ACTO
I
Scène
Première
(Phébé,
Cléone.
Le théâtre représente le Palais
du Roi avec
tout l'appareil d'un hyménce)
Ritournelle
Récitatif
CLÉONE L'hymen couronne votre sœur,
Pollux épouse Télaire.
Ce pompeux appareil annonce son bonheur;
Mais j'entends Phébé qui soupire.
PHÉBÉ
Mon cœur n'est point jaloux d'un sort si glorieux,
Une autre voix s'y fait entendre.
Ah! que n'estil ambitieux,
Peutêtre seraitil moins tendre.
Filles du Dieu du jour,
par quels présents divers
Le ciel marqua notre partage!
Je reçus le pouvoir d'évoquer les enfers,
Que Télaire obtint un plus doux avantage!
Elle commande aux cœurs-où
mon art ne peut rien.
Un coup d'œil lui rend tout possible,
Je ne fais qu'étonner
ce qu'elle rend sensible
Que son pouvoir est audessus du mien!
Que l'univers la trouve belle,
Je le pardonne à ses appas;
Mais que I'ingrat Castor m'abandonne pour elle,
Voilà ce que mon cœur ne lui pardonne pas.
CLÉONE
L'hymen du roi, qui va rompre leur chaîne,
Doit nous rendre l'espoir
de fixer votre amant.
PHÉBÉ
Elle aura ses regrets, je n'aurai que la peine
D'espérer encor vainement
Et si le roi cédait aux larmes de son frère
L'objet qui cause son tourment ?
Tu vois ce que je crains, voici ce que j'espère:
Cléone, en ce moment fatal,
Pour venger ma flamme ot't`ensée
Je leur garde un autre rival
Et je puis disposer des fureurs de Lincce.
Son amour qu'on outrage est tout prêt d'éclater,
Il veut de ce palais enlever Téla'ire.
Je la vois; son triomphe augmente mon martyre.
Songeons à l'éviter.
(Elle sort)
Scène Deuxième
TÉLAIRE
(seule )
Eclatez mes justes regrets!
Dans un moment, hélas! il faudra vous contraindre.
Le ciel m'ôtera désormais
Jusqu'à la douceur de me plaindre.
La gloire unit en vain tout ce qu'elle a d'attraits
Pour un Dieu qui m'adore
et me torce à le craindre,
L'amour a lancé d'autres traits.
Ces honneurs que je fuis ne font voir que l'excès \
'un feu que je ne puis éteindre.
Eclatez, éclatez! mes justes regrets!
Le ciel m'ôtera désormais
Jusqu'à la douceur de me plaindre.
Scène
Troisième
(Télaïre, Castor)
Récitatif
CASTOR Ah!
Je mourrai content, je revois vos appas!
TÉLAIRE
Prince, osezvous ici me parler de tendresse ?
CASTOR
On permet nos adieux.
TÉLAIRE
Eh! ne deviezvous pas
Les épargner à ma faiblesse?
Air
CASTOR
Quand j'ai pour cet adieu I'aveu de votre époux
Quand vous m'allez être ravie:
Cruelle, me reprochezvous
Le dernier plaisir de ma vie ?
Mon frère a vu mes pleurs, et, loin de les cacher,
J'ai laissé voir toute ma flamme:
La pitié lui parlait,
et semblait le toucher
Mais l'amour plus puissant
l'écartait de son âme.
Achevez son bonheur! je quitterai ces lieux
Sans me plaindre de vous, sans accuser mon frère.
Ai je à me plaindre des Dieux
TÉLATRE
Vous partez ?...
Air
CASTOR
Je m'impose un exil nécessaire.
Dans ces yeux, maitres de mon son,
Si j'ai trouvé cent fois la vie
Quand l'esperance m'est ravie,
J'y trouverais cent fois la mort.
TÉLAIRE
Et le roi permettra cette fuite inhumaine ?
Non, son cœur est trop généreux.
CASTOR
En faisant son bonheur, elle adoucit ma peine.
Vous me plaignez, il m'aime,
et je pars trop heureux.
(Pollux, qui les observait,
paraît en
ce moment)
Scène Quatrième
(Pollux, Télaïre, Castor)
POLLUX
Non, demeure, Castor! c'est moi qui te l'ordonne.
L'amour et l'amitié t'en imposent la loi,
Calme l'inquiétude où ton cœur s'abandomne!
Pour te retenir près de moi
La main qu'on devait à ma foi
Est la chaîne que je te donne.
CASTOR
O bonté que j'adore!
TÉLAIRE
O grandeur qui m'étonne!
POLLUX
Je connais tout ce que je perds.
Castor à mon amour rendra cette justice;
Il pourra mieux juger du pnx du sacrifice
Par les tourments qu'il a soufferts.
(La Suite du roi et le peuple
entrent sur
la scène)
Air
Ces apprêts m'étaient destinés,
J'en faisais mon bonheur suprême.
Que vos fronts soient couronnés
De ces fleurs qui devaient parer mon diadème!
Des deux objets que j'aime
le fais deux amants
fortunés.
CHŒUR DES SPARTIATES
Chantons l'éclatante victoire
D'un héros qui dompte l'amour!
Si la vertu triomphe en ce beau jour,
L'amour ne perd rien de sa gloire.
Air trés pointé
Menuets I et II
Ariette vive
CASTOR
Quel bonheur règne dans mon âme!
Amour, astu jamais
Lancé de si beaux traits ?
Des mains de l'amitié tu couronnes ma flamme,
Amour, amour, quel bonheur règne dans mon âme!
Gavottes I et II
Tambourins I et II
Scéne
Cinquième
(Un Spartiate et les acteurs de la scène précédente)
UN SPARTIATE
Quittez ces jeux! courez aux armes
Lincée attaque ce palais.
La jalouse Phébé semble guider ses traits.
CHŒUR
Courons aux armes!
(Castor et Pollux se séparent pour aller
combattre aux deuxr côtés du théâtre)
CASTOR, POLLUX
Allons dissiper ces alarmes!
Aux armes, aux armes, aux armes!
TÉLAIRE
(à Castor)
Vous me quittez!
Castor, arrétez!
CHŒUR
Attaquons, défendons, combattons!
UNE VOIX
Enlevons Télaïre!
TÉLAIRE
Ah! Quelle fureur les inspire!
CHŒUR
Défendons, attaquons, combattons!
Combat
UNE VOIX
(derrière le théâtre ) Castor, hélas!
UNE AUTRE VOIX
(derrière le théâtre )
Castor est tombé sous les coups.
CHŒUR
O perte irréparable!
O malheur effroyable!
TÉLAIRE
Je me meurs!
CHŒUR
Pollux, vengeznous!
Entracte Bruit de guerre
(Pollux paraît d la tête d'une traupe de
combattants, traverse le théutre et sort
du coté où son frère
a éte vaincu)
ACTO
II
(Le théâtre représente un bûcher
dressé pour
les funérailles de Castor.
Le théâtre représente
le lieu de la sépulture
des rois de Sparte: ce sont
des voûtes
souterraines où l'on découvre plusieurs
monuments éclairés par des lampes
sépulcrales.
On voit dans le lieu principal
un grand mausolée
élevé pour les funérailles
de Castor et environné
d'un peuple qui gémit)
Scène
Première
(Spartiates)
CHŒUR DES SPARTIATES
Que tout gémisse, que tout s'unisse!
Préparons, élevons d'éternels monuments
Au plus malheureux des amants!
Que jamais notre amour
ni son nom ne périsse!
Scène
Deuxième
TÉLAIRE
(paraît dans le plus grand deuil )
Tristes apprêts, pâles flambeaux,
Jour plus affreux que les ténèbres
Astres lugubres des tombeaux,
Non, je ne verrai plus que vos clartés funèbres.
Toi, qui vois mon cœur éperdu,
Père du jour, ô soleil, ô mon pére!
Je ne veux plus d'un bien que Castor
Et je renonce à la lumière.
Scène
Troisième
(Phébé, Télaïre)
Récitaif
TÉLAIRE Cruelle, en quels lieux venezvous ?
Osezvous insulter encore
Aux mânes d'un héros qui périt par vos coups ?
PHÉBÉ
Laisse à l'amour qui me dévore
Le soin de me punir
d'un crime que j'abhorre:
Il m'en dit plus que ton courroux.
Tu pleures l'amant le plus tendre
Mais de nous deux
encor son destin peut dépendre:
D'un mot
tu peux le rendre au jour.
TÉLAIRE
Ordonnez, que fautil ?
PHÉBÉ
Immoler ton amour.
Et mon art forcera l'enfer à nous le rendre.
TÉLAIRE
Oui je m'en impose la loi.
Qu'il vive, que pour lui votre ardeur se signale!
PHÉBÉ
Tu le veux ?
TÉLAIRE
Hâtezvous, je cède à ma rivale
L'amour dont il brûla pour moi.
