre vos mains?
(son de cloches)
ANGÈLE
Tais-toi, n'entends-tu pas?...
BRIGITTE
C'est le premier coup de maitines.
(Montrant la porte à droite)
Ahl cette porte que j'oubliais.
(Elle va la fermer)
ANGÈLE
Je rentre vite dans ma cellule.
BRIGITTE
Sur Ursule médite quelque
trame contre vous, elle meurt
d'envie d'être abbesse.
ANGÈLE
(à part)
¡Ah! Plut au ciel!
BRIGITTE
Que dites-vous?
ANGÈLE
Que je suis bien à plaindre,
Brigitte, et que ces vux
que je vais prononcer
feront maintenant le
malheur de ma vie.
BRIGITTE
Refusez.
ANGÈLE
Est-ce que c'est possible,
quand la reine l'ordonne,
et que tout Madrid va arriver
ce matin pour être témoins
de quoi?... d'un pareil éclat.
BRIGITTE
Pauvre abbesse!
URSULE
(en coulisse)
Sur Brigitte!
BRIGITTE
On vient, partez vite.
(Angèle entre dans son appartement,
et Brigitte va ouvrir la porte da fond à
gauche)
Scène 6
(Brigitte, Nonnes)
LES NONNES
(vivement)
Ah! quel malheur
pour nous ma chère sur,
Combien hélas mon cur
partage sa douleur ;
Pour calment son tourment,
Il nous faut sur le champ,
Prier dévotement tous
les saints du couvent.
Mais avant tout,
le fait est-il certain?
Quoi! Madame labbesse
a depuis ce matin
Une migraine affreuse.
Ah! le ciel complaisant devrait,
De pareils maux, préserver le couvent!
BRIGITTE
Qui vous a dit cela?
LES NONNES
Vraiment c'est notre
chère sur Ursule!
BRIGITTE
(à part)
C'est par elle, dans le couvent,
Que chaque nouvelle circule.
(Haut)
Mais calmez-vous, cela va mieux.
LES NONNES
Cela va mieux!... ah!
quelle ivresse!
Aujourd'hui madame l'abbesse
Pourra donc prononcer ses vux?
Ah! la belle cérémonie!
Quel beau spectacle!
quel beau jour!
Chez nous,
où toujours son s'ennuie,
Nous aurons la ville et la cour!
Et puis ensuite, au réfectoire,
Au réfectoire, un grand repas!
Mes chères surs, mes chères surs,
Un grand repas!
Ensemble
LES NONNES
Ah! quel bonheur pour nous
ma chère sur,
Quoi le ciel protecteur dissipes a douleur ;
Dun miracle aussi grand il faut dévotement,
Remercier le ciel et les saints du couvent.
Il est donc vrai, le fait est bien certain.
Cette affreuse migraine a disparu soudain :
Le ciel nous le devait,
Oui, le ciel bienfaisant devrait,
De pareils maux, préserver le couvent!
BRIGITTE
C'est étonnant! Et, d'honneur,
on ne pourrait croire.
Comme on est gourmande,
Comme on est gourmande au couvent!
(a la fin de ressemble on
frappe à la porte à droite)
Scène 7
(Les Nunnes; Ursule, entrant par le fond)
URSULE
(montrant la porte à droite)
Quoi! Vous n'entendez pas
Qu'ici l'on frappe encore?
LES NONNES
Et la clef?
BRIGITTE
(la leur donnant)
La voici.
URSULE
(bas, à Brigitte)
Vous qui ne l'aviez pas?...
BRIGITTE
(d'un air naïf)
Tout à l'heure, ma chère,
Je l'ai retrouvée.
URSULE
(à part, d'un air de dé fîance)
Ah!
LES NONNES
Comment! C'est la tourière?
Qui donc l'amène?
LA TOURIÈRE
(entrant par la porte à droite,
que l'on vient d'ouvrir)
On le saura et sur un fait,
auquel notre honneur s'intéresse,
Je viens pour consulter
Madame notre abbesse.
URSULE
On ne peut la voir.
(a part)
Et cela cache encore un mystère.
BRIGITTE
Tenez, la voilà!
Scène 8
(Les mêmes; Angèle, sortant de la porte à
gauche, qui est celle de son appartement.
Elle porte le costume d'abbesse)
Andantino
ANGÈLE
Mes chères surs, mes surs,
Que l'allégresse et la paix,
La paix règnent dans vos curs!
Que Dieu vous protège
sans cesse
Et vous comble de ses faveurs!
Et que la paix,
La paix règnent dans vos curs!
Ensemble
ANGÈLE
Que Dieu vous protège, vous
protège sans cesse!
Et vous comble de ses faveurs!
Que Dieu vous protège,
vous protège sans cesse,
Et vous comble de ses faveurs,
Que Dieu vous comble
de ses faveurs!
BRIGITTE, TOURIÈRE
Quelle est gentille notre abbesse!
Qu'elle a de grâce et de douceur!
Avec elle règnent sans cesse
La douce paix et le bonheur.
Qu'elle a de grâce et de douceur!
URSULE
(à part)
Qu'elle est heureuse d'être abbesse!
Mais tout s'obtient par la faveur,
Et bientôt, grâce à mon adresse,
Jaurai peut-être ce bonheur!
Jaurai peut-être ce bonheur!
LES NONNES
Qu'elle est gentille
notre abbesse!
Qu'elle a de grâce et de douceur,
Qu'elle a de grâce et de douceur!
Avec elle règnent sans cesse
La douce paix et le bonheur,
La douce paix et le bonheur,
La douce paix et le bonheur.
Allegro
URSULE
(à Angèle).
Ah! madame, combien j'étais inquiétée...
Comment avez-vous donc passé la nuit?
ANGÈLE
Fort bien.
(Regardant Brigitte)
Une nuit assez agitée :
Mais ce matin ce n'est plus rien!
URSULE
Quel bonheur!
ANGÈLE
(à la tourière, qui s'avance)
Eh bien! qu'est-ce?
LA TOURIÈRE
Hélas! dans ces saints lieux
Je n'avais jamais vu
Scandale de la sorte...
Le concierge du couvent
Qui se trouve à la porte.
URSULE
Passer la nuit dehors,
C'est un scandale affreux!
Ensemble
LES NONNES
Ah! quelle horreur,
Mais voyez donc ma sur,
Compromettre à ce point
La maison du Seigneur!
Ah! quel scandale affreux,
Un tel événement
jamais jusquà présent,
naffligea le couvent.
Nen parlons pas car,
Du soir au matin,
Sans y penser
On jase aux dépens
du prochain,
Cette fois taisons-nous
mes surs,
Cest plus prudent!
Pour sauver notre honneur
et celui du couvent.
URSULE ET, TOURIÈRE
Compromettre à ce point
La maison,
Un tel événement
Jamais jusquà présent
Naffligea,
naffligea le couvent.
ANGÈLE
Un instant, un instant, ayons de
l'indulgence,
Quelquefois, mes surs,
On ne peut rentrer aussi tôt
qu'on le veut.
(à la tourière, qui s'avance)
Je le sais!...
Que dit-il enfin pour sa défense?
LA TOURIÈRE
Par des brigands, hier soir, arrêté...
ANGÈLE
(à part)
Ah! Comme il ment!
LA TOURIÈRE
Par eux enchaîné, garrotté...
ANGÈLE
(à part)
Ah! Comme il ment!
LA TOURIÈRE
Et de tout son argent...
Et de ses clefs dépouillé...
ANGÈLE
(à part)
Comme il ment!...
BRIGITTE
(à voix basse, regardant
les clefs qu'elle a prises)
Les voici!
ANGÈLE
(virement et à voix basse)
Cache-les!
(Haut et les jeux fixés sur les clefs)
Je vois bien qu'au couvent
Il ne pouvait rentrer...
Et qu'il faut qu'on pardonne.
Ensemble
URSULE, TOURIÈRE
Ah! Quelle horreur!
Cest scandaleux!
Elle est trop bonne,
un tel événement
Jamais jusquà présent,
Naffligea le couvent!
Nen parlons pas car,
du soir au matin,
Sans y penser on jase
Aux dépens du prochain,
Cette fois taisons-nous
Mes surs, cest plus prudent!
Pour sauver notre honneur
Et celui du couvent.
LES NONNES
Ah! quelle horreur,
Ma voyez donc ma sur,
Compromettre à ce point
La maison du Seigneur!
Ah! quel scandale affreux,
Un tel événement
Jamais jusquà présent,
Naffligea le couvent!
Nen parlons pas car,
du soir au matin,
Sans y penser on jase aux
dépens du prochain,
Cette fois taisons-nous mes
surs, cest plus prudent!
Pour sauver notre honneur
et celui du couvent.
ANGÈLE
Et comme à lui, que le Ciel
me pardonne,
Et comme à lui,
que le Ciel me pardonne!
Allegro non troppo
LA TOURIÈRE
Ce n'est pas tout encore,
Et voilà qu'au parloir
Un cavalier demande à voir
Madame notre abbesse.
ANGÈLE
Impossible à cette heure.
Voici matines, et déjà
Nous sommes en retard...
Son nom?
LA TOURIÈRE
Massarena.
ANGÈLE
(à part)
Horace! ô ciel!
(Haut)
Que dans cette demeure Il nous attende!...
URSULE
Eh! Mais à ce nom-là,
Madame semble bien émue.
Ensemble
ANGÈLE
Qui, moi? Non pas...
(a part)
M'aurait-on reconnue?
(Faisant un pas)
Et saurait-il?
LES NONNES
Les cloches argentines
Pour nous sonnent matines,
Allons d'un cur fervent
Prier pour le couvent!
URSULE
Madame, voici matines, et
déjà, nous sommes en retard.
BRIGITTE
Eh! Mon Dieu, l'on y va!
ANGÈLE
M'aurait-on reconnue?
URSULE
Elle semble bien émue!
NONNES, LATOURIÈRE, BRIGITTE
Les cloches argentines
Pour nous sonnent matines,
NONNES, LA TOURIÈRE
BRIGITTE, URSULE
Allons d'un cur fervent
Prier pour le couvent!
LES NONNES, LA TOURIÈRE
BRIGITTE, URSULE, ANGÈLE
Les cloches argentines
Pour nous sonnent matines,
Allons d'un cur fervent
Prier pour le couvent!
(Elles défilent toutes par les portes
du fond, que l'on referme, et la
tourière, à qui Angèle a parlé bas,
reste la dernière)
Scène 9
(La Touriere, Ursula; puis Horace)
LA TOURIÈRE
(allant ouvrir la porte à droite)
Entrez! Entrez, seigneur cavalier.
HORACE
Cest bien heureux!
depuis une heure que jattends...
J'ai une permission
de M. le comte de San-Lucar
pour me présenter à sa fille,
la señora Brigitte, ma fiancée.
URSULE
On ne parle pas ainsi à nos
jeunes pensionnaires sans
l'autorisation et la présence
de madame l'abbesse.
HORACE
Je le sais bien. Voilà pourquoi
je désire parler d'abord à madame labbesse!
LA TOURIÈRE
Elle est à la chapelle
et vous prie de l'attendre
dans ce parloir. Nous avons
aujourd'hui bien peu de temps à nous...
Une cérémonie...une prise de voile
où doit assister tout Madrid...
URSULE
Mais c'est égal, on vous
accordera quelques minutes
en sortant de matines
car en ce moment nous
sommes toutes à matines!
HORACE
(avec intention et la regardant)
Pas toutes, à ce que je vois!
URSULE
Aussi nous y allons
LA TOURIÈRE ET URSULE
Dieu vous garde, mon frère!
(Elle sort)
Scène 10
N°13 Cantique avec Chur
HORACE
À ces accords religieux,
Le calme renaît dans mon âme.
Filles du Ciel, filles du Ciel,
Vous qu'un saint zèle en flamme,
À vos pieux accents je veux
mêler mes vux.
Avec elles prions.
(Il se lève et s'approche de la travée à droite
qui donne sur la chapelle. Il s'agenouille sur
une chaise qui est contre la travée)
Premier couplet
ANGÈLE
(off)
Heureux qui ne respire
Que pour suivre ta loi,
Mon Dieu, sous ton empire
Ramène notre foi!
Que ton amour m'enflamme,
Et viens rendre, Seigneur,
Le bonheur à mon âme
Et le calme à mon cur!
Viens rendre le bonheur
à mon âme
Et le calme à mon cur!
Ensemble
LE CHOEUR
(off)
Que ton amour l'enflamme,
Prends pitié du pécheur,
Rends la paix à son âme
Et le calme à son cur!
HORACE
Ah! quel trouble
de moi s'empare
De surprise et d'effroi!
Tout mon sang s'est glacé!
C'est elle encore, c'est elle!
Ah! ma raison s'égare ;
Filles du ciel, priez,
Filles du ciel, priez
Pour un pauvre insensé!
ANGÈLE
Mais quand tu nous enflammes,
Toi seul donnes, Seigneur,
Le bonheur à nos âmes,
Et la paix à nos curs.
Toi seul donnes, Seigneur,
Le bonheur à nos âmes,
Et la paix à nos curs.
ANGÉLE
Deuxième couplet
Les amours de la terre
Ont bien vite passé;
Leur bonheur éphémère
S'est bientôt .éclipsé;
Mais quand tu nous enflammes,
Toi seul donnes, Seigneur,
Le bonheur à nos âmes,
La paix à notre cur.
Ensemble
LE CHOEUR
(en dehors)
Que ton amour l'enflamme,
Prends pitié du pécheur,
Rends la paix à son âme
Et le calme à son cur!
HORACE
Ah! quel trouble
de moi s'empare
De surprise et d'effroi!
Tout mon sang s'est glacé!
C'est elle encore, c'est elle!
Ah! ma raison s'égare ;
Filles du ciel, priez,
Filles du ciel, priez
Pour un pauvre insensé!
Ensemble
ANGÈLE, CHOEUR
Rends la joie à son âme
Et le calme à son cur!
Rends la joie à son âme
Et le calme à son cur!
HORACE
Filles du Ciel, priez, priez,
Ah! ma raison ségare!
Filles du Ciel, priez, priez,
Ah! ma raison ségare!
Scène 11
(Brigitte, Horace, puis. Angèle)
BRIGITTE
(entrant par la porte da fond en annonçant)
Madame l'abbesse!...
ANGÈLE
Seigneur Horace de Massarena,
on m'a dit que vous demandiez à me parler...
HORACE
Oui, ma sur, d'une affaire
importante. Vous avez en ce
couvent une jeune personne,
mademoiselle de San-Lucar.
ANGÈLE
Que vous devez, diton, épouser...
HORACE
Oui! Mais ce mariage est impossible.
ANGÈLE
Que dites-vous?
HORACE
Il ne peut plus avoir lieu...
ANGÈLE
Et pour quelle raison, je vous prie?
HORACE
Des raisons que j'aimerais
mieux ne pas dire.
ANGÈLE
Il le faut cependant
HORACE
Eh bien! Señora... Voilà... il en
est une autre que j'aime et
que j'aimerai toute ma vie.
ANGÈLE
Ah! Mon Dieu!
HORACE
À votre âge on ne comprend
plus ces choses-là
mais au mien, voyez-vous,
l'on en meurt!
ANGÈLE
(à part)
Ah! mon Dieu!
(Haut)
Et si vous essayiez d'oublier cette personne?
HORACE
Ah! Cest impossible,
comment échapper
à ce pouvoir surnaturel?
ANGÈLE
(vivement et avec sa voix naturelle)
Vraiment!
HORACE
Tenez... Vous avez dit
« vraiment » comme elle!...
j'ai cru entendre sa voix.
ANGÈLE
(reprenant avec émotion sa voix de vieille)
Par exemple!
HORACE
Pardon!...
pardon, maré vérende!
Je suis un
malheureux qui souffre mais
en attendant, je suis encore
un honnête homme qui ne
veut tromper personne.
Adieu, madame, adieu!
ANGÈLE
(à part)
Et pour jamais!
SCÈNE 12
(Les mêmes; Ursule, entrant par la porte du fond)
URSULE
Madame, madame, voici déjà
le comte Juliano, lord et lady
Elfort, et puis M. de San-Lucar
et des seigneurs de la cour qui
arrivent pour la cérémonie...
ANGÈLE
(à part)
Ô Ciel!...
URSULE
Entre autres, mon oncle
don Gregorio, gentilhomme
d'honneur de la reine, qui a
eu ce matin avec Sa Majesté
une longue conférence.
ANGÈLE
Et alors?
URSULE
(avec malice)
Alors, il m'a dit de vous
remettre cette ordonnance
qui est scellée des armes
de Sa Majesté.
ANGÈLE
Donnez!
URSULE
(à part)
Je veux être témoin de
son dépit pour aller le conter à tout le couvent.
ANGÈLE
(écarte un instant son voile pour lire la
lettre, et la parcourt avec émotion)
Dieu! que vois-je!
URSULE
(sortant en courant)
Elle sait tout.
HORACE
(pendant ce temps, s'est rapproché de la
trarée à droite, et regarde avec soin dans
la chapelle. Ne découvrant rien, et au moment
ou Ursule vient de sortir, il aperçoit Angèle,
dont le voile est tombé ; il pousse un cri et
reste immobile)
Ahl...
(a ce cri, Angèle, qui était près de sa
cellule, s'enfuit par cette porte, qu'elle
referme virement)
Quoi! Même sous l'habit
de l'abbesse, il faut que
je la retrouve encore!
Scène 13
(Horace, Lord Elfort et Juliano, entrent par
les portes du fond en causant vivement)
LORD ELFORT
Oh my god, c'est affreuse!
JULIANO
Mais, milord, écoutez-moi!
HORACE
Mais cest impossible!
LORD ELFORT
Je suis grosse colère!
JULIANO
(se retournant)
Ah çà! Tout le monde est donc ici en colère?
(A Horace)
Et toi qu'est-ce qui te prend?
HORACE
(avec humeur)
Je nai pas envie den parler.
(Il se jette sur le fauteuil à gauche)
JULIANO
Au moins, milord a des
raisons! Une succession
superbe qui lui échappe.
LORD ELFORT
Yes, qui me échappe... une
parente à moi allait prendre
le voile et laisser à moi toute
la fortune de la family mais
des méchants personnes
ont convaincu la reine...
