DJAMILEH

 

 

Personajes

DJAMILEH

HARÚN

SPLENDIANO

VENDEDOR
Una esclava

Un príncipe

Secretario de Harún

Vendedor de esclavos
Mezzosoprano

Tenor

Barítono

Actor

 

La acción se desarrolla en un serrallo árabe, en época indeterminada.

 

1 Chœur et Rêverie

(Le Palais d'Haroun, au grand Caire.
Au lever du rideau, Haroun et Splendiano
sont en scène - Splendiano accroûpi
devant une table basse et écrivant
Haroun étendu et fumant)

CHOEUR
Le soleil va; ramène ta voile
C'est la fin du jour,
Et vers l'Orient, vers l'Orient
la première étoile
S'allume, invitant notre âme à l'amour!

(de plus près)
 
Le soleil va; ramène ta voile
C'est la fin du jour,
Et vers l'Orient, vers l'Orient
la première étoile
S'allume, invitant, notre âme à l'amour!

HAROUN
Dans la blonde fumée
Qui monte parfumée
Vers le soleil mourant,
Naissent de blancs atômes,
Impalpables fantômes
De mon rêve enivrant,
de mon rêve enivrant!
Et je vois, lumineux cortège,
Je vois leur corps de neige
Flotter, flotter encor.
Et des formes exquisites
S'ébaucher indécises,
S'ébaucher indécises
Dans la poussière d'or!

(Il rêve.
Splendiano s'est assoupi peu à peu.
Djamileh entre par un porte latérale
traverse lentement la scène et
disparaît après avoir jeté un regard
plein de tendresse sur Haroun qui
ne la remarque pas
)

CHOEUR
(chantent à bouches fermées)

Le soleil va; ramène ta voile
C'est la fin du jour,
Et vers l'Orient, vers l'Orient
la première étoile
S'allume, invitant, notre âme à l'amour!

Dialogue

HAROUN
Hé! Splendiano!
Raconte-moi ton rêve, je te prie.

SPLENDIANO
Hein! Quoi?
Je dormais encore?

HAROUN
À poings fermés.

SPLENDIANO
C'est possible.
Vous chantiez d'une façon si pénétrante
qu'en vous écoutant...

HAROUN
On s'assoupit! Dis-moi...
où est Djamileh?

SPLENDIANO
Là, à côté, je pense, toujours heureuse,
toujours confiante en votre amour,
ce qui est vraiment dommage.

HAROUN
Pourquoi?

SPLENDIANO
Parce que,
si votre caprice n'a pas varié,
elle a, comme on dit, fini son temps.

HAROUN
Bah!
Il y a un mois qu'elle est chez nous?

SPLENDIANO
Depuis ce matin.

HAROUN
Je l'avais oublié.
C'est bien la première fois que ça m'arrive.

SPLENDIANO
L'aimeriez-vous, par hasard?

HAROUN
Tu plaisantes!
Congédie-la puisque ce jour est venu.
Après souper,
je lui ferai quelques cadeaux,
tiens, justement ce collier
que j'ai acheté ce matin,
puis, une fois seul avec elle,
tu lui donneras la volée
et iras me chercher une nouvelle esclave.

SPLENDIANO
Le cas est prévu.
Notre marchand doit venir ce soir même.
Il a, paraît-il, des merveilles
à nous présenter.

HAROUN
Il se vante.
Enfin, va pour ces merveilles.
Je me fie à toi.

SPLENDIANO
Bien. Ceci convenu,
j'ai à vous faire une confidence.

HAROUN
Longue?

SPLENDIANO
Trois mots.
Je suis amoureux!

HAROUN
Toi?

SPLENDIANO
Moi.

HAROUN
Il faut soigner ça, mon cher.

SPLENDIANO
Je sais bien le remède.

HAROUN
C'est?

SPLENDIANO
Djamileh.

HAROUN
Bah! Tu l'aimes?

SPLENDIANO
Comme un fou.
Vous m'en

HAROUN
Pas le moins du monde.
heure. Aime-la tout à ton
je ne m'y oppose pas.

SPLENDIANO
Êtes-vous sérieux?
Vous m avez ait tout
a meure un mot inquiétant.

HAROUN
Lequel!

SPLENDIANO
Vous êtes étonné
que le moment fût arrivé
de renvoyer Djamileh.
Vous n'avez aucun regret?

HAROUN
Aucun...

2. Duo et Couplet

SPLENDIANO
Songez-y bien?

(prétentieusement)

à la fleur près de naître,
Il ne faut qu'un rayon
ou qu'une goutte d'eau!
Au fond de votre coeur fermé
comme un tombeau,
Un doux germe d'amour
attend aussi
peut-être les larmes d'une femme
ou son regard vermeil!
Songez-y bien, Seigneur,
songez-y bien!

HAROUN
(railleur)
Vieux rhéteur,
laisse donc ta pluie et ton soleil!
Mon âme est un désert,
et si par aventure
une fleur s'y cachait, il faudrait,
je t'assure,
pour la faire sortir, brillante du néant,
plus qu'une goutte d'eau, mon cher...
un Océan!

SPLENDIANO
Il ne faut qu'un rayon, Seigneur!
Songez-y bien!

HAROUN
Laisse donc ton soleil, vieux rhéteur!

SPLENDIANO
Djamileh, cependant, est belle!

HAROUN
Elle est venue
Ou trop tôt ou trop tard.
D'ailleurs, destin promis
aux fragiles amours,
Elle a comme toujours
Une rivale, hélas!

SPLENDIANO
Vraiment?

HAROUN
(riant)
Vraiment!

SPLENDIANO
Et cette rivale... c'est?

HAROUN
L'inconnue!
Celle que l'on n'attend pas
Qui vient à l'heure ignorée,
Par le dieu hasard parée
Des plus séduisants appas!

SPLENDIANO
Oui, celle qu'on n'attend pas!
Qui vient à l'heure ignorée,

HAROUN
Oui, celle que l'on n'attend pas

SPLENDIANO
Oui, celle qu'on n'attend pas

HAROUN, SPLENDIANO
D'irrésistibles appas est parée!

HAROUN
Celle que l'on n'attend pas

SPLENDIANO
Celle que l'on n'attend pas

HAROUN
Qui vient à l'heure ignorée,

SPLENDIANO
Par le hasard est parée.

HAROUN
Est parée des plus séduisants appas!

SPLENDIANO
L'inconnue,

HAROUN, SPLENDIANO
l'inconnue,

SPLENDIANO
l'inconnue,

HAROUN, SPLENDIANO
l'inconnue,

SPLENDIANO
Celle que l'on n'attend pas l'inconnue,

HAROUN
Celle que l'on n'attend pas,

HAROUN, SPLENDIANO
l'inconnue!

SPLENDIANO
Tout va bien!

HAROUN
Aime donc Djamileh!
Quant à l'autre...
Fais à ton gré, mon cher!

SPLENDIANO
Mon goût n'est pas le vôtre...
L'esclave...

HAROUN
Eh! choisis-moi celle que tu voudras.

Couplets

HAROUN
Tu veux savoir si je préfère
La mauresque aux yeux languissants,
Ou bien la juive au front sévère,
Ou la grecque, ivresse des sens?
Dans mon coeur,
foyer plein de cendre,
Tout est glacée, je le sens bien!
Mon souvenir y peut descendre
Hélas! il n'y rallume rien...
il n'y rallume rien! hélas! non, rien!
Que l'esclave soit brune ou blonde,
Je cède au charme tour à tour,
Je n'aime aucune femme au monde,
aucune femme...
J'aime l'amour! j'aime l'amour...
l'amour... l'amour! l'amour! l'amour!
Ah! j'aime l'amour,
oui, j'aime l'amour!

SPLENDIANO
(se frottant les mains)
C'est fort bien dit!
Et pour le projet qui me tente
votre morale est rassurante,
votre morale est rassurante...
Et pardieu! je ne m'en plains pas!
Djamileh! tu m'appartiendras!

HAROUN
Dans la coupe qu'elle caresse
ma lèvre en feu
n'a qu'un trésor:
Le vin qui nous verse l'ivresse
dans l'argile comme dans l'or!
Pourvu qu'il ait la même flamme,
le métal peut changer cent fois,
si l'amour parfume mon âme,
qu'importe la source,
la source où je bois?
Qu'importe?.. qu'importe?..
Que l'esclave soit brune ou blonde,
Je cède au charme tour à tour,
Je n'aime aucune femme au monde,
aucune femme!...
J'aime l'amour! j'aime l'amour!

SPLENDIANO
(riant)
L'amour!

HAROUN
l'amour!

SPLENDIANO
l'inconnue!

HAROUN, SPLENDIANO
l'inconnue!

HAROUN
Celle que l'on n'attend pas
Qui vient à l'heure ignorée,
Par le Dieu hasard parée
Des plus séduisants appas!

SPLENDIANO
Oui, celle qu'on n'attend pas!
Qui vient à l'heure ignorée,

HAROUN
Oui, celle que l'on n'attend pas

SPLENDIANO
Oui, celle qu'on n'attend pas

HAROUN, SPLENDIANO
D'irrésistibles appas
Est parée!

HAROUN
Celle que l'on n'attend pas!

SPLENDIANO
Celle que l'on n'attend pas

HAROUN
Qui vient à l'heure ignorée,

SPLENDIANO
Par le hasard est parée.

HAROUN
Est parée des plus séduisants appas!

SPLENDIANO
L'inconnue,

HAROUN, SPLENDIANO
l'inconnue,

SPLENDIANO
l'inconnue,

HAROUN, SPLENDIANO
l'inconnue,

SPLENDIANO
Celle que l'on n'attend pas,
l'inconnue,

HAROUN
Celle que l'on n'attend pas,

HAROUN, SPLENDIANO
l'inconnue!

(Paraît Djamileh un peu pensive)

Dialogue

HAROUN
C'est elle!
Fais servir le souper, va!
Puis, tu sais...