(On entend une symphonie guerrière
et des chants de victoire)
CHŒUR
(derrière le théatre ) Triomphe, vengeance!
TÉLAIRE
C'est le roi vainqueur qui s'avance.
PHÉBÉ
Il a vengé nos maux,
il faut les réparer.
(Elle sort)
Scène Quatrième
(Pollux, Telaire, troupe de Spartiates
d´Athlètes
et de combattants portant
des trophéeset les dépouilles des ennemis)
Marche fière
Récitatif
POLLUX
(au peuple)
Peuples, cessez de soupirer!
Non, ce n'est plus des pleurs
que ces manes
demandent,
C'est du sang qu'ils attendent,
Et ce sang fatal a coulé: Lincée est immolé.
CHŒUR
Que l'enfer applaudisse
A ces nouveaux concerts
Qu'une ombre plaintive en jouisse!
Le cri de la vengeance est le chant des Enfers.
Scène
Cinquième
(Les précédents)
Récitatif
POLLUX
(à Télaïre) Princesse, une telle victoire
Doit adoucir pour vous l'horreur de ce séjour.
TÉLAIRE
La vengeance flatte la gloire,
Et ne console pas l'amour.
Prince, un rayon d'espoir à mes yeux se présente
Le pouvoir de Phébé peut remplir notre attente,
Et ravir Castor aux enfers.
POLLUX
Non c'est en vain qu'elle le tente
Et c'est encore à moi d'aller rompre ses fers.
Aux pieds de Jupiter j'irai me faire entendre:
Le Dieu qui me donna le jour,
A mon frère peut le rendre.
Aux larmes de son fils quelle marque plus tendre
Peutil donner de son amour ?
TÉLAÏRE
Ah! prince, osez tout entreprendre!
Montrez qu'aux immortels
votre sort est lié!
Jupiter dans les cieux est le dieu du tonnerre,
Et Pollux sur la terre sera le dieu de l'amitié.
D'un frère infortuné ressusciter la cendre,
L'arracher au tombeau, m'empêcher d'y descendre,
Triompher de vos feux, des siens être l'appui,
Le rendre au jour, à ce qu'il aime:
C'est montrer à Jupiter même
Que vous êtes digne de lui.
POLLUX
(au peuple ) Reprenez vos chants de victoire!
Que mon triomphe embellisse ces lieux,
Occupez Télaire, et charmez ses beaux veux
Par le spectacle de ma gloire!
(Pollux sort. Aussitôt les tombeaux
disparaîssent et laissent voir une compagne
agréable aux environs de Sparte)
1er air pour les Athiètes
Air gai
2 air pour les Athiètes
Ariette
UN ATHLETE
Eclatez, fières trompettes!
Faites briiler dans ces retraites
La gloire de nos héros.
Par des chants de victoire,
Troublons le repos des échos!
Qu'ils ne chantent plus que la gloire!
(Des femmes spartiates se mêlent à la fête
des guerriers et forment un divertissement
de réjouissance pour celébrer la victoire
de Pollux)
Airs I et Ii
ACTO III
(Le théâtre représente le vestibule du
temple de Jupiter où Pollux doiffaire
un sacrifice)
Scène Première
POLLUX
(seul )
Présent des Dieux,
doux charme des humains,
O divine amitié, viens pénétrer nos âmes
Les cœurs éclairés de tes flammes,
Avec un plaisir pur, n'ont que des jours sereins.
C'est dans les nœuds charmants
que tout est jouissance;
Le temps ajoute encor un lustre à ta beauté.
L'amour te laisse la constance,
Et tu serais la volupté
Si l'homme avait son innocence.
Présent des dieux, doux charme des humains,
Ô divine amitié, viens pénétrer nos âmes.
Les cœurs éclairés de tes flammes,
Avec des plaisirs purs, n'ont que des jours sereins.
(Le temple s ouvre et les prêtres en sorteni)
POLLUX
Mais le temple est ouvert
Le grand prétre s'avance...
Scène Deuxième
(Pollux, le Grand Prétre de Jupiter,
peuple
et suite du Grand Prêtre)
LE GRAND PRETRE
Le souverain des Dieux
Va paraitre en ces lieux
Dans tout l'éclat de sa puissance.
Tremblez, redoutez sa puissance,
Fuyez, mortels curieux!
Ce n'est que par les feux et la voix du tonnerre
Qu'il annonce à la terre,
Et l'éclat redouté de son front glorieux,
N'est vu que par les Dieux.
Qu'au seul nom de ces Dieux suprêmes,
De respect et d'effroi
tous les cœurs soient glacés!
Fuyez et frémissez vousmêmes!
CHŒUR
Fuyons! et frémissons nousmêmes!
(Le peuple et les prêtres sortent.
Le théâtre
change; Jupiter paraît assis
sur un trône,
dans toute sa gloire)
Scène Troisième
(Jupiter, Pollux)
Descente de Jupiter
POLLUX
Ma voix, puissant maitre du monde,
S'élève en tremblant jusqu'à toi,
D'un seul de tes regards dissipant mon effroi,
Et calme ma douleur profonde!
O mon père écoute mes vœux!
L'immortalité qui m'enchaine
Pour ton fils désormais
n'est qu'un supplice affreux.
Castor n'est plus, et ma vengeance est vaine,
Si ta voix souveraine
Ne lui rend des jours plus heureux
O mon père, ô mon père,
Ecoute mes vœux!
JUPITER
Que son retour, mon fils, aurait pour moi de charmes
Qu'il me serait doux d'y penser!
Mais l'enfer a des lois que je ne puis forcer,
Et le sort me défend de répondre à tes larmes.
Air
POLLUX Ah!
Laissemoi percer jusques aux sombres bords!
J'ouvrirai sous mes pas les antres de la terre,
J'irai braver Pluton, j'irai chercher les morts
A la lueur de ton tonnerre.
J'enchaînerai Cerbère, et plus digne
des cieux Je reverrai Castor,
et mon père, et les Dieux.
JUPITER
J'ai voulu te cacher le sort qui te menace.
D'un frère infortuné tu peux briser les fers,
Si tu descends dans les enfers;
Mais il est ordonné, pour pnx de ton audace,
Que tu prennes sa place;
Tes jours éternels, tes beaux jours
Sont trop dignes d'envie.
POLLUX
Non, je ne puis souffnr la vie,
Si Castor avec moi n'en partage le cours.
Je reverrai mon frère. Il verra Télaire!
Il est aimé, c'est à lui d'être heureux.
Chaque instant qu'ici je respire
Est un bien que j'enlève à son cœur amoureux.
JUPITER
Avant que de céder au penchant qui t'inspire.
Vois ce que tu perds dans les cieux!
Enfants du ciel, charmes de mon empire,
Plaisirs, vous qui faites les Dieux,
Tromphez d'un Dieu qui soupire!
Scène Quatrième
(Pollux, Hébé, les Plaisirs célestes, qui
tiennent
des
guirlandes de fleurs, dont
ils veulent enchaîner)
Entrée d'Hébé et de sa suite
CHŒUR DES PLAISIRS CÉLESTES
Pouvezvous nous méconnabre ?
Jeune immortel, où courezvous ?
Un Dieu peutii être sans nous ?
Un Dieu peutil cesser de l'être ?
POLLUX
Tout l'éclat de l'Olympe est en vain ramimé.
Le ciel et le bonheur suprême
Sont aux lieux où l'on aime,
Sont aux lieux où l'on est aime.
PETIT CHŒUR DES SUIVANTES D'HÉBÉ
Qu'Hébé de fleurs toujours nouvelles
Forme vos cha~nes immortelles!
Air pour Hébé et ses suivantes
Sarabande
UNE SUIVANTE D'HÉBÉ
Voici des Dieux l'asile aimable.
Goûtons des cieux la paix durable!
Plus de plaisirs que de désirs,
Des chaines sans peines
Et des beaux jours comptés toujours
Par les amours
Si l'on soupire, c'est sans martyre.
Eston charmé,
L'on plait de même.
On dit qu'on aime, on est aimé.
POLLUX
Ah! sans le trouble où je me vois,
Charmants Plaisirs 'je vous serais fidèle:
Mais dans l'excès de ma douleur mortelle
Plaisirs, que voulezvous de moi ?
(La danse recommence; les Plaisirs célestes
font de nouveaux efforts pour arrêter Pollux)
Air gracieux
UNE SUIVANTE D HÉBÉ
Que nos jeux comblent nos vœux!
Suivez Hébé, que votre jeunesse
Sans cesse renaisse
Pour être à jamais heureux!
La grandeur la plus brillante,
N'est pas l'attrait qui vous tente.
Venez, voyez, goûtez
Les célestes voluptés!
Nous aimons: Jupiter même
N'est heureux que quand il aime.
Aimez, cédez, suivez
Les biens qui vous sont réservés.
