ACTE
I
(Evening.
The
curtain rises during the overture.
Behind
gauze, pilgrims are heard praying for
deliverance
from the storm)
PILGRIMS
Salve! Sainte Marie,
Notre
Dame des Bruyères,
Daigne
exaucer nos voeux!
Nous
t’apportons pour offrandes
De
simples guirlandes
Des
coeurs pieux!
Scene
1
(In
the background: a wild, rocky place in
sunlight.
At
the front: Corentin’s tiny cottage,
with
a
door on the right, a low window at the
back,
and
an old armchair, rustic table and
dresser
on
the left. Many
paths cross the hill
above the cottage.
Here
and there are thickets
and trees
bent
by the wind. Two
goatherds enter
and meet villagers
coming
down the hill)
VILLAGERS
Le
jour radieux
Se
voile à nos yeux,
La
fleur de lavande
Parfume
la lande.
Chevreaux
noirs et blancs,
Agnelets
bêlants,
Suivez
qui vous mène!
Hâtons
le pas!
Quittons
la plaine!
(mysteriously)
Car
déjà là-bas
Nains
et korigans prennent leurs ébats!
(They
are joined by two goatherds.)
Gui,
lon la!
Suivons
le vert sentier.
Gui,
lon la!
Où
fleurit l’églantier.
La
cloche du hameau
Mêle
ses sons pieux
Aux
tintements joyeux
Des
clochettes de mon troupeau.
OATHERD
Regardez
donc!
c’est
la folle qui court
après
sa chèvre!
Scene
2
(The
last notes of the chorus are lost in
the
distance. Dinorah appears,
searching
for her
goat.
As
she leaves, it appears at the top of
the hill, then gambols off.
Dinorah
re-enters,
stops and listens.
She
is wearing a wedding dress.)
DINORAH
Bellah! ma chèvre chérie!
Cesse
de te cacher.
Je
suis lasse de te chercher...
J’avais
une chèvre blanche
Au
front étoilé de noir...
Dans
l’ombre en vain je me penche!
Reviens,
Bellah, voici le soir...
On
nous croit folles l’une et l’autre;
Mais
tu sais bien qu’il n’en est rien...
Leur
bonheur ne vaut pas le nôtre!
(Cautiously
approaching a bush,
she
imagines she sees her goat.)
Ah! la voici!... Chut!
Elle
dort!
Que
ma voix légère berce ton sommeil.
Ne
t’éveille pas.
Dors,
petite, dors tranquille,
Dors,
ma mignonne, dors.
La
brise du soir est douce,
Et
sous cet ombrage épais
Un
ruisseau limpide et frais
Fuit
dans les fleurs et la mousse...
Hélas! Voici tantôt huit jours
Que
tu cours
Seule,
au hasard, dans les bruyères,
Parmi
les ronces et les pierres...
Bellah! pauvre Bellah!
Mais
je suis là pour te défendre...
Ne
crains rien, Bellah!
Je
suis là.
Petits
oiseaux, chantez plus bas,
Ne
troublez pas son doux repos.
Scene
3
(She
tiptoes away, hushing the birds. Corentin
appears
suddenly on the brow of the hill; he
advances,
anxiously looking left and right, blowing
his
bagpipes all the time. He quickly descends
the
path to the cottage,
enters
hastily, and shuts the door)
CORENTIN
Je
suis chez moi! Que Satan les emporte
Les
sylphes, les nains, lutins et korigans,
Et
les spectres errants!
Fermons
ma porte,
car
la dame des prés
Qui
rôde dans les champs,
Force
à danser quiconque passe;
Le
malheureux expire avant
qu’elle
se lasse.
Cette
aimable figure, cette noble tournure
Pourrait
bien, d’aventure,
Faire
aimer Corentin.
Ma
perte serait sûre,
Avec
un tel lutin!
S’il
vous plaît? Serait-ce dans l’espace.
Un
nuage qui passe?
Ou
si déjà la nuit chasse le jour?
Il
fait noir comme dans un four.
Faisons
de la lumière!
Prends
donc, sorcière!
Chacun
son caractère;
On
ne peut se refaire.
Je
suis poltron, la chose est claire;
J’en
rougirais;
eh
bien! après!
Dieu
nous donne à chacun en partage
Une
humeur différente ici-bas:
Il
en est qui sont pleins de courage;
Moi,
je suis de ceux
qui
n’en ont pas.
La
bonne chair plaît à l’un;
L’autre
préfère être à jeun.
Celui-ci
pleure et maigrit;
L’autre
à toute heure chante et rit.
L’un
est honnête, simple et bon;
L’autre,
moins bête, est fripon!
De
joyeux drilles, c’est leur goût,
Aiment
les filles avant tout;
Ceux-là
méprisent les amours,
Mais
ils se grisent tous les jours;
L’un
est plus tendre qu’un mouton;
L’autre
sait prendre un bâton!
Au
fond cela m’est bien égal,
Je
ne m’en porte pas plus mal!
(The
window suddenly flies open.)
Qui
va là? C’était le vent!
Dans
mon épouvante, j’ai pu croire un moment...
Que
la dame des prés entrait
par
la fenêtre.
J’ai
peine à revenir de mon trouble.
Peut-être
que tes sons,
Cornemuse
amie, et tes accents
Dissiperont
ma crainte
et
me rendront mes sens.
Oui,
j’ai l’âme poltronne
Quand
la nuit m’environne.
La
musique, je gage,
Me
rendra mon courage;
Contre
le loup-garou
Rien
ne vaut mon biniou.
Grâce
à toi, grâce à ta musique,
Grâce
à toi, mon biniou, mon fidèle biniou,
Je
ris du loup-garou.
Scene
4
(He
plays an air on his bagpipes. Dinorah
listens
outside.
She
runs into the cottage and Corentin’s
lamp blows out)
DINORAH
Encor! Encor! Encor!
CORENTIN
Qui
va là? Je suis mort!
DINORAH
Sonne,
sonne, gai sonneur!
Sonne
à perdre haleine!
Je
te donne de grand coeur
Un
baiser pour ta peine.
CORENTIN
C’est
fait de moi, j’en ai peur!
Des
korigans, c’est la reine!
J’entends
son rire moqueur!
Hélas! je respire à peine.
Doux
Jésus! Vierge Marie!
Protégez-moi,
je vous prie!
Par
pitié! Car sans vous
Ah! c’est fait de moi!
DINORAH
Une
ronde! Vite une ronde!
CORENTIN
(aside)
Une
ronde! Par prudence obéissons!
(He
plays an air, Dinorah repeats it)
DINORAH
C’est
demain qu’on nous marie.
Est-ce
là tout ce que tu sais?
Il
me faut des airs plus gais!
Un
autre!
CORENTIN
(aside)
Un
autre!
Je
touche à mon heure dernière;
La
peste soit de la sorcière !
Par
prudence, obéissons!
(Corentin
rushes to the door,
but
Dinorah stops him)
DINORAH
Voici
le temps des moissons,
Les
airs sont pleins de chansons!
Dieu! quel bruit et que de monde!
Sonne
toujours! Sonne plus fort!
Un
air plus gai! Un autre encor! Va!
CORENTIN
Encore?
DINORAH
Que
vois-je? c’est toi, cher Hoël!
CORENTIN
Cher
Hoël?
DINORAH
Donne
ta main et viens danser.
CORENTIN
(aside)
Quel
air de danse, si j’osais,
Suppôt
d’enfer, je te jouerais!
(Dinorah
takes him by the hand
and
forces him to dance with her.)
DINORAH
Il
faut se hâter,
Il
faut profiter
De
l’heure qui passe.
CORENTIN
(aside)
Pour
la contenter
Et
pour mériter
Qu’on
me fasse grâce...
Jusques
à demain
Le
même refrain!
Que
rien ne me lasse!
DINORAH
La
main dans la main,
Le
long du chemin
On
court... on s’enlace!
De
leurs pieds légers
Bergères,
bergers
Effleurent
la grève! Sonne!
CORENTIN
Je
n’ose bouger.
Je
n’ose exiger
Un
moment de trêve!
Ah! c’est trop fort!
Voilà
qu’il faut souffler
Danser
et tout ensemble!
Je
joue, hélas! si fort, si haut
Que
je suffoque et je tremble.
Je
vois déjà Mons Lucifer
Qui
va sur moi lâcher tout l’enfer.
Ah! je n’en puis plus!
DINORAH
Le
coeur bat plus fort!
Et
puis l’on s’endort
Comme
dans un rêve!
CORENTIN
Je
sens se fermer mes yeux
Je
m’effraye à tort!
Je
ne suis pas mort!
Ce
n’était qu’un rêve!
Scene
5
(Corentin
collapses into the armchair. Dinorah
seems overtaken with sleep, and
leans on his
shoulder.
By
degrees they both fall asleep. Hoël
comes from the back with
a stick in his hand. He
sees Corentin’s cottage, rapidly descends the
path
leading to it
and
knocks loudly at the door. Corentin
falls to the ground
and
hides behind the armchair.
Dinorah
rises, opens the window and jumps out)
HOEL
(kicking
open the door)
Holà! Hé! Vieil Alain!
CORENTIN
Dieu
juste! je succombe!
HOEL
Je
suis ami d’Alain.
Pourquoi
crier ainsi?
Je
veux le voir. Eh bien?
CORENTIN
(relighting
the lamp)
Alain
n’est plus ici:
Voilà
quinze grands jours
Qu’on
l’a mis en sa tombe.
Ô
regrets superflus!
J’héritai
la cabane
Et
ses bois vermoulus,
Et
j’y vins seulement hier.
HOEL
(aside)
Alain
n’est plus!
Ô
coup fatal qui me déroute!
Perdrais-je
le trésor?
(To Corentin)
Écoute!
CORENTIN
Quoi! quoi! que voulez-vous?
HOEL
Pourquoi
trembler ainsi?
CORENTIN
Il
faut que je vous dise...
Une
ombre sort d’ici;
Près
de moi, tout près je l’ai vue...
HOEL
Qui?
CORENTIN
La
dame des prés!
HOEL
Mirage!
CORENTIN
Elle
est venue; c’est la reine des bois,
Des
lutins, de la danse.
J’ai
reconnu sa voix, sa fatale puissance.
Il
ma fallu chanter, danser
Et
sans pouvoir cesser,
Toujours,
toujours recommencer!
Ah! je suis tout hors d’haleine.
Et
j’ai peine à me tenir,
J’ai
cru ne jamais finir!
HOEL
Vision! c’est un rêve.
CORENTIN
Elle
était là!
HOEL
Folie! Allons, allons,
Il
faute vite oublier tes fantômes.
Soupons!
Si
ta bourse est à sec,
Ta
cave mal garnie,
Au
cabaret voisin
Va
nous chercher du vin!
CORENTIN
Mais
avec quoi!
HOEL
Cet
écu!
CORENTIN
Je
le prends et m’incline.
HOEL
(deliberately)
C’est
le dernier!
Qu’importe
à qui demain
Peut
prendre l’or à pleines mains?
Un
écu, c’est peu, j’imagine.
CORENTIN
(ecstatically)
À
pleines mains! De l’or!
HOEL
(aside)
Ah! je le tiens!
CORENTIN
Je
m’en vais en courant, je reviens!
(He
exits running.)
HOEL
Ô
trésor des lutins, je sais la destinée
Du
premier qui te touchera:
Seul
il mourra!
Pour
toi, ma Dinorah,
Pour
toi je me garde
Ô
ma bien-aimée.
Ô
puissante magie!
ivresse
de mes sens!
Ardentes
visions! rêves éblouissants!
Sur
vos ailes de flamme
Emportez
loin de moi
Le
remords et l’effroi!
Raffermissez
mon âme
Et
ranimez ma foi!
Richesses
inconnues
Dans
la nuit contenues!
Trésors
mystérieux
Dont
Dieu seul sait le nombre,
Ensevelis
dans l’ombre
Sous
les grands bois silencieux!...
J’ai
déserté pour vous la maison de mon père,
Et,
le coeur dévoré d’une tristesse amère,
L’âme
en proie à mille tourments,
Depuis
un an entier je compte les moments
Et
nuit et jour je veille, et j’attends
et
j’espère!...
Enfin
l’heure est venue, et je n’ai plus,
Ô
joie! qu’à tendre la main
pour
saisir ma proie!
De
l’or, de l’or! Encor! Encor!
Perles
et rubis sous terre enfouis,
Antiques
écus qu’on croyait perdus,
Oui,
sur ma foi,
Tout
est à moi!
Me
voilà plus riche qu’un roi!
Ces
trésors, ô ma fiancée!
Mon
coeur, où vivait ta pensée,
Ne
les a jamais enviés
Que
pour les jeter à tes pieds!
De
l’or! de l’or!...
Scene
6
(Corentin
returns, carrying a pitcher of wine)
CORENTIN
Me
voici! j’ai tardé;
Mais
ce n’est pas ma faute,
Car
l’auberge était pleine,
Et
l’hôte est si bavard
Qu’il
songe à peine à sa maison;
Tout
est en l’air, demain,
C’est
le jour du Pardon.
HOEL
(membering)
Vers
l’église de mon village,
L’autre
année, à pareil jour,
Ô
funeste pélerinage!
Nous
allions, ivres d’amour;
De
notre âme, vers Notre-Dame,
S’élevait
le pur encens
De
nos chants reconnaissants...
CORENTIN
(aside)
Il
divague, c’est à croire.
(He
lays the table.)
Que
m’importe son histoire?
HOEL
...
Doudain,
l’horrible tempête,
Répondant
aux chants de fête,
Éclate
sur notre tête,
Nous
menace de ses coups.
Je
soutiens, ô douce étreinte!
Dinorah,
tremblant de crainte...
CORENTIN
Mais,
de grâce,
De
quoi diable, de quoi me parlez-vous?
HOEL
... Sous
la foudre qui l’écrase,
De
son père le chaume s’embrase,
Dinorah!
Ah! malheureuse!
La
misère pour toi, la misère affreuse!
CORENTIN
La
chose est sérieuse!