SPLENDIANO
Oui, oui,

(à part, en sortant)

s'il l'aimait!

3. Trio et Ghazel

HAROUN
(prenant la main de Djamileh)
Quelle pâleur est sur ta joue?..
Quelle ombre furtive à glissé
Sur ton front si pur où se joue
Un rayon à peine effacé?

DJAMILEH
(sombre)
J'ai fait un rêve!

HAROUN
Enfant!

(il l'ambrasse au front)

DJAMILEH
(montrant un visage radieux)
Ah tiens! tout est passé!

HAROUN
Mais encor?

DJAMILEH
Je voyais au loin la mer s'étendre
Et gronder, et gronder autour de moi;
Vainement, vainement je voulais tendre
Mes bras défaillants, mes bras vers toi.
Sous mes mains s'ouvrait le vide
Et dans le désert des flots,
La mer couvrait, voix perfide,
Mes appels et mes sanglots!
La mer couvrait
mes cris et mes sanglots!

HAROUN
Folle!

DJAMILEH
Haroun, ti dis vrai,
peut être j'étais folle,
Oui, je sentais en moi,
comme un pressentiment...

HAROUN
(à part)
Cette pensée en ce moment...
Peut elle se douter?

DJAMILEH
Mais un mot me console
Et je bénis mon tourment,
Puisque le rêve qui s'envole,

(avec tendresse)
 
Me rend ta voix plus douce et ton cœur
plus aimant!

HAROUN
(à part)
De l'amour, pauvre enfant!

(Splendiano rentre précédant les esclaves
qui portent et servent le souper)

HAROUN
(à Djamileh)
Chère, laissons nous vivre,
Le sourire fleurit sur ta lèvre, oublions
Les rêves insensés
qu'un doute pourrait suivre, Djamileh!
Mets-toi là, près de moi!
soyons gais, et soupons!

SPLENDIANO
(épanoui)
Bien dit: bien dit: soupons!

DJAMILEH
Ah! L'aîle d'un rêve est légère
L'aîle d'un rêve est légère
Une image passagère
Rendait mon front soucieux!
ah rendait mon front soucieux.
Mais il parle et j'espère,
Mais il parle et moi j'espère...
C'est un avenir prospère
Que je lis dans ses yeux!
Il parle et moi j'espère...
Oui, c'est un avenir prospère
Que je lis dans ses yeux!

HAROUN
Oui, l'avenir a son mystère;
Qu'il soit funeste ou prospère,
Je n'en suis pas soucieux.
Cette heure m'est chère;
Le vin rit dans mon verre
Et le plaisir et le plaisir,
oui le plaisir dans tes yeux!

SPLENDIANO
Oh! beauté pure en qui j'espère
Bientôt viendra l'heure chère,
L'heure où je te dirai mes vœux!
Que le vin coule à plein verre!
Philtre charmant qui doit faire
Luire l'amour dans ses yeux,
Luire l'amour dans ses yeux!
Luire l'amour dans ses yeux!

HAROUN
(avec bonté)
Je veux te voir heureuse,
O Djamileh! et ton bonheur peut être
Espère encor quelque chose de moi?

DJAMILEH
(surprise)
Que puis-je désirer?..

HAROUN
La liberté!

DJAMILEH
(simplement)
Pourquoi?
Je ne demande rien, mon maître
Je suis heureuse en ta maison,
Mon âme ne saurait connaître
De plus radieux horizon!
De cette âme un instant troublée
Toute crainte s'est envolée,
Ta voix m'a rendu la raison,
non, non, je ne demande rien,
mon maître.

SPLENDIANO
(avec entrain mirant son verre)
Oh! que la vie est bonne
et me semble enviable
Alors qu'on est à table
Et que l'on voit le monde
au travers de ceci!

HAROUN
Il a raison,
buvons ma belle!
Puisque dans la coupe étincelle,
Le vin qui charme le souci!

DJAMILEH
Aucun souci ne m'inquiète
Et pour avoir le cœur en fête
Oui, pour avoir le cœur en fête
Je n'ai besoin que d'être ici!

HAROUN
Si ta lèvre repousse
cette blonde liqueur
Djamileh!
Dis-moi quelque chanson,
notre ivresse est plus douce
quand la berce,
une voix au murmure enchanteur!

DJAMILEH
Haroun, ta servante est prête
ton désir est ma loi!

SPLENDIANO
(qui est allé chercher un luth sur lequel
il prélude comiquement; à part)
Va! chante pour lui, ma fauvette,
bientôt tu chanteras pour moi!

(il donne le luth à Djamileh)

(Djamileh prélude)

DJAMILEH
(simplement)
Nour-Eddin, roi de Lahore,
Est fier comme un dieu!
Il est beau comme l'aurore
Il est beau,
Ses yeux sont de feu!
Quand son regard, flèche ardente,
Est posé sur moi,
Je reste toute tremblante,
toute tremblante,
Je ne sais pourquoi!
Ah! Nour-Eddin, Nour-Eddin
est fier comme un dieu,
Il est beau comme l'aurore!
Ainsi parlait dans on rêve,
La naïve enfant!
Ainsi parlait la naïve enfant
Aveu timide qu'achève
Un cœur triomphant!

(douloureusement)

la la la la la la
la la la la la la.
Lorsque le Roi dan la foule
S'éloigne à pas lents,
Un ruisseau de larmes coule
Sous mes cils,
sous mes cils tremblants!
D'où vient l'émoi qui m'agite!..
Et d'où vient aussi
Dès que son regard me quitte,
hélas! d'où vient
Que je pleure ainsi?
Ah! lorsqu'il s'éloigne à pas lents,
Un ruisseau de larmes
coule sous mes cils tremblants!
Ainsi voulait la pauvre âme,
Trouver le secret, le secret
De cette invisible flamme
de cette flamme
Qui la dévorait!

(douloureusement)

la la la la la la
la la la la la la.

HAROUN
(interrompant doucement Djamileh)
L'histoire sans doute est des plus touchantes,
J'en sais la fin...

(à part)

Cherchons des images riantes.

(à Djamileh)

Enfant, laissons
Dans les buissons,
Enfant, laissons
La fleur flétrie,
Et dépensons
Gaiment la vie,
À nous l'ivresse et les chansons!
Enfant laissons
Dans les buissons,
Enfant, laissons
La fleur flétrie,
Et dépensons
Gaiment la vie,
À nous la folie et les chansons!

DJAMILEH
Laissons, laissons
La fleur flétrie,
Et dépensons
Gaiment la vie,
À nous l'ivresse et la folie
À nous l'ivresse et les chansons!
Laissons, laissons
La fleur flétrie,
Et dépensons
Gaiment la vie,
À nous l'ivresse et la folie
À nous l'ivresse et les chansons!

HAROUN
Enfant laissons
Dans les buissons,
Enfant, laissons
La fleur flétrie,
Et dépensons
Gaiment la vie,
À nous la folie et les chansons!

SPLENDIANO
Laissons, laissons
Dans les buissons
La fleur flétrie
Et dépensons
Gaiment la vie,
À nous l'ivresse et les chansons!

DJAMILEH, HAROUN
SPLENDIANO
À nous les chansons!
À nous, à nous
l'ivresse et les chansons!

Dialogue

HAROUN
Je t'ai interrompue tout à l'heure.
Tu ne m'en veux pas?

DJAMILEH
Moi, t'en vouloir, maître.

HAROUN
Tu es charmante!

4. Scène et Chœur

HAROUN
Ah! je t'ai ménagé une surprise.

SPLENDIANO
(avec intention)
Une jolie surprise!

HAROUN
(prenant des mains de Splendiano un
collier qu'il passe au cou de Djamileh)
Regarde!

DJAMILEH
Ah! le beau collier!
Il est digne d'une reine!

SPLENDIANO
(à part)
Il fait bien les choses!

HAROUN
Eh! bien?

DJAMILEH
Ce que j'aime le mieux en lui pourtant c'est...

HAROUN
C'est?

DJAMILEH
La main qui le donne!

HAROUN
(faisant un geste d'insouciance, puis
prenant la main de Djamileh)
Enfant, tu entres dans la vie;
tu es bonne et aimante;
le bonheur t'est promis sans doute,
souviens-toi de moi!

(Djamileh le regarde toute interdite)

SPLENDIANO
J'entends vos amis,
vous allez jouer encore ce soir?...

HAROUN
Comme toujours!
Il ne faut pas être inconstant.

(bas)

C'est la fin de la comédie,
tu m'as compris?..

(Splendiano fait un geste d'assentiment)

HAROUN
C'est bien!

(Haroun va à la rencontre de ses amis)

LES AMIS D'HAROUN
Salut! salut! seigneur Haroun.

LES AMIS D'HAROUN
Salut! salut! seigneur Haroun.

HAROUN
(leur serrant les mains)
Amis, amis, je vous salue,
Joyeuse bienvenue
À ceux que parmi nous la fortune conduit!
Ah! Nous allons jouer follement cette nuit!

AMIS D'HAROUN
Oui, nous allons jouer follement cette nuit!

(Djamileh, qui n'est pas voilée, s'est mise
à l'écart; les amis d'Haroun l'aperçoivent
et se la montrent discrètement)

AMIS D'HAROUN
Quelle est cette belle
Dont l'oeil étincelle
Et qui s'offre à nous
Sans voiles, sans voiles jaloux?
Voyez, voyez, quelle est cette belle
Dont l'œil étincelle!

AMIS D'HAROUN
Quelle est cette belle
Dont l'œil étincelle
Et qui s'offre à nous
Sans voiles, sans voiles jaloux?

AMIS D'HAROUN
Quelle est cette belle
Dont l'oeil étincelle?

AMIS D'HAROUN
Quelle est cette belle
Dont l'œil étincelle?

AMIS D'HAROUN
Ses lèvres son closes
et l'oiseau baiser,
sur ce nid de roses,
voudrait se poser,
oui voudrait se poser!
Son doux front épanche
sur sa main plus blanche
que le lis des près,
ses cheveux
ses cheveux ambrés;
et sur ce nid de roses,
le baiser, le baiser,
voudrait se poser!