(La danse recommence; les Plaisirs
célestesfont de nouveaux efforts
pour arrêter Pollux)
Gavottes I et II
POLLUX
(à Jupiter)
Quand je romps vos aimables chaînes,
J'épargne aux Dieux ma honte et mes soupirs.
Je descends aux enfers pour oublier mes peines
Et Castor renadra pour goûter vos plaisirs.
ACTO
IV
(Le théâtre représente l'entre des Enfers, dont
le passage est gardé par des Monstres, des
Spectres
et des Démons.
C'est une caverne qui
vomit
sans cesse des flammes)
Scène Première
(Phébé seule)
Prélude
PHÉBÉ
Esprits, soutiens de mon pouvoir,
Venez, volez, remplissez mon espoir,
Descendez au rivage sombre!
Il faut lui ravir une ombre.
Rassemblezvous, secondez mon ardeur!
Des monstres des enfers,
combattez la fureur.
(Les Esprits et les Puissances magiques
paraissent à la voix de Phébé, quiforme
ses
enchantements)
CHŒUR
Des monstres des enfers combattons la fureur.
PHÉBÉ
Redoublez vos charmes!
Pénétrez ce séjour, impénétrable au jour!
Empruntez les traits de l'Amour
Pour avoir de plus fortes armes!
TOUS
Des monstres des enfers
combattons la fureur.
PHÉBÉ
Mais que vois je ?
(On voit Mercure qui descend,
Pollux paraît
en même temps)
Scéne
Deuxième
(Mercure Phébé Polux)
Descente de Mercure:
Symphonie vive
MERCURE
Phébé, tu fais de vains efforts.
De tes enchantements vois l'inutile usage!
Le fils de Jupiter aura seul l'avantage
De pénétrer aux sombres bords.
PHÉBÉ
(à Pollux)
Ah! Prince, où courezvous ?
POLLUX
Je vole à la victoire
Qui doit couronner mes travaux.
Le chemin des enfers sous les pas d'un héros
Devient le chemin de la gloire.
PHEBÉ
Laissezmoi devancer vos pas,
Laissezmoi braver tout obstacle.
A l'Amour est dû le miracle
De tnompher du trépas.
POLLUX
Allons, Mercure, où tu me guides
L'ardeur que j'éprouve en ce jour
Prête à mon amitié des ailes plus rapides
Que ne sont celles de l'Amour.
(Pollux se dispose à entrer dans la caverne;
tous les monstres sortent des Enfers pour en
défendre le passage)
PHÉBÉ
Sortez, sortez d'esclavage,
Combattez, démons furieux.
MERCURE ET POLLUX
Tombez, rentrez dans l'esclavage,
Arrêtez, démons furieux.
PHÉBÉ
Fermez-lui cet affreux passage
Et redoutez le fils du plus puissant des dieux.
MERCURE
Livrez-lui cet affreux passage
Et respectez le fils du plus puissant des dieux.
POLLUX
Livrez-moi cet affreux passage
Et respectez le fils du plus puissant des dieux.
CHŒUR DES DÉMONS
Sortons d’esclavage,
Fermons-lui cet affreux passage.
(Danse des Démons qui
veulent
effrayer Pollux)
LE CHŒUR DES DÉMONS
Brisons tous nos fers,
Ébranlons la terre,
Embrasons les airs :
Qu’au feu du tonnerre
Le feu des enfers
Déclare la guerre.
Jupiter lui-même
Doit être soumis
Au pouvoir suprême
Des enfers unis.
Ce dieu téméraire
Veut-il pour son fils
Détrôner son frère.
(Les Démons continuent leurs danses, les
Furies sortent des Enfers et paraissent
armées de flambeaux et de serpents.
Pollux combat les démons. Mercure
les
frappe de son caducée et s'abîme
avec Pollux dans la caverne)
Scène Troisième
(Phébé)
PHÉBÉ
Ô ciel! tout cède à sa valeur!
Il a forcé les portes du Ténare,
Et je ne puis percer l'horreur
De l'abîme qui nous sépare.
Si Castor reprenait la vie et son amour...
Fureur, haine fatale,
Et vous que j'appelais pour presser son retour,
Ah! fermez-lui plutôt la barrière du jour
S'il doit vivre pour ma rivale!
(Elle sort)
(Le théâtre change et représente les
Champs
Élysées, arrosés par le fleuve
Léthé;
des ombres heureuses paraissent
dans
l'éloignement)
Scene
Quatrième
(Castor)
CASTOR
Séjour de l'éternelle paix,
Ne calmerez-vous point mon âme impatiente?
L'amour jusqu'en ces lieux me poursuit de ses
traits:
Castor n'y voit que son amante,
Et vous perdez tous vos attraits.
Séjour de l'éternelle paix,
Ne calmerez-vous point mon âme impatiente?
Que ce murmure est doux!
que cet ombrage est frais!
De ces accords touchants la volupté m'enchante:
Tout rit, tout prévient mon attente,
Et je forme encor des regrets!
Séjour de l'éternelle paix,
Ne calmerez-vous point
mon âme impatiente?
(Différents quadrilles d'ombres heureuses
s'approchent de Castor en dansant)
CHOEUR des OMBRES HEUREUSES
(qui arrivent en dansant)
Qu'il soit heureux comme nous.
Des biens que nous goûtons
sur cet heureux rivage
Nos coeurs ne sont point jaloux :
II les voit, il les partage.
Qu'il soit heureux comme nous.
UNE OMBRE
Sur les ombres fugitives
L'amour lance encor des feux;
Mais il ne fait sur ces rives
Qu'un peuple d'amants heureux.
Sur les ombres fugitives
L'amour lance encor des feux;
Les plaisirs les plus aimables
Naissent plutôt que leurs vœux:
Ils sont purs, ils sont durables.
Sur les ombres fugitives
L'amour lance encor des feux.
UNE OMBRE, CHOEUR
Dans ces doux asiles
Par nous soyez couronné, venez.
Aux plaisirs tranquilles
Ces lieux charmants sont destinés.
Ce fleuve enchanté,
L’heureux Léthé Coule ici parmi les fleurs :
L’on n’y voit ni douleurs,
Ni soucis, ni langueurs,
Ni pleurs. L’oubli n’emporte avec lui
Que les soins et l’ennui.
Ce dieu nous laisse Sans cesse
Le souvenir Du plaisir.
(Les ombres reprennent leurs danses;
tout
à coup elles sont interrompues)
CHŒUR
(derrière le théâtre)
Fuyez, fuyez, ombres légères,
Nos jeux sont profanés
par des yeux téméraires.
(Pollux paraît)
Scene
Cinquième
(Pollux, Castor, les ombres)
POLLUX
Rassurez-vous, habitants fortunés:
Loin de troubler ce favorable asile,
J'y viens goûter la paix que vous donnez.
C'est ici des héros la demeure tranquille.
Chère ombre, paraissez!
CASTOR
Ô mon frère! est-ce vous?
POLLUX ET CASTOR
Ô moment de tendresse!
Ô moments les plus doux!
Ô mon frère, est-ce vous?
POLLUX
C'est moi qui viens briser la chaîne qui te lie,
C'est moi qui t'ai vengé d'un rival odieux.
CASTOR
Je verrais la clarté des cieux?
POLLUX
C'est peu de te rendre la vie:
Le sort t'élève au rang des dieux.
CASTOR
Qu'entends-je? quel bonheur!
je quitterai ces lieux
Et le ciel près de toi me permettra de vivre?
POLLUX
Non, tu jouiras seul d'un partage si doux
Et le destin jaloux
Va m'imposer les fers dont ma main te délivre.
CASTOR
Par ton supplice, ô ciel!
j'achèterais le jour?
POLLUX
Tout l'univers demande ton retour.
Règne sur un peuple fidèle.
CASTOR
Le fils de Jupiter doit lui donner la loi.
POLLUX
Vois dans les cieux la gloire qui t'appelle!
CASTOR
J'immole au seul plaisir qui m'approche de toi
Toute la grandeur immortelle.
POLLUX
Télaïre t'attend.
CASTOR
Cruel, épargne-moi!
Elle-même, à ce prix, verrait avec effroi
Renouer de mes jours la trame criminelle.
POLLUX
Castor, nous la perdrons tous deux!
Si tu tardes encor, tu lui coûtes la vie.
Hâte-toi!
Va, le ciel t'ordonne d'être heureux,
Et c'est ton rival qui t'en prie.
CASTOR
Oui, je cède enfin à tes vœux:
J'irai sauver les jours d'une amante fidèle,
Je renaîtrai pour elle.
Mais, puisqu'enfin je touche au rang des immortels,
Je jure par le Styx qu'une seconde aurore
Ne me trouvera pas au séjour des mortels;
Je ne veux que la voir et l'adorer encore,
Et je te rends le jour, ton trône et tes autels.