HOEL
Tonik
s’approche, et son regard m’enlace.
Il
me dit à voix basse:
“Pour
Dinorah si tu crains la misère,
Moi,
je t’offre un trésor caché sous terre.
Viens! Je t’emmène;
Les
bois seront notre domaine,
Nous
fuirons l’espèce humaine.
Il
faut qu’un an s’écoule,
Et
l’heure sonnera,
La
croix scintillera,
Et
le trésor est là!”
CORENTIN
Quel
trésor?
HOEL
Un
de ceux qu’en leurs sombres royaumes,
Mystérieux
fantômes,
Gardent
les nains avares et les gnomes.
CORENTIN
Saints
du ciel!
HOEL
Ton
verre!
À
ta santé, mon brave!
CORENTIN
Tope!
À
la vôtre!
HOEL
Pendant
un an, je n’ai vu que lui,
De
mon serment fidèle esclave.
L’heure
est venue!
CORENTIN
Et
le trésor?
HOEL
Hélas! s’il n’était mort
sur
la lande sauvage,
Tonik
bientôt en ferait le partage.
Regarde! Là, peut-être,
Pour
m’en faire le maître,
La
chèvre blanche à mes yeux
va
paraître;
Oui,
je vais la connaître!
CORENTIN
Et
le trésor?
HOEL
Elle
y conduit mes pas!
Tonik
m’a dit tout bas:
“Des
embûches du diable et de ses vains
Des
korigans, des gnomes,
Ne
t’épouvante pas!”
CORENTIN
Je
tremble de frayeur!
HOEL
“Si
tu crois revoir ton père expirant...
Si
ta mère en deuil t’appelle en pleurant...
Si
ta belle enfin passe en soupirant;
Infernal
mensonge, prestige trompeur,
Folle
erreur, vain songe
Qui
fuit dans la nuit.”
CORENTIN
Mais
si quelque lutin sortait
de
dessous terre?
HOEL
Je
sais pour l’éloigner la phrase nécessaire.
La
voici. Retiens ceci:
“Disparaissez,
vaines ombres,
Lutins
qui gardez ces lieux.”
CORENTIN
(trying
to memorise the
magic words)
“Disparaissez,
vaines ombres,
Lutins
qui gardez ces lieux.”
HOEL
“Au
fond des cavernes sombres,
Cachez-vous
à tous les yeux!”
CORENTIN
“Au
fond des cavernes sombres,
Cachez-vous
à tous les yeux!”
HOEL
“Au
dernier coup de minuit
Le
coq chante, la croix luit!”
CORENTIN
“Au
dernier coup de minuit
Le
coq chante, la croix luit!”
HOEL
“À
moi, ton riche trésor!
Ô
Satan, à moi ton or!”
CORENTIN
‘Ton
riche trésor! À moi, ton or!”
Répétez-moi
ça encore un fois!
(They
repeat the magic words.)
Donc,
vous êtes bien sûr?
HOEL
Oui! le jour est venu;
J’ai
vu la chèvre blanche,
Cueilli
la branche...
Nous
regretterions tout instant perdu.
(Dinorah
appears at the window, throws a
posy of
wildflowers into
the
room, laughs and disappears.)
CORENTIN
Quoi
donc?
HOEL
Silence! C’est cet esprit follet
Qui
protège mes pas.
Il
m’a jeté ces fleurs
Qui
doublent ma puissance
contre
tous les lutins.
Eh
bien! ne viens-tu pas?
La
moitié de mon or est à toi:
Du
courage!
CORENTIN
(aside)
La
moitié!
Mais
pourquoi m’offre-t-il ce partage?
Un
trésor!
HOEL
Un
trésor! Bois encor!
CORENTIN
La
chose est bien certaine?
HOEL
La
chose est bien certaine!
CORENTIN
Je
n’y puis croire encor! Un trésor?
HOEL
Un
trésor!
CORENTIN
Et
nous en ferons le partage?
HOEL
Assurément!
Veux-tu
qu’envers toi je m’engage
Par
un serment? Ta main!
CORENTIN
Ma
main?
HOEL
Vas-tu
trembler encor?
CORENTIN
Ah! le ciel est bien sombre!
Le
jour s’enfuit, voici la nuit!
HOEL
La
lune va dissiper l’ombre
Et
nous montrera le chemin!
Allons! ta main!
CORENTIN
Ah! de grâce, un moment!
Avant
de partir, je veux boire!
Le
temps de boire seulement!
HOEL
À
la bonne heure!
CORENTIN
(aside)
Hélas! j’enrage de n’avoir pas plus de courage!
HOEL
(aside)
Il
tremble! Ha!
CORENTIN
(drinks)
Allons,
je suis prêt à vous suivre.
Oui!
le vin donne du coeur!
Je
n’ai plus peur!
CORENTIN, HOEL
Sans
nous étonner
Et
sans retourner
La
tête en arrière,
Gagnons
la clairière,
Et
d’un pied hardi
Vers
le val maudit.
Allons! Marchons! c’est dit!...
(The
goat’s bell is heard in
the distance.)
CORENTIN
Entendez-vous?
HOEL
Le
son de la clochette;
C’est
la chèvre qui doit nous guider.
La
voilà qui nous mène au trésor.
DINORAH
(entering,
following the sound of the bell)
C’est
ma chèvre follette;
Ah! je t’aurai, Bellah!
Ce
tintement que l’on entend
N’est
point un sortilège;
Ma
chèvre est là; oui, c’est Bellah.
Elle
est là-bas,
Je
vais lui tendre un piège!
HOEL
Ce
tintement que l’on entend
N’est
point un sortilège;
La
chèvre est là; elle est là-bas!
Ne
craignons plus de piège!
CORENTIN
Ce
tintement que l’on entend
C’est
quelque sortilège;
Quel
saint de là, nous tirera!
Satan
m’a tendu un piège!
HOEL
Ah! viens! Suis mes pas !
CORENTIN
Quoi! suivre vos pas?
DINORAH
Ah! C’est le moment!
DINORAH,
CORENTIN, HOEL
Chut! C’est la nuit.
Le
vent gémit dans le feuillage sombre!
Cloche
d’or résonne encor!
Guide
nos pas dans l’ombre!
DINORAH
C’est
le moment: tout doucement
Je
la surprends, et je la prends,
Traversant
le bois sombre
À
la faveur de l’ombre.
CORENTIN
Mais
si pourtant tout doucement
Nous
nous risquions et nous glissions
Traversant
le bois sombre
À
la faveur de l’ombre?
HOEL
C’est
le moment: tout doucement
Sans
bruit marchons et nous glissons
Traversant
le bois sombre
À
la faveur de l’ombre.
DINORAH,
CORENTIN, HOEL
(frightened
by the thunder)
Comme
il fait noir!
Dieu! qu’il fait noir!
Le
vent du soir,
À
travers tout mon être,
Malgré
moi me pénètre!
Je
sens la peur glacer mon coeur!
Oui,
la peur est dans mon coeur!
DINORAH
Chut! parlons bas! J’entends là-bas
Ta
clochette sonore,
malgré
la nuit
Ce
léger bruit vers toi me guide.
CORENTIN
Là-bas
suivre ses pas;
Ma
foi, j’hésite encore.
Dans
cette nuit il me conduit
Vers
un but que j’ignore.
C’est
de Satan un piège affreux.
Ô
saints patrons, Ô saints martyrs,
St
Nicolas, St Adalbert,
St
Corentin, St Valentin,
St
Nicolas, St Babylas,
St
Adalbert, St Rigobert,
St
Godefroy, protégez-moi!
Ô
saints patrons, sauvez-moi!
HOEL
Viens! Suis mes pas et parlons bas!
La
clochette sonore, qui nous conduit
Dans
cette nuit,
au
loin résonne encore.
C’est
le moment, tout doucement
Traversons
le bois obscur.
(Hoël
drags Corentin away. Dinorah
disappears
among the rocks.
As
the curtain falls, a shaft of
moonlight
illuminates
the goat high on the hill)
ACTE II
Scene
1
(Night.
A
birch forest. Moonlight. The woodcutters
and villagers arrive from the
tavern)
WOODCUTTERS, VILLAGERS
Qu’il
est bon, qu’il est bon
Le
vin du bonhomme Yvon!
Demain
c’est le jour du Pardon
Dig
din don!
Demain
fête carillonnée,
Laissons
reposer la cognée.
Scene
2
(A
young goatherd enters)
GOATHERD
Dites-moi,
dites vite; a-t-on vu Dinorah?
Hélas! elle m’évite; qui la ramènera?
La
nuit, le jour son coeur se désole:
Pauvre
fille, elle est folle!
Le
tailleur Petronik, qu’elle a repoussé,
Dit,
pour se venger d’elle,
Que
nous ne reverrons plus son cher
Qu’Hoël
est infidèle.
La
pauvre enfante pleure,
En
vain sa voix l’appelle!
Depuis
lors, quand la nuit gagne
Le
village et la montagne,
Elle
fuit dans la campagne,
Le
coeur plein d’un noir tourment.
Mais,
hélas! l’infortunée,
Du
ciel même abandonnée,
Voit
finir chaque journée
Sans
revoir son cher amant!
Ah! pauvre Dinorah!
VILLAGERS
Hélas! Ah! pauvre Dinorah!
GOATHERD
Gentille
fillette, pauvre âme simplette,
Prends
garde, prends garde,
Le
diable te guette.
Promesse
frivole,
Ivresse
d’un jour,
Hélas! La raison s’envole
Quand
nous vient l’amour.
VILLAGERS
La
raison s’envole
Quand
nous vient l’amour.
GOATHERD
Songez
à Dinorah la malheureuse,
Tantôt
triste et rêveuse,
Tantôt
légère et joyeuse,
S’en
va chantant;
C’est
toujours lui qu’elle attend;
Son
coeur fidèle,
Sa
douce voix l’appellent;
L’ingrat
amant pour toujours
A
fui loin d’elle.
Bergère
timide,
Pauvre
âme candide,
Prends
garde, prends garde,
Et
fuis l’amour perfide!
Le
serpent se dresse
Souvent
sous les fleurs,
La
plus douce ivresse
Est
bien près des pleurs.
VILLAGERS
Plaisir
d’amour
Est
près des pleurs.
La
plus douce ivresse
Est
bien près des pleurs.
(They
go off, calling for Dinorah)
Scene
3
(Dinorah
enters, running)
DINORAH
Me
voici! me voici!
Hoël
doit m’attendre ici.
Mais
non! – Je ne vois personne!
La
nuit m’environne!
Ils
sont partis! – On m’abandonne!
Hélas! Ah! d’où viennent les pleurs
Qui
tombent de mes yeux?
Quel
chagrin se réveille
En
mon coeur soucieux?
Le
vieux sorcier de la montagne
M’a
dit en regardant ma main:
“Pauvre
bruyère de Bretagne,
Le
vent te brisera demain!”
Le
roitelet tout bas soupire
Caché
dans l’herbe du chemin;
Et
sa chanson semble me dire:
Adieu
l’amour! Adieu l’hymen!
Plus
d’amour! Plus d’hymen!
La
nuit est froide et sombre.
Ah! quel ennui d’errer seule dans l’ombre!
Ô
joie! Enfin le ciel s’éclaire!
(A
ray of moonlight throws a shadow at
her feet.)
Je
te retrouve,
amie
ingrate et chère!
Bonjour! Tu veux savoir, je gage,
Quelque
chanson d’amour,
En
te mêlant aux danses du village,
Tu
chanteras à notre mariage?
Allons,
vite, prends ta leçon!
Hâte-toi
d’apprendre
Danse
et chanson.
(She
dances.)
Ombre
légère qui suis mes pas,
Ne
t’en va pas! Non! non! non!
Fée
ou chimère, qui m’est si chère,
Ne
t’en va pas! Non! non! non!
Courons
ensemble!
J’ai
peur, je tremble
Quand
tu t’en vas loin de moi!
À
chaque aurore je te revois;
Ah! reste encore, danse à ma voix!
Pour
te séduire, je viens sourire,
Je
veux chanter!
Approche-toi,viens,
réponds-moi.
Chante
avec moi! Écoute bien!
Ah! Réponds! Ah! c’est bien!
Ombre
légère, etc.
(She
kneels and talks to the shadow.)
Sais-tu
bien qu’Hoël m’aime,
Et
qu’aujourd’hui même
Dieu
va pour toujours
Bénir
nos amours? Le sais-tu?
(A
cloud passes, the shadow disappears.)
Mais
tu prends la fuite! Pourquoi me quitter?
Quand
ma voix t’invite
Pourquoi
me quitter!
La
nuit m’environne,
Je
suis seule, hélas!
(She
looks around in terror.)
Ah! Reviens, soit bonne!
(The
moon reappears and with it her
shadow.)
C’est
elle!... ah! méchante!
Est-ce
moi que l’on fuit!
Ombre
légère, etc.
(After
dancing with her shadow, she
runs off.)
Scene
4
(A
deserted heathland that extends out of sight to
the sea with, here and there, great
ancient standing
stones.
In
the background, a ravine; a fallen tree
forms
a
bridge across it. Further
off, a large pool
surrounded by reeds.
The
night is dark, illuminated
by occasional
flashes
of lightning. Thunder
rumbles
in the
distance)
HOEL
Arrive!
CORENTIN
Me
voici.
HOEL
C’est
le ravin qui s’ouvre.
CORENTIN
Je
n’ose faire un pas!
Dieu! le ciel qui se couvre!
HOEL
Au
Pardon, l’an passé,
La
même sombre horreur dans la nuit!
CORENTIN
Ah! la pluie!
HOEL
Eh! l’eau te fait donc peur?
CORENTIN
Mais
si la passerelle allait se rompre?
(A
clock strikes in the distance.)
HOEL
Écoute!
CORENTIN
Onze
heures!
HOEL
À
minuit, tu verras sur ta route,
a
croix briller; suis-moi!
CORENTIN
Si
j’attendais ici!
HOEL
(trying
to drag him)
Viens
avec moi, poltron!