AMIS D'HAROUN
Ses lèvres son closes
et l'oiseau baiser,
sur ce nid de roses,
Ah! Oui, sur ce nid de roses,
sur ce doux nid de roses,
l'oiseau baiser
voudrait se poser!

AMIS D'HAROUN
Elle est sans pareille
Et nos yeux épris
De cette merveille,
Devinent le prix!

AMIS D'HAROUN
Elle est sans pareille
Et nos yeux épris
De cette merveille,
Devinent le prix!
Oui, l'oiseau baiser

AMIS D'HAROUN
Sur ce nid de roses,

AMIS D'HAROUN
Voudrait se poser!

(Djamileh se détourne en jetant
à Haroun un regard de reproche)

HAROUN
(nonchalamment)
C'est Djamileh! venez!
Tandis qu'une voix austère
Du haut du minaret,
Tandis qu'une voix austère
Nous invite à la prière,
Donnons au plaisir nos heures,
Et chassons de nos demeures
L'ennui, cet hôte indiscret,
oui donnons au plaisir nos heures
Chassons l'ennui,
cet hôte indiscret!

AMIS D'HAROUN
Tandis qu'une voix, une voix austère
Nous invite à la prière,
Donnons au plaisir, au plaisir nos heures,
Chassons de nos demeures
Chassons de nos demeures, amis,
chassons L'ennui,
cet hôte indiscret!

SPLENDIANO
(à part avec une joie comique)
Vivat! ma victoire,
ma victoire est claire!
Il n'est plus besoin de taire
Mon amour ni mon secret!
Ma victoire est claire
Il n'est plus besoin de taire
Ni mon amour ni mon doux secret.
Je dis, je dis, va-t'en! elle pleure
Je dis, je t'aime et sur l'heure
Elle rit. le tour est fait!

(Haroun et ses amis sortent,
Splendiano les suit)

Dialogue

DJAMILEH
Pourquoi riait-il avec eux en me regardant?
Ces paroles qu'il m'a dites,
elles ont retenti en moi comme un adieu.
Il me demande un souvenir.
À quoi bon, puisque nous
ne devons jamais nous quitter?

SPLENDIANO
(Pour lui même)
À nous deux!
Il s'agit d'être à la fois ferme,
conciliant, persuasif et... tendre.

DJAMILEH
Eh bien! Haroun?

SPLENDIANO
Il est là, avec ses amis.

DJAMILEH
Je n'aime pas ces hommes.
Pourquoi m'expose-t-il à leurs regards?

SPLENDIANO
Ne nous occupons pas d'eux.
J'ai à te parler.
Le maître...

DJAMILEH
Où veux-tu en venir?

SPLENDIANO
Ignores-tu ses manières d'agir?

DJAMILEH
Il m'a dit qu'il m'aimait,
m'en faut-il davantage?

SPLENDIANO
Il t'a dit...
comme à d'autres.

DJAMILEH
À d'autres!

SPLENDIANO
Hé! Vas-tu croire que, la première,
tu as eu le privilège de le séduire.
Des caprices, mais
il en a de toutes les couleurs, ma chère.
Écoute: chaque mois,
cette porte se referme
sur un vieil amour qui s'en va, et s'ouvre
pour un nouvel amour qui vient;
chaque mois, une esclave différente répète
à Haroun les mêmes souvenirs
et entend de lui les mêmes mensonges.

DJAMILEH
Tais-toi. Oh! ce n'est pas vrai.

SPLENDIANO
Tout est vrai et - faut-il te le rappeler? –
il y a un mois que tu es ici.

DJAMILEH
Il me chasse! Ah!

SPLENDIANO
Tu l'aimes donc?

DJAMILEH
Si je l'aime!
Tu ne peux pas savoir à quel point.
Toute ma vie est dans mon amour.
Mais tu me trompes, tu me tortures à plaisir.
Haroun ne me chasse pas.
C'est impossible.

SPLENDIANO
Il ne te chasse pas, en effet, il te met en liberté.
Il y a une nuance; au fond,
c'est la même chose.
Prends cette bourse en attendant
que tu aies trouvé une autre consolation.
Et si tu veux bien chercher, charmante,
ce ne sera pas long.
Regarde un peu par ici seulement.

DJAMILEH
Oh! Tais-toi! Tais-toi!

SPLENDIANO
Je me tairai si tu me parles, si tu me souris!
Haroun est bien loin maintenant.
Et il t'a déjà oubliée, lui, je le jure.

DJAMILEH
Oubliée,
quand là tout à l'heure...
oh! je rêve

5. Chanson

CHOEUR
(dans la coulisse)
La fortune est femme,
pour qui la réclame
elle a des rigueurs,
oui des rigueurs,

HAROUN, CHOEUR
(dans la coulisse)
La fortune est femme;

HAROUN, CHOEUR
Pour qui la réclame,
elle a des rigueurs:

HAROUN, CHOEUR
Et dans ses caprices,

CHOEUR
Et dans ses caprices, dans ses caprices,

HAROUN, CHOEUR
Souvent aux novices
Garde ses faveurs;
Mais si le jeu qui nous tente
Fait trouver l'heure moins lente,

HAROUN, CHOEUR
Bon ou mauvais soit le destin,

CHOEUR
Bon ou mauvais soit le destin,

HAROUN, CHOEUR
Amis,
jouons jusqu'au matin,

CHOEUR
Amis,
jouons jusqu'au matin,
oui, jusqu'au matin,

HAROUN, CHOEUR
Jusqu'au matin!

Dialogue

SPLENDIANO
Tu entends? Tu as reconnu sa voix?
Trouves-tu qu'il soit bien triste?
C'est un ingrat, va!
Tandis que moi, je n'ai qu'une pensée...

DJAMILEH
Tu prétends m'aimer, Splendiano?

SPLENDIANO
Que veux-tu faire?

DJAMILEH
Sacrifier ma liberté à Haroun.
Une autre esclave doit venir ce soir?

SPLENDIANO
Oui.

DJAMILEH
Eh bien!
Présente-moi à sa place.
En me reconnaissant,
Haroun comprendra peut-
être qu'il y a au monde
un bien plus précieux
pour moi que ma liberté.

SPLENDIANO
Et si... je consens?

DJAMILEH
Si tu consens et... qu'il me repousse,
eh bien j'aurai tout perdu à la fois;
ma liberté et mon amour.
Je serai ton esclave.

SPLENDIANO
Mon esclave!...
J'accepte. Ta main.

DJAMILEH
La voici.

SPLENDIANO
Reste là, cachée.
Dans un instant,
le marchand d'esclaves
sera à tes ordres.
Je vais tout disposer
selon tes désirs...
espère!...

(Il sort)

6. Lamento

DJAMILEH
Sans doute l'heure est prochaine,
où je mourrai de ma peine!
Puis-je être heureuse encor?
Quel arrêt vais-je entendre?
Le ciel doit-il me prendre
a jamais mon trésor?..
mon trésor?.. mon trésor?
Hélas! une frêle trame
peut elle enchaîner cette âme?
Illusion d'un jour!
Un seul regard du maître,
un seul mot va peut être
effacer tant d'amour!
Tant d'amour!
Tant d'amour!
Un seul mot!
Un seul regard! hélas!

Dialogue

HAROUN
Venez puisqu'il le veut...

6 bis. Mélodrame

SPLENDIANO
Non! je ne veux pas vous imposer mon goût.

(appelant)
 
Arakel! le marchand peut entrer.

(à Haroun et à ses amis)

Ne vous impatientez pas,
vous retournerez tout à l'heure.

(Entrée du marchand
d'esclaves et de sa suite)

SPLENDIANO
Pardieu!..
les belles filles!

LE MARCHAND
N'est-ce pas?
oh! le seigneur Haroun
est un homme généreux!...

SPLENDIANO
Oui, oui! nous savons cela...

LE MARCHAND
Voyez Seigneur
jetez un coup d'œil sur ces trésors.

HAROUN
Vantard!
Allons! je m'en vais.

LE MARCHAND
Quoi! Seigneur!
vous ne souffrirez pas que je vous dise...

HAROUN
Eh! que m'importe!
arange toi avec Splendiano.

LE MARCHAND
Un seul regard! Allez vous autres!
Une vraie perle, Seigneur, regardez!

7. L'Almée (Danse et Chœur)

AMIS D'HAROUN
Froide et lente,
Indolente,
Et les yeux assoupis,

AMIS D'HAROUN
Elle pose son pied rose
Sur les fleurs du tapais.
Et comme elle, solennelle
La musique s'endort.

CHOEUR
Soupir vague de la vague,
baisant le sable d'or!

CHOEUR
Bientôt sonne
Et l'étonne
L'appel du tambourin;
Bientôt chante,
Frémissante,
La cymbale d'airain!

ESCLAVES, MUSICIENS
Lou! lou!

CHOEUR
La danseuse
Paresseuse
Tressaille de plaisir,
C'est un rêve
Qui l'enlève
Et qu'elle va saisir.
Elle danse
Et s'élance
Incessant tourbillon,
Son pas trace
Dans l'espace
Un lumineux sillon!

CHOEUR
Lou lou lou lou
lou lou lou lou
lou lou lou lou
lou lou lou lou
lou lou lou lou
lou lou lou lou
lou lou lou lou
lou lou lou lou
lou lou lou lou
lou lou lou lou
lou lou lou lou
lou lou lou lou
lou lou lou lou
lou lou lou lou
lou lou lou lou
lou lou lou lou.
Lou! lou!

CHOEUR
L'amour voile,
Double étoile,
Ses regards languissants,
Et l'ivresse
Qui la presse
S'empare de nos sens!

CHOEUR
Quand pâmée,
Blanche almée,
Elle succombe enfin
Délirante
Et mourante
Dans son rêve divin.