POLLUX
(à Mercure)
Ses jours sont commencés.
Volez Mercure, obéissez!
Rendez un immortel au séjour du tonnerre,
Rendez un héros à la terre;
Volez, volez, obéissez!
(Mercure enlève Castor dans un nuage;
Pollux se retire avec les ombres)
ACTE
V
(Le théâtre représente une vue
agréable des
environs de Sparte)
Scene
Première
(Castor, Télaïre)
TÉLAÏRE
Le ciel est donc touché des plus tendres amours!
Au jour que je quittais, votre voix me rappelle:
Vous vivrez, pour m'être fidèle,
Et vous vivrez toujours.
CASTOR
Hélas!
TÉLAÏRE
Mais pourquoi ces alarmes?
Vous m'aimez, je vous vois...
CASTOR
Télaïre, vivez!
TÉLAÏRE
Qu'entends-je!
Quels discours!
CASTOR
Télaïre...
TÉLAÏRE
Achevez.
Hélas! de si beaux jours sont-ils faits
pour des larmes?
CASTOR
À d'éternels adieux il faut nous préparer!
TÉLAÏRE
Que dites-vous, ô ciel!
CASTOR
Il faut nous séparer.
Je retourne aux rivages sombres.
TÉLAÏRE
Castor! et vous m'abandonnez?
CASTOR
Mon frère et mes serments
m'attendent chez les ombres.
TÉLAÏRE
Castor! et vous m'abandonnez?
À vous pleurer encor
mes yeux sont condamnés?
À peine je vous vois! à peine je respire!
Castor! et vous m'abandonnez?
CASTOR
L'instant fatal approche, il me presse, il expire...
Que cet instant a d'horreurs et d'appas!
TÉLAÏRE
Hélas! te puis-je croire?
Quand parjure à l'amour, ingrat,
tu ne fais gloire
Que d'être fidèle au trépas.
(On entend des chants de réjouissance)
TÉLAÏRE
Mais j'entends des cris d'allégresse.
Scene Seconde
(Castor, Télaïre, troupe de Spartiates)
CHŒUR
Vivez, heureux époux!
TÉLAÏRE
Au devant de tes pas tout ce peuple s'empresse:
Veux-tu troubler ces jeux?
Ils étaient faits pour
nous.
CHŒUR
Vivez, heureux époux!
CASTOR
(au peuple)
Hélas!
Vous ignorez que votre attente est vaine.
TÉLAÏRE ET LE CHŒUR
Pourquoi vous dérober à des transports si doux?
CASTOR
Peuples, éloignez-vous,
Vos désirs augmentent ma peine.
(Le peuple sort)
Scene Troisième
(Castor, Télaïre)
TÉLAÏRE
Eh quoi! Tous ces objets ne peuvent t'attendrir?
CASTOR
Voulez-vous qu'aux enfers
j'abandonne mon frère?
TÉLAÏRE
Les dieux nous le rendront:
Jupiter est son père.
CASTOR
Vivez, et laissez-moi mourir!
TÉLAÏRE
Tu meurs!
Pour qui veux-tu que je respire encore?
CASTOR
Régnez! mon frère est immortel,
Mon frère vous adore.
TÉLAÏRE
Non, je n'attendrai pas un destin si cruel,
J'en atteste les dieux
et la mort que j'implore.
CASTOR
Arrêtez, redoutez le charme de vos pleurs:
Si j'osais balancer,
il est des dieux vengeurs,
Sur moi, sur vous, peut-être,
ils puniraient ma
flamme.
TÉLAÏRE
De quelle horreur encor viens-tu frapper mon âme?
CASTOR
J'armerais Jupiter, son fils a mes serments.
TÉLAÏRE
Ils ont aimé, ces dieux:
ils plaindront des amants.
(On entend plusieurs coups de tonnerre)
Qu'ai-je entendu! Quel bruit!
Quels éclats de
tonnerre!
Hélas! c'est moi qui t'ai perdu.
CASTOR
J'entends frémir les airs, je sens trembler la terre...
C'en est fait, j'ai trop attendu.
CASTOR ET POLLUX
Arrête, dieu vengeur, arrête.
(Le bruit redouble)
CASTOR
L'enfer est ouvert sous mes pas,
La foudre gronde sur ma tête.
Télaïre tombe évanouie de frayeur.
Ciel! ô ciel!
Télaïre expire dans mes bras.
Arrête, dieu vengeur, arrête.
(On entend une symphonie mélodieuse)
Mais le bruit cesse... ouvrez les yeux,
À nos tourments la nature est sensible...
Et ces concerts harmonieux
Annoncent un dieu plus paisible.
(Jupiter descend du ciel sur son aigle)
Scene Quatrième
(Jupiter, Castor, Télaïre)
JUPITER
Les destins sont contents:
ton sort est arrêté.
Je te rends à jamais le serment qui t'engage:
Tu ne verras plus le rivage
Que ton frère a déjà quitté.
Il vit, et Jupiter vous permet le partage
De l'immortalité.
(Pollux paraît)
Scene
Cinquième
(Jupiter, Télaïre, Castor et Pollux)
CASTOR
Mon frère... ô ciel!
POLLUX
Dieux! je retrouve ensemble
Tous les objets de mon amour.
CASTOR
J'allais te délivrer du ténébreux séjour,
Quand le ciel enfin nous rassemble.
TÉLAÏRE ET CASTOR
Dieux, qui formez pour nous un sort si plein d'appas,
Ô dieux, ne nous séparez pas!
POLLUX
L'enfer n'aura qu'une victime:
J'ai vu Phébé descendre aux rives du trépas;
Un malheureux amour précipitait ses pas,
Et l'amour a fait tout son crime.
JUPITER
Palais de ma grandeur, où je dicte mes lois,
Vaste empire des dieux,
ouvrez-vous à ma voix.
(Les cieux s'ouvrent et laissent voir une partie
du
zodiaque; le soleil sur son char commence
à le
parcourir, on voit la place destinée aux
Jumeaux;
les génies qui président aux planètes
et aux
différentes
constellations occupent les
côtés du théâtre; dans
le fond
est le palais de
l'Olympe)
Scene Sixième et derniere
(Jupiter, Pollux, Castor, Télaïre, le soleil,
tous les dieux de l'Olympe, les génies qui
président aux globes célestes)
JUPITER
(à Castor et Pollux)
Tant de vertus doivent prétendre
Au partage de nos autels:
Offrons à l'univers des signes immortels
D'une amitié si pure, et d'un amour si tendre!
Ballet
Final I
(Versión 1737)
JUPITER
(à Telaïre)
Venez, jeune Immortelle, embellissez les cieux ;
le Sort accomplit ses promesses.
c'est la valeur qui fait les dieux.
Et la beauté fait les déesses.
TOUS LES CHŒURS
Que les cieux, que la terre l'onde
brillent de mille feux divers;
c'est l'ordre du maître du monde,
c'est la fête de l'univers.
(Ballet figuré des Heures et des Planètes)
CASTOR
Qu'il est doux de porter tes chaînes,
Tendre amour,
tes plaisirs font oublier tes peines.
J'ai fait briller tes feux dans cent climats divers,
Pour montrer à tout l'univers
Qu'il est doux de porter tes chaînes.
Tout m'a dit dans les enfers
Qu'il est doux de porter tes chaînes :
Et quand les cieux me sont ouverts
J'entends retentir dans les airs:
Qu'il est doux de porter tes chaînes.
(Les Choeurs se mêlent à la voix
de Castor,
répètent ces derniers
vers ;
la fête continue)
LE CHŒUR.
Que les cieux, que la terre & l'onde brillent
de mille feux divers;
c'est l'ordre du maître du monde,
c'est la fête de l'univers.
Ce grondement dans la voûte céleste.
Qu'il est doux de porter tes chaînes.
(Un divertissement général termine l'opéra)
Final II
(Versión 1754)
JUPITER
(à Télaïre )
Et vous, jeune mortelle, embellissez les cieux.
Le sort accomplit ses promesses.
C'est la valeur qui fait les dieux
et la beauté fait les déesses.
TOUS LES CHOEURS
Que les cieux, que la terre et l'onde
brillent de mille feux divers,
c'est l'ordre du maître du monde,
c'est la fête de l'univers.
CASTOR
Amour, dieu vainqueur de nos âmes,
Tu règnes dans tout l’univers.
J’ai fait briller tes flammes
Jusques dans les enfers.
Sur la terre J’ai porté tes fers.
Triomphe encore au séjour du tonnerre.
Tu règnes dans tout l’univers.
(
Les génies qui président aux planètes
et aux différentes constellations
forment
le divertissement,
pendant lequel Castor
et Pollux vont remplir
la place qui leur
est destinée sur le zodiaque)

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ACTO I
Escena Primera
(Phébé y Cléone. Palacio del Rey con todos los preparativos
para una boda)
Ritornelo
Recitativo
CLÉONE El himeneo corona
a tu hermana, Pólux desposará
a Télaire. Estos pomposos preparativos anuncian su
felicidad. Mas... veo que Phébé suspira.