Tu
chercheras aussi
Le
sentier du ravin!
CORENTIN
Pas
encor! je vous laisse,
Pour
moi, rien ne me presse.
HOEL
Ah! quelle âme peureuse!
Allons,
prends ce rameau,
Talisman
sûr.
Scene
5
(Hoël
exits)
CORENTIN
Oh! qu’il est beau d’être homme de courage!
Je
n’ose le suivre, et j’enrage.
Seul
sur ce pont il passe...
Ô
ciel! il est passé! je suis seul!
Mon
coeur est glacé!
Ah! que j’ai froid!
Ah! que j’ai peur!
Chantons
pour nous donner du coeur.
Tra,
la, la, la, la...
(Frightened
at the sound of his
own voice,
he
sings more quietly)
Lundi,
mardi, mercredi,
Jeudi,
vendredi, samedi,
Avec
le dimanche aussi...
La
semaine est terminée;
C’est
ainsi toute l’année!...
Un,
deux, trois, quatre, cinq, six...
L’enfer
et le paradis...
Dieu
le père et Dieu le fils...
Chacun
suit sa destinée!
On
meurt quand l’heure est sonnée!...
Ah! que j’ai froid!
Ah! que j’ai peur!
Ma
chanson me glace le coeur!
Scene
6
(Dinorah
descends towards Corentin from
rock
to rock, enveloped in a long,
hooded cloak)
CORENTIN
Grand
Dieu! Quelqu’un! Qui vient là?
Et
le grimoire?
Plus
rien dans ma mémoire!
“Le
coq chante! la croix scintille!”
Oui,
“le coq chante
et
la croix brille..."
Ah! je meurs...
(He
falls to the ground… Dinorah
draws nearer.)
DINORAH
C’est
toi?
CORENTIN
Non,
je frissonne!
DINORAH
La
cloche sonne! Je ne vois personne...
Du
seuil de la chapelle, j’appelle!
Hélas! En vain j’appelle!
CORENTIN
Qui? Quoi? Réponds!
Toi-même
n’es-tu pas?...
DINORAH
Je
suis la femme qu’il aime!
Silence! Dans les bois,
Tremblant
au moindre bruit,
L’oiseau
s’envole:
Comme
lui, mon bonheur
S’envole
et fuit.
CORENTIN
(laughing)
C’est
la folle.
DINORAH
La
folle?
CORENTIN
Crainte
frivole!
Retrouvons
la parole, c’est la folle!
DINORAH
Écoute!
CORENTIN
Quoi
donc?
DINORAH
Là,
dans le ravin sans doute,
Une
pierre a roulé...
CORENTIN
Le
trésor!
DINORAH
Le
trésor?
CORENTIN
Il
me prend mon or!
DINORAH
“Sombre
destinée! Âme condamnée!
Le
malheur advint à qui le chercha!…”
CORENTIN
J’ai
déjà, ce semble, entendu cela!
DINORAH
“Sombre
destinée! Âme condamnée!
Celui
qui, le premier, au trésor toucha,
Mourut
dans l’année!”
CORENTIN
Hein? Qu’est-ce qu’elle dit donc?
Quel
avertissement du ciel?
Oui,
c’est ce chant,
Plein
de menace et de mystère,
Que
jadis, en me berçant,
Chantait
ma grand’mère.
“Celui
qui, le premier, au trésor toucha...
DINORAH
... mourut
dans l’année!”
(She
slowly withdraws and
disappears
behind
the rocks.)
CORENTIN
Le
traître qui m’avait séduit,
C’est
à la mort qu’il voulait m’entraîner!
HOEL
(in
the distance)
Corentin!
CORENTIN
Oui,
mon maître!
HOEL
(entering)
Voici
l’heure;
Songeons
à prendre le trésor.
CORENTIN
(Par lui meme)
Je
le laisse parler et le confonds peut-être!
Scene
7
HOEL
Quand
l’heure sonnera,
Au
fond du noir ravin l’un de nous
Descendra!
Oui!
CORENTIN
(ironically)
L’un
de nous descendra!
HOEL
D’un
coup de baguette, il mettra
Les
korigans en fuite!...
CORENTIN
Les
korigans en fuite!...
HOEL
Soudain,
sur la pierre maudite,
La
croix de flamme à ses yeux paraîtra,
Et
sous sa main la pierre tombera!...
CORENTIN
Et
sous sa main la pierre tombera!...
HOEL
Sous
la terre avare,
Son
oeil ébloui
Découvrira
le trésor enfoui!...
CORENTIN
Découvrira
le trésor enfoui!...
HOEL
Qu’il
s’en empare et l’emporte avec lui!
CORENTIN
Qu’il
s’en empare et l’emporte avec lui!
HOEL,
CORENTIN
À
l’abri de l’orage, sans retard
On
en fait le partage à l’écart!...
Et
chacun a sa part.
CORENTIN
C’est
dit! Que Dieu nous soit en aide!
Mais
un mot!...
HOEL
Eh
bien! Que veux-tu?
CORENTIN
Quand
l’heure sonnera,
Au
fond du noir ravin qui de nous deux
descendra?
HOEL
Je
te cède de bon coeur cet honneur.
CORENTIN
Fort
bien! je vous rends grâce!
Mais
qui de nous d’abord
Doit
toucher au trésor?
HOEL
Toi! J’y consens encor!
CORENTIN
Qui?
moi? Je prendrais votre place?
Non,
vraiment! je n’en ferai rien!
HOEL
Et
pourquoi, si je le veux bien!
CORENTIN
Il
y faut toute votre audace!
C’est
à vous que cela convient!
HOEL
Mais
parle donc, qui te retient?
CORENTIN
Un
tel honneur vous appartient.
HOEL
À
moi?
CORENTIN
À
vous!
HOEL
(aside)
Le
traître, morbleu!
A
lu dans mon jeu.
Quel
maudit soupçon
Lui
rend la raison?
Il
flaire la ruse
Adieu,
s’il refuse,
Cher
trésor, adieu!
CORENTIN
(aside)
J’ai
su, grâce à Dieu!
Deviner
son jeu;
La
vieille chanson
Me
rend la raison!
Je
flaire la ruse,
Sa
mine confuse
Vaut
bien un aveu...
HOEL
Tu
dois me servir, tu dois m’obéir,
Diable
qui tremble, oiseau de malheur,
Allons!
CORENTIN
Je
crains un malheur. Adieu, serviteur!
Si
je dois mourir pour vous obéir!
HOEL
D’où
vient cet étrange caprice?
CORENTIN
Vous
voulez donc que je périsse?
HOEL
Comment?
CORENTIN
Ne
m’avez-vous pas dit
Que
ce trésor était maudit?
HOEL
Eh
bien?
CORENTIN
Il
me revient à propos en mémoire
Qu’y
toucher le premier, c’est défier le sort
Et
sottement se vouer à la mort.
HOEL
Et
quoi! nigaud! tu crois à cette vieille histoire?...
CORENTIN
Oui-da? j’y crois parfaitement!
Passez
devant!
HOEL
Je
te suivrai!
CORENTIN
Non
vraiment!
HOEL
Après
toi!
CORENTIN
Après
vous!
HOEL
Le
traître, morbleu!...
CORENTIN
J’ai
su grâce à Dieu!...
HOEL
Tu
frémis? Que m’importe!
Le
premier tu prendras le trésor,
Je
le veux!
CORENTIN
Après
vous!
HOEL
Je
ne puis;
Cet
anneau que je porte est béni...
CORENTIN
Un
anneau béni? Moi, j’en ai deux!
HOEL
(pushing
him forcibly)
Obéis,
sinon crains tout de ma rage!
CORENTIN
(defending
himself)
Bas
les mains!
Corentin
a très peur de la mort,
Pour
défendre sa vie
Il
est plein de courage,
Il
est calme, il est fort!
DINORAH
(in
the distance)
“Celui
qui, le premier, au trésor toucha
Mourut
dans l’année.”
HOEL
Qui
donc parle?
CORENTIN
Elle
vient à point sur ma parole!
La
folle! Laisse, ne la dérangeons pas,
Pour
toucher au trésor
Je
lui cède le pas.
HOEL
Une
femme! C’est lâche!
CORENTIN
Ah! c’est trop de bonté!
Pour
vous je vaux moins qu’elle,
En
vérité?
(The
clock strikes.)
Entendez-vous?
HOEL
Minuit!
CORENTIN
Qui
vous retarde?
HOEL
Cette
femme... ou ce spectre.
CORENTIN
Au
trésor prenons garde!
Scene
8
(Dinorah
enters. Hoël stands aside.
Corentin
approaches Dinorah, who sits on
a rock,
arranging
a bunch of wildflowers)
CORENTIN
Taisez-vous!
HOEL
Pauvre
victime! Laisse-la!
CORENTIN
Holà! ma belle, allons, écoutez-nous!
DINORAH
Qui
m’appelle? Que voulez-vous?
CORENTIN
Viens! ne crains rien!
J’ai
pour te plaire de beaux bijoux;
L’on
va te satisfaire.
DINORAH
Des
bijoux... moi? Que dis-tu là?
Je
lui plais mieux comme cela.
CORENTIN
Qui? Lui?
DINORAH
Mon
cher époux!...
CORENTIN
Ha,
ha, ha! Oui, j’entends!
DINORAH
Mon
doux ami, qu’ici j’attends.
Gai
passereau, voici le jour,
Redis
gaiment ton chant d’amour!
Suis
dans les airs ton vol joyeux!
À
nous la terre! À vous les cieux!
CORENTIN
Écoute! Dis-moi! Me comprends-tu?
Regarde
bien l’endroit.
(Je
parle en vain!) Réponds!
Veux-tu
venir et prendre le trésor?
DINORAH
Oui!
HOEL
Cette
voix! C’est l’infortunée
Par
moi naguère abandonnée.
Mais
non! Tonik me l’avait prédit:
“Si
tu crois revoir ton père expirant..."
CORENTIN
(to
Dinorah)
Parle!
HOEL
“Si
ta mère en deuil t’appelle en pleurant...”
CORENTIN
M’entends-tu?
HOEL
“Si
ta belle enfin passe en soupirant...”
CORENTIN
(Par lui même)
C’est
en vain!
HOEL
“Infernal
mensonge, prestige trompeur,
Folle
erreur, vain songe
Qui
fuit dans la nuit.”
(Thunder
rumbles in the distance.)
CORENTIN
Écoute!
en ce ravin, sans nous tu vas descendre;
Un
de ces blocs de pierre à tes yeux brillera.
HOEL
(impatiently)
Eh
bien?...
CORENTIN
Chut! Éloignez-vous!
(to
Dinorah)
Sans
peine et sans effort
Ta
main le poussera
Tu
verras un trésor!...
Un
trésor qu’il faut prendre!
HOEL
(softly)
Que
dit-elle?
CORENTIN
Chut! Laissez-nous!
Or
et perles sont à toi,
Des
diamants à ton choix,
Veux-tu? Parle!
DINORAH
(distractedly)
De
l’oiseau dans le bocage
Retentit
le chant joyeux;
Le
doux bruit de son ramage
Remplit
les bois et les cieux!
HOEL
Cette
voix... Mais non! c’est Satan
Qui
veut rire de moi!
Voix
de l’enfer, tais-toi! disparais!
DINORAH
Dans
l’espace il prend son vol,
Il
passe, il fuit en rasant le sol;
Libre,
heureux, chantant toujours!...
(sadly)
Moi,
je pleure, adieu beaux jours!
C’en
est fait de mes amours!
Tourment,
hélas! d’un coeur blessé!
CORENTIN
(He
holds up the magic wand
and
makes conjuring movements.)
Quand
le jour percera l’ombre,
Il
faudra quitter ces lieux!
Au
fond de ce ravin sombre
Le
trésor brille à tes yeux!
Or
et perles à ton choix...
(aside)
Mais
elle est sourde à ma voix!
(to
Dinorah)
Vont
ruisseler sous tes doigts!...
(aside)
C’est
manqué pour cette fois!...
HOEL
Disparaissez,
vaines ombres!
Lutins
qui gardez ces lieux,
Au
fond des cavernes sombres
Cachez-vous
à tous les yeux!
Au
dernier coup de minuit
Le
coq chante... la croix luit!...
À
moi seul ton riche trésor!
Ô
Satan, à moi ton or!
(The
storm breaks violently.)
Écoutez! Voici l’orage!
Je
sens faiblir mon courage!
Dans
le bruit des éléments
Sa
voix seule je l’entends!
CORENTIN
Ah! mon Dieu! voici l’orage!
Je
sens faiblir mon courage!
Gardez
votre or!
Grand
merci
Que
ne suis-je loin d’ici!
DINORAH
Ô
plaisir! voici l’orage!
Il
nous chante un air sauvage;
Malheur
au perfide amant
Qui
faillit à son serment!
(A
flash of lightning illuminates the scene. The
goat
appears in the background,
jumping
from rock to
rock. It crosses
the
bridge and disappears.)
HOEL
Qu’ai-je
vu? la chèvre! Oui, c’est elle!
DINORAH
Ma
Bellah!… te voilà!
Tu
m’es donc fidèle!
Ma
petite, ma mignonne,
Viens
à moi, Bellah!
Et
ma noce à bientôt!
(She
runs towards the bridge,
dropping
her
necklace as she goes.)
CORENTIN
C’en
est fait! Je suis mort!
C’est
l’enfer!
De
chez moi je reprends le chemin!
À
demain! Le trésor est à vous!
HOEL
C’est
la chèvre!
Elle
doit nous montrer le chemin.
Mais
viens donc!
Suivons
le sentier du ravin!
(picking
up her necklace)
Ah!
Grand Dieu! son collier! Dinorah
(to
Corentin)
Descends!
Ah! viens, suivons ses pas!
(The
thunderbolt falls. The sluices are burst
open,
the waters of the torrent, swollen
by the rains,
precipitate themselves
tumultuously to the ravine.
The
bridge gives way whilst Dinorah. is
crossing it.