CHOEUR
Quand pâmée,
Blanche almée,
Elle succombe enfin
Délirante
Et mourante
Dans son rêve
Dans son rêve divin.

CHOEUR
Dans son rêve divin.

Dialogue

LE MARCHAND
Eh bien, Seigneur!

HAROUN
Je ne sais pas, Splendiano décidera.
On nous a fait perdre notre temps.

7 bis. Sortie d'Haroun et de ses Amis

Dialogue

SPLENDIANO
C'est parfait!
Veux-tu gagner deux cents sequins?

LE MARCHAND
Oh I Celle-ci vaut dix fois plus!

SPLENDIANO
En ce cas, va-t'en, va!
Tu trouveras là une femme...
Obéis lui aveuglément.
Elle te dira ce que nous attendons de toi,

LE MARCHAND
Que je m'en aille?

SPLENDIANO
Oui, mais reviens avec ta danseuse.
On te l'achète.

(Il pousse tout le monde hors de scène)

8. Couplets

SPLENDIANO
Il faut pour éteindre ma fièvre
Une douce réalité,
Et je veux boire à pleine lèvre
Ta coupe ardente, ô volupté!
Je vois ma maîtresse sourire,
Timide elle accepte mes lois,
Je vois ma maîtresse sourire
Timide elle accepte mes lois,
O rêve d'amour! O délire!
Je ne sais plus ce que je vois!
O rêve d'amour!
O délire non, non, non, non
je ne sais plus, non, non, non, non,
Je ne sais plus ce que je vois.
Doucement nous errons ensemble
Sous les ombrages parfumés,
Je presse sa main, elle tremble,
Ses yeux languissants sont fermés;
Je me vois sûr de ma conquête
A peine la défend sa voix,
Je me vois sûr de ma conquête
A peine la défend sa voix,
Rien ne m'émeut, rien ne m'arrête,
Je ne dis plus ce que je vois!
Rien ne m'émeut rien ne m'arrête
non, non, non, non,
je ne dis plus, non, non, non, non,
Je ne dis plus ce que je vois.

(Paraît Djamileh. Elle a revêtu le costume
de la danseuse. Son visage est à demi
dissimulé sous son voile. Paraît Haroun)

Dialogue

DJAMILEH
Je suis prête.

SPLENDIANO
Tu es fort bien déguisée.
Il fait nuit,
pourquoi tant redouter cette épreuve?

(à part)

Comme il va rire.
 
(A Djamileh)
 
Mais chut!
Voilà Haroun!

HAROUN
Donne-moi de l'or, Splendiano, j'ai perdu.

SPLENDIANO
Prenez, seigneur,
l'esclave est là.

HAROUN
Ah! Jolie?

SPLENDIANO
Sans doute.
Il faut pourtant vous dire...

HAROUN
C'est bien, plus tard... on m'attend

(apercevant Djamileh)

tiens, c'est la danseuse!

8 bis. Mélodrame

SPLENDIANO
Si vous saviez...

HAROUN
Vas-tu me laisser tranquille...
Qu'est-ce que tu me veux donc?

(regardant Djamileh)

Tout à l'heure si provocante et maintenant
tremblante et inquiète! c'est singulier!
Hé! mignonne t'aurait-on dit du mal de moi?

(Il veut la prendre dans ses bras, elle
se dérobe et s'enfuit vers le fond)

SPLENDIANO
Voulez-vous...
Il ne m'écoute pas!

HAROUN
(la poursuivant)
Sauvage! comme elle s'enfuit!

(il s'arrête puis riant)

Mais c'est délicieux, cette révolte!
je reste!

SPLENDIANO
Un mot, je vous prie...

HAROUN
(vivement, donnant sa
bourse à Splendiano)
Prends cet or, va jouer à ma place, va.

SPLENDIANO
Mais...

HAROUN
(impatienté)
Obéis donc et tais-toi.

SPLENDIANO
(à part, sortant)
Après tout, je suis tranquille!
je sais bien qu'il la congédiera.

9. Duo Final

HAROUN
(à part)
Est-ce la crainte?
Est-ce un caprice?
Qui l'éloigne de moi?
J'en veux faire l'épreuve.

DJAMILEH
(à part)
O nuit, sois moi propice,
Protégé mon audace!

HAROUN
Elle a peur sur ma foi.

(avec entrain à Djamileh)

Nous sommes seuls; le ciel est plein d'étoiles!
C'est l'heure qui plaît à l'amour,
Ne tremble plus, laisse tomber tes voiles:
Le temps du bonheur
hélas! est si court!

DJAMILEH
(suppliant)
Seigneur, seigneur de grâce
Laissez mes yeux baissés,
Laissez mes yeux,
De pleurs récents
vous dérober la trace...

HAROUN
Ici le plaisir, oui,
le plaisir remplace la douleur.
Tes larmes! tes larmes!
Je les veux essuyer de mes lèvres!
De ces regards dont tu me sèvres
Je veux éprouver la douceur!
Plus de larmes!
allons plus de larmes!

DJAMILEH
Seigneur, seigneur!
Ah! seigneur de grâce,
épargnez ma faiblesse,
pitié, seigneur!
Épargnez, seigneur, ma faiblesse!
Notre visage n'est charmant,
Notre visage n'est charmant
Qu'à l'heure où l'amour le caresse,
où l'amour le caresse
De son divin rayonnement!

HAROUN
Oh viens donc, belle maîtresse!
Et laisse sur ton front doux et charmant,
Oui, laisse sur ton front charmant,
Éclater d'une ardente ivresse,
L'ineffable rayonnement!
L'ineffable rayonnement!

DJAMILEH
(à part)
La frayeur me glace!

HAROUN
L'esclave dont tu prends ici la place,
Avait moins de rigueur,
Et je l'aimais...

DJAMILEH
(vivement)
Seigneur,
Si vous l'aimiez
pourquoi l'avoir bannie?

(à part)

Ah! je crains de m'être trahie!..

HAROUN
Si j'ai dit que j'aimais,
ma chère, entendons nous:
Je n'ai pas enchaîné ma vie,
Etre libre est un bien plus doux!
Lorsque ma maîtresse est partie
Il ne restait rien entre nous...
Rien... qu'un souvenir de tendresse;
Avec la dernière caresse
Nos liens, oui,
nos liens s'étaient brisés tous!

(Djamileh essuie furtivement
une larme. Haroun surpris)

Elle pleure!

(allant vers elle)

Pourquoi pleurer?
T'ai je offensée?

DJAMILEH
(entraînée)
Ah! vous êtes cruel!

(elle s'éloigne)

HAROUN
Mais, qu'as-tu donc?
Quoi! tu me fuis encor?

(Il la suit. Un rayon de lune éclaire
soudainement Djamileh. Frappé
d'étonnement; presque parlé)

Ah! Djamileh!
Oui, c'est elle... insensée!
Elle m'aimait!

DJAMILEH
(à part douloureusement)
J'espère en vain...
son cœur est mort!

HAROUN
(à part; avec passion)
Si l'amour était un mensonge,
Me sentirais-je ainsi troublé?
Bonheur qui me souris,
si tu viens dans un songe,
ah! que je meure avant qu'il se soit envolé!
Ah! si l'amour était un mensonge,
Serais-je ainsi troublé?

(il reste muet loin de Djamileh)

DJAMILEH
(à part)
Qu'à ma tremblante voix
sa colère réponde...
Que m'importe aujourd'hui?
Avant d'aller dormir
sous la vague profonde,
Je veux me révéler à lui!

(avec intention)

Cherchant des monts à la plaine
Son cœur envolé,
Elle allait, contant sa peine,
contant sa peine
Au ciel étoilé!
Et sans qu'on en sût la cause,
Cette fleur d'amour
Se flétrit comme une rose
comme une rose
Aux ardeurs du jour.
Ainsi mourut l'innocente
Dans son rêve d'or,
A sa vision charmante
Souriant encor!

(à part)

Il se tait!

(allant vers lui et d'un ton suppliant)

Maître! grâce!
O maître!

HAROUN
Ah! je t'ai reconnu!

(luttant contre lui-même)

Mais non!..
en vain ti seras revenue...
Je ne veux pas aimer!

(à part)

non! ce mot qu'elle attend,
Je ne le dirai pas!!

(résolument et avec violence)

va t'en!

DJAMILEH
Ah!

(avec désespoir)

Il se jouait de moi!

(d'une voix brisée)

L'amour était ma vie...
O mon maître!
mon espérance ravie!
Plus que la liberté
c'était toi que j'aimais
Plus que la liberté
c'était toi que j'aimais!
Adieu pour jamais!

(Elle s'éloigne puis chancelle et
tombe dans les bras d'Haroun
accouru pour la recevoir
)

HAROUN
(hors de lui)
Ah! chère enfant,
c'était une épreuve!
O Djamileh!
Mon âme, mon seul bien,
Il ne me faut plus d'autre preuve,
En comprenant ton coeur,
J'ai retrouvé le mien!
Ta lèvre parfumée,
Ta lèvre peut cesser de mentir,
mon doute est terrassé,
mon doute est terrassé,
O douce bien aimée!
Revenons pour jamais
aux beaux jours du passé!
Oui, c'est trop, c'est trop,
je cède, je cède
Au plus doux transport!
O Djamileh!
L'amour me possède,
Non, mon cœur n'est pas mort!

DJAMILEH
Je triomphe, il cède, il cède
A son doux transport!
Ah! L'amour le possède,
Son cœur n'est pas mort!

HAROUN, DJAMILEH
Ah! viens! Pour toi je veux vivre!
Ta voix qui m'enivre
A fixé mon sort!

HAROUN
Ah! viens, pour toi, pour toi je veux vivre

DJAMILEH
Ah! pour toi, pour toi je veux vivre

HAROUN, DJAMILEH
oui, ta voix qui m'enivre
a fixé mon sort!

DJAMILEH
Ta voix chérie, ta voix m'enivre,
Je veux vivre pour t'aimer!

HAROUN
Je t'aime! je t'aime! je t'aime!