FEBE
Mi corazón no siente celos de un destino tan glorioso. Otra es la pena
que él siente. ¡Ah! Si fuera
menos ambicioso, podría ser menos
tierno. Las hijas del
dios de la Luz, recibimos
distintos dones, ¡El cielo nos asignó
distintas capacidades! Yo recibí el poder de invocar al
Hades. ¡Y Télaire
recibió un don más dulce! Poder sobre los
corazones, y sobre ellos yo
nada puedo. Ella logra con
sólo una mirada que los hombres
se enamoren; yo sólo logro que
se asombren, ¡Su poder es más
fuerte que el mío! Que el universo
la encuentre hermosa, yo le perdono sus
encantos; pero que el
ingrato Cástor me abandone por ella, es algo que mi
corazón no puede perdonar.
CLÉONE El matrimonio del
rey va a romper ese vínculo. Así pues, renueva la
esperanza de recuperar a tu
amante.
FEBE Ella tendrá
remordimientos,
yo sólo
el dolor de la espera. ¿Y si el rey cediera ante las lágrimas de su hermano y le cediese el
objeto de su tormento? Eso es lo que
temo, lo que sospecho que sucederá. Cléone, en este
momento fatal, para vengar la
pasión que me inflama les tengo
reservado otro rival. Dispongo de la
ayuda del furioso Linceo.
(1) Su
enajenado amor,
lo impulsa a raptar a Télaire del palacio. Aquí llega; ella,
su triunfo aumenta mi martirio. Intentemos
eludirla...
(Sale) Escena
Segunda
TÉLAIRE (sola) ¡Desbórdate justa
pena mía! Pero no aún,
¡ay! aún es necesario contenerte. El cielo me niega hasta la dulzura
de los lamentos. La gloria
presenta en vano todos sus atractivos en favor de un dios que
me adora y me obliga a temerlo. El amor ha
lanzado sus flechas y estos honores no
muestran más que el ardor
de un fuego que no puedo extinguir. ¡Desbórdate,
desbórdate justa pena mía! ¡El cielo me
niega hasta la dulzura
de los lamentos! Escena Tercera
(Télaïre y Cástor)
Recitativo
CÁSTOR
¡Ah! ¡Moriré
feliz, pues contemplo otra vez tu belleza!
TÉLAIRE Príncipe,
¿cómo
osas hablarme de ternura?
CÁSTOR Vengo a
decirte adiós.
TÉLAIRE ¡Eh! ¿No puedes
evitar este momento tan
triste?
Aria
CÁSTOR Para esta
despedida, poseo el permiso de tu esposo. Cuando van a
separarte de mí, cruel, ¿me
reprochas el último placer
de mi vida? Mi hermano vio
mis lágrimas, yo no las oculté, al contrario,
le revelé toda mi pasión. Él escuchó la voz de la piedad
y pareció conmoverse, pero el amor, más
poderoso, acalló la
voz de su alma. ¡Hazlo feliz! Yo
dejaré estos lugares sin sentir pena
por ti, sin acusar a mi hermano. No tengo
por qué quejarme de los dioses.
TÉLATRE ¿Te marchas?...
Aria
CÁSTOR
Me impongo un
destierro necesario. Esos ojos, dueños
de mi destino, me han dado cien
veces la vida. Ahora que la
esperanza se desvanece, encontraré cien
veces en ellos la muerte.
TÉLAIRE ¿Y el rey
permitirá tu fuga? No, su corazón es
demasiado generoso.
CÁSTOR Mi fuga, es su
dicha, pues ella alivia mi dolor. Tú me compadeces,
él me ama, así pues parto alegre.
(Pólux, que
oculto ha estado
estuvo observando, escuchando, aparece en
este momento)
Escena Cuarta
(Pólux, Télaïre y
Cástor)
PÓLUX ¡No, quédate,
Cástor! ¡Te lo ordeno! El amor y la amistad te lo imponen
con sus leyes. ¡Sosiega las
inquietudes de tu corazón! Para
poder tenerte a mi lado, te concedo su
mano y te cedo mi lazo conyugal.
CÁSTOR ¡Oh,
cuánta bondad!
TÉLAIRE ¡Oh, qué
magnanimidad tan grande!!
PÓLUX Yo sé bien todo
lo que pierdo. Cástor hará justicia a mi amor. Él
sabrá
bien el precio de mi sacrificio por los tormentos
que ha soportado.
(El séquito del
rey y el
pueblo entran en escena)
Aria
Estos
preparativos estaban destinados a darme la dicha
suprema. ¡Que se coronen
sus frentes con las flores que tenían que
decorar mi corona! Con ellas,
convierto a los dos seres que amo ¡en amantes
afortunados!
ESPARTANOS ¡Cantemos la
gloriosa victoria de un héroe que ha
domado al amor! Si la virtud
triunfa en este hermoso día, el amor no verá
menguada su gloria. (bis)
Aria muy marcada
Minuetos I y II
Airoso
CÁSTOR ¡Qué felicidad
reina en mi alma! Amor, ¿alguna
vez, anteriormente, lanzaste flechas
tan hermosas? Por manos de la
amistad, tú coronas mi pasión. ¡Amor, amor, qué
felicidad reina en mi alma!
Gavotas I y II
Tambourins I y II
Escena
Quinta
(Un espartano y
los anteriores)
UN ESPARTANO ¡Dejad
estos juegos y corred a las armas! Linceo ataca el
palacio. La celosa Febe
parece guiar sus dardos.
CORO ¡Corramos a las
armas!
(Cástor y Pólux
se separan para
luchar a ambos lados de
la escena)
CÁSTOR, PÓLUX, ¡Cerrémosles
el paso! ¡A las armas, a
las armas, a las armas!
TÉLAIRE (a Cástor)
¿Me abandonas? ¡Espera Cástor!
CORO ¡Ataquemos,
defendamos, luchemos!
UNA VOZ ¡Raptemos a
Télaïre!
TÉLAIRE ¡Ah! ¡Qué furia
los inspira!
CORO ¡Defendamos,
ataquemos, luchemos!
El combate
UNA VOZ (fuera de
escena) ¡Cástor, ah!
OTRA VOZ (fuera de
escena) ¡Cástor ha caído en combate!
CORO ¡Oh, qué pérdida
irreparable! ¡Oh, qué
infortunio terrible!
TÉLAIRE ¡Me muero!
CORO ¡Pólux,
vénganos!
Entreacto Rumor
de guerra
(Pólux aparece a
la cabeza de un grupo
de soldados, atraviesa la
escena y sale
hacia el lugar donde su hermanastro
ha caído)
ACTO II
(Una pira levantada para los
funerales de
Cástor. El teatro
representa el panteón de
los reyes de Esparta.
Sala subterránea
con arcos,
donde hay varios monumentos
iluminados por lámparas sepulcrales. En
el lugar de
honor, se ve un gran mausoleo
levantado para la ceremonia fúnebre de
Cástor. Todo
el pueblo reunido, gime)
Escena Primera
(Espartanos)
ESPARTANOS ¡Que todos giman,
que todos se unan a nosotros! ¡Preparemos y
levantemos una tumba imperecedera al más infeliz de
los amantes! ¡Que no perezcan
jamás ni nuestro amor
por él, ni su nombre!
Escena Segunda
TÉLAIRE
(aparece de luto
riguroso) Tristes
monumentos, pálidas antorchas, día más horrible
que las tinieblas, astros lúgubres
sobre las tumbas, no, no veré
más que sus fúnebres resplandores. ¡Tú, que ves mi
corazón desesperado! ¡Padre de la luz, oh Sol, oh padre mío! No quiero otro
bien que no sea el mismo Cástor. Yo renuncio a
la luz. Escena Tercera
(Febe, Télaïre)
Recitativo
TÉLAIRE ¡Cruel! ¿Cómo
osas venir aquí? ¿Quieres mancillar la memoria de un héroe que
pereció por tu culpa?
FEBE El amor me
devora y
castiga por un crimen que aborrezco. El amor me
atormenta más que tu ira. Lloras al más
tierno de los amantes, pero de nosotras
dos puede depender aún su destino. Con una sola
palabra puedes traerlo a
la luz.
TÉLAIRE Dime, ¿qué debo
hacer?
FEBE Inmolar tu amor y mi magia
obligará al infierno a devolvérnoslo.
TÉLAIRE Sí, haré lo que
indica la ley para salvarlo. ¡Que él viva! ¡Que
tu amor por él se manifieste!
FEBE ¿Eso quieres?
TÉLAIRE
¡Hazlo ya!
Cedo a
mi rival el amor que él
siente por mí.