Dinorah. utters a shriek and disappears
in the abyss.
Hoël rushes to Dinorah.'s
assistance)
Dinorah!
Malheur sur toi!
ACTE
III
(Morning)
Scene
1
(A
rural setting. Dawn. A
huntsman
appears among the
rocks)
HUNTSMAN
En
chasse, piqueurs adroits!
La
bête passe, suivons sa trace
Jusqu’au
fond des bois!
Les
camarades répondent à l’appel,
Ils
sont à leur poste!
Le
jour est levé; la pluie a lavé
Les
cieux et la plaine.
Un
doux vent d’été a vite emporté
La
brume lointaine!
Les
prés et les bois.
Tout
semble à la fois
Renaître
à la vie! Piqueurs adroits,
courons
les bois!
La
chasse est bonne après la pluie!
(He
leaves. A reaper enters
with
his
scythe on his shoulder)
REAPER
Les
blés sont bons à faucher;
Le
soleil va les sécher!
Voici
le ciel qui s’éclaire!
De
la grange battez l’aire,
Et
mêlez le sable et la chaux!
Moi,
sur ce roc séculaire,
J’aiguise,
en passant, le fer de ma faux.
(He
sharpens his scythe.)
Laisse
aux filles les faucilles;
Moissonneur,
reprends ton labeur!
L’oeuvre
faite! Quelle fête!
La
chanson après la moisson!
(He
leaves. The goatherds come
down
the
hill, playing their pipes.)
GOATHERDS
Sous
les génévriers,
Abri
des chevriers.
Broutez
mes chèvres,
Et
disputez aux lièvres
Leur
odorant butin
De
cytise et de thym...
À
l’ombre du buisson
Où
butine l’avette
Je
cherche une chanson
Pour
m’amie Yvonette.
(The
huntsman and the reaper return.)
HUNTSMAN
Bonjour,
faucheur!
REAPER
Bonjour,
Jeannick!
GOATHERDS
Bonjour,
amis!
HUNTSMAN
Déjà
debout, faucheur?
REAPER
Ma
tâche est commencée!...
GOATHERD
Nos
chevreaux broutent l’herbe.
HUNTSMAN
Et
moi, je me suis mis
En
chasse avant la nuit!
REAPER
Ah! quelle nuit!
HUNTSMAN
Le
tonnerre, m’a-t-on dit,
A
rompu le vieux pont qui mène au
val
maudit!
REAPER
Nous
avons entendu dans l’ombre
un
cri d’alarme...
GOATGIRL
J’ai
dormi jusqu’au jour,
comme
frappée d’un charme!
REAPER
La
tempête enfin s’est apaisée.
Grâce
au ciel, voici le jour.
HUNTSMAN
Bref,
nous nous retrouvons,
Tous
ici, bien portants;
Et
voici le soleil!
ALL
Et
voici le beau temps!
HUNTSMAN
Que
nos coeurs soient unis
par
la même prière!
ALL
Mon
Dieu, notre Père,
Qui
régnez aux cieux,
Comme
sur la terre,
Faites
à nos yeux,
Dans
l’espace immense,
Signe
radieux
De
Votre clémence:
Faites
resplendir sur nos prés en fleurs
L’arc-en-ciel
aux mille couleurs!
(They
cross themselves, then all leave,
going
their own separate ways.)
Scene
2
(Corentin
runs in. Out of
breath,
he
rests on a rock)
CORENTIN
La
force m’abandonne;
Tout
danse et tourbillonne!
Quelle
horrible tempête!
Ah! au diable le trésor!
La
folle... l’orage... la foudre...
Ce
pont réduit en poudre.
Que
Dieu veuille m’absoudre!
Je
suis vivant encor!
HOEL
(in
the distance)
Corentin! Corentin!
CORENTIN
Qui
m’appelle?
Scene
3
(Hoël
enters carrying Dinorah, unconscious
in his arms, and places her on a
grassy knoll)
CORENTIN
Que
vois-je? Est-ce un rêve?
HOEL
C’est
elle!
Dans
sa chute arrêtée
Par
une branche,
mes
bras l’ont saisie, emportée!
Sa
paupière est fermée...
Elle
est inanimée...
Ah! dois-tu m’être ravie?
Renais
à la vie!
C’est
Dinorah, ma douce fiancée!
Je
la revois sans mouvement, glacée.
Orage
fol!
CORENTIN
Au
village, peut-être...
HOEL
Oui,
cours, vole...
CORENTIN
Dieu
bon, voudras-tu qu’elle meure,
Quand
du Pardon bientôt va sonner l’heure!
(He
runs off.)
HOEL
C’est
en ces lieux déjà que la tempête
A,
l’an passé, grondé sur notre tête.
Contre
mon coeur, tremblante,
Elle
s’appuyait défaillante.
Et
maintenant... morte!
Non! sois vivante!
Scene
4
(Hoël,
alone with Dinorah)
HOEL
Ah! mon remords te venge
De
mon fol abandon.
Rouvre
les yeux, pauvre ange!
J’implore
mon pardon!
Dans
un fatal délire
J’ai
parjuré ma foi!
Mais
si tu meurs, j’expire!
Reviens
à toi! Dinorah!
Ou
j’expire à tes pieds.
Dinorah! Reviens à toi!
Richesses
mensongères,
Ô
tourments de mes jours!
Vains
rêves et chimères,
Je
vous fuis pour toujours!
Et
toi, toi que j’implore,
Hélas! reconnais-moi.
Ah! parle! Parle encore!
Reviens
à toi! Ou j’expire à tes pieds.
Dinorah! Reviens à toi!
(He
gazes anxiously at Dinorah
as she
slowly
opens her eyes.)
Grand
Dieu! son teint s’anime et se colore!
Elle
respire encore, ses yeux s’ouvrent!
Mais
pourquoi les détourne-t-elle de moi!
Ah! torture nouvelle!
Mon
coeur se le rappelle:
Elle
est folle, ce n’est plus elle!
DINORAH
Hoël!...
HOEL
Elle
me parle!
DINORAH
(as
if in a dream)
Écoute...
On
chante pour nous sans doute?
L’église
nous réclame...
HOEL
Ma
chère âme!
DINORAH
Mais
mon voile de mariage...
Où
donc est-il? Tu détournes le visage...
Je
tremble! Ah! nuit terrible!
Rêve
effroyable, horrible!
HOEL
(aside)
Un
rêve! Ô Dieu! Quelle lueur
Inspire-moi,
Dieu bon!... et fais lui croire
Que
ce n’était qu’un rêve
Avec
l’ombre emporté.
(to
Dinorah)
Oui,
tu l’as dit, de quelque songe
Ton
esprit s’est épouvanté!
DINORAH
Un
songe? Où sommes-nous?
Où
donc as-tu conduit mes pas?
HOEL
(smiling)
Vois!... regarde ces lieux!
En
ces lieux ton amant fidèle
Naguère
te parlait d’amour!
DINORAH
(trying
to remember)
Naguère
me parlait d’amour...
HOEL
Et
voici la gothique chapelle,
Asile
saint, pieux séjour!
DINORAH
Asile
saint, pieux séjour!
HOEL,
DINORAH
Nous
y venions avant le jour,
Implorer
du ciel l’assistance.
DINORAH
Quoi...
ce matin? Tous les deux?
DINORAH,
HOEL
Vois/Oui
la vallée aux frais ruisseaux
Où
se reposent nos troupeaux!
DINORAH
Mais
tout à l’heure il faisait nuit,
Et
maintenant le soleil luit!
HOEL
La
tempête a grondé sur nous avec fracas,
Et
toi, chancelante, effrayée,
Foulant
ton voile sous tes pas,
Tu
t’es jetée entre mes bras!
DINORAH
Oui!
HOEL
L’orage
enfin à sa fureur fait trêve.
DINORAH
Ô
mon Dieu! c’était donc un rêve?
HOEL
Oui! c’était un rêve!
DINORAH
(astonished)
Quoi? C’était un rêve? Ah! quel bonheur!
Mais
qu’as-tu dit?... L’orage?...
Ah! d’un reflet sanglant
Le
ciel se colore...
La
flamme a dévoré la maison
de
mon père!
HOEL
À
l’ombre d’un noyer,
vois
là-bas ce mur blanc
Qui
sous un toit de chaume à l’horizon s’éclaire;
C’est
ta maison, que le soleil
Semble
caresser d’un rayon vermeil.
DINORAH
Ma
maison?...
HOEL
Oui,
ta maison!
Regarde
bien!
DINORAH
Ô
mon Dieu! c’était donc un rêve!
Oui,
je renais à la vie!
Le
songe fuit et je comprends tout!
Oui,
je me rappelle
Et
je renais!
C’est
la chapelle où tu venais!
HOEL
Tu
te rappelles ces lieux?
Donne
ta main!
DINORAH,
HOEL
Rives
fleuries, dans ces prairies
Et
frais vallons nous nous cherchions!
C’est
moi/toi qu’il/que j’aime!
Bonheur
suprême!
Il
est à moi/Je suis à toi!
DINORAH
Pourtant,
je m’en souviens,
Mes
amis et les tiens
Nous
entouraient!
HOEL
(aside)
Ô
ciel!
DINORAH
Ce
Pardon… ces chants de fête
Qui,
comme un bruit confus,
Résonnent
encor dans ma tête...
HOEL
Hélas!
DINORAH
Je
ne les entends plus!
Ils
disaient: “ Sainte Marie...”
(The
villagers are heard singing in
the
distance.
Dinorah is overcome
with
joy
and listens in ecstasy.)
VILLAGERS
Sainte
Marie!
Notre
Dame des Bruyères,
Daigne
exaucer nos voeux!
Nous
t’apportons pour offrandes
De
simples guirlandes,
Des
coeurs pieux!
DINORAH
Sainte
Vierge!
Sois
bénie, reine des cieux!
Ô
Madonne, douce et bonne
Prête
l’oreille à ces doux chants !
Scene
5
(Dinorah
kneels in prayer; Corentin
appears in the
background.
Hoël
runs and whispers to him. The
procession enters. Dinorah
runs to her friends)
DINORAH
Yvonne!
Margaridd! Anna!
Quoi! mes amis!
C’est bien vous?
VILLAGERS
Pourquoi
ces yeux irrésolus?
DINORAH
Cette
cloche...
VILLAGERS
Elle
nous appelle. C’est l’Angélus!
Le
jour de ton bonheur se lève!
vant
le soir Hoël sera ton époux!
DINORAH
Mon
époux? Ah! cher Hoël!
J’ai
rêvé que tu ne m’aimais plus!
VILLAGERS
Mais
c’était un rêve!
DINORAH
(to
Hoël)
Un
rêve!
Mais
sous un dais de fleurs
Nous
marchions tous les deux...
La
foule des fidèles nous suivait...
Je
portais comme elle
Un
rameau béni...
(The
procession, led by the bagpipe players,
moves
on. The pilgrims follow,
behind
the Holy Cross.
Lastly
a canopy carried by four girls dressed
in white
appears.
A
girl approaches Dinorah and
gives her a
blessed palm.
Another
places the bridal veil on her
head,
and a bouquet of wild flowers in
her hand.)
HOEL
Vois! Sous un dais de fleurs inondé de lumière
Vois
le mai béni
et
la sainte bannière!
Bénissons
le Dieu protecteur
Qui
chasse ton rêve menteur
Et
sur nous étend sa main!
(All
kneel.)
Gloire
au Seigneur!
À
nous paix et bonheur!
CORENTIN
(to
Hoël)
Et
le trésor?...
HOEL
Perdu!...
mais
son coeur les vaut tous!
(The
procession continues. Hoël and Dinorah
walk
beneath the canopy of flowers. The
villagers kneel and pray. Hoël
and Dinorah
ascend the hill
towards
the chapel. A
ray of
sunlight illuminates the entire
scene)
|
ACTO
I
(Por la tarde. El
telón se levanta durante
la obertura. Los
peregrinos están orando
para que cese la
tormenta)
PEREGRINOS
¡Salve! Santa María,
Nuestra Señora de los
zarzales.
¡Dígnate escuchar
nuestras voces!
Te traemos como ofrenda
las simples guirnaldas
de nuestros devotos
corazones.
Escena 1
(Lugar
salvaje y rocoso iluminado por
el sol.
En primer término se
ve la cabaña de Corentín,
con puerta y ventana.
Un viejo banco,
mesa
rústica y aparador a la izquierda. Muchos
caminos
se entrecruzan por la colina.
Aquí y allá hay
matorrales y árboles doblados
por el viento.
Dos
pastores de cabras entran y se encuentran
con
los aldeanos que bajan de la colina)
ALDEANOS
El día radiante
se
nubla ante nuestros ojos,
mientras la
flor de la lavanda
perfuma
los campos.
¡Los cabritos
blancos y negros,
y las ovejas
balando,
siguen
a sus pastores!
¡Sin prisas!
¡Ya abandonan
la llanura!
(misteriosamente)
¡Allí
abajo, los gnomos y elfos
han
comenzado a hacer sus travesuras!
(se
suman dos pastores de cabras.)
¡Tra,
la, la!
Sigamos
la senda verde...
¡Tra,
la, la!
... donde
florece la rosa mosqueta.
La
campana de la aldea
acompaña
con su tañido piadoso
el
tintinear alegre
de
los cencerros de los rebaños.
UN
PASTOR DE CABRAS
¡Mirad
allí!
Es
la muchacha loca
que
está buscando su cabra...
Escena 2
(Con
la última nota del coro que se pierde en la
distancia, aparece Dinorah,
buscando
su cabra.
Se
asoma en la parte superior de la colina, luego
salta y retrocede. Después
se detiene y escucha.
Lleva
puesto un vestido de novia)
DINORAH
¡Bellah!
¡Mi querida cabra!
Deja
de ocultarte,
que estoy
cansada de buscarte...
Tengo
una cabra blanca
con
una estrella negra en la frente...
¡En
vano la busco en las sombras!
¡Vuelve,
Bellah, que ya llega la noche!...