HAROUN, DJAMILEH
Ah! viens!

(Splendiano a paru, il fait un geste de
désespoir comique! Derrière lui se montrent
les amis d'Haroun, à leur vue, Haroun
ramène sur le visage de Djamileh le voile
qu'elle avait laissé tomber sur ses épaules,
puis il passe doucement avec elle
)
  
 
1. Coro y ensoñación
 
(Palacio Harún, en el Gran
Cairo. Esplendiano en cuclillas
frente a una mesa baja, escribiendo.
Harún recostado y fumando su
narguile)

CORO
El sol se pone y ya regresa el velero.
Es el final del día.
Hacia el oriente, hacia el oriente
se enciende la primera estrella
invitando al amor a nuestras almas.

(más cercano)

El sol se pone y ya regresa el velero.
Es el final del día.
Hacia el oriente, hacia el oriente
se enciende la primera estrella
invitando al amor a nuestras almas.

HARÚN
En la dorada humareda
que se eleva perfumada
hacia el sol agonizante,
nacen átomos blancos,
espectros impalpables
de mi sueño embriagador,
de mi sueño embriagador.
Veo un cortejo luminoso
que forman
los copos de nieve al caer.
¡De formas exquisitas,
de formas indecisas,
de formas indecisas
en el polvo dorado!

(Sigue soñando.
Esplendiano se ha dormido poco a
poco. Djamileh entra por una puerta,
cruza lentamente el escenario y
desaparece tras lanzar una mirada
llena de ternura a Harún que no se
percata de su presencia)

CORO
(a boca cerrada)
El sol se pone y ya regresa el velero.
Es el final del día.
Hacia el oriente, hacia el oriente
se enciende la primera estrella
invitando al amor a nuestras almas.

Diálogo

HARÚN
¡Eh! ¡Esplendiano!
Cuéntame tu sueño, por favor.

ESPLENDIANO
¡Eh! ¿Qué?
¿Me he vuelto a dormir?

HARÚN
Con los puños cerrados.

ESPLENDIANO
Es posible.
Habéis cantado tan alto,
que al escucharos...

HARÚN
Dormilón, dime...
¿Dónde está Djamileh?

ESPLENDIANO
Ahí, creo, siempre feliz,
siempre confiando en vuestro amor,
lo cual es realmente una pena.

HARÚN
¿Por qué?

ESPLENDIANO
Porque, si como nos dijisteis,
Se trata tan sólo de un capricho,
ella pierde el tiempo...

HARÚN
¡Bah!
¿No lleva aquí más de un mes?

ESPLENDIANO
Contando hasta esta mañana.

HARÚN
No la había pensado...
Es la primera vez que me sucede.

ESPLENDIANO
¿Estáis enamorado?

HARÚN
¿Estás bromeando?
Ya es hora que la despida.
Después de cenar,
le darás algún regalo.
Toma, este collar
que compré esta mañana,
una vez que estés a solas con ella,
se lo darás como despedida;
luego, irás a buscarme una nueva esclava.

ESPLENDIANO
Eso ya lo tenía previsto.
El mercader vendrá esta misma tarde.
Al parecer traerá unas cuantas
esclavas maravillosas.

HARÚN
Él siempre exagera...
En fin, ve por esas maravillas.
Confío en ti.

ESPLENDIANO
Bien. De acuerdo,
tengo un secreto que contarle a usted.

HARÚN
¿Es muy largo?

ESPLENDIANO
Si me permitís deciros...
¡Estoy enamorado!

HARÚN
¿Tú?

ESPLENDIANO
Yo.

HARÚN
Tienes que ponerle solución a eso.

ESPLENDIANO
Conozco bien el remedio.

HARÚN
¿Cuál?

ESPLENDIANO
Djamileh.

HARÚN
¡Bah! ¿La amas?

ESPLENDIANO
Como un loco.
¿Acaso os molesta?

HARÚN
Para nada.
Ámala apasionadamente
que yo no me opongo.

ESPLENDIANO
¿Habláis en serio?
Acabáis de decir
algo muy inquietante

HARÚN
¡Qué!

ESPLENDIANO
Que no os inquieta
que haya llegado el momento
de despedir a Djamileh.
¿No tenéis remordimientos?

HARÚN
Ninguno...

Dúo y Cuplé

ESPLENDIANO
Pensadlo bien.

(pretenciosamente)

A la flor que está por nacer,
sólo le hace falta un rayo de sol
o una gota de agua.
Así, en el fondo de un corazón,
más frío que una tumba,
un dulce germen de amor
puede germinar.
Quizás sean las lágrimas de una mujer
o su mirada apasionada.
¡Pensadlo bien, señor!
¡Pensadlo!

HARÚN
(burlón)
¡Viejo retórico,
deja de lado tu lluvia y tu sol!
Mi alma es un desierto,
y si por casualidad
una flor se escondiera allí,
para sacarla se necesitaría,
te lo aseguro,
más que una gota de agua, querido...
¡un océano!

ESPLENDIANO
Sólo se necesita un rayo, señor...
¡Pensadlo bien!

HARÚN
¡Deja de lado tu sol, viejo retórico!

ESPLENDIANO
Pero Djamileh, es muy hermosa.

HARÚN
Ha llegado demasiado temprano
o demasiado tarde.
Además, como ocurre
con los amores frágiles,
el destino siempre se entromete.
Ella tiene una rival...

ESPLENDIANO
¿Es cierto?

HARÚN
(riendo)
¡Sí, es verdad!

ESPLENDIANO
Y esa rival... ¿Quién es?

HARÚN
¡Cualquier desconocida!
¡La que llegue
a la hora menos pensada,
adornada, por el dios del azar,
con los encantos más seductores!

ESPLENDIANO
¡Sí, la que llegue
a la hora menos pensada!

HARÚN
¡Sí, cualquier desconocida!

ESPLENDIANO
¡Sí, una desconocida!

HARÚN, ESPLENDIANO
¡Adornada de encantos irresistibles!

HARÚN
¡Cualquier desconocida!

ESPLENDIANO
¡Cualquier desconocida!

HARÚN
La que llague a la hora menos pensada,

ESPLENDIANO
Elegida por el dios del azar.

HARÚN
¡Adornada con encantos seductores!

ESPLENDIANO
Una desconocida.

HARÚN y ESPLENDIANO
Una desconocida.

ESPLENDIANO
Cualquier desconocida.

HARÚN, ESPLENDIANO
Cualquier desconocida.

ESPLENDIANO
La que menos se espere.

HARÚN
La que menos se espere.

HARÚN. ESPLENDIANO
¡Una desconocida!

ESPLENDIANO
Entonces ¡adelante!

HARÚN
¡Ama a Djamileh!
En cuanto a la otra...
¡trae la que más te guste!

ESPLENDIANO
Pero mi gusto no es el vuestro.
La esclava...

HARÚN
¡Elígeme la que más te guste!

Cuplés

HARÚN
¿Quieres saber si prefiero
a la mora de ojos lánguidos;
la judía de rostro severo,
o a la griega,
que embriaga los sentidos?
En mi corazón,
una hoguera llena de cenizas,
todo está congelado, ¡puedo sentirlo!
Sólo vive de recuerdos.
¡Ay de mí! Está apagado...
¡No sucede nada! ¡Pobre de mí!
Sea la esclava morena o rubia,
me entrego a sus encantos,
pero no amo a ninguna mujer,
a ninguna...
¡Yo amo al amor! ¡Amo, amo... amo!
¡Al amor! ¡Al amor!
¡Ah! ¡Amo al amor, sí, amo al amor!

ESPLENDIANO
(frotándose las manos)
¡Eso está muy bien!
Para mis proyectos,
vuestra actitud me tranquiliza,
sí, me tranquiliza...
¡Por Dios que no puedo quejarme!
¡Djamileh, será mía!

HARÚN
En la copa en que beben
mis labios en llamas
hay un solo tesoro.
¡El vino nos brinda su embriaguez
tanto en una copa de en arcilla
como de oro!
Siempre que se mantenga la misma pasión,
el metal puede cambiar cien veces,
pero si el amor perfuma mi alma,
¿qué importa la fuente donde bebo?
¿Qué importa?... ¿Qué importa?...
Sea la esclava morena o rubia,
yo me entrego a sus encantos.
No amo a ninguna mujer en el mundo,
¡a ninguna mujer!...
¡Sólo amo al amor! ¡Al amor!

ESPLENDIANO
(riendo)
¡Al amor!

HARÚN
¡Al amor!

ESPLENDIANO
¡La desconocida!

HARÚN, ESPLENDIANO
¡La desconocida!

HARÚN
¡La que no se le espera,
la que llega a la hora menos pensada
adornada por el Dios del azar
con los más seductores encantos!

ESPLENDIANO
¡Sí, a aquella a la que no esperamos!
La que viene a la hora menos pensada,

HARÚN
Sí, a la que no esperamos.

ESPLENDIANO
Sí, a la que no esperamos.

HARÚN, ESPLENDIANO
¡Adornada
de encantos irresistibles!

HARÚN
¡A la que no esperamos!

ESPLENDIANO
¡A la que no esperamos!

HARÚN
La que llega a la hora menos pensada,

ESPLENDIANO
Adornada por el dios del azar.

HARÚN
¡Con los encantos más seductores!

ESPLENDIANO
La desconocida,

HARÚN, ESPLENDIANO
La desconocida,

ESPLENDIANO
La desconocida,

HARÚN, ESPLENDIANO
La desconocida,

ESPLENDIANO
A la que no esperamos,
a la desconocida,

HARÚN
A la que no esperamos,

HARÚN, ESPLENDIANO
¡La desconocida!

(Djamileh aparece pensativa).

Diálogo

HARÚN
¡Es ella!
¡Haz que sirvan la cena, ve!
Y después... ya sabes.

ESPLENDIANO
Si, si,

(aparte, saliendo)

¡él la amara!