JULIANO
(à Horace et en riant)
Qu'on ne devait pas laisser
passer un tel héritage
entre les mains...
LORD ELFORT
D'un Anglaise, d'une hérétique...
absurde, nest il pas?
JULIANO
Et qu'il faut que l'abbesse
épouse un Espagnol, bon catholique.
HORACE
(se levant vivement)
L'abbesse, celle qui était là
tout à l'heure, vous croyez
que c'est l'abbesse?
LORD ELFORT
Certainement.
HORACE
Non?!
LORD ELFORT
Et alors dites moi cest qui, sil vous plaît?
HORACE
Qui elle est? Mais c'est
mon inconnue, mon
domino noir, la servante aragonaise,
Inésille, c'est tout ce que vous voudrez...
mais pour l'abbesse... non...
elle a pris sa robe, elle a pris ses traits...
mais ce n'est pas elle!...
LORD ELFORT
C'est labbesse!
HORACE
(s'échauffant)
Je dis que non!
LORD ELFORT
(de même)
Et je disais que oui!
JULIANO
Silence, messieurs!
Voilà justement l'abbesse
et tout le couvent.
LORD ELFORT
Well, vous allez bien voir,
petit idiote de Massarena!
HORACE
(ému)
Oui, nous allons voir...
à moins qu'elle n'ait changé encore.
Scène 14
(Angèle, habillée en blanc et voilée ;
Brigitte, Ursule, La Tourière, Toutes les
Nonnes, Lord Elfort, Juliano, Horace,
Seigneurs et Dames de la cour)
(les nonnes entrent par les portes da fond sur
un air de marche, et se rangent en demi-cercle
au fond du théâtre ; derrière elles, les dames
et seigneurs de la cour; Angèle sort de son
appartement, et se place au milieu du théâtre;
Ursule à côté d'elle)
N°14 Finale
ANGÈLE
Mes surs, mes chères surs,
Notre auguste souveraine,
La reine ne veut pas que
je sois votre abbesse.
URSULE
(à part)
Ah! Quel bonheur!
ANGÈLE
Et par son ordre exprès,
À sur Ursule je remets
Ce titre et le pouvoir suprême.
(pendant que parle labbesse, Horace
témoigne la plus grande émotion. Il veut
aller à elle; Juliano, qui est près de lui,
le retient)
LES NONNES
Ah! Quel malheur! Ah! Quel malheur!
Ah! Quels regrets! Ah! Quels regrets!
Ah! Quels regrets! Ah! Quels regrets!
ANGÈLE
Il faut vous quitter pour jamais!
Car on m'ordonne
aujourd'hui même
D'avoir à choisir un époux.
LORD ELFORT
(s'approchant d'Angéla)
Ah! Quelle tyrannie extrême!
Ce nétait pas ainsi chez nous.
On était libre.
ANGÈLE
(s'avançant vers Horace)
Et cet époux, voulez-vous l'être,
Horace, voulez-vous?
(Pendant cette phrase de chant, Brigitte,
qui est derrière Angèle, a retiré peu à peu
son voile. Horace lève les yeux, reconnaît
les traits d' Angèle, pousse un cri et tombe
à ses genoux)
HORACE
Ah!
Ensemble
HORACE
C'est elle, toujours elle!
Ô moment trop heureux!
Démon, ange ou mortelle,
Ne fuyez plus mes yeux!
Démon, ange ou mortelle,
Ne fuyez plus
Ne fuyez plus mes yeux!
NONNES, BRIGITTE, URSULE
JULIANO, ELFORT
C'est elle, c'est bien elle
Qui veut le rendre heureux!
Ô surprise nouvelle
Qui vient charmer ses yeux!
Ô surprise nouvelle
Qui vient charmer ses yeux!
ANGÈLE
Ce n'est qu'une mortelle
Qui veut vous rendre heureux,
Et d'un amant fidèle
Récompenser les feux!
HORACE
De mon bonheur je doute
encore moi-même,
Après les changements qu'à
chaque instant j'ai vus,
Changements bizarres et confus.
ANGÈLE
Qu'un mot peut expliquer,
Horace, je vous aime!
HORACE
(vivement)
Ah! Maintenant, ne changez plus!
Ensemble
HORACE
C'est elle, toujours elle!
Ô moment trop heureux!
Démon, ange ou mortelle,
Ne fuyez plus mes yeux!
Démon, ange ou mortelle,
Ne fuyez plus
Ne fuyez plus mes yeux!
Oui, cest elle, toujours elle!
Ô moment, Ô moment trop heureux!
Démon, ange ou mortelle,
Ne fuyez plus, ne fuyez plus mes yeux!
Oui, cest elle, toujours elle!
Ô moment trop heureux!
NONNES, BRIGITTE, URSULE
JULIANO, ELFORT
C'est elle, c'est bien elle
Qui veut le rendre heureux!
Ô surprise nouvelle
Qui vient charmer ses yeux!
Ô surprise nouvelle
Qui vient charmer ses yeux!
Ô surprise nouvelle
Qui vient charmer ses yeux,
charmer ses yeux!
C'est elle, c'est bien elle
Qui veut le rendre, qui veut le
rendre heureux!
C'est elle, c'est elle
qui veut le rendre heureux!
ANGÈLE
Ce n'est qu'une mortelle
Qui veut vous rendre heureux,
Et d'un amant fidèle
Récompenser les feux!
Ce n'est qu'une mortelle
Qui veut vous rendre, vous
rendre heureux,
Et d'un amant fidèle
Récompenser, récompenser les feux!
Ce n'est qu'une mortelle
Qui veut vous rendre heureux!
 |
ACTO I
Escena 1
(Lord Elfort, Juliano)
(Un baile de máscaras en los aposentos de la
Reina. Un pequeño salón con puertas cerradas;
dos puertas laterales; dos en el fondo. A la derecha
del espectador, en primer plano, un sofá. En la parte
posterior, adosado a un mueble, un rico reloj de
péndulo. A modo de introducción, escuchamos a lo
lejos un bolero o fandango que va en aumento. Se
abren las puertas del salón de la derecha y se escucha
todo el tumulto del baile)
JULIANO
¡Ah, qué hermoso baile!
¿No es así, milord?
LORD ELFORT
¡Lo detesto!
JULIANO
¡Ah, ha perdido mucho dinero!
LORD ELFORT
(de buen humor)
No me importa el dinero,
tengo mucho, pero mi reputación
es la de ser el mejor jugador de whist
de Londres.
Y aquí, en Madrid, en el salón de la reina,
donde todo el mundo me esperaba,
donde todo el mundo me ha visto
y todo el mundo me admira,
he sido derrotado por un
pequeño diplomático español.
JULIANO
¿Se refiere a mi amigo
Horacio de Massarena?
LORD ELFORT
Sí... ese pequeño y horrible
Horacio de Massarena
que se cruza por todos lados
en mi camino.
JULIANO
Horrible, horrible...
pero si es un joven apuesto.
LORD ELFORT
Ni siquiera lo encuentro apuesto.
JULIANO
Un caballero galante y amable.
LORD ELFORT
No es esa mi opinión.
JULIANO
Por cierto, señor,
¡terminemos la noche en mi casa!
La noche de Navidad no dormimos,
y si Vuestra Señoría
acepta compartir
una alegre cena con algunos
caballeros de la corte...
LORD ELFORT
Why not? De todos modos milady,
mi esposa,
está durmiendo en el hotel
en este momento.
JULIANO
¡Bien! Pues entonces, si aún os quedan
algunas guineas que arriesgar,
podrá desquitarse
y tomar revancha
de Horacio de Massarena...
LORD ELFORT
¡Si!
JULIANO
Quiero lograr que
ambos beban juntos
y se reconcilien.
LORD ELFORT
Beberé pero,
no me reconciliaré.
¡Adiós, me voy
a la sala, a bailar!
(Lord Elfort sale por la puerta de la izquierda)
Escena 2
(Juliano, Horacio)
JULIANO
¡Ah, Horacio! ¿Sabes a quién
acabas de poner en fuga?
HORACIO
No.
JULIANO
¡A Lord Elfort!
HORACIO
¡Lord Elfort! ¿El agregado
de la embajada británica?
JULIANO
Sí, y casi nuestro compatriota.
Su esposa no solo es española,
sino que, además, es miembro
de la familia del duque de Olivares
a la que se ha emparentado Lord Elfort...
Por cierto, parece que tú
vas a contraer matrimonio...
según se dice.
HORACIO
Sí... el Conde de Sanlúcar
me ha tomado cariño, a mí,
un pobre gentilhombre,
que no tiene nada.
Quiere entregarme a su hija,
una rica heredera que está en un convento.
Pero no sé si yo debería aceptarla...
JULIANO
¡Sin dudarlo!
HORACIO
Pero... te pregunto, amigo mío:
¿crees que el honor
y los escrúpulos
te permiten casarte
cuando tienes una pasión
en el fondo de tu corazón?
JULIANO
Sabemos que, por naturaleza,
el matrimonio extingue
todas las pasiones.
HORACIO
¿Y si nada pudiera extinguirla?
JULIANO
Razonemos, tomemos distancia,
veamos a la persona de quien se trata...
HORACIO
¡Pero es que nunca la puedo ver!
JULIANO
Bueno, ¿y entonces,
de qué te preocupas?
HORACIO
De no verla,
de pasar mi vida buscándola.
JULIANO
Horacio, amigo mío,
¿estás seguro de que estás en tus cabales?
HORACIO
Fue aquí, el año pasado,
en el baile de Navidad
donde la ve por vez primera.
Imagínate, amigo mío...
JULIANO
¡Una figura deliciosa!
HORACIO
Ella estaba enmascarada.
JULIANO
Es lógico.
HORACIO
Pero tenía el modo más elegante,
la mano más hermosa
que un caballero haya estrechado
entre las suyas...
Porque la invité a bailar y su baile...
JULIANO
Fue encantador...
HORACIO
No, ella no sabía bailar.
Parecía que era
la primera vez en su vida
que asistía a un baile...
Cuando de repente,
una pequeña enmascarada pasó
junto a ella diciendo:
"Es casi la medianoche",
"¡Ya!" gritó ella y se dispuso
a marcharse precipitadamente.
JULIANO
¡Oye, como la Cenicienta!
HORACIO
Traté en vano de detenerla...
No podía aceptar
perderla así,
la seguía desde lejos
cuando ella dejó caer...
JULIANO
¡Su zapatito!
HORACIO
¡No, amigo mío, su máscara!...
Nunca olvidaré ese
rostro encantador.
JULIANO
Lo siento, querido amigo, pero
una bailarina me está esperando...
LOS BAILARINES
¡Juliano! ¡Juliano! ¡Juliano!
JULIANO
¿Vienes al salón de baile?
HORACIO
No, prefiero quedarme aquí.
Escena 3
(Horacio, solo)
HORACIO
(El baile aún continúa)
Se ríe de mí... ¡y tiene razón!
(se sienta en el sofá de la derecha)
Pero es que hoy más que nunca,
hoy todo me recuerda a ella...
Fue aquí... hace un año,
en esta misma fiesta,
en salón... cuando la vi aparecer.
(Se ve a Ángeles y Brigitte entrar
por la puerta trasera de la izquierda)
¡Ah! ¡Aquel talle, aquellos modales!...
Y sobre todo ... ¡su bonito pie!
Escena 4
(Entran Ángeles y Brigitte sin ver a
Horacio que finge estar dormido)
N ° 1: Trio
ÁNGELES
(a Brigitte)
¿Está todo preparado?
BRIGITTE
¡Todo convenido, como dijimos!
ÁNGELES
¡El coche a medianoche nos estará esperando!
HORACIO
(en el sofá, para sí)
¡Es ella!
ÁNGELES
(a Brigitte)
¡Y tú, piénsalo bien,
se trata de un encuentro amoroso,
en este salón a medianoche!
BRIGITTE
¡A medianoche!
HORACIO
¡A medianoche!
ÁNGELES
Un segundo de retraso y estaríamos perdidos.
BRIGITTE
¡Lo sé!
ÁNGELES
¡Sólo pensar en eso me asusta!
BRIGITTE
¡Vamos, querida,
valor, coraje!
En medio de
toda esa gente,
pasaremos inadvertidas,
¡olvidemos el miedo!
Concertante
BRIGITTE, ÁNGELES
¡Oh, qué hermosa velada!
¡Momento encantador!
¡Mi alma embriagada
sueña con la felicidad!
¡Oh, qué hermosa velada!
¡Momento encantador!
¡Mi alma embriagada
sueña con la felicidad!
HORACIO
¡Oh, qué dulce velada!
¡Momento encantador!
¡Mi alma embriagada
renace a la felicidad!
¡Oh, qué dulce velada!
¡Momento encantador!
¡Renazco a la felicidad!
ÁNGELES
(avanzando sobre la escena)
¿Estamos solas?
BRIGITTE
(mirando de reojo hacia el sofá)
¡No! ¡Hay un caballero que nos escucha!
ÁNGELES
(nerviosa se pone su máscara)
¡Oh, cielos!
(Horacio se ha tendido en el sofá, ha
cerrado los ojos y finge estar dormido
en momentos en que Brigitte lo mira)
BRIGITTE
¡No te preocupes, querida,
está durmiendo!
ÁNGELES
¿Seguro?
BRIGITTE
Sin duda.
HORACIO
(para sí, con los ojos cerrados)
Y, por mi alma,
¡profundamente dormido!
BRIGITTE
(mirándolo a la cara)
Realmente no está mal,
¡míralo, querida!
ÁNGELES
(dando un paso adelante)
¡Oh, Dios mío!...
¡Es él!... ¡Es Horacio!
BRIGITTE
(sorprendida)
¿Horacio?
ÁNGELES
¡Pues si! Ese joven caballero
que nos auxilió el año pasado.
BRIGITTE
Es posible...
me gustaría creerlo.
ÁNGELES
¿Qué? ¿No lo reconoces?
BRIGITTE
No, no tengo tanta memoria
como madame.
HORACIO
(para sí)
¡Ah, es encantadora!
Concertante
BRIGITTE, ÁNGELES
¡Oh, qué hermosa velada!
¡Momento encantador!
¡Mi alma embriagada
sueña con la felicidad!
¡Oh, qué hermosa velada!
¡Momento encantador!
¡Mi alma embriagada
sueña con la felicidad!
HORACIO
¡Oh, qué dulce velada!
¡Momento encantador!
¡Mi alma embriagada
renace a la felicidad!
¡Oh, qué dulce velada!
¡Momento encantador!
¡Mi alma embriagada
renace a la felicidad!
BRIGITTE
(mirando desde un costado de la sala)
La orquesta ha dado la señal.
Ya empiezan a bailar,
entremos al salón de baile.
ÁNGELES
(con rubor y mirando a Horacio)
Aun no.
BRIGITTE
¿Por qué?
ÁNGELES
Creo que al final de la contradanza
pasaremos más inadvertidas... ¡esperemos!
BRIGITTE
(con un poco de impaciencia)
Como quieras;
pero estamos perdiendo
un tiempo precioso.
ÁNGELES
No querida.
(señalando la puerta derecha)
Desde aquí podemos ver muy bien.
BRIGITTE
(mirando)
Es verdad.
HORACIO
(aparte)
¡Oh, próspero destino!
ÁNGELES
(se acerca a Horacio mientras
Brigitte está distraída mirando
lo que sucede en el salón de baile)
¡Ah! Si me atreviera...
¡No!... ¡No, jamás!
Primer cuplé - Andantino -
La turbación y el miedo
en los que mi alma se encuentra
me dicen que me estoy equivocando.
¡Ay, tengo miedo!
Pero... pero... al menos puedo
mirarlo sin temor.
¡Duerme! ¡Duerme!
Está dormido y no se enterará de nada.
¡No, no, no, no, no,
nunca sabrá nada sobre esto!
BRIGITTE
(dejando la puerta de la derecha)
¡Escucha! ¡Un bolero alegre!
ÁNGELES
(para sí y mirando a Horacio)
¡Dios mío! Tanto ruido lo despertará...
¡Maldito bolero!
Me temo que se va a despertar
con estos acordes tan alegres.
BRIGITTE
Parece que este soñando
con algo muy lindo.
Concertante
ÁNGELES
No... no... ¡qué maravilla!
Duerme... duerme muy bien.
¡Dios mío, hazlo dormir
y que no oiga nada!
Duerme, ¡qué maravilla!
Duerme... duerme muy bien,
¡Dios mío, hazlo dormir
y que no oiga nada!
Temo que se despierte
con estos alegres acordes.
Sí, todo me aconseja
que huya de aquí.
BRIGITTE
¡Ah, es una maravilla
y no entiendo nada!
Verdaderamente, cuando duerme,
este señor duerme muy bien.
¡Ah, es una maravilla,
y no entiendo nada!
Verdaderamente, cuando duerme,
este señor duerme muy bien.
No se despierta
con estos alegres acordes
y sigue durmiendo,
¡sueña con algo muy lindo!
HORACIO
(Levantando la cabeza de vez en cuando)
Mientras duermo,
desde aquí puedo ver muy bien.
¡Oh, dulce maravilla,
qué felicidad la mía!
Mientras duermo,
desde aquí puedo ver muy bien.
¡Oh, dulce maravilla,
qué felicidad la mía!
¡Ah, lejos de despertar,
cerremos, cerremos los ojos!
El amor me aconseja
que duerma para ser feliz
(Brigitte regresa a la puerta
del salón de baile para mirar el
bolero. Ángeles se acerca al sofá)
ÁNGELES
¡Ah, mi alma está emocionada!
HORACIO
¡Tuyo!... ¡Siempre tuyo,
mi encantadora desconocida!
ÁNGELES
Mientras duerme
¿pensará en mí?
Segundo cuplé
No tengo ningún
sentimiento de culpa,
y, sin embargo,
quedarse aquí es malo...
¡Lo presiento!
Pero este ramo de flores...
Puedo dejárselo sin culpa.
¡Duerme!... ¡Duerme!...
¡Está durmiendo, no se enterará!
¡No, no, no, no, no, nunca, lo sabrá!
¡Maldito bolero!