Todos
piensan que tú y yo estamos locas;
pero
tú sabes que no es así...
¡Su
felicidad es nada comparada con la nuestra!
(Se acerca con cautela
a un arbusto,
donde
se imagina ver a su cabra.)
¡Ah! ¡Aquí está!... ¡Silencio!
¡Duerme!
Mi
voz ligera acuna tu sueño.
No
te despiertes.
Duerme
pequeña, duerme tranquila,
duerme,
mi amor, duerme.
La
brisa de la tarde es apacible,
y
debajo de esta enramada sombría
un
arrollo de agua fresca y límpida
corre
ente flores y musgo...
¡Ay!
Durante casi ocho días
has estado perdida y sola;
en
peligro, entre los brezales,
entre
las zarzas y las rocas...
¡Bellah!
¡Pobre Bellah!
Pero...
¡yo estoy aquí para
defenderte!...
¡No
temas, Bellah! Estoy
aquí.
¡Queridos pajaritos,
cantad más suave,
para no perturbar su dulce
sueño!
Escena 3
(Dinorah, con
delicadez, va acallando las aves.
Corentin aparece en la cima de la
colina; avanza
ansioso, mirando a derecha
e izquierda, haciendo
sonar su gaita. Desciende
hacia la casa,
entra
apresuradamente en
ella y cierra la puerta)
CORENTIN
¡Por
fin en casa! ¡Que Satanás se lleve
a
los elfos y enanos, los duendes y trasgos
y a los fantasmas errantes!
Cerraré la puerta para que no entre
la Señora de los Prados,
que
vaga por los campos obligando
a todo el que pasa a bailar con ella.
Sus
víctimas mueren agotadas antes de que ella
ni siquiera haya
comenzado a cansarse.
Mi magnífica figura, mi noble porte,
muy probablemente haría
se enamorara de Corentin.
Ser
amado por una criatura como
ésa,
¡me llevaría a la tumba!
¿Qué
es eso?
¿Una nube?
¿O es que la noche ya ahuyenta el día?
Está tan oscuro como dentro de un horno.
¡Prenderé la luz!
¡Toma eso, bruja!
Cada
uno es como es
y no
se puede evitar.
Yo, soy
un cobarde, eso está claro.
Debería avergonzarme pero...
¡Bueno, es mi carácter
al fin y al cabo!
Dios nos ha dado a cada uno de nosotros
una
naturaleza diferente:
algunos
están llenos de valor;
mientras
que otros, como yo,
no
lo tienen en absoluto.
A
algunos les gusta festejar
y otros
prefieren estar en ayunas.
Unos
lloran y gritan,
mientras que otros,
a toda hora, cantan y ríen.
Uno
es honesto, sencillo y bueno;
el
otro, menos estúpido, ¡es un sinvergüenza!
Hay
muchachos felices y afortunados
que
aman a las mujeres por encima de todo;
pero
hay otros que desprecian el amor
y
se emborrachan cada día.
Algunos
son tan tiernos como corderos;
mientras otros
saben usar el bastón a la perfección.
Pero
para mí todo es igual,
¡pues
no soy peor que cualquiera de ellos!
(la
ventana se abre de repente)
¿Quién
va?... ¡Era el viento!
¡Qué miedo! Por un momento creí...
que
la Señora de los Prados había entrado
a
través de la ventana.
No
puedo superar mi miedo.
Tal
vez el sonido de
mi querida gaita,
sus armonías,
puedan
calmar mi miedo
y
me ayuden a recuperar la calma.
Sí,
tengo un alma cobarde
cuando
la noche me rodea.
Confío en que la música
restaurará
mi valor
contra
las criaturas de la noche.
Nada
se puede comparar a mi gaita.
Gracias
a ti, música,
gracias
a ti, querida, gaita fiel,
puedo
reírme de las criaturas de la noche.
Escena 4
(Corentin
toca su gaita. Dinorah
escucha
desde el
exterior, luego
entra corriendo en
la cabaña
y
la lámpara de Corentin se apaga)
DINORAH
¡Más! ¡Más! ¡Sigue
tocando!
CORENTIN
¿Quién anda ahí? ¡Estoy muerto!
DINORAH
¡Toca,
toca, alegre gaitero!
¡Toca
hasta perder el aliento!
Te daré un beso con todo mi corazón
para
aliviar tus penas.
CORENTIN
¡Qué
será de mí, tengo miedo!
¡Es
la Reina de los Elfos!
¡Puedo
escuchar su risa burlona!
¡Ay
de mi, apenas puedo respirar!
¡Dulce
Jesús! Virgen Santa!
¡Protégeme,
te lo ruego!
¡Por
piedad!
¡Ah, sin tu ayuda, estoy
perdido!
DINORAH
¡Un vez más! ¡Otra vez!
CORENTIN
(aparte)
¿Otra vez? ¡Por prudencia obedeceré!
(toca y Dinorah lo repite.)
DINORAH
Mañana
estaremos casados...
¿Eso
es todo lo que sabes tocar?
¡Necesito
una melodía más alegre!
¡Toca
otra canción!
CORENTIN
(aparte)
¡Otra!
Estoy
tocando en mi hora postrera...
¡Maldigo
a esta bruja!
Pero,
por precaución, ¡obedeceré!
(Corentin corre hacia la puerta,
pero
Dinorah lo detiene.)
DINORAH
¡Ha
llegado el tiempo de la cosecha,
el
aire está lleno de canciones!
¡Dios! ¡Qué bullicio y cuánta gente!
¡Toca! ¡Toca más fuerte!
¡Una
canción más alegre! ¡Otra más! ¡Vamos!
CORENTIN
¿Una
más?
DINORAH
¿Qué
veo? ¡Eres tú, querido Hoël!
CORENTIN
¿Querido
Hoël?
DINORAH
¡Dame
la mano y vamos a bailar!
CORENTIN
(aparte)
¡Nunca me atrevería a
bailar
contigo,
criatura del infierno!
(Dinorah
lo toma de la mano
y
lo obliga a bailar con ella.)
DINORAH
Hay
que darse prisa.
¡Debemos disfrutar
de cada
hora!
CORENTIN
(aparte)
Para
mantenerla contenta
y
conseguir
que
me otorgue su misericordia...
¡hasta
mañana tocaré
el mismo estribillo!
¡Que
nada logre agotarme!
DINORAH
¡Con
la mano en la mano,
todo
el largo camino
recorremos...
abrazados!
Con
sus pies ligeros,
pastores
y pastoras
recorren
la playa! ¡Toca esa canción!
CORENTIN
¡No
me atrevo a moverme!
¡No
me atrevo a pedir
un
momento de descanso!
¡Ah!
¡Es demasiado exigente!
¡Tener
que tocar y bailar
al
mismo tiempo!
Yo
toco, ¡ay de mí! tan fuerte,
que
me falta el aliento y me ahogo.
Ya
veo a Lucifer preparado
para
desatar el infierno sobre mí.
¡Ah!
¡No puedo más!
DINORAH
¡El
corazón late rápido!
¡Y
luego uno se duerme
como
en un sueño!
CORENTIN
Siento
que mis ojos se cierran.
¡No
hay necesidad de tener miedo!
¡No estoy muerto!
¡Esto
es sólo un sueño!
Escena 5
(Corentin hundido en
su sillón. Dinorah
se muestra
vencida por el sueño y
se apoya en su hombro. Poco
a poco, ambos quedan dormidos. Hoël
entra desde el
fondo con
un cayado. Al ver la cabaña de Corentin,
se dirige hacia ella y
golpea fuertemente la puerta.
Corentin
cae al suelo y se esconde detrás del sillón.
Dinorah se levanta, abre
la ventana y salta hacia
el exterior)
HOEL
(abriendo
la puerta de una patada)
¡Hola!
¡Hey! ¡Viejo Alain!
CORENTIN
¡Justo
Dios! ¡Estoy perdido!
HOEL
Soy
amigo de Alain.
¿Por
qué gritas así?
¡Quiero verlo!
CORENTIN
(vuelve
a encender la lámpara)
Alain
ya no vive aquí.
Hace
quince días
lo
pusimos a descansar en su tumba.
¡Ah, son vanos los recuerdos!
El
me dejó su cabaña
y
sus muebles carcomidos.
Me mudé aquí ayer.
HOEL
(aparte)
¡Alain está muero!
¡Oh,
golpe fatal que me desconcierta!
¿Perderé
el tesoro?...
(A Corentin)
¡Escucha!
CORENTIN
¡Qué! ¡Qué! ¿Qué quieres?
HOEL
¿Por
qué tiemblas así?
CORENTIN
Debo
decírtelo...
Había
un fantasma aquí, hace un instante,
ahí mismo, muy cerca...
HOEL
¿Quién?
CORENTIN
¡La
Dama de los Prados!
HOEL
¡Una
ilusión!
CORENTIN
Ella
estuvo aquí.
Es la
Reina de los Elfos, la de la danza.
Reconocí
en su voz su poder maléfico.
¡Me
hizo cantar y bailar,
y
yo
era incapaz de parar,
siempre,
siempre, una y otra vez!
¡Ah,
estoy sin aliento!
Casi no puedo sostenerme,
pensé
que nunca terminaría.
HOEL
¡Una
visión! Ha sido un sueño.
CORENTIN
¡Ella
estaba ahí!
HOEL
¡Qué
locura!
¡Vamos, vamos, olvida los
fantasmas!
¡Y
ahora comamos!
Si tu despensa está vacía,
si
tu bodega está mal abastecida,
ve
ahora mismo a la posada más cercana
y consigue algo de vino.
CORENTIN
Pero
¿con qué pago?
HOEL
¡Con
este escudo!
CORENTIN
Lo
tomo y me inclino.
HOEL
(deliberadamente)
¡Es
el último!
Pero ¿qué me importa si
mañana
podré
conseguir oro a dos manos?
Un
escudo ¿será suficiente?
CORENTIN
(extasiado)
¿A
manos llenas? ¡Oro!
HOEL
(aparte)
¡Ah,
ya lo tengo!
CORENTIN
¡Voy
corriendo y vuelvo!
(sale
corriendo.)
HOEL
¡Oh,
tesoro de los duendes,
yo
sé bien que el destino
de
la primera persona que lo toque será morir!
¡Por
ti, Dinorah,
por
ti lo conseguiré!
¡Oh,
mi bien amada!
¡Oh,
poderosa magia!
¡Embriaguez
de mis sentidos!
¡Visiones
apasionadas! ¡Sueños deslumbrantes!
¡Dejad
que en sus alas de fuego
aleje
mí el
remordimiento y el terror!
¡Fortaleced
mi alma
y
restaurad mi fe!
¡Riquezas
desconocidas
ocultas
en la noche!
Tesoros
misteriosos,
que
sólo Dios puede medir,
enterrados
en las sombras
de
los bosques silenciosos...
¡Por vosotros abandoné la casa de mi padre
y
mi corazón fue consumido por amarga tristeza!
Mi
alma, presa de mil tormentos,
ha
contado los instantes durante un año entero,
noche
y día,
despierto, esperando,
esperando...
Al fin ha llegado la hora y sólo tengo
¡oh,
alegría! que alargar mi mano
para
tomar la recompensa.
¡Oro!
¡Oro y más y más oro!
Perlas
y rubíes enterrados en la tierra;
monedas
antiguas
que se creían perdidas para
siempre...
¡Sí, todo, sin
lugar a dudas, todo será mío!
¡Voy
a ser más rico que un rey!
Esos tesoros ¡oh, mi
querida prometida!
dueña
de mi corazón, a la que nunca olvidé,
iré a buscarlos
para
ponerlos a tus pies.
¡Oro!
¡Oro!...
Escena 6
(Corentin
vuelve trayendo un cántaro de vino)
CORENTIN
¡Aquí
estoy! Me retrasé,
pero
no ha sido por mi culpa.
La posada estaba llena de gente
y
el posadero, tan ocupado hablando,
que
descuidaba a sus clientes.
Todo
el mundo anda conmocionado,
porque
mañana es el día del perdón.
HOEL
(rememorando)
¡En
el camino de la iglesia del pueblo,
hace
un año, este mismo día...
¡Oh,
peregrinación funesta!
Estábamos profundamente
enamorados.
De
nuestras almas,
se
elevaban hasta nuestra Señora
himnos de agradecimiento...
CORENTIN
(aparte)
Divaga,
como un demente...
(pone
la mesa.)
¿Qué
me importa su historia?
HOEL
... De repente, la tormenta horrible
respondió
a los cantos festivos.
Estallando
sobre nuestras cabezas,
nos
amenazaba con sus relámpagos.
Yo
sostenía, ¡oh, dulce abrazo!
a
Dinorah, que temblaba de miedo...
CORENTIN
Pero,
por favor,
¡Qué demonios! ¿De
qué estás hablando?
HOEL
... Alcanzado
por un rayo,
el
techo de paja de la cabaña de su padre, se
incendió.
¡Dinorah!
¡Ah, infortunada muchacha!
¡Has
quedado en la miseria, en la indigencia total!
CORENTIN
¡La
cosa es grave!
HOEL
Tonik
se aproximó y su mirada me abrazó.
Dijo
en voz baja:
"Si Dinorah ha
quedado en la miseria,
yo
te ofrezco un tesoro escondido bajo tierra.
¡Ven y te conduciré
hasta él!
Los
bosques serán nuestro dominio,
huiremos
lejos de la especie humana.
¡Cuando transcurra un año,
llegará el momento,
la
cruz brillará
y
el tesoro está allí!"
CORENTIN
¿Qué
tesoro?
HOEL
Uno que permanece
en los oscuros
reinos de misteriosos fantasmas,
custodiado
por enanos y gnomos avariciosos.
CORENTIN
¡Santo
cielo!
HOEL
¡Bebe!
¡A
tu salud!
CORENTIN
¡Gracias!
¡A
la tuya!
HOEL
Durante
un año, sólo he pensado en ello.
He mantenido mi juramento de esclavo fiel.
¡Pero
ahora ha
llegado el momento!
CORENTIN
¿Y
el tesoro?