(Se oye una
sinfonía marcial
y canciones de
victoria)
CORO (fuera de
escena) ¡Triunfo,
venganza!
TÉLAIRE Es el rey que
llega triunfante.
FEBE Él ha vengado
nuestros sufrimientos, debemos
recompensarlo.
(ambas salen)
Escena Cuarta
(Pólux, Telaire,
tropas espartanas de
atletas y de combatientes
que llevan
trofeos y despojos de los enemigos)
Marcha
Recitativo
PÓLUX
(al pueblo) ¡Espartanos,
dejad de suspirar! No, no eran
lágrimas
lo que estos espíritus pedían,
¡sino sangre! Y esa sangre ha sido derramada. ¡Linceo
ha sido inmolado!
CORO Que el infierno
acoja a su nuevo huésped. ¡Que una lúgubre
sombra lo disfrute! El grito de
venganza es la canción del infierno. Escena
Quinta
(Los
anteriores)
Recitativo
PÓLUX (a Télaïre)
Princesa, una victoria como esta, debería aliviar
tu dolor en este día.
TÉLAIRE La venganza adula
la gloria, pero no ofrece
consuelo al amor. Príncipe, un rayo
de esperanza han visto mis ojos. El poder de Febe
puede poner fin a nuestra pena y arrebatar a
Cástor de los infiernos.
PÓLUX No, su intento
será en vano. ¡A mí me corresponde romper sus cadenas!
A los pies de Júpiter iré para que me oiga. El dios que me
dio la vida, puede traer de regreso a mi hermano. Ante las
lágrimas de su afligido hijo,
¿podrá resistirse
el amor paterno?
TÉLAÏRE ¡Ah, príncipe,
gracias por intervenir! ¡Muestra que tu
destino está ligado al de
los inmortales! Júpiter, en los
cielos, es el gran dios del trueno; y Pólux será en
la tierra el dios de la amistad. Resucita las cenizas de
un hermano desafortunado, arráncalo de la tumba, detén su
descenso, triunfa sobre la
muerte, arrebátale su presa, devuélvelo a la luz y a
quien lo ama. Demuéstrale al
propio Júpiter que eres digno de
él.
PÓLUX (al pueblo) ¡Retomen sus
cantos de victoria! ¡Que mi triunfo
engalane estos lugares! ¡Acompañen a
Télaire, y que sus bellos ojos cautiven mi
gloriosa victoria!
(Pólux sale.
Inmediatamente desaparecen las tumbas y se puede
ver una agradable campiña en los alrededores de Esparta)
Marcha de los
atletas
Marcha alegre
Marcha de los
atletas
Airoso
ATLETA ¡Que resuenen, las orgullosas trompetas! ¡Que resalten con
sus sonidos la gloria de nuestros héroes! ¡Que los cánticos
de victoria, rasgen el
silencio con sus ecos! ¡Que sólo ellas
anuncien nuestra gloriosa victoria! (Algunas
mujeres espartanas se mezclan entre los
festejos de los guerreros y conforman entre
todos una alegre celebración por la victoria de Pólux)
Arias I y II
ACTO III
(La escena
representa el vestíbulo del templo de
Júpiter dónde Pólux va a realizar un sacrificio)
Escena
Primera
PÓLUX (solo) ¡Oh, amistad
divina, regalo de los dioses, bendición para
los humanos, ven y penetra en nuestras almas! Nuestros
corazones iluminas con tus llamas de placer,
concediéndonos días dichosos. Atrapados en
estos lazos encantadores donde todo es felicidad, el tiempo añade
aún más encanto a tu belleza. El amor te
concede la constancia, y tú serias pura
voluptuosidad si el hombre
mantuviera su inocencia. ¡Regalo de los
dioses, bendición para los humanos, oh, amistad divina,
ven y penetra en nuestras almas! Nuestros corazones
iluminas con tus llamas de placer,
concediéndonos días dichosos.
(El templo
se abre y entran los sacerdotes)
PÓLUX
Las puertas del templo se abren y el sumo
sacerdote avanza... Escena Segunda
(Pólux, el Sumo
Sacerdote de Júpiter, pueblo y séquito del Sumo
Sacerdote)
SUMO SACERDOTE El soberano de
los dioses aparecerá en
todo su esplendor y
poder. Temblad y temed su poderío. ¡Escuchad, curiosos
mortales! Él anuncia su
llegada a la tierra con la voz del trueno y el fulgor de
su rayo. Su gloriosa
apariencia sólo los dioses pueden
presenciar. ¡Ante la sola
mención del nombre del dios supremo, por
respeto y temor se hielan
los corazones! ¡Huid de aquí y temblad!
CORO ¡Huyamos! ¡y
también temblemos!
(El pueblo y los sacerdotes
salen. Cambio de
escena; Júpiter aparece sentado en su trono,
en toda su
gloria) Escena Tercera
(Júpiter y Pólux)
Descenso de
Júpiter
PÓLUX Mi voz, poderoso
señor del mundo, se eleva
temblando hasta tí. ¡Con una sola
mirada disipa mi miedo, y sosiega mi
dolor profundo! ¡Oh padre mío,
escucha mi voz! La inmortalidad
que me encadena, por ser tu hijo,
será a partir de ahora un tormento
horrible. Cástor ya no
vive, y mi venganza será vana, si tu voz
soberana no lo devuelve a
sus días felices ¡Oh padre mío, escucha mi voz!
JÚPITER Su retorno, hijo
mío, mucho me alegraría. ¡Sería para mí
una idea muy dulce! Pero las leyes del infierno yo no
puedo violar y el destino me
prohíbe responder a tus lágrimas.
Aria
PÓLUX
¡Ah! ¡Entonces
déjame que vaya hasta la negra orilla! Me abriré paso
por las cuevas subterráneas. Desafiaré a
Plutón e iré en busca de la muerte a la luz de tus
rayos. Encadenaré a
Cerbero, y como digno hijo de los cielos, volveré a ver a Cástor, a mi padre y a
los dioses.
JÚPITER Quise protegerte
del destino que te amenaza. Si descendieras a
los infiernos podrías romper las cadenas de tu
desafortunado hermano, pero, como precio por tu osadía,
deberás ocupar su lugar. Tu vida eterna,
tus días felices, son demasiado
envidiables.
PÓLUX ¡No, no podría soportar
la vida si Cástor no la comparte conmigo! ¡Veré a mi
hermano y él verá a Télaire! Él es amado y
merece ser dichoso. Cada momento que
aquí yo respiro, es un instante
que le privo a su corazón enamorado.
JÚPITER ¡Antes de
rendirte al impulso que te inspira. mira lo que
pierdes en los cielos! ¡Los Hijos del
cielo, los deleites de mi imperio, Los Placeres, que
hacen que los dioses, triunfen sobre un
Dios que suspira! Escena Cuarta
(Pólux, Hébé, los
Placeres celestiales que llevan guirnaldas
de flores)
Entrada de Hébé y
su séquito.
PLACERES CELESTIALES ¿Puedes
menospreciarnos así? Joven inmortal, ¿dónde vas tan de prisa? ¿Puede un
dios
estar sin nosotros? ¿Puede un dios
dejar de ser un dios?
PÓLUX Todo el
resplandor del Olimpo es en vano. El cielo y la
felicidad suprema está allí donde uno encuentra el amor,
donde uno encuentra el amor,
SEGUIDORES DE HÉBÉ ¡Que Hébé
entrelace para ti guirnaldas
imperecederas de flores frescas!
Aria
Zarabanda
UNA SEGUIDORA DE HÉBÉ Esta es la
gloriosa morada de los dioses. ¡Disfrutemos de
la inacabable paz celestial! Mayores son los
placeres que los deseos, cadenas sin
penurias y hermosos días
siempre colmados por los dioses
del amor. Si uno suspira,
no es por martirio. Aquel que recibe
felicidad, da felicidad a
los demás de la misma manera. Quien dice que
ama, oye que es amado.
PÓLUX ¡Ah! sin no
estuviera tan turbado por los problemas, Deliciosos
Placeres, yo les sería fiel: Pero ahora que mi
dolor mortal me supera Placeres, ¿Qué
quieren ustedes de mi?
(La danza vuelve
a empezar, los placeres intentan
nuevamente detener a Pólux)
Aria
UNA SEGUIDORA DE HÉBÉ ¡Que nuestros
juegos colmen tus deseos! ¡Sigue a Hébé y
tu juventud renacerá
constantemente y serás feliz por
siempre! Ni las más
grandes tentaciones pueden seducirte, ¡Ven, mira,
disfruta de la divina
voluptuosidad! Amamos. El mismo
Júpiter sólo es feliz
cuando ama. Ama, ríndete,
entrégate al gozo que te está
reservado.
