ACTE
I
(Chez
Madame de la Haltière. Vaste
chambre;
à
droite grande cheminée
avec son âtre. Rideau.)
Scène
Première
SERVANTES,
SERVITEURS
On
appelle!
On sonne!
On
carillonne! On y va!
... on y
va! on y va!
Voilà!
voilà!
Que de
scènes! que de cris!
Ah! nous
sommes ahuris!
On y va!
on y va! on y va! on y va!
O mon
cher!
O ma
chère!
C'est une
mégère,
Que cette
femme là!
O mon
cher!
O ma
chère!
C'est une
mégère,
Que cette
femme là!
(subitement
interdits)
Monsieur!
(Pandolfe
vient d'entrer)
PANDOLFE
(avec
résignation)
Continuez.
Ce n'est
que moi...
Pourquoi
Vous taisez-vous?
Pas
besoin de prudence.
Ne soyez
pas ainsi troublés
par ma
présence,
Et dites,
que se passe-t'il?
SERVANTES,
SERVITEURS
(Tous,
avec assurance)
Monsieur,
chacun proclame
Que
Monsieur est gentil, très gentil,
très
gentil!
(avec
un geste désespéré)
Mais
c'est Madame!
(Ils
font tous, ensemble, quatre pas majestueux,
sur
les
signes indiqués.
Tous, avec un cri rauque, suivi
d'un
grand
mouvement mélodramatique)
Ah!
Madame!
PANDOLFE
(voulant
paraître sévère)
Hein!
qu'est-ce à dire?
(à
part)
Au fond,
ils ont raison!
(aux
domestiques)
Allez!
allez! allez! on vous réclame!
SERVANTES,
SERVITEURS
(avec
empressement)
Monsieur
est si gentil!
Monsieur
est si gentil!
PANDOLFE
(les
congédiant)
C'est
bon! c'est bon, c'est bon, oui,
(impatienté)
c'est
bon!
(Les
domestiques s'éloignent avec
force salutations.)
... oui,
(de
même)
c'est
bon!
SERVANTES,
SERVITEURS
(au
moment de franchir la porte, ils
se
retournent,
tous ensemble, brusquement)
Mais
Madame! ah! Madame!
Scène
Seconde
PANDOLFE
Du côté
de la barbe est la toute puissance...
Oui, je
devrais le faire voir,
Et savoir
obtenir de ma femme un peu
d'obéissance.
Hélas!
vouloir n'est pas pouvoir!
Pourquoi,
grands Dieux, veuf et tranquille,
Vivant
chez moi, loin de la ville,
Exempt de
soucis et d'émoi,
Près de
ma fillette adorable,
Ai-je
quitté ma ferme
(sans
respirer)
et mes
grands bois!
(avec
amertume et reproche)
Pourquoi?
Pourquoi? Pourquoi?
Pour m'en
aller tenter le diable,
En étant
le mari
Remari,
très marri
D'une
comtesse fière et d'humeur
redoutable
Qui
m'apportait en dot,
(très
expressif)
non!
c'est épouvantable... Deux belles filles,
(avec
effroi)
deux!
Hélas!
mon sort est lamentable,
(avec
trouble, comme en secret)
A les
chérir je suis condamné par la loi!
condamné
par la loi!
Plaignez-moi!
ombre de Philémon!
(s'apitoyant
beaucoup)
plaignez-moi!
Encore,
si j'étais seul à gémir, mais non,
Pour toi
c'est l'abandon, ô ma fillette!
Ah! que
je souffre, en te voyant, Lucette,
Sans
affiquets, ni collerette...
Te cacher
pour venir me donner un baiser,
Sans un
regard... pour m'accuser.
Quand au
logis seulette
Je te
laissé pendant le bal!
En te
voyant ainsi, ah! que je souffre!
O ma
Lucette!
(expressif,
des larmes dans la voix)
que je
souffre!
Que
veux-tu, je sens que c'est mal,
Mais, si
ma femme gronde et rage,
Je
tremble et je ne peux résister
à
l'orage!
(avec
agitation et nervosité)
Ce sera
peut-être pénible,
(en
secret d'abord, puis, en dehors ensuite)
Il faudra
bien qu'un jour, enfin, chez moi...
Il faudra
bien que je finisse par être maître!
Un jour,
enfin, chez moi,
je
finirai par être maître!
Un jour,
enfin, chez moi,
Enfin, je
finirai par être maître!
(avec
emportement)
Enfin je
serai maître!
Enfin je
serai maître!
Maître!
Maître! Maître!
LES
DOMESTIQUES
Madame!
PANDOLFE
(changeant
de ton et avec épouvante)
Ma femme!
hélas! partons!
Vouloir
n'est pas pouvoir!
(Il
s'enfuit. Entrée de Mme. de la
Haltière
et de ses deux filles.)
Scène
Troisième
MME DE
LA HALTIÈRE
(à
ses filles avec emphase)
Faites-vous
très belles, ce soir,
J'ai bon
espoir.
NOÉMIE,
DOROTHÉE
Pourquoi,
Maman?
MME DE
LA HALTIÈRE
Peut-on
jamais savoir!
NOÉMIE,
DOROTHÉE
ous
voudrions savoir...
quel est
votre espoir.
MME DE
LA HALTIÈRE
(avec
ampleur)
Faites-vous
très belles, ce soir.
(légèrement
et vivement)
J'ai bon
spoir.
(à
part)
Non, cela
n'aurait rien qui me puisse surprendre...
NOÉMIE,
DOROTHÉE
(à
part, écoutant)
Quoi
donc?
MME DE
LA HALTIÈRE
(continuant,
à elle-même)
Car c'est
plus d'une fois
Que l'on
a vu des Rois...
NOÉMIE,
DOROTHÉE
(à
leur mère)
Quoi
donc, Maman?
NOÉMIE
Plus d'un
fois...
DOROTHÉE
Plus d'un
fois...
NOÉMIE,
DOROTHÉE
...
qu'est-ce donc qu'ils ont fait... les Rois?
MME DE
LA HALTIÈRE
(gravement)
A tout
nous devons nous attendre.
NOÉMIE,
DOROTHÉE
Nous
attendre à tout?
Mais
pourquoi?
MADAME
DE LA HALTIÊRE
(en
accentuant toutes les syllabes)
Parce
qu'on va ce soir vous présenter au
Roi!
NOÉMIE,
DOROTHÉE
(avec
joie)
Ah! quel
bonheur!
Nous
allons voir le Roi! le Roi! le Roi!
(frappant
des mains avec gaîté)
…le
Roi! le Roi! le Roi! le Roi!
MME DE
LA HALTIÈRE
Il vous
remarquera, j'espère.
NOÉMIE,
DOROTHÉE
(à
leur mère)
Alors,
qu'est-ce qu'il faudra faire?
MME DE
LA HALTIÈRE
(avec
ampleur)
Il faudra
faire comme moi!
Le bal
est un champ de bataille...
NOÉMIE,
DOROTHÉE
(stupéfaits)
Comment?
Maman!
NOÉMIE
Le bal
est un champ de bataille!
MME DE
LA HALTIÈRE
Le bal
est un champ de bataille!
de
bataille! de bataille!
NOÉMIE,
DOROTHÉE
Le bal
est un champ de bataille!
de
bataille! de bataille!
MME DE
LA HALTIÈRE
(avec
importance)
Tenez-vous
bien,
Ne perdez
rien de votre taille!
NOÉMIE,
DOROTHÉE
Bien!
MME DE
LA HALTIÈRE
Pas de
mouvements trop nerveux...
NOÉMIE,
DOROTHÉE
Non,
Maman!
MME DE
LA HALTIÈRE
A-t-on
bien frisé vos cheveux?
NOÉMIE,
DOROTHÉE
Oui,
Maman!
MME DE
LA HALTIÈRE
(à
part, avec volubilité, comme
en
se parlant à elle-même)
Car je ne
veux
Ni ne
puis me résoudre
A croire
qu'il existe seulement
Dans le
roman,
Evidemment,
oui seulement,
Autrement
que dans le roman,
Le coup
de foudre!
NOÉMIE,
DOROTHÉE
(stupéfiées)
Ah! Le
coup de foudre!
MME DE
LA HALTIÈRE
(à
ses filles, à volonté)
Le coup
de foudre!
Menuet
Prenez un
maintien gracieux
En
arrondissant votre bouche...
Bien!
n'ayez pas l'air trop farouche...
NOÉMIE,
DOROTHÉE
Voilà,
maman!
MME DE
LA HALTIÈRE
Parfait!
(satisfaite)
on ne
peut mieux!
Ne soyez
pas banales!
Ni trop
originales!
NOÉMIE,
DOROTHÉE
(léger
et amusant)
Nous
serons très belles, ce soir!
Nous
serons très belles, ce soir!
MME DE
LA HALTIÈRE
(à
part)
Quel
succès! Quel succès!
NOÉMIE
Quel
succès nous allons avoir
NOÉMIE,
DOROTHÉE
Et
nous croyons déjà savoir!
Quel
est votre espoir!
Mais
nous croyons savoir
votre
espoir
pour
ce soir! pour ce soir!
MME
DE LA HALTIÈRE
Quel
espoir!
quel succès nous allons
avoir!
oui, c'est là mon espoir!
NOÉMIE,
DOROTHÉE
(en
riant)
Ah!
ah! ah! ah! ah! ah! ah!
MME
DE LA HALTIÈRE
Faites-vous
très belle ce soir!...
NOÉMIE,
DOROTHÉE
Nous
serons très belles!
Nous
serons très belles!
MME
DE LA HALTIÈRE
...Ce
soir! Ce soir!
(en
riant)
ah!
ah! ah!
(Des
groupes de servantes et de serviteurs
envahissent la chambre - tous
très affairés.)
LES
DOMESTIQUES
(en
entrant et en criant à tue-tête)
Madame!
Madame! Madame!
Scène Quatrième
LES
DOMESTIQUES
(avec
empressement)
Ce
sont les modistes!
(avec
empressement)
Ce
sont les tailleurs! Ce sont les
coiffeurs!
MME
DE LA HALTIÈRE
(avec
ostentation)
Qu'on
introduise ces artistes!
(Aussitôt
entrés, les modistes, tailleurs et
coiffeurs
s'occupent avec
empressement
de la toilette et de la
coiffure
des trois femmes. Désignant
Dorothée aux
modistes;
aux
habilleuses, avec prétention)
De
sa robe il faut que les plis soient
plus
légers, plus assouplis...
(à
Noémie)
Qu'en
dites-vous?
(l'admirant
avec complaisance)
La
ligne est pure!
LES
DOMESTIQUES
Dorothée!
Ah! ah! quelle tournure!
MME
DE LA HALTIÈRE
(se
retournant d'un bond vers ses filles)
Hein?
(La
toilette s'arrête brusquement dès le
mouvement
de Mme de la Haltière.)
NOÉMIE,
DOROTHÉE
(toutes
deux, à leur mère, avec
stupéfaction)
Quoi?
MME
DE LA HALTIÈRE
(les
interrogeant)
Rien?
NOÉMIE,
DOROTHÉE
(avec
un sourire rassurant)
Rien.
MME
DE LA HALTIÈRE
(stupéfaite
d'abord, elle se rassure et la
toilette
interrompue reprend son cours)
Rien...
(aux
habilleuses)
Très
bien cela.
Cette
coiffure est concordante à
la figure!
NOÉMIE
Cette
coiffure...
DOROTHÉE
...Est
concordante...
NOÉMIE
...à
la figure!
MME
DE LA HALTIÈRE
Très
bien cela.
DOROTHÉE
(s'interrogeant
mutuellement)
Sommes-nous
bien ainsi?
LES
DOMESTIQUES
(entre
eux; secoués par le rire)
Ah!
ah!
NOÉMIE
Oui,
véritablement!
LES
DOMESTIQUES
Ah!
ah!
MME
DE LA HALTIÈRE
Oui,
véritablement Sans compliment!
LES
DOMESTIQUES
Charmant!
Charmant! Charmant!
NOÉMIE
Oui,
c'est charmant!
Sans
compliment!
DOROTHÉE
Oui,
c'est charmant! Sans compliment!
MME
DE LA HALTIÈRE
Oui,
c'est charmant! Sans compliment!
DOROTHÉE
Un
émerveillement!
NOÉMIE
Un
éblouissement!
LES
DOMESTIQUES
Est-elle
fagotée!
Et
Noémie! et Dorothée!
On
en parlera sûrement!
MME
DE LA HALTIÈRE
Un
éblouissement!
NOÉMIE,
DOROTHÉE
Sans
compliment! Sans compliment!
On
en parlera!
NOÉMIE,
DOROTHÉE
MME
DE LA HALTIÈRE
On
en parlera! sûrement!
On
en parlera sûrement! sûrement!
LES
DOMESTIQUES
Sûrement
on en parlera!
Voyez
donc quelle tournure!
(Les
fournisseurs sortent.
Pandolfe
entre en grande toilette.)
PANDOLFE
(avec
satisfaction et embarras)
Félicitez-moi
donc de mon exactitude...
NOÉMIE,
DOROTHÉE
(sèchement)
Oui...
ce n'est pas votre habitude.
MME
DE LA HALTIÈRE
(sèchement)
Vous
êtes toujours en retard.
PANDOLFE
(réplicant)
En
retard?
NOÉMIE,
DOROTHÉE
MME
DE LA HALTIÈRE
(affirmant)
En
retard.
MME
DE LA HALTIÈRE
Enfin...
cette fois par hasard...
NOÉMIE,
DOROTHÉE
(à
Pandolfe)
Ne
sauriez-vous trouver un mot aimable à
dire
(se
montrant, prétentieusement)
En
voyant nos beautés?
PANDOLFE
(préoccupé)
Excusez-moi...
j'admire...
(à
part)
Ne
disons rien, restons tranquille
en
notre coin,
Ne
voulant de près ou de loin
Ajouter
même une parole...
Un
doux espoir me soutenant,
Me
caressant, me consolant...
(très
jovial, en se frottant les mains, toujours
à part)
On
va l'enfermer, elle est folle!
MME
DE LA HALTIÈRE
(à
Pandolfe, brusquement)
En
bien! qu'avez-vous donc?
Vous
restez comme un pieu
Planté
là!
NOÉMIE
(à
Pandolfe, sur le même ton)
Venez
donc!
DOROTHÉE
(de
même)
Et
partons!
MME
DE LA HALTIÈRE
Venez
vite!
PANDOLFE
(avec
embarras)
Tout
de suite! Tout de suite! de suite!
NOÉMIE,
DOROTHÉE
MME
DE LA HALTIÈRE
Venez!
venez! venez! venez!
nous
serons en retard!
PANDOLFE
(à
part, très ému)
Ma
Lucette
(en
larmes)
je
pars! je pars... sans t'avoir dit adieu!
Je
te laisse encor seule,
(très
sensible)
Ô
ma pauvre petite!
Je
pars sans même oser
Te
donner un baiser!
Sans
bercer...
(espressivo
e ben cantabile)
ta
tristesse
d'un
seul mot de tendresse!
NOÉMIE,
DOROTHÉE
MME
DE LA HALTIÈRE
(les
trois femmes revenant et avec décision)
Allons!
Partons!
PANDOLFE
(avec
une pénible obéissance)
Partons!
MME
DE LA HALTIÈRE
(avec
crânerie et entrain)
De
la race,
De
la prestance,
De
l'audace
NOÉMIE,
DOROTHÉE
(de
même)
De
la race,
De
la prestance,
De
l'audace!
PANDOLFE
(avec
ironie, désignant les 3 femmes)
De
la race,
De
la prestance,
De
l'audace!
MME
DE LA HALTIÈRE
(renchérissant)
De
la race,
De
l'élégance,
De
l'audace!
NOÉMIE,
DOROTHÉE, PANDOLFE
De
la race,
De
la l'élégance,
De
l'audace!
NOÉMIE,
DOROTHÉE
MME. DE LA
HALTIÈRE,
PANDOLFE
De
la finesse
Ensorcelante,
Une
souplesse
Un
peu troublante,
Lèvre
mutine
Et
délicate,
Le
mot qui flatte,
Le
mot qui flatte.
Des
yeux de chatte,
Des
yeux de chatte!
Nous
avons tout!
Le
prince est pris s'il a du goût!
(avec
explosion)
Ah!
Le prince est pris s'il a du goût!
Ah!
Nous/Elles avons/ont tout,
oui,
vraiment tout! Ah!
PANDOLFE
(avec
joie, bien à part)
On
va l'enfermer, elle est folle!
MME
DE LA HALTIÈRE
DOROTHÉE,
NOÉMIE
Le
prince est pris s'il a du goût!
PANDOLFE
Mais!
NOÉMIE,
DOROTHÉE
(à
Pandolfe)
Chut!
MME
DE LA HALTIÈRE
(à
Pandolfe, avec impatience, parlé)
Chut!
s'il a
(rapide)
du
goût!
NOÉMIE,
DOROTHÉE
MME. DE LA
HALTIÈRE,
PANDOLFE
Il
est à nous!
Le
prince est pris!
Pour
vous le trône et ses grandeurs!
A
nous! le trône et ses grandeurs!
Partons!
LES
DOMESTIQUES
(entré
eux, en riant)
Voyez!
ah! ah! ah!
comme elle
est
fagotée!
Voyez!
quelles figures! ah! ah! ah!
charmant!
(Sortie
générale)
Scène Cinquième
(Cendrillon parait)
CENDRILLON
(pensive)
Ah! que mes soeurs sont
heureuses!
Pour elles c'est chaque
jour nouveau plaisir...
Elles n'ont pas le temps de
former un désir...
Et le bonheur aussi je
crois les rend plus belles!
(alerte)
Elles vont à la cour... à
la cour!
(en riant)
Ah! ce bal!
(légèrement)
On y viendra de toutes les
provinces...
Entourant le trône royal,
Tous les Seigneurs seront
au moins
marquis ou princes...
Et mes soeurs seront là...
tandis
que moi! je rêve...
Et j'ai tort, oui, j'ai
tort... ces
rêves-là font mal!
Ma besogne est là qu'il
faut
que j'achève...
(simple, dans caractère
de chant populaire)
Reste au foyer, petit
grillon,
Résigne-toi, Cendrille...
Car ce n'est pas pour toi
que brille
Le superbe et joyeux
rayon...
(légère)
Ne vas-tu pas porter envie
au papillon
(très expressif, avec
un triste sourire)
A quoi penses-tu, pauvre
fille?
résigne-toi!
Travaille, Cendrillon!
travaille,
Cendrillon! Cendrillon!
C'est une joie aussi de
faire
son devoir...
Débarrassons la table et
rangeons
ce dressoir...
Je suis décidément
paresseuse
ce soir...
J'ai beau vouloir j'entends
toujours
des bruits de fête...
Dont les échos troublants
bourdonnent
dans ma tête...
(dans le même caractère
mélancolique que
précédemment)
Reste au foyer, petit
grillon,
Résigne-toi, Cendrille!
(léger)
Ne vas-tu pas porter en vie
au papillon
(très expressif, avec
un sourire triste)
A quoi penses-tu, pauvre
fille?
résigne-toi!
(sans retenir)
Travaille, Cendrillon!
travaille,
Cendrillon! Cendrillon!
(résolument)
Voyons, j'ai bien fait tout
ce que j'avais
à faire,
Je puis me reposer,
Comme la nuit est claire!
Les étoiles ont l'air de me
sourire...
aux cieux!
(Elle revient près de
la cheminée.)
C'est étrange... on dirait
que le
sommeil... m'accable...
Je ne suis plus à l'âge...
où le
marchand de sable
(avec lassitude)
Venait si tôt, jadis,
fermer mes yeux...
Dormons... souvent, on est
heureux
Quand on dort
(en s'endormant)
et qu'on fait des songes...
merveilleux!
(en dormant)
Résigne-toi... Cendrille...
Scène Sixième
Le sommeil de Cendrillon
LA FÉE
Ah! douce enfant, ta
plainte légère
comme l'haleine d'une
fleur,
Vient de monter jusqu'à mon
coeur...
Ta marraine te voit et te
protège.
Ah! espère!
LES SIX ESPRITS, LE
CHOEUR
(au loin - invisible)
Espère!
LA FÉE
Sylphes, Lutins, Follets,
accourez
à ma voix.
De tous les horisons, à
travers
les espaces...
(aux Esprits et aux
Follets, avec autorité)
Suivez exactement mes lois,
Apportez-moi tous vos
talents, toutes
vos grâces!
LES SIX ESPRITS
(bien chanté)
Que nous ordonnes-tu?
Que nous ordonnes-tu?
Que nous ordonnes-tu?
Nous écoutons tes lois.
LA FÉE
(bien chanté,
caressant, avec charme)
Je veux que cette enfant
charmante
que voici
Soit aujourd'hui hors de
souci.
Je le veux!
Je le veux!
Et que par vous,
splendidement parée,
Elle connaisse enfin le
bonheur à
son tour.
Je veux qu'aux fêtes de la
Cour
Elle soit la plus belle et
la plus
admirée.
La plus belle, la plus
belle!
Je le veux!
Je le veux!
(caressant)
O, ma petite Cendrillon,
fleur
d'innocence et d'amour,
Sur toi je veille, ô
Cendrillon!
VOIX LOINTAINES
Vision ravissante!
LES SIX ESPRITS
Cendrillon, tu seras la
beauté sans
pareille!
LA FÉE
Ah!