HOEL
¡Ay!
Si Tonik no hubiese muerto
en
aquellos páramos salvajes,
sin duda lo habría compartido conmigo.
¡Escúchame
hasta el final!
Quizás,
tal cual lo ha pronosticado,
una
cabra blanca aparecerá ante mis ojos
y
me ayudará a encontrar el tesoro,
¡sí,
yo sé que así será!
CORENTIN
¿Y
el tesoro?
HOEL
¡Ella
guiará mis pasos!
Tonik me dijo confidencialmente:
"No
temas a las trampas del diablo
y
a sus vanos fantasmas,
ni
a sus gnomos y duendes!"
CORENTIN
¡Tiemblo
de miedo!
HOEL
"Si
crees ver a tu padre morir...
si
tu madre te llama llorando enlutada...
si
finalmente ves a tu amada suspirando;
son
mentiras infernales, es una falsa visión,
un
error delirante,
un sueño vano que
vaga en la noche."
CORENTIN
Pero ¿y si un duende surge
de
debajo de la tierra?
HOEL
Conozco
para alejarlo la frase necesaria.
Esta
es. Recuérdala:
"Desapareced,
funestas sombras,
elfos
que guardáis estos lugares."
CORENTIN
(Repite
tratando de memorizar las
palabras mágicas)
"Desapareced,
funestas sombras,
elfos
que guardáis estos lugares."
HOEL
"¡En
lo profundo de las cavernas sombrías,
ocultaos a todas las miradas!"
CORENTIN
"¡En
lo profundo de las cavernas sombrías,
ocultaos a todas las miradas!"
HOEL
"¡Al
filo de la medianoche,
el
gallo canta, la cruz brilla!"
CORENTIN
"¡Al
filo de la medianoche,
el
gallo canta, la cruz brilla!"
HOEL
"¡Para
mí, tu rico tesoro!
¡Oh
Satanás, para mí tu oro!"
CORENTIN
"¡Tu
rico tesoro! ¡Para mí, tu oro! "
¡Repite esas palabras una vez más!
(ellos
repiten las palabras mágicas)
¿Estás
realmente seguro de ellas?
HOEL
¡Sí,
ha llegado el día!
He
visto a la cabra blanca,
pastando entre las zarzas.
¡No
hay un momento que perder!
(Dinorah
aparece en la ventana, lanza un
ramillete
de flores en la habitación,
se ríe y desaparece.)
CORENTIN
¿Qué
fue eso?
HOEL
¡Silencio!
Es el espíritu
que
protege mis pasos.
Ha arrojado
esas flores
que
duplican mi poder
frente a los duendes.
¿Por qué no vienes conmigo?
La
mitad del oro será tuyo.
¡Ten valor!
CORENTIN
(aparte)
¡La
mitad!
Pero
¿por qué me ofrece una parte?
¡Un
tesoro!
HOEL
¡Un
tesoro! ¡Bebe otra copa!
CORENTIN
¿No hay riesgo?
HOEL
¿Es totalmente
seguro!
CORENTIN
¡Todavía
no puedo creerlo! ¿Un tesoro?
HOEL
¡Un
tesoro!
CORENTIN
¿Y
lo vamos a compartir?
HOEL
¡Sin
duda!
¿Quieres que hagamos un trato?
¿Quieres
que lo jure? ¡Dame tu mano!
CORENTIN
¿Mi
mano?
HOEL
¿Estás temblando?
CORENTIN
¡Ah, el cielo está oscuro!
¡El
día ha terminado, ya es de noche!
HOEL
¡La
luna disipará las tinieblas
y
nos mostrará el camino!
¡Vamos, dame tu mano!
CORENTIN
¡Ah, un momento!
¡Antes
de salir, quiero beber!
¡Sólo
el tiempo para beber!
HOEL
¡En
buena hora!
CORENTIN
(aparte)
¡Ay, estoy furioso por no tener más coraje!
HOEL
(aparte)
¡Él tiembla! ¡Ah!
CORENTIN
(bebe)
¡Vamos, estoy dispuesto a
seguirte!
¡Sí, el vino infunde
valor!
¡No
tengo miedo!
CORENTIN, HOEL
Sin dudarlo,
sin volver la cabeza
y mirar atrás,
vayamos
con paso decidido
hacia el valle maldito.
¡Vamos!
¡A caminar se ha dicho! ...
(el
cencerro de la cabra se oye a
la distancia.)
CORENTIN
¿Oyes?
HOEL
El
sonido del cencerro...
Es
la cabra que nos debe guiar.
¡Ella
nos llevará al tesoro!
DINORAH
(entra,
siguiendo el sonido del cencerro)
Es
mi cabra loquita...
¡Ah!
¡Ya te tengo, Bellah!
El tintineo que se escucha
no
es una imaginación.
Mi
cabra está allí; sí, es Bellah.
¡Ella
está allí,
voy
a atraparla!
HOEL
El
tintineo que se escucha
no
es ninguna imaginación.
¡La
cabra está allí; está allí!
¡No
temas una trampa!
CORENTIN
El
tintineo que se escucha
es cosa de brujería.
¿Qué
santo podrá salvarnos?
¡Satanás
me tendió una trampa!
HOEL
¡Ah, vamos! ¡Sigue mis pasos!
CORENTIN
¡Qué! ¿Seguir tus pasos?
DINORAH
¡Ahora es el momento!
DINORAH,
CORENTIN, HOEL
¡Silencio!
Es de noche.
¡En
viento gime entre el oscuro follaje!
¡El
cencerro de oro aún resuena!
¡Guiará
nuestros pasos en la oscuridad!
DINORAH
Es el momento para que con cuidado,
pueda
sorprenderla
en
el bosque sombrío
aprovechando
la oscuridad.
CORENTIN
Despacio, poco a poco,
nos deslizaremos
a través del sombrío bosque
al amparo de las sombras.
HOEL
Es el momento.
Nos deslizaremos
a través d
el sombrío bosque
al amparo de las sombras.
DINORAH,
CORENTIN, HOEL
(asustados
por un trueno)
¡Qué oscuro está!
¡Dios, es de noche!
El
viento de la tarde
atraviesa
todo mi ser
y a
mi pesar me invade el alma.
¡Siento
que el miedo paraliza mi corazón!
¡Sí,
el miedo está dentro de mi corazón!
DINORAH
¡Silencio! Oigo
por allá
el
sonido del cencerro,
que a pesar de la oscura noche,
con
su ligero tintinear, me guía.
CORENTIN
Seguir
sus pasos
me hace dudar de mi fe.
Esta
noche él me conduce
hacia
una meta desconocida.
Esta
es una horrible trampa de Satanás.
¡Oh, santos patronos! ¡Oh,
santos mártires!
San
Nicolás, San Adalberto,
San
Corentin, San Valentín,
San
Nicolás, San Babylas,
San
Adalbert, San Rigoberto,
San
Godefroy, ¡protejedme!
¡Oh,
santos patronos, auxiliadme!
HOEL
¡Ven!
¡Sigue mis pasos y habla en voz baja!
El
sonido del cencerro nos conduce
a través de la oscura
noche.
Aún resuena muy lejos.
Es
el momento de que muy cautamente
cruzaremos
el tenebroso bosque.
(Hoël
arrastra Corentin hacia el bosque. Dinorah
desaparece entre las
rocas, mientras un rayo de luz
de luna ilumina
a la cabra en lo alto de la colina)
ACTO II
Escena 1
(Noche. Un
bosque de abedules a la luz de la luna.
Los
leñadores y aldeanos llegan de la taberna)
LEÑADORES, ALDEANOS
¡Es bueno, es bueno el vino
de
ese buen hombre: Yvon!
¡Mañana
es el día del perdón!
¡Din,
din, don!
Mañana
las campanas sonarán festivas,
démosle
descanso a nuestras hachas.
Escena 2
(Un
joven pastor de cabras entra)
PASTOR
DE CABRAS
Decidme, ¿habéis visto a Dinorah?
¡Ay, ella me elude! ¿Quién la traerá de regreso?
Día
y noche se entristece su corazón:
pobre
muchacha, ¡ella está absolutamente loca!
El
sastre Petronik, a quien ella rechazó,
le
dijo, por despecho,
que su prometido Hoël nunca
volverá;
y
que le es infiel.
¡La
pobre muchacha llora,
en vano, llamándolo!
Desde
entonces, al caer la noche,
saliendo del pueblo,
vaga por las colinas y
bosques
con el corazón sumido
en un profundo tormento.
Pero, ¡ay! la desafortunada muchacha,
abandonada
por el cielo,
busca en vano a su
amado.
¡Ah, pobre Dinorah!
ALDEANOS
¡Ay, pobre Dinorah!
PASTOR
DE CABRAS
¡Dulce
niña, pobre alma simple!
¡Ten
cuidado, ten cuidado,
que el
diablo te acecha!
Promesa
frívola,
embriaguez
un día,
¡ay! la razón se pierde
cuando
nos enamoramos.
ALDEANOS
La
razón se pierde
cuando
nos enamoramos.
PASTOR
DE CABRAS
Pensad
en la infeliz Dinorah,
ora
triste y soñadora,
ora
feliz y chispeante,
cantando
para sí misma;
siempre
esperando por él;
con
el corazón fiel,
su
dulce voz lo llama;
pero
su cruel amante
se ha ido para
siempre lejos, muy lejos.
¡Pastora
tímida,
pobre
alma inocente,
ten
cuidado, ten cuidado,
y
huye del amor pérfido!
La
serpiente a menudo acecha
entre
las flores,
cuanto
más dulce es el éxtasis,
más
pronto llegan las lágrimas.
ALDEANOS
El
placer del amor
atrae
al llanto,
cuanto
más dulce es el éxtasis,
más
pronto llegan las lágrimas.
(Salen,
llamando a Dinorah.)
Escena 3
(Dinorah
entra, corriendo)
DINORAH
¡Aquí
estoy! ¡Aquí estoy!
Hoël
debe esperarme aquí.
¡Pero
no!... ¡No veo a nadie!
¡La
noche me rodea!
¡Se
fueron!... ¡Me abandonaron!
¡Ay! ¿De dónde vienen las lágrimas
que
caen de mis ojos?
¿Qué
dolor se despierta
en
mi corazón ansioso?
El
viejo mago de la montaña
me
dijo mirando mi mano:
"Pobre
flor de la Bretaña,
el
viento te quebrará mañana!"
El
reyezuelo (ave) suspira suavemente
oculto
en la hierba a lo largo del camino;
y
su canto parece decirme:
¡Adiós
al amor! ¡Adiós al matrimonio!
¡No
más amor! No más matrimonio!
La
noche es fría y oscura.
¡Ah!
Qué triste es vagar sola en la oscuridad!
¡Oh
alegría! ¡Por fin hay luz en el cielo!
(Un
rayo de luna arroja una
sombra a sus pies.)
¡Aquí
estás otra vez,
querida e ingrata amiga!
¡Buenos
días! Creo que te gustaría aprender
algunas
canciones de amor
y
unirte así al baile de los aldeanos.
¿Vas
a cantar en nuestra boda?
¡Vamos, presta atención!
Date
prisa y aprende
el
baile y el canto.
(ella
baila.)
¡Sombra ágil que sigues mis pasos,
no
me dejes! ¡No! ¡No! ¡No!
¡Hada
o quimera, tan querida para mí,
no
me dejes! ¡No! ¡No! ¡No!
¡Corramos juntas!
¡Tiemblo
de miedo
cuando
me abandonas!
En
cada amanecer te encuentro de nuevo.
¡Ah, quédate junto a mí y baila mi canción!
Te sonrío para seducirte
y siento
ganas de cantar.
¡Acércate,
ven, respóndeme!
¡Canta conmigo! ¡Escucha atentamente!
¡Ah, respóndeme! ¡Ah, así, bien!
Sombra
ágil, etc.
(Se
arrodilla y habla con la sombra.)
¿Sabías
que Hoël me ama,
y
que hoy mismo
Dios
va a bendecir nuestro amor
para
siempre? ¿Sabías eso?
(Una
nube pasa, la sombra desaparece.)
¡Pero
estás huyendo! ¿Por qué me dejas?
¿Cuando
te pido que permanezcas
por
qué me estás abandonando?
¡Estoy
rodeada por la oscuridad,
estoy
sola! ¡Ay de mí!
(mira
a su alrededor con terror.)
¡Ah!
¡Vuelve, ente amable!
(La
luna vuelve a aparecer y con ella su
sombra.)
¡Ya
estás de vuelta!... ¡Ah, sombra traviesa!
¿Acaso huías de mí?
Sombra
ágil, etc.
(Después
de bailar con su sombra, sale
corriendo.)
Escena 4
(Un desierto junto al mar. Aquí y allá,
grandes
menhires neolíticos. En
el fondo, un barranco
con un árbol caído que
forma un puente. Más
lejos, una gran laguna, rodeada de cañas. La
noche es oscura, iluminada por ocasionales
destellos
de relámpagos. Los
truenos retumban
a distancia)
HOEL
¡Ven
aquí!
CORENTIN
¡Ya llego!
HOEL
Este
es el profundo barranco.
CORENTIN
¡No
me atrevo a avanzar ni un paso más!
¡Dios, el cielo está cubierto!
HOEL
¡En
el Día del Perdón del año pasado,
también tenía el cielo el mismo color!
CORENTIN
¡Ah! ¡Y ahora llueve!
HOEL
¡Qué!
¿El agua también te causa espanto?
CORENTIN
Pero ¿y si el puente se llegara a romper?
(Una campana se escucha a lo
lejos)
HOEL
¡Escucha!
CORENTIN
¡Las
once!
HOEL
A media noche veremos brillar
una cruz en el camino... ¡Debemos
seguirla!
CORENTIN
¡Yo
te espero aquí!
HOEL
(tratando
de arrastrarlo)
¡Ven
conmigo, cobarde!
¡Debes ayudarme a buscar
el
sendero en el fondo del barranco!
CORENTIN
¡De eso nada, yo me quedo aquí!