(Coloca su ramo en el sofá al lado de
Horacio; en este momento el sonido de
la orquesta toma nueva fuerza
mientras ella se aleja con ímpetu)
BRIGITTE
¡El hermoso bolero!
ÁNGELES
Se va a despertar.
HORACIO
Lejos de despertar,
¡cerremos los ojos!
Concertante
ÁNGELES
¡Me temo que se despertará
con estos acordes alegres!
BRIGITTE
¡Parece que está durmiendo
y sueña con algo muy agradable!
ÁNGELES
¡No, no, qué maravilla!
¡Duerme, duerme muy bien!
¡Dios mío haz que duerma
y que no oiga nada!
¡Duerme, qué maravilla!
¡Duerme, duerme muy bien!
¡Dios mío haz que duerma
y que no oiga nada!
¡Me temo que se despertará
con estos acordes tan alegres!
Sí, todo me aconseja
que me aleje de su mirada.
Pero no, ¡qué maravilla!
¡Duerme, duerme muy bien!
¡Duerme, duerme muy bien!
¡Dios mío haz que duerma
y que no oiga nada!
¡Haz que no escuche nada!
¡Dios mío haz que duerma
y que no oiga nada!
BRIGITTE
¡Ah, esta situación
no la esperaba!
Realmente, cuando duerme,
¡este señor duerme muy bien!
¡Ah, esta situación
no la esperaba!
Realmente, cuando duerme,
¡este señor duerme muy bien!
Lejos de despertar
con estos alegres acordes,
parece que está durmiendo
y sueña con algo lindo.
¡Ah, esta situación
no la esperaba!
No, no puedo imaginarlo.
¡Ah, esta situación
no la esperaba!
No, no puedo imaginarlo.
Cuando duerme,
duerme muy bien.
HORACIO
Mientras duermo,
desde aquí puedo ver muy bien.
¡Oh, dulce maravilla!
¡Qué felicidad la mía!
Mientras duermo,
desde aquí puedo ver muy bien.
¡Oh, dulce maravilla!
¡Qué felicidad la mía!
¡Ah, lejos de despertar,
cerremos, cerremos los ojos!
El amor me aconseja
que duerma para ser feliz.
Mientras duermo,
desde aquí puedo ver muy bien.
Desde aquí puedo ver muy bien.
Mientras duermo,
desde aquí puedo ver muy bien.
Desde aquí puedo ver muy bien.
Desde aquí puedo ver, puedo ver muy bien.
Escena 5
(Brigitte, Ángeles, Horacio, en el sofá, Juliano
que deja el salón de baile al fondo y la derecha)
JULIANO
Este ha sido el bolero más lindo que he bailado
HORACIO
(se levanta de golpe y corre hacia él)
¡Amigo, mi querido amigo!
(Le habla en voz baja y lo lleva al borde
del escenario, a la derecha)
ÁNGELES
(de nuevo enmascarada)
¡Ah, Dios mío, se ha despertado!
BRIGITTE
(de igual modo)
¿No irás a apiadarte de él?
¡Después de todo lo que ha dormido!
¿Será posible?
Venir al baile a dormir...
ÁNGELES.
¡Calla!
HORACIO
(en vos baja, a Juliano)
¡Es ella, es mi desconocida!
JULIANO
(de igual forma)
¿Tú crees?
HORACIO
Sí, pero me gustaría
estar completamente seguro.
JULIANO
¿Vas a hablarle?
HORACIO
Me muero por hacerlo,
pero mientras ella esté
con su compañera...
JULIANO
Es necesario alejarla...
HORACIO
Si tú pudieras.
JULIANO
La invitaré a bailar.
HORACIO
¡Ah, gracias!
N ° 2 - Contradanza
JULIANO
Hermosa enmascarada,
¿me acepta usted como compañero de baile?
BRIGITTE
(mira a Ángeles, que le hace señas de que
acepte)
Con mucho gusto, señor.
JULIANO
No hay tiempo que perder.
¿Ya ha escuchado usted
el estribillo que nos invita?
¡Vamos, vamos, vamos, señora!
BRIGITTE
Al menos, éste, no está durmiendo.
Escena 6
(Ángeles y Horacio)
HORACIO
(detiene a Ángeles, que va tras de Brigitte)
¡Ah, por favor, señora,
un instante, un solo instante!
ÁNGELES
(desfigurando su voz)
¿Qué quiere de mí,
caballero?
HORACIO
¡Ah! ¿No lo adivinas?...
¿Es necesario decirte
que te he reconocido?
ÁNGELES
(de igual modo)
¡Podría estar equivocado!
¡Ah!... ¡Usted ya no duerme!
HORACIO
¡Ah! Aquí me tienes...
tal como tú me recordabas.
ÁNGELES
Ese recuerdo... debe ser desterrado.
HORACIO
¿Y por qué?
ÁNGELES
Usted se va a casar...
se va a casar con la hija
del Conde de Sanlúcar.
HORACIO
¡Nunca! ¡Jamás!...
Contradanza
Pasaje Farandola
(Paso de una ronda de bailarines)
ÁNGELES
Fui yo quien ideó
ese matrimonio para usted.
HORACIO
¿Usted, señora?
ÁNGELES
Sí, sin duda ... porque usted
no tiene nada y para sustentar
su nombre y su abolengo,
necesita una buena fortuna.
HORACIO
¡Oh, señora, piense menos en mi fortuna
y más en mi felicidad!...
¡Nunca me casaré
si no es con usted!
ÁNGELES
¿Qué? ¿Quién le ha dicho a usted
que yo podría corresponderle? ...
¿Quién le ha dicho que yo soy libre?
HORACIO
¡Dios mío! ... ¡Está casada!
ÁNGELES
¿Y si así fuera?
HORACIO
¡Ah, moriría de dolor y desesperación!
ÁNGELES
¡Horacio!
HORACIO
Entonces, ¿por qué volver a vernos,
por qué has venido aquí hoy?
ÁNGELES
Para concretar una despedida...
Sí, Horacio,
la última despedida.
HORACIO
Pero ¿quién eres?
N ° 3 Romanza
ÁNGELES
¿Quién soy?
Un hada, un ángel bueno
que sigue tus pasos por todas partes
y cuya amistad no cambiará nunca.
Una mujer que puede ser traicionada
sin que tome venganza,
y que ni siquiera
tiene esperanzas, ¡ay!
en un amor que no debe ser.
Tu fiel servidora tanto aquí abajo
como en el cielo.
Sin interés, te soy fiel,
y cuando con otra
hermosa dama
te hayas desposado
conforme tus deseos,
¡allá en lo alto,
rezaré por los dos!...
Porque soy tu ángel bueno,
tu consejera, tu ángel custodio,
y mi corazón, a cambio,
no exige nada, solo felicidad,
solo una felicidad,
¡y que sea la tuya!
Escena 7
(Ángeles, Horacio, Lord Elfort,
saliendo por la puerta de la izquierda)
LORD ELFORT
(aparte)
¡Otra vez el pequeño
Horacio de Massarena!
ÁNGELES
¡Escóndeme!
LORD ELFORT
¿Por qué esa dama disfrazada
parece tan perturbada?...
¡Ah, Dios mío,
esa silueta es muy parecida
a la de mi esposa!
Si yo no estuviera seguro
de que ella permanece enferma
en su alojamiento, yo...
HORACIO
(en voz baja, a Ángeles)
¿Qué le sucede a este,
por qué te mira así?
ÁNGELES
(de igual modo)
Lo ignoro.
LORD ELFORT
Pero, aun así
quiero tener
paz en mi corazón.
¡Señora! ¿Bailamos?
HORACIO
(con violencia)
Iba a hacerle esa petición
a la señora.
ÁNGELES
¡Torpe!
LORD ELFORT
Yo me anticipé.
HORACIO
Sólo la voluntad de madame
puede otorgar derechos.
Sólo con que la señora
se digne aceptarme
como su caballero.
LORD ELFORT
Lo veremos...
ÁNGELES
¡Silencio!
HORACIO
Obedezco, señora.
ÁNGELES
¡Está bien!
HORACIO
Pero ¿la otra contradanza?
ÁNGELES
Para usted.
(Se aleja con Milord por
el salón de la izquierda)
Escena 8
(Horacio, luego Juliano)
HORACIO
(con placer)
¡Ah, ella tiene razón!
¿Qué estaba por hacer?
Bullicio, estrépito.
La he forzado a una contradanza
que ella le concede a él
por cortesía.
Pero la mía me la ha concedido
por voluntad propia.
JULIANO
¿Y bien?
HORACIO
Ella me ama, estoy seguro.
JULIANO
¿Te lo ha dicho?
HORACIO
¡No, exactamente!
JULIANO
Pero ¿sabes quién es?
HORACIO
No. Todo lo que sé
es que sólo me queda una hora
para estar con ella.
Ella se irá a la medianoche
y no la volveré a ver.
JULIANO
¿Cómo lo sabes?
HORACIO
Se lo ha dicho
a su compañera.
Las dos se han dado cita aquí,
en este salón, y cuando ese reloj
marque la medianoche,
la perderé para siempre.
JULIANO
¡Entonces, vamos,
no podemos permitirlo!
HORACIO
Moriré de pena.
JULIANO
Y ella, sin ser consciente,
quiere que la retengan,
es evidente que no pide
nada más que eso, créenme.
HORACIO
Quizás... pero ¿cómo hacerlo?
¿Cómo retenerla?
Y la compañera
que siempre está con ella...
JULIANO
Debemos separarlas,
hacer que una se quede y la otra se vaya.
Aunque ella sea agradable...
pero voy sacrificarme por ti, amigo.
HORACIO
Pero ¿qué estás haciendo?
JULIANO
Adelanto la hora
de la partida.
(Adelanta las manecillas del reloj)
HORACIO
¡Ah, bien hecho!
Corro a buscarla.
Escena 9
(Horacio, Juliano, Brigitte)
BRIGITTE
Pero, ¿a dónde se ha ido?
JULIANO
¡Ah, aquí estás!
Acabo de decirle cómo vas vestida
a una dama con dominó negro
que te estaba buscando.
BRIGITTE
¿Me buscaba?
JULIANO
Sí, ciertamente, ella dijo:
"¿Dónde está?"
¿Dónde está?
"En esa sala" le respondí.
Luego, mirando ese reloj, gritó...
BRIGITTE
¡Medianoche! No es posible,
hace un momento, en el otro salón,
solo eran las once...
¡Dios mío! ¡Dios mío!
¡Cómo pasa el tiempo en este lugar!
Y ese dominó, esa dama,
¿dónde está?
JULIANO
¡Salió corriendo!
BRIGITTE
¡Oh, cielos! ¿Sin esperarme?
Es cierto que cinco minutos más y...
Imposible después de eso...
Pero abandonarme...
¡Dejarme sola, así!
JULIANO
¿No estoy yo aquí?
BRIGITTE
¡Eh! ¡No señor, déjeme!
JULIANO
Me sentiría feliz de poder ayudarla...
¡Defenderla!
BRIGITTE
Puede ver que no tengo tiempo
para escucharlo... ¡Déjeme ir!
JULIANO
¿Está enfadada?
BRIGITTE
Debería... pero ¿hay tiempo
de enfadarse cuando se tiene prisa?...
JULIANO
Señora...
(La máscara de Brigitte cae a medias)
¡Ah, qué es hermosa es!
BRIGITTE
Entonces ¿no lo sabe?...
¡Qué traición!...
Usted, que hace un momento...
¡Ah, la medianoche va a sonar!...
Me marcho.
(Sale corriendo)
JULIANO
Ella realmente es
encantadora y empiezo
a lamentar lo que he hecho.
(Pone el reloj en hora)
A fe mía que estoy practicando
para ser el relojero de la corte,
(se da vuelta)
¡Es usted, milord!
¿Qué noticias tiene?
Escena 10
(Lord Elfort, Juliano, Horacio)
(Lord Elfort toma a Juliano aparte, mientras
que Horacio vuelve al escenario, mira el salón
de la izquierda y desaparece)
LORD ELFORT
(a Juliano)
¡Querido amigo, mi amigo,
mi único amigo!
¡Estoy furioso, estoy temblando!
¡Mi esposa está aquí!
JULIANO
¡No es posible!
LORD ELFORT
La he encontrado aquí,
charlando tête-à-tête
con Horacio de Massarena.
JULIANO
¿Horacio? Te engañas.
LORD ELFORT
No. Estaba muy incómoda
así que para intentar
desenmascararla,
la invité a bailar conmigo.
JULIANO
¿Y?
LORD ELFORT
¡Entonces, espera!...
Estuve hablando con ella,
pero no me respondió ni una palabra,
¡ni una palabra!
¡Como si no existiera!
JULIANO
Si...bueno, pero eso
no prueba que...
LORD ELFORT
¡Espera! ¿Tú conoce la elegante f
figura de mi esposa? ¡Pues bien!
Amigo mío, no es semejante,
no es parecida,
¡es la misma!
JULIANO
¿De verdad?
LORD ELFORT
Y todavía logré muchas más...
muchas más .. pruebas aterradoras.
Sabes que mi mujer
tiene sangre española,
sangre de la familia Olivares,
y como todas las madrileñas,
a menudo usa... ¡ah! ... ¡eh! ...
un handkerchief...
¡Ah, diablos!... ¿Cómo se dice en francés?...
¡Pañuelo!
Donde están bordadas
las armas de su familia...
JULIANO
¿Y?...
LORD ELFORT
¿Y? La extraña dama,
la enmascarada, la del dominó,
lleva bordadas en una esquina del pañuelo...
¡las armas de la familia de Olivares!
JULIANO
¡Oh, cielos!...
LORD ELFORT
Lo vi con mis propios ojos.
Estaba furioso ... quería arrancarle
la máscara... el disfraz...
Pero no pude,
ella se soltó de mi brazo y desapareció
en medio de los otros
dominós negros.
JULIANO
Pero ¿por qué?
LORD ELFORT
¿Por qué? ¿Por qué?
Pero ¿no te das cuenta?
Fue para ir a encontrarse con
el pequeño Horacio de Massarena.
JULIANO
¡Vamos, cálmate!
Es necesario estar seguros...
LORD ELFORT
Fue idea mía y ahora mismo quiero
regresar a mi alojamiento,
a mi hotel,
para asegurarme que
milady no está allí.
JULIANO
¡Oh, cielos! ¿Qué vas a hacer?...
Te acompañaré.
Corro a buscar nuestros abrigos
y haré llamar a mi cochero.
¡Ah, Horacio!
Escena 11
(Horacio, Juliano)
JULIANO
Ven entonces, desdichado...
Escucha amigo mío,
tu hada invisible,
¡tú misteriosa belleza no es otra
que la esposa de Lord Elfort!
HORACIO
¡No!
JULIANO
¡Si! Su marido está furioso
y tiene la intención de sorprenderla.
Ve a buscar a milady
y llévala a su casa inmediatamente.
Yo, mientras tanto,
llevaré a Elfort en mi coche.
Mi cochero, a quien voy a dar órdenes,
nos desviará,
nos demorará,
si es necesario, acaso,
acabe con un brazo roto, pero en la amistad,
nos apoyamos mutuamente.
¡Adiós!
Escena 12
(Horacio, a solas)
HORACIO
La maldigo, la odio.
Pero, como dice Juliano,
primero debemos salvarla.
Escena 13
(Ángeles, Horacio)
HORACIO
(en voz baja)
¡Huya, señora, huya...
todo ha sido descubierto!
ÁNGELES
(asustada)
¡Oh, cielos!
HORACIO
¡Váyase o estará perdida!
ÁNGELES
(de igual modo)
¿Quién le dijo eso?
HORACIO
El conde Juliano me dijo
que su marido lo sabe todo...
ÁNGELES
¿Mi marido?
HORACIO
(con ira concentrada)
Sí, Lord Elfort,
que en este mismo momento
está volviendo vuestro hotel.
ÁNGELES
¡Lord Elfort, ¡Mi esposo! ¡Ah!
Es original
y sobre todo muy divertido.
HORACIO
¿Se ríe? ¡Se atreve a reír!
ÁNGELES
Señor, le aseguro
que no estoy casada.
HORACIO
¿Es posible?
ÁNGELES
Y nunca lo he estado.
HORACIO
¿Quiere burlarse de mí?
ÁNGELES
No, señor, y la prueba es que
a pesar de los peligros
a los que se supone que me expongo,
¡me quedo!
HORACIO
Hay otra prueba, señora,
que no me dejaría
ninguna duda.
ÁNGELES
¿Cuál?
HORACIO
Que aceptara mi mano...
ÁNGELES
Escuche, Horacio,
no se enoje,
desearía poder hacerlo...
HORACIO
¿Cómo es eso?
N ° 4: Dúo
HORACIO
¡Hable, hable!
¿Qué destino es el nuestro?
¿Quién nos separa?
¿Es el rango o la cuna?
ÁNGELES
¡Oh, no!
Mi nacimiento es igual al suyo.
HORACIO
Entonces, ¿es la fortuna?
Pero no, usted no la tiene
ni yo tampoco.
¡Tanto mejor, tanto mejor!
El amor lo soluciona todo.
ÁNGELES
¡Oh, no señor!
¡Soy rica, muy rica!
HORACIO
La cuna...
ÁNGELES
¡Oh, realmente sí!
HORACIO
Y la riqueza...
ÁNGELES
¡Oh, realmente sí!
Ambos
HORACIO
¡En su casa, todo está bien!
Entonces, ¿qué obstáculo puede existir?
Tenga piedad de mi dolor,
tenga piedad de mi dolor.
¿Tendré que morir
sin conocer
el secreto que causa
mi desventura y desdicha?
ÁNGELES
¡Qué aflicción acaba de nacer
en mi alma!
¡Ah! Me compadezco de su dolor,
¡Ah! Me compadezco de su dolor.
Pero ¡ay de mí!
usted no puede conocer
el secreto que causa mi desdicha,
que causa mi desventura.
HORACIO
¡Ay de mí!
¿Qué puedo esperar de usted?
ÁNGELES
Mi amistad, que lo acompañará desde lejos.
HORACIO
¿Y a un amigo,
al más tierno amigo,
no se acercará
más adelante?
ÁNGELES
(suspirando)
¡Oh, Dios mío!...
HORACIO
¡Ah! Se lo ruego,
que alguna vez de nuevo
pueda contemplar su rostro.