VOIX LOINTAINES
Étonnante merveille!
LES SIX ESPRITS
Cendrillon, tu seras la
beauté sans
pareille!
VOIX LOINTAINES
Merveille!
LA FÉE
Ah!
VOIX LOINTAINES
Cendrillon! Cendrillon!
(Les Follets se
groupent, attentifs, auprès de la Fée.)
LA FÉE
(aux Follets)
Pour en faire un tissu
magiquement
soyeux
(sans respirer)
dont vous composerez sa
robe
Que votre main adroitement
dérobe
aux astres radieux
Enfin, je connaîtrai
La subtile splendeur de
leurs
rayons joyeux!
Au clair de lune empruntez
ses pâleurs.
Empruntez à l'arc-en-ciel
ses harmonies,
Et que pour son bouquet par
vous
soient réunies,
En un philtre d'amour, les
senteurs
les plus douces!
(à un groupe de
Follets)
Et vous, préparez
l'attelage!
(à un Follet)
Toi, tu seras cocher.
UN ESPRIT
(vivement)
Et moi?
LA FÉE
(à l'Esprit)
Tu seras page!
(à l'autres Follets)
Et vous serez les
postillons!
LES SIX ESPRITS
(bien chanté)
Tous les petits oiseaux
nous prêteront
leurs ailes,
Les coursiers seront les
insectes frêles,
Les phalènes, les
papillons,
Et les légères
demoiselles.
Habiles artisans,
Fournissez-nous des
pierreries,
Allez en butinant dans les
prairies,
Coccinelles et vers
luisants.
LA FÉE
Ah!
LES SIX ESPRITS
Que les moucherons, et les
scarabées
Egalent des rubis les purs
scintillements.
Aux larmes de la nuit
donnez l'éclat
de diamants.
Et pour éclairer son
chemin,
Vous cacherez des lucioles
...
LA FÉE
Les moucherons, les
scarabées,
Egalent les scintillements!
Eclairez son chemin avec
des lucioles.
LES SIX ESPRITS
...Au fond des tulipiers et
du jasmin.
LA FÉE
Tous est donc prêt.
(à Cendrillon, toujours
endormie)
Eveille-toi, petite!
LES SIX ESPRITS
(à Cendrillon)
C'est ta marraine qui
t'invite.
LA FÉE, LES SIX
ESPRITS
O Cendrillon! ô fleur
d'amour!
On t'attend au bal de la
Cour!
Tes voeux sont exaucés.
Tes voeux sont exaucés.
Éveille-toi!
Éveille-toi! petite!
Éveille-toi!
CENDRILLON
(en rêvant)
Enfin...
Je connaîtrai le bonheur à
mon tour...
On ne va pas au bal... à la
Cour,
en guenille...
(s'éveillant)
Que vois-je? ah! je!
suis-je folle?
(avec stupeur et joie
en se
voyant superbement
parée)
Est-ce de l'or qui brille?
A la place de mon
haillon...
Cette robe splendide!
(riant aux éclats)
Ah! ah! ah! ah!
(vivement, gentiment)
Je ne suis plus Cendrillon
Ni Lucette
Je suis princesse,
(léger et vif, avec
volubilité)
je suis reine! je suis
reine! reine!
reine! Ah!
(sans respirer)
merci! merci!
Bonne marraine!
LA FÉE
(à Cendrillon)
Écoute bien.
Quand sonnera minuit,
Ici, je veux que tu sois
revenue.
Donc, par quelque plaisir
que tu sois
retenue,
Du bal tu partiras sans
bruit.
LA FÉE, LES SIX
ESPRITS
Quand sonnera minuit.
CENDRILLON
(franchement)
Je serai revenue...
LA FÉE, LES SIX
ESPRITS
Souviens-toi bien.
CENDRILLON
...A l'heure convenue
LA FÉE, LES SIX
ESPRITS
Partez, partez, madame la
princesse
Partez, le cour content le
front joyeux!
CENDRILLON
(sur le point de
partir, s'arrête et
avec un découragement
soudain)
Mais, hélas! c'en est fait
déjà de
mes bonheurs...
LA FÉE
Que dis-tu?
CENDRILLON
Ma mère et mes soeurs
Sont à ce bal...
Je serai reconnue. Et...
LA FÉE
Et calme tes vaines
frayeurs.
Cette pantoufle, mignonne,
Que je te donne
Est un talisman précieux
Qui rendra ma Lucette
inconnue
à leur yeux.
(gaiement)
En route maintenant.
Le temps presse!
LA FÉE, LES SIX
ESPRITS
Partez, partez, partez
madame
la princesse!
LA FÉE
Voici ton carrosse,
princesse!
CENDRILLON
(avec une joie naïve)
Qu'il est joli! qu'il est
petit!
LA FÉE
Tous les Esprit, Lutins,
Follets, seront
à tes ordres!
CENDRILLON
Je ris! je ris!
(avec une joie
débordante)
Ne fût-ce qu'une fois,
qu'une heure
dans ma vie!
CENDRILLON, FÉE,
SIX ESPRITS
Moi/Toi qui ne connaissais
encore
que les mépris
Des plus belles j'aurai
pu/tu pourras
mériter l'envie!
LA FÉE, LE SIX
ESPRITS
Va!
CENDRILLON
(avec ivresse)
Je ris! je ris! je ris! je
ris! je pleure
et je ris! Je ris!
LA FÉE, LES SIX
ESPRITS
Partez, partez, partez,
madame
la princesse!
(à Cendrillon, à part,
à voix basse, en chuchotant)
Mais à minuit, sois de
retour, de retour
en ces lieux.
Mais à minuit, sois de
retour en ces lieux.
CENDRILLON
Mais à minuit, je serai là
en ces lieux.
(riant aux éclats, ou
bien avec La Fée)
Ah!
(toutes comme un cri)
ah!
ACTE
II
(Chez
le Roi. La
salle des fêtes, et les jardins
du
palais.
Le tout brillamment illuminé.)
Scène
Première
(Le
Prince Charmant, dans une attitude pensive.
Après de lui: trois joueurs d'instruments
- le 1er
joue du luth,
le
2d de la viole d'amour, le
3e de la
flûte en cristal.
Concert
discret, calme et mystérieux.
Le
Surintendant des Plaisirs et un petit groupe
de
courtisans se sont avancés
et
s'inclinent
obséquieusement devant
le
Prince.)
LE
SURITENDANT DES
PLAISIRS
(au
Prince Charmant)
Que
les doux pensers viennent éclore
souriants
sur vos lèvres!
COURTIERS
(deux
ténors et deux barytons, de
même)
Sur
vos lèvres.
LE
SURITENDANT DES PLAISIRS
Fuyez
les chagrins décevants,
laissez
la tristesse et ses fièvres!
COURTIERS
...
et ses fièvres!
LE
SURITENDANT DES PLAISIRS
Noble
prince, Répondez!
COURTIERS
Répondez!
(Silence
du Prince. Le
concert recommence.)
LE
SURITENDANT DES PLAISIRS
(ébahi)
Non!
COURTIERS
(ébahi)
Non!
(entr'eux)
Il
ne nous répond rien.
LE
SURITENDANT DES PLAISIRS
(aux
Courtisans)
Messieurs,
je crois qu'on nous évince.
LE
SURITENDANT DES PLAISIRS
LES
COURTIERS
Aucun
moyen
De
prolonger cet entretien.
(Ils
s'éloignent fort désappointés. Le
Doyen de la
Faculté et quelques
Docteurs
arrivent à leur tour
et
se
préparent à adresser quelques paroles
au
Prince. Profonds saluts
du
Doyen et des Docteurs.)
LE
DOYEN
(très
fort, aigre, avec une voix nasale
très
accentuée, perdant la mémoire)
Par
Hippocrate et... et...
UN
GROUPE DE DOCTEURS
(trois
basses, à voix basse, au Doyen)
...
docta lex...
LE
DOYEN
(même
physionnomie)
...
docta lex...
UN
GROUPE DE DOCTEURS
(même
jeu)
Volumus...
LE
DOYEN
Hein?
UN
GROUPE DE DOCTEURS
...
volumus...
LE
DOYEN
...
volumus vox aus... aus...
UN
GROUPE DE DOCTEURS
...
auscultare...
LE
DOYEN
...
auscultare,
Chère
Altesse, atque drogare
Suivant
les règles du Codex,
Noble
prince,
Ecoutez.
UN
GROUPE DE DOCTEURS
(au
Prince)
Ecoutez!
(Devant
le silence obstiné du Prince, ils
se regardent
ahuris. Les Courtisans
répondent
à leur attitude.)
LE
DOYEN
(ahuri)
Non.
UN
GROUPE DE DOCTEURS
(entr'eux,
ahuris)
Non.
LE
SURITENDANT
(aux
Docteurs)
Il
n'écoutera rien.
LES
COURTISANS
Il
n'écoutera rien.
LE
DOYEN, DOCTEURS
(aux
Courtisans)
Rien?
LE
SURITENDANT
LES
COURTISANS
Rien.
(Vient
un groupe de Ministres.)
LE
1er MINISTRE
(au
Prince)
Aux
termes d'un décret Royal
Il
faut vous amuser au Bal.
TOUS
Noble
Prince, consentez.
(Ils
doivent le même accueil.)
LES
MINISTRES
(désappointé)
Non.
LES
DOCTEURS, LE SURITENDANT
LES
COURTISANS
(tous:
de même)
Non.
TOUS
Il
ne consent à rien.
LE
DOYEN
(au
Prince, très en dehors)
Volumus
vos aus... aus...
TOUS
(coupant
la parole au Doyen,
brusquement,
et presque parlé)
Non!
(au
Doyen, avec humeur, affirmant)
Il
ne consent à rien!
LE
DOYEN
(l'air
ahuri: à ses confrères)
... à
rien...
TOUS
(au
Doyen, accentuant l'affirmation,
comme
s'ils s'adressaient à un sourd)
...
à rien!
(les
groupes s'éparpillent dans
le fond.
Ils
disparaissent)
Pauvre
prince!
LE
DOYEN
(avec
un profond sentiment de pitié)
Pauvre
prince!
(Il s'éloigne)
Scène
Deuxième
LE
PRINCE CHARMANT
(seul,
avec lassitude)
Allez,
laissez-moi seul... seul avec
mes
ennuis...
(avec
un sentiment ému)
Coeur
sans amour, printemps sans roses!
Pour
moi tous les jours sont moroses.
Et
moroses sont toutes les nuits!
(fébrilement)
Pourtant
de doux frissons glissent par
tout
mon être...
Coeur
sans amour, printemps sans roses!
printemps
sans roses!
Si,
me tendant les bras, je la voyais paraître,
Celle
qui veut mon âme,
Enivré,
radieux,
(avec
ardeur)
Je
lui dirais dans mon ivresse
(avec
fièvre)
Je
lui dirais: Je suis à toi.
(ému,
tendrement passionné)
Je
suis à toi.
Prends
ma jeunesse,
De
nous l'amour fera des Dieux!
Je
suis à toi!
Mais
je vis triste, triste et seul,
le coeur
brisé d'ennuis...
Et
moroses sont toutes les nuits!
Mon
coeur est brisé...
Je
suis triste
(avec
des larmes)
et
seul!
(tout
ce récit absolument en mesure)
Ah!
si je la voyais... oubliant la grandeur,
Dédaigneux
des richesses,
Du
trône je prendrais en pitié la splendeur
(très
exalté)
Pour
ne plus rien goûter que nos chères tendresses!
Scène
Troisième
(Entrée
du Roi. Il est suivi de toute la
Cour: Princes, Princesses, Courtisans, Docteurs,
Ministres, etc...)
LE ROI
(au
Prince Charmant avec rondeur
bonne
humeur et bonhomie)
Mon fils il vous
faut m'obéir.
Vous allez voir à
cette fête
Les filles de
Noblesse!
Or, vous devrez
choisir
Celle qui vous
fera le mieux tourner la tête
Et l'épouser...
et l'épouser...
Mon fils, tel est
mon
(lourdement)
bon plaisir.
LA FOULE
(de
bonne humeur)
Tel est du Roi, le
bon plaisir!
(joyeux)
Voici les filles
de noblesse!
1re Entrée:
Les Filles de Noblesse
LA FOULE
Choisissez!
Epousez!
Tel est du Roi le
bon plaisir!
Choisissiez!
Epousez!
(joyeux)
Epousez!
2me Entrée:
Les Fiancés
3me Entrée:
Les Mandores
4me Entrée: La
Florentine
5me Entrée: Le
Rigodon du Roi
(Cette
fois, c'est Mme de la Haltière, ses
deux
filles,
Pandolfe, Le Doyen de la
Faculté, Le
Surintendant
des
Plaisirs, et le 1er Ministre.
Tous:
comme à voix basse)
NOÉMIE,
DOROTHÉE
MADAME DE LA
HALTIÈRE
(les
trois femmes entre elles)
Ah! nous sommes en
sa présence!
Par notre superbe
prestance,
Jouons de tous nos
attraits!
C'est l'instant ou
jamais!
C'est l'instant ou
jamais!
Jouons de nos
attraits!
Jouons! C'est
l'instant ou jamais!
PANDOLFE
(à
lui-même)
Ah! nous sommes en
sa présence!
Par notre superbe
prestance,
Jouons de tous nos
attraits!
C'est l'instant ou
jamais!
LE
DOYEN, LE SURINTENDANT
LE
1er MINISTRE
(aux
trois femmes)
Ah! vous êtes en
sa présence!
Par votre superbe
prestance,
Jouez de tous vox
attraits!
C'est l'instant ou
jamais!
PANDOLFE
(très
troublé, à part, pendant la danse)
Que je suis donc
ému!
Sa Majesté... m'a
reconnu!
NOÉMIE,
DOROTHÉE
(effarée,
tout en dansant)
Maman!
PANDOLFE
(très
ému)
Mon auguste
Maître va me parler...
Peut-être!
NOÉMIE,
DOROTHÉE
(lorsque
les couples se croisent;
comme
essoufflées)
Maman! Nous sommes
angoissées!
MADAME DE LA
HALTIÈRE
(à
la dérobée: en passant près d'elles,
tout
en dansant, comme essoufflée)
Ne soyez pas
embarrassées!
DOROTHÉE
(presque
crié)
Maman! je
défaille!
MADAME DE LA
HALTIÈRE
(courant
de l'une de l'autre, effarée)
... ah!
NOÉMIE
(presque
crié)
Maman! je
défaille!
MADAME DE LA
HALTIÈRE
(même
jeu)
... ah! c'est le
moment... le prince vient!
PANDOLFE
(à
part)
Ah! je voudrais
bien m'en aller!
NOÉMIE,
DOROTHÉE
(presque
crié)
Maman!
NOÉMIE,
DOROTHÉE
MME
DE LA HALTIÈRE, PANDOLFE
(tous,
émus jusqu'aux larmes)
Le prince vient...
c'est le moment!
(Cendrillon
va paraître. Le Prince qui semblait
l'attendre la contemple de loin
avec extase; grand étonnement de toute
l'assistance; stupeur et dépit des
dames de la Haltière.)
FOULE,
LE DOYEN, LE ROY
LE
SURINTENDANT
LE
1er MINISTRE PANDOLFE
Voyez! Voyez!
L'adorable
beauté!
Qui la connaît?
NOÉMIE,
DOROTHÉE
MME DE LA
HALTIÈRE
(avec
ironie)
Personne!
PANDOLFE
Rien ne la
trouble...
LE
ROY
Rien ne
l'étonne...
LE
DOYEN, LE SURINTENDANT
LE
1er MINISTRE, PANDOLFE
LE
ROY, LA FOULE
Voyez!
NOÉMIE,
DOROTHÉE
MME DE LA
HALTIÈRE
(toutes
trois: à part, furieuses, avec
ironie)
Le prince paraît
transporté!
(abattues)
Hélas! le prince
est transporté!
LE
DOYEN, LE SURINTENDANT
LE
1er MINISTRE, PANDOLFE
LE
ROY, LA FOULE
(tous:
avec admiration et respect)
Elle est exquise
en vérité!
(avec
admiration)
O la surprenante
aventure!
O la surprenante
aventure!
O la charmante
créature!
La voilà! C'est
bien là...
Notre Reine future
que voilà!
Saluons-la!
NOÉMIE,
DOROTHÉE
MME DE LA
HALTIÈRE
(avec
accablement)
O la décevante
aventure!
O la décevante
aventure!
O la bizarre
créature!
Est-ce là, est-ce
là,
Notre Reine future
que voilà?
Evitons-la!
MADAME DE LA
HALTIÈRE
(avec
rage)
O la décevante
aventure!
PANDOLFE
(avec
stupéfaction)
O la surprenante
aventure!
LE ROI
(avec
stupéfaction)
O la surprenante
aventure!
NOÉMIE,
DOROTHÉE
MME DE LA
HALTIÈRE
O la décevante
aventure!
O la décevante
aventure!
LE
DOYEN, LE SURINTENDANT
LE
1er MINISTRE, PANDOLFE
LE
ROY, LA FOULE
O la surprenante
aventure!
LE
DOYEN, LE SURINTENDANT
LE
1er MINISTRE
(Tous
les trois: avec stupéfaction)
O la surprenante
aventure!
LA FOULE
La voila!
LE
DOYEN, LE SURINTENDANT
LE
1er MINISTRE, PANDOLFE
LE
ROY, LA FOULE
C'est bien là
Notre Reine!
Saluons-la!
NOÉMIE,
DOROTHÉE
MME DE LA
HALTIÈRE
Quoi, c'est là
Notre Reine!
Evitons-la!
LA FOULE
La voila! Notre
Reine!
Saluons-la!
(Le
Prince Charmant s'est rapproché de
Cendrillon.
Le Roi, ravi, fait retirer tout
le
monde
avec discrétion. Mme.
de la Haltière
éloigne
ses filles avec
un geste de pudeur offensée.)
LE
DOYEN, LE SURINTENDANT
LE
1er MINISTRE, PANDOLFE
LE
ROY, LA FOULE
Saluons-la!
Saluons-la!
NOÉMIE,
DOROTHÉE
MME DE LA
HALTIÈRE
Evitons-la!
Evitons-la!
PANDOLFE
(contemplant
Cendrillon, en extase)
O la charmante
créature!
Scène
Quatrième
LE PRINCE
CHARMANT
(à
Cendrillon, en adoration)
Toi qui m'es
apparue,
O beau rêve
enchanteur, beauté du Ciel venue,
Toi qui m'es
apparue!
Ah!
(suppliant)
par pitié
dis-moi, dis-moi de quel nom te
salue,
O Reine, la
Céleste Cour
Qui, dans le
Paradis, t'invoque avec amour...
Par pitié, dis-le
moi!
Par pitié!
Toi! Toi! qui m'es
apparue!
CENDRILLON
(simplement
et chastement)
Pour vous je serai
l'Inconnue!
LE PRINCE
(en
extase)
Beauté du Ciel
venue,
Qui donc es-tu?
CENDRILLON
(de
même)
Pour vous je serai
l'Inconnue!
LE PRINCE
Qui donc es-tu?
CENDRILLON
(mystérieuse)
L'Inconnue!
LE PRINCE
(répétant
vaguement)
L'Inconnue!
CENDRILLON
Je serai
l'Inconnue!
L'Inconnue!
LE PRINCE
O céleste
Inconnue!
CENDRILLON
(vivement)
Vous l'avez dit,
je suis le rêve et dois
panser
Sans qu'il en
reste trace...
Comme s'efface
Un reflet du
ciel... que l'on voit glisser
Sur l'eau que le
vent ride et pousse...
(sans
retenir)
Et qui bientôt
ira se perdre dans la
mousse...
LE PRINCE
CHARMANT
(avec
fièvre)
Je te perdrais,
moi, je te perdrais?
Non... non...
plutôt le trépas...
Qui que tu sois,
partout,
partout, je veux
suivre tes pas!
CENDRILLON
Non, je vais fuir,
hélas!
Et vous ne me
reverrez pas!
Hélas!
LE PRINCE
CHARMANT
Ah! cette parole
cruelle,
Est-ce bien toi
qui l'as dite?
Comment ta douce
lèvre peut-elle
La prononcer?
Ton oeil candide
la dément...
CENDRILLON
(simple
et tendre)
Vous êtes mon
Prince Charmant!
Et si j'écoutais
mon envie,
Je voudrais
consacrer ma vie
A vous complaire
(sans
presser)
seulement...
Vous êtes mon
Prince Charmant.
Et mon âme
gémit, blessée
(tendre)
Jusqu'à mourir,
mourir à la pensée
(sans
presser)
De vous attrister
seulement...
Vous êtes mon
Prince Charmant.
(tendrement
expressif)
Vous êtes mon
Prince Charmant!
LE PRINCE
CHARMANT
(avec
une tendre passion)
Et! bien... laisse
ta main...
CENDRILLON
(tendrement
et naïvement)
... ma main?
LE PRINCE
CHARMANT
Dans la mienne
pressée...
CENDRILLON
... ainsi?
LE PRINCE
CHARMANT
Oui... car si de
(vibrant)
toi j'étais
abandonné,
Lors, je serais
ton Prince Infortuné...
CENDRILLON
(à
part, comme extasiée par une joie
inconnue)
Sa voix est comme
une harmonie
Qui ravit mon
oreille et tient mon coeur charmé!
LE PRINCE
CHARMANT
Reste! reste!