No
tengo ninguna prisa.
HOEL
¡Ah, alma infame!
¡Ten,
coge esta rama,
es
un seguro talismán!
Escena 5
(Hoël sale)
CORENTIN
¡Oh, es hermoso ser un hombre de coraje!
No
me atrevo a seguirlo, y eso me enfurece.
Él se dispone a pasar el puente...
¡Oh,
cielos! ¡Lo ha cruzado! ¡Estoy solo!
¡Mi
corazón se congela!
¡Ah!
¡Tengo frío!
¡Ah!
¡Tengo miedo!
Cantaré
para alejar el miedo.
¡Tra,
la, la, la, la!...
(Asustado
al oír el sonido de su propia
voz,
canta en voz más baja.)
Lunes,
martes, miércoles,
jueves,
viernes, sábado,
y
el domingo, también...
La
semana ha terminado.
¡Así, pues, todo el año es lo mismo!...
Uno,
dos, tres, cuatro, cinco, seis...
El
infierno y el paraíso...
Dios Padre y Dios Hijo...
¡Todo
el mundo sigue su destino!
¡La gente muere cuando llega su hora!...
¡Ah!
¡Tengo frío!
¡Ah! ¡Tengo miedo!
¡Mi canción me hiela el corazón!
Escena 6
(Dinorah
desciende de roca en roca hacia donde
está
Corentin, envuelta en una larga capa, con capucha)
CORENTIN
¡Gran
Dios! ¡Alguien viene allí! ¿Quién es?
¿Y
el hechizo mágico?
¡Lo he olvidado!
"Cuando
canta el gallo! y ¡La cruz centellea!"
Sí,
"el gallo canta
y
la cruz brilla..."
¡Ah, me muero!...
(cae
al suelo... Dinorah
se acerca.)
DINORAH
¿Eres
tú?
CORENTIN
¡No!... ¡Me muero!
DINORAH
El
cencerro sonaba... pero no veía a nadie...
Llamé desde
el umbral de la capilla...
¡Ay, peo fue en vano!
CORENTIN
¿Quién? ¿Quién eres? ¡Responde!
¿Quién eres tú?...
DINORAH
¡Soy
la mujer que él ama!
¡Silencio!
En el bosque,
el
pájaro tiembla
ante
el menor ruido, y vuela.
Y al
igual que él,
mi felicidad vuela
y huye.
CORENTIN
(riendo)
¡Es
la loca!
DINORAH
¿La
loca?
CORENTIN
¡Miedo
estúpido!
Recobro
el habla... ¡Es la loca!
DINORAH
¡Escucha!
CORENTIN
¿Qué?
DINORAH
¡Allí,
en el barranco!
Ha debido ser una
piedra que ha rodado...
CORENTIN
¡El
tesoro!
DINORAH
¿El
tesoro?
CORENTIN
¿Él
toma mi oro!
DINORAH
"¡Destino
oscuro! ¡Alma condenada!
La
desgracia recae sobre todo aquel que lo busque!"
CORENTIN
¡Eso
ya lo he oído antes!
DINORAH
"¡Destino
oscuro! ¡Alma condenada!
El
primero que toque el tesoro,
morirá al cabo de un año!"
CORENTIN
¿Eh?
¿Qué estás diciendo?
¿Es
una advertencia del cielo?
Sí,
es la misma canción
llena
de amenazas y misterio,
que
una vez, acunándome,
me
cantó mi abuela.
"El
primero que toque el tesoro...
DINORAH
... morirá al cabo de un año!"
(Poco
a poco se aleja y
desaparece detrás
de las rocas.)
CORENTIN
¡Ese
traidor, que me ha seducido,
me
quería llevar a la muerte!
HOEL
(a lo lejos)
¡Corentin!
CORENTIN
¡Sí,
mi señor!
HOEL
(entrando)
¡Es
la hora!
Prepárate
para buscar el tesoro.
CORENTIN
(Para sí)
¡Lo
dejaré hablar y tal vez se traicione!
Escena 7
HOEL
¡Cuando
suene la hora,
al
fondo del negro barranco
uno
de nosotros descenderá! ¡Sí!
CORENTIN
(irónicamente)
¡Uno
de nosotros descenderá!
HOEL
¡Y con
un golpe de la varita mágica,
pondrá
a los malvados duendes en fuga!...
CORENTIN
¡A
los duendes en fuga!...
HOEL
¡De
repente, sobre la piedra maldita,
una
cruz en llamas aparecerá ante sus ojos,
y
tocada por su mano la piedra caerá!...
CORENTIN
¡Y
tocada por su mano la piedra caerá!...
HOEL
¡Debajo
de la tierra avara,
sus
ojos deslumbrados
descubrirán
el tesoro oculto!...
CORENTIN
¡Descubrirán
el tesoro oculto!...
HOEL
Se
apoderará de él y lo traerá!
CORENTIN
¡Se
apoderará de él y lo traerá!
HOEL, CORENTIN
¡Al amparo de la tormenta, sin demora,
fuera
de la vista de todos, nos repartiremos el tesoro!...
Y
cada uno tendrá su parte.
CORENTIN
¡Así
sea! ¡Que Dios nos ayude!
Pero...
una cosa más...
HOEL
¡Qué quieres ahora?
CORENTIN
Cuando
llegue el momento,
al
fondo del negro barranco
¿quién
de nosotros dos descenderá?
HOEL
Te
cedo, de buen corazón, ese honor.
CORENTIN
¡Muy
bien! ¡Te lo agradezco!
Pero,
¿quién de nosotros
debe
tocar primero el tesoro?
HOEL
¡Tú! ¡También te condeso eso!
CORENTIN
¿Quién? ¿Yo? ¿Ocupar tu lugar?
¡De ninguna manera! ¡No voy a hacerlo!
HOEL
¿Y
por qué no, si yo te lo ofrezco?
CORENTIN
¡Hay que tener tanto valor como
tú!
¡Ese honor te corresponde!
HOEL
Pero
dime, ¿que te detiene?
CORENTIN
Tal
honor te pertenece.
HOEL
¿A
mí?
CORENTIN
¡A
ti!
HOEL
(aparte)
¡Es
un traidor, maldita sea!
Ha
descubierto mi ardid.
¡Que
maldita sospecha
lo
conduce a la verdad?
Sospecha
la trampa.
Todo
estará perdido, si él se niega,
¡Querido
tesoro, adiós!
CORENTIN
(aparte)
¡Lo
sabía, gracias a Dios!
¡Adiviné
su juego;
la
vieja canción
me
permitió descubrir el ardid!
Descubrí
la trampa,
su
mirada confusa
vale
tanto como una confesión...
HOEL
Tienes
que hacerlo, tienes que obedecerme.
Demonio
tembloroso, pájaro de mal agüero.
¡Vamos!
CORENTIN
Temo
una desgracia. ¡Adiós, me voy!
¡Creo
que moriré si te obedezco!
HOEL
¿De
dónde sacas ese extraño pensamiento?
CORENTIN
¿Quieres que me muera?
HOEL
¿Cómo?
CORENTIN
¿No dijiste que ese tesoro
estaba maldito?
HOEL
Sí, ¿y qué?
CORENTIN
Creo recordar que que
el primero que lo toque,
desafiando al destino,
se condenaba a muerte.
HOEL
¡Qué tonto! ¿Te crees en esa vieja historia?...
CORENTIN
¿Que si me la creo? ¡Lo creo perfectamente!
¡Sé
tú el primero!
HOEL
¡Te
seguiré!
CORENTIN
¡Te aseguro que no!
HOEL
¡Después
de ti!
CORENTIN
¡Después
de ti!
HOEL
¡Es
un traidor, maldita sea!...
CORENTIN
¡Lo
sabía gracias a Dios!...
HOEL
¿Tiemblas?
¡Qué me importa!
Tomarás el tesoro en primer lugar,
¡Así
lo quiero!
CORENTIN
¡Después
de ti!
HOEL
Yo
no puedo.
Este
anillo que llevo está bendecido...
CORENTIN
¿Un
anillo bendecido? ¡Yo tengo dos!
HOEL
(lo
empuja con fuerza)
¡Obedece,
o teme mi ira!
CORENTIN
(Defendiéndose)
¡Quietas
las manos!
Corentin
tiene mucho miedo a la muerte,
pero
para defender su vida
¡está
lleno de coraje,
está tranquilo, es fuerte!
DINORAH
(a
la distancia)
"El
primero que toque el tesoro
morirá al cabo de un año."
HOEL
¿Quién
habla?
CORENTIN
¡Llega
más que oportuna para salvarme!
¡La loca, dejémosla, no la
perturbemos!
Para
que ella toque primero el tesoro,
cedámosle el paso.
HOEL
¿Una mujer? ¡Eso es una cobardía!
CORENTIN
¡Ah, eso sí que es bueno!
Para
ti que vales menos que ella...
¿No en
verdad?
(suena
la hora)
¿Oyes?
HOEL
¡Medianoche!
CORENTIN
¿Qué
te detiene?
HOEL
Esa
mujer... o ese espectro.
CORENTIN
¡Recuerda
el tesoro!
Escena 8
(Dinorah
entra en escena. Hoël se hace a un lado. Corentin
se acerca a Dinorah, que se sienta en una
roca, arreglando un ramo de flores silvestres)
CORENTIN
¡Calla,
no digas ni una palabra!
HOEL
¡Pobre
víctima! ¡Déjala!
CORENTIN
¡Hola, hermosa! ¡Escúchanos!
DINORAH
¿Quién
me llama? ¿Qué quieres?
CORENTIN
¡Ven!
¡No temas!
Tengo unas joyas hermosas que te van a gustar.
Vas
a estar más que satisfecha.
DINORAH
¿Joyas...
para mí? ¿Qué estás diciendo?
Yo
le gusto más así, tal como soy.
CORENTIN
¿A
quién? ¿A él?
DINORAH
¡A mi
querido esposo!...
CORENTIN
¡Ja, ja, ja! ¡Sí, comprendo!
DINORAH
Estoy
esperando aquí a mi amor.
¡Los alegres
gorriones,
hoy volverán a cantar su canción de amor!
¡Y
felices volarán por el aire!
¡Tenemos
la tierra, pero el cielo es de ellos!
CORENTIN
¡Escucha!
¡Dime! ¿Me entiendes?
Fíjate
bien en este lugar.
(¡Hablo
en vano!) ¡Responde!
¿Quieres
venir y buscar el tesoro?
DINORAH
¡Sí!
HOEL
¿Esa voz? Es la de la desafortunada muchacha
que
abandoné hace un tiempo.
¡Pero
no! Tonik me lo advirtió:
"Si
crees que ves a tu padre muriendo..."
CORENTIN
(a
Dinorah)
¡Habla!
HOEL
"Si
tu madre te llama de luto llorando..."
CORENTIN
¿Me
escuchas?
HOEL
"Si
tu amada finalmente pasa suspirando..."
CORENTIN
(Para sí)
¡Hablo en vano!
HOEL
"Mentira
infernal, hechizo engañoso,
loco
error, sueño vano
que
huye en la noche."
(un
trueno retumba en la distancia.)
CORENTIN
¡Escucha! Bajarás a ese barranco,
sola.
Uno de esos bloques de
piedra brillará ante tus ojos.
HOEL
(Impaciente)
¿Y
bien?...
CORENTIN
¡Silencio!
¡Aléjate!
(a
Dinorah)
Fácilmente
y sin esfuerzo
tu
mano lo empujará.
¡Allí
verás un tesoro!...
¡Un
tesoro que debe ser tomado!
HOEL
(en
voz baja)
¿Qué
dice?
CORENTIN
¡Silencio! ¡Déjanos!
Oro
y perlas serán tuyos,
y los
diamantes que tú elijas.
¿Lo harás? ¡Habla!
DINORAH
(distraída)
El
pájaro en el bosque
canta
su canción alegre.
¡El
suave sonido de su canto
llena
el bosque y los cielos!
HOEL
¿Esa voz?... ¡Pero no!
¡Es Satanás que
quiere reírse de mí!
¡Voz
del infierno, cállate! ¡Desaparece!
DINORAH
En
el espacio él levanta vuelo;
pasa,
huye rozando el suelo.
¡Libre,
feliz, siempre cantando!...
(tristemente)
Yo lloro. ¡Adiós, hermosos días!
¡Amores
míos perdidos!
¡Tormentos,
¡ay! de un corazón herido!
CORENTIN
(Él
sostiene la varita mágica y,
moviéndola,
hace con ella un conjuro)
¡Cuando
el día penetre la oscuridad,
dejarás
este lugar!
¡En
el fondo de ese barranco oscuro
el
tesoro brilla ante tus ojos!
¡Oro
y perlas a tu elección...
(aparte)
¡Es sorda a mi voz!
(a
Dinorah)
¡Podrás
tomar con tus manos!...
(aparte)
¡La
oportunidad se ha perdido!...
HOEL
¡Desapareced,
sombras vanas!
Elfos
que custodiáis estos lugares,
¡Ocultaos
a todas las miradas
en
el fondo de las oscuras cavernas!
Al
filo de la medianoche,
el
gallo canta... ¡la cruz brilla!...
¡Para
mí tu rico tesoro!
¡Oh
Satanás, para mí tu oro!
(la
tormenta se desata violentamente.)
¡Escucha!
¡He aquí la tormenta!
¡Siento
que mi valor decae!
¡Sólamente
escucho el sonido
de
la voz de los elementos!
CORENTIN
¡Ah!
¡Dios mió! ¡He aquí la tormenta!
¡Siento
que mi valor decae!
¡Quédate
con tu oro!
Muchísimas
gracias.
¡Lo
daría todo por estar lejos de aquí!
DINORAH
¡Qué
alegría! ¡Aquí está la tormenta!
Ella
nos canta una canción terrible.
¡Ay
del amante infiel
que
traiciona su juramento!
(Un
relámpago ilumina la escena. La
cabra
aparece en el fondo, saltando
de roca en roca.
Cruza
el puente y desaparece.)