¡Ah! Que esa esperanza me consuele...
¡Una vez!... ¡Sólo una!
ÁNGELES
¡Está bien! Se lo prometo.
HORACIO
¿Lo jura usted? ¿Lo jura?
ÁNGELES
Nunca he faltado a mi palabra.
HORACIO
¿Lo jura?
¿Lo jura?
(ella se quita la máscara)
ÁNGELES
Escucho la danza
y, por precaución, señor,
detengamos esta entrevista.
Empieza el baile
y el bullicio hace
que no se pueda oír nada.
Ambos
ÁNGELES
Detengamos esta entrevista.
Señor, detengamos esta entrevista;
HORACIO
No, no creo que el baile
pueda interrumpir
esta entrevista.
A pesar de que el baile comience,
todavía puedo oírla a usted muy bien.
ÁNGELES
Disfrutemos del momento.
En unos momentos
los sueños placenteros
se desvanecerán.
Ambos
ÁNGELES
Escucho la danza
y, por precaución, señor,
detengamos esta entrevista.
Empieza el baile,
y el bullicio hará
que no se pueda oír nada.
HORACIO
No, no creo que el baile
pueda interrumpir esta entrevista.
Aunque el baile comience
todavía puedo oírla a usted muy bien.
HORACIO
Entonces, ¿me deja la esperanza
de poder verla de nuevo?
ÁNGELES
Ya se lo he dicho.
HORACIO
¿Y cómo lo sabré?
ÁNGELES
El ángel que lo protege
se lo indicará,
pero hasta entonces, el secreto...
HORACIO
¡Ah, nunca le he dicho nada a nadie!...
ÁNGELES
¿Algún favor que haya hecho?
HORACIO
Sí, cuando me lo dan.
Pero hasta este momento,
y de hecho usted misma
debe reconocerlo,
no puedo ser discreto.
Haga que al menos yo tenga
algún mérito en ello.
Haga que al menos yo tenga
algún mérito en ello.
Ambos
ÁNGELES
Escucho la danza y,
por precaución, señor,
detengamos esta entrevista.
Empieza el baile,
y el bullicio hace que
no se pueda oír nada.
HORACIO
No, no creo que el baile
pueda interrumpir esta entrevista.
A pesar de que el baile comienza de nuevo
aun puedo oírla muy bien.
(Se oyen sonar las 12 campanadas)
ÁNGELES
¡Oh, cielos! ¡Qué escucho!
Me pareció que aún
no era la hora y, sin embargo,
es la medianoche
la que suena en este salón.
HORACIO
Es un error...
ÁNGELES
¿Qué? ¡No! ¡No!
HORACIO
Es un error...
ÁNGELES,
¡Otra vez! ... ¡Ah, todos juntos!
¡Se acabó para mí!...
¡Me muero de miedo!...
¿Y mi compañera? ¡ay!...
¿Dónde puedo buscar
a mi fiel compañera?
¿Dónde está?
¿Cómo encontrarla ahora?
HORACIO
(con embarazo)
Ella está... Ella se ha ido.
ÁNGELES
¡Oh, cielos, sin esperarme!... ¿Cómo?
HORACIO
Por una artimaña
de la que me acuso...
¡Para mantenerla a usted junto a mí
la alejé a ella en secreto!
ÁNGELES
¡Ah! ¡Usted me ha perdido!
HORACIO
¡Oh, Dios mío! ¿Qué he hecho?
Ambos - Allegro
ÁNGELES
¡Oh, qué terror me abruma!
¡Qué he hecho, desdichada!
Soy culpable ante todo el mundo,
¿qué será de mí?
Ambos
HORACIO
¡Oh, que terror me abruma!
¡Qué has hecho, miserable!
Yo soy el culpable.
¿Cómo pude retenerla?
¿Qué he de hacer?
Nada puede salvarme de su ira,
¡solo me queda morir!
Nada puede sustraerme
de su justa ira,
de su justa ira,
¡solo me queda morir!
Solo me queda morir.
ÁNGELES
¡Qué he hecho, pobre de mí!
¿En qué me convertiré?
¿Qué debo hacer?
Del severo castigo
nada me puede sustraer,
solo me queda morir.
Del castigo,
del severo castigo
nada me puede sustraer,
solo me queda morir,
solo me queda morir.
HORACIO
Que al menos
su corazón se abra a mí,
que pueda reparar mis errores...
ÁNGELES
¡Nunca!¡Nunca!...
HORACIO
¡Ah! Se lo suplico...
Permítame que con celo
pueda expiar mis faltas,
déjeme defenderla
o al menos déjeme guiarla.
ÁNGELES
¡No, no, debo irme sola!...
HORACIO
¡Unos instantes más!
ÁNGELES
¡Déjeme ir,
o frente a usted moriré!
HORACIO
¡Y bien! ¡La seguiré!
ÁNGELES
No... se lo prohíbo.
¡Ah, usted me ha perdido!
HORACIO
Dios mío,
¿qué he hecho?
ÁNGELES
¡Oh, el terror me abruma!
¿Qué has hecho, desdichada?
Ante todos soy culpable,
¿qué será de mí?
Ambos
HORACIO
¡Oh, el terror me abruma!
¿Qué has hecho, miserable?
Yo soy el culpable.
¿Cómo pude retenerla?
Nada puede sustraerme
de su justa cólera,
sólo me queda morir,
sólo me queda morir.
ÁNGELES
¡Qué he hecho, pobre de mí!
En que me convertiré.
Del castigo,
del severo castigo
nada puede sustraerme,
solo me queda morir,
solo me queda morir.
HORACIO
Nada puede sustraerme
de su justa ira,
nada puede sustraerme
de su justa ira.
Sólo me queda morir,
sólo me queda morir.
Nada puede sustraerme
de su justa ira,
nada puede sustraerme
de su justa ira.
Sólo me queda morir,
sólo me queda morir.
Sólo me queda morir,
solamente morir.
ÁNGELES
Nada puede sustraerme
de un severo castigo,
sólo me queda morir.
Nada puede sustraerme
de un severo castigo,
sólo me queda morir.
Sólo me queda morir,
solamente morir.
(Ella se aleja a pesar de los esfuerzos
de Horacio por retenerla. Llega junto
a la puerta, hace señas con la mano
para que no la siga. Horacio se
detiene. Ella se vuelve a poner la
máscara y se aleja)
Escena 14
Allegro
HORACIO
(a solas)
Si tú lo quieres...
a esta terrible detención,
me someto... obedeceré...
¡No, no, es imposible!
Pase lo que pase, ¡ay!
¡La seguiré!
(sigue sus pasos y desaparece)
Intermedio (ballet)
ACTO II
(Comedor de Juliano. En medio, un brasero.
Al fondo, una puerta, y a un costado una ventana
que da a la calle. Dos puertas a la izquierda, una
a la derecha. Entre las puertas, alacenas,
aparadores; en la parte inferior, a la izquierda, una
mesa dispuesta para la cena)
Escena 1
(Jacinta, sola)
JACINTA
La una de la madrugada
y don Juliano, mi amo,
aún no ha regresado.
De todos modos,
él sólo duerme durante el día...
¡Ah! Pero esa idea de invitar
a sus amigos a cenar
la noche de Navidad
y avisarme en el último momento,
¡es la cereza del postre!...
Yo, que pensaba que iba a tener
la Nochebuena libre...
Había planeado
una pequeña cena tête à tête
con Gil Pérez. ¿Gil Pérez?
Es el conserje del convento
de la Anunciación... en fin,
en todo caso, es él quien tiene
todas las llaves del convento.
Dios mío ya debe estar en camino
y es imposible cancelar la cena
a esta hora...
¡Ah, cuánto se debe
compadecer al ama de llaves
de un muchacho!
Cuando se trata de un viejo, es otra cosa.
Por ejemplo, el tío de Juliano,
el señor Apuntador
con quien trabajé anteriormente...
¡Qué diferencia! ¡Qué diferencia!
N ° 5: Cuplés
Primer cuplé
Si hay un trabajo en la tierra
que debería ser placentero,
es el de servir
y cuidar la casa
de un anciano...
Sí, eso es el paraíso.
Allí se cumplen nuestras órdenes
al instante.
A nosotras,
que los cuidamos y los mimamos,
nos deben su salud.
Nuestra fuerza es su debilidad,
y somos dama y señora,
y somos dama y señora,
o antigua dueña o pimpollo,
que gobernamos sin cesar.
Por cien razones
elijamos la casa
de un viejo.
Por cien razones,
elijamos la casa
de un anciano.
Por cien razones,
elijamos la casa
de un hombre mayor,
de un hombre mayor,
de un hombre mayor.
Segundo cuplé
El ama de llaves es su bien,
su sostén, ella reina.
Él es para con ella indulgente,
galante y complaciente.
Ella tendrá las llaves de todo,
e incluso las del corazón, del señor.
Fiel en su vida,
lo será en su testamento,
donde brilla, según la costumbre,
una ternura póstuma,
una ternura póstuma.
Ya seamos ancianas o jovencitas,
queremos gobernar
sin cesar.
Por cien razones
elijamos la casa de un viejo.
Por cien razones,
elijamos la casa de un anciano.
Por cien razones,
escojamos la casa
de un anciano,
de un anciano,
de un anciano.
Pero aquí, lamentablemente, no estamos así,
y mañana, cuando mi sobrina Inesilla
esté conmigo en esta casa,
me encargaré de vigilarla bien,
porque una joven de provincias,
entre descarados sujetos
como mi amo y sus amigos!...
Pero si ese Gil Pérez,
al menos tuviera el tino
de venir antes que los demás,
podríamos arreglarnos bien...
(Yendo a la ventana trasera la abre)
No veo nada.
Pero... parece que frente a este balcón...
en medio de la calle alguien se ha detenido...
¡Oh, Dios mío!... Una figura alta, negra...
que levanta su brazo hacia mí...
¡Ah, tengo miedo!
(Cierra rápidamente la ventana)
Es una advertencia del cielo...
Siempre pensé que me traería mala suerte
cenar tête-à-tête la noche de Navidad
con el ecónomo de un convento...
Con cualquier otro, no digo yo que...
¡Ah, están llamando a la puerta!...
¡Alabado sea Dios!.,.
¿Será Gil Pérez... o mi patrón?
No importa, siempre y cuando
yo no esté sola.
(Va a abrir la puerta del fondo y deja
escapar un grito de terror cuando ve
aparecer una figura negra)
Escena 2
(Ángeles, con dominó y máscara, Jacinta)
JACINTA
¡Ah, finalmente aquí llegó Gil Pérez!
(grita asustada)
¡Aaaaah!
ÁNGELES
¡Aaaaah!
JACINTA
¡Ay, Jesús, María y José,
protegedme!...
¡Vade retro Satanás!
ÁNGELES
(quitándose la máscara)
Tenga por seguro, señora,
que soy una pobre mujer
que tiene más miedo que usted.
JACINTA
¿Y de dónde viene?
ÁNGELES
Como lo ve,
acabo de salir
de un baile de máscaras.
Pero por un suceso
demasiado largo de explicar,
me encontré sola en la calle
y no puedo regresar a mi casa.
Tengo miedo y frío, señora,
mi destino está en sus manos.
JACINTA
Está bien, la comprendo...
Pero, de todas formas
seré amable y servicial...
siempre y cuando
eso no me exponga y, sobre todo,
no me cueste nada.
ÁNGELES
Tome, tome esta bolsa.
JACINTA
Pero, ¿por quién me toma usted?
ÁNGELES
Hay veinte doblones, son de oro.
JACINTA
Está bien...
Todo sea porque es Navidad...
¿Qué puedo hacer por usted?
ÁNGELES
Darme asilo por unas horas,
hasta que amanezca.
JACINTA
Pero acoger
a una persona desconocida...
ÁNGELES
Pero, ¿qué puedo decir
o hacer para persuadirla?
JACINTA
...
ÁNGELES
¡Ah! Este anillo de diamantes,
acéptelo, por favor.
JACINTA
Estas son las formas de actuar
que inmediatamente revelan
a una persona como Dios manda.
Además, no tengo ninguna
duda de que mi patrón...
ÁNGELES
¿Tienes un patrón?
JACINTA
Sí, un joven de veinticinco años,
imagínense, y...
ÁNGELES
¡Ah, Dios mío!
¡No debe verme,
escóndame en su habitación!
JACINTA
(señalando la puerta de la derecha)
Es esa.
ÁNGELES
¡Que nadie entre!
JACINTA
Va a ser difícil, mi pequeña señorita,
mi patrón va a venir a cenar
con media docena
de sus amigos...
ÁNGELES
Este dominó, este disfraz,
me expondrá a la curiosidad
y a las preguntas de su patrón...
JACINTA
¿Eso es todo?
Es muy fácil evitarlo.
Tengo a mi sobrina Inesilla,
una aragonesa,
que ha venido para trabajar
como sirvienta en Madrid.
Ya he recibido un baúl con sus pertenencias;
están ahí, en mi habitación,
y si lo cree conveniente...
ÁNGELES
Como a usted le parezca.
Alguien viene. No diga nada.
¿Oye?... Cuanto se lo agradezco...
JACINTA
¡Seré una tumba!
Entre, y que nuestra
señora de Loreto la proteja.
(Ángeles entra de la habitación derecha)
Escena 3
(Jacinta, Gil Pérez)
JACINTA
¡Ah, Gil Pérez!¡Qué suerte!
GIL PÉREZ
¡Sí, querida amiga,
mi divina Jacinta!
Llego un poco tarde
pero quería asegurarme
de que todos estuvieran
durmiendo en el convento.
JACINTA
(empujándolo hacia la salida)
¡Tanto mejor!
Así n le escucharán regresar,
pues tiene que regresar ahora mismo.
GIL PÉREZ
¿Y por qué?
JACINTA
Porque el conde Juliano,
mi patrón,
en cualquier momento
llegará a cenar
con sus amigos.
GIL PÉREZ
¡Qué fastidio!
No quiero regresar
de ningún modo.
JACINTA
¿Piensa eso?
¡Me compromete!
GIL PÉREZ
Bueno, bueno, adiós.
Pero, vamos mi dulce Jacinta,
déjame entrar...
JACINTA
¿Y cómo podré justificar
su presencia a esta hora?
GIL PÉREZ
Le dirás al señor Juliano
que me pediste que viniera
a ayudarte con la cena.
JACINTA
¿Sabes cocinar?
GIL PÉREZ
Antes de ser conserje,
fui cocinero.
JACINTA
¡Qué talento!
GIL PÉREZ
Todavía no has visto nada,
Jacinta...
JACINTA
Está bien, lo comprendo...
GIL PÉREZ
A buena hora...
Voy a la cocina
y me instalo entre los fogones.
En cuanto esos señores hayan cenado,
llevaré a tu habitación
los mejores platos
que haya apartado para ti.
JACINTA
¡Ah, Señor Gil Pérez,
qué atrevimiento!...
GIL PÉREZ
¡Corro, vuelo a la cocina!
JACINTA
¡Sí, y llévese esta canasta de verduras!
Escena 4
N ° 7 Conjunto
LOS CABALLEROS Y JULIANO
¡Despertemos!
¡Despertemos al amor y belleza!
¡Despertemos a los maridos
dispuestos quedarse dormidos!
¡Despertemos a todos al deseo!
¡Despertemos al amor y bellas damas!
¡Despertemos a los maridos
dispuestos quedarse dormidos!
¡Despertad amantes fieles!
¡Despertad, despertad
todos al deseo!
¡La noche es el momento del placer,
la noche es el momento del placer!
¡Viva la noche y los placeres!
¡Viva la noche y los placeres,
viva la noche y los placeres!
JULIANO
¡Que la razón
duerma en la cama!
En la mesa, copa en mano,
me consuelo con el amor.
¡Las bellas noches
son como días soleados,
las bellas noches
son como días soleados!
CABALLEROS, JULIANO
¡Despertemos!
¡Despertemos al amor y bellas damas!
¡Despertemos a los maridos
dispuestos a quedarse dormidos!
¡Despertemos a todos al deseo!
¡Despertemos al amor y bellas damas!
(¡Despertemos a los maridos
dispuestos a dormir!)
¡Despertemos a las amantes fieles!
(¡Despertemos, despertemos
todos al deseo!)
¡La noche es el momento del placer,
la noche es el momento del placer!
¡Viva la noche y el placer!
¡Viva la noche y el placer!
JULIANO
(regresa y llama)
¡Jacinta! ¿Dónde estás?
(Va a abrir la puerta de la derecha
y retrocede asombrado al ver a Ángela
empujada por Jacinta)
Escena 5
(Los anteriores, Jacinta, Ángeles,
saliendo por la puerta de la derecha)
Andantino
JULIANO
¿Qué es lo que veo?
¡Qué rostro tan encantador!
LOS CABALLEROS
¿Quién es esta hermosa muchacha?
JACINTA
¡Es mi sobrina!
Sí, soy su tía.
¡La estábamos esperando!
LOS CABALLEROS, JULIANO
¡Sería una buena criada,
una buena criada,
para un matrimonio con niños!
¡Para un matrimonio con niños!
INESILLA (ÁNGELES)
¡Ah! ¡Ah! ¡Señores,
es demasiado honor!
¡Ah! ¡Estoy muy asustada!
¡Ah! ¡Estoy muy asustada!
JACINTA
¡Vamos, coraje!
JULIANO
¿Su nombre?
JACINTA
¡Coraje!
JULIANO
¿Y su nombre?
JACINTA
¡Inesilla!
CABALLEROS, JULIANO
¡Qué bella muchacha!
¡Qué linda es!
¡Esta Inesilla
tiene atractivo!
Por ignorante que sea,
me encanta,
y como sirvienta
la tomaría,
y como sirvienta
la tomaría.
¡Sí, por sirvienta
la tomaría,
sí, por sirvienta
la tomaría!
Andantino
JULIANO
¿De dónde eres, querida?
INESILLA (ÁNGELES)
¡Vengo del campo!
JULIANO
¿Y qué sabes hacer?
INESILLA (ÁNGELES)
¡Nunca aprendí a hacer nada!
JULIANO
¡Con alma generosa
entre todos te instruiremos!