Prends pitié de
mon coeur!
pitié! pitié de
mon coeur!
CENDRILLON
Sa voix tient mon
coeur, mon coeur charmé!
Oui, du seul
souvenir de cette heure bénie,
Mon esprit
restera... embaumé!
LE PRINCE
CHARMANT
Reste et prends
pitié de mon coeur alarmé!
Eveille en mon
esprit la douceur infinie,
Et le charme
innocent de l'Avril
embaumé pour
toujours... embaumé
Je t'aime et
t'aimerai toujours!
CENDRILLON
(avec
égarement, surprise par
l'heure
qui
sonne, à part)
Ah! je
frissonne! déjà! déjà! l'heure qui
sonne...
LE PRINCE
CHARMANT
Rien ne
m'éloignera de toi...
Qu'importe
l'heure!
(très
pressant)
il la faut
oublier!
Je suis à tes
genoux pour te mieux supplier!
Je t'aime! reste!
CENDRILLON
Mon Dieu!
C'est l'heure!
(anxieuse)
Ah!
(Elle
s'enfuit.)
Minuit!
LE PRINCE
CHARMANT
(avec
saisissement et comme hors de lui)
Suis-je fou?
Suis-je fou?
(avec
désespoir)
Qu'est-elle
devenue?
(On
danse comme si rien ne s'était passé...
et
tout s'aperçoit à travers un
brouillard,
à
lui-même, attendri)
Inconnue!
qu'est-elle devenue?
(avec
douleur)
O céleste
Inconnue!
ACTE
III
Premier
Tableau
(Comme
au premier Acte.)
Scène
Première
(Rideau.
Cendrillon paraît.)
CENDRILLON
(haletante
et inquiète)
Enfin,
je suis ici...
La
maison est déserte...
A
revenir... j'ai réussi...
Sans
être découverte;
Mais
que de peine,
que de peine et
de
souci!
(bien
chanté)
Fuyant
dans la nuit solitaire,
(avec
vivacité)
Par
les terrasses du palais, en courant
J'ai
perdu ma pantoufle de verre!
(avec
chaleur)
Marraine!
Marraine!
Ah!
voudrez-vous me pardonner jamais?
(racontant
avec émotion et animation)
A
l'heure dite je fuyais... je fuyais...
Je
voyais parmi les noires avenues...
Se
dresser des statues...
Quel
effroi! quel effroi!
Si
grandes... si blanches, sous
des
rayons de lune!
Leur
yeux sans regards se fixaient sur moi...
(vivement,
avec effroi)
Elles
me montraient du doigt.
Se
riant de mon infortune. Ah! ah!
(rire
nerveux)
ah!
ah! ah! Ah! ah! ah!
(son
rire finit en sanglots)
Ah!
ah! ah! Ah! ah! ah!
Quel
effroi! quelle effroi!
(changeant
de ton et avec ardeur et
conviction,
comme en une prière très
émue)
Vous
avez dû voir ma détresse,
(suppliante)
Marraine!
Marraine!
(avec
sentiment et émotion)
Pour
tenir ma promesse,
J'ai
fait tout ce que je pouvais!
(reprenant
son récit)
Je
courais...
Dans
les profondeurs du jardin...
Je
m'égarais...
Tout
était sombre...
(comme
essoufflée)
Et
je courais toujours... toujours,
toujours,
toujours!
(presqu'avec
un cri)
puis...
m'arrêtais... soudain...
J'avais
peur... j'avais peur...
(s'empressant
de supplier sa Marraine)
Vous
avez dû voir ma
(avec
ferveur)
détresse!
(suppliante)
Marraine!
Marraine!
(avec
sentiment et émotion)
Pour
tenir ma promesse,
J'ai
fait tout ce que je pouvais!
(reprenant
son récit)
Ah!
j'avais peur! peur de mon ombre...
Et
je courais toujours!
Interrogeant
les horizons,
Craignant
partout des trahisons,
Je
glisse, je glisse le long des maisons
N'osant
pas traverser la place...
(Carillon)
Un
grand bruit éclate et me glace
De
sinistres frissons...
(changeant
de ton et riant de bon coeur et
aux éclats)
Ah!
ah! ah! ah!
(très
gai, en dehors)
C'était
le carillon, le Carillon du Beffroi!
(avec
gaîté et entrain)
Ah!
(bien
chanté)
Réconfortant
mon coeur,
Il
me disait en son langage,
Ah!
(bien
chanté)
Il
me disait: je veille!
(tendrement)
je
veille, je veille.
(avec
ardeur)
Reprends
courage! courage! allons!
courage!
Va!
(découragée,
subitement)
Mais
c'en est fait, hélas!
(regardant
tristement autour d'elle)
du
bal et des splendeurs!
Et
je n'entendrai plus les paroles si tendres
Qui
me berçaient d'espoirs menteurs!
(Machinalement
elle se rapproche de la
cheminee
et montrant le foyer éteint)
Mon
bonheur s'est éteint... il n'en reste...
que
cendres!
Résigne-toi,
Petit grillon, résigne-toi.
(comme
sortant d'un rêve, subitement, avec
frayeur)
Ah!
j'entends revenir mes parents!
et
mes soeurs!
A
tous il faut cacher mes pleurs...
(Elle
se sauve dans sa chambre)
Scène Seconde
(L'entrée de Mme de la Haltière et de
ses deux filles est tumultueuse.
Une grosse discussion est déchaîné.
Pandolfe essaie de se disculper, mais
il est accablé par les trois femmes.)
NOÉMIE, DOROTHÉE
MME DE LA HALTIÈRE
C'est vrai! C'est vrai! C'est vrai!
PANDOLFE
Non! Non! Non!
MME DE LA HALTIÈRE
(à Pandolfe, furibonde)
Vous êtes, je vous le déclare,
Un sot, un faquin, un ignare,
Un portefaix,
(avec volubilité)
Un grand dadais,
Un pauvre Sire,
J'ose le dire...
Vous avez le front de nier
Que cette fille,
Cette guenille,
Cette guenon,
Cette chiffon,
(avec volubilité)
Que vous dirai-je encore,
Rien, Rien, en un mot,
et moins que rien...
et moins que rien...
NOÉMIE, DOROTHÉE
(toutes deux: avec admiration)
Ah! maman! que vous parlez bien!
Ah! maman! que vous parlez bien!
MME DE LA HALTIÈRE
(reprenant ses injures)
... moins que rien! moins que rien!
PANDOLFE
(protestant)
Non! Non! Non!
NOÉMIE, DOROTHÉE
(à Pandolfe, en l'accablant)
C'est vrai! C'est vrai! C'est vrai!
PANDOLFE
Pourquoi tant vous mettre en colère?
MME DE LA HALTIÈRE
(à Pandolfe)
Espérez-vous que, pour vous plaire,
(à tue-tête)
Je vais me taire!
NOÉMIE, DOROTHÉE
Ah! la maudite aventurière!
MME DE LA HALTIÈRE
Aussi, le Prince a fort bien fait
De la chasser, de la belle manière!
NOÉMIE, DOROTHÉE
(avec une joie ironique)
Ah! ah!
C'était si mérité!
C'était si mérité!
PANDOLFE
(timidement, risquant son opinion)
Elle avait l'air très doux...
c'est une qualité...
MME DE LA HALTIÈRE
(le toisant avec mépris)
Fi donc! monsieur.
Je le conteste.
PANDOLFE
(voulant protester, parlé)
Ah!
NOÉMIE, DOROTHÉE,
MME DE LA HALTIÈRE
(les trois femme lui imposant silence)
Oui!
MME DE LA HALTIÈRE
(avec une haute importance, chaque
syllabe très prononcée)
Lors, qu'on a plus de vingt quartiers,
Ainsi que notre arbre l'atteste,
(légèrement)
Lorsqu'on a, sans compter le reste,
Quatre Présidents
(avec emphase)
à mortiers,
Un doge! parmi ses ancêtres,
Et la douzaine d'archiprêtres,
Un Amiral, Un Cardinal,
Six Abbesses et treize nonnes,
(changeant de ton - légèrement et en
badinant)
Deux ou trois Maîtresses de Rois
Qui, toutes deux ou toutes trois,
Portèrent presque des couronnes;
(vivement)
Sans parler des menus fretins, tels que
(légèrement)
princes et capucins,
(avec emphase)
On doit s'avancer dans la foule
Comme un vaisseau fendant la houle
Avec sa gloire pour soutien,
Dédaigneux des bruits de
(avec éclat)
tempête!
C'est un devoir, entendez bien,
Quand on s'est haussé jusqu'au faîte,
De lever les yeux et la tête,
(avec emportement)
En laissant la douceur à tous vos gens
(vivement)
de rien!
NOÉMIE, DOROTHÉE
(avec admiration)
Ah! maman! ah maman! que vous
parlez bien!
PANDOLFE
(d'un ton lamentable et résigné)
J'aimerais mieux l'obscurité
Si j'avais la tranquillité!
CENDRILLON
(qui vient d'entrer, vivement)
Il est donc arrivé quelque chose, mon père?
PANDOLFE
(embarrassé)
Non, rien vraiment, que de fort ordinaire...
MME DE LA HALTIÈRE
(à Pandolfe avec une nouvelle explosion)
Ah! votre calme m'exaspère...
Que faut-il pour vous émouvoir?
NOÉMIE, DOROTHÉE,
MME DE LA HALTIÈRE
(à Cendrillon, avec empressement)
Ecoute-nous, tu vas savoir.
Une intrigante, une inconnue,
Au bal de la cour est venue.
DOROTHÉE
Et cette rien, du tout,
NOÉMIE
Mise sans aucun goût,
MME DE LA HALTIÈRE
Et cette rien du tout
NOÉMIE, DOROTHÉE,
MME DE LA HALTIÈRE
Dans son effronterie...
MME DE LA HALTIÈRE
(se retournant brusquement du côté
de Pandolfe, avec impatience)
Laissez-nous dire, je vous prie!
(reprenant hâtivement leurs racontars
du côté de Cendrillon)
Osa parler au fils du Roi!
Chacun en fut saisi d'effroi...
D'épouvante et d'horreur,
D'épouvante et d'horreur,
D'épouvante et d'horreur, et d'horreur
(vivement et avec surprise)
Ce fut un désarroi!
NOÉMIE, DOROTHÉE,
MME DE LA HALTIÈRE
Tout d'abord,
MME DE LA HALTIÈRE
...un digne silence...
NOÉMIE, DOROTHÉE,
MME DE LA HALTIÈRE
...a condamné...
MME DE LA HALTIÈRE
...cette impudence;
NOÉMIE, DOROTHÉE
...cette impudence!
MME DE LA HALTIÈRE
Mais au bout d'un instant,
NOÉMIE, DOROTHÉE,
MME DE LA HALTIÈRE
On a murmuré tant, Que l'intruse,
bien vite,
A dû prendre la fuite,
Chassée, au beau milieu du bal,
(avec ampleur)
Par notre mépris
(vivement)
général!
PANDOLFE
(essayant de tout calmer - d'un ton
raisonnable)
Ah! vous exagérez... et beaucoup
ce me semble.
NOÉMIE, DOROTHÉE,
MME DE LA HALTIÈRE
(toutes les trois, à Pandolfe,
avec humeur)
Eh! laissez-nous donc en repos;
On ne peut pas placer deux mots!
PANDOLFE
(commençant à s'impatienter)
Si vous criez toutes ensemble,
Je m'en vais... Je m'en vais...
CENDRILLON
(aux trois femmes, timide et anxieuse)
Ah! racontez-moi...
Qu'a dit alors le fils du Roi?
MME DE LA HALTIÈRE
(ironique)
Que l'on ne pouvait s'y m'éprendre...
Que ses yeux un moment... abusés...
voyaient clair...
(sans respirer)
Et que d'ailleurs, rien qu'à son air...
Cette inconnue était drôlesse
bonne à pendre!
NOÉMIE, DOROTHÉE
(joyeusement)
... bonne à pendre!
PANDOLFE
(s'apercevant que Cendrillon
chancelle et est prête à défaillir)
Mais ma fille pâlit...
(à Cendrillon, avec affection et
inquiétude)
qu'as-tu, ma pauvre enfant?
(aux trois femmes, avec autorité)
Assez de vos caquets...
MME DE LA HALTIÈRE
Qu'un homme est énervant!
PANDOLFE
(tout à Cendrillon)
Mon Dieu! la force l'abandonne!
(en larmes)
Mon enfant! mon enfant!
(aux trois femmes, avec force)
Sortez!
MME DE LA HALTIÈRE
(suffoquée, se retournant)
Hein! quoi?
PANDOLFE
Je vous l'ordonne!
Sortez! Sortez!
MME DE LA HALTIÈRE
(à ses filles, hors d'elle-même)
Ah! mes filles! Venez!
c'en est trop!
(à Pandolfe)
Je ne vous connais plus!
NOÉMIE, DOROTHÉE,
MME DE LA HALTIÈRE
(à Pandolfe, toutes les trois en fureur)
Vous êtes un rustaud! un rustaud!
un lourdeau! un rustaud! un lourdeau!
PANDOLFE
Vous, sortez au plus tôt!
allez! allez! allez!
NOÉMIE, DOROTHÉE,
MME DE LA HALTIÈRE
(les trois femme sont en même temps trois
attaques de nerfs, cri aigu et prolongé)
Ah!
PANDOLFE
Vous pouvez trépigner!
NOÉMIE, DOROTHÉE,
MME DE LA HALTIÈRE
(de même, 2e crise plus violente)
Ah!
PANDOLFE
Je vous jette à la porte.
MME DE LA HALTIÈRE
(violemment, à Pandolfe)
Rétractez, insolent!
PANDOLFE
Le diable vous emporte!
NOÉMIE, DOROTHÉE,
MME DE LA HALTIÈRE
(3me crise; cri aigu et prolongé des
trois femmes qui sortent comme des furies)
Ah!
Scène
Troisième
PANDOLFE
(à
Cendrillon)
Ma
pauvre enfant chérie!
Ah!
tu souffres donc bien...
(très
expressif et bien chanté)
Va!
repose ton coeur douloureux
sur
le mien...
Et
laisse-toi bercer dans mes bras,
ma
petite!
(attendri)
Je
t'ai sacrifiée en venant à la Cour.
Mais
tu pardonneras,
(plus
vivement et avec un sourire mêlé
de larmes)
quand
nous rirons un jour
De
mon ambition maudite.
(avec
attendrissement)
Viens,
nous quitterons cette ville
Où
j'ai vu s'envoler ta gaîté d'autrefois,
Et
nous retournerons au fond de nos
grands
bois,
Dans
notre ferme si tranquille...
Là
là! nous serons heureux,
Bien
heureux! Tous les deux.
Le
matin nous irons comme deux
amoureux
Cueillir
le blanc muguet...
CENDRILLON
(gentiment
et naïvement)
...
et liserons bleus,
Tous
les deux!
Dès
que les cloches argentines
S'éveilleront...
PANDOLFE
(continuant
la phrase de Cendrillon,
avec
le même sentiment, presque enfantin)
...
sonnant matines!
CENDRILLON
Matines!
Le
soir nous entendrons du Rossignol
des
nuits le chant si doux et frais...
au
profond des forêts...
PANDOLFE
Viens!...
CENDRILLON,
PANDOLFE
Nous
quitterons cette ville
Où
j'ai vu s'envoler... ta/ma gaîté
d'autrefois...
(avec
sentiment)
Là!
Nous serons heureux!
Bien
heureux!
Tous
les deux! là-bas!
CENDRILLON
(plus
alerte)
Maintenant,
je suis mieux et je me
sens
renaître...
Tu
peux me laisser seule.
PANDOLFE
(affectueusement)
Oui,
si tu veux promettre
De
ne plus être triste
(comme
un tendre reproche)
et
de ne plus pleurer;
(avec
une résolution attendrissante)
Pour
nous sauver d'ici je vais tout
préparer!
Oui...
(en
s'éloignant doucement)
nous
quitterons cette ville...
(Cendrillon
se
jetant dans les bras de son père)
PANDOLFE
(revenant
avec élan vers Cendrillon)
Là!
là! nous serons heureux!
Bien
heureux! Tout les deux!
Scène
Quatrième
(Cendrillon,
seule, regardant encore
par
où son père est parti semble
oppressée,
troublée, indécise)
CENDRILLON
(avec
une résolution subite)
Seule,
je partirai, mon père;
Le
poids de mon chagrin serait trop
lourd
pour toi.
Je
ne veux pas te voir souffrir de ma
misère!
Mais...
je ne peux plus vivre...
Il
a douté de moi...
Lui!
mon doux Maître et mon seul Roi!
Lui
que j'adore! il me renie...
et
me repousse!
Pourtant,
sa voix était bien douce...
Pourtant,
ses yeux étaient bien doux!
(expressif
et tendre)
O
mes rêves d'amour,
mes
rêves d'amour
Hélas!
(sans
retarder)
envolez-vous!
(très
attendrie et simplement)
Adieu,
mes souvenirs de joie... et de souffrance
Qui,
malgré tout, me parliez d'espérance!
(expressif)
Témoins
et compagnons de mon si
court
destin!
Adieu!
adieu, mes tourterelles
Pour
qui chaque matin,
J'allais,
par les venelles,
Cueillir
le vert plantin...
(simple
et triste)
je
ne vous verrai plus!
(allant
à la cheminée)
Ni
toi, ma place familière...
(détachant
la petite branche pendue
à
la cheminée; simple et religieux)
Que
je t'embrasse encor,
tout séché,
tout
jauni...
Relique
d'un beau jour,
humble rameau
béni.
(avec
un sentiment très profond)
Ah!
comme on aime ce que l'on quitte!
(simple
et triste)
Et
toi, le grand fauteuil
Où,
quand j'étais petite,
Je
courais me blottir bien vite...
Frileusement...
Sur
les genoux de ma maman...
(très
attendrie)
De
maman... de maman...
si
bonne et si jolie!
(très
caressant)
Qui
fredonnait en me berçant:
«C'est
l'Angélus,
Dors,
mon petit ange,
Dors
comme Jésus
Dormait
dans la grange.»
(Le
tonnerre gronde, l'éclair brille,
avec
un subit désespoir; à volonté)
Ah!
puisque tout bonheur me fuit,
Montant
par les roches sacrées,
(hardiment)
Sans
crainte j'irai dans la nuit,
Malgré
les revenants et le follet qui luit...
(avec
décision)
J'irai
mourir, mourir sous le chêne des
fées!
(Cendrillon
s'enfuit rapidement)
Deuxième
Tableau
(Chez
la Fée)
Scène
Première
(Un
grand chêne au milieu d'une lande
pleine
de genêts en fleurs.
Au
fond: la mer - nuit claire -
lumière
très bleutée.)
VOIX
DES ESPRITS
(choeur
invisible, bouche fermée, effet lointain,
mystérieux, à obtenir de
l'ensemble
des voix, selon
la nuance
qui
sera choisie par le chef des choeurs.)
LA
VOIX DE LA FÉE
Ah!
ah!
Fugitives
chimères,
O
lueurs éphémères,
Ames
ou follets, ames ou follets,
Glissez!
sur les bruyères,
Flottez
sur les genêts!
VOIX
DES ESPRITS
(sopranos)
Fugitives
chimères, O lueurs passagères,
(2e
sopranos, contraltos, tenors, basses)
Flottez,
Glissez! Glissez!
LA
VOIX DE LA FÉE
Cher
follets, brillez,
Cher
follets, glissez!
VOIX
DES ESPRITS
(sopranos)
Ames
ou follets, ames ou follets!
(2e
sopranos)
Ames,
Ames!
(contraltos,
tenors, basses)
Follets,
Follets!
LA
VOIX DE LA FÉE
Ah!
Ah!
VOIX
DES ESPRITS
(sopranos)
Glissez
sur les bruyères,
Flottez
sur les genêts!
(2e
sopranos, contraltos, tenors, basses)
Glissez,
et
flottez!
LA
VOIX DE LA FÉE
Ah!
Ah! Ah! Glissez! glissez!
Flottez
sur les genêts!
VOIX
DES ESPRITS
(sopranos)
Glissez
sur les bruyères, Flottez!
(2e
sopranos, contraltos, tenors, basses)
Glissez,
et
flottez!
Danse
Silencieuse des goutes de rosée
VOIX
DES ESPRITS
(tenors,
basses)
Ah!
LA
VOIX DE LA FÉE
Flottez!
VOIX
DES ESPRITS
(sopranos,
contraltos, en riant)
Ah,
ah, ah, ah, ah, ah, ah!
VOIX
DES ESPRITS
(tenors,
basses)
Ah!
LA
VOIX DE LA FÉE
Flottez!
VOIX
DES ESPRITS
(sopranos,
contraltos, en riant)
Ah,
ah, ah, ah, ah, ah, ah!
VOIX
DES ESPRITS
(contraltos,
tenors, basses)
Ah!
Ah! Flottez!
Glissez!
Glissez!
Follets,
follets glissez,
Et
flottez! Glissez!
Flottez!
Ah!
(sopranos)
Fugitives
chimères,
O
lueurs passagères,
Ames
ou follets, ames ou follets glissez
sur
les bruyères, flottez! Glissez!
Flottez!
Ah!
LA
VOIX DE LA FÉE
Ah!
Ah!
Ah!
Ah! Ah! Ah!
Flotez
sur les genêts!
Ah!