(El baile se
reinicia. De nuevo los Placeres celestiales se
esfuerzan para detener a Pólux)
Gavota I y II
PÓLUX (a Júpiter) Cuando rompo tus
hermosas cadenas, les ahorro a los
dioses mis penas y suspiros. Desciendo a los
infiernos para olvidar mis penas y Cástor renacerá
para disfrutar de tus placeres.
ACTO IV
(La escena
representa la entrada a los infiernos cuyas puertas están
guardadas por monstruos, espectros y demonios. Es
una cueva que constantemente
vomita llamas)
Escena Primera
(Febe a solas)
Preludio
FEBE Espíritus,
sustentos de mi poder, ¡venid, volad, alimentad mi
esperanza! ¡Descended a la
oscura ribera! Necesito rescatar
un alma. ¡Socorredme! ¡Protejedme del el
furor de los monstruos infernales!
(Los espíritus y
los poderes mágicos acuden a la
llamada de Febe, a raíz de su hechizo)
CORO
Enfrentemos el furor de los monstruos infernales.
FEBE ¡Redoblad
vuestros
hechizos! ¡Penetrad en el
reino donde no llega el día! ¡Pedid prestadas
sus flechas al Amor para disponer de
armas más fuertes!
TODOS Combatamos el
furor de los monstruos infernales.
FEBE Pero,
¿qué veo?
(Mercurio
desciende y Pólux aparece al mismo tiempo) Escena
Segunda
(Mercurio,
Febe y
Pólux)
Descenso de
Mercurio:
Sinfonía
MERCURIO ¡Febe, te esfuerzas en vano! ¡De nada sirven
tus encantamientos! Sólo el hijo de
Júpiter tiene el privilegio de cruzar las
sombrías orillas.
FEBE (a Pólux) Príncipe,
¿dónde vas tan presuroso?
PÓLUX Vuelo hacia la
victoria que coronará mis
esfuerzos. El camino de los
infiernos, para un héroe, se transforma en
un camino glorioso.
PHEBÉ Déjame preceder
tus pasos, déjame eliminar
todos los obstáculos. Al amor se debe
el milagro del triunfo sobre
la muerte.
PÓLUX ¡Mercurio,
iré donde tú me guíes! El ardor que
siento en este día otorga a mi
espíritu alas más rápidas que las del propio Amor.
(Pólux se
dispone a entrar en la caverna; todos los
monstruos salen del infierno para defender su entrada)
FEBE ¡Atrás, volved
a la esclavitud! ¡Ceded,
demonios furiosos!
MERCURIO, PÓLUX ¡Retroceded,
volved a la esclavitud! ¡Deteneos, demonios furiosos!
FEBE
¡Despejad el
pasaje horrible y temed al hijo
del más poderoso de los dioses!
MERCURIO ¡Liberad el
pasaje horrible y respetad a al
hijo del más poderoso de los dioses!
PÓLUX
¡Liberad el
pasaje horrible y respetad al hijo del más poderoso de
los dioses!
DEMONIOS ¡Salgamos de
la esclavitud! ¡Cerremos este
horrible pasaje!
(Danza
de los
demonios
que
pretenden asustar a
Pólux)
DEMONIOS
Vamos
a romper
nuestras
cadenas, ¡que tiemble la
tierra! Incendiaremos los
cielos.
El fuego del infierno le declara
la guerra. al
fuego
del trueno. El
mismo
Júpiter se someterá al poder supremo de los infiernos. El dios
temerario, quiere, para complacer a
su hijo, destronar a su
hermano.
(Los
demonios
continúan danzando, las furias
salen
del infierno
armadas con
antorchas
y serpientes. Pólux
lucha contra
los demonios. Mercurio
agita su
caduceo, abre
paso y se mete
con
Pólux
en la cueva)
Escena
Tercera
(Febe)
FEBE ¡Oh, cielos!
¡Todos se rinden ante su valor! Él ha forzado las
puertas del Tártaro, y yo no puedo
entrar en ese abismo de horror para salvar la
brecha que nos separa. Si Cástor,
recuperase su vida y amor... ¡Furor, odio fatal! Y
vosotros, a
quienes llamé para cerrarle el paso, ¡ah! más os
vale que le impidáis regresar a la luz si él ha de vivir
para mi rival.
(sale)
(La escena cambia
y representa los
Campos Elisios, regados
por el río
Leteo; algunas sombras
felices aparecen en la lejanía) Escena
Cuarta
(Cástor)
CÁSTOR Reino de la paz
eterna, ¿no puedes
calmar mi alma impaciente? El amor me persigue con sus flechas.
Cástor añora a su
amada y tú pierdes
cualquier deseo. Reino de la paz
eterna, ¿no puedes
calmar mi alma impaciente? ¡Qué dulce
murmullo! ¡Qué sombra tan
refrescante! Estos acordes son música encantadora.
Todo ríe, todo acompaña mi espera,
pero... ¡lo único
que siento es pesar! Reino de la paz
eterna, ¿No puedes
calmar mi alma
impaciente?
(distintos grupos
de espíritus
felices rodean a Cástor, bailando)
SOMBRAS
FELICES, (que llegan
bailando)
Para que seas feliz como nosotros, nuestros
corazones, que no son celosos, conducirán al tuyo al
gozo del que disfrutan. El que nos ve que
también lo comparta, para que sea
feliz como nosotros.
UNA SOMBRA Incluso sobre las
sombras fugitivas el amor tira sus dardos. Pero aún así, en
estas orillas, los amantes no
encuentran la felicidad. Incluso sobre las
sombras fugitivas el amor tira sus
dardos.
Los
placeres
más amables satisfacen
en este
lugar sus
votos. Ellos
son puros y duraderos. Incluso sobre las
sombras fugitivas el amor tira sus
dardos.
UNA SOMBRA, CORO En
este dulce
paraíso serás
coronado
por nosotros... ¡Ven! Estos
encantadores lugares están destinados
a los dulces
placeres. Entre las
flores fluye encantado
el Leteo. Aquí no hay
dolor, ni nostalgias, ni
penas, ni lágrimas.
El olvido borra
los pesares y las
preocupaciones. El dios nos
concede sin cesar constantes
recuerdos de placer.
(Las sombras
retoman la danza
pero, de repente, se detienen)
CORO (fuera de
escena) ¡Huid, huid, sombras beatas! Nuestros juegos
han sido profanados por ojos
temerarios.
(aparece Pólux) Escena
Quinta
(Pólux, Cástor y
las sombras)
PÓLUX ¡Tranquilízaos,
almas beatas! Lejos de
perturbar este grato lugar, vengo a
disfrutar de la paz que aquí emana. En esta tranquila
morada de los héroes, ¿qué sombra se presenta ante mí?
CÁSTOR ¡Oh, hermano!
¿Eres tú?
PÓLUX, CÁSTOR ¡Oh, qué momento
tan dichoso!
¡Qué momento tan dulce!
¡Oh,
hermano! ¿Eres tú? PÓLUX ¡Vengo a
romper tus cadenas tras tomar venganza en un odioso
rival!
CÁSTOR ¿Veré otra vez la
claridad de los cielos?
PÓLUX No sólo volverás
a verla, sino que el destino
te
elevará a la categoría de los dioses.
CÁSTOR ¿Qué oigo? ¡Qué
felicidad!
¡Dejaré estos lugares!
¿El cielo me
permitirá vivir junto a ti?
PÓLUX No, disfrutarás
solo tú de tan dulce beneficio. El destino,
celoso, va imponerme las cadenas de
las que te libra mi mano.
CÁSTOR ¡Cielos!
A
cambio de tu tormento ¿yo gano la luz?
PÓLUX El universo
entero pide tu retorno. Reina sobre un
pueblo fiel.
CÁSTOR ¡El hijo de Júpiter
deberá gobernarlo!
PÓLUX ¡Mira en los
cielos la gloria que te reclama!
CÁSTOR Sacrificaré, por
la dicha de estar contigo, toda la grandeza
inmortal.
PÓLUX ¡Télaïre te espera!
CÁSTOR ¡Cruel, sálvame!
Ella seguro que también se
aterra
por el alto precio que pagas por mi
vida
PÓLUX ¡Cástor, los dos
la perderemos! Si tú te demoras,
provocarás su muerte. ¡Apresúrate!
Ve,
el cielo te ordena ser feliz, y es tu rival el
que te lo ruega.
CÁSTOR ¡Sí! Me rindo
finalmente a tu deseo. Iré a salvar la
vida de una amante fiel, renaciendo de nuevo
por ella. Pero si yo,
ahora, formo parte de los inmortales, juro por la Estigia
que una segunda aurora no me encontrará en el reino de
los mortales. Sólo quiero verla
y adorarla una vez más, y luego te
devolveré luz, trono y altares.