INESILLA (ÁNGELES)
(mirando a Jacinta)
¡Ah! ¡Estoy muy feliz
de poder entrar a su casa!
En esta casa
que honro
haciendo una reverencia.
Ser admitida
es un gran placer...
Conjunto
INESILLA (ÁNGELES)
(Aparte)
¡Pero tendré mucho más placer
tan pronto como pueda salir de aquí!
JACINTA, JULIANO
¡Como criada, la tomarán!
LOS CABALLEROS
¡Cuánta gracia, cuántos atractivos!
JULIANO
¿Eres amable e inteligente?
INESILLA(ÁNGELES)
¡Todos te lo dirán!
JULIANO
(tomando su mano)
¿No eres un poco salvaje?
INESILLA (ÁNGELES)
Salvaje, ¿qué es eso?
JULIANO
Como fiel criada, te quedarás aquí.
INESILLA (ÁNGELES)
Si no le agrado, ¡por la Virgen!
puede despedirme...
Porque, porque en esta casa
que honro,
el ser admitida
es un gran placer! ...
Conjunto
INESILLA (ÁNGELES)
(Para sí)
¡Pero tendré mucho más placer
tan pronto como pueda salir de aquí!
JACINTA Y JULIANO
¡Como criada, la tomaríamos!
LOS CABALLEROS
¡Cuánta gracia, cuántos atractivos!
JACINTA
Vamos, es demasiada charla...
¡Terminemos, por favor!
¡Debemos cumplir con el servicio!
JULIANO
¡Es justo!
¡Tráenos Jerez y vino de Málaga!
JACINTA
¡Vamos, bajemos a la bodega!
JULIANO
¡A la bodega!...
JULIANO
¡Veo que ella no es demasiado valiente!
LOS CABALLEROS
¡Cada uno de nosotros la escoltará!
JACINTA
¡No, no señores,
yo soy más valiente,
su tía la acompañará!
¡Vamos, vamos a buscar
Jerez y vino de Málaga!
CABALLEROS, JULIANO
¡Qué hermosa muchacha!
¡Qué linda es!
¡Y es que Inesilla
tiene atractivo!
¡Y es que Inesilla
tiene atractivo!
Conjunto
CABALLEROS, JULIANO
Por ignorante que sea,
me encanta,
y como criada
la tomaría.
INESILLA (ÁNGELES)
¡Inesilla, pobre muchacha!
¡Inesilla, los seduciría!
¡Aunque sea ignorante,
yo les encanto
y como criada
me tomarían!
¡Inesilla, pobre muchacha!
Inesilla, la pobre chica
los seduciría, los seduciría.
¡Sí, Inesilla, pobre muchacha!
¡Inesilla, la pobre chica
los seduciría, los seduciría!
Aunque sea ignorante
yo les encanto,
¡y me tomarían
como criada!
JACINTA
Ella es encantadora y seductora,
¡y por su tía me tienen!
La linda muchacha, qué simpática es,
qué simpática es,
sí, Inesilla, les convendrá.
La linda muchacha,
es simpática,
sí, Inesilla, les convendrá.
Ella es encantadora
y seductora,
¡y por su tía, me tendrán!
Escena 6
JULIANO
Está realmente muy bien,
la pequeña aragonesa...
TODOS
¡Ah!
(Entra Horacio)
JULIANO
¡Ah, aquí estás mi querido amigo!
¡Señores, mientras esperan la cena,
fumen algunos puros
en la sala de estar!
¡Vamos, vengan, vengan!... ¡Pues bien!
¡Todo salió de maravilla!
Imagínate que ese insensato
de Lord Elfort,
ese atolondrado de Lord Elfort,
al ver que mi cochero
estaba perdido y tomaba
el camino más largo, tomó...
JACINTA
...
JULIANO
¡Vamos, so, so!... Tomó
las riendas violentamente
¡y en un instante nos condujo a su hotel!
Él temblaba
mientras subía las escaleras.
HORACIO
Estás en un error.
JULIANO
¡Lo vi y no sé cómo tú
y milady lograron
regresar al hotel
antes que nosotros!
HORACIO
No era ella, y la prueba
es que me quedé
media hora más con mi desconocida.
Ella huyó cuando
llegó la medianoche,
traté de retenerla
pero a pesar de mis esfuerzos
logró desprenderse
dejando caer este brazalete,
(mostrando el brazalete:)
JULIANO
El caso es que
vuestra desconocida,
por la riqueza de este brazalete
debe ser una gran dama.
¡Ah! Aquí tenemos al joven Melchior
que sabe mucho sobre diamantes.
Mi querido Melchor,
¡Horacio quiere hablar contigo!
HORACIO
¿Conoces esta joya por casualidad?
MELCHIOR
¡Ciertamente! Fue vendida
recientemente delante de mí.
HORACIO
¿A quién?
MELCHIOR
A la Reina.
HORACIO
¡Oh, cielos! La Reina...
TODOS
¡Ah!
HORACIO
¡No es posible, es absurdo!
HORACIO
¡Ah!
INESILLA (ÁNGELES)
(viendo a Horacio)
¡Ah, es él!
Escena 7
JULIANO
Pero ¿qué sucede?
¡Aaah! Estás mirando
a la nueva criada...
Es bonita, ¿eh?
HORACIO
¿Es una criada?
JULIANO
Una aragonesa,
sobrina de Jacinta.
HORACIO
¿Y tú la conoces?
JULIANO
¡Sí! Pero
¿a qué se debe esa mirada de asombro?
HORACIO
Es que
dime,
tú que ves a menudo a la Reina,
¿no te parece que esta criada
se parece mucho a ella?
JULIANO
En absoluto, ni un solo rasgo.
HORACIO
¿Estás seguro?
JULIANO
¡Ciertamente!
¿Porque esa pregunta?
HORACIO
Es que... ¡Me estoy volviendo loco,
estoy perdiendo la cabeza!
JACINTA
(fuera de escena)
¡A la mesa!
JULIANO
¡Ah, a la mesa, señores, a la mesa!
TODOS
¡Aaah!
JULIANO
¡Y sobre todo, a beber!
TODOS
¡A beber!
JULIANO
Brindo por la salud de mi amigo Horacio
y por sus éxitos.
TODOS
¡Por Horacio!
JULIANO
Beber no le hará daño.
El pobre es el héroe
de una novela muy triste.
Está enamorado de una bella desconocida,
una ninfa fugitiva, una ...
INESILLA (ÁNGELES)
(deja caer un plato)
¡Ah, Dios mío!
JULIANO
¡Qué maravilla! La aragonesa
trata bien mi vajilla.
TODOS
¡Oh!
JACINTA
(yendo hacia ella)
¡Torpe!
JULIANO
¡No la regañes!
JACINTA
Se lo merece.
INESILLA (ÁNGELES)
No te enojes, tía,
lo pagaré con mi salario.
JULIANO
Soy un buen príncipe
y te pido en compensación
alguna canción
de tu provincia.
CABALLEROS
¡Una canción! ¡Una canción!
JACINTA
¿Sabes alguna?
INESILLA (ÁNGELES)
Creo que sí... más o menos.
TODOS
¡Una canción! ¡Una canción!
JULIANO
¡Que su talento brille!
JACINTA
¡Coraje!
N ° 8 Rondó aragonés
Allegro non troppo - Cuplé
INESILLA (ÁNGELES)
La hermosa Inés
alardea;
pues tiene atractivos,
virtudes;
y mucho más:
¡tiene dinero!
Todos los jóvenes,
morenos o rubios,
la miran con dulzura y le dicen:
¿a quién de nosotros
quieres tomar
como marido?
¿A un granjero rico?
¿A un arriero gallardo
o a un alguacil?
¿Este de allí te conviene?
Tra la, tra la.
- No, mi corazón descortés,
Tra la, tra la,
Rechaza al alguacil,
Tra la, tra la.
- ¿Te gusta el Alcalde?
- Tra la, tra la,
Incluso si fuera un corregidor,
aun así, lo rechazo.
- ¿A quién quieres,
bella muchacha de dulces ojos?
Responde, todos te amamos.
Para marido, dinos:
¿con cuál te quedas?
- El amante que quiero
es aquel, es aquel
que mejor baila.
El amante que quiero
es aquel, es aquel
que mejor baila,
es el que mejor baila.
El amante que quiero,
el amante que quiero
es el que mejor baila
el amante que quiero,
el amante que quiero,
es el que mejor baila
Conjunto
CABALLEROS, JULIANO
¡Qué gracia!
que candor!
¡Es digna de pertenecer a un gran señor!
Mi corazón enamorado
se enciende en el fuego
de sus hermosos ojos.
HORACIO
¡Su mirada
es encantadora!
Pero esas ropas,
¿estaré equivocado?
¿Debo creer
en lo que siente mi corazón,
o en lo ven mis ojos?
JACINTA
¡Ah! ¡Qué encantador
es el sonido de su voz!
¡Mi sobrina me honra!
¡Y ya, los corazones enamorados,
de estos jóvenes, se están encendiendo
en el fuego de sus hermosos ojos!
Segundo Cuplé
INESILLA (ÁNGELES)
Desde ese momento,
cada amante
comenzó de inmediato
a bailar,
a balancearse,
a pasar,
y volver a pasar
y, con las castañuelas repiqueteando,
cada pretendiente
practicaba
y daba la señal
para el baile.
El arriero Pedro
se enseñoreaba con el bolero,
y el alcalde ya brillaba
bailando la cachucha,
Tra la, tra la.
- Caballeros, no es eso,
Tra la, tra la.
Y, mientras tanto,
Tra la, tra la,
El joven y apuesto José,
Tra la, tra la,
la miraba de lejos
y bailaba de medio lado,
porque la amaba...
- Hermosa de dulces ojos,
este hermoso baile nos reúne a todos;
¿A quién de nosotros
quieres tomar como esposo?
- El bailarín que quiero
es aquel, es aquel,
que más me ama.
Sí, José, te quiero,
porque eres tú, porque eres tú
quien más me ama.
porque eres tú
quien más me ama,
porque eres tú
quien más me quiere,
sí, José, te quiero,
sí, José, te quiero,
porque eres tú
quien me ama mejor,
sí, José, te quiero,
sí, José, te quiero,
porque eres tú
quien más me quiere.
Conjunto
CABALLEROS, JULIANO
¡Qué gracia!
qué candor!
¡Es digna de un gran señor!
Mi corazón enamorado
se enciende en el fuego
de sus hermosos ojos.
HORACIO
¡Su mirada
es encantadora!
Pero esas ropas,
¿estaré equivocado?
¿Debo creer
en lo que siente mi corazón,
o en lo ven mis ojos?
JACINTA
¡Ah! ¡Qué encantador es
el sonido de su voz!
¡Mi sobrina me honra!
¡Y ya, los corazones enamorados
de esos jóvenes
se están encendiendo
en el fuego de sus hermosos ojos!
JULIANO
¡Vamos, Jacinta, sirve
el ponche y el café en la sala!
JACINTA
De inmediato, de inmediato.
(Jacinta sale un momento. Todos se
levantan y los criados de los jóvenes
señores quitan la mesa, que llevan al
fondo de la escena)
JULIANO, CORO
¡No puedo refrenarme más!
INESILLA (ÁNGELES)
¡Ah! ¡Conteneos, por favor!
TODOS
¡No, no!
INESILLA (ÁNGELES)
¡Ah! Conteneos...
LOS CABALLEROS
¡No, no!...
INESILLA (ÁNGELES)
¡Ah! Moderaos...
Conjunto
CABALLEROS, JULIANO
(Jacinta sale mientras los
caballeros acosan a Ángela)
¡No, no, de verdad,
mi corazón enamorado
se inflama en el fuego
de tus hermosos ojos!
INESILLA (ÁNGELES)
(defendiéndose)
¡Ah! Me estremezco ante vuestra audacia!
¡Ah! ¡Me estremezco ante vuestra audacia!
HORACIO
¿Cómo? ¡Qué!
Puede ser ella...
Conjunto
HORACIO
(apartado a un lado de la
escena y mirando a Inesilla)
¿En este lugar?
No, no lo es,
¡es imposible!
No es ella,
no, no, ¡es imposible!
INESILLA (ÁNGELES)
¡Ah, dejadme!
¡Ah, dejadme!
¡Dejadme!
¡Ah, dejadme!
¡Ah, dejadme!
¡Qué audacia!
¡Ah, Dios mío!
CABALLEROS, JULIANO
¿De verdad no quieres?
¡Vamos, déjate llevar!
¡No seas timorata!
¡Dígnate aceptar
la propuesta de uno de nosotros!
CABALLEROS, JULIANO
¡Sólo un beso, sólo uno!
¡Sólo un beso, sólo uno!
INESILLA (ÁNGELES)
¡No, no, no, dejadme!
JULIANO
Sólo un beso.
INESILLA (ÁNGELES)
No.
CABALLEROS
Sólo un beso.
INESILLA (ÁNGELES)
No.
JULIANO
¡Uno sólo!
LOS CABALLEROS
¡Uno sólo!
INESILLA (ÁNGELES)
¡No!
¡defendedme!
HORACIO
(aparte, con alegría)
¡Es ella!
JACINTA
(entra en este momento por la primera
puerta, que corresponde al salón, y dice
con aire muy severo)
Bueno, ¿qué sucede aquí?
CABALLEROS, JULIANO
¡La tía!
Soportemos la ira
justificada de la señora.
JACINTA
El ponche
está servido en el salón.
JULIANO
¿Y las mesas de juego?
JACINTA
Todo está dispuesto.
JULIANO
¡Es encantadora!
(Haciendo señas a los amigos
para que pasen al salón)
Caballeros... caballeros,
el ponche los está esperando.
Conjunto
JULIANO
Apartémonos de la mirada
de esta espía; (Jacinta)
Dentro de poco
¡seremos felices!
Apartémonos de la mirada
de esta espía; (Jacinta)
Dentro de poco
¡seremos felices!
Apartémonos de las miradas
de esta espía;
Apartémonos de las miradas
de esta espía;
apartémonos de las miradas
Dentro de poco
¡seremos felices!
HORACIO
¡Sí, sí, es ella,
a la que el Amor
en este lugar nuevamente
ofrece a mis ojos!
¡Sí, sí, es ella,
a la que el Amor
en este lugar nuevamente
ofrece a mis ojos!
¡Sí, es ella,
a la que el Amor nuevamente
ofrece a mis ojos! (bis)
CABALLEROS
Para conseguir su corazón
probaremos fortuna más tarde.
Para lograr su corazón,
para lograr su corazón
probaremos fortuna más tarde.
¡Más fortuna!
Evitemos las miradas de esa espía (Jacinta)
Ocultémonos a las miradas de esa espía,
ocultémonos de sus miradas.
Sí, para lograr su corazón
probaremos fortuna más tarde.
Sí, para lograr su corazón
probaremos fortuna más tarde.
JACINTA
¡No, no temas mientras estés
vigilada por mí!
¡No, no temas mientras estés
vigilada por mí!
¡Pero mira, estos grandes señores!
¡Qué indecencia, qué moral!
¡Qué indecencia, qué moral!
INESILLA (ÁNGELES)
¡Dios mío te doy gracias!
¡Dios mío, te doy gracias!
JACINTA
Bueno, ya se fueron, no temas...
Voy a la cocina.
(Sale por la puerta de la izquierda.
Cuando ella ha salido, Horacio, que
fue el último en salir, vuelve sobre sus
pasos junto a Inesilla, que quedó
arreglando la mesa)
Escena 8
(Horacio, Inesilla)
HORACIO
(acercándose tímidamente a ella)
Señora...
INESILLA (ÁNGELES)
Señor, ¿qué desea?
¿Un Chianti o un vino de Málaga?
(Le ofrece una copa)
HORACIO
(sorprendido)
¡No, no, eso no es posible!
INESILLA (ÁNGELES)
(con acento provinciano)
Entonces, ¿algo para picar?
En cualquier caso, sin dudarlo,
pida usted que aquí me tiene.
HORACIO
¿Usted es?...
INESILLA (ÁNGELES)
Inesilla la aragonesa,
la sobrina de la señora Jacinta.
HORACIO
¡Entonces no es usted ella!
El parecido es tan grande,
que experimento con usted
lo mismo que sentí con ella.
(La toma en sus brazos)
INESILLA (ÁNGELES)
(Para sí)
¡Oh, qué dulce!...
HORACIO
Sí, es usted, es usted, señora,
¡estoy seguro! Usted...
(Alguien llama a la puerta)
¿Quién llama a esta hora?
LORD ELFORT
¡Abrid la puerta, soy un amigo,
soy Lord Elfort!
INESILLA (ÁNGELES)
¡Oh cielos, Lord Elfort!
HORACIO
¿Por qué esa inquietud?
INESILLA (ÁNGELES)
¡No abra! ¡No abra!
HORACIO
Así que es usted, señora...
LORD ELFORT
¡Abrid esta maldita puerta!
INESILLE (ÁNGELES)
¡Si me ve, estoy perdida!
HORACIO
No la verá, se lo juro,
pero ¿usted confía en mí?
INESILLE (ÁNGELES)
Sí señor...
LORD ELFORT
¡Cabrones, bastardos!
HORACIO
¿Me dirá quién es usted?...
INESILLE (ÁNGELES)
Sí señor...
HORACIO
Entre en esta habitación,
pero no olvide su promesa.
INESILLE (ÁNGELES)
¡Oh, no señor!
HORACIO
¡Espere aquí! Tan pronto como
Milord entre en el salón,
vendré a recogerla y,
envuelta en mi capa,
podrá salir sin peligro.
INESILLE (ÁNGELES)
¡De acuerdo!
(Lord Elfort sigue golpeando
con fuerza la puerta)
Escena 9
(Juliano, que sale del salón de la
izquierda, Horacio, luego Lord Elfort)
JULIANO
¡Ah, qué alboroto!
¡Jacinta! ¡Inesilla!
¿Dónde están todas esas mujeres?
HORACIO
No sé... Inesilla estuvo aquí
hasta hace un momento... y luego salió.
JULIANO
A la cocina, sin duda...
¿Quién diablos está llamando a estas horas?
(Va a abrir la puerta trasera.
Horacio se acerca a la puerta derecha,
y la cierra con dos vueltas de llave,
que luego se la guarda en el bolsillo)
HORACIO
¡Así estará segura!