TROIS
ESPRITS
(1er
Groupe, qui ont accouru)
Mais
là-bas! au fond de la lande obscure,
Par
le chemin on voit venir,
Sur
le doux tapis de verdure,
Une
enfant qui semble gémir...
(2d
Groupe, qui accourent)
Regardez!
au fond de la lande obscure!
LA
FÉE
(dans
les branches du chêne)
Et
de l'autre côté...
Voyez-vous
pas, mes soeurs,
Ce
pauvre garçon tout en pleurs?
LES
2 GROUPES REUNIS
Regardez!
au fond de la lande obscure...
LA
FÉE
Regardez!
LES
2 GROUPES REUNIS
(les
six Esprits: entre eux)
Ce
sont de jolis amoureux...
Comme
ils sont malheureux!
D'ombre
voilées...
Invisibles
pour eux,
Mes
soeurs, écoutons bien leurs
plaintes
désolées.
LA
FÉE
(étendant
le bras avec autorité)
Afin
qu'ils ne puissent se voir,
O
fleurs, obéissez au magique pouvoir!
Entre
le prince et son aimée,
Fermez-vous,
muraille embaumée! Ah!
(La
Fée se retire doucement dans les
branches
et revient invisible)
Scène Seconde
(Cendrillon et le Prince Charmant
arrivent chacun de leur côté.
Ils s'agenouillent sans se voir.
Ils sont séparés par une haie de fleurs.
Et ils adressent leur prière à La Fée.)
CENDRILLON
(simple et fervent)
A deux genoux,
Bonne Marraine, à deux genoux,
J'implore mon pardon de vous,
Si je vous ai fait moindre peine.
A deux genoux, je vous implore à
deux genoux,
Si je vous ai fait moindre peine.
Bonne Marraine!
Je viens à vous!
LE PRINCE CHARMANT
Je viens à vous,
Puissante Reine, je viens à vous,
Et vous demande à deux genoux
De vouloir terminer ma peine.
Je viens à vous, je vous implore à
deux genoux,
Voulez-vous terminer ma peine.
Puissante Reine!
Je viens à vous!
(à La Fée, avec âme)
Vous qui pouvez tout voir
Et tout savoir,
Vous n'ignorez pas ma souffrance...
Vous n'ignorez pas comment,
Pendant un trop court moment,
Du plus divin bonheur j'ai conçu
l'espérance!
(avec chaleur et conviction;
bien chanté, expressif)
Ce bonheur, je l'ai vu de mes yeux!
Ce fut un éclair radieux
Dont mon âme fut traversée...
Dont mon regard fut ébloui.
Hélas!
En un instant, tout s'est évanoui...
Tout! hélas! Tout!
CENDRILLON
(qui a écouté palpitante)
Une pauvre âme en grand émoi
Est là qui prie et désespère...
(très attendri et avec fièvre)
Puisqu'il n'est plus pour moi
Que tristesse et misère,
(encore plus expressif)
Que je souffre en rachat de ce coeur
tant meurtri,
(à La Fée, avec dévouement)
Marraine, frappez-moi, mais que lui
soit guéri!
LE PRINCE CHARMANT
(ayant entendu et tout palpitant)
Pauvre femme inconnue,
Doux ange de bonté
Dont un enchantement me dérobe la vue,
Je te bénis! Je te bénis!
CENDRILLON
(à La Fée, à part)
Pitié! pitié pour lui!
CENDRILLON, PRINCE CHARMANT
(avec ardeur, à la Fée)
Ayez pitié!
Bonne marraine / Puissante
Reineayez pitié!
Je vous implore à deux genoux!
à deux genoux!
LE PRINCE CHARMANT
(à Cendrillon, toujours invisible
pour lui, avec effusion)
Suis-je assez malheureux!
(bien chanté, avec ardeur)
Mais celle que j'aime est si belle
Que tu dirais, voyant ses yeux:
Pas une étoile n'étincelle
Plus pure
(avec élan)
au firmament des cieux!
(avec bravoure)
Asservissant la terre et l'onde,
Pour la revoir et la chérir,
Pour la reconquérir,
Je soumettrai le
(fièrement)
monde! le monde!
CENDRILLON
(palpitante et avec élan)
Vous êtes le Prince Charmant!
LE PRINCE CHARMANT
(plus palpitant encore)
Et toi? toi qui as eu pitié de ma
détresse extrême,
Qui donc es-tu, m'interrogeant?
CENDRILLON
(toute émue)
Je suis Lucette qui vous aime.
LE PRINCE CHARMANT
(avec ivresse)
Ineffable ravissement!
CENDRILLON
Vous êtes mon Prince Charmant!
LE PRINCE CHARMANT
(en adoration)
Tu me l'as dit, ce nom, ce nom que
je voulais connaître,
O Lucette, de ton doux secret
(avec chaleur)
Enfin me voilà maître,
De tes lèvres mon âme a recueilli l'aveu...
PRINCE CHARMANT, CENDRILLON
(très expressif)
Et ta/sa voix me pénètre,
d'une extase suprême... oui,
et ta/sa voix me pénètre
d'une extase suprême!
LE PRINCE CHARMANT
Ta voix me pénètre d'une extase suprême!
Bonne fée... laissez-moi la revoir!
CENDRILLON
suprème! suprème!
Ah! Bonne fée, laissez-moi le revoir!
CENDRILLON
Sa voix me pénètre!
mais l'entendre hélas, c'est trop peu!
CENDRILLON, PRINCE CHARMANT
Laissez-moi le/la revoir!
ah! par pitié!
Bonne fée, laissez-moi le/la revoir!
Laissez-moi le/la revoir!
LE PRINCE CHARMANT
(faisant un serment à haute voix)
A la branche du chêne enchanté
Bonne fée,
Je suspendrai mon coeur...
pur et sanglant trophée!
LA FÉE
(reparaissant dans les branches du chêne)
J'accepte ton serment.
J'exauce ton espoir.
CHOEUR INVISIBLE
(bouche fermée, le chant en dehors)
LE PRINCE CHARMANT
(revoyant Cendrillon, avec un cri de joie)
Ma Lucette! je 't'ai retrouvée!
CENDRILLON
(dans les bras du Prince Charmant)
O mon Prince Charmant!
LE PRINCE CHARMANT
Ma Lucette!
CENDRILLON
(très émue)
C'est bien vous, mon Prince Charmant!
(Les Esprits et les gouttes de Rosée
reparaissent de tous côtés et
s'avancent silencieusement.)
LE PRINCE CHARMANT
(tendrement)
Viens! je t'aime!
Toute ma vie je t'aimerai
fidèlement... fidèlement...
toujours... ah! toujours!
LA FÉE
(dans les branches)
Ah! Ah! aimez! Ah, aimez!
aimez-vous; l'heure est brève
et croyez en un rêve!
CENDRILLON
(tendrement)
Je consacre ma vie à vous aimer
fidèlement... fidèlement...
toujours... ah! toujours!
(Un sommeil magique s'empare de
Cendrillon et du Prince Charmant
et ils s'endorment bercés par
la voix des Esprits.)
LA FÉE, LES SIX ESPRITS
Dormez! Rêvez! Ah!
LES VOIX
(choeur invisible)
Ah!
ACTE
IV
Premier
Tableau
(La
terrasse de Cendrillon)
Scène
Première
PANDOLFE
(affectueusement,
attentif et presque à
voix basse,
pendant que Cendrillon
sommeille;
lentement, parlé)
O
pauvre enfant! depuis que l'on
t'a
ramenée
Des
bords du ruisselet où nous
t'avons
trouvée...
Gisant
près des roseaux, glacée, inanimée...
Voilà
des jours... des mois!
quel
souvenir affreux,
Quelle
angoisse cruelle!
En
te prenant, la mort nous aurait pris
tous
deux...
Mais
la mort n'osa pas en te voyant
si
belle...
CENDRILLON
(s'éveillant;
vaguement)
Je
m'étais rendormie...
(doucement
à son père)
Et
toi, tu restais là...
Me
soignant sans repos...
PANDOLFE
(affectueusement)
Ah!
mon enfant chérie...
Ne
me plains pas. Je suis bien heureux;
(avec
bonne humeur)
Te
voilà vaillante maintenant et
tout
à fait guérie,
(mouvement
de Cendrillon)
Reste
calme...
Il
te faut encore ménager.
CENDRILLON
(l'interrogeant
doucement mais
gentiment
et résolument)
Dis-moi
la vérité.
PANDOLFE
(embarrassé)
Pourquoi
m'interroger?
CENDRILLON
(sérieuse)
J'étais
donc insensée...
PANDOLFE
(gêné)
A
quoi vas-tu songer?
CENDRILLON
Alors,
père, c'était comme si ma pensée
M'avait
tout à coup délaissée?
PANDOLFE
(voulant
la distraire tout en lui avouant
la vérité)
Tu
riais... tu pleurais...
Sans
motif et sans trêve...
Tu
vivais comme dans un rêve...
Comme
au hasard tu murmurais
des
mots confus...
CENDRILLON
(attentive)
Quoi
donc?
PANDOLFE
(expressif)
Pauvre
enfant, tu souffrais!
J'épiais
les moindres paroles...
CENDRILLON
Et
je parlais?
PANDOLFE
(gaîment)
Si
tu parlais!
CENDRILLON
(anxieuse)
Je
parlais...
PANDOLFE
Du
bal de la Cour... oui, vraiment!
(en
se moquant d'elle, mais très gentiment)
Tu
parlais du Prince Charmant,
Du
Prince que tu n'as jamais vu seulement...
Tu
parlais de brillant avenir,
(gaîment)
et
de promesses folles...
(avec
emphase)
D'un
grand chêne enchanté...
(changeant
de ton)
D'un
petit coeur sanglant...
(vivement
et comme se souvenant subitement)
D'une
pantoufle en verre!
(éclatant
de rire)
Ah!
ah! ah! ah! tu voyais des lutins
qui
traînaient ta voiture!
CENDRILLON
(avec
désenchantement)
Quoi!
rien de tout cela ne serait arrivé!
PANDOLFE
(avec
bonhomie)
Rien,
ma chère fillette!
CENDRILLON
(inquiète)
Hélas!
j'ai donc rêvé.
Hélas!
Hélas! j'ai donc rêvé!
PANDOLFE
(de
bonne humeur)
Tu
riais!
CENDRILLON
(étonnée)
Je
pleurais... Sans motif...
PANDOLFE
...
et sans trêve...
CENDRILLON
Je
vivais comme dans un rêve...
PANDOLFE
Comme
dans un rêve,
CENDRILLON
Et
je parlais?
PANDOLFE
et
tu parlais de riche parure,
CENDRILLON
(attentive)
...
d'un petite coeur sanglant...
PANDOLFE
(insistant
avec bonhomie)
...
et surtout du Prince Charmant!
CENDRILLON
(insistant)
...
du Prince?
PANDOLFE
(en
riant)
Que
tu n'as jamais vue seulement!
CENDRILLON
Je
croyais aux lutins...
PANDOLFE
...
qui traînaient ta voiture!
CENDRILLON
Je
croyais aux lutins!
(plus
retenu et expressif)
Rien
de cela n'est arrivé...
PANDOLFE
(la
calmant)
Oui,
tout cela tu l'as rêvé!
CENDRILLON
(plus
expressif)
Rien
de cela n'est arrivé!
PANDOLFE
Oui,
tout cela tu l'as rêvé!
CENDRILLON
Hélas!
j'ai donc rêvé!
Hélas!
hélas! j'ai donc rêvé!
PANDOLFE
Oui,
tout cela tu l'as rêvé! tu l'as rêvé!
CENDRILLON
(simplement)
Mon
papa... j'ai rêvé...
PANDOLFE
Oui!
Tout...
Scène
Deuxième
VOIX
DE JEUNES FILLES
(voix
au loin, dans les coulisses)
Ah!
(avec
fraîcheur et gaîté très rythmé)
Ouvre
ta porte et ta fenêtre,
Ouvre-les,
mais pas à demi...
Ouvre
pour que l'Avril ami
Chez
toi pénètre!
Ouvre
pour que l'Avril ami
Chez
toi pénètre!
(plus
près)
Ouvre
ta porte, c'est l'Avril!
(sous
le balcon de la terrasse)
Ouvre
la porte, c'est l'Avril!
(très
accentuée)
Comment
vas-tu ce matin, Lucette?
CENDRILLON
(du
balcon, à ses amies, joyeusement)
Merci,
je vais bien et m'apprête
Avec
mon père à descendre au jardin.
(heureuse
et comme transfigurée)
Printemps
revient,
Printemps
revient en ses habits de fête!
Allons
cueillir la pâquerette
Et
les muguets au fond du bois...
PANDOLFE
Au
fond du bois.
CENDRILLON
Les
ramures sont en émois!
Printemps
revient!
Printemps
revient!
VOIX
DES JEUNES FILLES
(toujours
au dehors)
Bon
espoir! Bon espoir!
CENDRILLON
Charmés
les yeux! charmés les coeurs!
PANDOLFE
(sans
respirer)
Charmés
les yeux! charmés les coeurs!
CENDRILLON
Les
frelons butinent les roses;
Les
près semblent brodés de fleurs,
brodés
de fleurs.
PANDOLFE
Voici
l'Avril!
Tout
est en fête, voici l'Avril!
CENDRILLON
Les
marjolaines sont écloses!
Printemps
revient
PANDOLFE
C'est
l'Avril joyeux qui revient!
CENDRILLON
(à
ses amies)
Au
revoir!
VOIX
DES JEUNES FILLES
(les
voix devront sembler déjà éloignées)
Ouvre
ta porte et ta fenêtre,
Ouvre-les,
mais pas à demi!
Ouvre
pour que l'Avril ami
Chez
toi pénètre!
(plus
éloignés)
Ouvre
ta porte, c'est l'Avril!
(très
éloignés)
Ouvre
ta porte, c'est l'Avril!
PANDOLFE
(avec
effroi)
Ah!
c'est ma femme qui j'entends...
Pour
éviter cris et gourmandes,
(de
bonne humeur)
Viens!
retrouvons tes camarades!
Profitons
du beau temps...
(il
emmêne doucement Cendrillon)
Tous
tes chagrins sont finis, je l'espère...
CENDRILLON
(en
sortant avec lui)
Comme
vous êtes bon, mon père!
(préoccupé
à part, au moment de
disparaître
avec son père)
Hélas!
j'ai rêvé... j'ai rêvé...
Scène
Troisième
(Entrée
tumultueuse de Mme. de la
Haltière
et d'un groupe de serviteurs.)
MME
DE LA HALTIÈRE
(avec
vivacité)
Avancez!
Reculez!
Apprenez
qu'aujourd'hui
L'ordre
de notre Roi convoque près de
lui
Les
princesses sans nombre,
à son appel
venues
De
régions qui sont ou ne sont pas connues.
Il
en vient du Japon, de l'Espagne et
de Tyr,...
(croyant
avoir remarqué de l'incrédulité, elle
affirme
avec hauteur et comme
n'admettant
pas de réplique)
...
oui, de Tyr,
(continuant
l'énumération)
Des
bords de la Tarmise et du Guadalquivir,
Il
en vient du Cambodje,
Il
en vient, il en vient, il en vient de
Norvège!
Et
tout à l'heure, ici passera
(très
mesuré)
le
cortège!
(changeant
de ton)
Puis...
comme le ciel clair succède à
l'ouragan,
La
source murmurante au fracas du
torrent,
Vous
verrez, vers la fin,
(bien
chanté et soutenu)
s'avancer
noblement,
Comme
une vision idéale et céleste,
Trois
femmes au maintien radieux et
modeste.
(comme
devant la plus suave des apparitions)
Alors
vous entendrez un long frémissement,
Car
le peuple dira:
«Voyez
ces
inconnues...
Pour
le Prince Charmant du ciel bleu
descendues.»
(changeant
de ton)
Sans
penser que ce sont
(avec
un gracieux sourire)
mes
deux filles et moi,
Nous
rendant au palais pour saluer le Roi
(en
extase)
Voyez!
voyez!
(s'exaltant)
c'est
nous, c'est moi; nous saluons
(en
faisant un grande révérence)
le
Roi!
(Tambours
à l'extérieur)
C'est
le héraut du Roi!
(Trompettes
à l'extérieur)
NOÉMIE,
DOROTHÉE, SERVITEURS
C'est
le héraut du Roi!
MME
DE LA HALTIÈRE
(bousculant
ceux qui encombrent)
Eh
bien! s'il vous plaît après moi!
(Cendrillon
entre sans être aperçue des
personnes présentes: elle écoute, anxieuse.)
LA
VOIX DU HÉRAUT
(dans
la rue)
«Bonnes
gens, vous êtes avertis
qu'aujourd'hui
même,
le
Prince va recevoir en personne,
dans
la grande cour du Palais,
les
Princesses qui viennent essayer
la
pantoufle de verre,
perdue
par la femme inconnue dont
le
départ a déchiré la coeur
du
fils du Roi et dont l'absence le fait
mourir
de langueur et de désespoir...
(l'orchestre
continue du suite, après
le
dernier mot du Héraut.)
CENDRILLON
(frappée)
Mon
rêve était donc vrai!
LA
FOULE
(Les
choeurs à l'extérieur)
Hourrah!
Hourrah! le cortège s'avance!
CENDRILLON
(à
part; avec conviction et joie)
Maintenant,
j'en ai l'assurance,
(suffoquée
par l'émotion)
Si
mon ami me revoyait...
Chère
espérance...
A
mon aspect il revivrait...
Je
sais qu'il m'aime!
Il
m'aime!
Il
me l'a dit... il me l'a dit lui-même...
(suppliante,
en larmes)
O
Marraine, venez à mon appel fervent!
Et
laissez-moi revoir mon doux Prince Charmant!
(acclamations
au dehors; rideau)
Deuxième
Tableau
(Chez
le Roy. Le
cour d'honneur - grand soleil)
Marche
des Princesses
LA
FOULE
Salut!
Salut! aux Princesses!
Salut
aux Princesses!
Salut
aux Princesses!
Salut
aux Altesses!
Salut!
Salut!
LE
PRINCE CHARMANT
(d'une
voix faible)
Posez
dans son écrin, sur un coussin de
fleurs,
La
pantoufle d'azur déteinte par mes
pleurs.
(avec
fièvre)
Qu'à
mon regard avide enfin
elle
apparaisse...
La
divine princesse
Qui
croit pouvoir la réclamer.
Je
ne puis vivre encor'... vivre encor'...
que
si je puis l'aimer!
(aux
Princesses, tristement)
Chacune
de vous est bien belle...
Mais
je cherche... je cherche...
et
ce n'est pas elle!
Il
faudra donc que rien n'apaise
ma
douleur...
Il
faudra donc que sans de tendres
baisers
reste ma lèvre...
On
ne m'a pas rendu mon coeur!
(Il
est prêt à s'évanouir)
LA
FOULE
Sur
sa tête pâlie...
Quelle
mélancolie!
Nous
implorons les Cieux!
LE
ROI
(anxieux)
Ses
yeux vont se fermer...
parle-moi,
mon enfant!
mon
enfant!
LA
VOIX DE LA FÉE
(se
fait entendre au loin)
Ah!
ah! Ah! ah!
(La
Foule écoute interdite.)
LA
FOULE
(comme
un murmure)
Enchantement!
merveille!
ah!
voyez
la
beauté sans pareille! voyez!
LE
ROI
Enchantement!
ô merveille! voyez!
ah!
voyez!
LA
FÉE
(au
Prince Charmant)
Prince
Charmant, rouvrez les yeux!
LE
PRINCE CHARMANT
(tremblant,
dans une joie d'extase
et
apercevant Cendrillon)
C'est
elle! c'est ma Lucette!
CENDRILLON
(simplement)
Cendrillon
la pauvrette!
(simple
et tendre)
Vous
êtes mon Prince Charmant...
Laissez-vous
renaître à la vie...
(expressif)
O
mon prince, voilà, mon envie...
(lui
rendant son coeur)
Reprenez-le
ce coeur sanglant...
Vous
êtes mon Prince Charmant!
LE
PRINCE CHARMANT
(avec
tendresse)
Ah!
garde-le chère maîtresse!
LA
FÉE
Avril
pour eux a refleuri!
LE
PRINCE CHARMANT
Avril
a refleuri!
CENDRILLON
Avril
a refleuri!
LE
ROI, LA FOULE
(joyeuse)
Honneur!
Honneur! à votre souveraine!
(Pandolfe
arrive avec Mme. de la Haltière
et ses filles.)
PANDOLFE
(se
précipite vers Cendrillon qui
s'élance
vers son père)
Grands
Dieux! c'est...
MME
DE LA HALTIÈRE
(écarte
vivement son mari et reçoit
dans
ses bras Cendrillon, qu'elle
câline)
Ma
fille!
NOÉMIE,
DOROTHÉE, PANDOLFE
LE
DOYEN, LE SURITENDANT
LE
1ER MINISTRE
Ah!
quel aplomb est le sien!
MME
DE LA HALTIÈRE
(très
exaltée)
Lucette
que j'adore!
PANDOLFE
(au
public - à part)
Ici
tout finit bien!
TOUS
(au
public)
La
pièce est terminée.
On
a fait de son mieux
Pour
vous faire envoler
par les beaux
pays
bleus.

|
ACTO
I
(Casa
de la señora Haltière. Habitación
enorme; a
la
derecha una gran
chimenea con su hogar. Telón.)