3. Trío y Ghazel

HARÚN
(tomando la mano de Djamileh)
¿Y esa palidez en tu mejilla?
¿Y esa sombra furtiva sobre
tu frente tan pura donde se posa
un rayo apenas desvanecido?

DJAMILEH
(sombría)
¡He tenido un sueño!

HARÚN
¡Niña!

(la besa en la frente)

DJAMILEH
(mostrando un rostro radiante)
¡Ah, mira! ¡Ya todo ha pasado!

HARÚN
Pero...

DJAMILEH
Vi el mar rugiendo
a mi alrededor.
En vano quería extender
mis cansados brazos hacia ti.
Bajo mis manos se abrió el vacío,
y en el desierto de las olas,
el rugir del mar ocultada
mis gritos y sollozos.
¡El mar cubría
mis gritos y sollozos!

HARÚN
¡Qué delirio!

DJAMILEH
Harún, dices la verdad,
tal vez estaba loca,
sí, lo sentía en mí,
como un presentimiento...

HARÚN
(aparte)
Tal pensamiento en este momento...
¿Sospechará algo?

DJAMILEH
Pero tus palabras me consuelan
y bendigo mi tormento,
pues el sueño que se desvanece,

(con ternura)

¡hace que tu voz sea más dulce
y tu corazón más amoroso!

HARÚN
(aparte)
¡Cuánto amor, pobre niña!

(Esplendiano vuelve precediendo a los
esclavos que traen y sirven la cena)

HARÚN
(a Djamileh)
Querida, déjame disfrutar
la sonrisa que florece en tus labios.
¡Olvidemos los sueños sombríos
que te perturban, Djamileh!
¡Ven, ven a mi lado!
¡Alegrémonos y cenemos!

ESPLENDIANO
(alegre)
¡Bien dicho! ¡La cena!

DJAMILEH
¡Ah, el ala de un sueño es ligera
el ala de un sueño es sutil!
Una imagen fugaz
hizo que mi rostro se preocupara.
¡Ah, sí, que mi rostro se preocupara!
Pero hablas y me reconforto,
hablas y me infundes esperanzas...
¡Veo un futuro próspero
en tus ojos!
Hablas y me reconforto...
¡Sí, veo un futuro próspero
en tus ojos!

HARÚN
Sí, el futuro siempre misterioso;
ya sea funesto o próspero.
No me preocupa.
Vivo cada hora.
¡El vino ríe en mi copa
y el placer y el placer,
sí, el placer, en tus ojos!

ESPLENDIANO
¡Oh, belleza pura
a la que pronto le llegará
la hora del amor!
¡Que fluya el vino en las copas!
Filtro encantador que debe hacer
brillar el amor en sus ojos,
brillar el amor en sus ojos.
¡Brillar el amor en sus ojos!

HARÚN
(bondadosamente)
Quiero verte feliz, Djamileh.
¿Tu felicidad puede esperar
algo más de mí?

DJAMILEH
(sorprendida)
¿Qué más puedo desear?...

HARÚN
¡La libertad!

DJAMILEH
(Con sencillez)
¿Para qué?
Nada más deseo, señor,
soy feliz en tu casa,
mi alma no podría conocer
un horizonte más radiante.
De mi alma,
turbada por un momento,
todo miedo se ha esfumado,
pues tu voz me ha devuelto la razón.
¡No, no, no deseo nada más, señor!

ESPLENDIANO
(mirando con alegría su copa)
¡Oh, qué buena y envidiable
es la vida mientras,
sentados a la mesa,
vemos el mundo
a través de ella!

HARÚN
Tienes razón,
¡bebamos mi hermosa muchacha!
Pues en la copa brilla el vino
que calma toda inquietud.

DJAMILEH
No me invaden las inquietudes
y para tener un corazón feliz
sí, para tener un corazón feliz
sólo necesito estar junto a ti.

HARÚN
Puesto que tus labios
se niegan a beber del rojo licor,
Djamileh,
¡canta alguna canción!
pues la embriaguez es más dulce
cuando la acuna
una voz encantadora.

DJAMILEH
Harún, tu esclava está lista,
¡tu deseo es mi ley!

ESPLENDIANO
(que fue a buscar un laúd sobre el
que preludia cómicamente; aparte)
¡Ve, canta para él, palomita mía,
pues pronto cantarás para mí!

(le da el laúd a Djamileh)

(Preludio de Djamileh)

DJAMILEH
(con sencillez)
¡Nour-Eddin, rey de Lahore,
está orgulloso como un dios!
Es hermoso como el amanecer,
muy hermoso,
¡y sus ojos son de fuego!
Cuando su mirada, flecha ardiente,
se posa sobre mí,
me quedo toda temblorosa,
toda temblorosa,
¡no sé por qué!
¡Ah! Nour-Eddin, Nour-Eddin
es altivo como un dios,
¡y hermoso como el amanecer!
¡Así habló en su sueño,
la doncella ingenua!
¡Así habló en su tímida confesión
el corazón apasionado
de la ingenua doncella!

(dolorosamente)
 
la la la la la la
la la la la la la.
¡Mientras el rey entre la multitud
se aleja lentamente,
un río de lágrimas
corre bajo mis pestañas,
bajo mis pestañas temblorosas!
¿De dónde surge
esta emoción que me agita?
¿Y de dónde viene,
cuanto su mirada me abandona,
¡ay! qué provoca
que yo llore así?
¡Ay, cuando se aleja lentamente,
un torrente de lágrimas
corre bajo mis pestañas temblorosas!
¡Así quería la pobre alma
encontrar el secreto,
el secreto de la llama invisible
que la devoraba!

(dolorosamente)

la la la la la la
la la la la la la.

HARÚN
(interrumpiendo dulcemente a Djamileh)
Sin duda es una historia muy conmovedora,
conozco su final...

(aparte)
 
Busquemos imágenes sonrientes.

(a Djamileh)
 
Niña, dejemos
las espinas.
Niña, dejemos
las flores marchitas
y pasemos
a la vida alegre.
¡Ebriedad y canciones!
Niña, dejemos
las espinas.
Niña, dejemos
las flores marchitas
y pasemos
a la vida alegre.
¡Delirio y canciones!

DJAMILEH
¡Dejemos, dejemos
las flores marchitas
y pasemos
a la vida alegre.
¡Ebriedad y delirio!
¡Ebriedad y canciones!
¡Dejemos, dejemos
las flores marchitas
y pasemos
a la vida alegre.
¡Ebriedad y delirio!
¡Ebriedad y canciones!

HARÚN
Niña, dejemos
las espinas.
Niña, dejemos
las flores marchitas
y pasemos
a la vida alegre.
¡Ebriedad y canciones!

ESPLENDIANO
¡Dejemos, dejemos
las flores marchitas
en los arbustos
y pasemos
a la vida alegre.
¡Embriaguez y canciones!

DJAMILEH, HARÚN
ESPLENDIANO
¡Vengan a nosotros las canciones!
¡Vengan a nosotros, a nosotros
la borrachera y las canciones!

Diálogo

HARÚN
Te estoy interrumpiendo.
¿No te molestas?

DJAMILEH
En absoluto, señor.

HARÚN
¡Eres encantadora!

4. Escena y Coro

HARÚN
¡Ah! Tengo una sorpresa para ti.

ESPLENDIANO
(con intención)
¡Una agradable sorpresa!

HARÚN
(toma un collar que le da Esplendiano y lo
pone alrededor del cuello de Djamileh)
¡Mira!

DJAMILEH
¡Ah, qué hermoso collar!
¡Es digno de una reina!

ESPLENDIANO
(aparte)
¡Él hace las cosas bien!

HARÚN
¿Te gusta?

DJAMILEH
Lo que más me agrada es...

HARÚN
¿Es?

DJAMILEH
¡La mano que me lo da!

HARÚN
(haciendo un gesto descuidado, luego
tomando la mano de Djamileh)
Niña, acabas de comenzar a vivir;
eres buena y amorosa;
sin duda la felicidad te está destinada,
¡acuérdate de lo que te digo!

(Djamileh lo mira confundida)

ESPLENDIANO
Oigo llegar a vuestros amigos, señor.
¿Jugarán a los dados esta noche?

HARÚN
¡Como siempre!
No se debe ser inconstante.

(en voz baja)

Este es el final de la comedia,
¿me entiendes?

(Esplendiano asiente con la cabeza)

HARÚN
¡Vamos para allá!

(Harún va a encontrarse con sus amigos)

AMIGOS DE HARÚN
¡Hola! ¡Hola, señor Harún!

AMIGOS DE HARÚN
¡Hola! ¡Hola, señor Harún!

HARÚN
(agitando las manos)
¡Amigos, amigos, os saludo,
y doy la más cordial bienvenida
a los que la fortuna conduce hasta aquí!
¡Jugaremos como locos esta noche!

AMIGOS DE HARÚN
¡Sí, jugaremos como locos!

(Djamileh, que no lleva velo, se ha hecho
a un lado; los amigos de Harún la ven
y se la señalan discretamente.)

AMIGOS DE HARÚN
¿Quién es esta belleza
de brillantes ojos
que se nos muestra
desvelada?
¡Mirad, mirad qué belleza
de relucientes ojos!

AMIGOS DE HARÚN
¿Quién es esta belleza
de brillantes ojos
que se nos muestra
desvelada?

AMIGOS DE HARÚN
¿Quién es esta belleza
cuyos ojos destellan?

AMIGOS DE HARÚN
¿Quién es esta belleza
cuyos ojos destellan?

AMIGOS DE HARÚN
El pájaro quisiera besar
sus labios cerrados;
y en ese nido de rosas,
posarse,
¡sí, quisiera posarse!
Su dulce frente acompaña
a su mano,
más blanca que un lirio;
y sus cabellos,
sus cabellos son como ámbar;
sobre ese nido de rosas,
un beso, un beso,
quisiera posarse!

AMIGOS DE HARÚN
El pájaro quisiera besar
sus labios cerrados;
y en ese nido de rosas,
posarse,
¡Sí, en ese nido de rosas,
el pájaro que la besa
quisiera posarse!