JULIANO
(que durante este tiempo
ha abierto a Lord Elfort)
¡Es usted, milord, llega muy tarde!
LORD ELFORT
Yes, yes sorry.
(viendo a Horacio)
¡Oh, no! ¡El pequeño Horacio otra vez!
JULIANO
No deberías estar enfadado con él.
LORD ELFORT
Sí, sí, pero tú sabes
que esta noche
es para mí
desdichada y muy fastidiosa,
JULIANO
¿Cómo es eso?
LORD ELFORT
Cuando dejé a mi esposa quería,
antes de cenar contigo,
llevarle el regalo de Navidad
a mi pequeña amante Estrella.
¿Sabes quién es?
JULIANO
¿Una prima donna de la ópera de Madrid?
LORD ELFORT
Yes she is...
JULIANO
¿La que baila tan bien la cachucha?
LORD ELFORT
Ooh yeah...
JULIANO
Y por la cual, dicen, tú haces locuras...
LORD ELFORT
Sí, es cierto, las hago...
Me gusta mucho la cachucha...
Pero ella no estaba en su casa,
estuvo fuera toda la noche
sin avisarme...
HORACIO
(Para sí)
¡Ah! Dios mío,
¿Será Estrella mi bella desconocida?
LORD ELFORT
¿Y por qué, por qué
habrá salido toda la noche?
JULIANO
Para ir, para ir... para bailar
la cachucha ... para ir al baile...
la noche de Navidad, todos van,
empezando por ti.
LORD ELFORT
Me enfadé mucho...
Habría destrozado todo, roto todo,
roto todo, destruido todo, todo ...
JULIANO
¡Intenta olvidar todo eso
y ven a la mesa de juego!...
LORD ELFORT
Sí, voy a jugar.
(Entra al salón a la izquierda)
JULIANO
(volviéndose hacia Horacio)
¿Qué pasa contigo,
mi querido Horace,
nos preguntábamos qué había sido de ti?
HORACIO
Me iba reunir contigo.
JULIANO
Dios mío, qué pálido
y turbado estás.
¿Se produjo
una nueva aparición?...
Ven. vamos.
HORACIO
(tomándolo de la mano)
¡Una palabra solamente!...
JULIANO
Dime.
HORACIO
Esa hermosa bailarina
de la que hablabas antes,
la señorita Estrella, ¿la conoces?
JULIANO
Ciertamente y ... ¡mucho!
HORACIO
(con embarazo)
Pues...
¿No la encuentras
un poco parecida
a esa criada aragonesa?
JULIANO
¡Inesilla!
HORACIO
Sí, hay algo en ella... ¿verdad?
JULIANO
¿Qué diablos te pasa hoy
con los parecidos?
¡No hay entre ellas
la más mínima relación!
HORACIO
Es verdad, estoy perdiendo la cabeza.
¡Vayamos a jugar!
JULIANO
¡Por supuesto!
¡Ve a perder tu dinero!
(Sale llevando el último candelabro
que quedaba sobre la mesa de la cena,
esa mesa que fue llevada junto a la
puerta del salón. Al salir Horacio y
Juliano, la escena queda a oscuras)
Escena 10
(Gil Pérez, que sale por la puerta del fondo a la
Izquierda. Lleva una canasta de provisiones
y un candelabro, que coloca sobre una mesita
cerca de la puerta de la derecha)
N ° 9 Final
Primer Cuplé
GIL PÉREZ
Vamos a tener, gracias a Dios,
¡buena cena y buen fuego!
Prudentemente
he reservado
los mejores vinos,
los mejores platos,
los mejores vinos,
los mejores platos.
¡El cielo guarda para sus elegidos
los bocados más delicados!
¡Deo gratias! ¡Deo gratias!
¡Deo gratias!
Segundo Cuplé
Los señores han tenido
una muy buena cena.
Cada uno a su turno,
¡y ahora es el mío!
Luego, contemplando
los castos encantos de mi futura esposa,
contemplando sus castos encantos,
el amor piadoso que me inflama,
¡todo estará en la comida!
¡Deo gratias! ¡Deo gratias!¡Deo gratias!
(Acercándose a la puerta de la derecha)
¡Aquí está su habitación!...
¡Ah! La puerta está cerrada,
como preveía,
pero previsoramente, tengo otra llave...
(Buscándolo en sus bolsillos)
Esta es, supongo.
(Sacando un manojo de llaves
de su bolsillo y lo examina)
¡Porque, con las del convento,
no debemos confundirla!...
(acercándose)
¡Ah, qué momento tan feliz!
¡Amor! ¡Amor! ¡Amor!
¡Que tu antorcha me ilumine!
(Al entrar en la habitación de Jacinta,
cuya puerta acaba de abrir, aparece
Inesilla frente a él, ataviada con su
dominó negro y su máscara)
Escena 11
(Gil Pérez, Inesilla)
Final
ÁNGELES
(extendiendo la mano hacia
él y engrosando su voz)
¡Temerario!!! ¡Impío!...
¿A dónde vas?
GIL PÉREZ
(temblando de pavor
deja caer el candelabro)
¡Dios mío! ... ¡Dios mío! ¿Qué veo?
¡Fantasma negro!... ¿Qué quieres de mí?
¿Qué quieres de mí?
Ambos
GIL PÉREZ
(cayendo de rodillas)
Todos mis miembros tiemblan
por la sorpresa y el miedo,
y mis rodillas se doblan.
¡Dios mío, protégeme!
ÁNGELES
(aparte, alegremente)
La esperanza en mí se afianza
cuando veo su miedo.
La esperanza en mí se afianza
cuando veo su miedo.
¡Tiembla!...
¡Oh, Dios propicio, protégeme!
(Acercándose a Gil Pérez que está
de rodillas con la cabeza baja)
¡Dios propicio, protégeme!
GIL PÉREZ
Todos mis miembros tiemblan
por la sorpresa y el miedo,
y mis rodillas se doblan.
¡Dios mío, protégeme!
¡Dios mío, Dios mío, protégeme!
¡Dios mío, protégeme!
ÁNGELES
¡Tú!... ¡Gil Pérez!...
GIL PÉREZ
(aparte)
¡Sabe mi nombre!
ÁNGELES
¡Portero del convento!...
GIL PÉREZ
¡El mismo!
ÁNGELES
Mayordomo, ladrón y bribón...
GIL PÉREZ
¡Soy yo!
ÁNGELES
¡Dame inmediatamente
las santas llaves
que no eres digno de llevar,
o lanzaré sobre ti
el anatema eterno!
GIL PÉREZ
(entregándole el llavero)
¡Aquí están, aquí están!
¡No dejes que Satán me lleve!
Ambos
GIL PÉREZ,
(levantándose poco a poco)
Todos mis miembros tiemblan, etc.
ÁNGELES
La esperanza en mí se afianza
cuando veo su miedo.
La esperanza en mí se afianza
cuando veo su miedo.
¡Tiembla!...
¡Oh Dios propicio, protégeme!
¡Dios propicio, protégeme!
GIL PÉREZ
Todos mis miembros tiemblan
por la sorpresa y el miedo,
y mis rodillas se doblan.
¡Dios mío, protégeme!
¡Dios mío, Dios mío, protégeme!
¡Dios mío, protégeme!
(Inesilla con una primera señal le ordena
levantarse, con una segunda señal, ir
hacia la habitación de Jacinta, y con
otra más, entrar: Pérez obedece,
temblando)
ÁNGELES
(escuchando un ruido a la izquierda)
¡Ah! ¡Dios mío! ¿Quién viene ahí?
(Se precipita rápidamente detrás de la
puerta abierta hacia el exterior, puerta
que la oculta por un momento a los ojos
de los espectadores)
Escena 12
(Inesilla, oculta tras la puerta de la derecha;
Jacinta que sale por la puerta del fondo, lleva
una cesta con botellas de vinos y ve la puerta de
la derecha que ha permanecido abierta)
JACINTA
¡Qué! ¡Pérez ya me está esperando!
(Entra en la habitación de la derecha
e Inesilla, que estaba detrás de la
puerta, la cierra y saca la llave)
Allegro assai
ÁNGELES
(sola)
¡La hora, la noche, todo es propicio!
Coraje... ¡No temblemos!
Santísima Virgen, mi protectora,
inspírame, guía mis pasos.
Santísima Virgen, mi protectora,
inspírame, guía mis pasos.
Santísima Virgen, mi protectora,
inspírame, guía mis pasos.
¡Inspírame, guía mis pasos!
¡Inspírame, guía mis pasos!
¡Santísima Virgen, guía mis pasos!
¡Santísima Virgen, guía mis pasos!
(Sale por la puerta del fondo)
Andantino
(Horacio sale lentamente por la puerta de
la izquierda; camina de puntillas y en la
oscuridad se abre camino a tientas hacia
la puerta de la derecha: un momento
después, Juliano, Lord Elfort y todos los
jóvenes también entran por la puerta del salón)
HORACIO
¡El amor viene para acabar con mi calvario,
viene para acabar con mi calvario,
y hacia ella guía, guía mis pasos!
¡La hora, la noche,
todo me es favorable,
la veré,
no tiembles,
la veré,
no tiembles!
¡Amor ven y acaba con mi calvario
y junto a ella guía mis pasos!
Escena 13
CABALLEROS, JULIANO, ELFORT
¡Buen asunto! ¡Buen asunto!
¡Silencio, amigos! ¡Silencio, amigos!
Misteriosamente,
misteriosamente él salió, él salió.
Una tierna cita, una tierna cita
aquí le espera, aquí le espera.
¡Debemos sorprender, debemos sorprender,
al conquistador, al conquistador!
¡Debemos sorprender, debemos sorprender,
al conquistador, al conquistador!
¡Debemos sorprender, debemos sorprender,
al conquistador, al conquistador!
¡Buen asunto! ¡Buen asunto!
¡Silencio, amigos! ¡Silencio, amigos!
Misteriosamente, misteriosamente
él salió, él salió.
Una tierna cita, una tierna cita
aquí, lo espera, aquí lo espera.
¡Debemos sorprender, debemos sorprender,
al conquistador, al conquistador!
(Horacio, con la llave que tiene en el
bolsillo, abre la puerta de la derecha,
entra un momento a la habitación y
vuelve a salir a la oscuridad,
llevando a Jacinta de la mano)
HORACIO
¡Venga, venga, señora!
¡Venga, no tenga miedo!
JACINTA
(aparte, dejándose llevar)
¿Qué significa esto?
HORACIO
¡En su caballero,
en su defensor,
debe usted confiar,
y estarle agradecida!
(Juliano entra en el salón de la izquierda
y sale con un candelabro con varias
velas encendidas. La escena se ilumina
de nuevo)
HORACIO
¡Ah! ¡Gran Dios!
CABALLEROS, JULIANO, ELFORT
¡Es Jacinta!
Concertante
CABALLEROS, JULIANO, ELFORT
¡Buen asunto! ¡Buena relación!
¡Viva por siempre, viva por siempre
la viuda, la viuda
y sus atractivos, y sus atractivos!
¿Quién podría creerlo,
quién podría creer en tal desenlace,
en tal desenlace?
¡Honor y gloria,
honor y gloria
al conquistador, al conquistador!
HORACIO
¡Qué extraño asunto!
¡Ay de mí, qué veo!
¿Qué desgracia
me persigue?
En mi cabeza
todo es confuso,
¡No me atrevo a creer en su traición!
JACINTA
¡Qué extraño asunto!
¿Qué les pasa a todos?
La cosa está clara,
¡se ríen de nosotros!
¡Parecen dudar de mi honor!
¡No me atrevo a creer en sus sospechas!
HORACIO
(aparte, señalando el dormitorio de la derecha)
Sin embargo, ella estaba ahí...
¡Todavía tiene que estar ahí!
Concertante
CABALLEROS, JULIANO, ELFORT
¡Buen asunto!¡Buen asunto!
¡Que viva por siempre, viva por siempre
la viuda, la viuda
y sus atractivos, y sus atractivos!
¿Quién podría creerlo,
quién podría creer
en tal desenlace,
en tal desenlace?
¡Honor y gloria,
honor y gloria
al conquistador,
al conquistador!
JACINTA
¡Qué extraño asunto!
¿Qué les pasa a todos?
La cosa está clara,
¡se ríen de nosotros!
¡Dudan de mi virtud!
¡No me atrevo a creer en sus sospechas!
(Horacio entra en la habitación y sale de
inmediato trayendo a Gil Pérez de la mano)
CABALLEROS, JULIANO, ELFORT
¡Un hombre!
JACINTA
(a Juliano)
Es Gil Pérez, a quien usted debe conocer,
un cocinero muy talentoso,
que vino a ayudarme con la cena.
JULIANO
(sonriente)
¿De verdad?
¿Aquí, en tu habitación?
HORACIO
(aparte)
¡Oh vergüenza funesta!
JULIANO
¡Qué fatal destino
persigue al pobre Horacio!
Incluso tratándose de Jacinta
encuentra un rival.
Concertante
CABALLEROS, JULIANO, ELFORT
¡Buen asunto! ¡Buen asunto!
¡Que viva por siempre, viva por siempre
la viuda, la viuda
y sus atractivos, y sus atractivos!
¿Quién podría creerlo,
quién podría creer
en tal desenlace,
tal desenlace?
¡Honor y gloria,
honor y gloria
al conquistador,
al conquistador!
JACINTA
¡Qué extraño asunto!
¿Qué les pasa a todos?
La cosa está clara,
¡se ríen de nosotros!
¡Dudan de mi virtud!
¡No me atrevo a creer en sus sospechas!
GIL PÉREZ
¡Qué extraño asunto!
Tiemblo, ¡ay de mí!
¡La cosa está clara, era Satanás!
Una figura negra con frente cornuda.
¡No me atrevo a creer en lo que vi!
HORACIO
¡Se fue!... ¡Ay! ¡Se marchó!...
Ella ya no está aquí...
¡Y nuevamente
lejos de nosotros, huyó!
JULIANO
¡Eh! Entonces ¿qué?
HORACIO
¿Tengo que decirlo?
Es un espíritu loco, una sílfide...
¡O más bien el demonio!
Que me engaña, que se burla de mí
y se ríe de mi martirio.
JULIANO
Tu desconocida...
HORACIO
¡Eh! ¡Sí! Yo la vi...
JULIANO
¿A quién?
HORACIO
Aquí mismo... hace un instante...
Es la joven que nos sirvió la cena.
JULIANO
¡Inesilla! La sobrina de Jacinta...
¿A ella te refieres?
JACINTA
¿Oigo bien?
JULIANO
¿Qué estás diciendo?
JACINTA
¡Digo que Lord Horacio
podría tener razón!
HORACIO
¡Habla! ¡Concluye, por favor!
¿Quién es ella?
JACINTA
Yo no sé.
JULIANO
¿No es ella tu sobrina?
JACINTA
¡Por Dios, no!
JULIANO
¿Y no viene del campo?
JACINTA
¡Dios mío, no!
JULIANO
¿No la habías visto antes?
JACINTA
¡Dios mío, no!
¡No, cien veces, no!
¡No conozco su rango o nombre!
HORACIO
¡Lo ves, amigo mío, es un demonio!
JULIANO
¡Un demonio!
LORD ELFORT
¡Un demonio!
GIL PÉREZ
¡Un demonio!
Concertante
CABALLEROS, JULIANO, ELFORT
(alegremente)
¡Gran Dios! ¡Qué aventura!
¡Gran Dios! ¡Qué aventura!
¡Es encantadora, lo juro!
¡Es encantadora, lo juro!
¡Qué! ¡Debajo de esa figura
se escondía un demonio!
Pero, duende o sílfide,
pero duende o sílfide,
que el despecho nos guíe,
que el despecho nos guíe,
para encontrar a la pérfida,
¡recorramos la casa!
¡Despertad! despertad!
¡Recorramos, recorramos la casa!
¡Dios mío, qué aventura!
¡Es encantadora, lo juro!
¡Qué! ¡Debajo de esta figura
se escondía un demonio!
¡Un demonio estaba escondido!
HORACIO, JACINTA Y GIL PÉREZ
¡Ah! ¡Semejante aventura
me confunde, lo juro!
¡Su alma y su rostro
son los de un demonio!
Pero, duende o sílfide,
(pero, duende o sílfide,)
que el despecho nos guíe,
(que el despecho nos guíe;)
¡Para encontrar a la pérfida,
recorramos la casa!
¡Despertad! (despertad)
¡Despertad (despertad)!
¡recorramos, recorramos
la casa (la casa)!
¡Ah! Semejante aventura
me confunde, lo juro!
¡Su alma y su rostro
son los de un demonio!
¡Son los de un demonio!
JACINTA
(mostrando su anillo)
¡Bajo el aspecto de una rica dama,
inicialmente el espíritu maligno
se me apareció!
JULIANO
¡Luego, bajo la apariencia
de una gentil doncella,
en la mesa, aquí, la hemos visto!
GIL PÉREZ
¡Lo juro por mi alma!
Con la apariencia de un fantasma
con un rostro negro y con cuernos,
la vi, con mis dos ojos,
¡yo la vi!
HORACIO
(a Juliano)
Pues bien, mi querido amigo,
¿qué dices tú?
JULIANO
(riendo)
Yo digo... yo digo...
yo digo...
Concertante
CABALLEROS, JULIANO, ELFORT
¡Gran Dios! ¡Qué aventura!
¡Gran Dios! ¡Qué aventura!
¡Es encantadora, lo juro!
¡Es encantadora, lo juro!
¡Qué! ¡Debajo de esa figura
se escondía un demonio!
Pero, duende o sílfide,
pero duende o sílfide,
que el despecho nos guíe,
que el despecho nos guíe,
para encontrar a la pérfida,
¡Recorramos la casa!
¡Despertad! despertad!
¡Recorramos, recorramos la casa!
¡Dios mío, qué aventura!
¡Es encantadora, lo juro!
¡Qué! ¡Debajo de esta figura
se escondía un demonio!
¡Honor, honor y gloria
al conquistador!
¡Despertad! ¡despertad!
¡Despertad! ¡despertad!
Despertad, recorramos la casa,
recorramos, recorramos
la casa, la casa,
recorramos, recorramos,
la casa, la casa.