Primera Escena
CRIADAS, CRIADOS
¡Llaman!
¡La campanilla!
¡Tocan la campanilla!
¡Ya va!
... ¡Ya va! ¡Ya va!
¡Vaya, vaya!
¡Qué escándalo! ¡Qué
gritos!
¡Ah! ¡Estamos
asombrados!
¡Ya va! ¡Ya va! ¡Ya
va! ¡Ya va!
¡Oh, querido!
¡Oh, querida!
Es una arpía,
¡Qué mujer esta!
¡Oh, querido!
¡Oh, querida!
Es una arpía,
¡qué mujer esta!
(Se
interrumpen bruscamente)
¡Señor!
(Pandolfo
entra)
PANDOLFO
(resignado)
Continúen.
¡Soy yo!...
¿Por qué se callan?
No tengan cuidado.
No se sientan
coaccionados
por mí aparición.
Pero diganme: ¿qué
ocurre?
CRIADAS, CRIADOS
(Con
convicción)
Señor, todos sabemos
que el señor es amable,
muy amable,
muy amable.
(Con
gesto de desesperación)
Pero, ¡se trata de la
señora!
(Dan
pasos aparatosamente
majestuosos
mientras graznan y
gesticulan
de manera muy teatral)
¡Ah, la señora!
PANDOLFO
(intentando
aparentar severidad)
¡Eh! ¿Qué tienen que
decir?
(para
sí)
En el fondo, tienen toda
la razón.
(al
servicio)
¡Vayan, vayan, vayan
donde les llaman!
CRIADAS, CRIADOS
(con
solicitud)
¡El señor es tan
amable!
¡El señor es tan
amable!
PANDOLFO
(despidiéndoles)
¡Bien, bien, bien, de
acuerdo!
(impaciente)
¡Ya está bien!
(Los
domésticos se alejan haciendo
reverencias)
... sí,
(como
antes)
¡Ya está bien!
CRIADAS, CRIADOS
(al
traspasar el umbral de la puerta se
giran
y
exclaman al unísono, bruscamente)
¡Pero la señora! Ah, la
señora!
Segunda Escena
PANDOLFO
Quien lleva los
pantalones debe mandar...
Sí, debería hacérselo
ver
y conseguir de mi
mujer
un poco de obediencia.
¡Desgraciadamente,
querer no es poder!
¡Dios mío! ¿Por qué
yo, viudo y en paz,
viviendo en mi casa,
lejos de la ciudad,
ajeno a preocupaciones y
sobresaltos,
cerca de mi adorable
hijita,
he abandonado mi casa de
campo...
(conteniendo
la respiración)
...y mis bellos bosques?
(con
amargura)
¿Por qué? ¿Por qué?
¿Por qué?
Para tentar al diablo
convirtiéndome en
marido,
re-marido, muy marido
de una condesa
orgullosa
y con un carácter terrible;
cuya dote ha sido,
(vehementemente)
¡no! es horrible... dos
hijas,
(con
un escalofrío)
¡dos!
¡Caray, mi suerte es
terrible!
(Confidencialmente)
¡Estoy condenado por ley
a quererlas!
¡Condenado por ley!
¡Apiádate de mí,
sombra de Filemón!
(Implorante)
¡Apiádate de mí!
Además, si fuera yo el
único perjudicado, pero
no,
¡te he abandonado,
hijita mía!
¡Ah, cómo sufro
viéndote, Lucila,
sin joyas, ni cuello de
encaje!...
Tener que esconderte para
darme un beso.
Sin una mirada... de
reproche
cuando te dejé en casa
durante el baile.
Viéndote así, ¡ah,
cómo sufro!
¡Oh, mi Lucila!
(con
voz llorosa)
¡Cuánto sufro!
¿Qué quieres? Ya sé
que está mal,
pero si mi mujer gruñe y
se enfada,
me pongo a temblar y no
soy capaz
de resistir
la tormenta.
(agitado
y nervioso)
¡Todo esto es muy
lamentable!
(flojo
al inicio, luego fuerte)
Es necesario que algún
día, en esta casa...
¡Es necesario que algún
día ejerza de señor!
¡Un día, en esta casa,
finalmente seré el
señor!
¡Un día, en esta casa,
finalmente seré el
señor!
(vehementemente)
¡Finalmente seré el
señor!
¡Finalmente seré el
señor!
¡El señor! ¡El señor!
¡El señor!
EL SERVICIO
¡Señora!
PANDOLFO
(cambiando
de tono y atemorizado)
¡Mi mujer! ¡Caray! ¡Me
marcho!
¡Querer no es poder!
(Huye.
Entra la señora
Haltière
y sus dos hijas)
Tercera Escena
SRA HALTIÈRE
(a
sus hijas, con énfasis)
Poneos guapas,
esta noche tengo
esperanzas.
NOEMÍ, DOROTEA
¿Por qué, mamá?
SRA HALTIÈRE
¡Nunca se sabe!
NOEMÍ, DOROTEA
Nos gustaría saber...
qué esperanza abrigáis.
SRA HALTIÈRE
(ampulosamente)
¡Poneos guapas, para
esta noche!
(ligera
y vivamente)
Tengo esperanzas
fundadas.
(para
sí)
No, no me sorprendería...
NOEMÍ, DOROTEA
(para
sí)
¿Qué, entonces?
SRA HALTIÈRE
(continuando,
para sí)
Porque más de una vez
se ha visto a reyes...
NOEMÍ, DOROTEA
(a
su madre)
¿Qué, entonces, mamá?
NOEMÍ
Más de una vez...
DOROTEA
Más de una vez...
NOEMÍ, DOROTEA
...¿Qué es lo que han
hecho... los
reyes?
SRA HALTIÈRE
(solemnemente)
¡Debemos estar muy
atentas!
NOEMÍ, DOROTEA
¿Estar atentas?
Pero, ¿por qué?
SRA HALTIÊRE
(acentuando
cada sílaba)
Porque que esta noche os
presentarán al
Rey.
NOEMÍ Y DOROTEA
(gozosamente)
¡Ah! ¡Qué felicidad!
¡Veremos al Rey! ¡Al
Rey! ¡Al Rey!
(frotándose
las manos con alegría)
... ¡Al
Rey! ¡Al Rey! ¡Al Rey! ¡Al Rey!
SRA HALTIÈRE
Él se fijará en
vosotras, espero.
NOEMÍ, DOROTEA
(a
su madre)
Entonces, ¿qué
deberemos hacer?
SRA HALTIÈRE
(con
suficiencia)
¡Haced lo que hago yo!
El baile es un campo de
batalla...
NOEMÍ, DOROTEA
(atónitas)
¿Cómo? ¡Mamá!
NOEMÍ
¡El baile es un
campo de batalla!
SRA HALTIÈRE
¡El baile es un campo de
batalla!
¡De batalla! ¡De
batalla!
NOEMÍ, DOROTEA
¡El baile es un campo de
batalla!
¡De batalla! ¡De
batalla!
SRA HALTIÈRE
(haciendo
énfasis)
¡Comportaos con
corrección,
estad a la altura de las
circunstancias!
NOEMÍ Y DOROTEA
¡De acuerdo!
SRA HALTIÈRE
No hagáis movimientos
nerviosos...
NOEMÍ Y DOROTEA
¡No, mamá!
SRA HALTIÈRE
¿Os han peinado bien?
NOEMÍ, DOROTEA
¡Sí, mamá!
SRA HALTIÈRE
(locuazmente,
hablando
consigo
misma)
Porque no quiero
ni me puedo resignar a
creer
que sólo ocurre
en los cuentos...
Obviamente, sí,
además de en los
cuentos.
¡El flechazo existe!
NOEMÍ, DOROTEA
(atónitas)
¡Ah! ¡El flechazo!
SRA HALTIÈRE
(a
sus hijas)
¡El flechazo!
Minueto
Adoptad un porte
atrayente
con los labios en forma
de "o"...
¡Bien! ¡Evitad un
aspecto desmañado!
NOEMÍ, DOROTEA
¿Así, mamá?
SRA HALTIÈRE
¡Perfecto!
(satisfecha)
¡Mejor, imposible!
¡No seáis ordinarias
ni excesivamente
originales!
NOEMÍ, DOROTEA
(Alegres)
¡Estaremos muy guapas
esta noche!
¡Estaremos muy guapas
esta noche!
SRA HALTIÈRE
(para
sí)
¡Qué éxito! ¡Qué
éxito!
NOEMÍ
¡Qué éxito vamos a
tener!
NOEMÍ, DOROTEA
¡Creemos
conocer
cuál
es tu esperanza!
¡Creemos
conocer
tu
esperanza para
esta noche!
¡Para esta noche!
SRA
HALTIÈRE
¿Mi esperanza?
¡El éxito que vamos a tener!
¡Sí, esa es mi esperanza!
NOEMÍ, DOROTEA
(riendo)
¡Ja,
ja, ja, ja, ja, ja, ja!
SRA
HALTIÈRE
¡Poneos
guapas esta noche!
NOEMÍ
Y DOROTEA
¡Estaremos
muy guapas!
¡Estaremos
muy guapas!
SRA
HALTIÈRE
¡Esta
noche! ¡Esta noche!
(riendo)
¡Ja,
ja, ja!
(Grupos
de sirvientes
invaden la
habitación,
todos
ellos muy atareados.)
SIRVIENTES
(entrando
y a voz en grito)
¡Señora!
¡Señora! ¡Señora!
Cuarta
Escena
SIRVIENTES
(con
diligencia)
¡Han
llegado los sombrereros!
(con
diligencia)
¡Han
llegado los sastres! ¡Y los
peluqueros!
SRA
HALTIÈRE
(con
petulancia)
¡Que
entren los artistas!
(Al
entrar, los sombrereros, sastres y
peluqueros
se ocupan
diligentemente
de acicalar
a
las tres
mujeres.
La Sra. Haltière se dirige a los sombrereros
y modistas,
señalando a Dorotea)
Haced
que los pliegues de su vestido
sean
más sutiles, más suaves...
(a
Noemí)
¿Qué
opinas tú?
(admirándolo
con aceptación)
¡Su
corte es elegante!
SIRVIENTES
¡Dorotea!
¡Ja, ja! ¡Qué figura!
SRA
HALTIÈRE
(dando
un brinco hacia sus hijas)
¿Eh?
(Todos
se detienen instantáneamente
tras
el
sobresalto de la Sra. Haltière.)
NOEMÍ, DOROTEA
(ambas
a su madre, asombradas)
¿Qué?
SRA
HALTIÈRE
(preguntándoles)
¿Nada?
NOEMÍ, DOROTEA
(sonriendo
con seguridad)
Nada.
SRA
HALTIÈRE
(asombrada
al inicio, se asegura que
sus
hijas siguen vistiéndose.)
Nada...
(a
las modistas)
Perfecto.
¡Este
peinado es perfecto para este
talle!
NOEMÍ
¡Este
peinado...
DOROTEA
... es
perfecto...
NOEMÍ
... para
este talle!
SRA
HALTIÈRE
¡Muy
bien!
DOROTEA
(preguntándose
mutuamente)
¿Estamos
bien así?
SIRVIENTES
(entre
ellos; sacudidos por la risa)
¡Ja,
ja!
NOEMÍ
¡Sí,
perfectamente!
SIRVIENTES
¡Ja,
ja!
SRA
HALTIÈRE
¡Sí,
perfectamente, sin duda!
SIRVIENTES
¡Encantadoras!
¡Encantadoras!
NOEMÍ
¡Sí, verdaderamente
es magnífico!
DOROTEA
¡Sí,
es magnífico, desde luego que sí!
SRA
HALTIÈRE
¡Sí, ciertamente que es magnífico!
DOROTEA
¡Una
maravilla!
NOEMÍ
¡Deslumbrante!
SIRVIENTES
¡Qué
mal gusto!
¡Noemí
y Dorotea!
¡Sin
duda, se hablará de ellas!
SRA
HALTIÈRE
¡Deslumbrante!
NOEMÍ, DOROTEA
¡Sin duda! ¡Sin duda!
¡Se
hablará de esto!
NOEMÍ,
DOROTEA
SRA
HALTIÈRE
¡Se
hablará de esto! ¡Seguro!
¡Seguro
que se hablará! ¡Seguro!
SIRVIENTES
¡Seguro
que se hablará!
¡Ved
qué contorno!
(Salen
los modistos. Pandolfo
entra, muy elegante.)
PANDOLFO
(satisfecho,
aunque abochornado)
Felicitadme
por mi puntualidad...
NOEMÍ, DOROTEA
(secamente)
Sí...
no es esta vuestra costumbre.
SRA
HALTIÈRE
(secamente)
Siempre
llegáis tarde.
PANDOLFO
(replicando)
¿Tarde?
NOEMÍ,
DOROTEA
SRA
HALTIÈRE
(asegurando)
Tarde.
SRA
HALTIÈRE
En
fin... quizá hoy por casualidad...
NOEMÍ, DOROTEA
(a
Pandolfo)
¿No
encontráis nada más amable que decir...
(luciéndose,
con pretensión)
viendo
nuestras bellezas?
PANDOLFO
(mostrando
preocupación)
Perdonadme...
admiro...
(para
sí)
No
diré nada, permaneceré callado,
sin
intervenir,
sin
pretender, ni mucho ni poco,
añadir
una palabra...
Una
dulce esperanza me sostiene,
me
acaricia, me consuela...
(muy
alegre, frotándose las manos, siempre
para sí)
¡La
van a encerrar, está loca!
SRA
HALTIÈRE
(a
Pandolfo, bruscamente)
¡Y
bien! ¿Qué os ocurre?
¡Os
habéis quedado clavado
como
una estaca!
NOEMÍ
(a
Pandolfo, en el mismo tono)
¡Venid
de una vez
DOROTEA
(del
mismo modo)
¡Marchémonos!
SRA
HALTIÈRE
¡Venid
ya!
PANDOLFO
(abochornado)
¡Ahora
mismo! ¡Ahora mismo! ¡Ahora!
NOEMÍ,
DOROTEA
SRA
HALTIÈRE
¡Venid! ¡Venid! ¡Venid!
¡Venid!
¡Llegaremos
tarde!
PANDOLFO
(para
sí, emocionado)
¡Mi
Lucilda!
(con
lágrimas en los ojos)
¡Me
voy! ¡Me voy... sin decirte adiós!
¡Te
dejo sola!
(con
mucho sentimiento)
¡Oh,
mi pobre pequeña!
¡Me
marcho sin atreverme siquiera
a
darte un beso!
Sin
calmar...
(expresivo)
tu
tristeza
con
una palabra de ternura!
NOEMÍ,
DOROTEA
SRA
HALTIÈRE
(las
tres mujeres regresan y exclaman
con fuerza)
¡Vamos!
¡Vámonos!
PANDOLFO
(con
penosa obediencia)
¡Vámonos!
SRA
HALTIÈRE
(pavoneándose
alegremente)
¡Clase,
elegancia,
audacia!
NOEMÍ, DOROTEA
(del
mismo modo)
¡Clase,
elegancia,
audacia!
PANDOLFO
(irónicamente,
parodiando a las tres mujeres)
¡Clase,
elegancia,
audacia!
SRA
HALTIÈRE
(encarecidamente)
¡Clase,
elegancia,
audacia!
NOEMÍ,
DOROTEA, PANDOLFO
¡Clase,
elegancia,
audacia!
NOEMÍ,
DOROTEA
SRA HALTIÈRE, PANDOLFO
Finura
hechizante,
soltura
turbadora,
conversación audaz
y
delicada,
la
palabra halagüeña,
la
palabra halagüeña,
ojos
felinos,
ojos
felinos!
¡Lo
tenemos/lo tienen todo!
¡Si
tiene buen gusto, el príncipe caerá!
(con
fuerza)
¡Si
tiene buen gusto, el príncipe caerá!
¡Ah!
¡Lo tenemos/lo tienen todo,
¡Sí,
todo! ¡Ah!
PANDOLFO
(alegremente,
para sí)
¡La
encerrarán, está loca!
SRA
HALTIÈRE
DOROTEA,
NOEMÍ
¡Si
tiene buen gusto el príncipe caerá!
PANDOLFO
Pero...
NOEMÍ, DOROTEA
(a
Pandolfo, que quiere hablar)
¡Shhhh!
SRA
HALTIÈRE
(a
Pandolfo, impaciente, hablado)
¡Shhhh!
¡Si es que
(rápido)
tiene buen
gusto!
NOEMÍ, DOROTEA
SRA HALTIÈRE, PANDOLFO
¡Será
nuestro!
¡El
príncipe caerá!
¡Para
vosotras el trono y sus grandezas!
¡Para
nosotras el trono y sus grandezas!
¡Vámonos!
SIRVIENTES
(entre
ellos, riendo)
¡Ved!
¡Ja, ja, ja, ja!
¡Con qué mal
gusto se han vestido!
¡Ved!
¡Qué fachas! ¡Ja, ja, ja!
¡Unos fantoches!
(Salen
todos)
Quinta Escena
(Sale Cenicienta)
CENICIENTA
(pensativa)
¡Ah, qué felices son mis hermanas!
Para ellas, cada día trae un nuevo placer...
no tienen tiempo de expresar un deseo...
y la felicidad creo que las hace más bellas.
(ágilmente)
¡Van a la corte... a la corte!
(riendo)
¡Ah, el baile!
(dulcemente)
Vendrán de todas las provincias...
En torno al trono real,
los señores serán todos
marqueses o príncipes como mínimo...
Y mis hermanas estarán allí... mientras
que yo. Sueño...
¡Y me equivoco!, me equivoco... estos
sueños no hacen bien.
Yo tengo que acabar
mi trabajo...
(simple, imitando el canto
popular)
Quédate en casa, tierno grillito,
resígnate, Cenicienta...
pues no es para ti para quien destella
el soberbio y alegre rayo...
(con ligereza)
No vas a envidiar a la mariposa
(muy expresiva, sonriendo
tristemente)
¿En qué piensas, pobre pequeña?
¡Resígnate!
¡Trabaja, Cenicienta! ¡trabaja,
Cenicienta! ¡Cenicienta!
Cumplir con el deber es
motivo de alegría...
Quitemos la mesa y ordenemos
este vestidor...
Definitivamente estoy perezosa
esta tarde...
Hubiera preferido oír los
ruidos de fiesta...
cuyos turbadores ecos zumban
en mi cabeza...
(con la misma
melancolía que antes)
¡Quédate en casa, tierno grillito,
resígnate, Cenicienta...
(con ligereza)
No vas a envidiar a la mariposa
(muy expresiva, sonriendo
tristemente)
¿En qué piensas, pobre pequeña?
¡Resígnate!
(sin contenerse)
¡Trabaja, Cenicienta! ¡trabaja,
Cenicienta! ¡Cenicienta!
(con resolución)
Veamos... Ya he hecho todo lo que
tengo que hacer y
puedo ir a descansar.
¡Qué noche más luminosa!
¡Las estrellas parece que me sonríen
desde los cielos!
(se acerca a la chimenea)
Qué raro... diría que el
sueño... se apodera de mí...
Ya no tengo edad... cuando el
vendedor de arena
(con cansancio)
antaño venía tan pronto a cerrar mis ojos...
durmamos... frecuentemente, se es feliz
al dormir
(durmiéndose)
y lo que se hace en los sueños... ¡bello!
(durmiendo)
¡Resígnate... Cenicien...
Sexta Escena
El sueño de Cenicienta
HADA
¡Ah dulce niña!, tu lamento sutil
cual aliento de una flor,
ha llegado a mi corazón...
Tu hada madrina te ve y te protegerá.
¡Ah, espera!
LOS SEIS ESPÍRITUS, EL CORO
(a distancia - invisibles)
¡Espera!
HADA
Sílfides, duendes, geniecillos, acudid
a mi llamada.
De todas partes, atravesando
el espacio...
(a los espíritus y duendes,
autoritariamente)
seguid mis instrucciones exactamente,
traed vuestras habilidades y
vuestros poderes!
LOS SEIS ESPÍRITUS
(melódicamente)
¿Cuáles son tus órdenes?
¿Cuáles son tus órdenes?
¿Cuáles son tus órdenes?
Escuchamos tus instrucciones.
HADA
(melódica, acariciadora, con
encanto)
Deseo que esta niña encantadora
que veis aquí
sea hoy amparada por un sortilegio,
¡Lo deseo!
¡Lo deseo!
y vestida espléndidamente por vosotros,
le sea concedida finalmente
la felicidad.
Deseo que sea la más bella y
admirada entre las que acudan
a las fiestas de la corte.
¡La más bella, la más bella!
¡Lo deseo!
¡Lo deseo!
(acariciadora)
¡Oh!, mi pequeña Cenicienta, flor
de inocencia y de amor,
yo velaré por ti, ¡Oh, Cenicienta!
VOCES LEJANAS
¡Visión encantadora!
LOS SEIS ESPÍRITUS
¡Cenicienta, te convertirás en una
belleza sin par!
HADA
¡Ah!
VOCES LEJANAS
¡Sorprendente maravilla!
LOS SEIS ESPÍRITUS
¡Cenicienta, te convertirás en una
belleza sin par!
VOCES LEJANAS
¡Encantadora!
HADA
¡Ah!
LOS SEIS ESPÍRITUS
¡Cenicienta! ¡Cenicienta!
(Les duendecillos se colocan
alrededor del hada.)