AMIGOS DE HARÚN
¡Es inigualable!
Nuestros ojos,
enamorados de tal maravilla,
adivinan sus encantos.

AMIGOS DE HARÚN
¡Es inigualable!
Nuestros ojos,
enamorados de tal maravilla,
adivinan sus encantos.
Sí, el pájaro que besa...

AMIGOS DE HARÚN
En ese nido de rosas,

AMIGOS DE HARÚN
¡Quisiera posarse!

(Djamileh se da la vuelta y lanza
una mirada de reproche a Harún.)

HARÚN
(con indiferencia)
¡Es Djamileh! ¡Venid!
Mientras la voz austera
desde lo alto del minarete,
mientras la voz austera
nos invita a la oración,
entreguémonos al placer
y ahuyentemos el aburrimiento,
¡ese huésped no deseado!
Sí, entreguémonos al placer
y expulsemos el aburrimiento,
¡ese huésped no deseado!

AMIGOS DE HARÚN
Mientras la voz austera
nos invita a la oración,
entreguémonos al placer
y ahuyentemos de nuestras casas,
ahuyentemos, amigos,
ahuyentemos el aburrimiento,
¡ese huésped no deseado!

ESPLENDIANO
(aparte, con alegría)
¡Viva! ¡La victoria es mía!
¡No hay necesidad
de silenciar mi amor!
Mi victoria es clara,
Y ya no hay necesidad de callar
mi amor, ni mi dulce secreto.
Ella está llorando,
pero si le digo: te amo;
al instante se ríe.
¡La jugada ha salido bien!

(Harún y sus amigos salen,
Esplendiano los sigue.)

Diálogo

DJAMILEH
¿Por qué se reía cuando me miraban?
Las palabras que me dijo,
sonaron en mí como una despedida.
Me pidió que lo recordara.
¿A qué viene eso, si nunca
deberemos separarnos?

ESPLENDIANO
(Para sí)
¡Yo, a lo mío!
Debo ser firme, conciliador,
persuasivo y.… tierno.

DJAMILEH
¿Y Harún?

ESPLENDIANO
Está ahí con sus amigos.

DJAMILEH
No me gustan esos hombres.
¿Por qué me expone a sus miradas?

ESPLENDIANO
No nos preocupemos por ellos.
Tengo que hablar contigo.
El amo...

DJAMILEH
¿Qué pretende?

ESPLENDIANO
¿Ignoras sus hábitos?

DJAMILEH
Me ha dicho que me ama,
¿necesito más?

ESPLENDIANO
Te lo ha dicho...
como a las demás.

DJAMILEH
¿A las demás?

ESPLENDIANO
¿Crees que eres la primera que
ha tenido el privilegio de seducirlo?
Así son sus caprichos,
y los tiene de todos los colores, querida.
Escucha: cada mes, esta puerta se cierra
a un viejo amor que se va
y se abre a uno nuevo,
a un nuevo amor que llega.
Cada mes, una esclava diferente repite
las mismas palabras a Harún
y escucha las mismas mentiras de él.

DJAMILEH
¡Cállate! ¡Eso no es cierto!

ESPLENDIANO
Es verdad y... ¿necesito recordártelo?
tú ya llevas aquí un mes.

DJAMILEH
¿Él me despide? ¡Ah!

ESPLENDIANO
¿Es que lo amas?

DJAMILEH
¡Si, lo amo!
No puedes saber cuánto.
Toda mi vida es este amor.
Pero tú me engañas y me torturas,
Harún no me expulsa.
Es imposible.

ESPLENDIANO
Él no te expulsa sino que te libera.
Hay un matiz diferente, aunque
básicamente es lo mismo.
Toma esta bolsa de monedas hasta
que encuentres otro consuelo.
Y si quieres buscar a alguien, preciosa,
no tardarás en encontrarlo.
Echa un vistazo por aquí.

DJAMILEH
¡Oh! ¡Cállate! ¡Cállate!

ESPLENDIANO
¡Me callaré si me hablas y me sonríes!
Harún se ha marchado
y se ha olvidado de ti, te lo aseguro.

DJAMILEH
¿Olvidarme?
Cuando hace un momento...
¡Oh, estoy soñando!

5. Canción

CORO
(fuera de escena)
La fortuna es una mujer,
quien la desee conseguir
deberá superar sus caprichos;
sí, sus caprichos.

HARÚN, CORO
(entre bastidores)
La fortuna es una mujer;

HARÚN, CORO
Y quien la desee
deberá superar sus caprichos.

HARÚN, CORO
Sus caprichos.

CORO
Superar sus caprichos.

HARÚN, CORO
A menudo. a los novatos.
les otorga sus favores;
pero siempre es un juego arriesgado
en el que las horas pasan volando.

HARÚN, CORO
¡Hay que probar suerte!

CORO
¡Hay que probar suerte!

HARÚN, CORO
¡Amigos,
juguemos hasta el amanecer!

CORO
¡Amigos,
juguemos hasta el amanecer!
¡Sí, hasta el amanecer!

HARÚN, CORO)
¡Hasta el amanecer!

Diálogo

ESPLENDIANO
¿Lo oyes? ¿Reconoces su voz?
¿Crees que está triste?
Es un ingrato, ¡vamos!
Yo sólo tengo un pensamiento...

DJAMILEH
¿Dices que me amas, Esplendiano?

ESPLENDIANO
¿Qué intentas?

DJAMILEH
Sacrificar mi libertad por Harún.
¿Otra esclava debe venir esta noche?

ESPLENDIANO
Sí.

DJAMILEH
¡Y bien!
Preséntame en lugar
de la nueva esclava.
Al reconocerme,
Harún, tal vez, comprenderá
que para mí hay algo en el mundo
más preciado que la libertad.

ESPLENDIANO
¿Y qué ganaré yo?

DJAMILEH
Si consientes y... él me rechaza,
habré perdido todo de una vez:
la libertad y el amor.
Seré tu esclava.

ESPLENDIANO
¡Mi esclava!... Acepto.
Tu mano.

DJAMILEH
¡Aquí está!

ESPLENDIANO
Quédate ahí, escondida.
En un momento
el traficante de esclavas
estará a tu disposición.
Arreglaré todo
de acuerdo a tus deseos...
¡Aguarda!...

(sale.)

6. Lamento

DJAMILEH
¡Se aproxima el tiempo
en que moriré de dolor!
¿Podré ser feliz?
¿Qué decisión escucharé?
¿Debe el cielo arrebatarme
mi tesoro para siempre?...
¿Mi tesoro?... ¿Mi tesoro?
¡Pobre de mí.
una trama horrible
ha encadenado mi alma!
¡Ilusión de un día!
¡Una sola mirada de mi señor,
una sola palabra,
puede borrar tanto amor!
¡Tanto amor! ¡Tanto amor!
¡Sólo una palabra!
¡Sólo una mirada! ¡Ay de mí!

Diálogo

HARÚN
Que entre...

6 bis. Melodrama

ESPLENDIANO
¡No! No quiero imponerte mi gusto.

(llamando)

¡Arakel, que pase el comerciante!

(a Harún y sus amigos)

No os impacientéis,
ya está aquí.

(Entrada del traficante
de esclavos y su séquito]

ESPLENDIANO
¡Por Dios!...
¡Qué muchachas tan guapas!

EL VENDEDOR
¿No es verdad?
¡Oh! ¡El señor Harún
es un hombre generoso!...

ESPLENDIANO
¡Sí, sí, lo sabemos!...

EL VENDEDOR
Mirad, señor,
echad un vistazo a estos tesoros.

HARÚN
¡Jactancioso!
Me retiro...

EL VENDEDOR
¿Cómo? ¡Señor!
Permitid que os diga...

HARÚN
¡Eh! ¿Y a mí qué me importa?
¡Habla con Esplendiano!

EL VENDEDOR
¡Sólo una mirada! ¡Vamos!
¡Una verdadera perla! ¡Señor, mirad!

7. La almea (Danza y Coro)

AMIGOS DE HARÚN
Fría, y lenta,...
Indolente...
Y con ojos soñolientos,

AMIGOS DE HARÚN
Al pisar con su rosado pie
las flores de las alfombras,
tan ceremoniosa como ella,
la música se adormece.

CORO
¡Vago suspiro de la ola,
besando la arena dorada!

CORO
¡De pronto suena
y la sorprende
el toque de la pandereta!
¡De pronto canta,
trémulo,
el címbalo de bronce!

ESCLAVOS, MÚSICOS
¡Lou! ¡Lou!

CORO
La bailarina
perezosa
se estremece de placer;
es el sueño
que la invade
y se apodera de ella.
¡Ella baila
y corre sin cesar
como torbellino,
trazando
en el espacio
un surco luminoso!

CORO
lou lou lou lou
lou lou lou lou
lou lou lou lou
lou lou lou lou
lou lou lou lou
lou lou lou lou
lou lou lou lou
lou lou lou lou
lou lou lou lou
lou lou lou lou
lou lou lou lou
lou lou lou lou
lou lou lou lou
lou lou lou lou
lou lou lou lou
lou lou lou lou.
¡Lou! ¡Lou!

CORO
¡El amor vuela,
doble estrella,
con su lánguida mirada,
y la embriaguez
que derrama
se apodera de nuestros sentidos!

CORO
Luego, agotada,
la blanca almea
sucumbe finalmente.
delirante
y moribunda.
en su sueño divino.

CORO
Luego. agotada,
la blanca bailarina
sucumbe finalmente.
delirante
y moribunda.
en su sueño,
en su sueño divino.

CORO
En su sueño divino.

Diálogo

EL VENDEDOR
¿Y bien, señor?

HARÚN
No sé… Esplendiano lo decidirá.
Nos has hecho perder el tiempo.

7 bis. Salida de Harún y sus amigos

Diálogo

ESPLENDIANO
¡Perfecto!
¿Quieres ganar doscientos cequíes?