HOEL
¿Qué
he visto? ¡La cabra! ¡Sí, es ella!
DINORAH
¡Mi
Bellah! ... ¡Allí estás!
¡Todavía
me eres fiel!
¡Mi
pequeña, mi querida,
ven
a mí, Bellah!
¡Y así mi boda llegará pronto!
(Ella
corre hacia el puente,
dejando
caer su collar al alejarse.)
CORENTIN
¡Esto
se acabó! ¡Estoy muerto!
¡Esto
es un infierno!
¡Tomo
el camino de regreso a mi casa!
¡Hasta
mañana! ¡El tesoro es todo tuyo!
HOEL
¡Es
la cabra!
¡Ella
nos mostrará el camino!
¡Vamos!
¡Sigamos
su rastro en el barranco!
(recoge
el collar)
¡Ah!
¡Gran Dios! ¡Su collar! ¡Dinorah!
(a
Corentin)
¡Desciende!
¡Ah! ¡Va, sigue sus pasos!
(Estalla un rayo. Se rompen los diques.
Las
aguas del río, que crecen por la lluvia,
se
precipitan caudalosas
por
el barranco. El
puente se sumerge bajo los pies de Dinorah
que lanza un grito y se hunde en
el abismo.
Hoël se precipita tras ella
para rescatarla.)
¡Dinorah!
¡Ay de ti!
ACTO III
(Por
la mañana)
Escena 1
(Un
entorno rural. Amanece. Un
cazador aparece entre las rocas)
CAZADOR
¡A
la caza, atento cazador!
¡La
presa pasa, sigue su rastro
hasta
lo profundo del bosque!
¡Los
compañeros responden a la llamada,
cada
uno está en su puesto!
El
sol ya surgió;
la
lluvia lavó los cielos y la llanura.
¡El
viento suave del verano
despejó
rápidamente la niebla!
¡Prados
y bosques,
todo
parece a la vez
renacer
a la vida! ¡Con las armas preparadas,
recorramos
los bosques!
¡La
caza es buena después de la lluvia!
(se marcha. Un segador entra
con
su guadaña al hombro.)
SEGADOR
¡El
trigo está listo para la siega;
el
sol lo secará pronto!
¡He
aquí que el cielo resplandece!
¡La
era ya está dispuesta para la trilla!
¡Ya
mezclé la arena y la cal!
Yo,
con esta antigua piedra,
afilo la hoja de mi guadaña.
(afila
su guadaña.)
¡Dejemos
que las muchachas con sus hoces,
segando,
terminen la labor!
¡Cuando
el trabajo esté hecho lo celebraremos!
¡Cantaremos tras la cosecha!
(Se marcha. Los pastores bajan
de
la colina, tocando sus gaitas.)
PASTORES
DE CABRAS
Bajo
los enebros,
refugio
de las cabras,
nuestros animales compiten,
con multitud de liebres,
por
el pasto perfumado
por
la lluvia y el tomillo...
A
la sombra del matorral
donde
las abejas recolectan el néctar,
compongo
una canción
para
mi amada novia Yvonette.
(el
cazador y el segador regresan.)
CAZADOR
¡Buen
día segador!
SEGADOR
¡Buen
día, Jeannick!
PASTORES
DE CABRAS
¡Buen
día, amigos!
CAZADOR
¿Ya
levantado segador?
SEGADOR
¡Mi
tarea está iniciada!...
PASTORES
DE CABRAS
Nuestras
cabras están pastando.
CAZADOR
¡Y
yo estoy cazando
desde
ayer a la noche!
SEGADOR
¡Ah, qué noche!
CAZADOR
¡Me
dijeron que un trueno
destruyó
el viejo puente
que
conduce al valle maldito!
SEGADOR
Hemos
escuchado en la noche
un
grito de alarma...
NIÑA
PASTORA DE CABRAS
¡Yo
dormí hasta la mañana
como
bajo un hechizo!
SEGADOR
La
tormenta finalmente se calmó.
Gracias
al cielo, llegó el día.
CAZADOR
Al fin nos encontramos todos
aquí,
sanos y salvos.
¡Ya ha salido el sol!
TODOS
¡Y
llegó el buen tiempo!
CAZADOR
¡Que
nuestros corazones estén unidos
en
una misma plegaria!
TODOS
Mi
Dios, Padre nuestro,
que
reinas en el cielo
como
lo haces en la tierra,
concédenos
ver,
en
el vasto firmamento,
una
señal radiante
de
tu clemencia.
¡Que
resplandezca sobre los prados floridos
el
arco iris con sus mil colores!
(se
persignan, luego todos se
marchan por
caminos separados.)
Escena 2
(Corentin
entra corriendo. Sin
aliento,
y
descansa sobre una roca)
CORENTIN
¡Las
fuerzas me abandonan!
¡Todo
danza y gira a mi alrededor!
¡Qué
tormenta horrible!
¡Ah, al diablo con el tesoro!
La
loca... la tormenta... el rayo...
El
puente reducido a polvo.
¡Que
Dios me absuelva!
¡Todavía
estoy vivo!
HOEL
(a
la distancia)
¡Corentin!
¡Corentin!
CORENTIN
¿Quién
me llama?
Escena 3
(Hoël
entra trayendo a Dinorah, inconsciente,
en
sus brazos y la deposita sobre la hierba)
CORENTIN
¿Qué
veo? ¿Esto es un sueño?
HOEL
¡Es
ella!
¡Su
caída fue detenida
por
una rama, la tomé en mis brazos
y la traje hasta aquí!
Sus
ojos están cerrados...
Está inconsciente...
¡Ah!
¿Debo perderla otra vez?
¡Renace
a la vida!
¡Es
Dinorah, mi dulce novia!
La
vuelvo a ver inmóvil, helada.
¡Maldita
tormenta!
CORENTIN
En
el pueblo, tal vez...
HOEL
¡Sí,
corre, vuela!...
CORENTIN
Dios
misericordioso: ¡No dejes que ella muera,
cuando
la hora del perdón está por sonar!
(sale
corriendo.)
HOEL
En
este mismo sitio, hace justo un año,
la
tormenta se desató sobre nuestras cabezas.
Ella,
temblando, se apoyó desfallecida
sobre
mi corazón.
Y
ahora... ¡está muerta!
¡No!
¡Debes volver a vivir!
Escena 4
(Hoël,
a solas con Dinorah)
HOEL
¡Ah!
¡Mi remordimiento es tu venganza,
por
mi esrtúpido abandono!
¡Abre
los ojos, mi pobre ángel!
¡Te
imploro perdón!
¡En
un momento de locura
rompí
mis promesas!
¡Pero
si mueres, muero también yo!
¡Vuelve
a la vida, Dinorah,
o moriré a tus pies!
¡Dinorah!
¡Vuelve a la vida!
¡Riquezas
engañosas,
tormento
de mis días!
¡Vanos
sueños y fantasías,
yo
renuncio a ellas para siempre!
¡Y
a ti, te lo imploro!
¡Escúchenme!
¡Ah!
¡Habla! ¡Habla otra vez!
¡Vuelve
a la vida, o moriré a tus pies!
¡Dinorah!
¡Regresa!
(mira
con ansiedad a Dinorah que
poco a
poco va abriendo los ojos.)
¡Gran
Dios! ¡Su rostro se anima y toma color!
¡Respira! ¡Sus ojos se abren!
Pero,
¿por qué no me mira!
¡Ah!
¡nueva tortura!
Mi
corazón ahora lo recuerda:
¡Ella
está loca, no es ella misma!
DINORAH
¡Hoël!...
HOEL
¡Me habla!
DINORAH
(como
en un sueño)
¡Escucha!...
¿Están
cantando para nosotros?
La
Iglesia nos espera...
HOEL
¡Mi
querida alma!
DINORAH
Pero
mi velo de novia... ¿dónde
está?
Tú desvías la mirada...
¡Tiemblo!
¡Ah! ¡Qué noche terrible!
¡Sueño
horrible, horroroso!
HOEL
(aparte)
¡Un
sueño! ¡Oh Dios, inspírame!
¡Todavía
queda una esperanza, buen Dios!...
Que
crea que todo fue un sueño
que
desapareció con la noche.
(a
Dinorah)
¡Sí,
tú lo has dicho,
un sueño que
aterró tu mente!
DINORAH
¿Un
sueño? ¿Dónde estamos?
¿Dónde
me has traído?
HOEL
(sonriendo)
¡Mira!...
¡Mira este lugar!
¡Este
lugar donde tu amante fiel
hace
poco te hablaba de amor!
DINORAH
(tratando
de recordar)
Hace
poco me hablaba de amor...
HOEL
¡Y
aquí está la capilla gótica,
asilo
santo, piadosa morada!
DINORAH
¡Santa
asilo, piadosa morada!
HOEL, DINORAH
Habíamos
venido justamente ayer,
a
implorar la asistencia del cielo.
DINORAH
¿Qué?... ¿Esta mañana? ¿Nosotros dos?
DINORAH, HOEL
¡Lo
ves / Sí lo veo, el valle con su arroyo
donde
pasta plácidamente nuestro rebaño!
DINORAH
¡Pero
fue por la noche,
y
ahora el sol brilla!
HOEL
¡La
tormenta estalló furiosa sobre nosotros,
y
tú, débil y asustada,
dejaste
caer tu velo
¡y te arrojaste a mis brazos!
DINORAH
¡Sí!
HOEL
La
tormenta... por fin hizo una tregua en su furor.
DINORAH
¡Oh,
Dios mío! Entonces ¿todo ha sido un sueño?
HOËL
¡Sí!
¡Ha sido un sueño!
DINORAH
(asombrada)
¿Qué?
¿Ha sido un sueño? ¡Ah, qué alegría!
Pero ¿que has dicho?... ¿La tormenta?...
¡Ah, el cielo se cubre
de
un reflejo sanguíneo!...
¡Las
llamas devoraban
la
casa de mi padre!
HOEL
Mira allí bajo, a la sombra del
nogal,
una
pared blanca que
bajo un techo de paja
recoge la luz del
horizonte...
¡Esa es tu casa!
El sol la acaricia con rayos rojizos.
DINORAH
¿Mi
casa?...
HOEL
¡Sí,
tu casa!
¡Mírala bien!
DINORAH
¡Oh,
Dios mío, entonces fue un sueño!
¡Sí,
me siento renacer a la vida!
¡El
sueño ha pasado y ya lo entiendo todo!
¡Sí,
lo recuerdo,
y
vuelvo a nacer!
¡Esa
es la capilla por donde tú venías!
HOEL
¿Recuerdas
estos lugares?
¡Dame
la mano!
DINORAH, HOEL
¡En
estas riberas floridas, en estos prados
y
frescos valles, nos buscamos mutuamente!
¡Es
a mí / a ti a quien amo / amas!
¡Dicha
suprema!
¡Eres
mío / Soy tuyo!
DINORAH
Pero, recuerdo que mis amigos,
al
igual que los tuyos,
estaban
a nuestro alrededor.
HOEL
(aparte)
¡Oh,
cielos!
DINORAH
El
Perdón... las canciones festivas
como
un sonido confuso
todavía
resuenan en mi cabeza...
HOEL
¡Ay!
DINORAH
¡No
las escucho!
Ellos
decían: "Santa María..."
(se
escucha a los aldeanos cantar
a lo lejos.
Dinorah se incorpora con
alegría,
extasiada al escucharlos)
ALDEANOS
¡Santa
María!
Nuestra
Señora los zarzales.
¡Dígnate
escuchar nuestras súplicas!
¡Te
traemos como ofrendas
las sencillas guirnaldas
de
nuestros corazones devotos!
DINORAH
¡Virgen
Santa!
¡Bendita
seas, Reina de los Cielos!
¡Oh, Señora, tierna y buena,
escucha esas dulces canciones!
Escena 5
(Dinorah
se arrodilla en oración; Corentin
aparece
en el fondo. Hoël
corre y le susurra al oído. Entra
la
procesión. Dinorah
corre al encuentro de sus amigos)
DINORAH
¡Yvonne!
¡Margarita! ¡Ana!
¡Ah, amigos míos! ¿Sois
realmente vosotros?
ALDEANOS
¿Por
qué esa mirada de duda?
DINORAH
La
campana...
ALDEANOS
Ella
nos llama. ¡Es el Ángelus!
¡El
día de tu felicidad ha llegado!
¡Antes
de esta noche, Hoël será tu esposo!
DINORAH
¿Mi
esposo? ¡Ah, querido Hoël!
¡Soñé
que no me amabas!
ALDEANOS
¡Fue un sueño!
DINORAH
(a
Hoël)
¡Un
sueño!
Sin
embargo, bajo un dosel de flores,
marchábamos
juntos...
La
multitud de fieles peregrinos nos seguía...
Y
como ellos,
yo llevaba una
palma bendita...
(La
procesión, encabezada por los gaiteros,
sigue
su marcha. Los peregrinos siguen detrás de la Santa
Cruz. Por
último, aparece un dosel llevado por cuatro
muchachas. Una
muchacha se aproxima a Dinorah y
le da una palma bendita. Otra
le coloca un velo de
novia sobre la cabeza
y un ramo de flores en
la mano)
HOEL
¡Mira! ¡Un dosel de flores inundado de luz!
Ha llegado el bendito mes de mayo.
¡Y
la Santa Cruz!
Agradezcamos
al Dios protector
que
disipó un falso sueño,
que se haya dignado extender su
mano.
(todos
se arrodillan.)
¡Alabado
sea el Señor!
¡Para todos nosotros, paz y felicidad!
CORENTIN
(a
Hoël)
¿Y
el tesoro?...
HOEL
¡Perdido!... Pero su corazón
vale
más que todos los tesoros del mundo!
(La
procesión continúa. Hoël y Dinorah
permanecen
de pie, bajo el dosel de flores.
Los
aldeanos de rodillas, rezan. Hoël
y
Dinorah ascienden la colina
en
dirección a la
capilla.
Un
rayo de sol ilumina todo el escenario)
Digitalizado
y traducido por:
José
Luis Roviaro 2016
|