HADA
(a los duendecillos)
Para tejer una seda
mágica
(conteniendo la respiración)
de la que haréis su vestido,
conseguid hábilmente
de los astros radiantes
el sutil esplendor de sus
rayos alegres.
Pedid al claro de luna sus palideces.
Pedid al arco iris sus armonías,
y para su ramillete de flores
reunid
en un filtro de amor las fragancias
más delicadas!
(a un grupo de duendecillos
Vosotros. Preparad el carruaje!
(a un duendecillo)
Tú serás cochero.
UN ESPÍRITU
(con viveza)
¡Y yo?
HADA
(al espíritu)
¡Tú serás un paje!
(a otros duendecillos)
¡Y vosotros seréis los postillones!
LOS SEIS ESPÍRITUS
(melódicamente)
Los pajarillos nos prestarán
sus alas,
los corceles serán frágiles insectos,
falenas, mariposas,
y delicadas libélulas.
Hábiles artesanos,
proveed las piedras preciosas,
recoged de las praderas
mariquitas y luciérnagas.
HADA
¡Ah!
LOS SEIS ESPÍRITUS
Haced que mosquitos y escarabajos
brillen como los más puros rubíes.
Proveed a las lágrimas de la noche con el
destello del diamante.
Y, para iluminar el camino,
colocaréis luciérnagas ...
HADA
¡Mosquitos y escarabajos
igualan el brillo del rubí!
¡Iluminad su camino con luciérnagas!
LOS SEIS ESPÍRITUS
...entre tulipanes y jazmines.
HADA
Todo está listo.
(a Cenicienta, que duerme
todavía)
¡Despiértate, pequeña!
LOS SEIS ESPÍRITUS
(a Cenicienta)
Tu hada madrina te invita.
HADA y LOS SEIS ESPÍRITUS
¡Oh Cenicienta! 'Oh flor de amor!
¡Te esperan en el baile de la corta!
Tus deseos han sido escuchados.
Tus deseos han sido escuchados.
¡Despierta!
¡Despierta, pequeña!
¡Despiértate!
CENICIENTA
(soñando)
Finalmente...
la felicidad llegará a mí...
No se va al baile... a la corte,
en andrajos...
(despertándose)
¿Qué es esto? ¿Acaso estoy loca?
(sorprendida y alegre al verse
tan soberbiamente vestida)
¿Es oro esto que brilla?
En lugar de mis harapos...
este vestido espléndido.
(ríe a carcajadas)
¡Ja, ja, ja, ja!
(con presteza, tranquilamente)
ya no soy Cenicienta
ni Lucila.
Soy una princesa,
(rápida y locuazmente)
¡soy reina!, ¡soy reina!, ¡reina!,
¡reina! ¡Ah!
(conteniendo la respiración)
¡Gracias, gracias,
buen hada madrina!
HADA
(a Cenicienta)
Escucha con atención.
Cuando den las campanadas de medianoche,
quiero que regreses aquí.
por muy a gusto que
te encuentres,
te marcharás discretamente del baile.
HADA, LOS SEIS ESPÍRITUS
Cuando den las campanadas de medianoche.
CENICIENTA
(con decisión)
Regresaré...
HADA, LOS SEIS ESPÍRITUS
No lo olvides.
CENICIENTA
...a la hora convenida
HADA, LOS SEIS ESPÍRITUS
Marchad, marchad, princesa,
con el corazón alegre y la faz contenta.
CENDRILLON
(a punto de marcharse, se
detiene y, desalentada, exclama)
Lamentablemente, mi felicidad ha
terminado ya...
HADA
¿Qué dices?
CENDRILLON
Mi madre y mis hermanas
estarán presentes en el baile...
Seré reconocida y...
HADA
Calma tus temores.
Niña, esta zapatilla
que te doy
es un talismán precioso
que evitará que mi Lucila pueda
ser reconocida.
(alegremente)
En marcha.
¿El tiempo apremia!
HADA, LOS SEIS ESPÍRITUS
¡Marchad, marchad,
princesa!
HADA
¡Aquí tienes tu carroza, princesa!
CENICIENTA
(alegremente ingenua)
¡Qué bonita es! ¡Qué pequeña es!
HADA
¡Los espíritus, geniecillos y duendes
están a tus órdenes!
CENICIENTA
¡Soy feliz! !feliz!
(con alegría desbordante)
¡Aunque sólo sea por una vez, sólo una hora
de mi vida!
CENICIENTA, HADA, SEIS
ESPÍRITUS
Yo/Tú que no conocía/s más
que el desprecio de las más bellas
hubieras podido/podrás
merecer su envidia.
HADA, LOS SEIS ESPÍRITUS
¡Márchate!
CENDRILLON
(con embriaguez)
¡Río! ¡río! ¡río! ¡río! ¡lloro
y río! ¡río!
HADA, LOS SEIS ESPÍRITUS
¡Marchad, marchad,
princesa!
(a Cenicienta, aparte,
susurrando)
A medianoche debes regresar, debes
volver aquí.
A medianoche, regresa aquí.
CENDRILLON
A medianoche, estaré de regreso.
(riendo a carcajadas con el Hada)
¡Ja!
(todas dando un grito)
¡Ah!
ACTO II
(Palacio real.
Salón de baile y jardines
profusamente iluminados)
Primera Escena
(El
Príncipe Encantado en actitud pensativa.
A su lado tres músicos: el
primero toca el
laúd,
el segundo la viola de amor y el
tercero
la flauta de cristal.
Música serena y típicamente
cortesana.
El
Maestro de Ceremonias y un grupo
de cortesanos avanzan y se inclinan respetuosamente
ante
el
Príncipe.)
MAESTRO
DE CEREMONIAS
(al
Príncipe Encantado)
¡Suaves
pensamientos surjan
sonrientes
de vuestros labios!
CORTESANOS
(dos
tenores y dos barítonos)
¡De
vuestros labios!
MAESTRO
DE CEREMONIAS
¡Ahuyentad las decepcionantes penas
y olvidad
la tristeza y sus delirios!
CORTESANOS
... ¡Y sus delirios!
MAESTRO
DE CEREMONIAS
Noble
príncipe, ¡responded!
CORTESANOS
¡Responded!
(El
Príncipe calla. La música continua)
MAESTRO
DE CEREMONIAS
(sorprendido)
¿No?
CORTESANOS
(sorprendidos)
¿No?
(para
sí mismos)
No
contesta.
MAESTRO
DE CEREMONIAS
(a
los cortesanos)
Señores,
creo que nos ignora.
MAESTRO
DE CEREMONIAS
CORTESANOS
Es
imposible
mantener una conversación.
(Se
marchan muy decepcionados. El
Decano de la
Facultad y algunos
doctores,
a su vez, se disponen
a
dirigir unas palabras al
Príncipe. Solemnes saludos
del
Decano y los doctores.)
EL
DECANO
(fuerte,
agriamente, con voz nasal
muy
acentuada, perdiendo el hilo)
Por
Hipócrates y... y...
GRUPO
DE DOCTORES
(en
voz baja, susurrando
al Decano)
...
docta lex...
EL
DECANO
(misma
postura)
...
docta lex...
GRUPO
DE DOCTORES
(de
igual manera)
Volumus...
EL
DECANO
¿Cómo?
GRUPO
DE DOCTORES
...
volumus...
EL
DECANO
...
volumus vox aus... aus...
GRUPO
DE DOCTORES
...
auscultare...
EL
DECANO
... auscultare.
Su
alteza estimada, atque drogare
de
acuerdo a las leyes del Codex,
noble
príncipe,
escuchad.
GRUPO
DE DOCTORES
(al
Príncipe)
¡Escuchad!
(Ante
el tenaz silencio del Príncipe,
se
miran desconcertados)
EL
DECANO
(desconcertado)
¿No?
GRUPO
DE DOCTORES
(entre
ellos, así mismo desconcertados)
¿No?
MAESTRO
DE CEREMONIAS
(a
los doctores)
No
atiende a nada.
CORTESANOS
No
oye nada.
EL
DECANO, DOCTORES
(a
los cortesanos)
¿Nada?
MAESTRO
DE CEREMONIAS
CORTESANOS
Nada.
(LLegan
los Ministros.)
EL
1er MINISTRO
(al
Príncipe)
Según
los términos de un decreto real,
tenéis
que divertiros en el baile.
TODOS
¡Noble
príncipe, consentid!
(reciben
la misma acogida)
LOS
MINISTROS
(decepcionados)
No.
DOCTORES, CORTESANOS
MAESTRO DE CEREMONIAS
(todos,
del mismo modo)
No.
TODOS
No
consiente nada.
EL
DECANO
(al
Príncipe, más alejado)
Volumus
vos aus... aus...
TODOS
(interrumpiendo
bruscamente
al
Decano
y casi hablado)
¡No!
(al
Decano, con sarcasmo)
¡No
consiente nada!
EL
DECANO
(asombrado,
a sus colegas)
... nada...
TODOS
(Al
Decano, acentuando la afirmación,
como
si se dirigieran a un sordo)
... ¡Nada!
(los
grupos se dispersan
al fondo
y
desaparecen)
¡Pobre
Príncipe!
EL
DECANO
(con
gran piedad)
¡Pobre
Príncipe!
(Se
aleja.)
Segunda
Escena
EL PRÍNCIPE ENCANTADO
(solo,
con hastío)
¡Marchaos,
dejadme solo!...
Solo con mi
hastío...
(con
énfasis)
¡Corazón
sin amor, primavera sin rosas!
Para
mí, todos los días son sombríos;
y sombrías todas las noches.
(febrilmente)
Sin
embargo, suaves escalofríos
recorren
mi cuerpo...
¡Corazón
sin amor, primavera sin rosas!
¡Primavera
sin rosas!
Sí.
Tendiéndome los brazos, la vi
aparecer.
A
aquella a quien quiere mi alma.
Embriagado,
radiante,
(con
ardor)
le
diré, en mi embriaguez,
(ardientemente)
le
diré: ¡soy tuyo!
(emocionado
y apasionado)
¡Soy tuyo!
Toma
mi juventud,
nuestro
amor nos hará dioses.
¡Soy
tuyo!
Sin embargo vivo triste, triste y solo,
con el corazón
roto por la angustia...
Sombrías
son todas mis noches.
Mi
corazón está roto...
¡Estoy
triste
(con
lágrimas en los ojos)
y
solo!
(guardando
la compostura)
¡Ah!
Si yo la viera...
Olvidando la grandeza,
desdeñando las riquezas,
despreciaría
el esplendor del
trono
(muy
exaltado)
para
no saborear nada más que nuestras
ternuras.
Tercera Escena
(Entrada
del rey seguido por toda la corte:
príncipes,
cortesanos,
doctores,
ministros, etc...)
EL REY
(al
Príncipe Encantado con franqueza,
buen
humor e ingenuidad)
Hijo mío, es
preciso me obedezcáis.
Iréis a la fiesta
a ver
a las hijas de la
nobleza
y allí elegiréis
a aquella que os
guste más.
Os casaréis con
ella... sí, os casaréis...
¡Hijo mío, esta
es mi
(con
decisión)
voluntad!
CORO
(de
buen humor)
¡Esta es la
voluntad del Rey!
(alegre)
¡He aquí las
hijas de la nobleza!
1a Entrada: Las
Hijas de la Nobleza.
CORO
¡Escoged!
¡Casaos!
¡Esta es la
voluntad del Rey!
¡Escoged!
¡Casaos!
(alegre)
¡Casaos!
2a Entrada: Las
Novias
3a Entrada: Las
Bandolas
4a Entrada: La
Florentina
5a Entrada: El
Rigodón del Rey
(Llegan
la Sra. Haltière, sus
dos hijas, Pandolfo,
el
Decano de la
Facultad, el Maestro de
Ceremonias,
y el Primer Ministro. Todos:
como
a media voz)
NOEMÍ,
DOROTEA
SRA. HALTIÈRE
(entre
ellas)
¡Ah, ya estamos
ante su presencia!
Utilicemos todos
nuestros atractivos
para lucir nuestra
apostura.
¡Ahora o nunca!
¡Ahora o nunca!
¡Utilicemos
nuestros atractivos!
¡Utilicémoslos!
¡Ahora o nunca!
PANDOLFO
(para
sí)
¡Ah, ya estamos
ante su presencia!
Utilicemos todos
nuestros atractivos
para lucir nuestra
apostura.
¡Ahora o nunca!
EL
DECANO, PRIMER MINISTRO
MAESTRO DE
CEREMONIAS
(a
las tres mujeres)
¡Ah, ya estáis
ante su presencia!
Utilizad todos vuestros
atractivos
para lucir vuestra
apostura.
¡Ahora o nunca!
PANDOLFO
(muy
turbado, para sí, mientras bailan)
¡No sé si podré
soportar la emoción!
Su Majestad... ¡me
ha reconocido!
NOEMÍ,
DOROTEA
(asustadas,
bailando)
¡Mamá!
PANDOLFO
(muy
emocionado)
Mi augusto señor
me dirigirá la palabra...
¡Eso espero!
NOEMÍ,
DOROTEA
(cuando
las parejas se
entrecruzan,
sofocadas)
¡Mamá! ¡Estamos
angustiadas!
SRA. HALTIÈRE
(a
hurtadillas, pasando cerca de ellas,
bailando,
sofocada)
¡No os sintáis
incómodas!
DOROTEA
(casi
gritando)
¡Mamá! ¡No
aguanto más!
SRA. HALTIÈRE
(yendo
de una a la otra, asustada)
... ¡Ah!
NOEMÍ
(casi
gritando)
¡Mamá! ¡No
aguanto más!
SRA. HALTIÈRE
(del
mismo modo)
¡Ha llegado el
momento!... ¡Ahí llega el Príncipe!
PANDOLFO
(para
sí)
¡Ah, qué a gusto
me marcharía!
NOEMÍ,
DOROTEA
(casi
gritando)
¡Mamá!
NOEMÍ,
DOROTEA
SRA.
HALTIÈRE, PANDOLFO
(emocionados,
a punto de llorar)
¡El Príncipe
viene!... ¡Ha llegado el momento!
(Aparece
Cenicienta. El Príncipe, que parecía
esperarla,
la contempla embelesado
desde lejos.
Todos
quedan asombrados. Las Sras. Haltière
quedan
estupefactas de rabia)
MAESTRO DE
CEREMONIAS
PRIMER
MINISTRO, EL REY
PANDOLFO,
CORO, EL DECANO
¡Ved!
¡La beldad
adorable!
¿Quién la
conoce?
NOEMÍ, DOROTEA
SRA.
HALTIÈRE
(irónicamente)
¡Nadie!
PANDOLFO
Nada la
perturba...
EL
REY
Nada la
sorprende...
MAESTRO DE
CEREMONIAS
PRIMER
MINISTRO, EL REY
PANDOLFO,
CORO, EL DECANO
¡Ved!
NOEMÍ,
DOROTEA
SRA. HALTIÈRE
(para
sí, furiosas, irónicamente)
¡El Príncipe
parece embelesado!
(abatidas)
¡El Príncipe
está embelesado!
MAESTRO DE
CEREMONIAS
PRIMER
MINISTRO, EL REY
PANDOLFO, CORO,
EL DECANO
(con
admiración y respeto)
¡Es realmente
exquisita!
(con
admiración)
¡Qué aventura
más sorprendente!
¡Qué aventura
más sorprendente!
¡Qué criatura
más encantadora!
¡Es ella! Sí, no
cabe duda...
¡Nuestra futura
reina!
¡Saludémosla!
NOEMÍ,
DOROTEA
SRA. HALTIÈRE
(decepcionadas)
¡Qué suerte más
adversa!
¡Qué suerte más
adversa!
¡Qué criatura
más extraña!
¿Acaso será ella
nuestra futura
reina?
¡Evitémosla!
SRA. HALTIÈRE
(rabiosa)
¡Qué suerte más
adversa!
PANDOLFO
(asombrado)
¡Oh, voluble
fortuna!
EL REY
(asombrado)
¡Oh, voluble
fortuna!
NOEMÍ,
DOROTEA
SRA. HALTIÈRE
¡Qué suerte más
adversa!
¡Qué suerte más
adversa!
MAESTRO DE
CEREMONIAS
PRIMER
MINISTRO, EL REY
PANDOLFO, CORO,
EL DECANO
¡Oh, voluble
fortuna!
EL MAESTRO DE
CEREMONIAS
PRIMER
MINISTRO, EL DECANO
(asombrados)
¡Oh, voluble
fortuna!
CORO
¡Hela aquí!
MAESTRO DE
CEREMONIAS
PRIMER
MINISTRO, EL REY
PANDOLFO, CORO,
EL DECANO
¡Aquí se
encuentra nuestra reina!
¡Saludémosla!
NOEMÍ,
DOROTEA
SRA. HALTIÈRE
¡Aquí está
nuestra reina!
¡Evitémosla!
CORO
¡Hela aquí!
¡Nuestra reina!
¡Saludémosla!
(El
Príncipe Encantado se aproxima a
Cenicienta.
El
Rey, alegre, ordena que
todos se retiren a
voluntad.
La Sra. Haltière aleja sus hijas con
un
gesto
de pudor ofendido.)
MAESTRO DE
CEREMONIAS
PRIMER
MINISTRO, EL REY
PANDOLFO, CORO,
EL DECANO
¡Saludémosla!
¡Saludémosla!
NOEMÍ,
DOROTEA
SRA. HALTIÈRE
¡Evitémosla!
¡Evitémosla!
PANDOLFO
(contemplando
Cenicienta, embelesado)
¡Oh, qué
criatura más encantadora!
Cuarta Escena
EL PRÍNCIPE
ENCANTADO
(a
Cenicienta, en actitud de adoración)
¡Tú, que has
aparecido ante mí,
bello sueño
encantador, beldad celeste en
la tierra,
tú, que has
aparecido ante mí!
¡Ah!
(suplicante)
Por favor, díme
con qué nombre te
saluda,
reina, el coro
celestial que,
en el Paraíso, te
invoca con amor...
¡Por favor,
dímelo!
¡Por favor!
¡Tú! ¡Tú, que
has aparecido ante mí!
CENICIENTA
(sencilla
y castamente)
¡Para vos, seré
la Desconocida!
EL PRÍNCIPE
(embelesado)
¿Beldad del cielo
en la tierra,
¿Quién eres?
CENICIENTA
(del
mismo modo)
¡Para vos, seré
la Desconocida!
EL PRÍNCIPE
¿Quién eres?
CENICIENTA
(misteriosamente)
¡La Desconocida!
EL PRÍNCIPE
(repitiendo
vagamente)
¡La Desconocida!
CENICIENTA
¡Seré la
Desconocida!
¡La Desconocida!
EL PRÍNCIPE
¡Oh, celeste
Desconocida!
CENICIENTA
(vivamente)
Lo habéis dicho
vos,
soy un sueño y
debo
desvanecerme sin
dejar rastro...
Igual que se borra
un reflejo en el
cielo...
o sobre el agua
cuando el viento la riza...
(sin
contenerse)
y que pronto se
ocultará entre la
espuma...
EL PRÍNCIPE
ENCANTADO
(ardientemente)
¿Voy a perderte,
yo, voy a perderte?
No... no... antes
la muerte...
¡Quién quiera
que seas, por doquier,
por doquier,
quiero seguir tus pasos!
CENICIENTA
¡No, debo
marcharme
y vos no me
veréis
más!
EL PRÍNCIPE
ENCANTADO
¡Ah! ¡Estas
palabras crueles,
las has dicho tú
acaso?
¿Como pueden tus
suaves labios
pronunciarlas?
Tu cándida mirada
las desmiente...
CENICIENTA
(sencilla
y tiernamente)
¡Sois mi
Príncipe Encantado!
Y si atendiera mi
deseo,
quisiera dedicar
mi vida
a complaceros,
(sin
apresurarse)
solo para eso...
Sois mi Príncipe
Encantado.
Mi alma gime,
herida
(tiernamente)
hasta morir, morir
ante la eventualidad
(sin
apresurarse)
de entristeceros,
sólo por eso...
Sois mi Príncipe
Encantado.
(tiernamente
expresiva)
¡Sois mi
Príncipe Encantado!
EL PRÍNCIPE
ENCANTADO
(con
tierna pasión)
Bien... deja que
tu mano...
CENICIENTA
(tierna
e ingenua)
... ¿mi mano?
EL PRÍNCIPE
ENCANTADO
... En la mía,
cogida...
CENICIENTA
...¿Así?
EL PRÍNCIPE
ENCANTADO
Sí... porque si
(vibrante)
me abandonaras
sería tu
Príncipe Desafortunado...
CENICIENTA
(para
sí, embelesada por una alegría
desconocida)
¡Su voz es como
una armonía
que alegra mis
oídos y hechiza mi
corazón!
EL PRÍNCIPE
ENCANTADO
¡Quédate! ¡Quédate!
¡Ten piedad de mi
corazón!
¡Piedad! ¡Piedad
de mi corazón!
CENICIENTA
¡Su voz hechiza
mi corazón!
¡Sí, con el
recuerdo de este bendito
momento,
mi corazón
quedará... embelesado!
EL PRÍNCIPE
ENCANTADO
¡Quédate y
apiádate de mi atemorizado corazón!
Despierta en mí
la dulzura infinita
y el encanto
inocente de abril,
fragante por
doquier... fragante.
¡Te quiero y te
querré siempre!