HORACIO, JACINTA, GIL PÉREZ
¡Ah! ¡Semejante aventura
me confunde, lo juro!
¡Su alma y su rostro
son los de un demonio!
Pero, duende o sílfide,
(pero, duende o sílfide,)
que el despecho nos guíe,
(que el despecho nos guíe;)
para encontrar a la pérfida,
¡Recorramos la casa!
¡Despertad! (despertad)
Despertad (despertad)!
¡Recorramos (recorramos)
la casa (la casa)!
¡Ah! ¡Semejante aventura
me confunde, lo juro!
¡Su alma y su rostro
son los de un demonio!
¡No me atrevo a creer
en semejante afrenta!
Ante su sospecha - (¡es lo que vi!)
¡Despertad,¡despertad!
¡Despertad, despertad!
¡Despertad, recorramos la casa!
TODOS
¡Recorramos la casa,
recorramos, recorramos, la casa!
(Jacinta y los sirvientes de los señores
traen varios candelabros, cada uno toma
uno, y todos salen desordenadamente y con
gran estrépito por las distintas puertas de
la sala)
ACTO III
(La sala de visitas de un convento en España.
Hay dos puertas que conducen al patio del
monasterio. A izquierda, y en primer plano, la
celda de la abadesa. A la derecha del espectador,
en primer plano, una pequeña puerta que da al
jardín; del mismo lado, al fondo, una amplia
galería que conduce al interior de la capilla)
Escena 1
(Brigitte sola, en hábito de novicia)
BRIGITTE
Imposible decir mis oraciones,
estoy demasiado preocupada.
(se levanta)
¡Empieza a amanecer
y sor Ángeles
aún no ha vuelto al convento!...
Pronto sonarán
los maitines y ella no estará allí.
¿Qué dirán si no la ven
en su puesto?
¡Qué barbaridad! ¡Qué escándalo!
Ella que hoy mismo
iba a pronunciar sus votos
y a comprometerse a no salir
nunca del convento.
Es natural que haya querido
por un instante
vislumbrar ese mundo del que
no tiene idea
¡y al que deberá renunciar para siempre!
¡Antes de renunciar, quiso conocerlo!
En mi caso es distinto,
pronto dejaré el convento para casarme,
según dijeron, pero ella...
Si yo pudiera ocultar su ausencia,
pero aquí solo hay mujeres,
¡peor aún, hay monjas!
N ° 10: CUPLÉS
En el refectorio, en la oración,
incluso habiendo rezado el rosario,
charlamos, charlamos demasiado, ¡ay!
¡Qué no se oiga la campana,
que no se oiga la campana!
Y si es necesario hablar
sin decir nada sobre el prójimo,
si es necesario murmurar,
¿sabéis, sabéis, donde se aprende,
dónde se aprende a hacerlo?
Los mejores modelos se encuentran
en el convento de monjas.
Sí, en el convento, en el convento,
en poco tiempo se aprende esto.
Humildemente y con los párpados bajos,
nunca malos pensamientos...
¡Pero antes de entrar al locutorio de las monjas,
nos miramos al espejo,
echamos un vistazo al espejo!
Si tú quieres, jovencita,
ser mojigata y coqueta al mismo tiempo,
¿sabes, sabes dónde se aprende eso,
dónde se aprende?
Los mejores modelos se encuentran
en el convento de monjas.
Sí, en el convento, en el convento,
en poco tiempo se aprende esto.
Justamente, aquí viene la hermana Úrsula,
¡la más perversa de todas!
Escena 2
(Brigitte, Úrsula, entrando por
una de las puertas del fondo)
BRIGITTE
¡Ave, hermana Úrsula!
ÚRSULA
(saludando)
¡Ave, hermana!
BRIGITTE
¡Te levantas temprano en la mañana
y antes de que suene la campana!
ÚRSULA
Tenía que hablar con la hermana Ángeles.
BRIGITTE
¿Con nuestra joven abadesa?
ÚRSULA
¡Ah! Abadesa... todavía no lo es.
BRIGITTE
Hoy mismo, en cuanto tome los hábitos.
ÚRSULA
¡Si los toma!
BRIGITTE
(aparte)
¡Ah! ¡Dios mío!...
(en voz alta)
¿Y quién podría oponerse?...
ÚRSULA
¡Tal vez yo!
Porque no nos imaginamos
una injusticia como esa.
Porque Ángela de Olivares
es prima de la reina,
y la nombran para la abadía más rica de Madrid,
¡antes de que tenga la edad suficiente
y antes de tomar sus votos!
BRIGITTE
¡Sin embargo, hace tiempo,
vuestro hermano,
que sólo tenía doce años,
fue nombrado coronel de un regimiento!
ÚRSULA
Un regimiento es diferente,
es más fácil de conducir.
BRIGITTE
¿Más que a las monjas?
ÚRSULA
Sí señorita.
BRIGITTE
Si todas son como tú...
ÚRSULA
Es porque la injusticia me repugna,
y no veo en ello más que el interés
del cielo y del convento...
BRIGITTE
Y el deseo de ser abadesa...
ÚRSULA
Puede que sí... pues yo tengo mis derechos.
Mi familia es tan noble
como la de Olivares,
y soy más religiosa, y tengo la cabeza
más centrada que Sor Ángeles,
que no manda a nadie
ni deja hablar a ninguna persona.
BRIGITTE
Se ve claramente.
ÚRSULA
Pero paciencia.
También tengo familiares en la corte...
Protectores que aprovecharán
todas las oportunidades, e incluso hoy mismo...
tales circunstancias pueden presentarse...
BRIGITTE
(aparte)
¿Se habrá enterado de algo?
ÚRSULA
(avanzando y dirigiéndose hacia el
apartamento de la abadesa)
Quiero ver a la hermana Ángeles.
BRIGITTE
(deteniéndola)
¿Para qué?
ÚRSULA
¡Eh! Pero... para felicitarla
por la herencia que acaban de otorgarle.
El Duque de Olivares, su tío abuelo,
acaba de dejarle, según se dice,
la mayor fortuna de España.
BRIGITTE
¡Qué gran cosa! Todo eso
para que haga su voto de pobreza...
ÚRSULA
Es una pena,
en cuanto haga sus votos,
todas esas riquezas irán a parar
a su único pariente,
Lord Elfort, un inglés, un hereje...
¿Quizás debería pensarlo dos veces?...
¿Acaso no está en su celda?
BRIGITTE
¡Sí, seguro!
ÚRSULA
Entonces, ¿se puede entrar?
BRIGITTE
No recibe a nadie, está indispuesta.
ÚRSULA
¡Otra vez!... Ya lo estaba ayer
y la echamos de menos
en la misa de medianoche ...
BRIGITTE
Sí, le duele la cabeza.
ÚRSULA
¡Ah, como a las grandes damas!
BRIGITTE
Sí señorita.
ÚRSULA
Aquí, en el convento, es muy mundana...
¿Y su dolor de cabeza
le permitirá asistir a los maitines?
BRIGITTE
Supongo que sí.
ÚRSULA
¿Se dignará orar con nosotras?
BRIGITTE
Y por ti.
ÚRSULA
¿Para qué?
BRIGITTE
¡Para que el cielo te haga
más agradable y amable!
ÚRSULA
¡Esto es demasiado!
Me estás faltando al respeto.
BRIGITTE
Más bien eres tú quien lo está haciendo.
ÚRSULA
Es imposible que...
una pequeña pupila...
BRIGITTE
Que al menos no es
ni envidiosa ni ambiciosa.
ÚRSULA
Pero es charlatana e impertinente.
BRIGITTE
¡Hermana!...
ÚRSULA
Mi querida hermana...
(llaman a la puerta)
¿Quién llega?
¿Quién puede llamar a esa puerta
tan temprano en la mañana?
BRIGITTE,
(aparte)
¿Si fuera ella?
ÚRSULA
Abre... abre rápido.
BRIGITTE
¿Y por qué?
ÚRSULA
Para ver... para saber quién es.
BRIGITTE
¡Qué curiosa!...
No tengo la llave,
la devolví junto con las otras.
ÚRSULA
Voy a buscarla...
(sale corriendo)
Escena 3
(Brigitte, luego Úrsula)
BRIGITTE
Adelante, señora...
(Úrsula entra)
¿No las encuentras?...
ÚRSULA
No puedo encontrarlas
BRIGITTE
Sin embargo, me parece que
las había puesto en su lugar,
vamos a ver. ¡Ah, qué fastidio!
Escena 4
(Ángeles, que abre la puerta de la derecha)
(V vestida de dominó negro, pálida y apenas
se sostiene. Va a cerrar con cerrojo la puerta
del fondo)
N ° 11 Aria
ÁNGELES
¡Por fin estoy a salvo!...
¡Acababa de amanecer!
¡Y nadie me ha visto!
(Dejándose caer en un sillón)
¡Ah! Respiremos un poco.
¡Ah! ¿Que oigo? ¡Oh, Dios mío!
No, no es nada...
Pensé que todavía estaba...
(Se levanta y arroja el manojo de llaves
que tiene en la mano sobre el sillón
que acaba de dejar y rememora su viaje
de vuelta al convento)
¡Ah, qué noche!
El menor ruido
me turba y me sobrecoge
¡ay de mí!
me detengo a cada paso.
Se presenta ante mis ojos
un desconocido,
sombrío y misterioso...
¡Ah, qué miedo, es un ladrón!
Me pide,
con sombrero sobre sus ojos,
que le dé por favor unos ducados.
Yo le digo con aire cortés:
¡No tengo nada más, señor ladrón;
que una cruz de poco valor!
Era de oro,
la escondí,
lo mejor que pude...
¡El ladrón, a pesar de eso,
se apoderó de ella!
Y en ese momento:
¡Dios mío! Dije temblando:
¡salva el honor del convento!
1er tempo
¡En ese momento
pasa cantando
un joven estudiante!
El ladrón, ante ese
repentino contratiempo, huye;
Entonces se acerca mi defensor... y dice:
- No temas,
no te voy a abandonar,
toma mi brazo...
- No, no señor, me iré sola...
- No, señora, quieras o no,
te acompañaré
hasta tu casa.
- No, no, deje de apremiarme,
- Cálmate,
te dejo.
¡Pero un beso, un solo beso!
¿Cómo rechazarlo?
- Un beso... quiero...
¡Se llevó dos!
Y durante ese momento:
¡Dios mío! Dije, temblando:
¡salva el honor del convento!
Recitativo
Ya estoy, gracias al cielo,
al abrigo de la tormenta
y no tengo nada que temer
en este piadoso refugio,
y, sin embargo, no sé por qué,
esa imagen fatal.
justamente a los pies del altar,
me agita y me persigue.
(versión original)
Amor, ¡oh, tú! cuyo nombre
es aquí anatemizado;
tú, cuyos dardos a menudo he desafiado,
¡mi espíritu comienza
a padecer tu venganza!
Pobre abadesa,
mi debilidad cede ante tu poder.
Mi corazón es presa del arrepentimiento,
¡Ah, vete, vete para siempre!
¡Que mis errores sean borrados,
ya que Dios va a recibir mis votos!
Que sólo para Él sean todos mis pensamientos...
Sí, debo hacerlo.
(Con dolor)
¡No puedo!...
Amor, ¡oh, tú! cuyo nombre, etc
(Versión alternativa)
Allegro
Llama vengativa,
tormento que me oprime,
Amor que sin esperanzas me dejas,
ves mi debilidad;
¡Ay, pobre abadesa!
Ante ti mi fortaleza se pierde.
¡Devuelve la calma y la paz a mi corazón!
Tú, a quien una vez desafié,
llama vengativa,
tormento que me oprime,
Amor que me dejas sin esperanzas,
ves mi debilidad;
¡Ay, pobre abadesa!
Ante ti, mi fuerza se pierde.
Delante de ti amor,
¡Ah, amor, amor, vete!
¡Ah. vete para siempre!
¡Para siempre!
Escena 5
(Ángeles, Brigitte regresa por
la puerta trasera, y la cierra "
ÁNGELES
¡Brigitte!
BRIGITTE
Pero ¿cómo entraste al jardín?
ÁNGELES
Tengo en mi poder
el manojo de llaves de Gil Pérez.
BRIGITTE
¿Cómo está en tus manos?
(sonido de campanas)
ÁNGELES
¡Cállate! ¿No oyes?...
BRIGITTE
Es la primera llamada a maitines.
(Señalando la puerta de la derecha)
¡Ah! He olvidado cerrar esa puerta.
(Va a cerrar)
ÁNGELES
Voy a mi celda.
BRIGITTE
La hermana Úrsula está tramando
algún complot contra ti,
se muere por ser abadesa.
ÁNGELES
(aparte)
¡Ah, que así lo quiera el cielo!
BRIGITTE
¿Qué estás diciendo?
ÁNGELES
Que hago bien en lamentarme,
Brigitte, y que los votos
que estoy a punto de pronunciar
serán en el futuro
la desdicha de mi vida.
BRIGITTE
Vas a desistir.
ÁNGELES
¿Sería posible hacerlo,
cuando la Reina lo ha ordenado,
y todo Madrid llegará
esta mañana para ser testigo,
... de tanto esplendor.
BRIGITTE
¡Pobre abadesa!
ÚRSULA
(entre bastidores)
¡Hermana Brigitte!
BRIGITTE
¡Vamos, ve rápido!
(Ángeles entra en su celda y Brigitte
va a abrir la puerta del fondo a la
izquierda)
Escena 6
(Brigitte y las monjas)
LAS MONJAS
(vivamente)
¡Ah, qué desdicha
para nosotras, querida hermana!
¡Ay, cómo mi corazón
comparte su dolor!
Para calmar su tormento,
debemos inmediatamente
orar devotamente a todos
los santos del convento.
Pero, sobre todo,
¿es cierto el hecho?
¿La señora abadesa
ha tenido un terrible dolor de cabeza
desde esta mañana?
¡Ah, el cielo complaciente debería,
preservar al convento de tales males!
BRIGITTE
¿Quién os ha dicho eso?
LAS MONJAS
¡En verdad ha sido
nuestra querida hermana Úrsula!
BRIGITTE
(aparte)
A través de ella en el convento
circulan todas las noticias.
(en voz alta)
Tranquilizaros, pues está mejorando.
LAS MONJAS
¡Está mejorando!...
¡Ah, qué alborozo!
¿Hoy la señora abadesa
podrá hacer sus votos?
¡Ah, qué hermosa ceremonia!
¡Qué hermoso espectáculo!
¡Qué hermoso día!
¡En nuestra casa,
donde siempre nos aburrimos,
seremos visitadas por el pueblo y la corte!
Y luego, en el refectorio,
en el refectorio, ¡una gran comida!
Mis queridas hermanas, mis queridas hermanas,
¡una gran comida!
Conjunto
LAS MONJAS
¡Ah, qué alegría
mi querida hermana,
cómo el cielo protector disipa su dolor!
Un milagro tan grande debemos agradecer
devotamente al cielo y a los santos del convento.
Por lo tanto, es cierto, el hecho es muy cierto,
la espantosa migraña desapareció de repente.
¡El cielo debe,
sí, el cielo benéfico debe,
de tales males, preservar al convento!
BRIGITTE
¡Es sorprendente!
Y, realmente, es de no creer.
¡Qué glotonas somos,
qué glotonas somos en el convento!
(Al final del conjunto se oye que
golpean la puerta de la derecha)
Escena 7
(Las monjas y Úrsula que entra por el fondo)
ÚRSULA
(señalando la puerta de la derecha)
¡Qué! ¿No escucháis
que golpean de nuevo?
LAS MONJAS
¿Y la llave?
BRIGITTE
(se las entrega)
Aquí está.
ÚRSULA
(en voz baja, a Brigitte)
¿No es que no la tenías?...
BRIGITTE
(con actitud ingenua)
Antes, querida mía,
pero ahora la encontré.
ÚRSULA
(aparte, desafiante)
¡Ah!
LAS MONJAS
¡Qué! ¿Es la hermana tornera?
¿Qué la trae aquí?
HERMANA TORNERA
(Entrando por la puerta de la
derecha, que acaba de abrirse)
Ha sucedido un echo
que atañe a nuestro honor.
Voy a consultar
a nuestra señora abadesa.
ÚRSULA
No se la puede ver.
(aparte)
Sigue ocultándose, es un misterio.
BRIGITTE
¡Aquí está!
Escena 8
(Las anteriores; Ángeles, saliendo por la
puerta de la izquierda, que es la de su celda.
Viste los hábitos de abadesa)
Andantino
ÁNGELES
Mis queridas hermanas, hermanas,
¡que la alegría y la paz
reine en vuestros corazones!
¡Que Dios os proteja
sin cesar
y os colme de sus favores!
¡Y que la paz,
la paz reine en vuestros corazones!
Conjunto
ÁNGELES
¡Que Dios os proteja,
os proteja sin cesar!
¡Y os colme de sus favores!
¡Que Dios os proteja,
os proteja incesantemente
y os colme de sus favores,
que Dios os colme
de sus favores!
BRIGITTE, HERMANA TORNERA
¡Qué amable es nuestra abadesa!
¡Cuán llena de gracia y de dulzura está!
Con ella reina incesantemente
la dulce paz y la felicidad.
¡Cuán llena de gracia y de dulzura está!
ÚRSULA
(aparte)
¡Ella está feliz de ser la abadesa!
Pero todo lo obtiene por el favor real,
y pronto, gracias a mi habilidad,
¡yo podré gozar de esa felicidad!
¡yo podré gozar de esa felicidad!
LAS MONJAS
¡Qué amable
es nuestra abadesa!
¡Qué graciosa y gentil,
qué graciosa y dulce!
Con ella siempre reina
la dulce paz y la felicidad,
la dulce paz y la felicidad,
la dulce paz y la felicidad.
Alegro
ÚRSULA
(a Ángeles)
¡Ah, señora, que preocupada estaba!...
¿Cómo ha pasado usted la noche?
ÁNGELES
Muy bien.
(Mirando a Brigitte)
Una noche bastante agitada:
¡pero esta mañana me encuentro mejor!
ÚRSULA
¡Qué alegría!
ÁNGELES
(a la hermana tornera, que se adelanta)
¡Y bien! ¿Qué ha sucedido?