EL VENDEDOR
¡Oh, pero estas valen diez veces más!

ESPLENDIANO
En ese caso, ¡vete, vete!
Encontrarás a una mujer allí...
Obedécele ciegamente.
Ella te dirá lo que queremos de ti,

EL VENDEDOR
¿Qué me vaya?

ESPLENDIANO
Sí, pero vuelve con tu bailarina.
Te la compraremos.

(Empuja a todos fuera del escenario)

8. Cuplés

ESPLENDIANO
Una dulce realidad se necesita
para apagar mi fiebre.
Deseo que mis labios beban
de tu copa ardiente, ¡oh voluptuosidad!
Veo a mi amada, sonriendo,
que tímidamente acepta mis órdenes.
Veo a mi amada, sonriendo,
que tímidamente acepta mis órdenes.
¡Oh, sueño de amor! ¡Oh, delirio!
¡Ya no sé qué es lo que veo!
¡Oh, sueño de amor! ¡Oh, delirio!
¡No, no, no, no
ya no sé, no, no, no, no,
ya no sé lo que veo!
Dulcemente vagamos juntos
bajo las sombras fragantes;
le tomo la mano y ella tiembla
cerrando sus lánguidos ojos.
¡Estoy seguro de mi conquista
en cuanto oigo su voz!
¡Estoy seguro de mi conquista
en cuanto oigo su voz!
¡Nada me altera, nada me detiene,
pero ya no sé lo que veo!
¡Nada me altera, nada me detiene,
pero ya no sé lo que veo!
¡Ya no sé, no, no, no, no,
ya no sé lo que veo!

(Aparece Djamileh vestida de
bailarina. Su rostro está
velado bajo el velo. Entra Harún)

Diálogo

DJAMILEH
Estoy preparada.

ESPLENDIANO
Estás muy bien ataviada.
Es de noche,
¿seguro que todo sale bien?

(aparte)

Cómo se va a reír.

(A Djamileh)
 
¡Silencio!
¡Aquí llega Harún!

HARÚN
Dame más oro, Esplendiano, he perdido.

ESPLENDIANO
Tomad, señor...
La esclava ha llegado.

HARÚN
¡Ah! ¿Es bonita?

ESPLENDIANO
Sin duda.
Pero os debo decir que...

HARÚN
¡Luego!... Me esperan.

(viendo a Djamileh)

¡Caramba, es una bailarina!

8 bis. Melodrama

ESPLENDIANO
Si supierais...

HARÚN
¡Me vas a dejar en paz!...
¿Qué necesitas?

(mirando a Djamileh)

¡A la vez provocativa y temblorosa!
¡Es original!
¡Ey! Pequeña ¿te han hablado mal de mí?

(Él quiere tomarla en sus brazos pero
ella se escabulle y corre hacia el fondo)

ESPLENDIANO
Debéis saber que...
¡No me está escuchando!

HARÚN
(persiguiéndola)
¡Salvaje! ¡Se me escapa!

(Se detiene y luego se ríe)
 
¡Deliciosa y rebelde!
¡Me la quedo!

ESPLENDIANO
Una palabra, por favor...

HARÚN
(dando su bolsa de
oro a Esplendiano)
Toma... juega por mí... ¡ve!

ESPLENDIANO
Pero...

HARÚN
(impaciente)
¡Obedece y cállate!

ESPLENDIANO
(aparte, saliendo)
¡Después de todo, estoy tranquilo!
Sé muy bien que él la despedirá.

9. Dúo final

HARÚN
(aparte)
¿Tiene miedo?
¿Es un capricho?
¿Qué la aleja de mí?
Quiero hacer una prueba.

DJAMILEH
(aparte)
¡Oh, noche, sé propicia para mí,
protege mi audacia!

HARÚN
Tiene miedo...

(con entusiasmo, a Djamileh)

¡Estamos solos; el cielo está estrellado!
Es la hora del amor,
no tiembles y deja caer tus velos.
La hora de la felicidad,
¡ay! ¡es tan corta!

DJAMILEH
(Suplicando)
Señor, señor por favor,
que mis ojos se abatan,
que mis ojos,
con lágrimas recientes,
se oculten a tu deseo...

HARÚN
Aquí el placer, sí,
el placer reemplaza al dolor.
¡Tus lágrimas! ¡Tus lágrimas!
¡Quiero enjugarlas con mis labios!
Quiero sentir la dulzura
de esa mirada que me ocultas.
¡Nada de lágrimas!
¡Nada de lágrimas!

DJAMILEH
¡Señor, señor! ¡Ah!
¡Señor, por favor,
perdona mi debilidad,
ten piedad, señor!
¡Perdona, señor, mi debilidad!
¡El rostro sólo es encantador,
sólo es encantador
cuando el amor lo acaricia,
cuando el amor lo acaricia
con su divino resplandor!

HARÚN
¡Ven entonces, hermosa muchacha!
¡Y deja que
el resplandor inefable
brote de tu rostro encantador
con ardiente embriaguez!
¡El resplandor inefable!

DJAMILEH
(aparte)
¡El miedo me paraliza!

HARÚN
La esclava anterior
era menos rigurosa
y yo la amaba...

DJAMILEH
(con energía)
Señor,
si la amabas,
¿por qué la desechaste?

(aparte)

¡Ay! ¡Creo que me he traicionado!

HARÚN
La amaba, pero querida, entiéndeme,
no he dicho que
me hubiera encadenado a ella.
¡Ser libre es lo más dulce!
Cuando mi amada se iba
no quedaba nada entre nosotros...
Nada... salvo un recuerdo de la ternura;
de la última caricia de nuestra unión,
sí, ¡nuestra unión
se había disuelto totalmente!

(Djamileh se limpia disimuladamente
una lágrima. Harún demuestra sorpresa)

¡Estás llorando!

(yendo hacia ella)

¿Por qué lloras?
¿Te he ofendido?

DJAMILEH
(con arrebato)
¡Ay, eres cruel!

(ella se aleja)

HARÚN
Pero, ¿qué tienes?
¿Sigues huyendo de mí?

(Él la sigue. Un rayo de luna ilumina
de repente a Djamileh.
Asombrado; casi hablado)

¡Ah! ¡Djamileh!
Sí, es ella... ¡insensata!
¡Ella me amó!

DJAMILEH
(a un lado, dolorosamente)
Espero en vano...
¡su corazón está muerto!

HARÚN
(aparte; con pasión)
Si el amor fuera falso,
¿me sentiría tan confundido?
La felicidad me sonríe
si tú llegas en un sueño.
¡Que yo muera antes que se disipe!
¡Ay! Si el amor fuera falso,
¿estaría yo tan turbado?

(queda en silencio, lejos de Djamileh)

DJAMILEH
(aparte)
Que a su ira responda
mi voz temblorosa...
¿Qué puedo perder?...
Antes de irme a dormir
con la duda profunda,
¡quiero revelarme a él!

(con intención, en voz alta)
 
Buscando por montes y llanos
se le escapaba el corazón.
Ella iba contando su pena,
contando su pena,
¡al cielo estrellado!
Y sin saber la causa,
la flor del amor
se marchitó como una rosa,
como una rosa
al calor del día.
¡Así murió la inocente
en su sueño dorado,
aun sonriendo,
ante la encantadora visión!

(aparte)

¡Él está callado!

(Acercándose, suplicante)

¡Señor! ¡Concédeme una gracia!
¡Oh, mi señor!

HARÚN
¡Ay! ¡Te reconocí!...

(luchando contra sí mismo)

¡Pero no!...
Tu regreso es en vano...
¡No quiero amarte!

(aparte)

¡No, la palabra que ella está esperando,
no la diré!

(resueltamente y con violencia)
 
¡Vete!

DJAMILEH
¡Ah!

(con desesperación)
 
¡Estabas jugando conmigo!

(con voz entrecortada)
 
El amor era mi vida...
¡Oh. mi señor!
¡Mi esperanza perdida!
¡Más que a la libertad
era a ti a quien amaba!
¡Más que a la libertad
era ti a quien amaba!
¡Adiós para siempre!

(Se tambalea y finalmente cae
en los brazos de Harún que se
ha acercado a recibirla)

HARÚN
(fuera de sí)
¡Ah! ¡Querida muchacha,
ha sido una prueba!
¡Oh, Djamileh!
Alma mía, mi único bien,
no necesito otra prueba,
¡comprendiendo tu corazón,
he encontrado el mío!
Tus labios perfumados,
tus labios pueden dejar de mentir,
mi duda se derrumba,
mi duda se derrumba,
¡oh, dulce amada mía!
¡Regresemos para siempre
a los hermosos días del pasado!
¡Sí, es demasiado,
es demasiado, me rindo,
me rindo ante el arrebato más dulce!
¡Oh, Djamileh!
¡El amor me invade,
no, mi corazón ya no está muerto!

DJAMILEH
¡Yo triunfo!
¡Él cede al dulce embeleso!
¡Ah! ¡El amor lo invade,
su corazón no está muerto!

HARÚN, DJAMILEH
¡Ah, ven! ¡Por ti quiero vivir!
¡Tu voz embriagadora
determinó mi destino!

HARÚN
¡Ah, ven, por ti, por ti quiero vivir!

DJAMILEH
¡Ah, por ti, por ti quiero vivir!

HARÚN, DJAMILEH
¡Sí, tu voz embriagadora
determinó mi suerte!

DJAMILEH
Tu voz querida, tu voz embriagadora,
¡quiero vivir para amarte!

HARÚN
¡Te amo! ¡Te amo! ¡Te amo!

HARÚN, DJAMILEH
¡Ah! ¡ven!

(Esplendiano, que aparece, hace un gesto
de cómica desesperación. Los amigos de
Harún aparecen tras de él. Al verlos, Harún
vuelve a poner el velo, que ella había dejado
caer sobre sus hombros, sobre la cara de
Djamileh, luego sale amorosamente con ella)


 

Digitalizado y traducido por:
José Luis Roviaro 2023