CENICIENTA
(con
extravío, sorprendida por las
campanadas
del reloj, para sí)
¡Ah, me
estremezco! ¿Ya? ¡Las campanadas!...
EL PRÍNCIPE
ENCANTADO
Nada me alejará
de ti...
¡Qué importa la
hora!
(acuciante)
¡Es preciso que
te olvides de ella!
Me postro a tus
pies para suplicarte...
¡Te quiero!
¡Quédate!
CENICIENTA
¡Dios mío!
¡Ya es la hora!
(ansiosa)
¡Ah!
(Huyendo)
¡Medianoche!
EL PRÍNCIPE
ENCANTADO
(sobrecogido
y fuera de sí)
¿Estoy loco?
¿Estoy loco?
(desesperado)
¿Qué ha sido de
ella?
(El
baile prosigue como si nada
hubiera
ocurrido... y todo se percibe
confusamente.
Para sí, enternecido)
¡Desconocida!
¿Qué ha sido de ella?
(con
gran pesar)
¡Oh, Desconocida
celestial!
ACTO III
Primer
Cuadro
(Igual
que el primer acto.)
Primera
Escena
(Se
levanta el telón. Aparece Cenicienta.)
CENICIENTA
(jadeante
e inquieta)
Finalmente,
he llegado...
No
hay nadie en la casa...
He
conseguido... regresar...
sin
ser descubierta, pero...
¡Qué tristeza más grande,
cuánta tristeza
y desasosiego!
(melódicamente)
Huyendo
en la noche solitaria,
(vivamente)
por
las terrazas de palacio, corriendo,
he
perdido mi zapatilla de cristal.
(con
ardor)
¡Hada
Madrina! ¡Hada Madrina!
¡Ah!
¿Podréis perdonarme algún día?
(recordando
emocionada)
A
la hora acordada me marché... huía...
Veía
como en las negras avenidas...
se
erigían las estatuas...
¡Qué
horror! ¡Qué horror!
¡Tan
grandes... tan blancas,
bajo la
luz de la luna!
Sus
ojos sin pupila se dirigían hacia mí...
(horrorizada)
Me
señalaban con el dedo,
riéndose
de mi infortunio. ¡Ja, ja!
(risa
nerviosa)
¡Ja,
ja, ja! ¡Ja, ja, ja!
(su
risa acaba en llanto)
¡Ja,
ja, ja! ¡Ah, ah, ah!
Qué
horror! ¡Qué horror!
(cambiando
el tono y con ardor,
como emocionada en una
plegaria)
Teníais
que haber visto mi empeño.
(suplicante)
¡Hada
madrina! ¡Hada madrina!
(con
sentimiento y emoción)
¡Para
cumplir con mi promesa
he
hecho cuanto me ha sido posible!
(volviendo
a su relato)
Corría...
por
lo más oscuro del jardín...
Me
asustaba...
Todo
era sombrío...
(como
sofocada)
¡Corría sin parar... siempre,
siempre,
siempre!
(casi
como en un grito)
Luego...
me detenía... de repente...
tenía
miedo... miedo...
(suplicante,
al Hada Madrina)
Teníais
que haber visto mi
(con
fervor)
empeño.
(suplicante)
¡Hada
madrina! ¡Hada madrina!
(con
sentimiento y emoción)
¡Para
cumplir con mi promesa
he
hecho cuanto me ha sido posible!
(volviendo
a su relato)
¡Ah,
tenía miedo de mi propia sombra!...
¡Corría sin parar!
Preguntando
al horizonte,
temiendo
ser traicionada por doquier,
avanzaba pegada a las
casas
sin
osar atravesar la plaza...
(Sonido
de campanas)
Ese sonido estridente
me paraliza
con un terror siniestro...
(riendo
abiertamente)
¡Ja,
ja, ja, ja!
(muy
contenta)
¡Es el campanario!
(alegre
y animada)
¡Ah!
(melódicamente)
Reconfortando
mi corazón,
me
hablaba en su idioma.
¡Ah!
(melódicamente)
Me
decía: ¡Estoy atento!
(con
ternura)
¡Estoy
atento!
(ardientemente)
¡Valor,
regresa! ¡Valor! ¡Vamos!
¡Valor!
¡Va!
(desanimada,
de pronto)
¡Pero, eso se ha acabado!
(mirando
tristemente a su alrededor)
¡El
baile y el esplendor!
¡Ya
no volveré a oír las palabras tan tiernas
que
me protegían de falsas esperanzas!
(maquinalmente,
se acerca a la chimenea
mirando
el hogar extinto)
Mi
felicidad se desvanece, no quedan más...
¡que
cenizas!
¡Resígnate,
tierno grillito, resígnate!
(como
saliendo de un sueño, de golpe, con
espanto)
¡Ah,
oigo regresar a mis padres!
¡Mis hermanas!
Es
preciso que les oculte mis lágrimas...
(Se
refugia en su habitación.)
Segunda Escena
(La llegada de Mme de la Haltière y
sus dos hijas resulta estrepitosa. Se ha
desencadenado una gran discusión.
Pandolfo intenta disculparse, pero
está abrumado por las tres mujeres.)
NOEMÍ, DOROTEA
MME DE LA HALTIÈRE
¡Es cierto! ¡Es cierto! ¡Es cierto!
PANDOLFO
¡No! ¡No! ¡No!
MME DE LA HALTIÈRE
(a Pandolfo, furiosa)
Sois, afirmo,
un zoquete, un insolente, un ignorante,
un arriero,
(locuazmente)
un gran memo,
un pobre Señor,
me atrevo a decir...
¿Tenéis la cara de negar la evidencia
que esta muchacha,
este andrajo,
esta mona,
este trapo sucio...
(locuazmente)
¿Qué puedo añadir?
Nada, nada, en una palabra,
y menos que nada...
y menos que nada...
NOEMÍ, DOROTEA
(las dos con admiración)
¡Ah, mama, qué bien habláis!
¡Ah, mama, qué bien habláis!
MME DE LA HALTIÈRE
(continuando con sus insultos)
... menos que nada. Menos que nada.
PANDOLFO
(protestando)
¡No! ¡No! ¡No!
NOEMÍ, DOROTEA
(a Pandolfo, abrumándolo)
¡Es cierto! ¡Es cierto! ¡Es cierto!
PANDOLFO
¿Por qué os enfadáis tanto?
MME DE LA HALTIÈRE
(a Pandolfo)
Esperáis que para complaceros,
(a voz en grito)
¿voy a callarme?
NOEMÍ, DOROTEA
¡Ah, la maldita aventurera!
MME DE LA HALTIÈRE
¡El Príncipe ha hecho bien
expulsándola de este modo!
NOEMÍ, DOROTEA
(con alegría irónica)
¡Ja, ja!
¡Se lo ha ganado!
¡Se lo ha ganado!
PANDOLFO
(tímidamente, se arriesga a opinar)
Tenía un aire muy dulce...
es una cualidad...
MME DE LA HALTIÈRE
(mirándole con desprecio)
¡Punto final!, señor.
Se lo discuto,
PANDOLFO
(queriendo protestar, hablado)
¡Ah!
NOEMÍ, DOROTEA,
MME DE LA HALTIÈRE
(las tres mujeres le hacen callar)
¡Sí!
MME DE LA HALTIÈRE
(dándose importancia,
pronunciando cada sílaba)
Cuando se tienen más de veinte títulos,
como prueba nuestra ascendencia,
(con ligereza)
cuando se posee, sin contar el resto,
cuatro presidentes
(con énfasis)
como cimientos,
¡un dogo! entre sus ancestros,
una docena de arciprestes,
un almirante, un cardenal,
seis abadesas y trece monjas,
(cambiando su tono ligeramente y bromeando)
dos o tres amantes de reyes
de las que todas ellas
casi llevaron corona;
(con viveza)
sin hablar de personajes menores, como
(con ligereza)
príncipes y capuchinos.
(con énfasis)
Hay que avanzar entre la gente
como un barco en la marejada
con su gloria por sostén,
desdeñando los rugidos de
(con énfasis)
la tempestad.
Es un deber, oíd bien,
cuando se está encumbrado en la cima,
elevar los ojos y la cabeza,
(vehementemente)
dejando la afabilidad para vuestras gentes
(con viveza)
de baja estopa!
NOEMÍ, DOROTEA
(con admiración)
¡Ah, mamá! ¡Ah, mamá, qué
bien habláis!
PANDOLFO
(triste y resignado)
¡Preferiría la oscuridad
si tuviera tranquilidad!
CENICIENTA
(acaba de entrar, con viveza)
¿Ha ocurrido algo, papá?
PANDOLFO
(incómodo)
¡No, nada verdaderamente nuevo...
MME DE LA HALTIÈRE
(a Pandolfo en una nueva explosión)
¡Ah, vuestra calma me exaspera...
¿Qué hacer para que reaccionéis?
NOEMÍ, DOROTEA
MME DE LA HALTIÈRE
(a Cenicienta, con diligencia)
Escúchanos, debes saber
que una intrigante, una desconocida
ha venido al baile de la corte.
DOROTEA
Y esta, nada de nada,
NOEMÍ
arreglada sin gusto ninguno,
MME DE LA HALTIÈRE
Y esta, nada de nada
NOEMÍ, DOROTEA,
MME DE LA HALTIÈRE
En su descaro...
MME DE LA HALTIÈRE
(girándose bruscamente hacia
Pandolfo, con impaciencia)
¡Dejadnos hablar, os lo ruego!
(prosigue precipitadamente su relato
al lado de Cenicienta)
osó hablar al hijo del Rey.
Todo el mundo estaba sobrecogido
por el espanto y el horror,
por el espanto y el horror,
por el espanto y el horror, el horror,
(vivamente y sorprendida)
causando una gran angustia.
NOEMÍ, DOROTEA,
MME DE LA HALTIÈRE
Al principio,
MME DE LA HALTIÈRE
...un silencio digno...
NOEMÍ, DOROTEA,
MME DE LA HALTIÈRE
...condenó...
MME DE LA HALTIÈRE
...esta desvergüenza;
NOEMÍ, DOROTEA
...esta desvergüenza!
MME DE LA HALTIÈRE
pero al cabo de unos momentos,
NOEMÍ, DOROTEA,
MME DE LA HALTIÈRE
se murmuró tanto, que la intrusa,
rápidamente,
tuvo que huir,
expulsada a mitad del baile,
(dando importancia)
por nuestro desprecio
(vivamente)
general.
PANDOLFO
(intentando imponer la calma - en un
tono razonable)
¡Ah!, exageráis... y creo
que bastante.
NOEMÍ, DOROTEA,
MME DE LA HALTIÈRE
(las tres a Pandolfo,
en tono humorístico)
¡Eh, dejadnos en paz!
¡Es imposible decir dos palabras!
PANDOLFO
(empieza a impacientarse)
Si gritáis todas a la vez,
me marcho... me marcho...
CENICIENTA
(a las tres, tímida y ansiosa)
¡Ah!, decidme...
¿qué ha dicho el hijo del Rey?
MME DE LA HALTIÈRE
(irónica)
Que no podría enamorarse..
que sus ojos un instante... engañados...
veían ya claro...
(conteniendo la respiración)
y, por otra parte, nada tenía de especial...
Esta desconocida era
digna de olvidar.
NOEMÍ, DOROTEA
(felizmente)
... digna de olvidar!
PANDOLFO
(dándose cuenta que Cenicienta
tambalea y puede desmayarse)
Mi hija empalidece...
(a Cenicienta, afectuosamente y con inquietud)
¿qué te ocurre, hija mía?
(a las tres mujeres, autoritariamente)
Ya está bien de chismorreo...
MME DE LA HALTIÈRE
¡Este hombre me pone nerviosa!
PANDOLFO
(a Cenicienta)
¡Dios mío, sus fuerzas la abandonan!
(con lágrimas en los ojos)
¡Hija mía! ¡Hija mía!
(a las tres mujeres, enérgicamente)
¡Marchaos!
MME DE LA HALTIÈRE
(sofocada, girando sobre sí)
¿Eh? ¿Qué?
PANDOLFO
¡Os lo ordeno!
¡Marchaos! ¡Marchaos!
MME DE LA HALTIÈRE
(a sus hijas, fuera de sí)
¡Ah, hijas! ¡Venid!,
¡Esto es demasiado!
(a Pandolfo)
¡No os conozco!
NOEMÍ, DOROTEA,
MME DE LA HALTIÈRE
(a Pandolfo, las tres enfurecidas)
¡Sois un maleducado! ¡un maleducado!
¡un palurdo! ¡un maleducado! ¡un palurdo!
PANDOLFO
¡Salid inmediatamente!
¡Marchad! ¡Marchad! ¡Marchad!
NOEMÍ, DOROTEA,
MME DE LA HALTIÈRE
(las tres mujeres en pleno ataque de nervios,
grito agudo y prolongado)
¡Ah!
PANDOLFO
¡Podéis patalear!
NOEMÍ, DOROTEA,
MME DE LA HALTIÈRE
(del mismo modo, 2° ataque, más violento)
Ah!
PANDOLFO
¡Fuera de aquí!
MME DE LA HALTIÈRE
(violentamente, a Pandolfo)
¡Retractaos, insolente!
PANDOLFO
¡Qué el diablo os lleve!
NOEMÍ, DOROTEA,
MME DE LA HALTIÈRE
(3er ataque, grito agudo y prolongado de
las tres mujeres, que salen hechas una furia)
¡Ah!
Tercera
Escena
PANDOLFO
(a
Cenicienta)
¡Pobre niña mía, querida!
¡Ah, sufres demasiado!...
(muy
expresivo y melódico)
¡Ven,
reposa tu corazón dolorido
en
el mío!...
¡Deja que te arrulle entre mis brazos,
pequeña!
(enternecido)
Te
he causado daño yendo a la corte,
pero espero que me perdonarás,
(con una sonrisa
mezclada
con lágrimas)
cuando en el futuro nos riamos
de
mi maldita ambición.
(con
ternura)
Ven,
nos marcharemos de esta ciudad
donde
has perdido la felicidad
y
regresaremos a la espesura
de nuestros
grandes bosques,
a nuestra tranquila casa de campo...
¡Allá, sólo allá seremos felices!
¡Muy
felices! Los dos juntos.
Por
las mañanas iremos,
como dos enamorados,
a
recoger el blanco muguete...
CENICIENTA
(tranquila
e ingenuamente)
...
y campanillas azules,
¡Los
dos juntos!
Cuando el sonido de la
campana
nos despierte...
PANDOLFO
(continuando
la frase de Cenicienta,
con
idéntico sentimiento, casi infantil)
...repicando
maitines.
CENICIENTA
¡Maitines!
Por
la tarde oiremos cantar al ruiseñor,
con su canto dulce y
sonoro...
en
lo más profundo del bosque...
PANDOLFO
¡Ven!...
CENICIENTA,
PANDOLFO
Nos
marcharemos de esta ciudad
donde
has/he perdido tu/mi felicidad
de
antaño...
(con
sentimiento)
¡Allá, seremos felices!
¡Muy
felices!
¡Los
dos juntos! ¡Allá!
CENICIENTA
(más
enérgica)
Ya
me encuentro mejor
y me siento
renacer...
Puedes
dejarme sola.
PANDOLFO
(afectuoso)
Sí,
si me prometes
que
no volverás a entristecerte,
(con
tierno reproche)
ni
a llorar más.
(con
resolución enternecedora)
Voy
a preparar todo para marcharnos de
aquí.
¡Sí...
(alejándose
lentamente)
nos
marcharemos de esta ciudad!...
(Cenicienta
se abraza a su padre)
PANDOLFO
(volviendo
con rapidez hacia Cenicienta)
¡Allá, allá seremos felices!
¡Muy
felices! ¡Los dos!
Escena Cuarta
(Cenicienta,
sola, todavía mirando
por
donde su padre ha salido, parece
oprimida,
preocupada e indecisa)
CENICIENTA
(con
resolución repentina)
¡Me
marcharé sola, papá!
La
carga de mis penas sería demasiado
pesada
para ti.
No
quiero verte sufrir
por mi infortunio.
Además...
no puedo seguir viviendo...
Él
ha dudado de mí...
¡Él,
mi dulce señor y mi único rey!
Él, al que adoro, reniega de mí...
y
me rechaza.
Sin
embargo, su voz era tan dulce...
Sin
embargo, su mirada era tan dulce.
(expresiva
y tierna)
¡Oh, sueños de amor,
sueños de amor!
¡Vamos,
(resuelta)
márchate!
(enternecida
y con sencillez)
¡Adiós,
recuerdos de alegría ... y de
sufrimiento,
que,
a pesar de todo, me dabais esperanza!
(expresiva)
Testigos
y compañeros
de mi corto
camino ¡adiós!
¡Adiós, tórtolas!
Para
vosotras iba cada mañana
por
los caminos
a
recoger hierba.
(sencilla
y triste)
¡Ya
no os volveré a ver!
(dirigiéndose
a la chimenea)
Ni
a ti, querido lugar familiar...
(cogiendo
un ramillete colgado en la
chimenea;
casi religiosamente)
Permite que te abrace una vez más,
seca y amarillenta...
reliquia
de un hermoso día,
humilde ramo
bendito.
(con
un sentimiento muy profundo)
¡Ah, cómo se ama lo que se deja
atrás!
(sencilla
y triste)
Y
tú, gran sillón,
donde
cuando era pequeña
corría
a acurrucarme...
cuando
tenía frío...
en
las rodillas de mi mamá...
(muy
enternecida)
De
mamá... de mamá...
tan
buena y tan bella
(cariñosamente)
que
tarareaba mientras me arrullaba:
«Es
el Angelus,
duerme,
angelito mío,
duerme
como Jesús
dormía
en el granero.»
(El
trueno estalla y brilla
súbitamente
el resplandor)
¡Ah! Puesto que la felicidad me abandona,
ascendiendo
por las rocas sagradas
(con
fortaleza)
me
internaré en la noche sin temor,
a pesar de
los fantasmas y del duende que reluce...
(con
decisión)
¡Iré
a morir, moriré bajo el roble de
las hadas!
(Cenicienta
sale con rapidez.)
Segundo
Cuadro
(En
los dominios del Hada)
Primera
Escena
(Un
gran roble en mitad de una llanura
cubierta
de
inhiestas en flor. Al
fondo, el mar. Noche clara
de
luz muy azulada.)
VOZ
DE LOS ESPÍRITUS
(coro
invisible, a boca cerrada, con efecto lejano,
misterioso, conseguido por el
conjunto
de las voces,
según el matiz
determinado
por el director del coro.)
VOZ
DEL HADA
¡Ah!
¡Ah!
Quimeras
fugitivas,
¡oh!,
destellos efímeros,
espíritus
o duendes, espíritus o duendes,
¡Deslizaros
sobre el brezo!
¡Elevaros
sobre las inhiestas!
VOZ
DE LOS ESPÍRITUS
(sopranos)
Quimeras
fugitivas, ¡oh!, destellos efímeros,
(2as
sopranos, contraltos, tenores, bajos)
¡Elevaros,
deslizaros! ¡Deslizaros!
VOZ
DEL HADA
¡Queridos
duendes, iluminaros!
¡Queridos
duendes, deslizaros!
VOZ
DE LOS ESPÍRITUS
(sopranos)
¡Espíritus
o duendes!
(2as
sopranos)
¡Espíritus,
espíritus!
(contraltos,
tenores, bajos)
¡Duendes,
duendes!
VOZ
DEL HADA
¡Ah! ¡Ah!
VOZ
DE LOS ESPÍRITUS
(sopranos)
¡Deslizaros
sobre el brezo!
¡Elevaros
sobre las inhiestas!
(2as
sopranos, contraltos, tenores, bajos)
¡Deslizaros y
elevaros!
VOZ
DEL HADA
¡Ah! ¡Ah! ¡Ah! ¡Deslizaros! ¡Deslizaros!
¡Elevaros
sobre las inhiestas!
VOZ
DE LOS ESPÍRITUS
(sopranos)
¡Deslizaros
sobre el brezo! ¡Elevaros!
(2as
sopranos, contraltos, tenores, bajos)
¡Deslizaros y
elevaros!
Danza
silenciosa de las gotas de rocío
VOZ
DE LOS ESPÍRITUS
(tenores,
bajos)
¡Ah!
VOZ
DEL HADA
¡Elevaros!
VOZ
DE LOS ESPÍRITUS
(sopranos,
contraltos, riendo)
¡Ja, ja, ja !
VOZ
DE LOS ESPÍRITUS
(tenores,
bajos)
¡Ah!
VOZ
DEL HADA
¡Elevaos!
VOZ
DE LOS ESPÍRITUS
(sopranos,
contraltos, riendo)
¡Ja, ja, ja!
VOZ
DE LOS ESPÍRITUS
(2as
sopranos, contraltos, tenores, bajos)
¡Ah! ¡Ah! ¡Elevaos!
¡Deslizaros!
¡Deslizaros!
Duendes,
duendes deslizaros,
y
elevaros, ¡deslizaros!
¡Elevaros!
¡Ah!
(sopranos)
Quimeras
fugitivas,
¡oh!,
destellos efímeros,
espíritus
o duendes
deslizaros sobre
el brezo, elevaros.
Deslizaros! ¡Elevaros!
¡Ah!
VOZ
DEL HADA
¡Ah!
¡Ah!
¡Ah! ¡Ah! ¡Ah! ¡Ah!
¡Elevaros
sobre las hiniestas!