HERMANA TORNERA
¡Ay de mí! en estos lugares sacros
nunca había visto
un escándalo como este...
El conserje del convento
está en la puerta.
ÚRSULA
¡Que haya pasado la noche fuera
es un escándalo terrible!
Conjunto
MONJAS
¡Ah, qué horror hermanas!
Haber comprometido
hasta ese punto
la casa del Señor.
¡Ah, qué espantoso escándalo!
Un acontecimiento semejante
nunca antes
soportó este convento.
No hablemos de eso porque,
de la tarde a la mañana,
sin pensarlo,
charlamos a costa
de nuestro prójimo,
esta vez guardemos silencio
hermanas mías,
¡es más prudente!
Para salvar nuestro honor
y el del convento.
ÚRSULA, HERMANA TORNERA
Comprometiendo esta casa,
un convento como este...
Nunca
hasta ahora
había ocurrido algo así
en este convento.
ÁNGELES
Un momento, un momento,
seamos indulgentes.
A veces, hermanas mías,
no podemos volver a casa tan
pronto como lo deseamos.
(a la Tornera, que se adelanta)
¡Lo sé!...
¿Qué dice él en su defensa?
LA HERMANA TORNERA
Que anoche lo atacaron unos bandidos...
ÁNGELES
(aparte)
¡Ah, cómo miente!
HERMANA TORNERA
... que lo encadenaron...
ÁNGELES
(aparte)
¡Ah, cómo miente!
HERMANA TORNERA
... y despojaron de todo su dinero...
¡y de sus llaves!
ÁNGELES
(aparte)
¡Cómo miente!...
BRIGITTE
(en voz baja, mirando las llaves que
ella había tomado en su momento)
¡Aquí están!
ÁNGELES
(nerviosa y en voz baja)
¡Escóndelas!
(En voz alta y mirando las llaves)
Está claro que al convento
no pudo regresar...
Y eso hay que perdonarlo.
Conjunto
ÚRSULA, HERMANA TORNERA
¡Ah, qué horror!
¡Esto es escandaloso!
¡Ella es demasiado buena!
Un evento así
nunca antes
había afectado al convento.
No hablemos de eso porque,
de la tarde a la mañana,
sin pensarlo, murmuramos
sobre nuestro prójimo,
esta vez guardemos silencio
hermanas mías, ¡es más prudente!
Para salvar nuestro honor
y el del convento.
LAS MONJAS
¡Ah, qué horror!
Mire hermana,
comprometer hasta este punto
la casa del Señor.
¡Ah, qué escándalo espantoso!
Un suceso semejante
nunca antes ocurrió
en nuestro convento.
No hablemos de eso porque,
de la tarde a la mañana,
sin pensarlo, murmuramos
sobre nuestro prójimo.
Esta vez guardemos silencio
hermanas mías, ¡es más prudente!
Para salvar nuestro honor
y el del convento.
ÁNGELES
Y como él,
que el cielo me perdone.
¡Y como él,
que el cielo me perdone!
Allegro non troppo
HERMANA TORNERA
Y eso no es todo aún.
Ahí, en el salón,
un caballero pide ver
a nuestra abadesa.
ÁNGELES
Imposible a esta hora.
Debemos asistir a los maitines
y ya vamos retrasadas...
¿Su nombre?
HERMANA TORNERA
Massarena.
ÁNGELES
(aparte)
¡Horacio! ¡Oh, cielos!
(En voz alta)
¡Qué espere, que no se marche!...
ÚRSULA
¡Ah! Pero ante ese nombre,
la señora abadesa parece muy conmovida.
Conjunto
ÁNGELES
¿Quién, yo? No...
(aparte)
¿Me habrá reconocido?
(avanzando un paso)
¿Lo habrá averiguado todo?
LAS MONJAS
Las campanas argentinas
nos anuncias los maitines.
¡Vayamos con el corazón ferviente
a orar por el convento!
ÚRSULA
Señora, es hora de los maitines
y ya vamos retrasadas.
BRIGITTE
¡Ah, Dios mío, vamos!
ÁNGELES
¿Me habrá reconocido?
ÚRSULA
¡Parece muy conmovida!
MONJAS, TORNERA, BRIGITTE
Las campanas argentinas
nos anuncian los maitines,
MONJAS, HERMANA TORNERA
BRIGITTE, ÚRSULA
¡Vayamos con corazón ferviente
a rezar por el convento!
MONJAS, LA HERMANA TORNERA
BRIGITTE, ÚRSULA, ÁNGELES
Las campanas argentinas
nos anuncian los maitines.
¡Vayamos con el corazón ferviente
a orar por el convento!
(Todas salen por la puerta del fondo que
cierran. La hermana tornera, a quien
Ángela ha hablado en voz baja, se queda
para atender a Horacio)
Escena 9
(La hermana tornera, Úrsula; luego Horacio)
LA HERMANA TORNERA
(va a abrir la puerta de la derecha)
¡Adelante, entre, Caballero!
HORACIO
¡Con mucho gusto!
Llevo esperando una hora...
Tengo permiso
del señor Conde de Sanlúcar
para presentarme ante su hija,
la señora Brigitte, mi prometida.
ÚRSULA
No se puede hablar con
nuestras novicias
sin el permiso y la presencia
de la señora abadesa.
HORACIO
Lo sé. ¡Es por eso que quiero
hablar primero con la señora abadesa!
LA HERMANA TORNERA
Ella está en la capilla
y le pide que la espere
en este salón. Hoy tenemos
muy poco tiempo para nosotras...
Una ceremonia... de toma de votos
a la que asistirá todo Madrid...
ÚRSULA
Pero, de todas maneras,
le otorgará unos minutos
cuando salga de los maitines;
porque en este momento
todas estamos celebrando los maitines.
HORACIO
(intencionalmente y mirándola)
¡No todas, por lo que veo!
ÚRSULA
Entonces nos vamos.
HERMANA TORNERA, ÚRSULA
¡Dios lo guarde, hermano!
(Ellas salen)
Escena 10
N ° 13 Canción con Coro
HORACIO
Con estos acordes religiosos,
la calma renace en mi alma.
Hijas del cielo, hijas del cielo,
a quienes el santo celo enciende,
con vuestras piadosas voces
quiero mezclar mis deseos.
Junto con ellas, oremos.
(Se levanta y se acerca a la derecha,
a la galería que da a la capilla. Se
arrodilla sobre un reclinatorio)
Primer Cuplé
ÁNGELES
(fuera de escena)
Bienaventurado el que sólo respire
para seguir tu ley.
Dios mío, bajo tu imperio
restaura nuestra fe.
Que tu amor me inflame.
¡Ven, Señor, a devolver
la felicidad a mi alma
y la calma a mi corazón!
¡Ven y devuelve
la felicidad a mi alma
y la calma a mi corazón!
Conjunto
CORO
(fuera de escena)
¡Que tu amor la inflame,
ten piedad del pecador,
devuelva la paz a su alma
y la calma a su corazón!
HORACIO
¡Ah, qué turbación
se apodera de mí
con sorpresa y miedo!
¡Toda mi sangre se congela!
¡Es ella otra vez, es ella!
¡Ah, mi razón se extravía!
¡Hijas del cielo, orad,
hijas del cielo, orad
por un pobre insensato!
ÁNGELES
Pero cuando nos inflamas,
sólo Tú otorgas, Señor,
felicidad a nuestras almas
y paz a nuestros corazones.
Solo Tú otorgas, Señor,
felicidad a nuestras almas
y paz a nuestros corazones.
ÁNGELES
Segundo Cuplé
Los amores terrenales
pasan muy rápidamente.
Su efímera felicidad
pronto se eclipsa,
pero cuando nos inflamas,
sólo Tú otorgas, Señor,
felicidad a nuestras almas
y paz a nuestros corazones.
Conjunto
CORO
(fuera de la escena)
¡Que tu amor la inflame,
ten piedad del pecador,
devuelva la paz a su alma
y la calma a su corazón!
HORACIO
¡Ah, qué turbación
se apodera de mí
con sorpresa y miedo!
¡Toda mi sangre se congela!
¡Es ella otra vez, es ella!
¡Ah, mi razón se extravía!
¡Hijas del cielo, orad,
hijas del cielo, orad
por un pobre insensato!
Conjunto
ÁNGELES, CORO
¡Devuelve la alegría a su alma
y la calma a su corazón!
¡Devuelve la alegría a su alma
y la calma a su corazón!
HORACIO
Hijas del cielo, orad, orad.
¡Ah, mi razón se extravía!
Hijas del cielo, orad, orad.
¡Ah, mi razón se extravía!
Escena 11
(Brigitte, Horacio, después Ángeles)
BRIGITTE
(entra por la puerta del fondo anunciando)
¡La señora abadesa!...
ÁNGELES
Lord Horacio de Massarena,
me dijeron que pidió hablar conmigo...
HORACIO
Sí, hermana mía, un asunto importante.
Tiene usted a una joven
en este convento,
madeimoselle de Sanlúcar.
ÁNGELES
Que, dicen, debe casarse con usted...
HORACIO
¡Si, pero ese matrimonio es imposible.
ÁNGELES
¿Qué dice usted?
HORACIO
Que ya no puede tener lugar...
ÁNGELES
¿Y por qué, dígame, por favor?
HORACIO
Por razones que es preferible
no decir.
ÁNGELES
Sin embargo, debe hacerlo.
HORACIO
¡Está bien! Señora... He aquí que...
hay otra mujer a la que amo,
y a la que amaré toda mi vida.
ÁNGELES
¡Ah, Dios mío!
HORACIO
A su edad no se entienden
estas cosas
pero a la mía, ya lo ve,
¡es un tema fundamental!
ÁNGELES
(aparte)
¡Ah, Dios mío!
(en voz alta)
¿Y si intentara usted olvidarse de esa persona?
HORACIO
¡Ah, es imposible!
¿Cómo podría escapar
de ese poder sobrenatural?
ÁNGELES
(vivamente y con su voz natural)
¿Habla en serio?
HORACIO
Así es... Pero usted ha dicho
"¿Habla en serio?"... ¡Como ella!
Creí escuchar su voz.
ÁNGELES
(retomando emocionada su voz de abadesa)
¿Cómo es eso?
HORACIO
¡Lo siento!...
¡Lo siento, reverenda madre!
Soy un hombre infeliz,
que sufre, pero sin embargo,
sigo siendo
un hombre honesto
que no quiere engañar a nadie.
¡Adiós, señora, adiós!
ÁNGELES
(aparte)
¡Y para siempre!
Escena 12
(Las monjas y Úrsula, que entra por el fondo)
ÚRSULA
Señora, señora, aquí llegan
el Conde Juliano, Lord y Lady Elfort,
y también el conde de Sanlúcar
y los señores de la corte
que llegan para la ceremonia...
ÁNGELES
(aparte)
¡Oh, cielos!...
ÚRSULA
Entre ellos, mi tío,
Don Gregorio,
caballero de honor de la Reina,
quien mantuvo esta mañana
una larga conversación con Su Majestad.
ÁNGELES
¿Y entonces?
ÚRSULA
(maliciosamente)
Entonces me pidió que
le entregara a usted esta ordenanza
que está sellada con las armas
de Su Majestad.
ÁNGELES
¡Dámela!
ÚRSULA
(aparte)
Quiero ser testigo de su enfado
para ir a contárselo a todo el convento.
ÁNGELES
(se aparta un momento el velo para leer
la carta y la recorre con emoción)
¡Dios, qué veo!
ÚRSULA
(alejándose)
Ella ya se ha enterado de todo.
HORACIO
(mientras tanto, se ha acercado a la
galería de la derecha, y mira atentamente
dentro de la capilla. No ha descubierto
aún nada, cuando Úrsula acaba de salir,
ve a Ángeles, cuyo velo sigue caído; lanza
un grito y queda paralizado)
¡Ah!...
(Ante este grito, Ángeles, que estaba cerca
de su celda, huye por esa puerta, y la cierra
con ímpetu)
¡Qué!
¡Incluso bajo el hábito de abadesa,
todavía debo encontrarla!
Escena 13
(Horacio, Lord Elfort y Juliano entran por las
puertas traseras charlando animadamente)
LORD ELFORT
¡Oh my god, eso es horrible!
JULIANO
¡Pero, señor, escúcheme!
HORACIO
¡Pero es imposible!
LORD ELFORT
¡Estoy muy furioso!
JULIANO
(volviéndose)
¿Están todos enojados?
(A Horacio)
¿Qué pasa contigo?
HORACIO
(con humor)
No quiero hablar de ello.
(Se deja caer en el sillón de la izquierda)
JULIANO
¡Al menos milord tiene razones!
Una magnífica herencia
se le escapa.
LORD ELFORT
Sí, se me escapa...
Una pariente mía
iba a hacer sus votos
y dejarme toda la fortuna de su family
pero gente malvada
ha convencido a la reina...
JULIANO
(a Horacio y riendo)
De que no debemos dejar
que pase tal herencia
a las manos de...
LORD ELFORT
De un inglés, de un hereje...
Es absurdo, ¿no?
JULIANO
Y que la abadesa debe casarse
con un español, con un buen católico.
HORACIO
(levantándose rápidamente)
La abadesa, la que estuvo aquí
hace un rato,
¿crees que ella es la abadesa?
LORD ELFORT
Ciertamente.
HORACIO
¡No!
LORD ELFORT
Entonces dime quien es, por favor.
HORACIO
¿Quién es ella? Pero si ella es
mi desconocida,
mi dominó negro, la criada aragonesa,
Inesilla, será todo lo que tú quieras...
pero la abadesa... no...
Cambió sus ropas, cambió sus rasgos...
¡pero es ella!...
LORD ELFORT
¡La abadesa!
HORACIO
(inflamado)
¡Yo digo que no!
LORD ELFORT
(de igual modo)
¡Y yo digo que sí!
JULIANO
¡Silencio, señores!
Aquí llega precisamente la abadesa
y todo el convento.
LORD ELFORT
¡Bueno, ya verás,
pequeño idiota de Massarena!
HORACIO
(alterado)
Sí, ya veremos...
a menos que ella vuelva a cambiar.
Escena 14
(Ángeles, con hábito blanco y velo;
Brigitte, Úrsula, La Tornera, las monjas,
Lord Elfort, Juliano, Horacio, Señores y
damas de la corte)
(las monjas entran por las puertas
traseras y se alinean en semicírculo
al fondo de la escena; detrás de ellas,
las damas y señores de la corte; Ángeles
sale de su celda y se coloca en medio
del escenario; Úrsula junto a ella)
N ° 14 Final
ÁNGELES
Mis hermanas, mis queridas hermanas,
nuestra augusta soberana, la Reina,
no desea que yo
sea vuestra abadesa.
ÚRSULA
(aparte)
¡Ah, qué alegría!
ÁNGELES
Y por su expresa orden,
a la hermana Úrsula le entrego
este título y el poder supremo.
(Mientras la abadesa habla, Horacio
muestra la mayor emoción. Quiere ir
con ella; Juliano, que está cerca de él,
lo detiene)
LAS MONJAS
¡Ah! ¡Qué desdicha!¡Ah! ¡Qué desdicha!
¡Ah! ¡Qué pena! ¡Ah! ¡Qué pena!
¡Ah! ¡Qué pena! ¡Ah! ¡Qué pena!
ÁNGELES
¡Debo abandonaros para siempre!
Porque se me ha ordenado
que hoy mismo
elija un esposo.
LORD ELFORT
(acercándose a Ángeles)
¡Ah, qué extrema tiranía!
No es así entre nosotros,
somos libres.
ÁNGELES
(avanzando hacia Horacio)
Y ese esposo,
¿quieres serlo tú, Horacio?
(Brigitte, que está detrás de Ángeles,
se ha quitado gradualmente el velo.
Horacio eleva sus ojos, reconoce las
facciones de Ángeles, deja escapar
un grito y cae de rodillas)
HORACIO
¡Ah!
Conjunto
HORACIO
¡Es ella, siempre ha sido ella!
¡Oh, momento de felicidad!
Demonio, ángel o mortal,
¡no huyas de mis ojos!
Demonio, ángel o mortal,
¡no huyas no huyas
de mis ojos!
MONJAS, BRIGITTE, ÚRSULA
JULIANO, ELFORT
¡Es ella, es ella
quien quiere hacerle feliz!
¡Oh, nueva sorpresa
que viene a deslumbrarlo!
¡Oh, nueva sorpresa
que viene a deslumbrarlo!
ÁNGELES
¡Es solamente una mortal
que quiere hacerte feliz
y recompensar el amor
a un amante fiel!
HORACIO
De mi felicidad
todavía dudo.
Han sido muchos los cambios
que he visto en cada momento,
cambios extraños y confusos.
ÁNGELES
Con una palabra te lo puedo explicar.
Horacio: ¡te amo!
HORACIO
(con ímpetu)
¡Ah, no cambies más!
Conjunto
HORACIO
¡Es ella, siempre ha sido ella!
¡Oh, momento de felicidad!
Demonio, ángel o mortal,
¡no huyas de mis ojos!
Demonio, ángel o mortal,
¡no huyas, no huyas
de mis ojos!
Sí ¡Es ella, siempre ella!
¡Oh, momento de felicidad!
Demonio, ángel o mortal,
¡no huyas de mis ojos!
¡Si, es ella, siempre ella!
¡Oh, momento de inmensa felicidad!
LAS MONJAS, BRIGITTE, ÚRSULA
JULIANO, ELFORT
¡Es ella, es ella
quien quiere hacerle feliz!
¡Oh nueva sorpresa
que llega para encandilarte!
¡Oh nueva sorpresa
que llega para hechizarte!
¡Oh nueva sorpresa
que llega para hechizarte
para hechizarte!
¡Es ella, es ella
quien quiere hacerlo,
quien quiere hacerlo feliz!
¡Es ella, es ella
la que quiere hacerlo feliz!
ÁNGELES
¡Es solamente una mortal
que quiere hacerte feliz,
y retribuir el amor
a un amante fiel!
¡Es solamente una mortal
que quiere hacerte feliz,
hacerte feliz
y retribuir el amor
a un amante fiel!
¡Es solamente una mortal
que quiere hacerte feliz!
Digitalizado y traducido por:
José Luis Roviaro 2024 |