PÓLUX (a Mercurio) Sus días han
empezado. ¡Vuela Mercurio,
obedece! Haz volver a un
inmortal al reino del trueno. Devuelve un héroe a la
tierra. ¡Vuela, corre,
obedece! (Mercurio
eleva a Cástor en una nube; Pólux se retira con las
sombras)
ACTO V
(La escena
representa un agradable
paraje en los alrededores de
Esparta)
Escena Primera
(Cástor y Télaïre)
TÉLAÏRE ¡El cielo se ha
conmovido del más tierno amor! Tu voz me ordenó
regresar a la luz de la que me estaba
alejando.
¡Vivirás para serme fiel,
y vivirás por siempre!
CÁSTOR ¡Ay de mí!
TÉLAÏRE Pero
¿por qué esa
inquietud? Tú me amas, yo lo
veo...
CÁSTOR ¡Télaïre, vive!
TÉLAÏRE
¿Me oyes? ¿Qué dices?
CÁSTOR Télaïre...
TÉLAÏRE Concluye. ¡Ay! ¿Qué motivo
hay para llorar en un día tan
hermoso?
CÁSTOR ¡Debemos
prepararnos para el adiós eterno!
TÉLAÏRE ¡Qué dices!
¡Oh, cielos!
CÁSTOR Es necesario
separarnos. Vuelvo a las
oscuras orillas.
TÉLAÏRE ¡Cástor! ¿Me
abandonas?
CÁSTOR Mi hermano y mis
promesas me esperan entre
las sombras.
TÉLAÏRE ¡Cástor! ¿Me
abandonas? ¿Mis ojos están
condenados
a llorar por ti otra vez? ¡Apenas te he
visto! ¡Apenas respiro! ¡Cástor! ¿Me
abandonas?
CÁSTOR El instante fatal
se aproxima, expira... ¡Qué momento de
horror y angustia!
TÉLAÏRE ¡Ay! ¿Cómo puedo
creerte? ¡Ingrato!
Traicionas al amor y,
por lograr la gloria, juras fidelidad a
la muerte.
(Se oyen canciones festivas)
TÉLAÏRE
¡Oigo gritos jubilosos! Escena Segunda
(Cástor, Télaïre y
espartanos)
CORO ¡Viva la feliz
pareja!
TÉLAÏRE Tu pueblo se reúne ante ti. ¿Vas a arruinar
los festejos?
Son en nuestro honor.
CORO ¡Viva la feliz
pareja!
CÁSTOR (al pueblo) ¡Ay!
¿Ignoráis que
vuestra esperanza es vana?
TÉLAÏRE, CORO ¿Por qué eludes
esta venturosa celebración?
CÁSTOR ¡Queridos
súbditos! ¡Marchaos, por piedad! Vuestros deseos
aumentan mi dolor.
(La gente se marcha)
Escena Tercera
(Cástor y Télaïre)
TÉLAÏRE ¡Ay! ¿Nada de
esto enternece tu alma?
CÁSTOR ¿Pretendes que
abandone a mi hermano en los infiernos?
TÉLAÏRE
Los dioses nos lo devolverán, Júpiter es su
padre.
CÁSTOR ¡Vive tú, y deja
que yo muera!
TÉLAÏRE ¡Si tú mueres!
¿Por quién seguiré viviendo yo?
CÁSTOR ¡Reina!
Mi
hermano es inmortal, mi hermano te
adora.
TÉLAÏRE No, no soportaré un destino
tan cruel. Pongo a los
dioses por testigos
e imploro la muerte.
CÁSTOR
¡Detente, no me conmuevas con tus lágrimas! Si osara dudar, caería en manos
de los dioses vengadores,
que me castigarían
por mi pasión y quizás también a ti.
TÉLAÏRE ¿Con ese horror
angustias mi alma?
CÁSTOR Temo a Júpiter,
le hice una promesa a su hijo.
TÉLAÏRE Los
dioses se compadecerán de nosotros, ellos también han
amado.
(se oyen retumbar truenos)
¿Qué oigo? ¡Qué
estruendo!
Esos truenos que
estallan... ¡Ay de mí! Te
he perdido.
CÁSTOR Oigo estremecerse
al cielo y temblar la tierra... ¡Es la hora!
Me demoré demasiado.
CÁSTOR, TÉLAÏRE
¡Detente, dios vengador, detente!
(El estruendo se intensifica)
CÁSTOR
¡El infierno se
abre bajo mis pies! ¡El rayo ruge sobre mi cabeza! ¡Télaïre
cae espantada! ¡Cielos! ¡Oh,
cielos!
Télaïre expira en mis brazos.
¡Detente, dios vengador, detente!
(se oye una sinfonía melodiosa)
El
fragor cesa... abre los ojos... La naturaleza se
compadece de nosotros... Estos acordes
armoniosos, anuncian a un
dios más sosegado.
(Júpiter
desciende sobre su águila) Escena
Cuarta
(Júpiter, Cástor y
Télaïre)
JÚPITER El destino quedó
satisfecho:
tu surte está echada. Te libero
del juramento que te ataba. No volverás a ver
las orillas que tu hermano ya
abandonó. El vive, y
Júpiter te permite
compartir su inmortalidad.
(aparece Pólux) Escena Quinta
(Júpiter, Télaïre,
Cástor y Pólux)
CÁSTOR ¡Mi hermano!...
¡Oh,
cielos!
PÓLUX ¡Dioses! Recupero
ante mi vista a todos los
destinatarios de mi amor.
CÁSTOR Iba a liberarte
del reino de las tinieblas, cuando el cielo
finalmente nos reunió.
TÉLAÏRE, CÁSTOR Dioses favorables
a nuestro destino. ¡Oh dioses, no nos separéis jamás!
PÓLUX
El infierno recibirá a una sola víctima. He visto a Febe
descender a las riberas de la muerte. Un amor desdichado
precipitó sus pasos. El amor castigó
su pérfido crimen.
JÚPITER Soberano palacio
dónde dicto mis leyes. Inmensa morada de los dioses. ¡Escucha
mi voz!
(Los cielos se
abren y se ve una parte
del zodíaco. El sol
en su carro lo
recorrer. Se puedo observar
el lugar
destinado a los Gemelos. Los planetas
y las diferentes
constelaciones ocupan
los laterales de la escena. Al fondo,
el
palacio del Olimpo) Escena Sexta (Final)
(Júpiter, Pólux,
Cástor, Télaïre, el Sol, todos
los dioses del Olimpo
y los genios que presiden las esferas
celestes)
JÚPITER (a Cástor y
Pólux) Semejante virtud
tiene el derecho de compartir nuestros altares. ¡Ofrezcamos al
universo signos inmortales de una amistad
tan pura y un amor tan tierno!
Ballet
Final I
(Versión 1737)
JÚPITER (a Telaire) ¡Ven, joven inmortal, a
embellecer los cielos! El destino cumple
sus promesas. Es el mérito el
que forma los dioses y la belleza la
que crea a las diosas.
CORO Que los cielos,
la tierra y el mar brillen con un millar de diferentes
luces. Esta es la orden
del señor del mundo, esta es la
celebración que hace el universo.
(Ballet
de las horas y planetas)
CÁSTOR Tierno
Amor, ¡qué dulce es llevar tus cadenas! Adorado dios, tus
placeres compensan tus penas. He hecho brillar tu luz en
muchos sitios para mostrar al mundo entero ¡cuán dulce es
llevar tus cadenas! En el mismo
infierno todos decían: ¡cuán dulce es
llevar tus cadenas! Y ahora, cuando
los cielos se abren para mí, escucho en el
aire: ¡cuán dulce es
llevar tus cadenas!
(los coros
confunden sus voces con la voz de Cástor, y
repiten el estribillo. La fiesta
continúa)
CORO. Que los cielos,
la tierra y en el mar brillen con mil fuegos diferentes.
Esa es la orden
del señor del mundo. El universo está
de fiesta. Que retumbe en la
bóveda celestial:. ¡cuán dulce es
llevar tus cadenas!
(Con una fiesta general
termina la ópera)
Final II
(Versión 1754)
JÚPITER
(a
Telaire)
Y tú,
joven mortal,
ven a
embellecer el cielo.
El destino cumple sus promesas.
Es el mérito el que forma a los dioses y la belleza la
que crea a las diosas.
TODOS
Que los cielos,
la tierra y en el mar
brillen con mil fuegos diferentes. Esa
es la orden
del señor del mundo, el universo está
de fiesta
CÁSTOR
Amor,
dios victorioso
de
nuestras
almas,
que
reinas en
el universo.
Yo hice brillar
tu llama, incluso
en los
infiernos. En tierra
llevé tus cadenas.
Triunfas,
incluso, en el
reino del trueno.
¡Reinas
en todo el
universo!
(Los genios que
presiden a los planetas y las diferentes
constelaciones dejan un
espacio
en el firmamento mientras que
Cástor y Pólux van a ocupar el lugar que se les ha
destinado en el zodíaco)
Digitalizado y
traducido por:
José Luís Roviaro
2020
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