¡Ah!
TRES
ESPÍRITUS
(1er
Grupo que acude)
¡Allá!
Al final de la planicie oscura,
se
ve venir por el camino,
sobre
el suave tapiz vegetal,
una
muchacha gimiente...
(2°
Grupo que acude)
¡Mirad!
¡Al final de la planicie oscura!
HADA
(entre
las ramas del roble)
Y
por el otro lado...
¿acaso
no veis, hermanas,
aquel
pobre muchacho que llora?
LOS
2 GRUPOS JUNTOS
¡Mirad!
Al final de la planicie oscura...
HADA
¡Mirad!
LOS
2 GRUPOS JUNTOS
(los
seis espíritus: entre ellos)
Son
enamorados...
¡Qué
desgraciados son!
Ocultas
por sombras,
para
que no nos vean, hermanas,
escuchemos atentamente
sus
desconsolados lamentos.
HADA
(extendiendo
el brazo con autoridad)
Para
que no puedan verse,
¡oh flores, obedeced a
mi poder mágico!
¡Entre
el príncipe y su amada,
levantaros en un muro de fragancias! ¡Ah!
(El
Hada avanza despacio hacia las
ramas
y se hace invisible)
Segunda Escena
(Cenicienta y el Príncipe Encantado
llegan, cada uno por su lado.
Se arrodillan sin verse.
Están separados por un seto de flores.
Ambos dirigen su petición al hada.)
CENICIENTA
(sencilla y ferviente)
Arrodillada,
buen hada madrina, arrodillada
imploro a vos mi perdón,
si os apenáis de mí.
Arrodillada, os imploro
de rodillas,
si os apenáis de mí.
¡Buen hada madrina!
¡Acudo a vos!
PRÍNCIPE ENCANTADO
Acudo a vos,
reina poderosa, acudo a vos
y os pido de rodillas
que queráis poner fin a mis penas.
Acudo a vos, os imploro
de rodillas,
que queráis dar fin a mis penas.
¡Reina poderosa!
¡Acudo a vos!
(al Hada, con sentimiento)
Vos, que podéis verlo todo
y saberlo todo,
no ignoráis mi sufrimiento...
No ignoráis como,
durante un momento muy breve,
he albergado la esperanza
de conseguir la felicidad más divina.
(calurosamente y con convicción;
melódica, expresivamente)
He visto esta felicidad cerca de mi.
Fue un resplandor radiante
que atravesó mi alma...
y cegó mis ojos.
¡Desgraciadamente!
En un instante todo se desvaneció...
¡Todo! ¡Desgraciadamente, todo!
CENICIENTA
(que ha estado escuchando palpitante)
Aquí hay un pobre espíritu emocionado
que llora y se desespera...
(enternecida y calurosamente)
Ya que no hay para mí
más que tristeza y miseria,
(todavía más expresiva)
deseo sufrir para redimir este corazón
herido tan profundamente.
(al Hada, con benevolencia)
Madrina, castigadme a mí, pero que él
sea curado.
PRÍNCIPE ENCANTADO
(habiendo oído y palpitante)
Pobre desconocida,
dulce ángel de bondad
que un encantamiento me impide ver,
¡Te bendigo! ¡Te bendigo!
CENICIENTA
(al Hada, aparte)
¡Piedad! ¡Piedad para él!
CENICIENTA, PRÍNCIPE ENCANTADO
(ardientemente, al Hada)
¡Tened piedad!
¡Buen Hada Madrina / Poderosa Reina,
tened piedad!
¡Os imploro de rodillas!
¡De rodillas!
PRÍNCIPE ENCANTADO
(a Cenicienta a la que todavía
no puede ver, efusivamente)
¡Soy bastante desgraciado!
(melódicamente, con ardor)
Pero aquella a la que amo, es tan bella
que tu dirías, viendo sus ojos:
Ninguna estrella brilla
con más pureza
(impetuosamente)
en el firmamento!
(con valentía)
Esclavizando la tierra y el mar,
para volver a verla y a quererla,
para conquistarla de nuevo,
sometería al
(con altivez)
mundo, ¡al mundo!
CENICIENTA
(palpitante e impetuosamente)
¡Vos sois el Príncipe Encantado!
PRÍNCIPE ENCANTADO
(todavía más palpitante)
¿Y tú? tú que te has apiadado de mi
extrema angustia,
¡Quién eres tú que me preguntas?
CENICIENTA
(muy emocionada)
Soy Lucila que os ama.
PRÍNCIPE ENCANTADO
(con embriaguez)
¡Deleite inefable!
CENICIENTA
¡Vos sois mi Príncipe Encantado!
LE PRINCE CHARMANT
(adorándola)
Me has dado tu nombre, éste que
deseaba conocer,
¡oh!, Lucilda, de tu dulce secreto
(calurosamente)
soy por fin conocedor.
Mi alma ha conseguido de tus labios la confesión...
PRÍNCIPE ENCANTADO, CENICIENTA
(muy expresivos)
Tu/su voz me eleva a
un éxtasis supremo... sí,
tu/su voz me eleva a
un éxtasis supremo.
PRÍNCIPE ENCANTADO
¡Tu voz me eleva a un éxtasis supremo!
¡Buen hada, dejadme verla de nuevo!
CENICIENTA
¡Supremo! ¡Supremo!
¡Ah! ¡Buen hada, dejadme verle de nuevo!
CENICIENTA
¡Su voz me eleva!
Pero sólo oírla sabe a poco.
CENICIENTA, PRÍNCIPE ENCANTADO
¡Dejadme verle/la vea de nuevo!
¡ah, por piedad!
¡Buen hada, dejadme verle/la de nuevo!
¡Dejadme verle/la de nuevo!
PRÍNCIPE ENCANTADO
(haciendo un juramento en voz alta)
En la rama del roble encantado,
buen hada,
depositaré mi corazón...
¡puro y triste trofeo!
HADA
(apareciendo por entre las ramas del roble)
Acepto tu juramento.
Satisfaré tu esperanza.
CORO INVISIBLE
(a boca cerrada, canto de fondo)
PRÍNCIPE ENCANTADO
(viendo a Cenicienta, con un grito de alegría)
¡Lucila! ¡Te he vuelto a encontrar!
CENICIENTA
(en brazos del Príncipe Encantado)
¡Oh, mi Príncipe Encantado!
PRÍNCIPE ENCANTADO
¡Lucila!
CENICIENTA
(muy emocionada)
¡Sois vos, mi Príncipe Encantado!
(Los Espíritus y las gotas de rocío
aparecen por todas partes y
se adelantan silenciosamente.)
PRÍNCIPE ENCANTADO
(con ternura)
¡Ven, te amo!
¡Te amaré fielmente toda mi vida...
fielmente...
siempre... ¡ah, toda mi vida!
HADA
(en las ramas)
¡Ah! ¡Ah! ¡Amaos! ¡Ah, amaos!
¡Amaos, es sólo un momento y
creeréis haberlo soñado!
CENICIENTA
(con ternura)
Dedicaré mi vida a amaros
fielmente... fielmente... fielmente...
siempre... ¡ah, toda mi vida!
(Un sueño mágico se apodera de
Cenicienta y del Príncipe Encantado
y se duermen arrullados por
la voz de los Espíritus.)
HADA, LOS SEIS ESPÍRITUS
¡Dormid! ¡Soñad! ¡Ah!
VOCES
(coro invisible)
¡Ah!
ACTO IV
Primer
Cuadro
(Aposento de Cenicienta)
Primera
Escena
PANDOLFO
(afectuoso
y casi susurrando,
mientras Cenicienta duerme)
¡Oh, pobre hija!
Desde que te encontramos
en la orilla del riachuelo...
entre de los juncos,
fría
e inanimada...
han
pasado muchos días... meses.
¡Qué
horribles recuerdos!
¡Qué
cruel angustia!
Si
la muerte te hubiera encontrado,
nos
habría llevado a los dos...
pero
la muerte no se atrevió a acercarse,
viéndote tan
bella...
CENICIENTA
(despertándose,
vagamente)
¡Me he quedado dormida!...
(dulce,
a su padre)
¡Estás aquí!...
Siempre cerca, cuidándome...
PANDOLFO
(afectuosamente)
¡Ay,
mi hija querida!
No
me arrepiento en absoluto. Soy muy feliz.
(con
buen humor)
Hete
aquí vigorosa
y completamente
recuperada.
(Cenicienta
intenta incorporarse)
Estate
quieta...
todavía
tienes que cuidarte.
CENICIENTA
(preguntándole
con delicadeza,
aunque
tranquila
y resuelta)
Dime
la verdad.
PANDOLFO
(incómodo)
¿Por
qué preguntas?
CENICIENTA
(seria)
¿He dicho cosas sin
sentido?...
PANDOLFO
(molesto)
¿En
qué vas a soñar?
CENICIENTA
Entonces,
¿fue como si
me hubiera vuelto loca?
PANDOLFO
(confesando
la verdad)
Te
reías... Llorabas...
sin
motivo y sin tregua...
Vivías
como en un sueño...
Murmurabas
como por azar
algunas
palabras confusas...
CENICIENTA
(atenta)
¿Y?
PANDOLFO
(expresivo)
¡Pobre
hija, sufrías mucho!
Escuchaba
tus más mínimas palabras...
CENICIENTA
¿Hablaba?
PANDOLFO
(alegre)
¡Ya
lo creo que hablabas!
CENICIENTA
(ansiosa)
¿De qué?...
PANDOLFO
Del
baile, de la corte... ¡sí, de todo!
(burlándose
de ella, pero muy dulce)
Hablabas
del Príncipe Encantado,
del
príncipe que no has visto jamás...
hablabas
de un futuro luminoso,
(alegre)
y
de locas promesas...
(con
énfasis)
de
un gran roble encantado...
(cambiando
de tono)
y de
un corazón sumido en la tristeza...
(con
viveza y como acordándose súbitamente)
¡De
una zapatilla de cristal!
(rompiendo
a reír)
¡Ja,
ja, ja, ja! Veías unos duendes
que
remolcaban tu coche.
CENICIENTA
(con
desencanto)
¿Qué? ¿Es que no ha ocurrido nada de eso?
PANDOLFO
(con
ingenuidad)
¡Nada,
querida hijita!
CENICIENTA
(inquieta)
Lo he soñado todo.
¡Lo he soñado todo!
PANDOLFO
(con
buen humor)
¡Te
reías!
CENICIENTA
(asombrada)
Lloraba...
sin motivo...
PANDOLFO
...
y sin parar...
CENICIENTA
Soñaba...
PANDOLFO
Sí, soñabas.
CENICIENTA
¿Y más decía?
PANDOLFO
Hablabas de ropajes
lujosos...
CENICIENTA
(atenta)
Y de un corazón sumido en la tristeza...
PANDOLFO
(insistiendo
con ingenuidad)
...
y sobretodo del Príncipe Encantado.
CENICIENTA
(insistiendo)
¿Del Príncipe?
PANDOLFO
(riendo)
¡Al que
no has visto nunca!
CENICIENTA
Creía
en los duendes...
PANDOLFO
...
que tiraban de tu coche.
CENICIENTA
¡Creía
en duendes!
(expresiva)
Nada
de eso ha ocurrido...
PANDOLFO
(calmándola)
¡Sí,
todo lo has soñado!
CENICIENTA
(más
expresiva)
¡Nada
de esto ha ocurrido!
PANDOLFO
¡Sí,
todo esto lo has soñado!
CENICIENTA
Lo he soñado todo.
¡Lo he soñado todo!
PANDOLFO
¡Sí,
todo lo has soñado! ¡Lo has soñado!
CENICIENTA
(con
sencillez)
Papá... ¿lo he soñado?...
PANDOLFO
¡Sí,
todo!...
Segunda
Escena
VOCES
DE MUCHACHAS
(voces
lejanas, entre bastidores)
¡Ah!
(con
frescura y alegría, muy rítmica)
Tu puerta y tu ventana,
ábrelas
completamente.
Abre
para que el dulce abril
entre
en tu casa.
Abre
para que el dulce abril
entre
en tu casa.
(más
cercanas)
¡Abre
tu puerta, llega abril!
(bajo
el balcón, siempre fuera de escena)
¡Abre
tu puerta, llega abril!
(muy
marcado)
¿Cómo
te encuentras esta mañana, Lucila?
CENICIENTA
(desde
el balcón a sus amigas, contenta)
¡Gracias,
me encuentro muy bien!
Voy a
bajar al jardín con mi padre.
(feliz
y como transfigurada)
Regresa
la primavera,
¡Regresa
la primavera vestida de fiesta!
Vamos
a recoger margaritas y
muguetes
en la espesura del bosque...
PANDOLFO
En el bosque.
CENICIENTA
¡La
vegetación está exuberante!
¡Regresa
la primavera!
¡Regresa
la primavera!
VOCES
DE MUCHACHAS
(siguen
fuera de escena)
¡Bella
esperanza! ¡Bella esperanza!
CENICIENTA
¡Ojos
y corazones hechizados!
PANDOLFO
(conteniendo
la respiración)
¡Ojos
y corazones hechizados!
CENICIENTA
Los
abejorros liban las rosas;
los
prados parecen bordados con flores,
bordados
con flores...
PANDOLFO
¡Abril
ha llegado!
¡Todo
es fiesta, abril ha llegado!
CENICIENTA
La
mejorana ha florecido.
¡La
primavera ha vuelto!
PANDOLFO
¡Es
el festivo abril que regresa!
CENICIENTA
(a
sus amigas)
¡Hasta
luego!
VOCES DE MUCHACHA
(alejándose)
Abre
tu puerta y tu ventana,
ábrelas
completamente.
Abre
para que el dulce abril
entre
en tu casa.
(más
alejadas)
¡Abre
tu puerta, llega abril!
(muy
alejadas)
¡Abre
tu puerta, llega abril!
PANDOLFO
(con
un escalofrío)
¡Ah, oigo la voz de mi
mujer!
Para
ahorrarme gritos y peleas...
(de
buen humor)
¡Vamos, busquemos a tus amigas!
Aprovechemos
el buen tiempo...
(llevándose
a Cenicienta)
Tus
penalidades se han acabado, espero...
CENICIENTA
(saliendo
con él)
¡Qué
bueno eres, padre mío!
(con
preocupación, aparte,
cuando
desaparece
su padre)
Desgraciadamente
lo he soñado...
Escena Tercera
(Tumultuosa
entrada de la señora
Haltière
y un grupo de criados.)
SRA
HALTIÈRE
(vívamente)
¡Adelante!
¡Atrás!
Os
hago saber que hoy, el
Rey ha ordenado
que comparezcan ante
su presencia
las
innumerables princesas,
que han acudido
a su llamada.
Proceden
de regiones conocidas o no.
Vienen
del Japón, de España y hasta de Tiro...
(creyendo
haber percibido signos de incredulidad,
se
reafirma sin admitir ninguna replica)
... ¡Sí, de Tiro!
(prosigue
la enumeración)
De las orillas del Tarmisa y del Guadalquivir.
Vienen
de Camboya,
vienen... vienen... vienen... ¡de Noruega!
Y dentro de unos
momentos
(con
más moderación)
pasará el
cortejo por aquí.
(cambiando
su tono)
Además...
tal y como el cielo azul sucede al
huracán,
y
la fuente susurrante al estrépito del
torrente,
veréis
finalmente
(melódica
y sostenidamente)
avanzar
noblemente,
cual
visión irreal y celeste,
tres
mujeres con porte radiante y
sencillo.
(como
ante una aparición)
Entonces
oiréis un estremecimiento,
porque
el pueblo dirá:
«Contemplad estas
desconocidas...
venidas
del cielo para
el Príncipe Encantado.»
(cambiando
de tono)
Sin
saber que ellas son
(con
una sonrisa maliciosa)
¡mis
dos hijas y yo que vamos a palacio
para saludar al Rey!
(con
embeleso)
¡Ved!
¡Ved!
(exaltándose)
Somos
nosotras, soy yo saludando
(haciendo
una pronunciada reverencia)
al
Rey.
(Se
oyen repiques
de tambor en el exterior)
¡Es
el heraldo del Rey!
(Trompetas
en el exterior)
NOEMÍ, DOROTEA, SIRVIENTES
¡El heraldo del Rey!
SRA
HALTIÈRE
(atropellando
a los que obstruyen su paso)
¡Vamos, por favor, seguidme!
(Cenicienta
entra sin ser vista por
ninguno de los presentes; escucha ansiosa.)
VOZ
DEL HERALDO
(en
la calle)
«Buenas
gentes, se os comunica que,
hoy mismo,
el
Príncipe recibirá personalmente,
en
la gran patio del palacio,
a
las princesas que vienen a probarse
la
zapatilla de cristal
extraviada
por una mujer desconocida,
cuya marcha
ha destrozado
el corazón del
hijo del Rey
y cuya ausencia le hace
morir
de languidez y desesperación...
(la
orquesta continua inmediatamente tras
la
última palabra del heraldo.)
CENICIENTA
(impresionada)
Entonces... ¡mi sueño
fue real!
PUEBLO
(fuera
de escena)
¡Hurra! ¡Hurra! ¡Ya
llega el cortejo!
CENICIENTA
(para
sí; con convicción y alegría)
¡Ahora,
ya lo sé seguro!
(sofocada
por la emoción)
Si
mi amigo me viera de nuevo...
Esperanza
entrañable...
Si
me viera renacerían sus ganas de vivir...
¡Sé
que me ama!
¡Me
ama!
Me
lo dijo... él mismo me lo dijo...
(suplicante,
en lágrimas)
¡Oh, madrina, acude a mi ardiente llamada y permite
que
vea de nuevo a mi dulce Príncipe
Encantado!
(Se
oyen gritos
de aclamación al fondo; cae el telón)
Segundo
Cuadro
(En el gran patio del Palacio Real. Día
soleado)
Marcha
de las Princesas
PUEBLO
¡Salve!
¡Salve a las princesas!
¡Salve
a las princesas!
¡Salve
a las princesas!
¡Salve
a sus altezas!
¡Salve!
¡Salve!
PRÍNCIPE
ENCANTADO
(con
voz débil)
Colocad
en su estuche, sobre un cojín de
flores,
la
zapatilla azul, desteñida por mis
lágrimas.
(ardientemente)
Deseo
que por fin aparezca
ante mi mirada
ansiosa...
la
divina princesa
que
pueda atribuirse su propiedad.
No
puedo seguir viviendo... seguir así...
si
no puedo conseguir su amor.
(a
las princesas, con tristeza)
Cada
una de vosotras es muy hermosa...
Pero
yo busco... busco...
y
no la encuentro.
Así pues, nada calmará
mi
dolor...
Y mis labios no conocerán
los tiernos
besos...
¡No, mi corazón no lo soportará!
(Está
a punto de desvanecerse)
PUEBLO
¡Qué
melancolía denota
su
pálida faz!
¡Imploremos
al Cielo!
EL REY
(ansioso)
Sus
ojos van a cerrarse...
¡Háblame,
hijo mío!
¡Hijo
mío!
VOZ
DEL HADA
(se
oye a lo lejos)
¡Ah!
¡Ah! ¡Ah! ¡Ah!
(La
multitud escucha asombrada.)
PUEBLO
(como
un murmullo)
¡Un
encanto! ¡Una maravilla!
¡Ah! ¡Mirad
¡Qué belleza sin par! ¡Mirad!
EL REY
¿Un encanto? ¡Oh, maravilla! ¡Mirad!
¡Ah!,
¡Mirad !
HADA
(al
Príncipe Encantado)
¡Príncipe
Encantado, abrid los ojos!
PRÍNCIPE
ENCANTADO
(temblando,
con alegría y embeleso
y
viendo a Cenicienta)
¡Es
ella! ¡Es mi Lucila!
CENICIENTA
(con
sencillez)
¡La
pobre de Cenicienta!
(sencilla
y tierna)
Sois
mi Príncipe Encantado...
Renaced
a la vida...
(expresiva)
¡Oh,
mi príncipe, he aquí mi deseo...
(entregándole
su corazón)
Recuperad
este entristecido corazón...
¡Sois
mi Príncipe Encantado!
PRÍNCIPE
ENCANTADO
(con
ternura)
¡Ah, querida amiga!
HADA
¡Abril
ha renacido para ellos!
PRÍNCIPE
ENCANTADO
¡Abril
ha renacido!
CENICIENTA
¡Abril
ha renacido!
REY,
PUEBLO
(con
alegría)
¡Honor!
¡Honor, para nuestra soberana!
(Pandolfo
llega con la Sra. Haltière
y sus hijas.)
PANDOLFO
(se
precipita hacia Cenicienta y ésta, a su vez,
corre
hacia su padre)
¡Dios
mío! Si es...
SRA
HALTIÈRE
(aparta
vigorosamente a su marido para
recibir
a Cenicienta entre sus brazos)
¡Mi hija!
NOEMÍ,
DOROTEA, PANDOLFO
DECANO, SUPERINTENDENTE
1ER
MINISTRO
¡Ah!
¡Qué aplomo demuestra!
SRA
HALTIÈRE
(muy
exaltada)
¡Lucila
adorada!
PANDOLFO
(al
público, aparte)
¡Aquí
todo termina bien!
TODOS
(al
público)
La
obra se ha acabado.
Hemos
hecho lo posible
para transportarles
al reino de la fantasía.
Digitalizado
y traducido por:
Luis Pinet y José Luís Roviaro 2014
|